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Ostrava-pliage. Larousse. La Grande encyclopédie. Tom 15 PDF

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Volume 15 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1975 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 15 Moravie, ce qui explique l’appellation récolte des larves, l’élevage corres- peuvent encore, en l’absence de marées Ostrava de Moravskà Ostrava donnée jusqu’à pondant à la croissance et, éventuel- ou dans les secteurs littoraux suffisam- la Seconde Guerre mondiale à Ostrava, lement, l’affinage destiné à améliorer ment profonds et abrités, être cultivées Ville de Tchécoslovaquie, capit. de qui fut comprise dans les frontières du la condition du Mollusque. Le captage en suspension : à des engins flottants la province de la Moravie du Nord ; nouvel État tchécoslovaque après la consiste à placer en temps opportun des (radeaux, bouées) ou non, sont atta- 280 000 hab. Première Guerre mondiale. supports propres, appelés collecteurs, chés des barres de bois où l’on cimente L’un des plus gros centres indus- où la larve se fixera au terme de sa vie les Huîtres une à une, des cordes ou L’ensemble de l’agglomération triels de la République tchécoslovaque, minière et industrielle compte plus de pélagique. On utilise, selon les pays des ensembles de casiers superposés. Ostrava est le principal noyau d’une 300 000 habitants. Autour du centre ou les régions, des valves d’Huîtres Chaque technique présente des avan- agglomération fondée sur l’exploi- ou de Moules jetées sur le sol, enfilées tages et des inconvénients. La durée historique d’Ostrava se disposent tation d’un bassin houiller de qualité ou mises en sacs reposant sur des sup- de l’élevage varie selon l’espèce et les Orlová, qui date du début du XXe s., (charbons cokéfiables), mis en valeur Havíov (85 000 hab.) qui est la plus ports surélevés, des fagots, des tiges de conditions hydrobiologiques locales ; dès la première moitié du XIXe s. L’ex- fer, des pierres, mais aussi des tuiles l’Huître plate est commercialisée entre grande ville nouvelle du pays. Enfin, traction précoce, menée sous l’égide semi-cylindriques ou des matières 3 et 5 ans, la portugaise entre 3 et Poruba et Karviná comptent chacune de sociétés autrichiennes et de proprié- plus de 80 000 habitants. Les galeries plastiques de formes diverses (tubes, 4 ans, la japonaise, à croissance plus taires fonciers de la région, allait de plaques, cônes...). En Bretagne et à rapide, entre 18 mois et 2 ans. de mines circulent sous la ville dont pair avec celle du minerai de fer dans Arcachon, on recouvre les tuiles d’un une partie date d’avant guerre, l’autre L’Huître peut être victime des tem- les Beskides. La production du coke se composant de blocs d’immeubles enduit par immersion dans un lait de pêtes qui l’emportent ou l’ensablent, et la sidérurgie ont commencé très tôt chaux. La mise à l’eau des collecteurs construits au cours des plans d’après des variations brutales des tempéra- dans la seconde moitié du siècle, mais a lieu dès que les conditions favorables guerre dans un style monumental ; tures ou des salinités, de nombreux le gisement est loin d’être épuisé. Il sont réunies ; de mai à septembre, les des industries polygraphiques se sont prédateurs comme les Étoiles de mer, renferme encore des réserves estimées laboratoires de l’Institut des pêches installées. certains Poissons, des Crabes, des Bi- à plus de 10 000 Mt jusqu’à une pro- recherchent les larves d’Huîtres dans le gorneaux perceurs. Elle peut être at- Les problèmes posés par la crois- fondeur de 1 300 m. L’extraction se plancton et en suivent l’évolution. Une teinte de maladies dont les agents sont sance de cette industrie lourde et de poursuit vers le sud en s’approfondis- température de 18 à 20 °C pour l’Huître encore mal connus et qui déciment les cette agglomération informe sont de sant. La production annuelle s’élève à plate, de 20 à 22 °C pour la portugaise, élevages. deux types. La pollution de l’air et 25 Mt (90 p. 100 du charbon cokéfiable de 22 à 25 °C pour l’Huître japonaise des eaux est élevée. Le brassage de la Avant d’être commercialisées, les de la Tchécoslovaquie). favorise la métamorphose des larves main-d’oeuvre explique que 85 p. 100 Huîtres sont affinées à l’embouchure qui, fixées, sont appelées naissain. De- Des cokeries géantes sont implan- seulement de la population soient d’estuaires comme le Belon ou dans puis quelques années, on produit, dans tées sur place. Du charbon est en d’origine tchèque : des Slovaques et des claires, anciens marais salants par- des écloseries où l’on maîtrise tous les outre expédié vers les cokeries de des Polonais, établis depuis des années ticulièrement nombreux à Marennes. facteurs nécessaires (température et Kladno, près de Prague, et de Košice, ou frontaliers, travaillent dans les Semées à faible densité en claires, elles nourriture des larves notamment), du en Slovaquie-Orientale. Le coke est mines. Mais la région d’Ostrava est y améliorent leur condition et peuvent naissain qu’on élève ensuite en nature. consommé sur place dans trois com- l’une des plus dynamiques des bas- verdir grâce au pigment diffusé par une La production naturelle reste encore binats sidérurgiques à cycle complet : sins industriels de l’Est. Il appartient à Diatomée, la Navicule bleue. Elles sont cependant prépondérante. l’ancien complexe de Vitkovice com- l’urbanisme de suivre les progrès de la enfin préparées à l’expédition dans des prend six hauts fourneaux et une acié- Le naissain peut être élevé sur le croissance économique. établissements comportant bassins de rie ; celui de Kunice (Nowa Huta, support où il s’est fixé. C’est la tech- A. B. stockage et de dégorgement où elles re- « Nouvelle Usine ») a été construit à nique utilisée couramment au Japon et F Moravie. jettent les particules vaseuses qu’elles partir de 1949 en plusieurs étapes. Un en Amérique du Nord, où la forme de abriteraient. troisième est en voie d’achèvement. La la coquille importe peu, seule la chair Parcs d’élevage et bassins sont capacité totale s’élève déjà à 4 ou 5 Mt étant commercialisée. En Europe, où soumis au contrôle permanent de la d’acier par an. Les gaz des hauts four- l’Huître est vendue vivante dans sa co- ostréiculture salubrité des eaux et des coquillages neaux sont brûlés dans des centrales quille, l’aspect extérieur du Mollusque qu’atteste la présence, sur chaque thermiques dont la plus importante est conduit à séparer le naissain du collec- colis, d’une étiquette spéciale (décret Production et amélioration des Tebovice. D’autres usines chimiques teur pour l’élever. C’est le détroquage, du 20 août 1939). Huîtres*. (ammoniaque, engrais, goudrons) obtenu par grattage de la pellicule de L. M. traitent le charbon extrait. L’ostréiculture a été pratiquée dès chaux ou par détachement de la jeune F Huître. l’Antiquité en Asie et en Europe ; les Huître du collecteur non chaulé. Une C’est donc un bassin complexe, Romains savaient récolter les larves et séparation précoce (de 6 à 10 mois A. R. Cahn, Oyster Culture in Japan (Tky, anarchique, une gigantesque ville 1950). / G. Ranson, les Huîtres. Biologie. Culture conditionner les Mollusques pour les après la fixation) a toujours lieu pour noire qui se dispose autour du centre (Lechevalier, 1951). / L. Marteil, Écologie des livrer à Rome. C’est dans la seconde l’Huître plate. qu’est Ostrava. Une ville de mineurs, huîtres du Morbihan (Institut des pêches mari- moitié du XIXe siècle que cette activité times, 1961). / P. S. Galtsoff, The American Oys- qui comptait déjà 8 000 habitants en La jeune Huître isolée va grandir ter, Crassostrea Virginica (Washington, 1964). / s’est développée en Europe grâce aux 1830, s’étalait au confluent de l’Odra et sur les parcs, parties du littoral déli- J. Le Dantec, Écologie de l’huître portugaise du travaux de Victor Coste (1807-1873) d’un petit affluent, l’Ostravice, devenu mitées et concédées à des exploitants. bassin d’Arcachon (Institut des pêches mari- un véritable égout. Peu à peu, de nou- sur la reproduction de l’Huître et aux Les techniques utilisées varieront selon times, 1968). / G. C. Matthiessen, A Review of essais qu’il fit entreprendre en plu- Oyster Culture and the Oyster Industry in North veaux quartiers au plan orthogonal et la topographie, le régime des marées America (Woods Hole, Mass., 1970). sieurs points du littoral. Actuellement, des colonies de mineurs se sont agglo- et le but recherché. Les Huîtres pour- l’ostréiculture est pratiquée en France mérés autour du noyau central et des ront être semées sur le sol dans la zone sur plus de 18 000 ha concédés sur le nouvelles mines et usines : ainsi, au- émergente ou en « eaux profondes » domaine public maritime ; son chiffre tour de Vitkovice, à Karviná, où s’éta- jusqu’aux sondes de – 3 à – 10 m ; Ostrogoths ou d’affaires atteint 25 p. 100 environ de blissent des forges. L’extension s’est le terrain sera, si besoin est, aplani et Ostrogots la valeur globale des produits marins faite surtout vers le nord et le nord-est, durci. Elles peuvent être élevées dans débarqués. en direction de la Pologne. La rivière des casiers grillagés ou des sacs en ma- Ostravice fut la frontière entre les deux La culture comporte toujours deux tière plastique à mailles convenables, Ancien peuple germanique, constituant provinces autrichiennes de Silésie et de phases, parfois trois : le captage, ou surélevés du sol de 0,40 à 0,50 m. Elles l’une des grandes fractions des Goths. 