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Note du traducteur anglais - My Reader PDF

372 Pages·2013·1.2 MB·French
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Sri Nisargadatta Maharaj JE SUIS Note du traducteur anglais J'ai rencontré Sri Nisargadatta Maharaj il y a quelques années et j’ai été impressionné par la simplicité spontanée de son apparence et de son comportement et par la profonde et authentique rigueur avec laquelle il exposait son expérience. Quoique sa petite maison dans les ruelles de Bombay soit humble et difficile à trouver, beaucoup de gens en ont découvert le chemin. La plupart d’entre eux sont des Indiens qui s’expriment couramment en marathe, leur langue maternelle, mais il y avait également beaucoup d’étrangers qui avaient besoin d’un traducteur. Toutes les fois que j’étais présent cette tâche m'incombait. Beaucoup des questions qui étaient posées et des réponses données se révélaient être si intéressantes et si importantes que l’on enregistra ces dernières sur un magnétophone. La plupart des enregistrements furent en marathe-anglais (Maharaj n’utilisant que sa langue maternelle). Par la suite, chaque bande fut déchiffrée et traduite en anglais. Plus de cent bandes ont été enregistrées et préparées pour la présente publication. Ce ne fut pas ouvrage facile de traduire textuellement et en même temps d’éviter des répétitions fastidieuses. Nous espérons que la présente traduction de ces enregistrements ne réduira en aucune façon, l’impact qu’exerce cet être humain à l’esprit clair, généreux et de bien des façons insolite. Il est toujours positif de rencontrer des gens différents de soi. Cela donne une idée de ce que nous sommes réellement, si seulement nous n’avions pas peur. Une traduction en marathe de ces entretiens a été publiée à Bombay en quatre volumes. Sri Nisargadatta Maharaj a examiné en détail cette dernière. Cette version anglaise, quoique écrite auparavant, devrait-être considérée comme une traduction du texte original en marathe, dont on peut lire une version vérifiée par l'auteur. Maurice Frydman (1) (1) Maurice Frydman s'est eteint a Bombay, en pleine conscience, entoure de Maharaj et de quelque amis. Introduction Si l'on avait demandé à Sri Nisagadatta Maharaj de nous raconter sa vie, Ce dernier aurait certainement répondu qu’il n'y a rien de tel qu’une naissance, une croissance et que rien n’est jamais arrivé... C'est donc auprès de parents ou disciples qu’on peut savoir que Sri Nisagadatta Maharaj est né à Bombay en mars 1897 et que son prénom est Maruti. Son père et sa mère menèrent la vie de simples fermiers au Sud de Bombay. C’est dans une ambiance laborieuse et religieuse que s’écoula l'enfance de Maharaj. En 1918, quelques années après la mort de son père, Maharaj fut engagé comme employé de bureau, mais son esprit independant et énergique lui fit préférer la vie de commerçant. L’ouverture d'une échoppe de petites cigarettes indiennes (bidis) fut rapidement suivie de plusieurs autres. En 1924, il se maria à Sunatibaï qui lui donna un fils et une filles. Sa soif de recherche intérieure qui s’était manifestée alors qu’il etait enfant demandait des réponses. C’est alors qu’un de ses amis lui fit faire la connaissance en 1933 de celui qui allait devenir son Maître Sri Siddharameshwar Maharaj de la Tradition des Navnath Sampradaya(1) Ce dernier lui conseilla de ne s’occuper que d’une seule chose Tu n’es pas ce que tu crois être. Trouve ce que tu es. Observe le sens de Je Suis découvre ton véritable Soi. ]’ai fait ce qu’il m’a dit de faire. Tout temps gagné, je le consacrais à m’observer en silence. Cela opéra en moi un changement rapide et profond. Il ne me fallut pas plus de trois années pour réaliser mon être véritable. En 1937, un an après la mort de son Maître, Maharaj abandonna sa famille, ses affaires et mena une vie