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Philosophes japonais contemporains PDF

495 Pages·2010·8.232 MB·French
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philosophes japonais contemporains Sous la direction de Jacynthe Tremblay Philosophes japonais contemporains Les Presses de l’Université de Montréal Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre: Philosophes japonais contemporains (Sociétés et cultures de l’Asie) Comprend des réf. bibliogr. isbn 978-2-7606-2195-4 eisbn 978-2-7606-2587-7 1. Philosophie japonaise – 20e siècle. 2. Relations humaines – Philosophie. 3. Anthropologie philosophique. 4. Subjectivité. 5. Philosophes – Japon. I. Tremblay, Jacynthe, 1958- . II. Collection: Sociétés et cultures de l’Asie. b5241.p44 2010 181’.12 c2010-940253-7 Dépôt légal: 1er trimestre 2010 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2010 Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouver- nement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises cultu- relles du Québec (SODEC). imprimé au canada en mars 2010 Préface Depuis le ve siècle et jusqu’à la fin de l’époque Edo, la culture japo- naise se caractérisa comme une culture en périphérie de la Chine. La langue japonaise elle-même se construisit en bonne partie sous l’in- fluence de la langue chinoise apportée par des voyageurs qui vinrent de la Chine et de la péninsule coréenne. Par conséquent, le discours japonais se trouva constitué d’un grand nombre de termes chinois (kango) combinés au moyen de particules, et de quelques mots d’ori- gine japonaise (yamato-kotoba, wago), le tout relié selon la syntaxe des langues ouralo-altaïques. Au début de l’époque Heian (ixe siècle), on créa des caractères japonais (kana) en modifiant ou en simplifiant certains caractères chinois (kanji). Depuis cette époque jusqu’à pré- sent, on a toujours écrit dans un style mélangeant les caractères japonais et les caractères chinois et, au niveau du lexique, les termes d’origine chinoise et ceux d’origine japonaise. Étant donné cette situation linguistique, on s’engage (le plus souvent inconsciemment) lorsqu’on écrit en japonais dans la tradition de la pensée chinoise ou de la pensée en chinois. C’est sous cette condition que depuis l’époque Meiji, les Japonais ont introduit la philosophie occidentale. Pour traduire la terminologie de cette dernière, on utilisa donc parfois le vocabulaire de la philosophie confucianiste ou boud- dhique; sinon, on fabriqua de nouveaux termes en modifiant ou en combinant les mots chinois déjà existants. Faire de la philosophie au Japon depuis l’époque Meiji signifie que même sous la prédominance de la philosophie occidentale nouvelle- ment introduite, on n’en continua pas moins de penser toujours à travers la langue japonaise, telle qu’influencée par la pensée chinoise (confucianisme ou bouddhisme). Il s’ensuit pour la tâche actuelle de traduction que mis à part les cas où il s’agit de retraduire en langues 8 philosophes japonais contemporains occidentales la terminologie d’origine occidentale qui est passée dans la langue japonaise grâce à l’usage des caractères chinois, il est fort difficile de rendre le vocabulaire est-asiatique qui influença la pensée et le mode d’écriture des penseurs japonais. Les traducteurs ou tra- ductrices sont conscients de cette situation et ne peuvent manquer d’être confrontés à ces écarts souvent infranchissables. Les conditions linguistiques de la philosophie japonaise du xxesiècle présentent des affinités avec celles de la philosophie allemande moderne. À partir du milieu du xviiie siècle, on s’efforça de fabriquer une termi- nologie philosophique allemande à partir d’une traduction de la langue latine. Kant lui-même semble parfois écrire en allemand par le biais de la terminologie latine. C’est seulement à partir de la génération de Schelling et de Hegel qu’on devint capable de penser en employant presqu’exclusivement la terminologie philosophique allemande. Heidegger s’inscrit précisément dans ce courant lorsqu’il affirme que pour faire de la philosophie, il faut commencer par penser en allemand, oubliant ou feignant d’oublier par là la dette énorme de l’allemand à l’égard du latin. Cette sorte d’ethnocentrisme naïf se retrouve aussi dans le Japon du xviiie siècle avec l’école Kokugaku. Oubliant, cons- ciemment ou non, la dette considérable du japonais à l’égard du chinois, les penseurs de cette école, dont Motoori Norinaga, rejetèrent l’esprit chinois (kara-gokoro); ils adoptèrent comme style d’écriture la prose japonaise (wa-bun) et encouragèrent la voie divine originellement japonaise (kan-nagarano-michi). L’influence de cette école est demeu- rée notable même après l’époque Meiji, notamment dans les domaines de l’enseignement de la langue et de la littérature japonaise. Telle qu’elle vient d’être décrite, la situation générale de la philoso- phie japonaise du xxe siècle présente une grande complexité aux niveaux linguistique, terminologique, idéologique, etc. On trouvera de nombreuses traces de cette complexité dans cet ouvrage qui propose un panorama en français de la philosophie japonaise du xxe siècle. À la lecture des différentes contributions, on deviendra plus ou moins conscient de la difficulté qu’il y a à exprimer et à comprendre en français la philosophie japonaise. Cependant, c’est justement à partir du moment où l’on affronte consciemment cette difficulté que devient possible un dialogue fécond entre deux traditions de pensée. Sakabe Megumi Avant-propos L’intérêt grandissant à l’égard de la philosophie japonaise au cours des 25 dernières années, largement attesté dans les essais rassemblés ici, est simultanément un défi aux impressions reçues quant à ce qui est considéré comme philosophie et ce qui ne l’est pas, et une occasion de faire mieux connaître les contributions de nombreux penseurs et spécialistes