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Militants et militantismes communistes à la Martinique, 1920-1971 : identification, forme et implication PDF

515 Pages·2015·26.452 MB·French
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Rolande Bosphore Pérou Militants et militantismes communistes à la Martinique 1920-1971 Identification, forme et implication IBIS ROUGE ÉDITIONS Sous la direction de Mme le Professeur Danielie BÉGOT © IBIS ROUGE ÉDITIONS, 2015 Matoury, Guyane française http://www.ibisrouge.fr ISBN : 978 - 2 - 84450 - 472 - 2 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part que les«copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collec­ tive», et d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite». (Alinéa 1° de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’auteur ou de l’éditeur constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. INTRODUCTION GÉNÉRALE 9 « Pour moi, le communisme, à cette époque, c'était le bonheur sur terre, la fin de la misère pour les Martiniquais, c'était déjà cela pour moi. Non pas un autre monde mais une autre société1. » L’attention que nous portons à une cause, ou l’intérêt que nous manifestons envers un mouvement est le plus souvent le corollaire de mille et une choses vécues, entendues et appréhendées. Nous choisissons d’entrer dans une démarche soit parce que nous avons baigné dans cette approche, soit parce qu’elle nous a été montrée comme nécessaire par ceux qui avait en charge de nous éveiller aux choses essentielles de la vie, un père, une mère, un enseignant, un grand ami, une figure emblématique. Écrire l’histoire des militants communistes martiniquais est lié à la rela­ tion que nous, chercheur, avons eue avec ce milieu. Ce qui nous a poussé à nous intéresser à ce groupe politique particulier, ce fut toute une enfance à regarder agir notre père René Bosphore secrétaire-adjoint et trésorier d’une cellule de la section communiste du bourg de Trinité, ce fut le va-et-vient incessant de ses « camarades » communistes discutant sans fin sur le mal­ développement de la Martinique, sur les choix politiques, économiques et sociaux faits ou à faire. Ce fut aussi l’aide apportée, par nous, ses enfants, au pliage et à la distribution du journal, les chuchotements et la remise dis­ crète des bulletins de vote les veilles d’élections, à ceux qui ne voulaient pas se faire repérer communistes. Ce fut surtout le regard dubitatif ou surpris des autres, les paroles désobligeantes, les mises à l’écart dans les cours de récréation, les durs commentaires « d’après élections » perdues pour les communistes (ce fut toujours le cas à Trinité). Et nous nous sommes tou­ jours demandé pourquoi ces communistes, attiraient et effrayaient à la fois, ce qu’ils apportaient de particulier, ce que contenaient leurs discours et ce qu’ils voulaient. Malgré tout, le détachement était nécessaire pour traiter notre sujet, mais nous ne doutons pas que le lien biographique nous unissant à ce thème transpirera dans les pages qui suivront et qui mettront en évidence le par­ cours de ces militants qui ont consacré leur vie à défendre leur idéal, à s’exposer aux regards et aux propos des autres. 1 André CONSTANT. Entretien du jeudi 9 avril 2009. 10 Rolande Bosphore « L’engagement, qui est moral d’abord, débouche évidemment sur la politique2. » Depuis toujours, le militantisme est le propre de l’action politique ou syndicale quoiqu’il existe d’autres types d’entreprises militantes. « Aujourd’hui, les figures militantes sont multiples et il n’est guère d’acti­ vité sociale qui n’ait ses militants dès lors qu’elle tend à devenir une cause pour celui qui l’exerce3. » C’est l’engagement militant qui a permis aux démocraties de s’affirmer sans cesse depuis le dix-huitième siècle. L’action militante s’oppose à l’indif­ férence, à la neutralité du citoyen spectateur, le militant est le citoyen agis­ sant, celui qui décide de ne pas subir et tente d’influer sur ce qui se décide ou se passe. Il se met volontiers au service d’une cause, au service des autres. Seul celui qui a un profond attachement aux valeurs de pluralisme, de