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Pauvreté et Capitalisme. Comment les pauvres franciscains ont justifié le capitalisme et le capitalisme a préféré la Modernité PDF

281 Pages·2008·1.249 MB·French
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FRANCISCANA 23 LUCAPARISOLI études réunies sous la direction de Pauvreté et Capitalisme Comment les pauvres franciscaines ont justifié le capitalisme et le capitalisme a préféré la Modernité OFFICINADI STUDI MEDIEVALI PALERMO 2008 Textes révisés par EMMANUELMATTIATO Index des noms par VINCENZOM. CORSERI Pauvreté et capitalisme : comment les pauvres franciscaines ont justifié le capitalisme et le capitalisme a préféré la modernité / ètudes réunies sous la direction de Luca Parisoli. - Palermo: Officina di studi medievali, 2008. (Franciscana ; 23) ISBN 88-88615-86-5 1. Povertà - Concezione francescana - Congressi - Nanterre - 2004-2005 I. Parisoli, Luca <1965->. 271.3 COO-21 SBN Pal0214765 CIP-Biblioteca centrale della Regione siciliana “Alberto Bombace” ©Officina di Studi Medievali Via del Parlamento, 32 - 90133 Palermo e-mail: [email protected] www.officinastudimedievali.it - www.medioevo-shop.com Tutti i diritti riservati ISBN 88-88615-86-5 Stampa: FOTOGRAF - Palermo Ouvrage publié par une contribution Aides Projets Spécifiques de l’Université Paris X, Nanterre et par une contribution du Dipartimento di Civiltà Euro-Mediterranee e di Studi Classici, Cristiani, Bizantini, Medievali, Umanistici, Università di Palermo Palermo, juillet 2008 Sommaire 7 Luca Parisoli Introduction. L’économie et l’empire: la normativité sociale 39 Luca Parisoli La Règle, la Pauvreté, le Destin industriel. Aux sources théologiques du capitalisme 147 Damien Ruiz Hugues de Digne et l’argent: l’opinion d’un frère mineur du milieu du XIIIe siècle 153 Mario Sensi Un aspect singulier des deux ‘âmes’ du franciscanisme: Monts de Piété à titre onéreux et monts ‘sine merito’ 175 Orlando Todisco L’être comme don et la valeur-lien. La pratique économique franciscaine du solidarisme 215 Emmanuel Mattiato Théories de l’espace et géopolitique du libéralisme. À propos de quelques affinités entre Spengler et Schmitt 255 Richard Sébastien L’inconnu dans la maison. Le libéralisme économique et les droites républicaines françaises depuis 1974 271 Index des noms de personnes 279 Les Auteurs Introduction. L’économie et l’empire: la normativité sociale Luca Parisoli Le 7 octobre 2006, grâce à l’aide du Conseil Scientifique de l’Université Paris X et du Centre de théorie et analyse du droit, UMR 7074, a eu lieu une journée d’études consacrée à La valeur sociale des marchands et la naissance du capitalisme. Une genèse médiévale; la qualité des débats et l’engagement ultérieur de certains intervenants nous a encouragé à poursuivre la publication. Des contributions n’ont pu être recueillies dans le présent ouvrage car les auteurs se sont impliqués dans d’autres démarches; en revanche, des chercheurs absents au cours de la journée d’études ont bien voulu offrir leur contribution, notamment dans une perspective d’éclaircir la notion de critique au capitalisme dans la culture conservatrice du XXe siècle. Je me suis donc chargé de proposer une contribution importante ciblée sur la justification du capitalisme par la pensée franciscaine à partir du XIIIe siècle, tout en esquissant aussi la question de la modernité; de facto le capitalisme a accordé sa préférence à la Modernité en abandonnant le rêve d’une société chrétienne cimentée par l’économie tel que le poursuivaient les franciscains. Damien Ruiz a bien voulu nous faire part de son texte en le présentant comme une petite note d’information; pour une analyse complète je renvoie le lecteur à la parution de sa thèse (dirigée par M. le Professeur Vauchez à Paris X) consacrée à l’oeuvre du franciscain du XIIIe siècle Hugues de Dignes. Les contributions érudites de Mario Sensi et Orlando Todisco ajoutent d’autres approches à la matière franciscaine du débat: le premier apporte des précisions savantes quant à l’histoire des Monts de Piété, tandis que le second, par sa maîtrise de l’histoire des idées, porte un large éclairage sur les interrelations entre l’esprit franciscain et le réseau social fondées sur le solidarisme et l’économie. Todisco nous offre des outils conceptuels pour dissoudre le paradoxe apparent d’hommes voués à la pauvreté absolue se consacrant à l’analyse du capital: la thèse philosophique de la primauté de la volonté joue son rôle. Enfin, les contributions de Sébastien Richard et d’Emmanuel Mattiato se placent dans la perspective de souligner l’évolution d’un capitalisme manipulé par la pensée politique du XXe siècle que les franciscains (et bien d’autres penseurs du XXe siècle) n’auraient jamais pu accepter. Le premier nous offre un aperçu de l’actuel débat sur le