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Nous opéraïstes : le roman de formation des années soixante en Italie PDF

208 Pages·2013·2.779 MB·French
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NOUS OPÉRAÏSTES DU MÊME AUTEUR (en français) Ouvriers et capital, Christian Bourgois éditeur, 1977 (nouvelle édition pré- vue en 2013 aux Editions Entremonde, Genève) La politique au crépuscule, Éditions de l'éclat, 2000 < Mario Tronti nous opéraïstes le 'roman de formation' des années soixante en Italie Traduit de l'italien par Michel Valensi / Editions d'en bas / Editions de l'éclat TITRE ORIGINAL JVoi operaisti ISBN 978-88-89969-91-5 © DeriveApprodi, Rome 2008. www.deriveapprodi.org © Editions de l'éclat, Paris, 2013, pour l'édition française en co-édition avec les Editions d'en bas, Lausanne www.lyber-eclat.net www.enbas.ch [N.d.é. ] « Bien que les hommes aient une tendance constante à regarder la guerre dans laquelle ils se sont engagés comme la plus importante de toutes, puis, lorsqu'elle est finie, à admirer plutôt celles d'autrefois, il suffit d'examiner les faits pour se convain- cre que celle-ci a surpassé toutes les précé- dentes. » Thucydide I, 21. Pour le lecteur informé de ce que fut l'histoire de l'Italie entre la fin des années 1950 et le début des années 70, ce livre se passe de sous-titres et de notes. Il peut être lu comme Yépitomê d'une histoire plus large, qui se déploie dans la masse de témoignages et de documents dont il constituait la préface, dans sa première édition italienne, et qui fut publiée aux édi- tions romaines, DeriveApprodi, en mai 2008 sous le titre : Uoperaismo degli anni Sessanta. Da Quaderni rossi a classe operaia, sous la direction de Giuseppe Trotta et Fabio Milana, accompagnée d'un CD proposant la collection complète en fac-similé de la revue classe operaia, 1964-1967. Pour celui qui, par contre, et pour une raison ou pour une autre, n'a pas à l'esprit le déroulement de ces évé- nements et les biographies de ses protagonistes, il paraîtra sans doute, sinon obscur, du moins quelque peu crypté ; c'est pourquoi l'éditeur français a jugé bon de le doter, pour éclairer quelques lanternes, de courtes notices en fin de volume, appelées par des astérisques dans le texte, pour expliquer ceci et cela, 8 N.D.É. dire qui était celle-ci ou celui-là, leurs rapports réci- proques, leurs relations aux autres, leur implication dans tel ou tel événement, etc. A ce lecteur désormais mieux informé s'offre alors une expérience inédite de lecture, et ce qu'il aura sous les yeux semblera, dans un premier temps, comme le 'roman' de ces années soixante italiennes, roman de formation à la première personne, « inspiré de faits réels », comme l'annonce de plus en plus sou- vent la production cinématographique d'un monde où il y a bien longtemps que la réalité singe la fiction. Mais cette «inspiration» ne signifie nullement que l'auteur ait pris la moindre liberté par rapport à ces faits, mais qu'il les a s\\\v\s jusqu'à la respiration de ses protagonistes, livrant ainsi au lecteur le souffle même de ce que fut cette expérience, son souffle de vie propre aussi, subjectif, distinct quelquefois dans cette inspi- ration collective, qui donne à ce livre une dimension inouïe dans la collection des ouvrages parus sur le sujet. Et c'est pourquoi il donne la chair de poule. Pour le passé et pour l'avenir. Puis, dans un second temps, viendra la question que Tronti pose lui-même en ouverture : Que nous sert aujourd'hui de revenir sur cette histoire ancienne, dont les acteurs «ont été trop clairsemés», ou n'ont pas survécu au contrecoup qu'a pu constituer la sor- tie par le goulet étroit d'un temps, le nôtre, étonnam- ment pauvre au regard de ce moment intense de vie et d'amitié humaines, et dont les résultats n'ont eu cela de probant qu'ils nous ont appris dans le meil- leur des cas à reconnaître nos erreurs? La réponse avait déjà été donnée vingt-cinq siècles plus tôt par l'historien Thucydide, acteur de sa propre histoire : N.D.