Jean-Pierre Petit Directeur de recherche au CNRS Ovt1is et armes secre' tes . . ame~r 1ca1nes L'extraordinaire témoignage d'un scientifique Albin Michel Collection «Aux marches de la science » dirigée par Jacques Benveniste © Éditions Albin Michel S.A., 2003 22, rue Huyghens, 75014 Paris www.albin-michel.fr ISBN 2-226-13616-9 Préface À l'occasion d'une simple participation à un congrès sur la «propulsion avancée» en Angleterre, au début de 2001, l'auteur rencontre des spécialistes américains de « projets spéciaux » qui se révèlent être aussi des acteurs importants de « black pro n grams ». arrive à obtenir leurs confidences grâce à un marchan dage sur ce qu'il sait lui-même. Les informations recueillies sont saisissantes : les Américains détiennent, depuis 1980, des torpilles MHD (magnétohydrodynamiques) filant à plus de 2 000 km!h ; l'un des congressistes les a conçues et mises au point. Ils possè dent aussi un hypersonique,« Aurora», volant à 10 000 km!h et à 60 kilomètres d'altitude. Cet avion espion « satellisab le » est le successeur du SR-71 « Blackbird ». Tout un pan d'activités américaines est ainsi révélé, dont les Européens ignorent l'e xis tence, mais pas les Russes, qui avaient un projet semblable, « Ajax ». Il n'a pu aboutir faute de moyens financiers. Les Américains ont vingt-cinq ans d'avance, irrattrapables, sur les Européens, dans le domaine stratégique 1• Leurs « torpilles 1 . En ce qui concerne la France, les mêmes facteurs qui ont conduit à l'abandon des technologies avancées de défense aux Américains expliquent notre stérilité scientifique, aisément perceptible, sauf pour les responsables politiques, par le décompte des prix Nobels et des brevets : grosses machi nes de recherche étatisées au lieu d'universités indépendantes, carcan idéo logique du rationalisme scientiste, soumission aux lobbies et à leurs caciques, actuellement le tout-nucléaire et, en biologie, la génétique dont l'impuissance à répondre aux enjeux de santé est pourtant maintenant évi dente ... Cette « défaite de la recherche française» (La Recherche, avril 7 Ovnis et armes secrètes américaines hypervéloces », quinze fois plus rapides que celles de la marine française par exemple, sont capables de détruire les sous-marins d'un adversaire potentiel en six secondes, donc de détruire ses plates-formes de tir nucléaire avant qu'elles aient pu être activées. Tout tourne, évidemment, autour de la MHD que les Européens qnt négligée et même abandonnée au début des années 1970. A l'inverse, les Américains, par une politique très efficace de désinformation, dont ils conviennent d'ailleurs sans le moindre complexe, ont réussi à faire croire qu'ils abandonnaient ce sec teur mais ont développé, en secret, des projets d'envergure. Pourquoi ces spécialistes ont-ils parlé à Jean-Pierre Petit? Parce que les Russes connaissent, depuis des décennies, les pro grammes américains puisqu'ils développent les mêmes chez eux. Un secret partagé n'en est plus un. «Délire technologique», diront certains. Pourtant, en 1976, Jean-Pierre Petit a été le premier Européen à voir d~ ses propres yeux les lasers de Livermore. Quand il rentre des Etats-Unis, il prononce le mot « térawatt » (un million de mégawatts) et les spécialistes français des lasers, civils ou militaires, ne le comprennent pas. Il essaye vainement, à cette époque, de parler d'« armes à énergie dirigée », autrement dit de ce qui deviendra plus tard la « guerre des étoiles ». On ne le croit ni ne l'écoute. Quelques années plus tard, au début des années 1980, il parle d'« hiver nucléaire », un concept inventé par son ami Vladimir Alexandrov qui vient alors d'être assassiné à Madrid. Les médias l'ignorent. En matière de MHD, les Européens ont «dormi» pendant vingt-cinq ans. Le réveil sera brutal. Les chercheurs américains ont récupéré des épaves d'Ovnis à la fin des années 1940. «Au rora» est simplement la transcription« terrienne» d'une navette hypersonique de provenance extraterrestre. Par la suite, pour tenter de rester les seuls à profiter de cette manne, ils ont attiré le discrédit sur le dossier Ovnis. Les Européens ont marché mais pas les Russes, qui devaient disposer de leurs propres « pièces à 2002) menace directement l'avenir du pays, explique largement son déclin économique donc politique, mais n'est pourtant pas un sujet de débat public, car, comme chacun le sait, seuls les« savants» savent. 8 Préface convtctton ». Aujourd'hui les Français commencent a deviner qu'ils ont été roulés de belle façon. Au cours de ce colloque, en plein hiver, dans une petite univer sité anglaise, Jean-Pierre Petit a donc recueilli des confidences de spécialistes. Suite à des accords passés avec eux, leurs véritables noms ne seront pas mentionnés. Ceux qui doutent pourront se reporter aux annexes techniques en fin d'ouvrage. L'auteur attend de pied ferme les scientifiques, ingénieurs, spécialistes de mécanique des fluides, de physique des plasmas et autres avion neurs qui accepteraient de débattre. li est inutile, en revanche, d'espérer assister à un face-à-face entre l'auteur et un spécialiste de MHD : il n'en existe plus en France depuis vingt-cinq ans! Le seul à avoir continué de s'intéresser à cette discipline, où il a joué un rôle de pionnier que les Américains connaissaient d'ail leurs parfaitement, c'est ... Jean-Pierre