'Naturalisme pas mort' Paul Alexis was a novelist, journalist, and dramatist, one of the naturalistes, and a friend of Emile Zola. This volume brings together for the first time the 229 letters still in existence from him to Zola. Written over a period of thirtyyears, from the beginning of the Rougon- Macquart to the Dreyfus affair, they are a rich source of information on a particularly fertile period in French literature. The letters are intimate, lacking all pretensions to elegance and stylistic constraints; taken together they describe vividly the private life and thoughts of this fervent naturaliste. Alexis was the first to write a biography of Emile Zola, and his letters will be of interest to literary historians and critics for the fresh light they shed on Zola and on the history of naturalisme. Throughout the correspondence Alexiswrites of his activities as a free-lance journalist, and provides a first-hand account of the press in France during the nineteenth century. The introduction and numerous biographical notes throughout the volume paint an accurate portrait of Alexis the man and writer, and place him and the letters in the context of naturalisme. The letters, all previously unpublished, have been carefully annotated and documented. Included in the appendix are several unpublished documents as well as excerpts of articles from periodicals mentioned in the correspondence; most are signed by Alexis and are concerned with the history of naturalisme. A bibliography includes the works of Alexis and other books of interest to those studying the period. B. H . BARKER studied French language and literature at the University of Toronto, and received a PH D in 1968. He taught French at the University of Toronto from 1960 to 1963, and at Indiana University in 1964-5. Since 1965 he has been teaching at Glendon College, York University, in Toronto, where he is now associate professor of French. Zola et Alexis dans le jardin de Jeanne Rozerot à Verneuil (vers 1897). Photographie, coll. J.-C. Le Blond 3 "Naturalisme pas mort' LETTRES INEDITES DE PAUL ALEXIS A EMILE ZOLA 1871-1900 présentées et annotées avec de nombreux documents par B.H. BARKER University of Toronto Press University of Toronto Romance Series 18 © University of Toronto Press 1971 Printed in Great Britain for University of Toronto Press, Toronto and Buffalo ISBN 0-8020-5237-1 Microfiche ISBN 0-8020-0021-5 LG 79-151354 !> A mes parents This page intentionally left blank PREFACE LE PRESENT ouvrage contient, réunies pour la première fois, toutes les lettres de Paul Alexis à Emile Zola qui sont parvenues jusqu'à nous. Sauf la lettre 128, qui est tirée du dossier Germinal, elles proviennent de la "Correspond- ance" conservée dans le "Fonds Emile Zola" de la Bibliothèque Nationale (MSS, n.a.£24510, fols.52-579). Ces 229 lettres embrassent une trentaine d'années: elles vont du 9 février 1871 au 5 juin 1900, -soit du début des Rougon-Mac quart jusqu'au lendemain de l'Affaire Dreyfus. Elles sont donc riches en renseignements sur la vie littéraire d'une époque des lettres fran- çaises particulièrement féconde. On y trouvera maintes fois les noms de Flaubert, de Daudet et d'Edmond de Concourt. Elles donnent des précisions sur Paul Bourget, Catulle Mendès, George Moore. Il y a également d'in- nombrables mentions de Vallès, de Guesde et de Séverine. Originaire d'Aix-en-Provence, Alexis tient Zola au courant des activités de leurs amis communs, tels Paul Cézanne, Numa Coste, Marius Roux et Antony Vala- brègue. Pour qui s'intéresse à l'histoire de la Presse au dix-neuvième siècle, les lettres d'Alexis fournissent une mine inépuisable de documents, puisqu'il parle incessamment de ses activités de journaliste. Ayant écrit pour une quarantaine de périodiques entre 1868 et 1900, il fait souvent allusion à ses articles. Les références