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Naissance de la poésie dans l’occident chrétien : Esquisse d’une histoire de la poésie latine chrétienne du IIIe au VIe siècle PDF

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Preview Naissance de la poésie dans l’occident chrétien : Esquisse d’une histoire de la poésie latine chrétienne du IIIe au VIe siècle

Jacques FONTAINE DERNIÈRES PUBLICATIONS Professeur à l'Université de Paris-Sorbonne DES ÉTUDES AUGUSTINIENNES A.-M. La Bonnardière, Biblia Augustiniana - A.T. - Le Livre des Proverbes. 1975, 236p. J.-P. Bouhot, Ratramne de Corbie. Histoire littéraire et controverses doctrinales. 1976, 180 p. Origène, Traité des principes (Peri Archôn). Introduction et traduction par Marguerite HARL, Gilles Do RIVAL, Alain LE BOULLUEC. 1976, 312 p. J. Pépin, Mythe et Allégorie. Les origines grecques et les contestations judéo-chrétiennes. Nouvelle édition, revue et augmentée. 1976, 588 p. R. Braun, Deus christianorum. Recherches sur le vocabulaire doctrinal de Tertullien. Nouvelle édition revue et augmentée. 1977, 738 p. C. Dagens, Saint Grégoire le Grand. Culture et expérience chrétiennes. 1977, 476 p. H. Savon, Saint Ambroise devant l'exégèse de Philon le Juif. 2 volumes, 1977, l, 392 p. ; Esquisse d'une histoire II, 222 p. de la poésie latine chrétienne Louis de Léon, Les Noms du christ. Traduction française de Robert RICARD. 1978, 416 p. du Ille au VIe siècle F. Decret, L'Afrique manichéenne (Ne-Ve siècles). Étude historique et doctrinale. 2 volumes, 1978, J, 392 p. ; II, 320 p. J. Hadot, Le problème du néoplatonisme alexandrin: Hiéroclès et Simplicius. 1978,244 p. H. Lewy, Chaldaean Oracles and Theurgy. Mysticism Magic and Platonism in the Later Roman Empire. Nouvelle édition par Michel TARDIEU. 1978, xxvIII-736 p. Dieu et l'être, Exégèses d'Exode 3, 14 et de Coran 20, n-24. Ouvrage collectif des Membres du Centre d'Études des Religions du Livre. École pratique des Hautes Études, ye section. 1978, 276 p. S. Deléani, «Christum sequi ». Étude d'un thème dans l'œuvre de saint Cyprien. 1979, 188 p. C. Lepelley, Les cités de l'Afrique romaine au Bas-Empire. I, La permanence d'une civilisation municipale. 1979, 422 p. J. Patout Burns, The Development of Augustine's Doctrine of operative Grace. 1980, 190 p. J. et P. Courcelle, Iconographie de saint Augustin. Les cycles du XVIIIe siècle allemand. 1980,217 p. Pélagie la Pénitente. Métamorphoses d'une légende. T. I, Les textes et leur histoire. 1981, 364 p. Françoise Thelamon, Païens et chrétiens au Iye siècle. L'apport de 1'" Histoire ecclé siastique" de Rufin d'Aquilée, 1981. Recherches augustiniennes, Yol. XV, 1980, 348 p. Œuvres de saint Augustin, B.A. vol. 72, Homélies sur l'Évangile de saint Jean, Tr. XVII XXXIII. Texte et traduction, introduction et notes de M.-F. BERROUARD. 1978, ÉTUDES AUGUSTINIENNES 926 p. 3, rue de l'Abbaye - 75006 PARIS PARIS 1981 1981 Jacques FONTAINE Professeur à l'Université de Paris-Sorbonne OUVRAGES DU MÊME AUTEUR NAISSANCE DE LA POÉSIE DANS L'OCCIDENT CHRÉTIEN Isidore de Séville et la culture classique dans l'Espagne wisigothique. 1 014 pages en 2 volumes. 2 planches. 1 carte et 4 index. Paris. Études augustiniennes. 1959. Isidore de Séville: I( Traité de la nature », suivi de l'Épitre en vers du roi Sisebut à Isidore, édition critique avec traduction. notes et introduction. Bordeaux. 1960. 466 pages. 10 figures. indices uerborum complets (Coll. Bibliothèque des Hautes Études Hispaniques. t. 28). Esquisse d'une histoire Tertullien, Sur la couronne, édition critique avec introduction et commentaire (ColL Erasme, 18). Paris. Presses universitaires de France. 1966. 185 pages. de la poésie latine chrétienne Sulpice Sévère. Vie de saint Martin. t. L Introduction. texte et traduction (Coll. Sources Chrétiennes. n" 133). Paris. Les Éditions du Cerf. 1967. 348 pages; t. II. commentaire (jusqu'au ch. 19) (Coll. id. n" 134). ib. 1968. 548 pages ; t. Ill. commentaire (du ch. 20 à la fin. et les trois lettres annexes). 5 index et 2 cartes (Coll. id. n" 135). ib. 1969. du HIe au VIe siècle 428 pages. Aspects et problèmes de la prose d'art au lIle siècle: la genèse des styles latins chrétiens (Lezioni Augusto Rostagni. vol. IV). Torino. Bottega d·Erasmo. 1968. 200 pages avec des index. avec une préface de Jacques PERRET Ammien Marcellin, Histoire. t. 1 (livres XIV-XVI). texte établi et traduit par Ed. Galletier avec la collaboration de J. Fontaine (Coll. des Universités de France). Paris. Les Belles-Lettres. 1968. 298 pages et 3 cartes. La ャゥエエ←イ。エオイセ@ latine chrétienne (Coll. « Que sais-je? ». n" 1379). Paris. Presses Universitaires de France. 1970. 128 pages; éd. hollandaise Utrecht Antwerpen. 1970. Het Spectrum; éd. iltalienne. revue et augmentée. trad. et préface de S. d·Elia. sous le titre La letteratura latina cristiana. Profilo storico. Bologna. II Mulino. 1973.213 pages. L'art préroman hispanique. t.1. Les arts paléochrétien, wisigothique asturien (Coll. Zodiaque. La nuit des temps). La Pierre-qui-vire. 1973. 420 pages. 8 planches en couleur. 161 planches en héliogravure. 123 fig. dans le texte; éd. espagnole. Madrid. Encuentro. 1981. Ammien Marcellin, Histoire. t. IV Oivres XXIII-XXV, J'expédition de Julien en Perse). texte établi. traduit et commenté (Coll. des Universités de France), 2 tomes (introduction. avec texte et traduction; commentaire), Paris. Les Belles-Lettres. 1977. 212 et 302 pages. 2 planches et 2 cartes hors texte. L'art préroman hispanique. t. Il. L'art mozarabe (Coll. Zodiaque. la nuit des temps). La-Pierre-qui-vire. 1977. 427 pages. 7 planches en couleurs. 140 planches en héliogravure. 4 cartes et 1 plan; éd. espagnole. Madrid. Encuentro. 1982. Études sur la poésie latine tardive d'Ausone à Prudence, Recueil de travaux (Coll. d'études anciennes), Paris, Les Belles-Lettres. 1980. 520 pages. ÉTUDES AUGUSTINIENNES 3, rue de l'Abbaye - 75006 PARIS 1981 Jacques FONTAINE Professeur à l'Université de Paris-Sorbonne OUVRAGES DU MÊME AUTEUR NAISSANCE DE LA POÉSIE DANS L'OCCIDENT CHRÉTIEN Isidore de Séville et la culture classique dans l'Espagne wisigothique. 1 014 pages en 2 volumes. 2 planches. 1 carte et 4 index. Paris. Études augustiniennes. 1959. Isidore de Séville: I( Traité de la nature », suivi de l'Épitre en vers du roi Sisebut à Isidore, édition critique avec traduction. notes et introduction. Bordeaux. 1960. 466 pages. 10 figures. indices uerborum complets (Coll. Bibliothèque des Hautes Études Hispaniques. t. 28). Esquisse d'une histoire Tertullien, Sur la couronne, édition critique avec introduction et commentaire (ColL Erasme, 18). Paris. Presses universitaires de France. 1966. 185 pages. de la poésie latine chrétienne Sulpice Sévère. Vie de saint Martin. t. L Introduction. texte et traduction (Coll. Sources Chrétiennes. n" 133). Paris. Les Éditions du Cerf. 1967. 348 pages; t. II. commentaire (jusqu'au ch. 19) (Coll. id. n" 134). ib. 1968. 548 pages ; t. Ill. commentaire (du ch. 20 à la fin. et les trois lettres annexes). 5 index et 2 cartes (Coll. id. n" 135). ib. 1969. du HIe au VIe siècle 428 pages. Aspects et problèmes de la prose d'art au lIle siècle: la genèse des styles latins chrétiens (Lezioni Augusto Rostagni. vol. IV). Torino. Bottega d·Erasmo. 1968. 200 pages avec des index. avec une préface de Jacques PERRET Ammien Marcellin, Histoire. t. 1 (livres XIV-XVI). texte établi et traduit par Ed. Galletier avec la collaboration de J. Fontaine (Coll. des Universités de France). Paris. Les Belles-Lettres. 1968. 298 pages et 3 cartes. La ャゥエエ←イ。エオイセ@ latine chrétienne (Coll. « Que sais-je? ». n" 1379). Paris. Presses Universitaires de France. 1970. 128 pages; éd. hollandaise Utrecht Antwerpen. 1970. Het Spectrum; éd. iltalienne. revue et augmentée. trad. et préface de S. d·Elia. sous le titre La letteratura latina cristiana. Profilo storico. Bologna. II Mulino. 1973.213 pages. L'art préroman hispanique. t.1. Les arts paléochrétien, wisigothique asturien (Coll. Zodiaque. La nuit des temps). La Pierre-qui-vire. 1973. 420 pages. 8 planches en couleur. 161 planches en héliogravure. 123 fig. dans le texte; éd. espagnole. Madrid. Encuentro. 1981. Ammien Marcellin, Histoire. t. IV Oivres XXIII-XXV, J'expédition de Julien en Perse). texte établi. traduit et commenté (Coll. des Universités de France), 2 tomes (introduction. avec texte et traduction; commentaire), Paris. Les Belles-Lettres. 1977. 212 et 302 pages. 2 planches et 2 cartes hors texte. L'art préroman hispanique. t. Il. L'art mozarabe (Coll. Zodiaque. la nuit des temps). La-Pierre-qui-vire. 1977. 427 pages. 7 planches en couleurs. 140 planches en héliogravure. 4 cartes et 1 plan; éd. espagnole. Madrid. Encuentro. 1982. Études sur la poésie latine tardive d'Ausone à Prudence, Recueil de travaux (Coll. d'études anciennes), Paris, Les Belles-Lettres. 1980. 520 pages. ÉTUDES AUGUSTINIENNES 3, rue de l'Abbaye - 75006 PARIS 1981 TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE ................................................ 9-16 PROWGUE 17-24 CHAPITRE PREMIER: Du Nouveau Testament à Tertullien: les chrétiens affrontés à diverses traditions poétiques .................. 25-38 CHAPITRE Il : Polémique et apocalypse au milieu du Ille siècle: les deux poèmes de Commodien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39-52 CHAPITRE III: Lactance et la mue de l'oiseau phénix au siècle de Constantin .......................................... 53-66 CHAPITRE IV: Les débutS de l'épopée biblique: l'Évangile selon Juvencus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67-80 CHAPITRE v: L'hymnodie expérimentale d'Hilaire de Poitiers ou la mutation difficile de la psalmodie .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81-94 CHAPITRE VI : La poésie chrétienne « mondaine» du centon de Proba aux petits vers d'Ausone .............................. 95-110 CHAPITRE VII : Les poèmes épigraphiques expression de la foi: l'œuvre de Damase de Rome .................................. 111-125 CHAPITRE VIII: Ambroise de Milan théoricien et maître de la poésie liturgique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127-141 CHAPITRE IX : La poésie comme art spirituel: les projets poétiques de Paulin et de Prudence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143-160 CHAPITRE X : Les poèmes de Paulin de Nole ou la conversion inachevée de la poésie ausonienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161-1 76 CHAPITRE XI : La louange des heures, des jours et des martyrs: les deux bréviaires lyriques de Prudence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 77 -1 94 CHAPITRE XII : L'épopée didactique chrétienne: les combats de l'esprit ISBN 2-85121-037-8 et de l'âme ........................................... 195-209 TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE ................................................ 9-16 PROWGUE 17-24 CHAPITRE PREMIER: Du Nouveau Testament à Tertullien: les chrétiens affrontés à diverses traditions poétiques .................. 25-38 CHAPITRE Il : Polémique et apocalypse au milieu du Ille siècle: les deux poèmes de Commodien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39-52 CHAPITRE III: Lactance et la mue de l'oiseau phénix au siècle de Constantin .......................................... 53-66 CHAPITRE IV: Les débutS de l'épopée biblique: l'Évangile selon Juvencus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67-80 CHAPITRE v: L'hymnodie expérimentale d'Hilaire de Poitiers ou la mutation difficile de la psalmodie .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81-94 CHAPITRE VI : La poésie chrétienne « mondaine» du centon de Proba aux petits vers d'Ausone .............................. 95-110 CHAPITRE VII : Les poèmes épigraphiques expression de la foi: l'œuvre de Damase de Rome .................................. 111-125 CHAPITRE VIII: Ambroise de Milan théoricien et maître de la poésie liturgique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127-141 CHAPITRE IX : La poésie comme art spirituel: les projets poétiques de Paulin et de Prudence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143-160 CHAPITRE X : Les poèmes de Paulin de Nole ou la conversion inachevée de la poésie ausonienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161-1 76 CHAPITRE XI : La louange des heures, des jours et des martyrs: les deux bréviaires lyriques de Prudence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 77 -1 94 CHAPITRE XII : L'épopée didactique chrétienne: les combats de l'esprit ISBN 2-85121-037-8 et de l'âme ........................................... 195-209 '"" 8 NAISSANCE DE LA POÉSIE CHAPITRE XIII: L'épanouissement tardif de la poésie apOlogétique .. 211-227 CHAPITRE XIV: Le retentissement poétique de la grande invasion: les examens de conscience du v" siècle ...................... 229-244 J CHAPITRE XV : De l'éclat à l'éclatement de l'épopée biblique aux v" et VIe siècles ....... :...................................... 245-264 CHAPITRE XVI: Déclin et mutation des autres genres poétiques: vers le haut Moyen Age. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265-282 PRÉFACE ÉPILOGUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283-288 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289-304 Naissance, quel mot magnifique! Tandis qu'il écrivait ce livre, l'auteur, sans nul doute, fut un homme heureux. Dans l'histoire littéraire, il n'est pas si fréquent qu'on voie naître quelque chose. En Grèce, à Rome, si haut que nous remontions, Homère, Plaute sont déjà là; ils nous attendaient sur le seuil, et c'est en souriant qu'ils nous font les honneurs de leur propre perfection; mais perfection dont nous ne saurons pas comment elle a été atteinte. La poésie latine chrétienne, au contraire, commence devant nous, sous nos yeux, dans le temps. On s'est étonné parfois qu'elle soit née si tard. Pour ma part, j'admire encore davantage qu'elle soit jamais née; car il ne va pas de soi qu'une religion doive se donner une poésie. Les Romains, que nous connaissons bien, n'étaient pas des impies; ils étaient même, nous dit Polybe, le plus religieux des peuples de la terre. Et pourtant, quelque soin qu'ait naguère apporté J.-B. Pighi à colliger les monuments de leur poésie religieuse, l'inventaire reste misérable: aux pièces rassemblées, ajoutons encore, pour faire bonne mesure, quelques odes d'Horace ou de Catulle, un ou deux chœurs de Sénèque, le prologue de Lucrèce; aucun de ces poèmes, mis à part le Carmen saeculare et le Peruigi/ium Veneris, ne représente une unité de quelque étendue ou n'appàrtient à un ensemble religieux. Piécettes disparates qui font penser souvent à des exercices scolaires ou à des essais de plume. De tous ces dieux contre lesquels Tertullien, Augustin vont ferrailler avec tant d'application, les poètes b.'ont rien trouvé à dire; la « théologie des poètes» - ainsi la nomme Varron - a cela de particulier qu'elle n'inspire pas de poésie théologique ou religieuse. Plus tard, quand d'autres dieux paraissent, pour prendre, croit-on, la relève, l'historien de la poésie latine n'a pas davantage l'occasion de les rencontrer. Pourtant Isis, Mithra avaient des dévots, des lieux de culte, des liturgies; ils ont même intéressé des penseurs, comme on le voit au tèmps de Julien ... Supposera-t-on que les méchants chrétiens, au Bas Empire ou dans l'obscur moyen âge, ont fait disparaître leurs hymnes, leurs poétiques professions de foi? Mais comment s'expliquer que dans les textes '"" 8 NAISSANCE DE LA POÉSIE CHAPITRE XIII: L'épanouissement tardif de la poésie apOlogétique .. 211-227 CHAPITRE XIV: Le retentissement poétique de la grande invasion: les examens de conscience du v" siècle ...................... 229-244 J CHAPITRE XV : De l'éclat à l'éclatement de l'épopée biblique aux v" et VIe siècles ....... :...................................... 245-264 CHAPITRE XVI: Déclin et mutation des autres genres poétiques: vers le haut Moyen Age. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265-282 PRÉFACE ÉPILOGUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283-288 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289-304 Naissance, quel mot magnifique! Tandis qu'il écrivait ce livre, l'auteur, sans nul doute, fut un homme heureux. Dans l'histoire littéraire, il n'est pas si fréquent qu'on voie naître quelque chose. En Grèce, à Rome, si haut que nous remontions, Homère, Plaute sont déjà là; ils nous attendaient sur le seuil, et c'est en souriant qu'ils nous font les honneurs de leur propre perfection; mais perfection dont nous ne saurons pas comment elle a été atteinte. La poésie latine chrétienne, au contraire, commence devant nous, sous nos yeux, dans le temps. On s'est étonné parfois qu'elle soit née si tard. Pour ma part, j'admire encore davantage qu'elle soit jamais née; car il ne va pas de soi qu'une religion doive se donner une poésie. Les Romains, que nous connaissons bien, n'étaient pas des impies; ils étaient même, nous dit Polybe, le plus religieux des peuples de la terre. Et pourtant, quelque soin qu'ait naguère apporté J.-B. Pighi à colliger les monuments de leur poésie religieuse, l'inventaire reste misérable: aux pièces rassemblées, ajoutons encore, pour faire bonne mesure, quelques odes d'Horace ou de Catulle, un ou deux chœurs de Sénèque, le prologue de Lucrèce; aucun de ces poèmes, mis à part le Carmen saeculare et le Peruigi/ium Veneris, ne représente une unité de quelque étendue ou n'appàrtient à un ensemble religieux. Piécettes disparates qui font penser souvent à des exercices scolaires ou à des essais de plume. De tous ces dieux contre lesquels Tertullien, Augustin vont ferrailler avec tant d'application, les poètes b.'ont rien trouvé à dire; la « théologie des poètes» - ainsi la nomme Varron - a cela de particulier qu'elle n'inspire pas de poésie théologique ou religieuse. Plus tard, quand d'autres dieux paraissent, pour prendre, croit-on, la relève, l'historien de la poésie latine n'a pas davantage l'occasion de les rencontrer. Pourtant Isis, Mithra avaient des dévots, des lieux de culte, des liturgies; ils ont même intéressé des penseurs, comme on le voit au tèmps de Julien ... Supposera-t-on que les méchants chrétiens, au Bas Empire ou dans l'obscur moyen âge, ont fait disparaître leurs hymnes, leurs poétiques professions de foi? Mais comment s'expliquer que