de moine errant à travers l’Inde. En chemin vers les Himalaya, où il avait projeté de passer le reste de ses jours, il fit la rencontre d’un des disciples de son Maître qui le persuada des défauts d’une vie totalement détachée du monde et de l’immense fécondité spirituelle qu’il y a à s’abstenir de passion dans l’action. A son retour à Bombay, Maharaj trouva toutes ses échoppes à l’abandon, sauf une. Satisfait de peu, il se remit à la tâche, dans le seul intérêt de sa famille, consacrant toute son énergie au travail spirituel. Il se construisit au-dessus de ses deux petites pièces un endroit pour la méditation. Peu à peu, les gens furent attirés par sa sagesse et son don de parole. Plus tard, quand son fils prit sa succession, les réunions passèrent de la rue à sa loggia. Au fil des années, Maharaj perdit sa femme et deux de ses filles. C’est là, dans ce quartier surpeuplé de Bombay que Maurice Frydman, le traducteur du présent livre, découvrit celui qui allait devenir son Maître. Patiemment, lui qui avait rencontré Ramana Maharshi, et qui avait suivi inlassablement pendant plus de trente années J. Krishnamurti, se mit tout d’abord à écouter, puis à enregistrer et enfin à retranscrire, avec la plus grande rigueur, l’extraordinaire livre d’entretiens que vous allez pouvoir lire. La parution de louvrage eut comme conséquence de faire affluer auprès de Maharaj, tous ceux, nous, vous, moi qui sommes aux prises avec des problèmes personnels, qu’ils soient spirituels, intellectuels ou tout simplement affectifs. Tous les jours de 8 h 30 à 12 h 30 et de 16 h 30 à 18 h 30, Maharaj écoutait, sans exclusive, chacun. Tous les concepts alors choyés ou haïs étaient vus pour ce qu’ils étaient: de simples créations mentales... Mais la lecture des pages qui vont suivre, vous parlera beaucoup mieux que je ne pourrais le faire... A partir de 1980, Maharaj alors atteint d’un cancer écourta sensiblement les entretiens qu’il accordait. Ce dernier ne répondait alors qu’aux question essentielles ; bien peu se sont alors aventurés â poser des questions ! (1) Maharaj s'est éteint le 8 septembre 1981 à 19 h 30. G.R. (1) Depuis sa disparition, les Éditions des Deux Océans ont fait paraître deux recueils d'entretiens récents“: Graines de conscience et « Sois ! ». Je suis 1. Q: Au réveil le monde surgit tous les jours nous en faisons l’expérience. D’où cela vient-il? M: Avant qu’une chose ne vienne à être, il faut qu’il y ait une personne à qui elle puisse se manifester. Toute apparition, comme toute disparition, présuppose un changement par rapport à un arrière-plan sans changement. Q: Avant de m’éveiller j’étais inconscient. M: Dans quel sens ? D’avoir oublié, ou de n’avoir rien ressenti ? Même inconscient, ne ressentez-vous rien ? Pouvez-vous exister sans connaître ? Un trou de de mémoire est-il une preuve de non-existence ? Et pouvez-vous vraiment. parler de votre propre non-existence comme d’une expérience réelle ? Vous ne pouvez même pas dire que votre mental n’existait pas. Est-ce un appel qui vous a réveillé ? Et en vous réveillant n’est-ce pas la sensation « je suis » qui s’est d’abord manifestée ? Une sorte de graine de conscience devait exister, même pendant votre sommeil ou votre évanouissement. Au réveil l’expérience se déroule ainsi « Je suis... le corps... dans le monde ». Cela peut avoir l’apparence d’une succession, mais, en fait, il y a simultanéité : l’idée d’avoir un corps dans le monde. Peut-il y avoir la sensation du « je suis » s’il n’y a pas quelqu’un ou quelque autre chose ? Q: Je suis toujours quelqu’un avec ses souvenirs et ses habitudes. Je ne connais aucun autre « je suis ». M: Petit-être quelque chose vous empêche-t-il de connaître. Quand vous ne connaissez pas une chose que d’autres connaissent, que faites-vous ? Q: Je cherche la source de leur connaissance en suivant leurs