liberté et qui est prêt à s’engager pour défendre ces idées peut devenir un véritable militant. Car s’engager, c’est choisir de manifester ouvertement ses choix, on ne devient pas militant par hasard, c’est une démarche consciente, volontaire et passionnelle qui implique un don de soi et de nombreux sacri­ fices. En effet le militant s’expose car il fait savoir à tous ce qu’il pense, c’est une prise de risques terrible dans certaines sociétés. Le militantisme communiste est l’exemple édifiant de l’initiative citoyenne désireuse de participer au changement en ayant foi dans l’univer­ sel et qui a toujours espéré dans l’émancipation humaine en participant aux luttes libératrices, démocratiques, sociales, féministes, écologiques. « En effet, intégrer le cœur de l’organisation et y occuper des postes de res­ ponsabilité se réalise au terme d’un cheminement long, tortueux et exi­ geant. Cela suppose de rompre avec le monde d’origine, de se soumettre à l’autorité du parti, d’assimiler sa doctrine, de s’imprégner de ses valeurs, de s’immerger sans retenue dans sa vie de groupe, puis, sous sa houlette, de repartir vers la société pour la changer4. » 2 René Menil, Pour Vémancipation et l’identité du peuple martiniquais, Paris, L’Harmat­ tan, 2008, p. 45. 3 Oliivier FlLLlEULE et Bernard Pudai, « 8. Sociologie du militantisme. » Problématisations et déplacement des méthodes d’enquête in Eric Agrikoliansky et al, Penser les mouve­ ments sociaux, La Découverte « Recherches » 2010, p. 164. 4 Marc LAZAR, Le communisme une passion française, Paris, Éditions Perrin, 2005, p. 47. Militants et militantismes communistes à la Martinique -J -J « Militants et militantisme... » Les premiers militants politiques sont partis du chef-lieu de la colonie, bien avant la création du mouvement communiste, les socialistes recrutaient en très grande partie à Fort-de-France, bien que le chef de file des socialistes, Joseph Lagrosillière fût originaire du bourg de Sainte-Marie. Le groupe communiste prit naissance et s’étoffa à Fort-de-France où il n’y avait pas de véritable tradition ouvrière ainsi que nous l’entendons dans les villes industrielles françaises, pas d’industrie minière, textile, automobile, les îles ayant été formatées, dès les premiers temps de la colonie, au xvn' siècle, pour la production de cultures tropicales d’exportation Nous nous interrogerons sur l’implantation du communisme à Martinique, allait-elle de soi dans une économie agricole et une société fon­ damentalement différente de la métropole coloniale ? Au moment où l’ex­ pression communiste se manifesta ouvertement vers 1921 dans les discours, les articles il y avait seulement soixante-dix ans que l’esclavage avait été aboli et que les nouveaux citoyens commençaient leur apprentissage de la démocratie dans une société où dominaient les activités agricoles. N’ou­ blions pas que les matrices du communisme français furent les ouvriers, citons ce que dit Jean-Paul Molinari sur l’adhésion catégorielle et successive des ouvriers D’abord les ouvriers cheminots : « Ouvriers de grandes corpo­ rations, actifs dans les origines du communisme français, ils sont pour par­ tie métallos professionnels, réparateurs des machinismes et des mécanismes... en leur temps, les ouvriers du modernisme », ensuite les ouvriers miniers : « À l’instar d’autres partis communistes européens, pendant un demi- siècle, jusqu’aux temps récents de la récession de la production charbon­ nière, le Parti Communiste Français - dès ses origines - recrute parmi les mineurs une part importante de ses adhérents ouvriers.», et enfin les ouvriers métallos : « les métallos communistes forment dans le parti - sûr­ ement dès 1928, probablement dès avant cette date à quasi égalité avec les cheminots - l’ensemble de branche, le plus riche en adhérents5.» Il existait au début du XXe siècle, autour du chef-lieu de la Martinique, des distilleries agricoles et industrielles drainant de nombreux ouvriers d’usine, main d’œuvre fluctuante, mais elles ne furent pas les premiers lieux de recrutement d’adhérents communistes, citons quelques-unes de ces distil­ leries : « Les établissements Bernus Antoine, Dormoy Henri, Rhum Dillon, Meyer Frères6... qui se maintinrent pendant de nombreuses années ». 