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Patrice Lumumba correspondant de presse (1948-1956) PDF

216 Pages·2005·17.698 MB·French
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Preview Patrice Lumumba correspondant de presse (1948-1956)

J.M.K. MUTAMBA MAKOMBO Patrice Lumumba correspondant de presse (1948-1956) L'Harmattan L'Harmattan Kôünyvesbolt L'Harmattan Italia 5-7, rue de l’École-Polytechnique 1053 Budapest Via Degli Artisti, 15 75005 Paris Kossuth L.u. 14-16 orino FRANCE HONGRIE ITALIE OUVRAGES DU MEME AUTEUR Cadres et Dirigeants au Zaïre : Qui sont-ils ? Dictionnaire biographique, Kinshasa, Ed. du C.R.P., 1986, 542 p. (en collaboration avec Mabi Mulumba). L'Histoire du Zaïre par les textes : 1885-1955, Kinshasa, Edideps, 1987, 314 p. Makoko, Roi des Bateke, 1880-1892, Kinshasa, Ed. du C.R.P., 1987, 136p. Kasa-Vubu, Père de l'Indépendance du Congo-Zaïre, (co-dir.), Kinshasa, IFEP, 1991, 202 p. Patrice Lumumba correspondant de presse (1948-1956), Bruxelles, Cahiers Africains, n°3, 1993, 84 p. L'organisation des élections démocratiques au Zaïre : Principes et conditions (dir.), Kinshasa, IFEP/FKA, 1995, 176 p. Le système éducatif au Zaïre: d’une réforme à l’autre, Kinshasa, Bureau Unesco/Kinshasa, 1995, 90 p. Valeurs et Objectifs d'un parti politique démocrate, social et chrétien (co-dir.), Kinshasa, IFEP, 1997, 64 p. Du Congo belge au Congo indépendant 1940-1960. Emergence des « évolués » et genèse du nationalisme, Kinshasa, IFEP, 1998, 688 p. Plaidoyer pour un journalisme civique et de développement (dir.), Kinshasa, IFEP, 1998, 174 p. © L'Harmattan, 2005 ISBN : 2-7475-8013-X EAN: 9782747580137 jme édition revue et augmentée. La 1” édition a été produite en 1993 par les Cahiers Africains de l’Institut Africain (CEDAF/Bruxelles) que nous remercions. À la mémoire de Dr. Paul-Henri MAKOMBO MWENI et de Chantal MUJINGA NKONGOLO P. Lumumba : « Dans un pays jeune comme le Congo, l'action de la presse est très délicate. Le rôle des journalistes ici ne se limite pas uniquement à l'information, mais il est à la fois éducatif, d’où la nécessité pour chacun d'être conscient de ses responsabilités ». Patrice Lumumba, Le Congo terre d'avenir est-il menacé ?, Bruxelles, Office de Publicité, 1961, p.161. Introduction Avant de devenir l’homme politique si bien connu mondialement, Patrice Lumumba se distingua par l’activité débordante et l’énergie qu’il sut déployer à Stanleyville, son lieu de résidence. Postier de profession, il occupa des fonctions importantes et concomitantes dans une demi-douzaine d’associations regroupant les élites africaines alors qu’il n’avait même pas encore trente ans: l’Association des Evolués de Stanleyville (A.E.S.), l’Association des Anciens Elèves des Pères de Scheut (A.D.A.P.E.S.), l’ Amicale des Postiers Indigènes de la Province Orientale (A.P.I.P.O.), l’ Association du Personnel Auxiliaire Indigène de la Colonie (A.P.I.C.), la Fédération des Associations de Stanleyville, l’Union Belgo-Congolaise de Stanleyville. Il prit bénévolement en main la gestion de la bibliothèque publique pour Congolais. Il se porta même volontaire pour dresser la liste de ceux qui souhaitaient prendre des cours chez les Frères Maristes afin de se préparer aux examens du jury central :. Fait peu connu, Patrice Lumumba s’est aussi beaucoup intéressé à la presse qui a servi d’école à l’autodidacte qu’il était. Dès l’année 1948, 1l devint correspondant de presse de la Croix du Congo et de la Voix du Congolais publiées à Léopoldville, la capitale. Lancée le 1” juillet 1933, /a Croix du Congo était un journal rédigé et administré par le Secrétariat d’Action Catholique et Sociale à l’intention de l’élite africaine. La périodicité fut hebdomadaire de 1933 à 1940, bimensuelle de 1941 à 1949, puis de nouveau hebdomadaire de 1950 à 1957. En 1958, le journal fit peau neuve et se mua en Horizons. Les fonctions de rédacteur en chef avaient été confiées à un Congolais, José Lobeya, depuis le 14 