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Phonétique et phonologie du grec ancien PDF

89 Pages·1996·3.454 MB·French
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BIBLIOTHÈQUE DES CAHIERS DE L'INSTITUT PUBLICATIONS LINGUISTIQUES DE LOUVAIN DE LINGUISTIQUE DE LOUVAIN - 82 Directeurs: Yves DUHOUX- Guy )UCQUO!S Comité scientifique: Yves DUHOUX (Louvain-la-Neuve), Frédéric FRANÇOIS (Paris), Guy ]UCQUOIS (Louvain-la-Neuve), Mortéza MAHMOUDIAN (Lausanne), Andrée TABOURET-KELLER (Strasbourg) PHONÉTIQUE ET PHONOLOGIE Les commandes, de même que les manuscrits destinés à la publication et les DU offres d'échanges, sont à adresser exclusivement à l'adresse suivante: GREC ANCIEN PEETERS Bondgenotenlaan 153 B-3000 Leuven Toute traduction ou reproduction, de quelque manière et sous quelque forme Quelques grandes questions que ce soit, même par extraits, des textes publiés est interdite sans l'autorisation préalable de la Rédaction. CLAUDE BRIXHE PEETERS LOUVAIN-LA-NEUVE 1996 AVANT-PROPOS Lors du II Congresso Intemazionale di Micenologia (Rome -Naples. 14-20 oc tobre 1991), je voulais présenter un réexamen du consonantisme mycénien à la lu mière des acquis de la linguistique contemporaine. Mais cette étude a rapidement dépassé les dimensions de ce qu'il est possible de publier dans les Actes d'un Congrès. Elle constitue le centre (II, 25-94) du premier volume de ce qui devrait être (surtout pour le consonantisme)u ne sorte d'introductionà la phonétique et à la pho nologie du grec ancien, tant par les domaines traités et les solutions proposées que par les considérationst héoriquesq ui présidenta ux analyses. Je ne pouvais naturellement parler du consonantisme mycénien sans évoquer lar gement celui des dialectes du premier millénaire, et, comme il est essentiellement dominé par les palatalisationse t les dépalatalisations,j 'ai cru bon de regrouper au tour de cette section trois articles parus entre 1977 et 1985, qui abordent des pro blèmes voisins concernantl es second (chap. no u premier millénaires( III et IV). La rédaction des différentes sections s'étalant sur près de vingt ans, elles ne pou vaientm anquer, dans un domaine aussi spéculatif,d e présenter des discordances : les dossiers se sont enrichis, la bibliographie n'a cessé de s'accroître et ma perception des phénomènes s'est parfois infléchie, voire modifiée à la lecture, notamment, de travaux sur les langues contemporaines Je n'avais pas la vanité de croire que mon parcours pouvait intéresserq uiconque et je craignais que mes repentirss oient assimi lés à des balbutiements et mon évolution à de l'incohérence. J'ai donc harmonisé l'ensemble, alignant les études anciennes sur ce que la plus récente m'avait pennis d'enu·evoir : je les ai remaniées, allant jusqu'à réécrîre presque totalement l'une d'entre elles (lll). Le second volumea bordera une série de problèmes graphémiques: genèse de l'aJ phabel grec, notationd es palatales, des affriquéeso u des sifflantes,r apports de l'écrit etde l'oral. Je tiens à remercier Ch. de Lamberterie et Y. Duhoux pour leur lecture attentive de mon texte et pour les précieuses suggestionsq u'ils m'ont amicalementf aites. N.B. D. 1996/0602/31 ISSN 0779-1666 ISBN 90-6831-807-1 (Peeters Leuven) - Pour les représentationsp honétiques (entre crochets droits) ou phonolo 1SBN 2-87723-215-8 (Peeters France) giques (crochets obliques), j'utilise les symboles de l'Alphabet Phonétique International, sauf pour pour les palatalisées( t') ou les palatales (!), voir II § 2.2.1. © PEETERS et Publications Linguistiques de Louvain - + désigne une limite de morphème, # une frontière de mot, un point Bondgenotenlaan 153 (e.g. che.min) une limite syllabique ; deux points (:) après un phonème indiquent B-3000 Leuven qu'il est long. Printed in Belgium - Naturellement, quand je cite un auteur, je reprends les symboles qu'il emploie, me contentanté ventuellementd e les expliciter. Tous droits de reproduction, d'adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l'autorisation écrite de l'éditeur ou de ses ayants droits. I SOCIOLINGUISTIQUE ET LANGUES ANCIENNES A propos de quelques traitements phonétiques irréguliers en grec ancien 1 1. Introduction Philologues néo-grammairiens, structuralistes et générativistes2 semblent d'ac cord sur un point au moins : leur démarche présuppose une communauté linguis tique totalementh omogène.O r l'usageq uotidiend e la languen ous la montre faite de variant et d'invariant, traversée par une foule de variations, qui sont certes quelque fois aléatoires, mais le plus souvent liées à la structure de la société : à la région, à l'ethnie, au sexe, à l'age. à la classe sociale, au contexte du discours. ..3 En réalité une communauté linguistique est un ensemble de locutetrrs non pas qui emploient les mêmes formes, mais qui reconnaissent les mêmes normes (Labov 1976, 33, 187, 228)4. Ces variations, observables même si le groupe est peu nombreux et re lativement homogène5, ne sont pas - contrairementà ce qu'on croit généralement - dépourvues de systématicité et elles peuvent d'autant moins êtte négligées ou méprisées que, comme l'ont montré un certain nombre d'enquêtesf aites depuis le dé but du siècle, s'y lit le devenir de la langue, clansl a mesure oà nombre d'entre elles reflètent des changementse n cours. On doit mettre au crédit de la sociolinguistique 1C e chapitre représente la version remaniée d'un article paru sous le même titre dans le BSL 74 (1979), 237-259. 2Pour l'influence des thèses néo-grammairiennes sur le structuralisme et le générativisme, voir B. Lacks, Langages, 37. 3ces différentes variantes peuvent interférer : une variation géographique peut "avoir aussi un sens social, lorsqu'en un même point du territoire une différence linguistique est plus ou moins isomorphe d'une différence sociale" (Calvet, 65) ; une variante sociale, c'est-à-dire un trait habituel {règle plus ou moins généralisée) dans une couche sociale in férieure, peut être occasionnelle (variante stylistique, règle restreinte) dans une couche supérieure ; etc. Dans les lignes qui suivent les adjectifs "inférieur" et "supérieur" n'im pliquent aucun jugement qualitatif ; ils indiquent simplement la place du groupe ou du dia lecte dans la hiérarchie sociale. 