8069 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15 Origines (378) et reçoivent finalement en 380 accompagnés de leurs femmes et de civile est l’apanage de l’aristocratie l’autorisation de s’établir en Panno- leurs enfants ; il élimine les Gépides italienne, qui détient au Sacré Palais de « Goths Brillants » ou « Goths de nie comme fédérés. Aussi, lorsque les à l’ouest de Singidunum, franchit les Ravenne les fonctions essentielles de l’Est » selon une glose du Goth Jor- Huns s’installent dans cette région, le Alpes Juliennes au printemps 489, bat maître des offices, de chef des bureaux danès dont l’interprétation longtemps Goth Radagaise et ses hommes fran- Odoacre à trois reprises, le 28 août (scrinia), de questeur du palais, res- contestée retrouve aujourd’hui des par- chissent-ils le Brenner en 405 ; mais ils sur l’Isonzo, le 28, le 29 ou le 30 sep- ponsable de la correspondance, fonc- tisans, les Ostrogoths s’organisent au sont totalement défaits par Stilicon sur tembre 489 sous les murs de Vérone tion attribuée en 507 au Lucanien Cas- IVe s. en un puissant royaume s’éten- les hauteurs de Fiesole le 23 août 406. et enfin le 11 août 490 sur l’Adda siodore, de comte des largesses sacrées dant de part et d’autre du Dniepr, en- après avoir été assiégé avec tout son enfin. Au plan local, les deux préfets En fait, la puissance des Ostrogoths globant sous l’autorité du roi Ermana- peuple dans Pavie (Ticinum). Replié du prétoire d’Italie (Ravenne) et de renaît de la défaite du Campus Mau- ric de nombreux Barbares*, Germains, dans Ravenne, Odoacre capitule le Gaule (Arles) assurent la bonne admi- riacus en 451 et de la mort en 453 Slaves, Finnois, et assujettissant en 25 février 493. Assassiné au cours d’un nistration avec l’aide des gouverneurs d’Attila*, qu’ils ont servi fidèlement. outre Sarmates (Roxolans, Iazyges) et banquet le 15 mars, il laisse Théodoric de province de rang sénatorial. L’ori- Valamer, descendant d’un frère d’Er- Alains iraniens qui nomadisent entre le seul maître de l’Italie et de ses dépen- ginalité linguistique (latin), religieuse manaric, obtient alors vers 455 de l’em- Caucase, la Caspienne et le Don. dances : Dalmatie, Rhétie, Norique, (catholicisme depuis 395) et cultu- pereur Marcien la qualité de fédéré ; Surpris par l’attaque des Huns*, qui lui-même s’établit entre la Leitha et la Pannonie, reconquise en 504-05, et relle (tradition romaine) des Italiens franchissent brusquement le Don vers Rába, et ses frères Vidimer et Thiudi- Provence à partir de 508-09. est ainsi respectée par Théodoric, qui, 375, Ermanaric se suicide ; son succes- mer s’installent respectivement entre la à juste titre ou non, s’attribue à leur seur Withimer meurt au combat en 375, Rába et le lac Balaton et entre ce lac et L’Italie ostrogothique égard le droit de faire des édits. et son peuple se divise. La majorité des le Danube. Valamer brise une contre- En fait, entre Ostrogoths et Romains, En 493, Théodoric est proclamé « roi » Ostrogoths se soumet aux vainqueurs, offensive des fils d’Attila et contraint le lien unique est la personne du prince, sans qualification ethnique par son qui la conduisent en Pannonie ; elle par la force les Romains à renouveler seul souverain barbare à avoir doté son armée de composition fort hétérogène, partage leur errance belliqueuse pen- le foedus et à verser le tribut promis État d’une capitale, Ravenne, où il mais il agit auprès des Italo-Romains dant trois quarts de siècle, tandis que la notamment en 461 ; mais il meurt lors établit le siège de sa cour dont le céré- en vertu de la pragmatique de 488 en minorité, préférant la liberté, se partage d’un combat au cours duquel il chasse monial purement impérial est assuré tant que patrice et magister utriusque en deux branches dont la première — de Pannonie en 469 les débris de nom- par un personnel presque uniquement militiae au nom de l’empereur, qui lui sans doute la plus importante — sur- breux peuples germaniques. Vidimer ostrogothique. reconnaît en 497 seulement le droit de vit en Crimée jusqu’en 1475 et dont la ayant quitté au plus tard en 473 la Pan- porter la pourpre et le diadème. Il ins- seconde fuit vers l’ouest jusqu’au Da- nonie ruinée pour se rendre en Italie, Grandeur et déclin de la taure ainsi en Italie un régime dualiste. nube sous l’autorité du Goth Alatheus puis en Gaule, où ses forces fusionnent puissance ostrogothique Armée en campagne strictement et de l’Alain Safrax. avec celles des Wisigoths, Thiudimer disciplinée, les Ostrogoths et leurs Théodoric orne sa capitale de palais, (469-473 ou 474) regroupe alors sous frères germains, qui seuls peuvent d’églises et de baptistères édifiés dans son autorité l’ensemble des Ostrogoths Goths et Ostrogoths porter des armes, sont cantonnés en la tradition inaugurée par Galla Placi- des Balkans et les conduit en Illyricum Incontestablement, le peuple des Ostro- quelques points stratégiques : Salone dia. Il restaure les monuments de Rome après avoir brisé sur les rives de la goths est issu de celui des Goths, qui, selon en Dalmatie, Ticinum dans la plaine et permet en outre à la culture latine de Bolia en 469 une coalition de Suèves, les traditions recueillies au VIe s. par Cas- du Pô, Ravenne* à son débouché, plus jeter un dernier éclat grâce à la protec- de Ruges et de Gépides. siodore et Jordanès, serait venu de l’île de quelques garnisons isolées en Italie tion qu’il accorde au futur évêque de Scandza, que l’on peut identifier à la Scanie centrale et en Campanie. Conservant Pavie, Ennodius, au philosophe Boèce ou à la Scandinavie, où deux peuples scan- Théodoric l’Amale Ier leur originalité linguistique, fidèles à et au fondateur du monastère de Viva- dinaves portent encore au Moyen Âge des et la conquête de l’Italie noms proches du leur :les Gutar de l’île de l’arianisme auquel ils se sont conver- rium : Cassiodore, à qui il commande Gotland et les Gtar du Gtaland. Ayant Établis toujours comme fédérés en tis en Pannonie, se regroupant enfin une histoire en latin des Goths que migré, des confins de la rive droite de la Macédoine en 473, puis en Mésie in- autour de la cathédrale arienne dans nous connaissons à travers l’abrégé basse Vistule (fin du Ier s. av. J.-C.) en direc- férieure en 474 ou en 475, les Ostro- des quartiers urbains situés en marge rédigé au temps de Justinien par un tion des marais du Pripet, un peu avant goths menacent en fait la sécurité de de la cité romaine, les Ostrogoths sont Goth, Jordanès, dont l’oeuvre peut être 150, puis des pays situés au nord-ouest l’Empire. Sans doute les empereurs soumis à l’autorité de comites Gotho- corroborée, pour le temps de la recon- de la mer Noire, où ils se sont implantés Léon puis Zénon les utilisent-ils rum, chefs à la fois civils et militaires, quête, par celle du Byzantin Procope vers 230, les Goths, au contact des peuples Ier, iraniens de la steppe (Sarmates et Alains), soit pour chasser de Thrace les Ostro- à celle des saiones, émissaires royaux, de Césarée. deviennent des nomades semi-cavaliers. goths de Théodoric le Louche (473- et à celle des généraux germains : Ibbas À l’extérieur, il tire profit des pou- Apparemment encore organisés en trois 484), soit pour combattre en 485 un ou Tuluin. Ils sont régis par un droit voirs qu’il détient en tant que roi ger- tribus — les Greutungi (« homme des usurpateur en Asie Mineure. En fait, spécial qui leur interdit tout mariage main et en tant que représentant de cailloux »), les Tervingi (« hommes des fo- leur chef Théodoric Ier l’Amale (473 avec des Romains et vivent de l’exploi- l’empereur en Occident. Il pratique rêts ») et les Visi (« hommes des prairies ») ou 474-526), fils bâtard de Thiudimer tation du tiers des terres (tertia) qui également une habile politique matri- —, les Goths apparaissent finalement divi- sés pour des raisons inconnues en deux et ancien otage à Constantinople de leur sont cédées par ces derniers, avec moniale qui lui permet de constituer branches : celle des Wisigoths et celle des 461 à 471, veut exploiter l’Empire ro- lesquels ils sont associés (consortes) autour de sa personne une sorte de Ostrogoths, établies respectivement en main d’Orient au profit de son peuple. en vertu du régime de l’hospitalité. Ils fédération des rois barbares d’Occident Dacie et en Pontide. Ayant ruiné tout l’Illyricum entre 479 représentent l’unique force matérielle à l’extrême fin du Ve s. et 483, il assiège Constantinople pour de la construction politique édifiée par La conquête franque, l’élimination contraindre Zénon à lui abandonner la Théodoric. Par contre, la primauté de de ses alliés au sein des royaumes Établissement