à travers le monde. Le besoin de redessiner les frontières de la philosophie s’est fait sentir durant la plus grande partie du xxe siècle. Pour certains, il s’agit d’une épée de Damoclès menaçant de s’abattre sur le cou d’une véné- rable tradition dont les nobles prémisses ont été maintes fois humi- liées au cours de la modernité par la révélation de sa naïveté politique et ses nombreuses contributions au colonialisme. De leur point de vue, encourager une immigration ouverte de philosophies extérieures à la tradition gréco-romano-européenne, bien que cette immigration soit accommodée aux goûts cosmopolites des jeunes étudiants en philosophie, peut créer davantage de problèmes que cela n’en résout. Pour d’autres, cela est une bouffée d’air frais à travers les vestibules moisis du milieu académique philosophique, où les inscriptions des étudiants sont à la baisse, où les publications coûtent toujours plus cher et sont moins lues, et où les divisions intramurales sont de plus en plus rigides et inintelligibles pour le monde extérieur. À leurs yeux, il est grand temps d’ouvrir la tradition de la pensée critique à la litté- rature largement inexplorée de l’histoire intellectuelle asiatique. Il n’est pas vraiment nécessaire de répéter ici les arguments en faveur ou contre une redéfinition de la philosophie. Des arguments méthodologiques supplémentaires ont peu de chances de faire pen- cher davantage la balance dans un sens ou dans l’autre. On peut espérer le faire uniquement en portant un regard attentif sur les 10 philosophes japonais contemporains contributions de l’Asie aux philosophies occidentales et sur celles de l’Occident aux philosophies asiatiques. Le recueil de la Dre Tremblay représente un pas important dans cette direction. La sélection des penseurs couvre les penseurs japonais les mieux connus et les plus étudiés en Occident, de même que d’autres qui méritent d’être davan- tage traduits et étudiés. Les essais comprennent de l’histoire descrip- tive et de la pensée créative. L’éventail des sujets devrait être familier aux spécialistes de la philosophie continentale, même s’ils sont orchestrés de manière inhabituelle. Quant aux contributeurs, ils sont divisés à part quasi égale entre Japonais et Occidentaux. En un mot, le lecteur trouvera entre les couvertures de ce livre une solide présen- tation de la manière dont la philosophie japonaise du xxe siècle est reçue aujourd’hui en Occident. S’il s’y trouve un élément absent, c’est la prise de conscience com- plémentaire dans les cercles académiques japonais du rôle que les spécialistes de l’étranger sont en train de jouer non seulement dans la diffusion de la pensée philosophique du Japon mais aussi dans son développement. Ici, nous incluons non seulement cette jeune généra- tion de Japonais qui enseignent en Occident et écrivent en langues occidentales, mais aussi les penseurs occidentaux qui portent un second regard critique sur ce qu’ils lisent de la philosophie japonaise et qui cherchent des moyens de l’appliquer ou de le régler sur le forum culturel plus étendu. Ces derniers ne sont nullement gênés par le lieu de naissance de la philosophie japonaise, de la même manière que la nationalité des philosophes occidentaux n’est pas un obstacle pour lire leur pensée et s’y mesurer. Que des personnes de plus en plus nombreuses enjambent la terrible barrière des langues pour rencon- trer la pensée japonaise en traduction et qu’elles la lisent comme si elles étaient en train de lire l’original devrait être vu comme un signe de progrès. Si les écrits danois de Kierkegaard avaient été enveloppés dans le même mystère qui a longtemps entouré les textes philosophi- ques japonais, ils auraient pris une tangente ésotérique et la tradition philosophique occidentale aurait souffert d’un manque énorme. Plusieurs d’entre nous sommes persuadés qu’en gros, la qualité des traductions est d’un calibre suffisant pour mettre un terme au préjugé courant selon lequel seul celui qui lit couramment le japonais peut espérer connaître ce que les philosophes japonais ont à offrir. Encore ici, le présent volume est un exemple concret de la justesse de ce propos. Avant-propos 11 Pendant les 15 dernières années et au-delà, on a entendu parler d’un nombre croissant de jeunes spécialistes qui ont été attirés par l’étude de la philosophie japonaise. Un grand nombre d’entre eux, incluant plusieurs des contributeurs de ces pages, ont franchi les portes du Nanzan Institute for Religion and Culture ou sont venus pour des périodes plus longues afin d’utiliser ses ressources, de consulter son personnel et de s’y donner un pied-à-terre pour effectuer des recher- ches dans l’ensemble du Japon. Et cela n’est qu’un petit avant-goût du récent enthousiasme. Bien que dans la majorité des cas, l’accent soit mis sur les penseurs du xxe siècle, l’expérience a montré que cela a ouvert la porte au riche courant de pensée philosophique qui a été cultivé au Japon durant quelque 1200 ans. Si l’on en juge d’après les autres livres actuellement en préparation, le corpus de littérature sur la place du Japon dans l’histoire de la philosophie passée et présente s’accroît suivant un rythme régulier. C’est un privilège d’accueillir le recueil de la Dre Tremblay, non seulement en raison de son contenu, mais comme un témoignage supplémentaire des nombreuses années qu’elle a passées dans la traduction méticuleuse et le commentaire des écrits de Nishida Kitarō, peut-être le plus largement connu de tous les philosophes japonais. La Fondation du Japon et le Centre National du Livre (France) doivent être félicités pour avoir reconnu l’importance de son travail et du travail de ceux et celles qu’elle a mobilisés dans la produc- tion de ce livre. James W. Heisig Nanzan Institute for Religion and Culture Nagoya, Japon

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