Sous la direction de Sabine Jansen, Gilles Le Béguec et David Valence Naissance et développement des secrétariats administratifs des groupes parlementaires. Organisation et clarification de la délibération, de 1910 au début des années 1970 Actes de la journée d'études organisée le 11 juin 2010 - 5 - Message de Bernard ACCOYER Président de l’Assemblée nationale Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les Professeurs, Mesdames et Messieurs, Si je n’ai pu me joindre à vous aujourd’hui, j’ai souhaité vous transmettre ce message. Le thème auquel vous avez choisi de consacrer cette journée d’études est d’importance, il revêt au regard de l’histoire parlementaire de notre pays, un grand intérêt. Accueillir cette rencontre à l’Assemblée nationale, lieu d’histoire et de mémoire, est à la fois légitime et naturel. Je veux avant tout remercier pour son initiative, comme pour l’ensemble de son travail, le Centre d’histoire de Sciences-Po, et son directeur Jean-François SIRINELLI. Je félicite tous les organisateurs de cette journée de réflexion, aux premiers rangs desquels le Professeur Gilles LE BEGUEC. Il y a cent ans, à quelques jours près, le 1er juillet 1910, la Chambre des députés reconnaissait officiellement l’existence des groupes parlementaires. Depuis 1789, les députés de la Nation avaient pris l’habitude de se rassembler, selon leurs opinions, au sein de groupes plus ou moins organisés, mais, souvent, autour d’une personnalité marquante de la vie politique française. Cependant, jusqu’au début du siècle dernier, l’esprit individualiste français incitait les députés à envisager avec quelque méfiance la perspective d’une organisation plus structurée. Cette réforme du 1er juillet 1910, prélude à la création en 1911 de la Conférence des présidents, constitue un moment important de l’histoire du fonctionnement de l’institution parlementaire. - 6 - Cette clarification juridique est le fruit d’une longue évolution, accélérée par la formation du Bloc des gauches et par la création au tournant du siècle des premiers grands partis politiques français : le Parti Républicain Radical et Radical Socialiste et l’Alliance Démocratique en 1901, puis la Fédération Républicaine en 1903 et la SFIO en 1905. La décision prise le 1er juillet 1910 est également la conséquence indirecte de la volonté, largement partagée, de faire élire les membres des commissions permanentes, instituées en 1902, proportionnellement aux effectifs des groupes politiques. Cette réforme répondait aussi à la nécessité de perfectionner les méthodes du travail parlementaire. C’est tout un processus de consolidation des groupes et, par voie de conséquence, de leur rôle, si essentiel au sein de l’institution parlementaire, qu’elle a ainsi inauguré. Au cœur du fonctionnement de ces groupes, aux côtés des élus, travaillent des personnalités, souvent méconnues, mais dont le rôle est incontournable. Ce sont les collaborateurs des groupes, aux premiers rangs desquels leurs secrétaires généraux. Vous avez choisi de consacrer cette journée de réflexion à un aspect certes peu connu mais ô combien important de l’histoire et de la vie parlementaire : l’origine des secrétariats administratifs des groupes, qui se sont par la suite, à partir de la IVe République, généralisés. Cette journée s’inscrit dans le cycle des travaux instructifs et fertiles que vous conduisez depuis plusieurs années sur l’histoire de l’entourage politique, qu’il soit officiel ou officieux. Vos travaux, j’en suis certain, seront fructueux, ils contribueront à nous éclairer toujours davantage sur l’histoire parlementaire de notre pays, chapitre essentiel de l’histoire de la démocratie française. Une histoire dont nous devons toujours tirer les leçons. - 7 - Liste des auteurs Noëlline Castagnez, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université d’Orléans. Romain Ducoulombier, professeur agrégé au lycée de la Grande-Synthe, docteur en histoire. Frédéric Fogacci, professeur agrégé au lycée Champlain, docteur en histoire. Evelyne Janet-Vendroux, professeur agrégée d’histoire en classes préparatoires. Sabine Jansen, maître de conférences en histoire contemporaine au Conservatoire national des arts et métiers. Gilles Le Béguec, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Paris Ouest-Nanterre- La Défense. Anne-Laure Ollivier, professeur