dans les textes 10 NAISSANCE DE LA POÉSIE PRÉFACE 11 conservés, païens, ou chrétiens, aucun écho n'en apparaisse, aucune la prose de tous les jours. On en a naturellement retenu les particularités allusion, fût-elle polémique? A Rome donc, pas de poésie religieuse rythmiques les plus saisissables et les plus faciles à transporter dans une païenne. Pourquoi, donc, devait-il y avoir une poésie religieuse autre langue: membres courts, enchaînés par des parallélismes cumulatifs chrétienne? ou antithétiques. Le Te Deum, le Gloria in excelsis qui pénétra plus tard n est vrai que le christianisme est poétique. Il rassemble des hommes, il dans la liturgie de la messe, les hymnes théologiques de Victorinus, le a des choses à dire, à raconter, histoire, doctrine, et la prose des symbole attribué à saint Athanase continuent assez bien les modèles philosophes et des historiens n'y convient jamais tout à fait, puisqu'il s'agit bibliques. Pourtant, si nobles que soient ces productions, elles restent pour d'y rendre sensible un mystère: il faudrait des ailes. Bien plus, le une oreille latine en deçà de la poésie. Prose exaltée, rhétorique un peu christianisme outrepasse l'abîme de la transcendance; il contemple dans le monotone, où les effets possibles, les intentions s'amortissent parce que les ravissement le suprême effort du Dieu qui l'a franchi pour établir avec mots n'y sont pas suffisamment tenus, parce que trop souvent le chacun des hommes une communication personnelle. Tout cela, qui développement reste ouvert, illimité, indéfini, informe. On croit entendre échauffe le cœur, ne se voit pas, se dit difficilement: il y faut la poésie. le vieux Caton, ses formules d'incantations, sa prière à Mars pater. Des arrangements syntaxiques ne suffIsent pas à faire une poésie. Il fallait Oui, mais cette poésie est essentiellement la poésie du cœur. Elle ne se autre chose. Mais quoi ? réalise pas nécessairement dans les formes que le sentiment des Les chrétiens ont discerné, puis mis en œuvre avec beaucoup de contemporains et par la suite l'histoire littéraire distinguent comme jugement ce qui, dans la langue de leur temps, pouvait donner à leur poétiques. Il est même possible qu'au chrétien qui vient de se convertir ces prière, à leur confession de la foi le caractère phonique distinct sans lequel formes canoniques inspirent de prime abord quelque horreur: il sera il n'est pas de poésie. Ce n'était pas très facile. Au ne, au me siècle, éventuellement rebuté par des artifices où il croit reconnaître les vanités l'oreille du commun des hommes n'est plus sensible à cette distinction des du monde et une insuffisante docilité à l'objet de sa foi. Surtout, et par opposition à la prose, propriété commune de tous les hommes, la poésie, syllabes brèves et des syllabes longues qui avait constitué l'ancienne défendue par ses règles, semble n'appartenir qu'aux seuls poètes; poésie, et rien n'annonce encore qu'une poésie accentuelle puisse naître un jour. Il semble que les chrétiens, tout simplement, se soient souvenus impossible d'y échapper à leur présence envoûtante. A quoi bon pénétrer du temps où ils étaient écoliers. Pour faire ressortir les rythmes de Virgile dans ce temple où toute parole, si neuve qu'elle doive être, éveillera des ou d'Ovide, le grammairien faisait lire leurs vers en accentuant fortement échos anciens qui troubleront sa pureté? A Rome, dans les premiers la première syllabe de chaque pied. Simple artifice pédagogique, mais qui siècles de l'ère, ces échos rapportent la voix d'une civilisation qui ignorait habituait les élèves à entendre un vers tout différent de celui qu'avaient les chrétiens et désormais les persécute. Vraiment, il n'allait pas de soi que conçu les poètes, voire fondé sur un principe tout autre: une unité de 13 à dût naître une poésie latine chrétienne. 17 syllabes où, sans trop d'égard aux quantités brèves ou longues, il s'agissait de loger, de part et d'autre d'une articulation médiane, 3 + 3 Pour qu'une poésie naquît dans les églises latines, il était nécessaire sommets intenses séparés, chacun, par une ou deux syllabes. Tous les c'était le premier acte - que les chrétiens viennent à s'aviser que Romains avaient ce vers en tête. C'est lui dont Commodien reprendra décidément la prose ne leur suffisait pas; il fallait qu'en certaines l'architecture sonore. On ne peut douter qu'en chaque unité, le retour occasions ils ressentissent le besoin d'employer, pour l'expression de leur régulier de 6 syllabes fortement martelées ne concoure à donner au texte foi, un langage distinct de la prose, trop