des riche province d’Italie qu’il doit recon- cette dernière au sein des États bar- burgonde et vandale compromettent Goths dans l’Empire quérir aux dépens d’Odoacre. bares est assurée par la civilisation presque aussitôt l’oeuvre du souve- romaine, dont Théodoric prétend, en Alatheus et Safrax rejoignent les Théodoric rassemble à Novae rain. En ordonnant la triple exécution 500, dans son discours au sénat, assu- Wisigoths qui ont franchi le Danube (Svištov), en Mésie inférieure, à l’au- du sénateur Albinus, du philosophe rer la défense. en 376, et pénètrent à leur tour dans tomne 488, une armée de 12 000 guer- Boèce et du beau-père de ce dernier l’Empire romain ; ils participent vic- riers ostrogoths (sans doute mino- Face à l’administration militaire ex- Symmaque en 524, en faisant arrêter torieusement à la bataille d’Andrinople ritaires), ruges et même romains clusivement gothique, l’administration le pape Jean qui meurt en prison Ier, 8070 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 15 en 526, sous prétexte de complot avec lien (Uppsala, 1923). / G. Pepe, Il medio evo bar- En 1821, Jean Marc Gaspard Itard chirurgical. L’origine des fondateurs barico d’Italia (Turin, 1941, 4e éd., Milan, 1949 ; Byzance, Théodoric la condamne défi- (1775-1838) décrit le cathétérisme de l’école parisienne, Lermoyez méde- trad. fr. le Moyen Âge barbare en Italie, Payot, nitivement avant même que de mou- de la trompe d’Eustache à l’aide de cin des hôpitaux, et Sebileau, chirur- 1956). / L. Schmidt, Die letzten Ostgoten (Ber- rir, puisqu’il rompt ainsi à la fois avec lin, 1943). / C.A. Brady, The Legends of Ermana- la sonde qui porte son nom dans son gien des hôpitaux, constitue à cet égard les Romains traditionalistes et avec ric (Berkeley, 1943). / W. Ensslin, Theoderich der Traité des maladies de l’oreille et de un exemple significatif. grosse (Munich, 1947 ; 2e éd., 1959). / G. Zink, les catholiques à l’heure même où se l’audition. les Légendes héroïques de Dietrich et d’Ermrich précisent les visées de Justinien* sur dans les littératures germaniques (I. A. C., Lyon, La même année, Hippolyte Cloquet Structure de l’oto- l’Italie. 1951). / R. Vulpe, le Vallum de la Moldavie infé- (1787-1840) publie un ouvrage d’os- rhino-laryngologie rieure et le mur d’Athanaric (Mouton, 1957). La jeunesse de son petit-fils Athala- phrésiologie qui traite des odeurs et des / L. Musset, les Invasions, t. I : les Vagues ger- La complexité de la spécialité tient à ric (526-534), régnant sous la régence maniques (P. U. F., coll. « Nouv. Clio », 1965). / organes de l’olfaction et recommande la technicité particulière et variée de de sa mère Amalasonte, qui se rap- M. Meslin, les Ariens d’Occident, 335-430 (Éd. déjà l’ouverture du sinus maxillaire l’observation et de l’abord des organes du Seuil, 1968). / G. Fournier, l’Occident de la proche des Romains, la réaction anti- pour favoriser l’écoulement du pus fin du Vesiècle à la fin du IXe siècle (A. Colin, coll. qu’elle étudie. Ainsi se trouve délimité romaine des Ostrogoths qui en résulte, « U », 1971). / R. Folz, A. Guillou, L. Musset et dans les sinusites. un certain nombre de rubriques, avec l’assassinat enfin en 535 d’Amalasonte D. Sourdel, De l’Antiquité au monde médiéval Curieusement, c’est à un chanteur, pour chacune d’elles un aspect médical par son cousin l’usurpateur Théodat (P. U. F., 1972). Manuel García (1805-1906), que l’on et chirurgical. (534-536) fournissent à Justinien un peut faire remonter le début de la la- prétexte d’intervention. L’empereur ryngologie. Celui-ci, en effet, découvre L’otologie se pose en défenseur de la victime et Ostrovski (Nikolaï sur lui-même l’intérêt de l’observation entreprend en fait la reconquête de C’est l’étude et le traitement des du larynx à l’aide d’un miroir éclairé maladies de l’oreille* et des organes l’Italie. Dès le printemps ou l’été 535, Alekseïevitch) par les rayons du soleil, et donc la celle de la Dalmatie est terminée ; en qui y sont anatomiquement annexés laryngoscopie indirecte, dont Ludwig juillet, Bélisaire commence celle de la comme le nerf facial et les nerfs F RÉALISME SOCIALISTE. Türck (1810-1865) de Vienne précise péninsule à partir de la Sicile. L’État cochléo-vestibulaires. bientôt l’intérêt diagnostique. romano-gothique s’effondre aussitôt, Elle traite donc spécialement des at- mais non son armée. Celle-ci, déposant Quelques années après les expé- teintes de l’audition* (v. surdité) et des l’indigne Théodat et le laissant assassi- riences de Pierre Flourens (1794-1867) atteintes du vestibule, c’est-à-dire des otite ner, proclame roi un ancien lieutenant sur le labyrinthe du Pigeon, Prosper troubles de l’équilibre et des vertiges, de Théodoric, Vitigès (536-540), qui Ménière (1801-1862) décrit en 1861 à des atteintes du nerf facial enfin, par doit aussitôt épouser la soeur d’Athala- F OREILLE. l’Académie de médecine le syndrome extension, représentées par la paralysie ric, Mathasonthe, afin de se rattacher à qui porte son nom et constitue une des faciale périphérique et le spasme. la famille des Amales. Contraint d’éva- bases de la labyrinthologie clinique L’exploration fonctionnelle est réali- cuer Rome le 9 décembre 536, capturé (v. oreille). sée à ce niveau par l’audiométrie*, qui par Bélisaire à Ravenne en mai 540, oto-rhino- C’est pourtant à Vienne que se situe permet une mesure de l’audition, et par il a pour successeur Ildibald (540-41), la source d’instruction principale pour laryngologie les épreuves vestibulaires classiques neveu du Wisigoth Theudis, le Ruge les oto-rhino-laryngologistes français (calorique, rotatoire, galvanique), qui Éraric (541) et surtout Totila (541- à la fin du siècle dernier. L’Atlas ma- étudient les conséquences de la sti- 552), qui ne font que prolonger inuti- Spécialité médico-chirurgicale qui nuel des maladies de l’oreille conçu mulation des vestibules par variations lement la lutte et ruiner l’Italie. Malgré s’intéresse particulièrement aux mala- par Adam Politzer (1835-1920) fixe à thermiques ou par déplacement, et plus de nombreux succès, ce dernier prince dies de l’oreille, du nez, des sinus, du cette époque les connaissances sur la particulièrement les secousses ocu- est finalement vaincu et mortellement larynx et du pharynx. L’appellation, pathologie de l’oreille. C’est près des laires ou nystagmus qui en résultent. blessé en 552 à Tadinae (Gualdo Ta- bien que consacrée par l’usage, paraît maîtres autrichiens que vont se former La nystagmographie permet d’enre- dino) par Narsès. Son successeur Teias trop restrictive : le domaine d’action les spécialistes français, qui, tel Lu- gistrer les caractéristiques de celui-ci ayant été vaincu et tué à son tour à de l’oto-rhino-laryngologiste s’étend bet-Barbon (1856-1948), constituent et apporte, outre un document objectif, Mons Lactarius (Monti Lattari), peut- en pratique à la plupart des affections en marge d’un enseignement officiel un certain nombre de renseignements être le 1er octobre 552, les dernières cervico-faciales (cou et face). encore absent de véritables écoles supplémentaires. garnisons ostrogothiques, d’ailleurs privées. soutenues en 553-54 par les forces Historique La gustométrie peut être rattachée à Cependant, Moure à Bordeaux, Mar- franco-alamaniques du roi de Reims l’étude du nerf facial, dont une branche cel Lermoyez (1858-1929) et Pierre Théodebald, prolongent leur résistance L’histoire de l’oto-rhino-laryngologie (corde du tympan) joue un rôle fonda- jusqu’en 555, date de la capitulation ne peut être dissociée de celle de la Sebileau (1860-1953) à Paris vont réa- mental dans la réception de la sensa- liser une véritable homologation de la de Compsa (Conza) à 100 kilomètres à chirurgie. Toutefois, on voit apparaître tion gustative. l’est de Naples. au XIIe s. en France des spécialistes et, spécialité, matérialisée par la création La thérapeutique des affections de de chaires d’oto-rhino-laryngologie. parmi eux, le medicator aurium, dépo- Peu nombreux, les Ostrogoths sur- l’oreille et de ses annexes s’est consi- sitaire d’une instrumentation spéciale. Dès lors, la spécialité va prendre vivants sont déportés en Orient ou se dérablement transformée ces dernières Un traité de l’époque énumère ainsi une importance croissante, s’étendre fondent dans la population romaine années. Cela est dû en grande partie à « des stilles à curer et à eslever, un cro- aux domaines de la chirurgie cervico- sans laisser aucune trace, autre que l’usage du microscope opératoire, qui chet peu courbe, des canules à sucer et faciale, de la chirurgie plastique et monumentale, dans la péninsule. Fin a permis l’avènement de la microchi- à suffumiger ». réparatrice et aux confins de la neuro- étonnante pour un peuple qui a connu rurgie. Tandis que le traitement des chirurgie, tandis que sous l’influence un destin aussi exceptionnel. Au XVIe s., Ambroise Paré accorde infections de l’oreille n’est que par- de J. Chevalier-Jackson de Philadel- P. T. une très grande importance à la chirur- tiellement résolu par l’antibiothérapie, phie, en particulier, se constituent une F Attila / Barbares / Byzantin (Empire) / Clovis gie cervico-faciale et aux affections qui évite cependant bien des compli- Ier / Francs / Germains / Huns / Italie / Justinien Ier auriculaires. C’est en 1683 que com- instrumentation et une technique de cations, la chirurgie fonctionnelle de / Lombards / Mérovingiens / Milan / Ravenne / l’examen endoscopique du larynx et mence à s’individualiser l’otologie l’oreille permet de conserver ou de Rome / Théodoric l’Amale / Wisigoths. Ier des bronches ainsi que de l’oesophage. lorsque Joseph Guichard Duverney rétablir la fonction de l’audition. Elle Procope, La Guerra gotica (Éd. du texte (1648-1730) publie le Traité de l’or- La spécialité conserve ainsi son ca- s’appuie sur une indication plus locali- grec et trad. it., Rome, 1895-1898 ; 3 vol.). / N. F. Aberg, Die Goten und Langobarden in Ita- gane de l’ouïe. ractère bipolaire, à la fois médical et sée des lésions, et surtout sur la greffe 8071 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15 de tympan et la reconstitution de la laryngologique, les tumeurs malignes oto-rhino-laryngologie (Flammarion, 1969). / près des dernières écluses du canal. Ce J. Lonley, Concepts in Head and Neck Surgery chaîne auriculaire, ou tympanoplastie. constituent le problème essentiel. n’était encore qu’une modeste bour- (Stuttgart, 1970). gade lorsque le chemin de fer l’attei- C’est cependant dans le domaine La chirurgie de cette région est gnit en 1854 et lorsqu’elle fut choisie de l’otospongiose (v. surdité) que les encore souvent très mutilante. Le la- comme capitale provinciale sous le résultats les plus remarquables peuvent rynx doit être enlevé en totalité, et la être espérés, allant jusqu’au rétablis- fonction vocale s’en trouve supprimée. Ottawa nom d’Ottawa (rôle dévolu ensuite à Toronto). Mais c’est sa promotion poli- sement intégral de la fonction dans les Cette mutilation peut cependant être tique au rang de capitale du Dominion meilleurs cas. partiellement palliée par l’acquisition Capit. fédérale du Canada*, dans en 1867 qui déclencha le processus de d’une voix oesophagienne par réédu- Parallèlement, la prothèse auditive, l’Ontario. développement urbain. cation, entraînée par un orthophoniste. mieux adaptée et plus puissante, per- Ottawa est située sur un bas plateau La tendance actuelle s’oriente dans Le rôle de capitale l’emporte au- met de récupérer un certain nombre de sédimentaire (constitué principalement surdités non accessibles à la clinique. toute la mesure du possible vers une jourd’hui sur toutes les autres fonc- de dolomie d’Oxford et de calcaire chirurgie plus limitée et partant plus tions ; plus de 40 p. 100 de la population Enfin l’aide du microscope opéra- d’Ottawa), recouvert d’une pellicule fonctionnelle. active sont occupés dans les ministères toire permet d’aborder le nerf facial et morainique et entaillé par les vallées et bureaux du gouvernement canadien les nerfs cochléo-vestibulaires à l’inté- Les techniques spéciales au niveau de l’Outaouais (Ottawa River) et de la et dans les organismes et institutions rieur du conduit auditif interne par voie du larynx sont représentées par le tu- rivière Rideau. L’Outaouais n’a pas qui en dépendent. Le Parlement, les mi- intracrânienne et amène l’otologie aux bage et l’intubation. Les manoeuvres retrouvé son cours préglaciaire ; aussi nistères, la Banque du Canada, la Mon- confins de la neurochirurgie. permettent de supprimer une obstruc- son nouveau tracé est-il accidenté naie, la Cour suprême, la demeure du tion laryngée momentanée due, le plus d’îles rocheuses (îles Victoria et Le- gouverneur général et celle du Premier La rhinologie souvent, à un oedème. Dans les autres mieux) et de ruptures de pente (rapides ministre sont situés à Ottawa. La ville cas, la trachéotomie s’impose. Les Elle s’intéresse aux maladies du nez et Deschênes, Remic et Petite Chaudière renferme des musées (National Mu- affections malignes de la langue, de des sinus. Celles-ci sont le plus sou- et chutes de la Chaudière). seum of Canada, National Art Gallery, la cavité buccale, des amygdales sont vent infectieuses ou tumorales. Leur Ottawa n’a accédé à la dignité ur- Bytown Museum), un observatoire as- également souvent prises en compte étude passe en tout cas par l’observa- baine que fort tardivement, dans le tronomique et géophysique (Dominion par l’oto-rhino-laryngologiste, qui réa- tion de régions peu accessibles à la vue dernier tiers du XIXe s. Sous le régime Observatory), un centre de recherches lise à ce niveau, et selon les cas, un acte et nécessite un appareillage particulier, français, ce ne fut qu’un point de por- agronomiques (Central Experimental chirurgical ou l’implantation d’aiguille spéculum et éclairage, représenté en tage sur la « route des voyageurs ». Farm). Ottawa est le siège de deux uni- de radium (curiethérapie). Enfin, et pratique par le miroir de Clar. Les premiers occupants britanniques versités (université d’Ottawa et univer- plus généralement, l’ensemble de la L’exploration de la fonction olfac- vinrent exploiter dans la région le bois sité Carleton) et de l’Eastern Ontario chirurgie du cou (évidement ganglion- tive, ou olfactométrie, malgré ses destiné à l’Angleterre, coupée de ses Institute of Technology. La présence naire, ou curage, traitement des kystes progrès, reste encore limitée dans son approvisionnements scandinaves par le de l’administration et des laboratoires et fistules cervicales, chirurgie de la application. Un certain nombre d’inter- Blocus continental (Braddish Billings du Conseil national de la recherche thyroïde) complète tout naturellement ventions peuvent être effectuées sur les s’installe en amont de la ville actuelle (sciences exactes), du Conseil national l’extension de ses activités. Un aspect sinus. L’abord chirurgical s’effectue en vers 1809). De 1826 à 1832, l’armée de la recherche en sciences sociales et particulier est représenté par l’endos- règle générale dans le sillon gingivo- britannique fit creuser le canal Rideau du Conseil des arts du Canada (pour les copie, ou examen des conduits naturels jugal antérieur, qui permet d’ouvrir le entre le lac Ontario et l’Outaouais ; le sciences humaines) en fait le principal (larynx, trachée, bronches, oesophage), sinus maxillaire et, à partir de celui-ci, village de Bytown prit alors naissance centre de recherches pures et appli- par tubes éclairants, qui constitue une l’ethmoïde et le sphénoïde. La cloison partie importante de l’oto-rhino-laryn- nasale peut être redressée et modelée. gologie. Celui-ci conserve en particu- Cette voie nasale, à travers la cloison, lier le difficile privilège de l’extraction constitue par ailleurs une voie originale des corps étrangers des bronches et de d’approche de la selle turcique, qui l’oesophage ainsi que le traitement des contient l’hypophyse. L’intervention sténoses (rétrécissements) laryngées et ainsi réalisée nécessite en règle géné- oesophagiennes. rale la collaboration entre oto-rhino- Au total, l’oto-rhino-laryngologie laryngologiste et neurochirurgien. constitue une spécialité très diverse, Enfin, la chirurgie plastique du nez caractérisée actuellement par la re- a pris un essor considérable. La rhino- cherche d’une chirurgie résolument plastie permet de corriger les imper- orientée vers la conservation ou la fections constitutionnelles ou trauma- réhabilitation fonctionnelles. La mise tiques à ce niveau par modifications en oeuvre de techniques d’études per- des cartilages. fectionnées comme l’électronystagmo- graphie, l’électrocochléographie, qui La laryngologie permet une appréciation de la valeur Elle s’étend non seulement à l’étude du de l’audition chez le nourrisson, repré- larynx, mais aussi du pharynx et de la sente autant d’éléments d’extension du cavité buccale en général. champ d’action. L’examen du larynx est réalisé par J. T. laryngoscopie directe au laryngoscope F Audiométrie / Audition / Équilibration / La- ou par laryngoscopie indirecte au mi- rynx / Nez / Oreille / Surdité. roir (v. larynx). G. Sénéchal et M. Neveu, Éléments d’oto- rhino-laryngologie (Flammarion, 1964). / Si la tuberculose et la syphilis ne M. Aubry, P. Pialoux, C. Jost et coll., Chirurgie représentent plus aujourd’hui qu’un cervico-faciale et oto-rhino-laryngologie (Mas- aspect secondaire de la pathologie son, 1966). / M. Aubry et P. Pialoux, Progrès en 8072 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 15 quées du Canada. De plus, un Techno- verte (forêts, parcs, terrains agricoles) regroupa jamais la totalité des peuples grand vizir, sorte de Premier ministre. Le logy Park, en construction à Kanata, à autour de la zone urbanisée. Les futurs parlant turc, mais seulement la majeure maître absolu après le Sultan. Il est nommé et révoqué par lui. l’ouest de la ville, doit rassembler un quartiers industriels et villes satellites partie de ceux qui forment le rameau grand nombre de chercheurs. L’armée seront édifiés au-delà de cette ceinture. occidental de cette famille linguistique. kadasker ou kazasker, nom donné aux juges militaires, au nombre de deux. possède aussi des installations dans la Plusieurs localités de la rive qué- Parallèlement à lui, d’autres États turcs kad d’Istanbul, juge suprême à Istanbul. capitale, un polygone d’expériences, bécoise font partie de l’agglomération se développèrent, et de puissantes Il siège au Divan. une base aérienne ; la police montée y d’Ottawa ; ce sont Hull (60 000 hab.), monarchies asiatiques dirigées par des kadn, nom donné aux épouses légitimes a son quartier général et des casernes. ville industrielle (pâte et papier ; Turcs se constituèrent. En outre, et du padiah, par opposition aux concu- Environ 10 p. 100 de la population confection) et banlieue-dortoir pour les malgré le rôle que les Turcs y jouèrent, bines. La première épouse se nomme ba active sont employés dans l’indus- fonctionnaires fédéraux, surtout cana- l’empire fut pendant longtemps une vé- kadn. trie. Outre la fonderie, relativement diens-français, Gatineau (17 500 hab. ; ritable mosaïque de peuples rassemblés kâhya bey, sorte de ministre de l’Intérieur. ancienne, il s’agit surtout de l’impres- pâte à papier), Pointe-à-Gatineau, sous une autorité unique et concourant kapudanpaa ou kaptanpaa, le grand sion et de l’édition qui travaillent prin- Aylmer. à sa grandeur : les religions, les lan- amiral. Il siège au Divan. cipalement pour le gouvernement. La Ottawa s’est accrue considérable- gues, les coutumes, les moeurs y étaient kzlaraas, chef des eunuques noirs. À présence des laboratoires fédéraux et ment depuis la guerre : elle a dépassé différentes. Les seuls liens unissant partir du XVIe s., il devient un des plus hauts universitaires a attiré des activités de 200 000 habitants en 1961 et atteint ces éléments disparates étaient l’inté- personnages de l’Empire. pointe : élaboration de machines pour 300 000 aujourd’hui (dont 40 p. 100 rêt commun, l’Empire, c’est-à-dire la molla, juge dans les grandes villes. Le kad les industries textiles, chimiques et est un juge ordinaire. de Canadiens français qui ne comp- monarchie. Celle-ci ne chercha pra- électromécaniques (Northern Electric taient que pour 28 p. 100 en 1951). tiquement jamais à créer un faisceau müfti ou müftii, dignitaire religieux et a établi des bureaux d’étude dans la juriste. Il délivre des fetva, consultations La population de l’Ottawa-Carleton d’idéaux ; musulmane et turque, elle ne banlieue ouest). C’est grâce aux com- juridiques, sortes de décrets. Regional Municipality, c’est-à-dire la fit qu’exceptionnellement effort pour mandes des ministères (entre autres nianc, garde des Sceaux. Il siège au partie de l’agglomération située sur la islamiser et turquiser. Si la grandeur celui de l’Énergie, des Mines et des Divan. rive ontarienne seulement, s’élève à musulmane était sans cesse exaltée, le Ressources, celui des Forêts, celui des paa ou pacha, titre donné aux comman- 450 000 habitants. nationalisme était si peu virulent que le Affaires du Nord) que la société Cana- dants en chefs, gouverneurs, puis aux plus P. B. mot « turc » lui-même était pratique- hauts fonctionnaires. dian Aero Services, modeste compa- F Ontario. ment inconnu ou servait à désigner le gnie en 1948, a pu prendre son essor ; reis efendi, chef de la chancellerie. Il rustre, le paysan grossier. Ainsi coha- devient, à partir du XVIIIe s., ministre des c’est aujourd’hui l’une des plus impor- bitèrent constamment le plus grand Affaires étrangères. tantes entreprises mondiales de levés arbitraire et la plus grande tolérance. ahzade ou ehzade (« Fils du Chh »), photogrammétriques et géophysiques. Ottomans prince du sang, souvent le seul héritier. Pendant plus de trois siècles, les suc- Si une petite partie de la ville (Par- eyhülislâm (en ar. chaykh al-islm), müfti cès furent presque continus. Quand les liament Hill) a été conservée dans son En turc OSMANLI, dynastie de souve- revers commencèrent, le souvenir de la d’Istanbul. À partir de Mehmed II, il a auto- aspect traditionnel, caractérisé par le rité sur tous les müfti. Il « sacre » le souve- rains turcs issus d’Osman, émirs, puis pax osmanica maintint la cohésion pen- style britannique de ses monuments les rain et préside à ses obsèques. sultans et enfin califes. dant cent ans encore. Puis, lorsque sur plus imposants, des quartiers entiers et silhâhtar, chef des eunuques blancs. des ruines accumulées passa le souffle les abords de la capitale ont été tota- Sultan, le chef temporel et spirituel. Son Introduction du nationalisme moderne, l’Empire lement transformés selon les plans de titre premier est padiah. Il est, à partir du l’urbaniste français Jacques Greber Elle régna d’abord (1299) sur un étroit se désagrégea, non sans convulsions : XVIe s., calife, commandeur des croyants. (1882-1962). Mis à part les quartiers territoire en Asie Mineure, puis sur tous les peuples qui le constituaient se Valide Sultane, la reine mère. Elle dirige le résidentiels aisés de l’est (Sandy Hill, les Balkans et l’Anatolie (fin du XIVe - dégagèrent de lui, déjà formés, structu- harem. Son rôle politique, nul d’abord, ne Eastview), Ottawa comptait en effet moitié du XVe s.) et enfin, à partir de rés ethniquement, religieusement, par- cesse de grandir à partir du XVIe s. nombre de secteurs construits sans la ville de Constantinople, sur l’im- fois économiquement, aptes à former Les origines goût et enlaidis par les voies ferrées mense empire auquel elle donna son des États. qui coupaient le tissu urbain. C’est nom : l’Empire ottoman. Elle a compté Osman Gazi (1258-1326) apparte- Ier aujourd’hui une des plus belles villes trente-sept souverains. Les treize pre- Titres et fonctions dans nait à la tribu nomade des Kay, l’une du Canada. miers se succédèrent de père en fils et l’Empire ottoman des vingt-quatre grandes divisions furent presque tous remarquables. Les Confederation Square a été remo- (boy) de la fédération des Oghouz, vingt-quatre suivants firent preuve de aa des janissaires, chef du corps d’élite delé (un Centre canadien des arts du Turcs occidentaux, dont des groupes des janissaires. moins hautes qualités. Souvent mé- spectacle, édifié dans un style très importants avaient envahi l’Iran, puis diocres, oisifs, impuissants malgré leur Babali, la Haute Porte, que nous nom- moderne, garnit un de ses côtés). Les l’Asie Mineure au XIe s., sous la direc- mons la Sublime Porte, ou la Porte. Ce mot vieux bâtiments administratifs ont été autocratie, ils ne furent pas tous néan- tion de Selçuk, ancêtre éponyme des désigne à l’origine le palais impérial, puis moins des tyrans débauchés et sangui- reconstruits, souvent à quelque dis- Seldjoukides*. On ne sait pas encore le siège du gouvernement, la résidence du naires comme on a trop souvent voulu tance du centre (rue Booth) ou vers très bien si les Kay étaient arrivés en grand vizir. La Porte ou la Sublime Porte est les représenter. Leur système politique la périphérie (Confederation Heights). le gouvernement ottoman. Anatolie orientale en même temps que et familial, très différent de celui que Parmi les aspects les plus remarquables les Seldjoukides ou s’ils s’étaient arrê- bey (au début, beg), seigneur, chef, titre connurent les Cours d’Europe, peut du nouvel urbanisme, citons l’aména- tés successivement dans les régions de honorifique donné aux officiers supérieurs paraître monstrueux, et il le fut par- gement des abords du canal Rideau et aux hauts fonctionnaires. Boukhara et de Merv, d’où ils auraient fois, mais il se révéla tout compte fait en parcs et en campus administratifs peut-être été chassés par l’invasion beylerbey, nom donné aux gouverneurs efficace si l’on en juge par leur réussite et universitaires, le détournement d’un des provinces, qui sont au nombre de trois. des Mongols de Gengis khn (1220- exceptionnelle et par leur étonnante faisceau de voies ferrées pour faire Les sancak bey, les suba et les sipahi sont à 21). De toute façon, en 1224, ils sont durée. place à une autoroute dont les échan- la tête de districts, de fiefs militaires. installés à Ahlat, dans la région orien- geurs mettent les différents quartiers en Dans une certaine mesure, l’histoire defterdar, ministre des Finances. Il siège tale de l’actuelle Turquie, alors pays relation rapide avec la rive québécoise, des Ottomans peut se confondre avec au Divan. arménien, dirigé par un certain Süley- Montréal et Toronto, enfin et surtout l’histoire de la Turquie. Il importe de Divan, conseil des ministres, présidé par le man ah, grand-père d’Osman Ier, l’aménagement d’une large ceinture remarquer cependant que l’Empire ne Sultan ou par le grand vizir. qui mourra peu après, noyé, au cours 8073 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15 de deux importantes cités byzantines, Brousse (Bursa) et Nicée (Iznik). Vit- il encore quand Orhan entre en 1326 dans la première des deux et en fait sa capitale ? On ne sait pas. Du moins y sera-t-il enterré dans un de ses mauso- lées qui formeront au cours des siècles une des nécropoles impériales. Orhan (1326-1359) est le véritable fondateur de l’État. Aidé de son frère Alâeddin († v. 1333), dont il fait son vizir, il organise l’administration ; il bat monnaie ; il entreprend de vastes constructions dans Brousse : mos- quées, palais, écoles. Il fait plus encore pour l’armée. Jusqu’alors, la piétaille, groupée en corps de 10, 100 et 1 000 hommes, était indiscipli- née et exigeante. Il la remplace par une armée de métier (chose encore inconnue en Europe), infanterie régu- lière, limitée alors à 1 000 hommes, le corps des janissaires (v. 1330). À côté d’elle prendront place les Ozab, ou irréguliers. Selon le même prin- cipe, la cavalerie est divisée en deux corps, l’un comprenant les soldats de métier, parmi lesquels les sipahi, mot dont nous ferons « spahi », l’autre les soldats d’occasion, les akinci. À par- tir du XVe s., le recrutement des janis- saires s’effectuera par la méthode dite du devirme, la « cueillette » d’enfants chrétiens enlevés à leurs familles pour être élevés dans la religion musulmane et apprendre le métier des armes. La d’une expédition plus à l’ouest. L’un « totémique » (Faucon Viril), et deux guère que de nom ; l’autorité de ses réalité ou la légende mettent en rap- de ses fils (ou petit-fils ?), Ertorul ou de ses trois fils des noms aux sonorités vainqueurs, les Mongols, se limite en port l’institution des janissaires avec Erturul, fidèle serviteur des Seldjou- proprement turques. Il semble que l’ac- fait aux régions les plus proches de le puissant ordre religieux, assez hé- kides de Konya et sans doute officier cession au pouvoir d’Osman, le seul à l’Iran ; des principautés indépendantes térodoxe, des bektaî, fondé par Hac à leur solde, obtient un fief dans le sud avoir un nom musulman, ait été due, s’installent un peu partout. Celles des Bekta Veli (1210-1271), encore actif de la Bithynie. À sa mort, vers 1280- en partie au moins, soit à son affilia- marches frontières, les uc prennent aujourd’hui en Turquie et en Albanie. 1290, il laisse trois fils, Savci, Gündüz tion à un ordre religieux militaire, soit conscience de leur autonomie et de En politique, Orhan s’éloigne un peu et Osman. C’est ce dernier qui succéda à une influence des milieux cléricaux, l’importance de leur rôle stratégique. des sages résolutions de son père, mais à son père. en particulier à celle de son beau-père, Quand l’uc des Ottomans se sera suffi- les circonstances le permettent. Tout le cheikh Edebali († 1325). Nous sommes très mal renseignés samment fortifiée dans la guerre contre en continuant à viser essentiellement sur ces anciens événements de l’his- Le fief accordé par les Seldjoukides les infidèles, elle pourra se retourner les terres chrétiennes, Orhan ne craint toire anatolienne, les historiographes à Ertorul pouvait apparaître comme contre l’Anatolie : elle n’y trouvera pas de se retourner contre ses voisins officiels de l’Empire ottoman ayant un cadeau empoisonné : il était situé à aucune puissance apte à se mesurer à les plus proches ; entre 1335 et 1345, il fait ultérieurement reconstituer, avec l’extrême ouest des possessions musul- la sienne. annexe la principauté de Karesi (région plus de souci d’apologétique que de vé- manes, aux confins des terres byzan- de Balkesir). Ses relations avec By- rité, le récit de leur origine. Quelques tines et constituait donc le front de L’avènement des zance sont au reste ambiguës : il paraît faits cependant sont révélateurs de guerre contre la chrétienté. Ce fut en Ottomans parfois l’ami de Jean VI Cantacuzène, l’ambiance culturelle de l’époque. La fait pour son possesseur un avantage dont il épouse la fille Théodora et à qui famille d’Osman — et sans doute en inestimable : tout ce que l’islm orien- Il est généralement admis que l’in- il prête main-forte dans sa lutte contre même temps la tribu à laquelle elle tal comptait d’aventuriers ou de com- dépendance des Ottomans date de les Serbes, ce qui lui donne l’occasion appartenait — conservait encore cer- battants de la foi vint s’enrôler sous les 1299. Cependant, Osman Ier Gazi a de passer pour la première fois en Eu- tainement le mode de vie ancestral : bannières des Kay. Du même coup, commencé ses campagnes bien avant. rope ; mais il soutient à une autre occa- la constitution du fief, comprenant un le destin était fixé : les premiers Otto- Vers 1290, il s’empare de plusieurs sion Jean V Paléologue contre Jean VI yayla, séjour d’été, et un klak, séjour mans n’auraient pas à intervenir dans places fortes et il s’installe à Yeniehir. Cantacuzène, non sans en tirer chaque d’hiver, montre qu’il répondait aux les querelles de la succession seldjou- Il dispose d’une armée peu considé- fois profit. La guerre, entre deux impératifs de la vie pastorale. Si la kide, mais à diriger tous leurs efforts rable, mais fidèle et solide, encadrée pauses, continue d’ailleurs : l’Otto- religion musulmane avait dû naturel- contre les ennemis extérieurs. par des membres de sa proche famille. man s’empare de Nicomédie (Izmit) en lement assez tôt le toucher, son islami- Ces querelles ne vont pas tarder C’est à l’un d’eux, son fils Orhan, qu’il 1337, de Gallipoli (Gelibolu) en 1354 sation devait être peu avancée et super- à dominer la politique anatolienne : laisse en 1317 le commandement mili- et de Nicée (1331) : l’église où avait ficielle. Ertorul porte encore un nom l’Empire seldjoukide ne subsiste plus taire. Le but qu’il lui a fixé est la prise été proclamé le symbole des Apôtres 8074 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 15 est transformée en mosquée. Pour ces le cinquième du prix de la rançon des puis occupe la Thessalie, Athènes, le bataille à Kosovo (1448). Quand il campagnes, le fils du prince, Süleyman prisonniers. Péloponnèse. meurt en 1451, l’Europe ne conserve paa († 1357), s’avère un précieux au- L’Europe, comme au temps de la Sur les ruines de l’Empire mongol, plus d’espoir de sauver Byzance. xiliaire : il semble jouir d’un réel génie première apparition des Turcs dans le une nouvelle puissance s’est levée en militaire. Sa mort prématurée, au cours Asie. Tmr* Lang, notre Tamerlan, Mehmed II et la prise Proche-Orient, s’affole et prêche la d’une partie de chasse, qui survient peu bien que Turc de Samarkand, prétend de Constantinople croisade. Mais trois cents ans se sont avant celle d’Orhan lui-même (1359), à l’héritage de Gengis khn : il a in- écoulés et l’ardeur n’est plus la même : De l’Empire byzantin, il ne restait pas nous empêche seule d’en saisir la clus l’Anatolie dans son programme elle diminuera régulièrement au cours grand-chose territorialement, une ville portée. de conquêtes. Après avoir occupé l’est des siècles, à chaque nouveau progrès et ses faubourgs ; moralement, moins du pays, Alep et Damas, il se heurte, des musulmans, à chaque nouvel appel encore. Dès Murad Ier le basileus avait Murad Ier Hüdâvendigâr en juillet 1402, à Bayezid Ier, dans la des chrétiens les plus menacés. Néan- fait figure de vassal apeuré ; sous le (1359-1389) plaine d’Ankara : les Serbes résistent, moins Urbain V est entendu ; les rois règne de Bayezid, il avait été obligé de les Turcs passent à l’ennemi. Baye- En secourant Byzance contre les de Hongrie, de Bosnie, de Serbie, de construire une mosquée dans sa capi- zid est capturé et il mourra peu après Serbes, Orhan avait ouvert le chemin Valachie et de Bulgarie se joignent à tale et d’y établir un tribunal spécial en détention. L’Anatolie tout entière de l’Europe. Il allait revenir à Murad lui : ils sont vaincus près de la Marica se donne au vainqueur, qui restaure pour les ressortissants musulmans ; en Hüdâvendigâr (le Souverain), né vers 1449, Constantin XI Paléologue n’était en 1363, en 1371, puis écrasés à Ko- les principautés. Seules demeurent de 1326, de le suivre résolument. Au monté sur le trône qu’avec l’appui du sovo (15 juin 1389). Sur le champ de l’Empire les possessions européennes : début de son règne, cependant, il dut Sultan. Son prestige assurait sa survie. bataille, Murad Ier est assassiné par le elles permettront sa rapide restauration. agir à Angora (Ankara) contre les ahî, Pour l’islm, la prise de la ville répon- Serbe Miloš Obili. membres d’une confrérie religieuse à dait à une vieille promesse ; depuis La restauration base bourgeoise, chevaleresque et arti- huit siècles, elle était désirée, attendue Le règne de Bayezid Ier ottomane sanale dont le rôle avait été considé- comme la victoire finale, la preuve de Yldrm (1389-1403) rable, surtout dans la seconde moitié La mort de Bayezid Ier en captivité sa suprématie sur les autres religions. du XIIIe s. Cette intervention montre Dès lors, il convient réellement de par- laisse le champ libre à la rivalité de ses « Élu » serait le peuple qui la prendrait. qu’il ne se désintéresse pas des affaires trois fils : on voit alors que l’assassinat Mehmed II a vingt et un ans. Il fait ler d’empire ottoman et non plus d’em- turques et annonce le futur destin de fratricide, inauguré par le Sultan défunt immédiatement ériger une forteresse pire turc : les Serbes se rallient au Sul- l’Anatolie. Mais cette politique tra- au début de son règne et qui devien- sur la rive européenne du Bosphore, le tan, entrent en masse dans ses troupes, ditionnelle demeure subordonnée à dra par la suite une loi, pour cruel château de Rumeli (Rumelihisar), en et ils lui demeureront fidèles. Fils aîné celle, plus audacieuse et toute nou- qu’il fût, était efficace. D’aucuns intro- face de celle que Bayezid Ier avait fait de Murad Ier, Bayezid (ou Bayazit, ou velle, de l’expansion dans les Balkans. duisent alors dans la lignée ottomane construire sur la rive d’Asie. Constan- Bajazet) la Foudre avait épousé en Convaincu que Byzance est un solide Süleyman (Soliman Ier), qui gouverne tin XI Paléologue lance un appel à 1381 la fille du souverain de Germiyan verrou, Murad Ier, qui a pris le titre de en Europe. D’autres préfèrent parler l’Europe : elle lui enverra en tout et (région de Kütahya et de Denizli), qui sultan, décide de tourner la ville : le « d’interrègne ». Quoi qu’il en soit, pour tout 200 Latins et 500 Génois lui avait apporté en dot la plus grande Mehmed Ier Çelebi, le Seigneur (1413- conduits par Giovanni Longo Giusti- temps est fini pour les Turcs de s’entas- partie des territoires paternels. Le Sul- ser, comme ils le faisaient depuis deux 1421), ne tarde pas à se débarrasser de niani († 1453). En face d’eux et des tan s’intéresse donc désormais autant ses frères et à reconstituer l’Empire. défenseurs grecs renforcés de tout siècles, dans ce cul-de-sac qu’était l’Anatolie. En 1361 ou 1362, Murad Ier à l’Asie qu’à l’Europe et commence à Audacieusement allié à Byzance, qui ce qui peut porter armes, Mehmed II s’étendre aux dépens des émirats voi- demeure étonnamment inconsciente (1451-1481) dispose de 12 000 guer- s’empare d’Andrinople (Edirne), dont il fait sa capitale européenne. Son bey- sins. Il organise ses possessions d’Asie de ses intérêts, il met moins de douze riers, d’une flotte de 350 navires, de lerbey prend Philippopoli (auj. Plo- Mineure en cinq provinces, ou sancak, ans pour reconquérir l’Anatolie, maî- la meilleure artillerie du monde. Il vdiv) ; presque toute la Thrace est entre tandis que les terres conquises en Eu- triser le mouvement politico-religieux, dispose aussi de son audace et de son ses mains ; des milliers de captifs sont rope forment des tmar, fiefs, confiés à à tendances communistes, né dans la génie. Un trait célèbre prouve l’une et région d’Aydin, de Mahmud Simavnal l’autre : dans la nuit du 23 avril 1453, faits. La loi du pençik est alors édic- des sipahi. Tant en Europe qu’en Asie, Bedreddin (1359-1420). il fait transporter par terre une partie tée : elle veut que revienne au trésor l’administration est remise au grand vizir, le souverain consacrant la ma- Son fils Murad II (1421-1451) a de ses bâtiments du Bosphore dans la des débuts difficiles : lutte contre le Corne d’Or. Un mois plus tard, il offre jeure partie de son temps à la guerre. prétendant Mustafa ; vain siège de au basileus une capitulation honorable. Pendant que ses généraux consolident Constantinople ; opérations incertaines Refus. Il lance l’assaut. Par une brèche les conquêtes et font des incursions en Europe, qui lui permettent d’entrer proche de la porte d’Andrinople, les en Valachie, en Hongrie, en Bosnie et en Albanie, mais échouent devant janissaires entrent dans la place. Le assiègent en vain Constantinople pen- Belgrade et se soldent par la paix de dernier basileus meurt les armes à la dant sept ans, Bayezid Ierentreprend la Szeged (1444), consécutive à une nou- main. À cheval, le Conquérant (Fatih) reconstruction de l’Empire turc d’Asie velle croisade réunissant autour de entre dans Sainte-Sophie et y célèbre Mineure. Il s’empare de Konya, Nide, Jean Hunyadi*, voïvode de Transyl- l’office de la prière (29 mai 1453). Karaman, Kayseri, Tokat, Sivas, Kas- vanie, Hongrois, Polonais, Allemands, Dans la nouvelle capitale de l’Em- tamonu, Amasya et atteint l’Euphrate : Vénitiens débarqués en Epire, Alba- pire ottoman, Constantinople, devenue cette expansion va causer sa perte. Ce- nais dirigés par Skanderbeg. Murad II Istanbul, Mehmed II Fatih jette aussitôt pendant, avant même qu’elle n’arrive, décide d’abdiquer en faveur de son fils les fondements de la coopération qu’il une grande partie se joue en Europe. Mehmed, alors âgé de quatorze ans. entend établir entre ses sujets : des Sigismond de Hongrie est parvenu à Encouragé par la papauté, Hunyadi libertés exceptionnelles sont données réunir une force où se côtoient les che- et Vladislas Ier rompent la paix prévue aux chrétiens ; les Génois se voient valiers teutoniques et les chevaliers de pour dix ans, renient leur parole, enva- confirmer leurs privilèges. Fidèle Rhodes, et que commande Jean sans hissent les territoires ottomans. Murad au goût ancestral des Turcs pour les Peur, duc de Bourgogne : Bayezid Ier reprend le pouvoir, anéantit les coali- choses religieuses et à leur tolérance, la défait à Nicopolis (25 sept. 1396), sés à Varna, puis dans une deuxième le Sultan organise les Églises grecques, 8075 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 15 arméniennes, syriaques et la syna- nisation, Selim Ier le Terrible (Yavuz se met en route pour l’Égypte : Alep, tion des lieux saints musulmans. Selim gogue : des patriarches sont nommés, Sultan Selim) [1512-1520] fait massa- Homs, Damas, Jérusalem tombent en ramène à Istanbul le dernier calife les tribunaux ecclésiastiques reçoivent crer les siens. Tranquille en Europe, il son pouvoir. Le 22 janvier 1517, la ‘abbsside. Il n’est pas établi si celui- compétence pour une foule de matière. se tourne contre l’Iran. Il écrase Chh bataille du mont Muqaam (aux portes ci a renoncé à ses droits au profit de Ainsi se trouve codifiée la division des Ism‘l à Tchaldiran, entre à Tabriz du Caire) lui livre la vallée du Nil. l’Ottoman, mais Selim l’affirme et, dès peuples de l’Empire en communautés (1514) et annexe toute l’Anatolie Le chérif de La Mecque reconnaît lors, sa famille peut revendiquer l’au- religieuses autonomes. sud-orientale (Kurdistn). En 1516, il sa suprématie et lui donne la protec- torité suprême sur tous les musulmans. Dans toute la chrétienté, une émo- tion immense est soulevée par la prise de Constantinople. Jusqu’à nos jours, 1453 restera la date arbitraire et sym- bolique de la fin du Moyen Âge. Mais c’est plutôt le découragement qui s’empare des esprits. Jean Hunyadi meurt en 1456 : la Serbie est annexée en 1459. En 1463, c’est la Bosnie ; en 1467, l’Herzégovine et l’Albanie. De 1461 à 1475, Mehmed arrache aux Génois tous leurs comptoirs de la mer Noire, y compris Azov et Kaffa, et il vassalise la Crimée. Il met fin à l’Em- pire grec de Trébizonde et occupe la Karamanie. Plus à l’est, il repousse les Iraniens. Ses succès militaires s’accom- pagnent d’une grande activité légis- lative (promulgation du Kanunname, le premier code de lois turques) et culturelle : parmi d’autres documents, l’album de peintures de Fatih, conservé à la bibliothèque de Topkap, dévoile, par ses oeuvres d’inspiration chinoise, centrale-asiatique, italienne, persane, l’extraordinaire curiosité intellectuelle et l’humanisme de l’époque. Bayezid le Saint et Selim le Terrible À la mort du Conquérant, Bayezid II Veli (1481-1512) est gouverneur d’Amasya. Le grand vizir favorise son frère Cem Sultan (1459-1495), mais les janissaires se prononcent pour Baye- zid (Bajazet), qui leur accorde, comme l’avait déjà fait son père, « le don d’avè- nement » : la redoutable milice com- mence à jouer un rôle politique et à le faire payer. Cem, plusieurs fois vaincu, se réfugie en Europe : il y mourra en 1495, à Naples, sans doute assassiné par ordre du pape Alexandre VI, non sans avoir auparavant défrayé les chroniques. Le nouveau sultan est un prince pa- cifique qui, aux raids de ses officiers en Allemagne et dans la plaine du Pô, préfère ses traités avec les Mame- louks d’Égypte, les Séfévides d’Iran, avec les Hongrois, avec Venise. Il sera contraint à l’abdication par son troisième fils, Selim, soutenu par les janissaires. Prudemment, dès son intro- 8076 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 15 L’apogée Soliman* grade ; en 1522, il débarque à Rhodes ; que les kzlaraas jouèrent fut toujours duits chez ceux qui sont devenus ses en 1526, il remporte sur Louis de Hon- désastreux. successeurs. Par surcroît de malheur, le Magnifique grie l’éclatante victoire de Mohács et Dans cet univers clos, concentration- le Proche-Orient perd son importance Süleyman, que nous nommons Soli- naire, composé en grande partie de annexe Buda. Pour un siècle et demi économique depuis la découverte de man le Magnifique et à qui les Turcs la Hongrie est placée sous domination femmes, d’enfants et de châtrés, où la l’Amérique. mort frappait quotidiennement, où tout donnent le nom de « Législateur » ottomane. En 1529, il est sous les murs Les révoltes qui ensanglantent les le monde était esclave du maître, où cha- (Kanunî), est sans aucun doute le plus de Vienne, mais il ne peut pas prendre cun de ceux qui détenaient une parcelle dernières années du XVIe s. font pré- grand souverain des Ottomans. Sous la ville ; en 1532, il pénètre en Styrie... d’autorité incitait les autres à la débauche, voir l’avenir. L’attitude des souve- son