4Calvet (86 sqq.) montre parfaitement les limites de cette définition, notamment pour les sociétés plurilingues. Elle reste cependant opératoire dans ]es cas qui vont nous occuper, dans la mesure où, faute d'informations, nous sommes contraints de supposer unilingues les sociétés concernées. 5c1. Uvi-Strauss n'a-t-il pas observé dans les communautés Nambikwara d'Amérique du Sud, numériquement très faibles, que le mot kilitu devenait kediutsu dans la bouche des femmes ? Tristes tropiques, Paris 1955, 318 sq. SOCIOLINGUISTIQUE SOCIOLINGUISTIQUE d'avoir fait apparaître qu'il est possible d'étudier les changements en cours6 et que avec ses multiples variables. Généralement, nous ne saisissons que le changement ceux-ci ne sont pas seulement subordonnés à la structure de la langue ou à tel évé accompli et il est difficile de le relier à une structure sociale que nous connaissons nement historique, mais aussi aux contradictions et antagonismes qui parcourent mal. toute société7• Lorsque nous abordons WIé tat de languer econstruit,n ous sommes naturellement Il n'y a aucune raison de penser que les mécanismes que nous voyons actuelle plus démunis encore. ment à l'oeuvre ne sont pas ceux qui ont produit les grands changementsd u passé8. &t-ce à dire qu'il faille renoncer totalementà évaluer l'influenced es faits sociaux sur l'évolution des langues anciennes 7 Les travaux de W. Dressler (1973 et 1975), 1.1. Malheureusement,n ous n'appréhendonsl es langues anciennes qu'à travers par exemple, nous démontrentl e contraire. l'écriture. CeUe-cip eut, par elle-même, poser au philologue et au phonologue de dé licats problèmes de déchiffremente t d'interprétation( cf. les écritures hiéroglyphiques 1.2. Les héritiers des Néo-grammairiens,q ui ont fourni et fournissent l'essentiel ou syllabiques). En outre, la langue livrée s'appuie le plus souvent sur celle des de la littérature sur les langues anciennes, évacuent le locuteur de leurs préoccupa couches supérieures de la société, laquelle, par ailleurs, est susceptible d'être oblité tions ; ils oublient que "les langues n'existent que par les gens qui les parlent et rée par la tradition orthographique : les "fautes" recensées, quand elles ne sont pas (que) l'histoire d'une langue est l'histoire de ses locuteurs" (Calvel, 3-4). Pourtant, aléatoires. trahissent généralement un changementd éjà accompli9. Certes les docu les grandsa ncêtres que sont Brugmanne t Osthoff s'insurgeaientd éjà contre "l'indiffé ments les plus humbles, tels que les épitaphes,r isquent de présenter une langue plus rence excessive (de leurs prédécesseurs)à l'égard de l'hommep arlant" (o.c., 127 ; cf. relâchée et, par là-même, plus bigarrée : mais comme le remarque W. Dressler encore passim, notamment 133) ; cependant leur locuteur était non l'homme social, (1973, p. 130), le seul fait d'écrire n'implique-t-il pas une certaine attention? Voir mais l'homme psychique, pris individuellement ; et, partant implicitement d'une encore Brixhe 1992, 148-149. communauté faite d'individus linguistiquementi dentiques, donc homogène, ils pou Nous sommes donc incapables d'atteindre la communauté linguistique réelle, vaient postuler la régularitéd es changementsp honétiques,h ors interventiond e l'ana logie (o.c., 134)10. Toujours embarrassés par les traitements irréguliers, ils sont 67ccre. qLua'benotvr,e vpoayssaiimt deétj àn oMtaemillmete n(tc f].e sC aelnvqeut,ê t5es s qsiqg.n eatl ée1s9 psq. q7.0). eCt o3m74m seq Jqe. note Labov (o. ncoèmnterasi 1n1ts, à, p loau prr eéns erenncde roeu c ào ml'apbtsee, ndce ef adi'uren aep lapreyl nàg l'aetxe1is2t.e ..n, coeu d een dceourxe àsé lr'eiems pdreu pnht eot c., 358), la plupart des linguistes antérieurs et contemporains, sans nécessairement mé au substrat, ce qui explique, par exemple, l'extrême importance accordée par eux priser les faits sociaux, "définissent l'influence de la société comme étrangère aux opéra au(x) substrat(s), indo-européen(s)o u non, dans leur interprétationd e certains déve tions normales de la langue et considèrent que l'intervention des facteurs sociaux repré loppementsp réhistoriquesd u grec. sente une interférence dont l'effet est dysfonctionnel". Or il faut admettre que les langues sont des systèmes, marqués par la variabilité, et que cette variabilité s'inscrit dans la Il est un autre postulat, qui dépasse d'ailleurs largement le cercle des Néo-gram structure sociale. C'est ainsi que trois concepts soutiennent la linguistique variationniste mairiens et qui masque sans doute fréquemmentl a réalité : une règle ne se générali ou socio-différencielle de Labov : "Le changement linguistique, l'hétérogénéité des pra serait que si l'innovation partait des couches les plus prestigieuses de la société. tiques linguistiques et corrélativement des grammaires qui les modélisent, l'existence Celle-ci serait donc parcourued e haut en bas seulement d'une variation réglée et contrainte par le système linguistique lui-même (variation inhé r"emnétela)"n g(eB . dLe accokns,d iLtiao.nnngeamgeesn,t 3s 5)l.i nLg'uuinseti qdueess diefft icduel tévsa rdiaeb lle'asn aslyosceio nloagîti qpureéscfits é(mS.e nBt radnec ac e 1.3. Or la sociolinguistiquea sérieusementé branlé ces principes : Rosoff, Langage et société 64, 1993, 108). En fait, il semble bien que toutes les va - De tout temps. l'ethnie a pu recouper la classe socio-économique.D ans la Grèce riables procèdent du système (ou des systèmes, quand contacts entre plusieurs langues ou homérique, la populations ervile - souventd 'origine étrangère - est sans doute so plusieurs variétés d'une même langue) et que la société n'intervient que dans leur cialement indissociabled es thètes, ces pauvreso uvriers agricolesq ui n'avaient même d8iLstersi bmuteiiollne uàrs trNavéeor-sg rlaems mstarairtieesn ss,o ceiuaxle-ms. êmes, avaient bien vu que l'étude des langues vi pas l'avantage d'être liés à une "maison".C es deux groupes risquent donc d'avoir eu vantes devait nous aider à comprendre les phénomènes du passé (cf. K. Brugmann et H. le même comportementl inguistique. Osthoff, dans l'introduction à leurs Morphologisch€. Untersuchungen auf dem Gebiete der indogermanischen Sprachen de 1879, traduction chez A. Jacob, Genèse de la pensée lin guistique, Paris 1973, 129 sqq.) ; mais la leçon a été oubliée par la plupart des épigones. lOExcellent résumé des postulats néo-grammairiens chez B. Lacks, Langages, 31. Certes de nouveaux facteurs apparaissent sans cesse (modification constante des 11E.g. à deux séries de vélaires pour expliquer la divergence qui fonde la célèbre distinc structures sociales, progrès de l'alphabétisation, développement des médias, facilité des tion entre langues satam et langues centum ; ou encore à deux spirantes différentes pour communications ...) ; mais ils ne remettent pas en cause les mécanismes enjeu (cf. Labov, rendre compte du phénomène étudié au § 4 (cf. Leroy, 109). 