agrégée au lycée Auffray, docteur en histoire. Jean-Paul Thomas, professeur de chaire supérieure au lycée Henri IV, docteur en histoire. David Valence, directeur des études et de la recherche de la Fondation Charles de Gaulle. Jean Vavasseur-Desperriers, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lille III-Charles de Gaulle. - 9 - Avant-propos Sabine Jansen Cette publication est issue d’une journée d’études organisée, le 10 juin 2010, dans les locaux du Palais- Bourbon, par l’Assemblée nationale et le Centre d’histoire de Sciences Po (CHSP), avec le concours du Comité d’histoire politique et parlementaire (CHPP). L’initiative de cette session, comme une grande partie de sa conception, revient au professeur Gilles Le Béguec qui a dirigé au Centre d’histoire, de 2005 à 2008, en collaboration avec les professeurs Christine Manigand, Jean-Paul Thomas et moi-même, un séminaire sur les entourages politiques. Les travaux nourris de ces séances ont mis en lumière le rôle des secrétariats administratifs des groupes parlementaires, nés voici un siècle et qui structurent aujourd’hui en profondeur la vie parlementaire. L’histoire de ces équipes administratives au service des groupes politiques n’avait jusqu’à présent jamais été faite. Et pour cause ! Le sujet n’est pas spectaculaire et, en apparence – en apparence seulement –, il n’est pas politique. Aux yeux des « élus », le secrétaire administratif est comme le profane au cœur du temple sacré de la politique. Ces handicaps sont aggravés par des sources rares, parcellaires et très inégales selon les groupes. C’est la raison pour laquelle le concours des anciens acteurs a été essentiel. Nous tenons à remercier tout particulièrement, pour leur participation active à notre - 10 - journée d’études : Jacques Barrot, ancien président du groupe de l’Union du Centre puis de l’UMP à l’Assemblée nationale ; Michel Charasse, secrétaire général adjoint du groupe socialiste à l’Assemblée nationale ; François d’Harcourt, chargé des questions législatives auprès de Michel Habib-Deloncle au secrétariat administratif du groupe RPR à l’Assemblée nationale et Constantin Melnik, secrétaire du groupe de la Gauche démocratique au Sénat. Notre gratitude s’adresse aussi à deux personnalités que leur état de santé a empêché d’assister au colloque : le professeur Claude Langlade-Demoyen, ancien secrétaire administratif du Groupe paysan durant la seconde législature de la IVe République, ancien membre du Conseil économique et social, qui avait accepté d’animer l’une des séances du séminaire organisé dans le cadre du Centre d’histoire de Sciences Po ; Jean- Jacques Parini, ancien attaché de presse du groupe MRP à l’Assemblée nationale, qui nous a remis une longue note manuscrite, riche de renseignements inédits, sur l’organisation et le fonctionnement d’une formation parlementaire qui a joué un rôle pionnier dans ce domaine . Enfin notre reconnaissance va à ceux qui, dès le début, ont soutenu ce projet et ont permis sa réalisation : Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale ; Eliane Fighiera, directrice du service de la Bibliothèque et des archives de l’Assemblée nationale et Bertrand Marcincal, chef de la division des archives, le professeur Jean-François Sirinelli, directeur du CHSP et le professeur Jean Garrigues, président du CHPP. En parcourant les pages qui suivent, le lecteur sera surpris par l’évolution improbable, du seuil du XXe siècle à l’aube du XXIe siècle, des secrétariats - 11 - administratifs. D’abord faiblement étoffés, à l’identité floue et à la légitimité incertaine, ils se sont imposés dans la pratique, avant d’occuper une place à part entière dans les Règlements des assemblées et de devenir, au sein des groupes, un important et incontournable rouage de nos institutions parlementaires. Si leur développement vérifie la formule selon laquelle la fonction crée l’organe, il confirme aussi le poids des individus dans la fabrication et la pérennisation des structures : le lecteur découvrira, dans cette histoire, toute une palette de personnalités passionnantes, qui ont fait leurs premières armes dans les secrétariats administratifs avant de faire des carrières, dont certaines furent brillantes et les conduisirent même à pénétrer au Palais-Bourbon ou dans les ministères par la grande porte.
Description: