UCL Université catholique de Louvain Centre interfacultaire d'étude en histoire des sciences Occident et Proche-Orient: Contacts scientifiques au temps des Croisades Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 24 et 25 mars 1997 édités par I. Draelants, A. Tihon et B. van den Abeele Réminisciences 5 BREPOLS Les échanges entre Orient et Occident au Moyen Age ont fait l’objet de nombreux travaux récents. En histoire des sciences, l’attention a porté en priorité sur l’activité de traduction et de rédaction dans l’Espagne arabo-latine et l’Italie méridionale. Le colloque de Louvain-la- Neuve s’est proposé d’explorer les contacts scientifiques dans un contexte moins étudié, les états latins de Palestine, du Xle au XlIIe s. Les contributions intéressent les trois principales Occident et Proche-Orient: cultures en présence: arabe, byzantine et latine. L’éventail des disciplines abordées couvre Contacts scientifiques l’alchimie, l’astronomie, l’histoire naturelle, les au temps des Croisades mathématiques, la médecine; une place est faite à l’histoire des techniques, ainsi qu’à certains Actes du colloque de milieux porteurs : la ville d’Antioche, la cour de Louvain-la-Neuve Frédéric II de Hohenstaufen. On découvre ainsi 24 et 25 mars 1997 que le Proche Orient des Croisades n’a pas seulement été un champ de bataille, mais qu’il y édités par a eu place aussi pour des découvertes, des I. Draelants, échanges, des influences réciproques. A. Tihon B. van den Abeele Textes de Ch. Burnett, A. Colinet, G. de Callataÿ, A. Djebbar, I. Draelants, D. Hasse, D. Juste, Centre interfacultaire d'étude D. Lohrmann, R. Mercier, F. Micheau, en histoire des sciences A. Tihon, St. Williams. ISBN 2 503 51116-3 - - 9782503511160 9 7825 3 51 60 Occident et Proche-Orient: Contacts scientifiques au temps des Croisades Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 24 et 25 mars 1997 Réminisciences 5 Occident et Proche-Orient : Contacts scientifiques au temps des Croisades Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 24 et 25 mars 1997 édités par Isabelle Draelants Anne Tihon Baudouin van den Abeele BREPOLS Illustrations de couverture: Tracé des cercles parallèles et des lignes horaires selon Théodore Méliténiote effectué par Régine LEURQUIN d’après le ms. Vaticanus gr. 792, fol. 48 r. Un médecin et un astrologue arabes au chevêt du roi Guillaume II de Sicile. Miniature du Liber ad honorem Augusti de Pierre d’Ebu- lo, circa 1197 (ms. Berne, Burgerbibliothek, 120 II, fol. 97 '). ISBN 2-503-51116-3 Dépôt légal D/2000/0095/82 Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. © 2000 BREPOLS S PUBLISHERS All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. Introduction L’historiographie relative aux échanges entre Orient et Occident au Moyen Age s’est largement développée durant les dernières décennies. En histoire des sciences, l’attention a porté en priorité sur l’activité érudite dans l’Espagne musulmane et l’Italie méridionale des XIe et XIIe siècles : les traductions, les commentaires et les compilations ont été soumises à des enquêtes approfondies et de nombreux textes se sont vus éditer. En revanche, le Proche-Orient a été moins étudié. Dans l’histoire de la vie intellectuelle du Moyen Age, l’idée que les Croisades n’ont guère compté dans les échanges scientifiques entre Orient et Occident est largement admise. C’est l’avis que développait dans les années vingt un des grands connaisseurs des sciences médiévales, Charles Haskins1. Il fut périodiquement répété depuis. Ainsi, Claude Cahen estimait en 1983 : « Ni à ce mouvement de traductions scientifiques, ni à la curiosité pour l’Islam, l’Orient latin ne participa »2. Nikita Elisséef, dans ses recherches sur les échanges culturels en Terre Sainte, constatait : « La Croisade déplaça surtout des hommes de guerre et des marchands, plus sensibles au confort de la vie arabe à l’époque qu’à la valeur de la culture musulmane »3. Marie-Thérèse d’Alvemy, qui a particulièrement étudié les questions d’échanges culturels et scientifiques, estimait également en 1984 : « The Latin kingdom of the crusaders was not a very favorable place for translating activity. Adelard’s alleged experience seems an isolated case ; scholars did not normally travel to Syria or Palestine to get acquainted with Arabic science. The clerics who settled in the East made little use of their opportunity, though a few texts circulating among Eastern Christians may have been translated of excerpted for apologetic purposes »4. A ces constats, diverses explications ont été avancées : le type de peuplement franc, le contexte de Guerre sainte, l’absence de grand centre intellectuel arabe dans les états latins d’Orient, la destruction de 1 Ch.H. HASKINS, Arabie science in Western Europe, dans Isis, 7 (1925), p. 48. 2 C. CAHEN, Orient et Occident au temps des Croisades, Paris, 1983, p. 113-114. 3 N. ELISSEEF, Les échanges culturels entre le monde musulman et les croisés à l’époque de Nur ad-Din b. Zanki (m. 1174), dans The meeting of two worlds. Cultural exchange between East and West during the period of the Crusades, Kalamazoo, 1986, p. 41. 4 M.Th. D’ALVERNY, Translations and Translators, dans Renaissance and Renewal in the Twelfth Century, éd. R.L. BENSON et G. CONSTABLE, Oxford, 1982, p. 438-439. _____________________________ Introduction ______________________________ livres et de bibliothèques lors des conquêtes, l’accès plus aisé aux trésors de la science arabe via l’Espagne et l’Italie méridionale. Il n’en demeure pas moins que la question n’a guère été étudiée en détail. Les perspectives de recherche ont évolué les dernières années et, sans aller jusqu’à faire des états latins d’Outremer une terre d’élection pour les sciences, divers chercheurs se sont intéressés à des personnages moins connus, à des phénomènes qui étaient restés dans l’ombre des grandes questions historiographiques. Deux volumes collectifs publiés en 1993 et 1996 offrent certaines contributions novatrices5, et divers articles récents invitent à nuancer le tableau6. Une société savante internationale met en liaison depuis 1980 les scientifiques intéressés par l’Orient latin7. Le cohoque organisé par le Centre interfacultaire d’études en histoire des sciences en 1997 et dont les contributions se trouvent ici éditées s’inscrit dans cette voie. L’objectif poursuivi pendant les deux jours de cette rencontre fut de se pencher sur ce versant moins connu de l’histoire des Croisades. Y a-t-il eu, à l’écart du fracas des armes, dans ces états latins d’Orient qui perdurèrent pendant deux siècles, des échanges scientifiques de quelque importance ? Des découvertes, des transmissions d’idées et de textes, des contacts réciproques avec le reste de la Méditerrannée y eurent-ils leur place ? Ce colloque a permis d’apporter certains éléments de réponse. L’éventail des disciplines abordées est large : il est question de textes astronomiques, mathématiques, encyclopédiques, alchimiques, zoologiques, médicaux. Une place est ménagée à l’histoire des techniques, ainsi qu’à l’étude de certains milieux culturels déterminants, tel celui de la ville d’Antioche, ou la cour de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen. Certaines contributions ont dépassé la moyenne qui leur est généralement octroyée ; c’est qu’elles offraient pour soutenir l’argumentation des documents qu’il aurait été dommage de ne pas éditer à cette occasion. En guise de préliminaire, il est utile de circonscrire le cadre culturel et géographique choisi. Le colloque s’était donné pour champ d’étude les trois 5 Crusaders and Muslims in Twelfth-Century Syria, éd. M. SHATZMILLER, Leyde - New York - Cologne, 1993 ; East and West in the Crusader states. Context - contacts - confrontations, éd. K. CIGGAAR, A. DAVIDS et H. TEULE, Leuven, 1996. 6 On pense en particulier aux études de Benjamin Kedar, dont plusieurs titres sont cités dans les contributions de Ch. Bumett et de S. Williams incluses dans ce volume. 7 La « Society for the Study of the Crusades and the Latin East » publie un Bulletin annuel qui signale toutes les publications récentes, les travaux en cours, les rencontres scientifiques ; elle organise des sessions spéciales lors des Congrès de Kalamazoo et Leeds, ainsi que des colloques spécifiques. ____________________________ ii ____________________________
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