commune. Structuré, rythmé par un poids que n'aurait eu, fût-ce avec les mêmes mots ou des mots des schèmes récurrents clairement reconnaissables, ce langage étranger analogues, aucune prose. L'hexamètre avait été jadis la langue des aux usages profanes, plus saint, rendrait sensible une énergie quasi divine, sanctuaires et des oracles; sécularisé pendant des siècles, assoupli à tous inculquerait plus fortement les impressions suggérées par le vocabulaire : les usages, il retrouvait chez les chrétiens son autorité originelle. C'est ce en resserrant le tissu verbal, il rendrait comme explosive la vertu des nouvel hexamètre, cet hexamètre recréé, un peu raide mais hiératique, mots. C'est ainsi d'ailleurs qu'en toutes les civilisations est née (ou a qu'il nous faudra entendre dans l'abondante production des poètes ressuscité après une période sombre) la poésie. chrétiens qui vont se succéder à partir du IV' siècle, et même quand - la Dans cette recherche d'une forme ou de formes poétiques, l'inventivité paix s'étant faite avec le passé romain - ils y appliqueront, pro forma, les des chrétiens allait être stimulée - d'autres modèles leur viendront plus règles et distinctions de la versification classique. tard de la Grèce et de l'Orient - par leur pratique des Écritures. Psaumes, L'hexamètre convient mal à la prière; il y faut des unités plus courtes cantiques, méditations sapientielles n'y étaient évidemment pas écrits dans qui dépasseront rarement dix syllabes; la distinction de temps forts et de 10 NAISSANCE DE LA POÉSIE PRÉFACE 11 conservés, païens, ou chrétiens, aucun écho n'en apparaisse, aucune la prose de tous les jours. On en a naturellement retenu les particularités allusion, fût-elle polémique? A Rome donc, pas de poésie religieuse rythmiques les plus saisissables et les plus faciles à transporter dans une païenne. Pourquoi, donc, devait-il y avoir une poésie religieuse autre langue: membres courts, enchaînés par des parallélismes cumulatifs chrétienne? ou antithétiques. Le Te Deum, le Gloria in excelsis qui pénétra plus tard n est vrai que le christianisme est poétique. Il rassemble des hommes, il dans la liturgie de la messe, les hymnes théologiques de Victorinus, le a des choses à dire, à raconter, histoire, doctrine, et la prose des symbole attribué à saint Athanase continuent assez bien les modèles philosophes et des historiens n'y convient jamais tout à fait, puisqu'il s'agit bibliques. Pourtant, si nobles que soient ces productions, elles restent pour d'y rendre sensible un mystère: il faudrait des ailes. Bien plus, le une oreille latine en deçà de la poésie. Prose exaltée, rhétorique un peu christianisme outrepasse l'abîme de la transcendance; il contemple dans le monotone, où les effets possibles, les intentions s'amortissent parce que les ravissement le suprême effort du Dieu qui l'a franchi pour établir avec mots n'y sont pas suffisamment tenus, parce que trop souvent le chacun des hommes une communication personnelle. Tout cela, qui développement reste ouvert, illimité, indéfini, informe. On croit entendre échauffe le cœur, ne se voit pas, se dit difficilement: il y faut la poésie. le vieux Caton, ses formules d'incantations, sa prière à Mars pater. Des arrangements syntaxiques ne suffIsent pas à faire une poésie. Il fallait Oui, mais cette poésie est essentiellement la poésie du cœur. Elle ne se autre chose. Mais quoi ? réalise pas nécessairement dans les formes que le sentiment des Les chrétiens ont discerné, puis mis en œuvre avec beaucoup de contemporains et par la suite l'histoire littéraire distinguent comme jugement ce qui, dans la langue de leur temps, pouvait donner à leur poétiques. Il est même possible qu'au chrétien qui vient de se convertir ces prière, à leur confession de la foi le caractère phonique distinct sans lequel formes canoniques inspirent de prime abord quelque horreur: il sera il n'est pas de poésie. Ce n'était pas très facile. Au ne, au me siècle, éventuellement rebuté par des artifices où il croit reconnaître les vanités l'oreille du commun des hommes n'est plus sensible à cette distinction des du monde et une insuffisante docilité à l'objet de sa foi. Surtout, et par opposition à la prose, propriété commune de tous les hommes, la poésie, syllabes brèves et des syllabes longues qui avait constitué l'ancienne défendue par ses règles, semble n'appartenir qu'aux seuls poètes; poésie, et rien n'annonce encore qu'une poésie accentuelle puisse naître un jour. Il semble que les chrétiens, tout simplement, se soient souvenus impossible d'y échapper à leur