aux journalistes bien connus de l'époque abondent: Emile Barlatier, Francis Magnard, Aurélien Scholl, Valentin Simond, Albert Wolff, Jules Laffitte et tant d'autres. Un grand nombre des lettres de l'année 1879 ont trait à l'importante campagne qu'ont faite les Naturalistes dans Le Voltaire. Si Alexis a surtout été journaliste, il s'est passionné aussi pour le théâtre. Tout comme Céard, il envoie à Zola des comptes rendus des pièces qu'il a vues et le renseigne sur l'état des adaptations dramatiques de L'Assommoir, de Pot-Bouille, de Mana, du Ventre de Paris et de La Curée. A partir de 1887, il mentionne fréquemment les activités d'Antoine et du Théâtre Libre, où son nom a figuré dès le début. Cette correspondance jette des lumières nouvelles sur le groupe de Médan, dont Alexis souligne toutes les tribulations. Les lettres relatives à l'hebdomadaire naturaliste La Comédie humaine nous donnent de précieux éclaircissements sur ce curieux épisode de l'histoire du Naturalisme: Alexis discute en détail les difficultés financières de l'entreprise, qui était vouée à l'échec. La correspondance Alexis-Zola, indispensable aux historiens de ce mouvement, constitue un véritable journal de la bataille naturaliste. On aura également, en se référant aux textes qui suivent, une suite à Y Emile £ola, notes d'un ami, c'est-à-dire une source d'information complé- vii mentaire sur certains aspects de la vie et de l'œuvre du romancier. On assiste à la vie du Maître de Médan, entouré de ses livres et de ses amis; on peut suivre la genèse et la publication de Nana et de Germinal, ainsi que les "dessous" de la première campagne de Zola au Figaro. On n'a qu'à lire les lettres 218 à 227 sur l'Affaire Dreyfus pour en apprécier l'importance et l'intérêt. Alexis chante souvent les louanges des ouvrages de son ami. Toute- fois, malgré sa dévotion quasi aveugle pour le romancier, il n'hésite pas à formuler une critique fort intéressante de Germinal (1. 141) et à attaquer un aspect de la doctrine esthétique de Zola (1. 134). A cet égard, on doit se reporter à la lettre 89, où Alexis esquisse vis-à-vis de l'art créateur une attitude qui fait penser à Proust ("Quel régal de faire un livre où je n'aurai absolument rien à inventer, mais seulement à me souvenir"). Avant tout, on trouvera dans cette correspondance la personnalité d'Alexis, mise à nu. Il avait un caractère plein de bonhomie et il riait de bonne cœur. D'ordinaire il pratiquait assez volontiers une insouciance de bohème. Bohème, on ne pouvait guère l'être plus que lui, et pourtant, issu d'une vieille famille bourgeoise du Midi, il en avait gardé comme une légère empreinte. C'était l'homme le plus sympathique et le plus fidèle que l'on pût voir. La fidélité : voilà la plus haute valeur d'Alexis. Fidélité à l'égard des amis, fidélité au Naturalisme. S'étant mis courageusement, dès 1869, du côté de Zola, il le soutint de sa plume et de son dévouement jusqu'à sa mort. Il consultait Zola sur des affaires purement privées ainsi que sur des questions de stratégie littéraire. Ecrites avec une verve joyeuse ou indignée, selon le cas, ou avec abandon, ses lettres tout intimes évoquent le ton de la conversation, avec ses relâchements, ses raccourcis, son rythme saccadé. Elles sont exemptes de toute prétention à l'élégance, de toute contrainte stylistique, parfois même de syntaxe. Ni les incorrections n'y manquent, ni les phrases bâties à la diable, ni les archaïsmes, ni des expressions vicieuses ou bizarres, voire vulgaires. Tout cet ensemble, souvent difficile à classer étant donné qu'un grand nombre des lettres ne sont pas datées, nous aide à retrouver la trame de la vie intime de ce fervent Naturaliste, qui ne mérite nullement l'oubli dans lequel il est tombé. Jusqu'à maintenant, sa correspondance n'avait fait l'objet que d'une publication fragmentaire. Le