É. 9 «Il me suffit que ces récits soient trouvés utiles par quiconque voudra se faire une juste idée des temps passés, et préjuger les incidents plus ou moins sem- blables dont le jeu des passions humaines doit amener le retour. » Et c'est la troisième dimension du livre de Tronti, en réflexion de cette histoire racontée : ce qui doit en amener le retour. Non que l'histoire se répète, mais que des conditions différentes, suffisamment nourries d'un passé d'une extraordinaire richesse de sentiments humains et de luttes, puissent conduire à une rééva- luation, dans des termes nouveaux, de ce que fut l'histoire de la classe ouvrière, qu'on avait tôt fait de reléguer aux oubliettes, sous prétexte que le projet qui s'en prétendait l'incarnation a conduit à la faillite que l'on sait. Et que cette réévaluation mène à son tour à une pratique sociale et culturelle en mesure de combattre avant que d'abattre le nouvel ancien ennemi. C'est pourquoi, nous dit Tronti, « cela, peut- être, sert-il, et peut-être même, cela intéresse-t-il » de savoir ce que furent ces nous opéraïstes, liés autant par le sens de l'amitié que par celui de l'engagement du côté d'une partie, d'une classe, dans la lutte contre un ennemi commun, d'autant que, et c'est la thèse, « la défaite ouvrière [du vingtième siècle] a été une tragédie pour la civilisation humaine » tout entière. A ce premier essai, publié ensuite séparément par DeriveApprodi en novembre 2009, l'éditeur italien a souhaité adjoindre trois textes courts de Mario Tronti, qui permettent d'éclairer ici ou là tel ou tel détail, même si, en substance, ils ne constituent que des « variations sur le thème », et en reprennent donc les formes et souvent les expressions. IO N.D.É. « Opéraïsme et politique » est une conférence tenue à Londres lors d'un colloque de la revue Histo- ricalMaterialism, sur le thème «Nouvelles directions dans la théorie marxiste», 8-10 décembre 2006. « Pourquoi l'opéraïsme encore ? » est une inter- vention faite à Rome, à l'université La Sapienza, en novembre 2006, à l'occasion de la réédition de Opérai e capitale [«Ouvriers et capital»], toujours chez DeriveApprodi, quarante ans après la première édi- tion. Cet ouvrage, classique, de 1966, publié chez l'éditeur turinois Einaudi, avait paru en traduction française aux Editions Christian Bourgois en 1977. Indisponible depuis longtemps, il devrait reparaître chez l'éditeur suisse Entremonde en 2013. « Mémoire et histoire des ouvriers » a été publié dans Classe operaia. Le identità : storia e prospettiva, Milano, Franco Angeli, 2001, qui rassemblait les actes d'un colloque tenu à Piombino l'année précé- dente. Il est repris ici avec la gracieuse autorisation de l'éditeur. Différemment des précédents, ce texte contient une proposition, concrète, de constitution d'un «Atlas de la mémoire » ouvrière. «Une Mné- mosyne prolétaire - conclut Tronti -, qui raconte, à travers des figures et des formes, les lieux et les temps d'une présence qui a produit une histoire, même si l'histoire, à la fin, par négation, l'a supprimée. Récu- pérer la richesse de cette présence passée, pour sortir d'un présent pauvre. » Programme du nouveau siè- cle, et qu'il nous reste encore à mettre en œuvre. NOUS OPÉRAÏSTES Je dédie ce petit livre, rouge à sa manière, aux plus jeunes militants qui, seuls, s'obstinent à rappeler et se souvenir qu'ilfut un temps des bonnes idées et des bonnes pratiques, qu'ilfaudrait s'employer de toutes sesforces à faire revenir. Et s'il ne revient pas, dommage pour ceux qui restent. m.t.

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