12cf. les théories qui prétendent expliquer ainsi le double traitement grec du *j-initial (§ ~J~/:~·exemple, l'excellente étude grapbémique de Sven-Tage Teodorsson 1974. 4), voir Leroy, 109-110. 10 SOCIOLINGUISTIQUE SOCIOLINGUISTIQUE 11 - Le structuralisme a montré que, lorsque deux langues entrent en contact13, le ré trait, corrigeant les uns sans toucher les autres 17• Ces diverses modalités risquent sultat dépend naturellement de la structure de chacune d'elles. Ce qui subsiste des donc de provoquer bien des ilTégularilésl exicales et, quand on sait que l'une des ten· deux grammaires, c'est le plus petit dénominateur commun. Autrement dit. si les dances les plus marquées des dialectes sociaux populaires consiste à donner à un pro structuress ont assez proches,l 'influenced u substrat/ adstrat sera relativementm odé cessus phonologique son extension maximale18, on doit s'attendre que cesi rrégulari rée14; si elles sont très dissemblables, la grammaire résultant du contact sera très tes correspondent souvent à la généralisation, par un tel dialecte, d'un processusl i simplifiée. Mais il arrive que l'apport d'une ethnie soit totalement étranger à la mité par la nonne. langue qu'elle porte : ainsi l'italien ne laisse absolument pas prévoir telle articula C'est à la lumière de ces considérationsq ue je voudrais examiner quatre questions tion vocalique des Ital~américains de la secondeg énération, les locuteursa yant cher de phonétiqueg recque: ché à échapper au modèle, ethniquement et socialement marqué, de leurs parents -letraitementde*ti(:); (Labov 1976, 399). Le substrat n'a donc pas nécessairement l'influence qu'on serait • la palatalisation sporadiqued e *thi ; tenté de lui prêter. - le double aboutissement de *j initial \l11~l -l;uy6v) ; - Dans une société, tout mouvement linguistiquen 'est pas obligatoirement descen -le double traitement du *p initial (n6Àlç, -n~6Àlç,). dant. Les enquêtes actuelles et l'analyse de certains faits passés montrent que les classes inférieures peuvent fort bien constituer "l'aile marchante du changement lin 2. Sort de t devant i(:) guistique" (Labov, o.c., 387). Celui-ci peut, en effet, prendre naissance dans un groupe socialement très humble et géographiquemente xcentrique, pour se propager On sait que l'une des plus anciennes différentiationsd ialectales, opposant les dia de proche en proche jusqu' aux couches supérieures et être ïmalement intégré à la lectes occidentaux, le béotien et le thessalien (groupe A) aux autres parlers grecs norme15• C'est ce qui est arrivé à telle prononciation anglaise, qui, provenant du (groupe B), réside dans l'aboutissement de la séquence héritée *ti(:), qui est généra S.E. de l'Angleterre, arrive à Londres au XVe siècle, pénètte dans la langue du "petit lement représentée par't'l en A et par en en B. peuple", puis gagne celle de la bourgeoisie et enfin celle des classes supérieures. En Quatre grandes catégoriesd e monèmes ou de morphèmes sont concernées (cf. Le français, certains changementsp honétiques en cours (effacement des oppositions t - jeune 1972, p. 63 sqq.) : t:, l -œ,a -a) sont, à Paris, plus avancés dans les quartiers ouvriers (Labov, a. les noms d'action en *-tej/-ti (6&a lÇ"); ibid., 375 sq. et 384 sqq.). b. les dérivés en *-ijos (adjectifs) et en *-ija: (substantifs), e.g. ~AcppoMcnoçe, t - Lorsqu'une innovation vient du bas, les groupes les plus haut placés ne manquent yepou'7l0: ; pas de la stigmatiser. Cette stigmatisation peut avoir diverses conséquences : a. l'ex c. Ia fin du premier terme des composés, quand celui-ci est en -ti, hom. 'fual tinction du phénomène, dont il ne restera au mieux que de maigres traces, sociale {ooç,; ment, géographiquemente t lexicalement limitées, susceptibles cependant de survivre d. les finales -ti, adverbiales1 9, numérales ou verbales (ainsi ionien-attique ÀCioual fort longtemps ; b. ralentissement, pendant un temps plus ou moins long, de sa < *luonti). progression dans le lexique ou dans les classes sociales.l a norme pouvant éventuel Cette mutation connaît différentes contraintesq ui la restreignent: lement accepter quelques mots comportant l'articulation en question, longtemps . Elle n'apparaît jamais en début de mot avant le triomphe de cette dernière16; c. Ia scission de certaines classes de mots ca -Elle ne touche jamais le datif singulier des thèmes nominaux ou adjectivaux en •I ractérisés jusqu'alors par la même articulation.O n a, en effet. observé que la censme (ÀE:tJv/H:ovn). ne s'abat pas toujours régulièrement sur tous les mots concernés par le nouveau • Elle ne se produit pas après s hérité ou secondaire (cf. €CJ~l ou-rrfo·nç,). Sur ces limitations et leur interprétation, voir infra II §§ 3.4.1 et 3.4.3.4-6. 13sur les mécanismes mis en jeu, on peut toujours consulter U. Weinreicb, l.Anguages in Contact: Findings and Problems, La Haye 1968. I 7voir Labov, p. 334 sq. et 427 sq., où l'on trouvera des exemples empruntés aux langues I4ct. e. g., pour le grec de Pamphylie, Brixhe 1976, 149. vivantes. On retrouve là le reflet d'une autre conception du changement linguistique, ISsur la propagation et la chronologie d'un changement, voir notamment Labov, o.c., rivale de celle des Néo-grammairiens : la thèse de la diffusion lexicale ; sur ses axiomes, 251-256e t 425-427 ; cf. Calvet 62-64. Analyse plus fine des voies de transmission, avec voir B. Lacks, Langages, 37-38. L'examen des travaux menés depuis la fin du XIXe s. accent mis sur le rôle déterminant des classes intermédiaires, chez Labov, Langages, 16- selon l'une ou l'autre approche montre que l'une et l'autre ont reçu de nombreuses YÎl ~:~~t;~~; t,J~d!ig/it;ut.r , avec leur dorsale sonore, sont peut-être des signes cleounrf iarnmtaagtioonniss m; ec;o mcm'eset eplrléecsi snéem peenut vceen tq uêter ete jnutset eLs asbiomvu, lvtaoniré mLeanctk,s ,i l ibimidp.,o 3rt8e sdqeq .d épasser avant-coureurs de la Iénition des consonnes qui atteindra l'ensemble du lexique de toutes 18cf. Labov, o. c., p. 316, et Dressler 1973,p . 