capitalisme dans l’action politique contemporaine, à une époque où l’économie 8 Luca Parisoli ————————————————————————————————————————————————————————————— s’est substitué au politique; le second nous présente une savante reconstruction de la critique de la pensé conservatrice allemande contre l’évolution du capitalisme à partir de l’époque des Lumières, en examinant en profondeur la pensée d’Oswald Spengler et éclaircissant par des traits aigus un aspect essentiel de la pensée de Carl Schmitt, dernier défenseur d’une théologie politique systématique. Je dois aussi à Emmanuel Mattiato la traduction des articles de Sensi et de Todisco, et une aide pour la relecture des épreuves du recueil: qu’il en soit remercié, comme une nouvelle attestation de notre amitié. Un merci aussi à Anthony Valentini, qui a lu le premier draft de mes analyses inclues dans ce recueil; et à Pierre Brunet, qui m’a aidé dans mon projet; et un grand merci à Pierre Legendre, pour de longues heures de discussions fertiles marquant des après-midi me voyant accueilli dans son Laboratoire d’anthropologie dogmatique consacré au 40 piliers de la coupole de Sainte-Sophie, l’église emblème de Byzance. En dépit de son conseil, je n’ai pas suivi l’analyse de la sécularisation d’Hans Blumenberg dans sa Légitimité des temps modernes et je me range quelque part dans la sillage d’Eric Voegelin, et d’autres: et pourtant, je dois à l’argumentaire de Legendre l’un des volets de la défense de mes idées que je mène dans l’analyse. Et à ma femme, Antonella, j’offre mon travail, en ce jour de la saint Marc 2008. * * * Or il convient de reprendre notre projet de travail depuis le début. La notion de droits fondamentaux est l’une des idées clefs qui ont caractérisé l’évolution de la pensée juridique occidentale du Moyen Age jusqu’à aujourd’hui. Comme l’a souligné Michel Villey, la réflexion sur le droit se concentre sur le sujet de droit au moins à partir de Guillaume d’Ockham, en donnant naissance à la notion de droit subjectif, l’outil normatif permettant de mettre en oeuvre dans l’espace collectif l’ensemble des valeurs fondamentales, parfois synthétisées par l’expression ‘bien commun’. Nous avons été sensible à la trajectoire conceptuelle de l’idée de droits subjectifs fondamentaux dans un cadre intellectuel où la science juridique à été systématiquement conduite à mettre en balance les exigences d’une idée de justice fiable et objective – qui échappe à l’arbitraire – et les exigences du respect de la sphère normative individuelle et subjective de chacun – qui s’oppose au paterna- lisme du prétendu bien.1 Il s’agissait donc d’identifier des développements analytiques pouvant apporter les nécessaires éclaircissements quant à l’usage de la notion de droits subjectifs fondamentaux à des moments significatifs de l’histoire de la pensée juridique. Nous avons ainsi ciblé nos recherches, d’une part sur l’origine, dans la pensée juridique occidentale, de la notion de droits subjectifs fondamentaux, et 1 L. PARISOLI, Volontarismo e diritto soggettivo, Roma 1999. Introduction. L’économie et l’empire: la normativité sociale 9 ————————————————————————————————————————————————————————————— d’autre part sur des épisodes contemporains spécifiques du débat juridique et politique, examinés comme pierres de touche des aspects moins apparents, et pourtant nécessaires, de la progression du sujet de droit dans la protection des droits fondamentaux. Grâce à son histoire religieuse spécifique, déjà soulignée par Giovanni Tarello et Paolo Grossi, l’ordre des frères mineurs montrait un intérêt unique et exceptionnel pour l’histoire de la pensée juridique: le peu d’acharnement des autres Ordres mendiants et du clergé séculier sur la question de la pauvreté pourrait faire de l’oeuvre littéraire des frères mineurs une mine inépuisable pour l’historien de la pensée juridique. Les frères mineurs, en revanche, ont associé étroitement la pauvreté évangélique à leur identité comme institution religieuse, et ont ainsi associé la notion de droit subjectif à une protection (divine) des droits naturels de l’homme. En s’opposant aux décisions du pouvoir pontifical en place, ils ont utilisé le droit subjectif à la pauvreté comme un droit fondamental qui pouvait s’imposer à n’importe quel autre droit positif, notamment aux systèmes connus à l’époque des droits réels. Le saut de la théologie à l’autonomie du politique et du juridique était ainsi accompli. Or, l’histoire de la pensée juridique médiévale a imposé la notion de droit subjectif comme une notion majeure du patrimoine juridique au XVIe siècle. Les frères mineurs sont par là devenus les pionniers de l’évolution de l’histoire des idées. Nous voudrions ainsi montrer que les travaux que nous avons consacrés à l’école franciscaine se sont imposés comme une impérieuse nécessité, tout