Petit. Jacques Benveniste 1 Le colloque de Brighton Janvier 2001. Je reçois un coup de téléphone de Grande-Breta gne. C'est mon ami Willis. - Je ne sais pas si cette rencontre sur la « propulsion avan cée» va pouvoir avoir lieu à l'université. Un de mes collègues qui dirige un laboratoire axé sur la technologie spatiale nous avait, il y a des mois déjà, offert toutes les facilités de son labo, puis, sans crier gare, hier matin il m'a envoyé un mail disant qu'il annulait tout et me demandait même de supprimer son nom de tout docu ment se référant à cette rencontre. - C'est incroyable. Vous avez pu le joindre ? n - Impossible. s'est évanoui dans la nature de même que sa secrétaire, comme s'il avait fait en sorte de devenir injoignable. Pour tout vous dire j'ai été l'objet de pressions de ma hiérarchie pour que cette manifestation soit purement et simplement annu lée. On m'a fait comprendre que, si j'insistais, ma carrière risquait d'en souffrir. - Écoutez Willis, nous sommes quelques-uns à nous être déjà inscrits. Ce genre de terrorisme est inadmissible. Si vous êtes d'accord, nous maintenons notre venue. S'il n'y a pas de cham bres d'hôtes, ce ne sont pas les hôtels vides qui doivent manquer dans votre station balnéaire anglaise en plein mois de janvier. Je pense que nous devons maintenir cette rencontre, même si nous devons nous réunir dans une salle de classe ou même assis par terre dans votre salon. Par la suite, chacun de nous fera un compte rendu de ces sessions sur son propre site Internet. 11 Ovnis et armes secrètes américaines - Vous n'êtes pas le seul à réagir ainsi. Je vais essayer de trouver des chambres dans les hôtels ainsi qu'une autre structure d'accueil. On maintient la rencontre, d'accord. Pourquoi Willis a-t-il été l'objet de pressions? De toute manière il n'y a plus qu'à sauter dans un train, à franchir le Chan nel par le tunnel et à gagner le lieu du colloque. Une dizaine d'heures plus tard je vois les gares défiler derrière la vitre du wagon constellée de gouttes de pluie. De toute manière, quand on va en Angleterre, il faut avant tout emmener un parapluie. Le reste est finalement secondaire. L'université a sa propre gare, attenante au campus. Retrouver les congressistes n'est pas simple. Aucune mention du colloque ne figure sur les panneaux. Après une heure passée à errer en cette fin de soirée dans ce campus presque désert, je finis par rejoindre Willis dans un pub. ll a une pinte de bière à la main, sa chemise sort de son pantalon et il a l'air épuisé. - Alors ? - Ça marche. J'ai trouvé une autre salle. Je vous ai mis dans différents hôtels de la ville. Le vôtre est en bord de mer, bien situé. J'ai aussi pu faire en sorte que nous puissions prendre nos repas à la cafétéria liée à un autre ensemble de laboratoires. - Excellent ! Bien joué, Willis. Son visage s'assombrit. - Ceci étant, je suppose qu'après le colloque je serai proba blement muté aux Falklands 1. - Attendons d'abord de voir comment les choses vont se dérouler. Dans ce petit pub de l'université je ne connais personne parmi la vingtaine de clients. Soudain, un homme d'une soixantaine d'années vient à moi. - Vous êtes le professeur Petit ? -Oui. - Je suis très heureux de faire votre connaissance. Je m'ap- pelle Black, J oe Black. Je travaille sur les projets spéciaux pour 1 . En français les «îles Malouines », dans l'Atlantique sud. 12 Le colloque de Brighton la Nasa. Savez-vous quand j'ai entendu parler de vous pour la première fois ? -Non. - En 1976, quand on m'a donné à analyser vos premières notes aux comptes rendus à l'Académie des sciences de Paris2• - Fichtre, mais cela fait... un quart de siècle. Pourquoi vous avait-on donné ces papiers à analyser? - C'est moi qui ai mis au point la torpille MHD américaine, pour le compte de la Navy. Décidément, j'ai bien fait de venir. Mon taxi arrive. Je prends congé. Willis n'a pas menti. Mon hôtel est situé à quelques dizaines de mètres d'un quai assez coloré. Je décide d'y effectuer une dernière promenade avant d'aller me coucher. Sur des centaines de mètres on peut voir, entre deux baraques vendant des hot dogs et de la bière, des grappes de jeunes occupés à tirer sur des avions ou des guerriers virtuels ou à descendre à tombeau ouvert sur de vertigineuses pistes numériques. Je pense à ce qui m'a amené à ce colloque sur la« propulsion avancée». Tout est parti d'un article paru dans le numéro du 5 janvier 2001 de la revue française Air et Cosmos, sous la plume d'un certain Alexandre Szamès, intitulé : «Enquête sur une énigme : l'avion hypersoni que Ajax». ll y avait beaucoup de choses dans ce papier. Les Russes sont dans un état d'effondrement économique complet, ce qui vaut aussi pour leur lobby militaro-industriel. Depuis l'après-guerre ils se sont épuisés à essayer de maintenir la parité contre les Améri cains, tête nucléaire contre tête nucléaire, fusée contre fusée, sous marin contre sous-marin. Au finish les Yankees ont gagné la pre mière guerre économique de l'histoire, du moins à une telle échelle. Incapable d'assurer à la fois sa « défense » et son propre 2 . « Convertisseurs magnétohydrodynamiques d'un genre nouveau. Appareils à induction», 1976. Note aux comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, deJ.-P. Petit et M. Viton, présentée par le professeur André Lichnérowicz. 13