ebook img

Paul Klee, Découvrons l'art du 20e sciècle PDF

70 Pages·1995·32.245 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview Paul Klee, Découvrons l'art du 20e sciècle

Klee avait reçu une formation musicale avant de choisir la peinture. Son oeuvre est tout entière expression de l’harmonie. Le poète Henri Michaux la résumait ainsi : “Une ligne rencontre une ligne. Une ligne évite une ligne. Aventure de lignes. "Pour atteindre cette harmonie, Klee ne cherche pas à s’élever au-dessus de la réalité des choses, mais bien à aller vers ces choses dans lesquelles il sait voir et utiliser, jusque dans leurs plus grandes bizarreries, l’inépuisable richesse. Œuvres reproduites sur la jaquette PREMIER PLAT grand format : Parc près de Lu [cerne], 1938 Huile sur papier journal monté sur toile à sac, 100 X 70 cm Fondation Klee, Kunstmuseum, Berne petit format : Masque au petit drapeau, 1925 Aquarelle sur papier monté sur carton, 65 X 49,5 cm Staatsgalerie, Munich DEUXIÈME PLAT Traits d’arcs héroïques, 1938 Couleurs à la colle sur papier journal monté sur toile, 73 cm X 52,7 cm The Muséum of Modem Art, New York L’œuvre de Klee dans le XXe siècle 5 L’univers et les découvertes de Klee La vie de Paul Klee 8 L’œuvre en couleurs, commentaires et citations 10 DÉCOUVRONS L'ART DU XXe SIÈCLE Direction éditoriale : Philippe Monsel Comité de rédaction : Réalisation : Maryse Bordet-Maugars, Monique Vainberg et Françoise Andreau, Coordination éditoriale et secrétariat de rédaction : Artothèque du Centre régional de documentation Sylvie Poignet pédagogique de l’académie de Créteil Conception graphique : Aude Bodet, conseiller pour les arts plastiques textes et jaquette : Catherine Chapuis et Michel Colley à la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France mise en page des reproductions en couleurs : Poligrafa ROBERT BORDAZ, ancien Président du Centre national d’art Fabrication : Bernard Champeau et de culture Georges-Pompidou Photocomposition : Paris PhotoComposition, Paris Jean-Luc Chalumeau, critique d’art, Impression : Poligrafa, Barcelone, Espagne chargé de cours à l’Université Paris-VIII Dépôt légal : B. 4422-1995 Serge Fauchereau, écrivain, professeur à l’institut des hautes études en arts plastiques, commissaire d’expositions Matilde Ferrer, professeur responsable de la médiathèque de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris Marta Pan, sculpteur Marie-Françoise Salles, conservateur des bibliothèques de la Ville de Paris ÉLIANE De WILDE, conservateur en chef des Musées royaux des beaux-arts de Belgique Responsable de la rédaction du présent ouvrage : J.-L. Chalumeai La loi du 11 mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 © 1995 Paul Klee, VEGAP, Barcelone, pour les œuvres de Klee reproduites de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement © 1995 Éditions Cercle d’Art, Paris, pour le concept réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et le texte de l’édition française et d’autre part, que les analyses et les courtes citations © 1994 Globus Comunicacion S.A., et Ediciones Poligrafa, S.A. dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation pour l’édition espagnole ou reproduction intégrale ou partielle, Droits réservés pour les photographies et documents en noir et blanc. faite sans le consentement de l’éditeur ou de ses ayants droit Découvrons l’art est une marque déposée par les Éditions Cercle d’Art ou ayants cause, est illicite » (alinéa de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, ISBN 2-7022-0414-7 constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 ISSN 1254-7603 et suivants du Code pénal. Imprimé et relié en Espagne le premier trimestre 1995 DÉCOUVRONS L'ART DU XXe SIÈCLE France înter CERCLE L’autre regard sur l'art K L E E ii:us] IKE» 1890 Violoniste dans l’orchestre municipal de Berne 1914 Voyage à Tunis, Hammamet et Kairouan, découvre la couleur 1921 Klee commence à enseigner au Bauhaus à Weimar 1933 Le célèbre marchand parisien Kahnweiler le prend sous contrat 1937 Ses œuvres sont associées par les nazis à l’« art dégénéré » »Μ«·1ΙΠ:<·1ίΚ·ΜΛΐ:«·»1Ι*»«ΜΙΜ·: CERCLE D ART Dame démon, 1935. Huile et aquarelle sur toile à sac plâtrée montée sur carton, 150,5 X 100 cm. Fondation Klee, Kunstmuseum, Berne L'ŒUVRE DE KLEE DANS LE XXe SIÈCLE Recommandation de l’éditeur : Les