novembre 1954. A ses débuts, la Croix du Congo couvrait quatre pages ; le nombre de pages fut doublé en 1935, puis de nouveau ramené à quatre avec la conjoncture de la seconde guerre mondiale. Au cours des années cinquante, le nombre de pages fut porté successivement à six, huit, dix et douze pages. La Croix du Congo sortait sur les presses du Courrier d'Afrique. La Voix du Congolais parut au début de l’année 1945. Publiée sous les auspices du Gouvernement général, cette revue fut dirigée avec beaucoup de zèle depuis sa création jusqu’à sa disparition en 1959 par le rédacteur en chef, Antoine-Roger Bolamba. Bimestrielle à ses débuts, /a Voix du Congolais devint mensuelle. Elle se donnait pour objectif de faire connaître les préoccupations et les aspirations des élites noires. Patrice Lumumba entreprit d’écrire aussi pour le compte de l'Afrique et le Monde édité à Bruxelles ; 1l avait fait connaissance à Stanleyville en 1952 avec Paul Fabo, l’éditeur-propriétaire de ce périodique. Nous signalons en passant sa polémique avec la rédaction de l’Essor du Congo, quotidien du Katanga, et avec certains correspondants de l’Etoile-Nyota d’Elisabethville. Très tôt, Lumumba comprit donc l’importance et l’utilité de la presse *. Ne devint-il pas lui-même en 1955 l’éditeur responsable de l’Echo Postal, organe trimestriel de ! P.H. Lumumba, « Echos de Stanleyville », La Croix du Congo, 21 juin 1953, p.1. ? Lumumba ne fut pas seul. Antoine-Marie Mobe, Alphonse Songolo et Jean-Pierre Dubuka rédigeaient aussi des « Chroniques de Stanleyville » dans la Croix du Congo. Pierre l’ Amicale des Postiers ? Ne dota-t-1il pas son parti politique en 1959-1960 de trois organes de combat : Indépendance (Léopoldville), Uhuru (Stanleyville), Tabalayi (Luluabourg) ? Cette étude se circonscrit autour de la collaboration de Lumumba à deux organes de presse : la Croix du Congo et la Voix du Congolais. Elle commence à la date du premier article de Lumumba, et se termine en 1956 lorsque ce dernier dut interrompre ses activités journalistiques à cause de son premier séjour en prison. Le but poursuivi est de jeter un éclairage sur cette facette peu connue de l’homme, et de présenter les prémices de sa pensée. Cette étude s’appuie essentiellement sur les textes de Lumumba parus dans la presse que nous citons largement pour mieux les faire connaître. Est-il nécessaire de préciser que la collaboration de Lumumba à ces deux périodiques se cantonne dans la période pré- nationaliste précédant la publication du manifeste de Conscience Africaine et du contre- manifeste de l’'ABAKO ? Notre propos s’articulera autour de trois points : - Anatomie et typologie des articles de presse ; - Analyse de contenu ; - Les articles de presse, matériaux pour un livre. Il nous reste à remercier les personnes sans lesquelles cette deuxième édition, revue et augmentée, n’aurait pas pu voir le jour. Le Révérend Père Maurice d’Hoore, CICM, a de nouveau mis à notre disposition la collection de presse de la Bibliothèque François Bontinck qu’il gère à Kinshasa. MM. Saint-José Camille Inaka Koto Mondoko, étudiant en DEA à la Chaire de l’Unesco/Uñniversité de Kinshasa, Jean-Baptiste Wolopio Ekoyonde et Fofolo Kutwayenda, assistants au département d’histoire de l’Université de Kinshasa, ont apporté leur concours actif dans la tâche fastidieuse de la transcription des articles de presse. Tessy et Adrien Makombo m'ont facilité les travaux de saisie de ce manuscrit. M. Tshulu Tshamukuluila a pris une grande part dans la diffusion au Congo de la première édition de ce livre. Qu'ils veuillent tous trouver ic1 l'expression de ma gratitude. 