Description:Il en est au regard de l'histoire et de la politique des motions comme des images (les deux tant d'ailleurs souvent mles) : on a tendance tout leur demander ou, au contraire, tout leur refuser. La premire attitude, assez commune, prolonge la confiance en croyance et se livre bientt ce "march aux pleurs" des motions mdiatises qui finit par tuer toute vrit de l'motion comme toute motion de la vrit. La seconde attitude, plus litiste, prolonge la mfiance en rejet, en mpris et, finalement, en ignorance pure et simple des motions comme des images : elle supprime son objet au lieu de le critiquer. Il fallait donc envisager une approche plus dialectique. Ce livre en est la tentative, focalise aprs une brve histoire philosophique de la question sur l'analyse d'une seule situation, mais exemplaire : un homme est mort de mort injuste et violente, et des femmes se rassemblent pour le pleurer, se lamenter. C'est bientt tout un peuple en larmes qui les rejoindra. Or cette situation, que l'on observe partout et de tout temps, a t remarquablement construite en images par Sergue Eisenstein dans son clbre film Le Cuirass Potemkine. Mais comment se fait-il que Roland Barthes, l'une des voix les plus influentes dans le domaine du discours contemporain sur les images, a considr cette construction du pathos comme vulgaire et "pitoyable", nulle et non avenue La premire rponse cette question consiste, ici, repenser de bout en bout le parcours de Roland Barthes dans ses propres motions d'images : depuis les annes 1950 o il admirait encore le pathos tragique, jusqu' l'poque de La Chambre claire o il substitua au mot pathos, dsormais dtest, un mot bien plus subtil et rare, le pothos... La meilleure rponse la critique barthsienne sera fournie par Eisenstein lui-mme dans la structure de sa squence d'images comme dans le discours immense, profus, gnial, aussi important que celui des plus grands penseurs de son temps qu'il tient sur la question des images pathtiques