textes Mais surtout, les uns et les autres, présentés dans cette première partie proposent s’accordent à assimiler la couleur au son de parcourir l’univers artistique et b vie de musical : c’est, en somme, par la Klee. musique que la peinture devient abs­ En les lisant, on se reportera aux œuvres traite, autre raison pour Klee de reproduites en couleurs dans b deuxième par­ rejoindre le groupe. tie, au fur et à mesure que celles-ci sont citées. Technique de l’aquarelle, influence Dans un second temps, le lecteur fera sa propre visite d'une “exposition ” d'œuvres de l’artiste cézannienne, plénitude de la couleur regroupées par thème et accompagnées de trouveront leur accomplissement peu courts commentaires citant'* des propos d’ar­ après la participation de Klee à la Paul Cézanne : Autoportrait tistes et d'écrivains célèbres, familiers de deuxième exposition du Cavalier bleu Crayon sur papier, 30 X 25 cm l’œuvre, ou de Klee lui-même. dans la toile Dans la carrière, 1913 (n° 1). * Les sources des citations sont mentionnées en page 62. LA LIGNE CRÉATRICE Dans ses premiers essais, par exemple l’Autoportrait de 1909 (ci-contre), la technique de Klee était encore proche de celle de l’art de son temps. La vigou­ reuse opposition de l’ombre et de la a période de formation artistique L lumière, le regard exagérément scruta­ de Klee a été relativement longue, teur situent cet autoportrait à la fois de 1898 jusque vers 1908. Au cours dans l’expressionnisme (ce mouvement de celle-ci il s’est consacré autant à la artistique d’origine allemande impli­ musique qu’à la peinture. Sans doute quant non seulement une vision sub­ lui a-t-il fallu attendre 1908 pour éprou­ jective du monde, mais qui fonde aussi ver le choc décisif, en voyant des la valeur de la représentation sur l’in­ tableaux de Cézanne “le maître par tensité de l’expression du sentiment res­ excellence”. L’essentiel de son œuvre va senti par le sujet) et le symbolisme pra­ alors se déployer à la fois à partir de tiqué à la même époque par Picasso qui la musique, de la philosophie et de la exprime avec ses mendiants et ses arle­ leçon cézannienne. quins la misère humaine. Tout a changé une douzaine d’années plus tard. Une Wassily Kandinsky : Etude finale pour mutation s’est opérée, et l’art de Klee la couverture de l’almanach du Bbue Reiter, 1911 s’est affranchi des contraintes liées à la Dessin à l’encre de Chine, au pinceau LE CAVALIER BLEU ressemblance ou à l’expressivité. L’ar­ et à l’aquarelle sur crayon, 27,7 X 21,9 cm (DER BLAUE REITER) tiste ne compte plus que sur la couleur Autoportrait, 1909. Dessin pour une estampe et la liberté de la ligne. Fantastique (n™ 9, Encre de Chine, 13 X 14,5 cm Créé en 1911 à Munich par Wassily 10) ou géométrique (n" 8), la peinture de Kandinsky et Franz Marc après leur Klee est devenue “ligne qui pense”, retrait de la trop conformiste Nouvelle comme l’écrit alors le peintre et poète Association des artistes, le groupe du Henri Michaux : “Une ligne rencontre Cavalier bleu, reprenant le titre d’un ligne. Une ligne évite une ligne. Aven­ tableau provocateur de Kandinsky réa­ tures de lignes.” Klee a complètement lisé en 1903, annonce une volonté détruit les règles anciennes du portrait d’évasion par l’exaltation passionnée de ou du paysage, il a évacué les conno­ la couleur qui convient fort bien à Paul tations par trop culturelles ou senti­ Klee. La technique de prédilection des mentales pour essayer de se concentrer artistes du Blaue Reiter est l’aquarelle, uniquement sur le pur imaginaire. De comme pour Klee qui entend alléger même que Toulouse-Lautrec dessinait les effets, non les concentrer. moins ses portraits qu’il ne les “écri- 5 vait”, Klee introduit dans la peinture entier le visible n’est qu’un exemple une ligne-écriture qu’il veut porter à sa isolé et qu’il y a d’autres vérités latentes plus forte intensité. en surnombre...” Son expérience comme professeur au Bauhaus — école d’architecture et des arts et métiers fondée par l’architecte LA DIMENSION VISIONNAIRE Walter Gropius en 1919 à Weimar — où l’on mettait en application la théorie Klee a littéralement vécu à l’échelle cos­ d une synthèse des arts plastiques, de mique au sens où il était en harmonie 1 artisanat et de l’industrie, incita Klee avec le monde. Il en a résulté des bou­ à rédiger ses Esquisses