138. les classes sociales au début de notre ère, cf. Dressler 1973, p. 135, et 1975, p. 229. 19Que1quesf ormes comportent toujours -u quel que soit le dialecte. 12 SOCIOLINGUISTIQUE SOCIOLINGUISTIQUE 13 Les groupes dialectauxA et B ne divergentt otalement que sur le plan morpholo Faute d'avoir reconnu la véritlble nature du processus, les philologues ont géné- gique, c'est-à-dire quand la grammaire est impliquée. Le matériel lexical et anthropo ralement décrit de façon inexacte la crajectoired u phonème23. Il faut poser *ti(:) > nymiquee st, en revanche,b eaucoup moins homogène.A insi les finales verbales en t'i (:) (simplement palatalisé, cf. li§ 2.2.1), voir infra II§ 3.4.2. -ti et-nti sont toujours représentées par -crt et-(v)a1. en B et par --tl et-vn en A. Mais les mots de la catégorie a sont, à de rares exceptions près, partout en -at~, 2.2. Plus tard, le relâchement de l'intensité articulatoire entraîne la dépalatalisa• tandis que pour les dérivés du groupe bon trouve en A côte à côte -al- et --tt-, ce tion, qui va se faire, selon \Dl processus banal, par empiétement de la détente sur la dernier traitement n'étant pas inconnu de a20. On constate donc, au niveau du tenue, d'où segmentation et apparition d'une affriquée, qui se simplifie (cf. H § lexique et de !'anthroponymie, une certaine irrégularité, laquelle est cependant infi 2.2.10, aboutissement 3, et 3.4.3.7) : t'i(:) > tsi(:) > si(:). Ce stade ultime est at• nimentp lus grandee n A qu'enB . teint dans la langue des tablettes mycéniennes (Il § 3.4.1), c'est-à•dire vraisembla· blement dès la constitutiond u syllabaire, puisqu'on n'observe aucune variation gra• 2.1. Pour expliquer cette "assibilation", on a fréquemment invoqué un substtat phiquep our les séquencesc oncernées. préhellenique, indo-européen21 ou non22. Or j'ai montré ailleurs (Le.) qu'il était Ainsi, la palatalisationd e t devant i(:) doit sans doute être située fort haut dans la dangereuxd e faire appel à un substrat asianîqueo u à des contacts anatoliens ; il l'est première moitié du second millénaire, probablement immédiatementa près la muta tout autant de se référer à un substrat minoen dont nous ignorons à peu près tout En tion de *t(h)j (infra II§ 3.4.3.7). Et la dépalatalisatione st acquise au moins dans le réalité, si nous refusons ces solutions de facilité, nous devons nous orienter vers une standard mis en circulation avec la constitution du syllabaire24 : on y disait proba• explicationp honétiqued ans un cadre purementg rec. blement déjà-si(:)(-) et IOSOS (li§ 3.8). Le passage de ri à si est l'une des premièresm anifestations d'un phénomène, qui, Deux remarquesd evraienti nterdire de généraliserc ette appréciation: intervenantà plusieurs reprises au second millénaire.m odifiera considérablementl e -Le grec tablettiquen 'est pas tout le mycénien et il a pu y avoir d'importantsd éca· consonantisme du grec : la palatalisation, entraînant l'émergence de formes telles lages chronologiques d'une région à l'autre, voire à l'intérieur d'une communauté qu'att. "t'6aoç-, ËpÉi:-tco.:ui rrp6:nc.:i, pour lesquelles on n'a jamais songé à invoquer donnée. une influence étrangère. Comme on le verra plus loin (Il §§ 2.2, 2.2.2-4 et 2.2.11), - La réduction de tossos à tosos étant susceptibled 'être due à la pression de la gé la palatale est une consonne caractérisée certes par son point d'articulation, mais minée d'eresso:,i l est possible que dans le groupe dialectal Bon ait coonu un stade aussi (ce qu'ont méconnut ous ceux qui se sont interessés aux faits grecs) par la force intennédiaire, •Si(:)(•), mais tossos,a vant simplificationd e la géminée de tossas. de son articulation. La palatalisation est favorisée par la présence subséquente d'un phonème palatal, mais la stabilité des groupes français CjV et la palatalisation, dans 2.3. La rapide description des faits donnée supra § 2.1 invite à penser que la certaines langues, de consonnes devant voyelle vélaire montrent que ceue présence mutation de t devant i(:) a concerné tous les Grecsi nstallés en Grèceprq>rement dite n'est ni indispensable,n i suffisante: il faut une augmentation de l'intensité articula• dès cette époque, c'est•à·direl es ancêtresd e ceux qui parleront le mycénien,p uis l'ar• toire pour déclencherl e processus. cadien et le chypriote, les ancêtres des locuteursq ui fourniront l'ionien et l'attique, et Cette augmentationa été assez forte pour palataliser,d ans le domaine B, l'apicale ceux qui - pour reprendre la thèse de J. L. Garcfa.Ram6n (1975) - en se mélan• sourde, mais aussi l'aspirée correspondante( cf. infra§ 3), laissant intacte la sonore, geant à des éléments occidentauxq uelque part entre la Thessalie et l'Epire vont don• plus faiblement articulée (voir II§ 3.4.3.3).L e phénomène ne concernea lors que les ner naissance vers 1200a u groupe protoéolien25. occlusives apicales, peut-être à cause d'une articulationp lus proche de la zone pala· tale que celle des autres occlusives (mais cf. II§ 3.4.3.2). H ne se produit que devant 23Cf. en dernier lieu E. Riscb, 270, qui imagine un premier stade fi, confondant palatali i(:) (mais voir II§ 3.4.3.1): il s'agit là de la plus fermée des voyelles antérieures, sation et dépalatalisation. Une évolution Ii>tji, fréquemment supposée, méconnaîtrait la c'est•à•dired e la voyelleq ui implique la plus faible distance entre le dos de la langue vraie nature de la palatale, présentant à tort comme un j ce qui n'est que la détente de la et le palais dur; or la consonne palatale se caractérise notamment par un contact c2o4nVsooinrn Be.r ix.be 1992, 152-153: après d'autres, je défendais là une date haute (vers 1600) énergiqued u dos de la languea vec la voûte du palais. pour cette constitution ; la découverte récente d'un galet portant une inscription en linéaire B à Kafkania près d'Olympie, dans une couche des environs de 1600 {cf. L. Godart, CRAI 1994, 729•730)s uggère, si l'objet s'avère authentique, que cette date 20ccE. . Schwyzer, Gr. Gr. I. 270. Pour les faits mycéniens voir e.g. E. Vilborg, 52. pourrait encore être sensiblement remontée et confirme qu'on utilisait le linéaire B bien 2212EE..gg.. JP. oCrzhiagd wouic Ck,o gleumi asonn; gev oài rl ap elatintge ubei bdleiso glerattpréhsie m cihneoze nBs riaxdhaep t1at9e7u6r,s 7d6u, lnin. é8a.i re A au a2v5aonnt lsaa idt aptea rp lreéss utmabélee tdteess tprlouusv éaensc iàen Ts hdèobceusm (seunrt sl ecunro sdsaiteen,s Cihnafrdaw Iilc kn,. 