en reconnaissant que des projets de recherche futurs pourraient bien être consacrés aux adversaires des franciscains dans la querelle qui les a opposés au Pape Jean XXII. Notre piste de recherche a été l’opposition entre la démarche anti-aristotélicienne des frères mineurs (par un schéma de valeurs judéo-chrétiennes) et la démarche aristotélicienne de leurs adversaires (par un schéma de valeurs païennes ou christianisées). Nous avons cherché à montrer qu’il existe une théorie du droit naturel alternative au paradigme thomasien, qui, aujourd’hui, est trop souvent considéré comme la seule démarche viable pour une théorie du droit naturel. Au contraire, la théorie volontariste du droit naturel, qui se ramifie dans la théorie (constitutionnelle) d’Ockham et dans celle (absolutiste) de Duns Scot, est une possibilité conceptuelle qui doit avoir sa place dans le débat contemporain sur le droit naturel, en montrant la possibilité de concilier une théorie analytique du droit avec un souci essentiel de fondation de la normativité. Il fallait essayer de traduire en écrits une recherche visant à montrer la complexité de cette contribution franciscaine à l’histoire de la pensée normative occidentale. Dans notre propos l’importance de la notion de droit naturel pour la compréhension du réseau conceptuel de la société moderne, oscillant entre loi et économie nous a conforté; Lorenzo Peña nous a invités à nous interroger sur le fondement ontologique du droit, et nous avons proposé dans un ouvrage (La 10 Luca Parisoli ————————————————————————————————————————————————————————————— contraddizione vera. Giovanni Duns Scoto tra le necessità della metafisica e il discorso della filosofia pratica, Roma 2005) une proposition d’interprétation de la pensée de Duns Scot et du système normatif en général, en rejoignant les partisans de la limitation de la validité universelle du principe de contradiction, à savoir qu’il y a des contradictions vraies et des contradictions fausses. L’enjeux n’est pas mince: c’est la valeur même de la rationalité et de ses modalités qui est mise en question. Comme l’ont affirmé certains philosophes (Platon ou Hegel, par exemple) la structure du réel est contradictoire, et cette contradiction est une vérité: notre but est de montrer de façon concrète l’application de cette stratégie à d’autres auteurs médiévaux, mais encore plus à la pensée contemporaine. Le premier chapitre de cet ouvrage se présente comme la pièce principale de la recherche et offre ainsi un panorama de la contribution de la pensée franciscaine à la pensée juridique, mais aussi économique: la contribution franciscaine à l’histoire de la valeur sociale s’opère par l’introduction dans l’histoire de la civilisation occidentale d’une notion consciente et avérée de ce qui sera désigné comme le capital. Il s’agit de dépasser, tout en l’assimilant, la thèse de Max Weber sur la contribution de l’éthique protestante à l’essor du capitalisme, une thèse qui a été critiquée à partir de plusieurs perspectives et qui apparaît pourtant comme une intuition fondamentale, qui illustre notamment de quelle manière la pensée franciscaine a produit, même dans une ‘paradoxale’ non-intentionnalité, les outils fondamentaux de la pensée capitaliste en dessinant son fondement grâce aux valeurs d’une anthropologie chrétienne. Le but de produire un panorama s’inscrivant dans la longue durée de la contribution de la pensée franciscaine à la pensée juridique et économique a été satisfait: on a bien souligné comment la contribution franciscaine à l’histoire de la valeur sociale s’opère par l’introduction dans l’histoire de la civilisation occidentale d’une notion consciente et avérée de ce qui va être dénommé le capital. La thèse de Max Weber sur la contribution de l’éthique protestante à l’essor du capitalisme a attiré l’attention des intervenants. Cette thèse a été le point de départ de plusieurs perspectives visant à l’utiliser pour des nouvelles recherches, et notamment soulignant que la pensée franciscaine a produit l’univers sémantique du discours capitaliste en tant que moyen pour réaliser le bien commun d’une société ancrée solidement dans une axiologie chrétienne. Par ailleurs, certains ont souligné que la position franciscaine pouvait présenter dans sa structure les éléments du capitalisme monomaniaque dénoncé par Sombart, en dépit de la volonté de cette même position franciscaine d’aboutir à une tout autre forme de capitalisme, enraciné dans un cadre de valeurs objectives. La question de la continuité ou de la discontinuité historique entre les pensées médiévale, moderne et contemporaine, est devenue une pièce centrale du débat: mon avis est que la dérive naturaliste et rationalisant à l’excès n’appartient point à l’héritage franciscain.

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