5 Jean-Paul Molinari, Les ouvriers communistes, Thonon-les-Bains, Éditions de l’Alba- ron, 1991, p. 17, 39, 79. 6 Guy Lasserre (sous la direction...), Atlas des DOM, la Martinique, Paris, cnrs, 1977, planche 28 Industrie, tableau HT, p. 1. 12 Rounds Bosphore Aucun mouvement ou groupe politique n’a jamais pu avancer, se faire entendre et connaître, voire s’affirmer que grâce à l’activité militante d'hommes et de femmes, dirigeants, délégués ou simples acteurs anonymes. En effet le dictionnaire ne définit-il pas le militant comme celui : » Qui combat dans les luttes idéologiques » (Le Robert d’aujourd’hui 1992) ou « Qui lutte, combat pour une idée, une opinion, un parti » (Larousse 2008)î Le militant fortement imprégné de convictions, de dogmatisme n’a-t-il pas pour mission de relayer les idées, de les répandre, de les prêcher ? « Le militant ouvrier n’est jamais - et ce serait la même chose pour le mili­ tant des clubs révolutionnaires autrefois ou, avant eux, les militants de foi de l’humanisme dévot [...] ou, avant encore, des Ordres mendiants ou combattants - que l’exposant visible d’un grand mouvement invisible, dont il « cristallise la masse » ou précipite la réaction, qu’importe la figure : l’important sera ce lien restitué du perçu au perceptible et du per­ ceptible à l’imperceptible... Toute cette militance, derrière, avec, autour du militant »7, L’objectif général de notre recherche est de remettre au premier plan cette activité humaine au centre de l’analyse historique, de faire découvrir des approches tant individuelles que collectives pour mesurer l’implication d’une famille militante politique, syndicale d’une région à un moment donné. Et cela introduit la première partie de l’objet de notre recherche : « Militants et militantisme... ». Notre dessein est d’établir des liens, de faire découvrir des valeurs non reconnues, de permettre l’observation et, sans aucune suffisance, la trans­ mission de pratiques militantes. Enfin, notre projet s’entend comme le point de départ d’une entreprise mémorielle visant à faire resurgir un groupe mili­ tant avec ses fonctionnalités face à l’actuel effritement du monde ouvrier, noyé dans une société confrontée à la montée des individualismes et balayé par d’autres méthodes d’implantation. Au moment où l’histoire patrimoniale restaure les mémoires dans l’his­ toire générale de la Caraïbe; mémoire des lieux avec l’archéologie indus­ trielle, mémoire des savoirs et savoir-faire avec les recherches sur les attitudes scientifiques pendant la colonisation, mémoire de la filiation avec la vulgarisation de la généalogie, mémoire du vieil objet avec la création de lieux publics et privés consacrés à la collecte d’objets témoins significatifs de la vie domestique antérieure ; peut-on délibérément tourner le dos à ceux qui ont contribué à implanter partis et syndicats, qui ont animé grèves et manifestations, qui ont pendant des décennies laissé leurs empreintes sur les trottoirs des villes et des bourgs et dans la poussière des campagnes ? 7 Michel DREYFUS, Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule, La part des militants, biographies, militances, dictionnaires, Paris, Les Éditions de l’Atelier/Èditions ouvrières, 1996, p. 27. Militants et militantismes communistes à la Martinique 13 Reconnaître la place du militant dans les mutations sociales, écono­ miques et politiques de la Martinique, c’est légitimer son rôle de messager du groupe mais aussi établir ses convictions et son adhésion à des idées fortes qu’il a voulu porter à sa communauté. Car si le militant met en pra­ tique des règles et des principes définis et élaborés par l’ensemble, ses actions sont aussi personnelles, concrètes, spontanées et déterminées par la profondeur de ses certitudes et son degré d’enthousiasme. Pour Emile Cap-Gras8, militant communiste, le militantisme est : « L’aptitude du citoyen à aller vers les autres, c’est une force qui pénètre le citoyen lorsqu’il sent que les autres ont besoin d’aide, c’est une force qui porte les