indications. M: N’est-il pas important pour vous de savoir si vous n’êtes qu’un simple corps ou quelque chose d’autre ? Ou peut-être rien du tout ? Ne voyez-vous pas que tous vos problèmes sont ceux de votre corps nourriture, vêtements, maisons, amis, nom, réputation, sécurité, survie, tout cela perd son sens quand vous réalisez que vous pouvez ne pas être qu’un simple corps. Q: Quel bénéfice tirerai-je de savoir que je ne suis pas ce corps ? M: Même dire que vous n’êtes pas le corps n’est pas tout à fait vrai. D’une certaine manière vous êtes tous les corps, les cœurs, les esprits, et bien plus encore. Plongez profondément dans la sensation je suis et vous trouverez. Comment retrouvez-vous une chose égarée ou oubliée ? Vous la gardez présente à l’esprit jusqu’à ce qu’elle vienne à vous. La sensation d’être, du je suis est la première à émerger. Demandez- vous d’où elle vient, ou contentez-vous de la contempler avec calme. Lorsque le mental se fixe, immobile, sur je suis vous entrez dans un état que vous ne pouvez exprimer mais que vous pouvez expérimenter. Tout ce que vous avez à faire, c’est d’essayer sans relâche. Après tout, cette sensation je suis vous est toujours présente, mais vous y avez greffé toutes sortes de choses corps, sentiments, pensées, opinions, possessions intérieures ou extérieures, etc. A cause d’elles, vous vous prenez pour ce que vous n’êtes pas. Q: Mais alors que suis-je M: Il vous suffit de savoir ce que vous n’êtes pas. Vous n’avez pas besoin de savoir ce que vous êtes. Car tant que connaissance signifie description en fonction de ce qui est déjà connu, perceptions ou concepts, il ne peut y avoir connaissance de soi, car ce que vous êtes ne peut être décrit que comme une négation de tout. Tout ce que vous pouvez dire c’est Je ne suis pas ceci, je ne suis pas cela vous ne pouvez raisonnablement dire : « Voilà ce que je suis ».Cela n’a tout simplement aucun sens. Ce que vous pouvez désigner par « ceci » ou « cela » ne peut pas être vous. Pas plus que vous ne pouvez être « quelque chose d’autre ». Vous n’êtes rien d’imaginable. Cependant, sans vous, il ne peut y avoir ni perception ni imagination. Vous observez votre cœur sentir, votre mental penser, votre corps agir; le fait même de percevoir montre que vous n’êtes pas ce que vous percevez. Peut-il y avoir expérience ou perception sans vous ? Une expérience « doit appartenir à » Quelqu’un doit venir la réclamer comme sienne. Sans l’expérimentateur l’expérience n’a pas de réalité. C’est l’expérimentateur qui donne sa réalité à l’expérience. De quelle valeur serait pour vous une expérience que vous ne pourriez pas avoir ? Q: La sensation d’être expérimentateur, la sensation du je suis n’est-ce pas aussi une expérience ? M: Évidemment toute chose expérimentée est une expérience. Et chaque expérience manifeste son expérimentateur. La mémoire crée l’illusion de la continuité. En réalité chaque expérience a son propre expérimentateur et l’impression d’identité est due au facteur commun qui est à la racine de toute relation expérienceéxpérimentateur. Identité et continuité ne sont pas la même chose. De même que chaque fleur possède sa couleur propre mais que toutes les couleurs sont causées par la même lumière, des expérimentateurs apparaissent dans la conscience pure indivisée et indivisible, séparés dans la mémoire, identiques dans leur essence. Cette essence est la racine, la base, la possibilité intemporelle et non-spatiale pour toute expérience d’apparaître. Q: Comment puis-je l’atteindre ? M: Vous n’avez pas à l’atteindre, vous l’êtes. Cela viendra à vous si vous lui donnez une chance. Débarrassez-vous de votre attachement à l’irréel et le réel prendra sa place rapidement et sans heurt. Cessez d’imaginer que vous existez, ou que vous faites ceci ou cela, et vous réaliserez que vous êtes la source et le cœur de toute chose. Il vous viendra alors un grand amour qui ne sera ni un choix, ni une prédilection, ni un attachement, mais un pouvoir qui rend toute chose aimable et digne d’amour. 