pédagogiques (1925) leversements absolus quant à la struc­ auxquelles répondit un an plus tard l’essai célèbre de Kandinsky Point, ligne, ture du tableau. La représentation tra­ ditionnelle de la perspective héritée des surface. Klee s’intéresse d’abord à la théories d’Euclide peut y être disloquée notion d’élaboration de l’art. Pour lui, Wassily et Nina Kandinsky, Georg Muche, le problème est essentiellement d’ap­ jusqu’à un dérèglement radical dans les Paul Klee et Walter Gropius en 1926, tableaux réalisés sur le thème du laby­ préhender la nature dans son dyna­ année du transfert du Bauhaus à Dessau misme, dans son développement rinthe (n* 58) et de la ville tentaculaire organique. (n“ 27, 28, 37). Mais Klee est hanté par la “perte des rives”, cette opération par laquelle il pourra franchir le seuil intel­ lectuel et affectif au-delà duquel l’en­ semble du réel “se correspond” tout à PEINTURE, MUSIQUE, POÉSIE coup. Tel serait le sens de ces Carrés magiques, fréquents dans son œuvre L’art est ici envisagé comme une « trans­ (n“ 40, 44, 45) qui ont conduit certains à formation ». L’enseignement de Klee au le désigner comme un poète et un méta­ Bauhaus partait du point. Par le mou­ physicien. Klee ne cherche pas à s’élever vement de celui-ci apparaissait la “ligne au-dessus de la réalité des choses, bien active”, elle-même mobile, qui révélait au contraire, il s’agit pour lui d’aller à son tour la “surface active”, dont les aux choses elles-mêmes comme le effets se combinaient dans un espace démontre une des aquarelles composée appelé par Klee “zone médiale”. Il y de quadrangles colorés intitulée Monu­ avait là de très nettes convergences avec ment sur la terre fertile, 1929 (n°39). La les théories de Kandinsky. Pour ce der­ simple description visuelle est écartée nier cependant prévaudront les pro­ au profit d’une sorte de perception tac­ blèmes d’achèvement, de composition tile. Il n’y a là nul vertige métaphysique, et d’harmonie sur celui de la forme en mais la volonté de rompre avec l’anec­ devenir. La musique joue d’ailleurs un dote du paysage traditionnel pour aller rôle dans l’élaboration de l’œuvre de en explorer les profondeurs, comme si Klee. Dès sa jeunesse, il fonde son art toute distance entre la conscience et la Le repas désordonné, 1928 sur l’osmose de la peinture, de la poésie réalité au sein de laquelle elle s’élabore Huile et aquarelle sur carton, 81 X 67 cm et de la musique. Avant de recourir aux était abolie. Visionnaire, mais pas sur­ couleurs, il s’essaie aux multiples tona­ réaliste (la peinture surréaliste continue Blessé, 1940 lités du noir au blanc. S’interrogeant à utiliser les moyens picturaux les plus Couleurs noires à la colle, 41,5 X 29,5 cm sur la manière dont se produisent cer­ académiques et repose sur la notion tains effets, il est conduit à réfléchir sur d’insolite), Klee n’est pas fasciné par le la temporalité de l’art pictural. Il en rêve mais bien par la réalité elle-même, vient à considérer que la peinture peut en tant qu’elle peut montrer les plus être tout aussi temporelle que, de son grandes bizarreries. Toute sa vie, il pré­ côté, la musique peut également être servera en lui le jeune enfant qu’il avait spatiale. La cloison qui séparait jus­ été, capable de contempler des heures qu’alors radicalement les deux expres­ durant les veinures du marbre des tables sions artistiques s’effondre. Dès 1920, du café que tenait son oncle aux envi­ avant son entrée en 1921 au Bauhaus, rons de Berne. A l’instar de Léonard il avait résumé dans un article de la de Vinci scrutant son mur dont les collection “Confession créatrice” l’es­ couleurs et crevasses lui inspiraient les sentiel de sa doctrine : “L’art ne repro­ formes les plus fantastiques, il y décou­ duit pas le visible mais le rend visible. vrait des paysages imaginaires ayant Autrefois on peignait des choses que toute la force de la réalité. “Je m’y l’on pouvait voir sur terre, que l’on acharnais, écrit-il dans son Journal, ma aimait voir ou que l’on aurait aimé voir. propension au bizarre s’y confirmait.” Maintenant, la réalité des choses visibles Un penchant qui lui aura permis de est révélée, ce qui conduit à exprimer conquérir de nouveaux territoires pour la croyance que par rapport à l’univers la peinture. 6

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.