texte qu'on publie ici est conforme à celui des lettres manuscrites. On en a reproduit la ponctuation et les fautes d'ortho- graphe, en s'abstenant d'ajouter un "sic" après chaque anomalie. Il a toutefois paru préférable de suppléer les accents, qui font souvent défaut sur les manuscrits. On ne s'est pas limité à la seule publication des lettres d'Alexis à Zola. Dans l'espoir de susciter un renouveau d'intérêt pour le plus fidèle des médaniens, on s'est efforcé, au moyen de nombreuses notes bio-biblio- graphiques et de documents inédits, d'éclairer sa vie et sa carrière. Malgré l'avertissement d'Edmond de Concourt qui écrivait: "Pauvre xxe siècle, sera-t-il volé, s'il va chercher ses renseignements sur le xixe siècle dans les journaux!" (Journal, m, 417), on a jugé utile de publier en appendice, outre quelques lettres inédites, divers extraits d'articles de périodiques cités dans viii la correspondance; ils sont pour la plupart signés d'Alexis et ont trait à l'histoire du Naturalisme. C'est surtout dans les journaux, souvent difficiles à retrouver aujourd'hui, que se sont livrées les batailles de ce mouvement. Des repères chronologiques terminent l'appendice, auquel fait suite une bibliographie de l'œuvre d'Alexis et des ouvrages consultés. Cette édition n'aurait pas été possible sans la libéralité et l'intelligence de ceux qui ont tant fait pour faciliter la tâche de l'auteur. Qu'il lui soit permis de remercier tout d'abord le Conseil des Arts du Canada et l'Université York pour l'aide qu'ils lui ont fournie. Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention accordée par le Conseil Canadien de Recherches sur les Humanités et provenant de fonds fournis par le Conseil des Arts du Canada, et grâce à la "Publications Fund" des Presses de l'Université de Toronto. Il est heureux d'exprimer aussi sa gratitude à tous ceux qui lui ont donné de leur temps, l'ont fait bénéficier de leur science ou ont mis leurs documents à sa disposition avec tant de générosité. Il faut surtout nommer Mmes C. Danel et L. Deffoux; MM. A. Baudot, C.A. Burns, R. Dumesnil, F.WJ. Hemmings, W.T.E. Kennett, P. Lambert, J.-C. Le Blond, H. Mitterand, O.R. Morgan, R. J. Niess, A.J. Salvan, R. Ternois, G. Vanwelken- huyzen, R. Walter. L'auteur tient enfin à témoigner ici toute sa reconnaissance à sa femme, qui a bien voulu lui faciliter de nombreux et indispensables séjours en France. Sans sa compréhension et sa sollicitude il lui aurait été impossible de mener à bien, pendant de longues années, ses recherches et ses travaux. Les abréviations suivantes ont été utilisées: App. Appendice B.N., MSS, n.a.f. Bibliothèque Nationale, Département des Manuscrits, nou- velles acquisitions françaises Céard-^ola (C.-/£.) Henry Céard, Lettres inédites à Emile %ola, éd. C.A. Burns (Nizet 1958) Con. Emile Zola, Correspondance, éd. M. Le Blond, 2 vols. (Bernouard 1929) E.£. Paul Alexis, Emile ^ola, notes d'un ami (Charpentier 1882) Goncourt-Céard (G.-C.) E. de Concourt et H. Céard, Correspondance inédite (1876-1896], éd. C.A. Burns (Nizet 1965) Huysmans-Goncourt (H.-G.) J.-K. Huysmans, Lettres inédites à Edmond de Concourt, éd. P. Lambert (Nizet [1956]) Huysmans-Lemonnier (H.-L.} J.-K. Huysmans, Lettres inédiles à Camille Lemon- nier, éd. G. Vanwelkenhuyzen (Genève: Droz 1957) Huysmans-^ola (//.-£) J.-K. Huysmans, Lettres inédites à Emile %ola, éd. P. Lambert (Genève: Droz 1953) Journal E. et J. de Concourt, Journal. Mémoires de la vie littéraire, éd. R. Ricatte, 4 vols. (Fasquelle et Flammarion [1959]) "Messages Zola-Céard" "Vingt messages inédits de Zola à Céard," éd. A.J. Salvan, Les Cahiers naturalistes, No. 19 (1961), 123-46 Rougon-Macquart Emile Zola, Les Rougon-Macquart, éd. A. Lanoux et H. Mitterand, 5 vols. (Bibliothèque de la Pléiade [Gallimard], 1960-7) ix
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