4o). . c. [infra n. 31], grec, amenés de Crète sur le continent vers le XVIe siècle pour les besoins des bureaucra 85) qu'on parlait en Béotie, au moins jusqu'à 1200 et au niveau palatial, une langue ties palatiales {cité par Melena, 18). probablement très proche de celle de Pylos et de Cnossos. Malgré l'absence de 14 SOCIOLINGUISTIQUE SOCIOLINGUISTIQUE 15 Les traces d'articulation ti observée en ionien-attique (type a-cpa-cta/ Selon la chronologied e Garcla-Ram6n,l es futurs Lesbiens quittent la Thessalie a-cpa"t(1 1)26 devraient être examinées individuellement de lrès près. Elles powraient vers I(X)().I ls abandonnent une communauté qui primitivement prononçait si(:). certes représenter tantôt des emprunts aux dialectes occidentaux. tantôt des forma Pour expliquer la persistance de ce trait en éolien d'Asie, on doit supposer qu'au tions tardives. Mais on doit se demander si parfois elles ne viennent pas de plus loin moment de la séparation la prééminence des Doriens était encore trop récente pour et si elles ne sont pas Je produit d'une stigmatisationq ui, frappant le phénomène à que la nouvelle norme se soit déjà imposée. En lesbien l'assibilationd e t devant i( :) sa naissance. aurait. dans quelques mots et pour des raisons qui nous échappent, a donc des chances d'être héritée et non due au voisinage de l'ionien, comme on le maintenu l'articulation ancienne. S'il en est ainsi, la palatalisation serait partie des croit souvent (e.g. Garcfa-Ram6n 1975, 56). couchesl es plus humblesd e la société et aurait d'abord rencontté une certaine résis Le lesbien a. on le sait, t,1iaaoç (< *medhjos)c omme t,1i>..Laaa (< *melit+ja; tanced e la part de ceux qui faisaientl a norme. ionien t,1Eaoç/1-1i>..Ld'O"ae) n face de ·rt8'1aL(v) 30. Autrement dit, le traitement de Vers 1200, dit-on, les Doriens. peut-être déjà maîtres d'une partie de la Grèce du *t(h) devant *j y est partout le même, que les deux phonèmes aient été séparés ou N.O., conquièrent le pourtour du Péloponnèse, et s'infilttent en Thessalie et en non par une limite de morphème. Comment expliquer ces aboutissements ? Les ré• Béotie27. Partout, ils vont occuper dans la société une position dominante. Les sultats historiquesd ans les différents dialectesc oncernése t ce que l'on enttevoit de la populations autochtones sont reléguées dès lors au second rang et leur langue perd situation à l'époque mycéniennep ermettentp eut-êtte d'esquisser une réponse. son prestige. La langue des Doriens ignore la palatalisationd e *t devant i(:) et la a. Les résultats historiques prononciations trictemento cclusive devient désormaisl a nonne28 ; si(:), stigmatisé. "'-totjos •eret+jo: •ti recule pour être totalement éliminé de la grammaire29. On a un autre exemple sfir attique s tt d'une semblable stigmatisatione t du reflux de l'articulations i(:), celui que nous offre éo1iend 'Asie s s SS le pampbylien.L ors de l'anivée des colons doriens, les Achéens fortement métissés béotien tt tt (par osmose avec la population indigène) qui habitaient la Pamphyliep rononçaient thessalien s s s s vraisemblablement si(:). Les Doriens imposèrent une nouvelle norme, ne laissant doriens tandard SS SS subsisterl a prononciationa ncienne que dans le lexique et l'anthroponymie. b. Situation à la fin du XIIIe siècle Ces considérations impliquent que pour l'essentiel les mots en -cnoç et en Le tableau suivant nous est suggéré par: -au~ présents dans les dialectes occidentaux, en thessalien, en béotien et en pam - la possible situation linguistique de la Béotie et de la Thessalie mycéniennes phylien. seraient autochtones,e t non pas des emprunts faits au gré des courants éco (supra et n. 25), nouûques ou culturels. - et la comparaison du mycénien et des dialectes alphabétiques qui révèle à l'évidenced es divergencesl inguistiquesd ans le monde mycénien, avec évolution ap témoignages écrits, on peut imaginer une situation linguistique voisine, à la même paremment moins avancée au Nord du Péloponnèse qu'au Sud (infra li §§ 3.8 et époque, pour la Thessalie : l'archéologie nous apprend que le monde mycénien s'étendait 3.9): au moins jusqu'au mont Olympe, voir Brixhe 1990, 37. *totjos *eret+jo: *ti -216:J1e1 çn:'/y- -irnoc(:~tlyu ps ep Sas1 1lef!sC dl1é:rTiv)é~s/ --faé:Smç:1 i1n1in-s1 Celn1 :•LFn.çi ;)B/.- a-di:eurS (oBç SqLu i6 5s,'o p1p9o7s0en,p t. à1 2de9s- 1m3a0sc)e uxlpinlisq ueen prébéotien SS !! s la persistance de t par la pression du masculin. rinvoquerais volontiers le caractère récent préthessalien d'une formation bien postérieure à la période de palatalisation : P. Chantraine, p. 339 sq., préattique ss? s? 1! cite un seul exemple homérique. La même explication pourrait valoir pour les diminutifs dorien !! !! t en -Lov, qui doivent être le plus souvent de date relativement tardive (exemples à partir du N.B. !! était naturellement susceptible de connaître un allophone (t)ts (sur la py2sore7éc sSisaeu.ln,r t icsnl faf.d é faLraniieebsju leerlu,es nssvee ro odi1rye9 a B7lu2aimlt/eh1e ,è sesp elm . ad2yleic2i ,éJ 7n. )1iC.e7 nh2sa-,1d 7wm3i.cê klé,s seàl olan plaoqpuuelallteio lne s mDyocréinenosp haounraei,e navt edcé jàst aéttuét pdréreso luxl li(tmcaft.i h tiéins dftroeasr)i .qd ueue xtt a ernti cauttliaqtuioen, bs,é vootiiern i neftr eau Ibl§ée n2 p.2e.u1t0 f,o arbt obuietins sse'emxepnlitq 3u);e r àm paaisr tlier 28Ici ethnie et position sociale interfèrent donc. L'ethnie nouvellement anivée n'aurait Si ces prémis.sess ont exactes. il est possible d'en tirer quelques conclusions : pu avoir une telle influence, si elle n'avait pas rapidement occupé une position préémi 1. Les du to-so de TH Ug 14 correspondait à ss et non pas à s comme à Cnos nente. Son parler n'est devenu le dialecte dominant qu'en raison de sa place au sommet de sos et Pylos (cf. II§ 3.8), e~ dans a-re-i-ze-we-(iI ll Of 37.1), datif d'un anthropo- ~a9~ é:::i~;~~~;~re très structuré de la morphologie, de la charge syntaxique et sé• mantique des morphèmes, de la fréquence de leur emploi, la pression de la nonne est, dans ce domaine, toujours plus forte que dans le lexique. 