gens vers les autres9. » Le militant est telle la fourmi ouvrière qui contre vents et marées, contournant inlassablement les obstacles, faisant fi de l’adversité, s’obstine à exhiber sa représentation du monde et à transmettre sa part à l’édification collective, comme s’il avait été formaté pour cette tâche. « Militants et militantisme communistes à la Martinique ? » Aujourd’hui il semble presque inopportun de parler de communisme mais le courant de pensée des communistes ainsi que leur présence constante a traversé la société martiniquaise pendant plusieurs décennies durant le vingtième siècle, l’a sans aucun doute façonné et aucune histoire sociale, aucune histoire des mentalités, aucune histoire politique ne peut l’ignorer. Bien que cette présence communiste n’ait commencé à se structurer véritablement à la Martinique qu’à partir de 1920, des courants de pensée marxiste traversaient déjà la société martiniquaise dès le début du xx' siècle. Mais ce fut en consacrant, en 1920, leur rupture10 avec les socialistes et Joseph Lagrosillière, que les communistes martiniquais affirmèrent l’origi­ nalité et l’indépendance de leur groupe et mirent en marche la vulgarisation de leur idéologie. Soulignons toutefois que la vie politique a toujours été très dense à la Martinique et cela dès la seconde moitié du XIXe siècle11 ! 8 Émile Cap-Gras, militant communiste depuis 1946, ancien président du Conseil régio­ nal de la Martinique. Portrait dans la partie III. 9 Émile Cap-Gras. Entretien du 10 avril 2009. 10 Dès 1919, au célèbre « banquet de Sainte-Marie », Jules Monnerot, inscrit à la SFIO, avait reproché à Joseph Lagrosillière chef de file de la gauche réunie, son alliance avec les békés, notamment avec Fernand Clerc. Edouard De LÊPINE. Entretien du 27 sep­ tembre 2008. 11 Avant 1848, l’engagement politique opposait les « colons blancs » et les « libres de cou­ leur », après l’abolition, l’accession à la vie civile et politique des anciens esclaves libé­ rés, introduisit une nouvelle composante dans la bataille politique. Suite de la note page suivante. 14 Rolande Bosphore Différentes étapes importantes vont apporter une vitalité et une audience certaine à ces communistes de la première heure ; citons la créa­ tion et la diffusion massive de leur organe de propagande Justice'1, la struc­ turation en cellules à Fort-de-France1131 p1o2u r organiser et former les militants, la fusion des groupes communistes14, l’expansion vers les bourgs, les mornes, les campagnes ainsi que la forte implication dans le combat syn­ dical et culturel. Certes, il ne s’agit pas, dans les finalités de notre recherche d’écrire l’histoire du Parti communiste martiniquais, qu’il conviendrait d’examiner peut-être dans d’autres travaux de recherche. Il ne s’agit pas, non plus, de dresser un tableau du communisme à la Martinique, ce qui ne serait qu’une compilation de renseignements se trouvant dans différents ouvrages traitant du communisme dans la région. Notre intention n’est pas non plus d’élaborer uniquement des notices biographiques de communistes réputés, hommes et femmes reconnus et impliqués dans l’histoire de la Martinique, ce parti pris nous éloignerait de la masse des militants anonymes, ceux qui en dehors de leur activité mili­ tante n’ont pas eu une vie d’exception, ceux dont le visage et le nom n’ont pas retenu l’attention, ceux dont personne ne se souvient parce qu’aucune rue ni place ne porte leur nom, ceux pour qui aucune statue n’a été érigée. 11 s’agit pour nous de discerner les catégories générationnelles animées par la passion militante, de proposer une lecture de leurs pratiques mili­ tantes, de mettre en évidence leurs stratégies remarquables ou non en par­ tant d’une époque où les communistes n’hésitaient pas à s’exprimer et où s’affrontaient des idéologies fortes pour arriver aujourd’hui à une période où dépolitisation, individualisme sont très présents, enfin de pouvoir signi­ fier s’il y avait un particularisme militant, une spécificité organisationnelle chez les communistes martiniquais : « Le militantisme peut apparaître comme un champ de déploiement et de manipulations des