présence envoûtante. A quoi bon pénétrer du temps où ils étaient écoliers. Pour faire ressortir les rythmes de Virgile dans ce temple où toute parole, si neuve qu'elle doive être, éveillera des ou d'Ovide, le grammairien faisait lire leurs vers en accentuant fortement échos anciens qui troubleront sa pureté? A Rome, dans les premiers la première syllabe de chaque pied. Simple artifice pédagogique, mais qui siècles de l'ère, ces échos rapportent la voix d'une civilisation qui ignorait habituait les élèves à entendre un vers tout différent de celui qu'avaient les chrétiens et désormais les persécute. Vraiment, il n'allait pas de soi que conçu les poètes, voire fondé sur un principe tout autre: une unité de 13 à dût naître une poésie latine chrétienne. 17 syllabes où, sans trop d'égard aux quantités brèves ou longues, il s'agissait de loger, de part et d'autre d'une articulation médiane, 3 + 3 Pour qu'une poésie naquît dans les églises latines, il était nécessaire sommets intenses séparés, chacun, par une ou deux syllabes. Tous les c'était le premier acte - que les chrétiens viennent à s'aviser que Romains avaient ce vers en tête. C'est lui dont Commodien reprendra décidément la prose ne leur suffisait pas; il fallait qu'en certaines l'architecture sonore. On ne peut douter qu'en chaque unité, le retour occasions ils ressentissent le besoin d'employer, pour l'expression de leur régulier de 6 syllabes fortement martelées ne concoure à donner au texte foi, un langage distinct de la prose, trop commune. Structuré, rythmé par un poids que n'aurait eu, fût-ce avec les mêmes mots ou des mots des schèmes récurrents clairement reconnaissables, ce langage étranger analogues, aucune prose. L'hexamètre avait été jadis la langue des aux usages profanes, plus saint, rendrait sensible une énergie quasi divine, sanctuaires et des oracles; sécularisé pendant des siècles, assoupli à tous inculquerait plus fortement les impressions suggérées par le vocabulaire : les usages, il retrouvait chez les chrétiens son autorité originelle. C'est ce en resserrant le tissu verbal, il rendrait comme explosive la vertu des nouvel hexamètre, cet hexamètre recréé, un peu raide mais hiératique, mots. C'est ainsi d'ailleurs qu'en toutes les civilisations est née (ou a qu'il nous faudra entendre dans l'abondante production des poètes ressuscité après une période sombre) la poésie. chrétiens qui vont se succéder à partir du IV' siècle, et même quand - la Dans cette recherche d'une forme ou de formes poétiques, l'inventivité paix s'étant faite avec le passé romain - ils y appliqueront, pro forma, les des chrétiens allait être stimulée - d'autres modèles leur viendront plus règles et distinctions de la versification classique. tard de la Grèce et de l'Orient - par leur pratique des Écritures. Psaumes, L'hexamètre convient mal à la prière; il y faut des unités plus courtes cantiques, méditations sapientielles n'y étaient évidemment pas écrits dans qui dépasseront rarement dix syllabes; la distinction de temps forts et de 12 NAISSANCE DE LA POÉSIE PRÉFACE 13 temps faibles y serait à peu près sans objet; le mouvement de l'inspiration elle apprit à distinguer du paganisme, toujours incompatible, un ordre s'y trouve soutenu au mieux par la strophe, ou la stance, conjoignant en profane qu'elle pouvait accueillir et qu'elle accueillit en effet avec amitié. un tout un nombre fixe de ces unités, aimantées elles-mêmes par une Cette révolution fut surtout favorable à la poésie. De tout temps, les isosyllabie stricte. C'est la strophe ambrosienne. On la décrit parfois chrétiens avaient puisé dans les trésors des philosophes; que leurs auteurs comme une strophe de dimètres iambiques, mais rien n'habilitait fussent moralistes ou polémistes, voire théologiens, la sagesse antique particulièrement ce vers à un tel usage, en sorte que par cette référence passait dans leur prose; il dépendait d'eux seuls que cela ne se vît pas. rien ne se trouve expliqué. Des glyconiens - Hilaire en a employé, fort Mais comment écrire en vers tant soit peu réguliers sans susciter libres quant à leur prosodie - eussent presque aussi bien converiu ; et la immédiatement le souvenir de païens, Virgile, Horace, Juvénal? Pour forme subsistera intacte quand toute prosodie en aura disparu: elle tient qu'on le supportât, il fallait アオセッョ@ eût cessé de les haïr et accepté de leur par l'isosyllabie des vers et par leur groupement en strophes. Mais soyons tendre la main. sûrs que lorsque les contemporains d'Ambroise récitaient le Carmen Les communautés chrétiennes n'étaient pas uniquement