30voir Hodot, 84 et 87. 16 SOCIOLINGUISTIQUE SOCIOLINGUISTIQUE 17 nyme dont le second membre pourrait être fourni par la racine de aEUw31, z-recou b. Dans les documents mycéniens, l'un des deux adjectifs en -ijos repérés comme vrait!!, à la rigueur (t)ts (pour Cnossos et Pylos voir II§ 3.7.2.1). susceptibles d'être concerné atteste la palatalisation : e-pi-ko-ru-sj.jolo-pi-ko-ru-sij-o 2. Quand les futurs Lesbiens émigrent, leur cohabitationa vec les nouveaux ve ""ê 1ttKop6atoç-/ lnn1<op6aLoÇn' qui s'adapte au casque" (1<6puç-/1<6pu8oç-D).a ns nus doriens n'a pas été assez longue pour que ces derniers leur imposentl eurs articu les ethniques et les antbroponymes qui en sont issus, l'assibilation est fréquente, lations : ils partent avec leur propre prononciatione t le a( (t)ts) de *eret+jo: va re compte tenu du matériel fourni, cf. e.g., de K6ptv8oç-, l'ethnique ko-ri-si-jo joindre le ss de *totjos (!! > tts > tss >ss), d'où s pour *ti, mais t,1iaaoc: ()(op(v<.nol) et le nom de femme ko-ri-si-ja( Koptva(a). On n'observe, quant à ce commei: :6aao<;. ttait. aucune différence entre Cnossos et Pylos. 3. Les Doriens imposenta ux Prébéotiens leurs articulations : tise substitue à si Comme on le voit. le phénomène a dû connaître une grande extension géogra et Uà ss pour Je résultat de *totjos; or, à la même époque, en préeubéen et en préat phique et les formes recensées ne concernent jamais un morphème grammatical, tique, *t+j et *kj en sont encore à!,!: par un phénomènea réal, en Béotie, Attique et mais seulement la dérivation. Eubée, tout ll conservér egressera vers tt (infra § 2.2.10, aboutissement2 , et 3.9). En l'état acblel de nos connaissances.c es scénarios me semblentr endre compte 3.2. "C'est un fait à noter que, au cours de l'évolution des langues, les change au mieux des situationsa lphabétiques. ments tendent à s'accomplir pleinement. et que les règles variables deviennent inva riantes ... La plupart (d'enrre elles) tendent vers une application maximale : elles 3. th devant i(:) tendent à se généraliser à tous les environnements" (Labov 1976, 307 et 316)33. Comme on peut le constater synchroniquement dans l'usage quotidien de la langue, Dans la première moitié du deuxième millénaire se produit donc, dans la langue cela se produit d'abord dans les formes de langage les plus relâchées : dialectes so• de tous les Grecs installés en Grèce, lDlep remière vague de palatalisations. ciaux populaires et styles familers (cf., en français contemporain, les règles cancer• Dans un premier temps, seul *lest palatalisé devant i(:) et *t(h) devantj. Dans nant l'effacement du a). les deux cas la sonore est épargnée. L'aspirée reste apparemment intacte devant i(: ). Parmi les porteurs des dialectes ou futurs dialectes du groupe B, une partie des Généralement. la sourde est articulée avec plus de force que l'affriquée dite aspirée, th locuteurs, probablement à statut socîal inférieur (puisque le trait fut stigmatisé), (occlusion+ souffle) ;j est déjà une consonne palatale et son articulation exige une d'abord dans une région qu'il nous est évidemment impossible de déterminer, a eu plus grande fermeture du chenal buccal et une proximité plus grande du dos de la tendance à étendre, devant i(: ), le processus qui conduisait à la palatalisation de t en langue et de la voûte palatale que l'émission du i( :). On conçoit donc aisément que la pareil contexte. Ce sous-groupe avait donc une articulation caractérisée par Ime éner palatalisation de ti(:) et surtout de l(h)j exige une énergie articulatoire moindre que gie plus grande que celle du reste de la population. La force articulatoire était dès lors celle de thi, qui, en cas d'augmentation insuffisante de cette énergie, peut rester à suffisante pour provoquer, comme devantj, la neutralisation de l'opposition t -th l'écart du phénomène. devant i(:) et entraîner la palatalisation de th. De proche en proche, le phénomène a dû gagner de larges couches de la population et se propager sur un vaste tenitoire. La 3.1. Pourtant. on a l'assurance que *th était, lui aussi, susceptible de se palata stigmatisation s'abattit sur le trait. mais pendant longtemps avec une vigueur insuf liser devant i(:) dans l'&re dialectale caractériséep ar le passage de t à t' dans le même fisante : - pour interdire sa généralisation probable dans certaines classes sociales contexte. Un dossier exhaustif de la question a été établi par M. Lejeune (1972/1, (d'où, en mycénien, la relative abondance des mots touchés), - pour éviter que, là 229 sqq.). Je me contenterai d'en rappeler les points essentiels : oü il était adopté, il n'aille jusqu'à son terme (palatalisation et dépalatalisation), - a. Au premier millénaire, à Erétrie, l'ethnique "A11apucda (plus fréquent et pour empêcher l'emprunt de certaines formes palatalisées par des dialectes sociaux qu''Aµapuv8Ca) désignant !'Artémis honorée à 'AµCXpuvBoç;- les démotiques at plus prestigieux (cf., encore une fois, les attestations mycéniennes, et les résidus du tiques Tpu<opUaloç> (seul attesté) et TTpo'3a).(cnoq (à côté du rare npo premier millénaire). {3o:>.(v8toç-)i,s sus de T pt1<6plv8oç et TTpo{36:).lvBoç; -à Chios le nom de mois Cette généralisation concern&t-elle aussi la grammaire? Ce n'est pas impossible LjHO'l6Jv, bâti sur un doublet archaïque *L...-Ccnor: deI...-CvBLor:; peut-être (cf. li > t'i dans les morphèmes verbaux). Toujours est-il que - comme on l'attend 'Ht:ua Cç, si ce toponyme remonte à * ~E>.EuCBç3 2. - c'est d'abord dans ce secteur que la stigmatisation a triomphé et l'on ne s'étonnera pas de ne rencontter la mutation ni dans un impératif en -Bl, ni dans un adverbe du 31 Chadwick, in Th. G. Spyropoulos, J. Chadwick, The Thebes Tablets Il(= Suppl. 4 à Minos), Salamanque 1975, 106. 