règne, l’Empire atteint au plus haut Quand il meurt à soixante-douze ans, vivaient les princes les plus autocrates que rains aussi. Mehmed III (1595-1603) niveau de puissance, à la plus brillante le monde eût connus :on comprend que la son État est le premier en Europe et en ne peut accéder au trône qu’en massa- civilisation (illustrée en particulier vigoureuse race des Ottomans y perdit peu Asie occidentale. crant ses nombreux frères. Incapable, il à peu ses vertus originelles. par une immense activité architectu- s’enferme dans le harem et laisse gou- rale conduite par le génial architecte Au début du XIXe s., Mahmud le Réforma- verner sa mère, Safiye (la Vénitienne Le harem teur, qui avait dû défendre sa vie épée au Mimar Sinan* [1489-1578 ou 1588], poing dans un escalier du harem, arracha Baffa), déjà toute-puissante au temps constructeur des mosquées de Chh En 1541, sous l’influence de Roxelane sa famille à l’emprise maléfique de Topkap de Murad III. Ahmed Ier (1603-1617), Zade [ehzade camii] et Süleymaiye (v. 1504-1558), concubine puis femme de et fit mettre en chantier le palais de Dol- en se débarrassant d’elle, essayera de à Istanbul*, Selimiye, à Edirne). Il re- Soliman le Magnifique, le harem est trans- mabahçe : échappant aux intrigues et aux reprendre le pouvoir, mais, versatile, porté au nouveau palais de Topkap :signe çoit ses institutions définitives et toute caresses des femmes, l’Empire ne pouvait annonciateur de la décadence. Dès lors, violent, influençable, épris de chasse sa structure administrative. Son chef, plus être le même, mais il était trop tard. dans le cadre justement célèbre de cette et de poésie, d’une avarice sordide, il servi sur terre et sur mer par de grands immense et somptueuse résidence, les sul- laissera si peu de temps en place ses capitaines, parmi lesquels les frères tans vont demeurer de plus en plus enfer- gouverneurs et ses ministres que ceux- L’Empire au XVIe siècle Barberousse (Barbaros Hayreddin Paa més, renonçant à diriger les armées et sou- ci n’auront d’autre souci, eux aussi, [v. 1467-1546] et Oruç Reis [† 1518]) vent les affaires, s’adonnant à l’oisiveté, au Aux conquêtes de Süleyman viennent que de s’enrichir. Aussi sera-t-il obligé et le grand vizir Sokullu Mehmed Paa plaisir, quand ce n’est pas à la débauche. s’adjoindre celles de son fils Selim II de mettre fin à l’interminable guerre (1505-1579), se pose en arbitre de Le pouvoir que Roxelane exerce déjà Mest (l’Ivrogne) [1566-1574], prince européenne par le traité de Zsitvatörök l’Europe. Au cours de son long règne sur son royal époux va être convoité par incapable heureusement servi par le (nov. 1606), qui consacre à peu près toutes les sultanes mères, par toutes les (1520-1566), il ne mène pas moins de grand vizir Sokullu (Chypre et As- premières épouses, et, hélas, très souvent le statu quo en Europe entre les Impé- treize campagnes, dix en Europe, trois trakhan sur la Caspienne), et celles de obtenu. Il importe, pour chacune des riaux et les Ottomans. en Asie. centaines de concubines (il y en eut par- son petit-fils Murad III (1574-1595) En Asie, Soliman vainc l’Iran, fois plus de 1 500), de capter la faveur du [Géorgie, Luristn]. La célèbre ba- Les incertitudes s’empare de Bagdad et de la majeure prince, de lui donner un fils. Il importe pour taille de Lépante (oct. 1571), qui voit toutes les mères que leur fils règne, non du XVIIe siècle partie de l’Iraq. Sur mer, ses corsaires la destruction de la flotte ottomane, seulement parce que par lui elles régne- s’installent à Tunis et à Alger (1516), n’est qu’un incident pour les Turcs : la Si l’on considère l’Empire ottoman ront, mais seulement parfois pour assurer à Aden et lancent des expéditions puissance navale sera vite reconstituée. de l’intérieur, le XVIIe s. donne tous qu’il vive. Ainsi les intrigues, les meurtres jusqu’en Inde. Ainsi, tout le monde Mais cette victoire donne un immense les signes d’une complète décadence. se multiplient : on élimine les rivales, on arabe, à l’exception du Maroc, passe élimine leurs enfants. La dure mais effi- espoir à l’Occident en prouvant que, La succession régulière de père en sous la coupe ottomane. En Europe, cace loi qui veut que le Sultan intronisé contrairement à ce qu’on croyait, les fils est abandonnée par Ahmed Ier, qui les guerres d’Italie et la rivalité des exécute ses frères pour éviter les crises de musulmans ne sont pas invincibles. désigne comme successeur son frère succession ajoute encore à l’horreur des maisons de France et d’Autriche favo- L’Empire est devenu démesuré. Il Mustafa Ier. Pourtant, en 1618, c’est le hécatombes : Mehmed III, par exemple, risent le Sultan. Bientôt, un étrange s’étend de la frontière de l’Autriche fils d’Ahmed Ier, Osman II, qui est pro- fera étrangler ses dix-neuf frères, coudre système d’alliance s’organise qui rend dans des sacs et jeter à la mer leurs concu- au golfe Persique, de la mer Noire aux clamé Sultan à l’âge de quatorze ans. partenaires d’une part François Ier* et bines enceintes. Quand Ahmed Ier abolit le confins marocains. Il englobe l’Anato- Malgré son jeune âge, le prince com- Soliman, d’autre part Charles Quint, fratricide, c’est peut-être pire encore. Les lie (le pays des Turcs) et la Transcau- prend qu’il est indispensable de mettre Louis II de Hongrie (1516-1526) et princes sont alors enfermés à vie dans un casie, la Syrie, la Palestine, une partie fin àla corruption. Mais il se heurte aux ahmsp (1524-1574) d’Iran. Les rela- bâtiment du harem, le kafes (la cage), bâti- de l’Iraq, l’Arabie, l’Égypte, la Cyré- gens en place et à l’armée. Les janis- ment assez confortable et servi par des eu- tions amicales de la France et du Turc naïque et la Tripolitaine, les régions saires pénètrent dans le sérail, déposent nuques et des femmes stériles, mais dont provoquent un immense scandale, sur- côtières de la Tunisie et de l’Algérie ; leur souverain, puis l’exécutent (1622). on ne peut sortir que si quelque révolution tout quand les hasards de la guerre les le nord du Caucase, le Kouban, la Cri- Dès lors, conscients de leur force, ils vous porte au pouvoir. On en vit qu’il fallut amènent à opérer ensemble (en Corse, traîner presque inconscients à la cérémo- mée, l’Ukraine méridionale, l’actuelle ne cesseront plus d’intervenir à toute ou devant Nice, bombardée par la flotte nie de la remise du sabre, qui équivaut à Roumanie, la plus grande partie de la occasion, disposant souvent de princes franco-turque et prise en 1543). Pour- notre couronnement. Hongrie et les terres qui forment au- qu’on ne met plus à mort, mais qu’on tant, l’une et l’autre en tirent des avan- Le harem fut d’abord gardé par des jourd’hui la Yougoslavie, l’Albanie, la enferme lors de l’intronisation d’un tages. Par le régime des capitulations, eunuques blancs, importés de l’étranger, Grèce et la Bulgarie. Il n’a plus, en ap- des leurs. Dans les premières années privilèges commerciaux et religieux souvent de pays chrétiens (début XVe s.). parence, que deux adversaires : l’Iran du règne de Murad IV (1623-1640), la Mais Caucasiens ou Balkaniques suppor- gracieusement accordés par le Sultan, à l’est, l’empereur à l’ouest, et cette grande jeunesse du Sultan permet à la taient mal la mutilation, et leur beauté les Français reçoivent la protection des petite mais tenace république de Ve- reine mère Kösem de diriger en fait la éveillait encore la suspicion. Vers 1485, ils Lieux saints et une position enviable au nise. Cependant ne serait-ce que pour politique. Les ministres se succèdent, le commencèrent à être remplacés par des Levant. Jalousées par toutes les autres Noirs, Éthiopiens et Tchadiens, bientôt de le tenir, il lui faudrait des princes d’une Trésor est vide ; les soldats demandent puissances, les capitulations seront plus en plus nombreux : on en compte énergie farouche, il faudrait aussi que soldes accrues et honneurs ; l’Ana- demandées au temps de la décadence jusqu’à six cents. Leur chef, le kzlaraas, ses dirigeants gardent leurs antiques tolie se soulève. Il faut que Murad, par Russes ou Autrichiens, et seront reçut rang de pacha, le commandement vertus. Or, précisément, à ce moment- mûri, se dévoile d’une férocité extrême des hallebardiers du palais et souvent l’occasion de continuelles interven- là, l’énergie se dissout, les vertus dis- pour que revienne dans l’Empire un l’autorité sur de très hauts fonctionnaires, tions des Européens dans les affaires paraissent. La richesse trop facilement peu d’ordre. Son frère Ibrahim (1640- y compris le surintendant des Finances. Sa intérieures ottomanes. Nous n’en acquise a donné le goût du plaisir et 1648), seul survivant de la famille, vic- puissance était naturellement accrue du sommes pas là. Süleyman va de suc- fait qu’il était seul à avoir droit d’approcher a fait naître la corruption. Tous les time d’une multitude d’assassinats, a cès en succès : en 1521, il prend Bel- nuit et jour le souverain. Le rôle politique anciens vices de Byzance se sont intro- passé son adolescence enfermé et dans 8077

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