composées de saeculare ils n'y entendaient guère autre chose. C'est la même architecture sauvages et d'analphabètes. Beaucoup de chrétiens, soit dans leur enfance, qui soutient le vers étrange employé par Augustin, par Fulgence en des soit avant de se convertir, avaient connu les lettres profanes et les avaient « psaumes» qui devaient inculquer à leurs ouailles des éléments aimées; quelques-uns, sans doute, avaient eu le goût d'écrire en vers. doctrinaux importants; les métriciens y veulent retrouver l'antique Quelle joie de pouvoir désormais le faire sans scrupule, sans craindre septénaire trochaïque, quitte à devoir déplorer d'innombrables bévues. Ce d'avoir un cœur partagé! De là le magnifique épanouissement de ce grand sont en fait des distiques à la nouvelle mode, purement syllabiques, faisant siècle. Voyons bien comment ces œuvres neuves concourent à élargir alterner vers de 8 et vers de 7 syllabes. l'audience du christianisme. Je ne sais trop si la lecture des Évan&iles mis « L'Église à la conquête de sa musique », c'était le titre d'un beau livre en vers par Juvencus impressionnera plus favorablement que l'Evangile de Solange Corbin; les premiers chapitres de Jacques Fontaine nous lui-même quelque païen encore sur le seuil de l'Église. En revanche, il est retracent ici, pour la poésie, une semblable aventure. Sans doute est-il tout apparent que la communauté en laquelle il est tenté d'entrer lui paraîtra à fait important de voir la poésie latine chrétienne, en ses parties les plus moins rebutante, moins étrangère, s'il y reconnaît des hommes que leur essentielles, prendre son essor et trouver ses formes à partir des besoins christianisme n'a pas détachés de toute fidélité à la tradition romaine de propres de la communauté chrétienne et par une libre utilisation des culture. Pas plus que leurs devanciers, les nouveaux poètes chrétiens ne ressources rythmiques qu'elle trouve dans le parler commun. Il ne s'agit sont d'artificieux missionnaires préoccupés d'allécher ceux du dehors, pas, comme on le dit parfois, d'appâter les lettrés; ni Commodien, ni mais les témoins d'une transformation qui s'est opérée dans l'ensemble du Augustin, ni Fulgence ne visent ce public; il suffit, pour en être peuple chrétien et qui le rend effectivement plus apte à vivre, en une convaincu, de les lire. Et ce n'est pas non plus dans le studieux silence symbiose féconde, à l'intérieur de la civilisation romaine. d'un cabinet ou dans une salle de conférences que la lyrique ambrosienne Les poètes chrétiens vont donc reprendre un des traits les plus s'impose, mais dans une basilique où campe un peuple excité, au bord de séduisants de l'antiquité grecque et romaine: la poésie s'y était insinuée la sédition. Cette poésie est née dans un monde largement hostile ou partout. Épopées, poèmes didactiques, lettres en vers, satires, panégy indifférent, sans emprunt véritable aux traditions littéraires de ce monde, riques, tragédies,badinages, examens de conscience, tous ces genres sans penser encore s'adresser à lui. Mais le christianisme, pour communiquaient par une sorte d'osmose, baignant dans un même milieu s'accomplir, pour son seul usage interne, dirions-nous, avait besoin d'une nourricier fait de rythmes,. de libertés phraséologiques, de trouvailles poésie. verbales, élevant à l'art la totalité de la vie. Chez les poètes chrétiens des Ive v· et siècles, on retrouve cette diversité; si grands qu'ils soient, Prudence en ses hymnes, ou Ambroise n'y sont pas tout; un des grands Ces origines séparées, proprement chrétiennes, assurent l'authenticité et mérites du livre de Jacques Fontaine est de savoir nous intéresser à feront, aux siècles qui vont venir, la vitalité de la poésie qui vient de d'autres œuvres, nées alors toutes fraîches en des cantons aujourd'hui naître. Mais elles auraient été pour elle, sans nul doute, par rapport à la délaissés du pays de poésie. A distance, au vu de la table des matières ou tradition proprement romaine, une cause d'extériorité, d'étrangeté. Les du titre des chapitres, on redoute d'avoir à subir un de ces plaidoyers événements du IVe siècle, la conversion de Constantin rendirent possible laborieux dont raffolent les spécialistes, déployant à l'appui d'une cause qu'il n'en fût pas ainsi. L'Église et l'Empire renoncèrent à se détester; indéfendable tout un éventail de fragiles subtilités. Comment nous l'Église ne garda pas de rancune. Reconnue pour ce qu'elle voulait être, intéresser au Centon virgilien de la poétesse Proba ? Lisez ces chapitres,

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