32En revanche, ÊTITJÀuaCTJ" attaque, sortilège" a des chances d'être formé sur un thème 33ct. encore Dressler 1973, 138, et 1975, 226 ; Brixhe 1978, 70 (à propos, précisé non en th (Nagy 1970, 137), mais en r (Chantraine, DELG, s.v. ÊÀi:Uaol'-cr:L). ment, du phénomène qui nous occupe actuellement). 18 SOCIOLINGUISTIQUE SOCIOLINGUISTIQUE 19 type OÎK00l34• L'embarras des philologues tient évidemment au caractèrec ontradictoire de ces ré Contrairement à ti (:)>si(:), la règle thi(:) > si(:) n'a jamais été prise en charge, sultats, le premier supposant un affaiblissement,l e second un renforcement sous une forme généralisée35.p ar la fraction la plus prestigieuse d'une population et Le premier concerne plus de mots que le second ; il a comme répondant le trai n'a jamais été, comme telle. intégrée à la nonne. La censure accentuants a pression, tement du même phonème à l'intervocaliquee t il évoque l'évolution du *s hérité (h à le trait a été éliminé totalement.s ans doute à date postmycénienne,n e survivanta u l'initiale devant voyelle ; h, puis fi, à l'intervocalique). Aussi a-t-il été généralement premierm illénaireq u'à traversq uelquest racesr encontréesd ans des zones non recou considéré comme le traitementn onna138. vertes par les parlers occidentaux (Attique, Eubée et Ionie) et dans un sphère lexicale souvent caractérisée par son conservatisme (quatre ethniques, dont un lié à un culte 4.2. Un examen des faits, appuyé sur ce qu'on sait des mécanismes mis en jeu, et un autre figé dans un calendrier par l'intermédiaire d'un dérivé) : peu à peu, ceux montre clairement (cf. iefra) que les deuxt raitemenlSn e peuvent être contemporains. qui faisaient la norme (c'est-à-dire les porteurs du dialecte social dominant), à partir Les tablettes mycéniennes nous en apportent la confirmation, s'il en était encore be· des fonnes non touchées ou non dérivées, avaient expulsé de leur parler les cas d'as soin (voir Ruijgh, 64-66, et Lejeune 1972, 167 sq.) ; là oil au premier millénaire on sibilation qui y avaient été accueillis et imposé dans tous les contextes leur articula aura ( pour *j-i.-e., on rencontre régulièrement un signe de la sériez, cf. ze-u-ke-si tion th au reste de la communautél inguistique. = ,tVyta l avec un syllabogramme de la même série que le za de to-pe-za = -c6pTTt(a ('tp&TTt(a), 01) la séquence procède de *dj : la mutation est donc déjà ac 4. *j initial complie lors de la constitution du syllabaire (voir supra n. 24 et infra II §§ 3.2 et 3.12.3). En revanche, les termes de l'autre groupe présentent une graphieq ui hésite Le double tnùrement grec (d:;Jzdldd,h ) du •j-hérité a toujows beaucoup intrigué entre j et tJ : contre l'opinion commune, il est quasiment certain que le changement les philologuese t les interprétations qui en ont été données sont d'une extrême di dej en h s'est déjà généralisé (ainsi Meleoa, 14); la présence sporadique dej dans versité36. Elles ont malheureusementt oujours été faussées : l'écriture correspond à un archarsme graphique, mais elle montre que la mutation -par le postulat néo-grammairien de la régularité des évolutions phooétiques, n'est pas suffisamment lointaine pour que la tradition orthographique en ait perdu le -par la volonté de placer les deux traitements sur le même plan chronologique. souvenir: elle a probablement eu lieu entre la constitution du linéaire B et les -par la méconnaissanced e ce qu'est une palatalisation, premières tablettes (pour le détail de l'appréciation des modalités, voir Il§ 3.15.1). -OUp ar la croyance qu'un changement phonétique se propage, dans une société, né- Enfin, l'absence de tout flottement s/(Jd ans la notation mycénienne du résultat de *s cessairementd e haut en bas. i.-e. initial antévocalique et intervocalique montreq ue le phonème était passéà h Ainsi s'explique qu'on ait fait appel tour à tour au substrat, à l'emprunt, à l'exis depuis longtemps (cf. Rnijgb, 53 sqq.) et que ce cbaugement appartient à une ttanche tence originelle de deux phonèmes, à l'environnement phonique (voir déjà supra n. chronologique (v. infra Il § 3.2) autre que l'évolution identique de *j en pareil 10-12). Ainsi s'explique aussi que l'un des deux aboutissements (dz/uf) ait toujours contexte. Il s'agit là en réalité d'un des phénomènes les plus anciens différenciant le été considéréc omme "aberrant" ou "anomial". grec des autres parlers i.-e., assurément antérieur à ceux qui ont élé examinés supra §§ 2 et 3. On ne peut donc l'invoquer pour considérer comme "normal" 4.1. Le dossier est bien connu37 : dans une série de mots le *j initial i.-e. est l'aboutissement h du *j initial ou intervocalique. représenté au premier millénaire par h, c'est-à-direq ue sa trajectoire a été identique à celle du *j intervocalique, qui passe par havant de s'amuir, cf. *jos> hos \Oc;-)D. ans 4.3. Il convient donc de poser la chronologie relative suivante : une autre série, l'aboutissement du phonème est noté par Z (parfois à, cf. li§ ~ Phase A: passage à h de *sà l'initiale devant voyelle et à l'intervocalique ; 3.12.4) en grec alphabétique, cf. *jugomln> dzugonlzdugon ((uy6"). Comme le -Phase B : *j > (} dans certains mots ; remarque M. Leroy (108), "on ne constate aucun flottement entre les deux séries et -Phase C : j initial résiduel etj intervocalique deviennent h. on ne décèle non plus aucune trace de répartition dialectale". Le changement B correspond à une augmentation de l'énergie articulatoire, trait dont on pressent le rôle dans le déclenchement des palatalisations (cf. II§§ 2.2.2-4 et 34J'évoque ce type à propos de la grammaire, parce qu'il constitue, avec ceux en -811:, 2.2.11) et il y a gros à parier qu'il est contemporaind 'une grandev ague de palatalisa -8Ev et -80:, un système quasi flexionnel. tions, probablement de celle qui conduit *dj et *g(w) j à g. 35Mais le mycénien montre que certaines des formes touchées sont remontées jusqu'au sommet de la hiérarchie sociale. 36EIIes ont été rassemblées par Lejeune 1972, 166 sq., et surtout par Leroy, 108 sqq. On 38cr. e.g. Ruijgh : "Le résultat h, qui se retrouve pour y intervocalique, est naturellement 37~~~~~: !!t1~::~!