émotions. Les messages politiques qui s’efforcent d’em­ porter l’adhésion sont porteurs de "signaux de séduction" dont l’impact 11 (suite) Ces nouveaux citoyens, après de timides essais, vont « entrer en politique » avec force et détermination, à travers différents rendez-vous électoraux. Ensuite, au début du XXe siècle, des partis, plus précisément des hommes (Henry Lémery, Victor Sévère, Joseph Lagrosillière) se livrent des batailles mémorables pour s’imposer dans le paysage politique et à partir des années vingt les partis politiques se structurent, définissent leurs idéologies, mettent en place des alliances contribuant ainsi au dynamisme de la vie poli­ tique locale. 12 Création en mai 1920 du journal Justice, sous-titré « organe des intérêts du peuple ». 13 Groupement d’adhérents de base à un parti, particulièrement dans les partis commu­ nistes. 14 Fusion des groupes marxistes « Jean Jaurès » et « Front commun » en 1935 pour former la Région communiste de la Martinique. Militants et militantismes à la Martinique -J 5 est aussi décisif que celui explicite des discours. Ces messages, pour être efficaces, doivent être émouvants de façon à constituer, à entretenir des sensibilités politiques, ensembles cohérents de sentiments, de passions et d’émotions appartenant à un groupe humain en particulier... »15. Bien que notre propos ne se résume pas à relater l’histoire du Parti communiste martiniquais, nous devons nous efforcer de travailler en parallèle avec cette histoire et y faire de fréquentes incursions. Et c’est ainsi que dans une démarche préalable nous nous sommes attachée à restituer la présence de ce parti sur l’échiquier politique pendant le vingtième siècle, précisément de 1920 à 1971, soit un demi-siècle. Les communistes à la Martinique entre 1920 et le début des années 1970. Brève chronique De la création de leur groupe en 1920 à l’aube des années 70 les com­ munistes ne vont cesser d’être présents sur la scène politique martiniquaise, leur audience ira grandissante dans cette première moitié du XX' siècle. Les différents rapports demandés par les gouverneurs à leurs services de rensei­ gnements et expédiés au ministre des colonies attestent de l’existence d’un mouvement communiste s’organisant, comme le note ce rapport de 1925 : « II existe toutefois à la Martinique, un groupe communiste "Jean Jaurès "et un parti "néo-schoelchériste" qui bien qu’affichant des idées purement socialistes, semble associé au premier groupement, en vue de partager les envois, - tracts ou fonds, - qui pourraient être envoyés de France... La Martinique possède un journal bolchévisant, "la Justice"»16. Retenons également ce que propose Cécile Celma17 à ce sujet, dans L’Historial Antillais : « Les communistes sont au début très peu implantés dans la classe ouvrière, en tant que militants d’une organisation politique. Ils sont pour la plupart connus comme des syndicalistes très actifs. Au fur et à mesure ils s’imposent sur l’échiquier politique martiniquais. En 1925, ils présen­ tent une liste aux élections municipales du 3 mai à Fort-de-France : la liste du Bloc ouvrier et paysan. L’assassinat d’André Aliker leur insuffle un cer­ tain dynamisme et leur permet une véritable "percée politique". Les com­ munistes défraient la chronique et font les frais de la correspondance officielle pendant de nombreuses années. Il est fait état de "menées communistes dangereuses" et les noms, adresses et professions et activités des principaux militants sont retrouvés dans les rapports de police18. » 15 Michel Dreyfus, Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule, op. cit., p. 46. 16 Slotfom / Fonds ministériels. Carton XIII : Travaux d’ensemble sur l’agitation anti fran­ çaise et bolchévique. FM-13slotfom carton 1 à 3. Dossier 3 : notes sur la propagande communiste dans les colonies. Lettre du 5 novembre 1925 (propagande révolutionnaire aux colonies, contrôle et assistance aux colonies, 17 Cécile Celma, historienne, responsable de la bibliothèque Schœlcher à Fort-de-France et ensuite conservatrice du musée d’archéologie précolombienne.

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