2. Q: Maharaj, vous êtes assis-la, devant moi, et je suis à vos pieds. Quelle différence fondamentale y a-t-il entre nous ? M: Il n’y a pas de différence fondamentale. Q: Cependant, il doit bien y en avoir une. Je viens vous voir, vous non. M: Parce que vous imaginez des différences, vous allez ici et là, à la recherche de gens supérieurs Q: Mais vous êtes une personne « supérieure ». Vous dites connaître le réel alors que je ne le connais pas. M: Vous ai-je jamais dit que vous ne savez pas et que par conséquent vous êtes inférieur ? Laissez ceux qui inventent de telles distinctions en faire la preuve. Je ne prétends pas savoir ce que vous ne savez pas. En fait j’en sais bien moins que vous. Q: Vos paroles sont sages, votre comportement noble, votre grâce toute puissante. M: Je ne sais rien de tout cela et ne vois aucune différence entre vous et moi. Ma vie, comme la vôtre, est une succession d’événements. Seulement je suis détaché et je considère le spectacle qui passe comme un spectacle qui passe alors que vous adhérez aux choses et que vous vous déplacez en même temps qu’elles. Q: Qu’est-ce qui vous rend si calme, si détaché ? M: Rien de particulier. Il s’est trouvé que j’ai fait confiance à mon Maître. Il m’a dit que je n’étais rien d’autre que moi-même et je l’ai cru. En lui faisant confiance, je me suis conduit en conséquence et j’ai cessé de me tourmenter pour ce qui n’était pas moi ni à moi. Q: Pourquoi avez-vous eu la chance de faire entière confiance à votre Maître, alors que nous n’avons confiance que dans les mots et les paroles ? M: Qui petit le dire ? C’est arrivé ainsi. Les choses arrivent sans cause ni raison. et après tout, quelle importance de savoir qui est qui ? La haute opinion que vous avez de moi est vôtre. Vous pouvez en changer à tout momemt. Pourquoi attacher de l’importance aux opinions, même aux votre? Q: Cependant vous êtes différent. Votre mental semble en permanence calme et heureux. Et des miracles se produisent autour de vous. M: Je ne connais rien en matière de miracles et je me demande si la nature tolere des exceptions à ses lois. A moins d’admettre que tout est miracle. En ce qui concerne mon mental, il n’y a rien de tel. Il y a la conscience dans laquelle tout arrive. Cela est évident et l’expérimenter est à la portée de tous. C’est simplement que vous ne regardez pas assez attentivement. Regardez attentivement et voyez ce que je vois. Q: Que voyez-vous ? M: Si le centre de votre attention n’était pas mal placé vous pourriez voir, ici et maintenant, ce que je vois. Vous ne prêtez aucune attention à vous-même. Votre mental s’attache totalement aux choses, aux gens et aux idées et ne porte jamais vers vous. Centrez votre attention sur vous, devenez conscient de votre propre existence. Regardez-vous agir, examinez les motivations et les résultats de vos actions. Etudiez la prison que, par inadvertance, vous avez construite autour de vous. en sachant ce que vous n’êtes pas vous en arriverez à vous connaître. Le retour vers vous-même passe par les refus et les rejets. Une chose est certaine, le réel n’est pas imaginaire, ce n’est pas un produit de la pensee. Même la sensation du « je suis » n’est pas continue, bien qu’elle soit une indication utile elle montre où chercher mais pas que chercher. Simplement, étudiez-la bien. Dès l’instant où vous serez profondément convaincu de ne rien pouvoir dire d’autre de vous que je suis et que rien qui puisse être désigné soit vous, le besoin du je suis sera dépassé et vous ne serez plus appliqué à vous définir avec des mots. Tout ce dont vous avez besoin, c’est de vous débarrasser de la tendance à vous définir. Toutes les definition