1. Anatomie et typologie des articles de presse 1.1. Nombre d’articles En huit ans de collaboration à la Croix du Congo et à la Voix du Congolais, Patrice Hemery (Emery) Lumumba a produit au total 75 communications de longueur inégale”. Plus des cinq sixièmes de cette production parurent dans /a Croix du Congo ; l’explication se trouve dans le fait que l’hebdomadaire publiait plus facilement et plus rapidement que le mensuel. Plus des trois quarts des articles publiés dans /a Croix du Congo furent écrits au cours des années 1951 à 1954. L’année 1952 est celle du record d’articles publiés (cf. tableau). En 1953 et 1955, La Croix du Congo a dû dédoubler et faire paraître dans deux numéros successifs des articles particulièrement longs consacrés à l'exode vers les villes et à propos de l'accès des Congolais dans les établissements publics pour Européens. Ces deux thèmes furent exploités simultanément dans /a Croix du Congo et la Voix du Congolais. De même, la matière parue dans la Croix du Congo du 14 juin 1953 est le prolongement de sa contribution du 7 juin 1953. En ce qui concerne la Voix du Congolais, ce sont les années 1954-1956 qui concentrent près des trois cinquièmes des articles publiés dans cette revue. Ici l’explication réside sans doute dans le fait que Lumumba - rangé dans la catégorie des immatriculés - passait mieux dans la revue destinée aux « évolués ». Deux de ses photos avaient été déjà reproduites dans /a Voix du Congolais en 1952, et une en 1954. Cette explication est corroborée par le fait que les deux organes de presse ne parlent pas d’eux-mêmes de Lumumba avant 1951 ; par ailleurs, les références au correspondant de presse occupent une fréquence de 76% durant les années 1954-1956 (cf. tableau). * Lumumba utilise deux graphies pour son second prénom : tantôt Hemery (avec H), tantôt Emery (sans H). Le 5 février 1951, il s’est fait enregistrer au Bureau de l’état civil de Stanleyville sur les registres de la population indigène civilisée sous le nom de Lumumba Patrice Hemery Mumbard (cf.vol. IX, n°7742). L’année 1949 fut improductive ; elle correspond à la mutation de Lumumba à Yangambi. Nous ne reproduisons pas dans l'Annexe IV un article paru dans la Croix du Congo du 29 juillet 1951, p. 2 sous le titre de À l'Association des Evolués de Stanleyville. T1 a été repris avec des retouches infimes dans la Voix du Congolais du mois d'août 1951 avec le titre de Activités des Cercles. Tableau : ARTICLES DE PRESSE ET FREQUENCES DES REFERENCES ANNEE ARTICLES DE REFERENCES A LUMUMBA LUMUMBA C.C. | V.C. | TOTAL C.C. V.C. | TOTA L 1948 l 2 3 1949 - - - 1950 6 - 6 1951 11 Ï 12 - Ï 1952 15 1 16 - 2 2 1953 13 ll 14 2 - 2 1954 10 2 12 2 3 1955 2 5 2 7 1956 3 8 3 3 6 TOTAL | 63 12 TS 13 8 21 C.C. = La Croix du Congo V.C. = La Voix du Congolais. 1.2. Thèmes abordés Les thèmes abordés étaient diversifiés. Dans les rubriques intitulées « Nouvelles de Stanleyville », « Echos de Stanleyville », ou « Chronique de Stanleyville », Lumumba donnait des informations sur les petites nouvelles locales et sur les faits divers. Il s’agissait notamment du mouvement dans |’ Administration, et particulièrement au Service postal: départs et arrivées des fonctionnaires blancs, des commis noirs, des autorités politiques et militaires, des religieux. L’échotier consignait les visites des hôtes de marque, les tournées du gouverneur de province, les demandes de permutation, Îles affectations, les promotions, la tenue du Conseil de province, les activités au Centre Extra- Coutumier, les résultats à l'Ecole des Assistants Médicaux Indigènes. Lumumba mentionnait les mariages, les naissances, les décès, les accidents de roulage, les condamnations à mort de meurtriers. Il notait avec soin les distinctions honorifiques et les décorations, les remises des cartes de mérite civique. Il relatait toute activité intéressant la formation continue : cours supérieurs du soir, cours préparatoires au jury central, programme du Centre de Collaboration Intellectuelle et de Formation Sociale, cours d’anglais. Il était attentif à la parution et à la disparition des journaux locaux, aux activités des multiples associations locales : A.E.S., A.D.A.P.E.S., A.P.I.P.O., A.P.I.C., ASSANEF, PROSORIGAU, MAT, Union Chorale, Fédération des Associations de Stanleyville, Union Belgo-Congolaise, etc. 10 Lumumba relevait les commodités de la vie (action de la Regideso, création d’une nouvelle mission, implantation de restaurants pour évolués). Il rapportait les informations économiques concernant la Caisse d’Epargne, la Loterie coloniale, la concurrence de cabaretiers. Il enregistrait des faits variés : objet trouvé, marché d’occasion, baptême de l’air, bonnes actions, match de football, kermesse, vœux de nouvel an, etc Lumumba écrivit sur la corporation des postiers, les conditions de vie des Congolais, l’enseignement, les faits de société. Pour contribuer à l’éducation de ses compatriotes, il se fit moralisateur. Pour élargir les connaissances des élites, il fit le compte rendu de plusieurs conférences données à Stanleyville. De même rapporta-t-1l dans la presse les interviews que lui accordèrent plusieurs personnalités de passage au chef-lieu de la Province Orientale. 11 2. Analyse de contenu 2.1. Défense et illustration du Service postal Arrivé à Stanleyville en 1944, Patrice Lumumba signa le 20 novembre son contrat de travail en qualité de clerc sous contrat attaché au Service territorial. Le 1” janvier 1946, il accéda au statut de commis temporaire (clerc surnuméraire). Sept mois plus tard, 1l fut commissionné collecteur d’impôt. Mais, il avait d’autres ambitions. Après qu’il eut obtenu de l’administrateur territorial P. Borlée, chef a.1. du Service provincial des AIMO), l’autorisation de cesser ses fonctions afin de suivre les cours de l’Ecole Postale, son contrat de travail fut résilié à la date du 6 juillet 1947*. L’Ecole Postale avait été créée à Léopoldville en 1946 afin de rendre les Congolais aptes à tenir une sous-perception postale. Elle recrutait chaque année une quarantaine d’élèves provenant des six provinces du Congo belge. Pour y être admis d’office, 1l fallait avoir terminé l’école moyenne (4 ans post-primaires) ou les humanités complètes (6 ans post-primaires). Ceux qui n’avaient accompli que deux années d’études moyennes ou trois années d’humanités ou d’école normale devaient se soumettre à un concours d’entrée portant sur une rédaction, la géographie du Congo, l’histoire et l’arithmétique”. Ce fut le cas de Lumumba. Le programme comportait des cours théoriques et un stage pratique. La formation portait sur les règlements postaux relatifs aux lettres, colis, mandats et chèques, le règlement télégraphique, la géographie postale du Congo et de la Belgique, la comptabilité et la déontologie. Le 30 mars 1948, après neuf mois de formation, eut lieu la proclamation des examens de fin d’études pour la deuxième promotion de l’Ecole Postale. Patrice Lumumba se classa 3°"° sur 34 élèves, avec 91,4%. Il suivait Benoît Kabeya, le major de la promotion (94,8%) et Joseph Ifokama (92,3%). 11 devançait Benoît Mwembo, son instituteur de la 5°” année primaire À à Wembo-Nyama, devenu son condisciple à l’Ecole Postale. Légitimement fier de ses résultats, il s’empressa de communiquer le palmarès à la rédaction de la Croix du Congo avant son retour à Stanleyville*. Ce premier texte qui scelle la collaboration de Lumumba avec la presse date du mois d’avril 1948. A la même époque, l’ordonnance n°32 Pers du Secrétaire général Yvan Louis de Thibault datée du 7 avril nomma à titre provisoire le lauréat au grade de commis de 3°" classe à partir du 1° avril 19487. Les autorités coloniales édictèrent la même année un nouveau statut du personnel auxiliaire de l’ Administration d’Afrique. Lumumba réagit en plaidant la cause des postiers. Ceux-ci ne devaient pas être défavorisés par rapport aux douaniers, car les uns devaient s’acheter un tissu pour leur tenue de service et payer les frais de couture, tandis que les autres recevaient gratuitement leurs uniformes, sans bourse délier et sans retenue de ? Ces renseignements sont tirés du Dossier Administratif du Personnel (DAP) aux Archives Nationales de la République Démocratique du Congo à Kinshasa : Patrice Lumumba, matricule 44.737. * La Croix du Congo, 1° juin 1947, p.2. $P. Lumumba, « A l’Ecole Postale » , La Croix du Congo, 11 avril 1948, p.2. 