~ie ja~ux études de Leroy (165 sq.) et Melena (21 sqq.). lme etnrta iatebmerernant t n(odremya r in(i6ti6a)l "; ("4 ..9.) .l es mots qui fournissent au premier millénaire le traite• 20 SOCIOLINGUISTIQUE SOCIOLINGUISTIQUE 21 La mutation C, au contraire, reflète un affaiblissement. tel que celui qui entraîne faut chercher la solution. une dépalatalisation et il y a de fortes chances pour qu'il soit contemporain d'une 4.4.2. A l'époque (antérieure à la constitution du linéaire B) où se déroulait la vague de dép alatalisations,i ntervenuee ntre la constirutiond u syllabairem ycénien et phase B, dans un canton de la Grèce la couche inférieure de la population (esclaves, les premières tablettes. ouvriers agricoles, petits agriculteurs) commence à articuler d le j initial du reste de On comprend ainsi le décalage chronologiquep erçuà travers les documents my la communauté selon le processus que nous avons vu plus haut Comme une onde, céniens. Aucun des deux changements n'est "aberrant" ; replacé dans son contexte, le trait s'étend peu à peu à tous les membres du groupe, puis se propage vers l'exté chacwt d'eux est "normal". rieur selon deux directions : horizontalement (groupes sociaux identiques dans les autres cantons) et verticalement( groupess ociaux situés hiérarchiquementa u-dessus). 4.4. Reste à expliquer le contraste qu'ils présentent. Il est probable que, dans les zones sociales touchées, la règle ne connaissait pas de Lors de la phase B, une partie de la population a acceob.J.éle processus qui dé limites: toutj initial devenait(/. Le(s) groupe(s) Ie(s) plus haut placé(s) dans la hié clenche la palatalisation : son dialecte était alors caractérisé par une articulationp lus rarchie de la communauté linguistique, n'étant pas à l'origine du processus, le stig énergiquee ncore que celui du reste de la communautée t la prononciationd nj initial matise(nt). Cette stigmatisationv a naturellement frapper les mots avecl esquels ceux en a été affectée. Il ne s'agit pas d'une palatalisation, puisque le point de départ est qui faisaient la norme étaient le plus fréquemmente n contact En revanche, pour dé déjà palatal. Simplement,i l y a eu, sous l'effet de l'augmentationd e l'énergie articu signer certaines réalités qui ne leur étaient pas ou leur étaient moins familières, ils latoire, réunion des deux contacts latéraux, c'est-à-direé crasement du dos de la langue finissent par adopter, c'est-à-dire par intégrer à la norme, l'articulation des locuteurs contre la voûte palatale au lieu oùj était articulé auparavant (cf. Straka 1964, 28, et qui côtoyaient quotidiennement celles-ci41• Phonologiquement, cette adoption ne 1965, 135) ; j passe alors à d,.S itué dans ce cadre, ce changement est donc "naturel" faisait ~ difficulté, puisque l'articulation en question se confondait avec le résultat et ce n'est pas un hasard si dans toutes les langues romanes (sauf le sarde) un renfor de "djJg/Wij L'irrégularitéd e la censure explique donc que pour certains termes tech cement identique du} primaire ou secondaire(< dj/gj du latin) accompagne, à l'ini niques se soit perpétuée une prononciation condamnée dans les autres mots, après tiale, une grande vague de palatalisations (Slraka 1964, 41 sq. et 71 ; 1965, 136 même que dans la classe sociale d'origine la règle j > <1I # - V ait été totalement sq.). éliminée. Comme en français (cf. lat. raja> raie)39, le} intervocalique n'est pas touché par La suite est facile à reconstituer. Lors de la phase subséquente (C), la diminution le phénomène. Le dialecte aurait-il "privilégié" le début de mot aux dépens de la fi de la force articulatoiree ntraîne : nale ? Serait-ce l'époque de la disparition des occlusives finales? En tout cas, notons -La dépalatalisation de 4,l e plus souvent par segmentation et apparition d'une affri que l'intervocalique est une position naturellement faible, où l'occlusive sourde de quée ((1> dz, avec peut-être un stade intermédiaire d3), d'où l.;uyOv( ' < *J), comme vient facilement une sonore, la sonore une spirante, tandis que la spirante peut s'ef ZEIJço u ~Ec ,c.:iv( ~ < *dj et *gJ) ; voir le détail en Il § 3.12.4 ; facer. Ici la force articulatoiree st simplement suffisante pour maintenir le j intact. -La réduction de} (initial résiduel ou intervocalique)à un souffle sourd, d'où t~ (< 4.4.1. Pour situer socialement le dialecte qui a été à l'origine du changement, il *}os)e t mycénien wi-ri-ne-o (à lire sans doute fplVihc.:it : suffixe *-ejos) . suffit, je crois, d'examiner le champ sémantique des mots concernés. On a, en effet. Tel est le stade atteint par la langue des tablettes mycéniennes, cf. H §§ 3.12.5 et constaté que les termes ol) J initial a donné h constituent un ensemble disparate 3.15.1. (mots grammaticaux, appellatifs divers ... ), tandis que les autres représentent un groupe relativement homogène : "ce sont des mots se rapportant à des produits natu 5. pt pour *p rels et à leur traitement. à la cuisson des aliments, à la technique de la culture, à l'équipement ... " (Leroy, 115).C éréales et traitement des céréales: {Ela( "orge", Il est un autre cas qui a également beaucoup sollicité l'imagination des philo ~Up.11" levain, levure de bière", {lc.:i "bouillir, fermenter" et sa famille, {'ù8o~ logues et des linguistes : à l'initiale d'un petit nombre de mots ff"[ correspond à un "bière" ; animaux de trait et chars : i;EUyvut,n "unir, mettre sous le joug" et sa fa *p originel et il y a flottementp tlp à l'intérieur du grec ou entre le grec et les autres mille (e.g. {uyOv "joug" et è';i:'ùyo~" couple d'animaux) ~ habillement : l.;CJvvu1-1l langues i.-e. Le dossier de la question a été fort bien repris naguère par O. Szemeré "ceindre" et sa famille, e.g. l.;6lv11" ceinture" et {c.:ia"[~p "ceinturon", etc.40. Tous nyi42 et J.M. Melena (23 sqq.). Je me bornerai donc à rappeler les fonnes cancer- ces tennes appartiennent au lexique d'une population rurale ; c'est de ce côté qu'il 41En français, par exemple, et pour des raisons identiques ou voisines, les traitements ir 39Contrairement à ce qui se passe en italien, oil jj, primaire ou secondaire, connaît le réguliers ne sont pas rares dans le lexique agricole, cf. serpe, asperge, gerbe, avoine, 4m0êvmoeir soLretqrouye,j e1n0 7d séqb.,u te dt eM meolet:n ad,d 2z1(m-2e3z. zo)oudd3 (maggiore). f4o2ino,t l elt'co.n trouvera, outre un catalogue critique des termes en question, une présentation

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