ne s’appliquent qu’au corps et à ses expressions. Une fois l’obsession du corps disparue vous retournerez spontanément et sans effort à votre etat naturel. La seule différence qu’il y ait entre nous c’est que je suis conscient de mon état naturel alors que vous êtes dans la confusion. De meme que l’or des bijoux n’est pas supérieur à la poudre d’or, sauf si l’esprit le decide, de même dans l’être nous sommes un, seule notre apparence est differente. Nous le découvrons en étant sérieux, en cherchant, en enquêtant, en questionnant à longueur de jours et d’heures, en consacrant notre vie à la recherche, à la découverte. 3. Q: Comme je peux le constater, il n’y a rien de mauvais dans mon corps ou mon être réel. Ni l’un ni l’autre ne sont de mon fait et ils ne demandent pas d’amélioration. Ce qui a été de travers, c’est mon « corps intérieur » appelez-le mental, conscience, antahkarana, peu importe son nom. M: Que voyez-vous de mauvais dans votre mental ? Q: Il est inquiet, avide de ce qui est agréable, il fuit ce qui est désagréable. M: Qu'y a-t-il de mal à chercher l’agréable et se détourner du désagréable la rivière de la vie coule entre les rives de la souffrance et du plaisir. Il n’y a de problème que si le mental refuse de couler avec la vie et reste cloué aux rives. Ce que j’entends par couler avec la vie, c’est l’acceptation, laisser venir ce qui vient et laisser aller ce qui va. Ne désirez pas, n’ayez pas peur, observez le présent tel qu’il est et quand il arrive, car vous n’êtes pas ce qui arrive, mais celui à qui en arrive. Et au fond, vous n’êtes même pas l’observateur. Vous êtes la potentialité ultime dont la conscience qui embrasse tout est la manifestation et l’expression. Q: Il existe cependant, entre le corps et le soi, une brume de pensées et de sentiments qui ne sont utiles ni au corps ni au soi. Ces pensées et ces sentiments sont sans consistance, transitoires et dépourvus de significations, simple poussière mentale aveuglante et étouffante, et pourtant ils sont la à obscurcir et à détruire. M: Le souvenir d’un événement ne peut certainement pas passer pour l’événement lui-même, pas plus que son anticipation. Il y a dans l’événement présent quelque chose d’unique, d’exceptionnel que n’ont ni l’événement passé ni celui à venir. Il y a en lui une plénitude, une réalité il s’impose, comme illuminé. Il y a sur le présent l’empreinte de la réalité ce que n’ont ni le passe ni le futur. Q: Qu’est-ce qui donne au présent cette « empreinte de la réalité » ? M: Il n’y a rien dans l’événement présent qui le rende différent du passé ou du futur. Car le passé fut réel l’espace d’un instant et le futur le deviendra. Qu’est-ce qui rend le présent si différent ? Ma présence, évidemment. Je suis réel parce que je suis toujours maintenant, dans le présent, et ce qui est avec moi, maintenant, participe de ma réalité. Le passé est dans la mémoire, le futur dans l’imagination. Il n’y a rien dans le présent lui-même qui le fasse ressortir comme réel. Ce peut être un fait banal, répétitif, comme le battement d’une horloge. Bien que nous sachions que chaque battement est identique aux autres, le battement présent est entièrement différent du précédent et du suivant, qui sont, eux, remémorés ou attendus. Une chose qui fixe mon attention dans le maintenant m’est présente parce que je suis toujours présent c’est ma propre réalité que je communique à l’événement présent. Q: Mais nous traitons les souvenirs comme s’ils étaient réels. M: Nous ne nous occupons des souvenirs que lorsqu’ils font irruption dans le présent. Ce qui est oublié ne nous importe que si nous nous le rappelons - ce qui implique son irruption dans le présent. Q: Oui, je peux voir qu’il y a dans le maintenant quelque facteur inconnu qui donne une réalité momentanée à la réalité transitoire. M: Nul besoin de le déclarer inconnu