7 Archives Nationales de la République Démocratique du Congo, D.A.P. : P. Lumumba. salaires. Lumumba écrivit à la Voix du Congolais : «Nous demandons à l’Autorité gouvernementale de prendre en considération notre requête. Qu'elle veuille étendre le bénéfice de l’octroi d’uniformes à tous les Auxiliaires du Cadre Indigène de la Colonie. Ou alors, qu’elle ne rende obligatoire le port d’uniforme qu’à ceux qui les reçoivent gratuitement » °. Fin octobre 1948, Patrice Lumumba fut détaché de Stanleyville à Yangambi pour se mettre au courant des fonctions de sous-percepteur et remplacer le titulaire lors de son départ en congé. Travailleur acharné, 1l fut de corvée tous les dimanches et jours fériés pendant le premier semestre 1949, ce qui lui valut des crédits d’heures supplémentaires. Ce n’est que mi-avril 1950 qu’il réintégra le bureau des postes de Stanleyville I. La raison avancée pour son retour est qu’il « doit se faire examiner la vue à Stanleyville »”. Mais, ses démêlés avec l’ Administrateur de Territoire d’Isangi ont dû jouer. Ce dernier a clôturé le 22 juillet 1950 une instruction disciplinaire ouverte à l’encontre de Lumumba. La peine infligée fut de huit Jours de retenue de la moitié du traitement pour le fait d’avoir à son bénéfice et à plusieurs reprises, contrevenu très gravement aux instructions et règlements administratifs », de «n’avoir pas répondu à la demande d'explications qui lui fut adressée par l’Administrateur de Territoire d’Isangi et avoir employé des moyens détournés pour faire croire le contraire »"°. Ces faits furent rappelés en 1956 lors de l’instruction judiciaire ouverte contre Lumumba. « J'avais, expliqua-t-il, commandé un colis payable contre remboursement. J’ai pris ce colis avant d’avoir payé ; c’est pourquoi j’ai eu des observations »'!. L’Inspecteur principal Bastin a donné une autre version : Lumumba a été retiré du bureau des postes de Yangambi « parce qu’il avait prélevé de l’argent dans la caisse en échange d’un virement non provisionné tiré sur son propre compte »/?. Patrice Lumumba continua à prendre la défense des postiers. Il expliqua longuement le service postal afin de convaincre les lecteurs de /a Croix du Congo que la corporation des postiers n’était pas responsable des lettres qui disparaissaient!”. Sept mois plus tard, il revint à la charge et publia un long droit de réponse pour redorer l’honneur des postiers accusés par un correspondant de faire disparaître du courrier et des mandats. « Le personnel du service postal, protesta-t-1l, travaille avec la conscience la plus haute pour le bien général du public et du pays. A l’Ecole Postale on enseigne aussi bien la ‘déontologie’ ou la science qui traite des devoirs à remplir : conscience professionnelle, devoirs civiques et sociaux, etc... »!?, Toutefois, Lumumba était bien conscient des embüûches jalonnant la carrière du postier. Il le reconnut dans le cercle restreint de sa corporation. « S’il y a, dit-il, des services où l’avenir des agents est dangereusement contrecarré par suite des responsabilités très lourdes qu’ils endossent, le service postal est le premier »'°. Et Lumumba d'inviter les postiers à l’honnêteté absolue. 8 P. Lumumba in : « Chronique de la vie indigène et nouvelles diverses », La Voix du Congolais, octobre 1948, n°31, pp.434-435. ? Archives Nationales de la République Démocratique du Congo, DAP : P. Lumumba. 10 77: Ibid. ll Cour d’Appel de Léopoldville, R.P. 6826. Aff. Ministère Public contre Lumumba Patrice. Procès-verbal de l’audience publique du jeudi 13 juin 1957. 12 7p: Ibid. 5 P.E. Lumumba, « l’acheminement d’une lettre », La Croix du Congo, 27 août 1950, p.4. P. Lumumba, « La poste risposte … », La Croix du Congo, 8 avril 1951, p.4. 5 P.H.Lumumba, « Nouvelles de Stanleyville », La Croix du Congo, 24 février 1952, p.2. 14

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