puisque vous le voyez à l’œuvre constamment. A-t-il jamais changé depuis votre naissance Les choses et les pensées n’ont pas cessé de changer. Mais la sensation que ce qui est maintenant est réel n’a jamais changé, même en rêve. Q: Dans le sommeil profond il n’y a pas de perception de la réalité présente. M: Le vide du sommeil profond est entièrement dû à l’absence de souvenirs spécifiques. Mais il subsiste une sensation générale de bien-être. Les sensations sont différentes si je dis: « J’étais profondément endormi » ou, «j’étais absent ».Dans le sommeil le corps fonctionne au-dessous du seuil de la conscience cérébrale. Q: Reprenons la question par laquelle nous avons débuté entre la source de la vie et l’expression de la vie (qui est le corps), il y a le mental et ses états toujours changeants. Le flot des états mentaux est perpétuel, sans signification et douloureux. La souffrance en est le facteur constant. Ce que nous appelons plaisir N’est qu’une brèche, un intervalle entre deux états pénibles. Le désir et la peur sont la chaîne et la trame de la vie et tous deux sont faits de souffrance. Notre question est celle-ci peut-il y avoir un mental heureux ? M: Le désir est le souvenir du plaisir et la peur est le souvenir de la douleur. Tous les deux rendent le mental agité. Les instants de plaisir ne sont que des îlot dans le flot de la souffrance. Comment le mental pourrait-il être heureux Q: Il est vrai que nous désirons le plaisir et que nous nous attendons à la souffrance. Mais il y a des moments de joie inattendus, imprévus. Une joie pure qui ne contamine pas le désir, que nous n’avons pas cherchée, pas désirée, un don de Dieu. M: Il n’en reste pas moins que la joie n’est joie que sur un fond de souffrance. Q: La souffrance est-elle un fait cosmique ou purement mental ? M: L‘univers est complet et là où il y a plénitude, où rien ne manque, qu’est-ce qui pourrait être cause de souffrance ? Q: L’univers peut être complet en tant que totalité mais incomplet dans ses parties M: Une partie de tout considérée relativement au tout est, elle aussi, complète. Elle ne devient incomplète, et donc source de souffrance, que vue isolée Qu’est-ce qui nous dirige vers l’isolement Q: Les limitations du mental, bien sur. Le mental ne peut pas voir le tout nom la partie. M: Pas mal. De par sa nature le mental divise et oppose. Ne pourrait-il pas y avoir un autre mental qui unisse et harmonise, voyant le tout dans la partie et la partie en totale relation au tout ? Q: l’autre mental... ou le chercher ? M: En allant au-delà du mental qui limite, divise, oppose. En éteignant le processus mental tel que nous le connaissons. Lorsque ce processus cesse, l’autre mental est né. Q: Dans ce mental les problèmes de joie ou de misère n’existent plus ? M: Pas tels que nous les connaissons, c’est-à-dire désirables ou répugnants. cela devient plutôt une question d’amour qui cherche à s’exprimer et qui rencontre des obstacles. L’esprit qui inclut c’est l’amour en action qui se bat contre les circonstances, d’abord vaincu, puis victorieux en dernier ressort. Q: Est-ce l’amour qui est le pont entre le mental et le cœur ? M: Quoi d’autre. Le mental crée l’abîme, le cœur le traverse. 4. Q: Nous nous sommes posé à plusieurs reprises la question de savoir si l’univers était soumis à la loi de la causalité ou s’il existait et fonctionnait en dehors de cette loi. Vous semblez partager l’opinion qu’il est sans cause, que toute chose, même la moindre, est sans cause, apparaissant et disparaissant sans aucune raison. M: Causalité signifie succession dans le temps d’événements situés dans l’espace, l’espace étant soit mental, soit physique. Le temps, l’espace, les causes sont des catégories mentales qui naissent et s’évanouissent avec le mental. Q: Tant que le mental fonctionne, la causalité est une loi valable. M: Comme tout ce qui est mental, cette prétendue loi de causalité se contredit elle- même. Rien de ce qui existe n’a de cause spécifique l’univers entier contribue à l’existence de la plus petite des choses rien ne pourrait être ce qu’il est sans que l’univers soit ce qu’il est. Quand la source et le fondement de toute chose sont la seule cause de tout, parler de causalité comme d’une loi universelle est une erreur. L’univers n’est pas limité par son contenu parce que ses potentialités sont infinies; par ailleurs, il est la manifestation, ou l’expression, d’un principe totalement et fondamentalement libre. Q: Oui, on peut comprendre qu’en fin de compte, parler d’une chose comme étant la seule cause d’une autre chose soit entièrement faux. Cependant dans la vie réelle nous prenons sans cesse des initiatives en vue de résultats. M: Oui, il y a beaucoup d’activités de ce genre qui continuent, à cause de l’ignorance. Si on savait que rien ne peut se produire sans que l’univers entier ne le produise, on en ferait bien davantage en dépensant bien moins d’énergie. Q: Si chaque chose est une expression de la totalité des causes, comment peut-on parler d’une action réfléchie en vue d’un résultat ? M: Le désire-même d’accomplir est également une expression de tout l’univers. Cela montre simplement que le potentiel énergétique s’est élevé à un point particulier. C’est l’illusion du temps qui vous fait parler de causalité. Quand on voit le passé et le futur dans un maintenant intemporel faisant partie d‘un projet commun, l’idée de cause-effet perd toute valeur et la liberté créatrice prend sa place. Q: Cependant, je ne vois pas comment une chose peut venir à l’existence sans une cause. M: Quand je dis qu’une chose est sans cause je veux dire qu’elle peut être sans cause précise. Votre mère n’était pas nécessaire pour vous donner naissance ; vous auriez pu naître d’une autre femme. Mais vous n’auriez pas pu naître sans la terre et le soleil. Même ceux-ci n’auraient pu causer votre naissance sans le facteur le plus important votre propre désir de naître. C’est le désir qui qui donne la naissance, qui donne le nom et la forme. On imagine et on veut le désirable et il se manifeste comme quelque chose de tangible ou de concevable. C’est ainsi qu’est créé le monde dans lequel nous vivons, notre. monde personnel. Le monde réel est hors du champ du mental;nous le voyons à travers le filet de nos désirs, divisé en plaisir et misère, juste et faux, intérieur et extérieur. Pour voir l’univers tel qu’il est vous devez passer de l’autre côté du filet. Ce n’est pas difficile, le filet est plein de trous. Q: Que voulez-vous dire par trous ? Et comment les trouver ? M: Regardez le filet et ses nombreuses contradictions. Vous faites et défaites A chaque pas. Vous désirez la paix, l’amour, le bonheur, et vous travaillez durement à créer la misère, la haine et la guerre. Vous voulez la longévité et vous vous gavez; vous recherchez l’amitié et vous exploitez. Considérez votre filet comme tissé de telles contradictions et supprimez-les : le simple fait de les voir suffira à les faire s’évanouir. Q: Puisqu‘en voyant la contradiction je la supprime, n’y a-t-il pas de lien causal entre mon regard et la suppression ? M: La causalité, même comme concept, ne s’applique pas au chaos. Q: Dans quelle mesure le désir est-il un facteur causal ? M: C’est un facteur parmi de nombreux autres. Pour chaque chose il y a d’innombrables facteurs. Mais la source de tout ce qui est, C’est l’Infinie Possibilité, la Réalité Suprême qui est en vous et projette sa puissance, sa lumière et son amour sur chaque expérience. Mais cette source n’est pas une cause et nulle cause n’est une source. C’est pourquoi je dis que tout est sans cause. Vous pouvez essayer d’étudier la façon dont une chose se produit, mais vous ne pouvez pas découvrir pourquoi une chose est ce qu’elle est. Une chose est ainsi parce que l’univers est ce qu’il est. 5. Q: La conscience témoin est-elle permanente ou non ? M: Elle n’est pas permanente. Le connaissant se manifeste et disparaît avec le connu. Ce en quoi le connaissant et le connu se manifestent et disparaissent est au-delà du temps. Les mots éternel ou permanent ne convienne pas. Q: Dans le sommeil il n’y a ni « connaissant » ni connu. Qu’est-ce qui maintient le corps sensible et réceptif? M: Vous ne pouvez certainement pas affirmer que le « connaissant » était absent. L’expérience des choses et des pensées n’était pas là, C’est tout. Mais l’absence d’expérience est aussi une expérience. C’est comme d’entrer dans une pièce obscure et de dire « je ne vois rien ».Un aveugle de naissance ne sait pas ce qu’est l’obscurité. De la même façon le sommeil n’est qu’une suspension de la mémoire. La vie continue. Q: Et qu’est-ce que la mort ? M: C’est un changement dans le processus de vie d’un corps déterminé. L’intégration cesse et la désintégration commence. Q: Mais qu’en est-il du « connaissant ». Disparaît-il avec le corps ? M: Il disparaît à la mort, de la même façon qu’il est apparu à la naissance. Q: Et il ne reste rien ? M: la vie reste. La conscience a besoin d’un véhicule et d’un instrument pour sa manifestation. Quand la vie produit un autre corps, un autre « connaissant » vient à être. Q: Y a-t-il un lien causal entre les « corps-connaissant » et les corps-mentals successifs ? M: Oui. il y a quelque chose qu’on pourrait appeler le corps-mémoire, ou corps causal un enregistrement de tout ce qui a été pensé, désiré et fait. C’est comme l’agglomération d’un nuage d’images. Q: Que signifie une existence séparée ? M: C’est la réflexion, dans un corps séparé, de l’unique réalité. Dans cette réflexion le non-limité et le limité sont confondus et pris pour la même chose. La suppression de cette confusion est le but du yoga. Q: La mort ne supprime-t-elle pas cette confusion ? M: Dans la mort, seul le corps meurt. La vie ne meurt pas, ni la conscience, ni la réalité. Même le corps n’est jamais aussi vivant qu’après la mort. Q: Mais renaît-on ? M: Ce qui est né doit mourir. Seul le non-né ne meurt pas. Trouvez ce qui jamais ne dort ni jamais ne s’éveille, et dont la pâle réflexion est notre sensation du « je ». Q: Comment puis-je mener à bien cette investigation ? M: Comment faites-vous pour trouver une chose ? En fixant sur elle votre mental et votre cœur. Il y faut de l’intérêt et un rappel constant. Se rappeler ce qui doit être remémore est le secret du succès. Vous y parvenez par le sérieux, par l’application. Q: Voulez-vous dire que le simple fait de vouloir est suffisant ? Les qualifications et les occasions sont certainement nécessaires. M: Elles viendront avec l’application. Ce qui, par-dessus tout, importe, C’est d’être libéré des contradictions le but et le moyen ne doivent pas se situer sur des plans différents la vie et la lumière ne doivent pas se combattre le comportement ne doit pas trahir la foi. Vous pouvez appeler cela honnêteté, intégrité, plénitude il ne faut pas retourner en arrière, défaire, déraciner, abandonner le terrain conquis. De la ténacité dans le dessein et de l’honnêteté dans la recherche vous amèneront au but. Q: Ténacité et honnêteté sont assurément des dons. Je n’ai trace ni de l’une ni de l’autre. M: Tout vous viendra en chemin. Faites d’abord le premier pas. Toutes les bénédictions viennent de l’intérieur. Tournez-vous vers l’intérieur. Le « je suis » vous savez. Soyez avec lui à tous les instants dont vous pouvez disposer jusqu’à ce que vous vous tourniez vers lui spontanément. Il n’y a pas de voie plus simple et plus facile. 6. Q: Tous les maîtres conseillent de méditer. Quel est le but de la méditation ?

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