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Michel Houellebecq sous la loupe PDF

406 Pages·2007·1.38 MB·French
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Michel Houellebecq sous la loupe FAUX TITRE 304 Etudes de langue et littérature françaises publiées sous la direction de Keith Busby, M.J. Freeman, Sjef Houppermans et Paul Pelckmans Michel Houellebecq sous la loupe études réunies par Murielle Lucie Clément et Sabine van Wesemael AMSTERDAM - NEW YORK, NY 2007 Illustration couverture: Photo Murielle Lucie Clément Maquette couverture / Cover design: Pier Post. The paper on which this book is printed meets the requirements of ‘ISO 9706: 1994, Information and documentation - Paper for documents - Requirements for permanence’. Le papier sur lequel le présent ouvrage est imprimé remplit les prescriptions de ‘ISO 9706: 1994, Information et documentation - Papier pour documents - Prescriptions pour la permanence’. ISBN: 978-90-420-2302-4 © Editions Rodopi B.V., Amsterdam - New York, NY 2007 Printed in The Netherlands Introduction Murielle Lucie Clément et Sabine van Wesemael Depuis plusieurs années, les romans de Michel Houellebecq dominent le paysage littéraire français. À chaque parution, une avalanche d’articles pro ou contre s’abat sur les médias entraînant une polémique dont le cercle germanopratin se régale. Aussi, l’intérêt suscité par l’auteur s’est-il traduit en quelques ouvrages d’approches diverses : Thomas Steinfeld : Das Phänomen Houellebecq (2001), Dominique Noguez : Houellebecq, en fait (2003), Olivier Bardolle : La Littérature à vif (Le cas Houellebecq) (2004), Éric Naulleau : Au secours, Houel- lebecq revient ! (2005), Jean-François Patricola : Michel Houellebecq ou la provocation permanente (2005), Denis Demonpion : Houelle- becq non autorisé, enquête sur un phénomène (2005), Fernando Arra- bal : Houellebecq (2005). Cependant, force est de reconnaître que cet intérêt dont témoignent les titres précités n’est en rien comparable à l’engouement du public et le succès commercial avenant. Par ailleurs, exception faite du colloque d’Édimbourg en octobre 2005, qui donna lieu à la superbe publication Le Monde de Houellebecq, Gavin Bowd (dir.), l’auteur ne semble pas avoir énormément stimulé la recherche académique. En effet, seules quelques analyses d’envergure lui ont été consacrées à ce jour : Murielle Lucie Clément : Houellebecq, Sperme et sang (2003), Sabine van Wesemael (études réunies par) : Michel Houellebecq (2004), Sabine van Wesemael : Michel Houellebecq, le plaisir du texte (2005), Murielle Lucie Clément, Michel Houellebecq revisité (2007). Les contributions réunies dans le présent ouvrage ten- tent de combler quelque peu le fossé béant entre Michel Houellebecq et la critique universitaire. En outre, ce recueil projette sur l’œuvre un nouvel éclairage dû en grande partie à l’approche des sujets peu explorés à ce jour. Ainsi, l’esthétique générale des écrits, la poésie, l’écriture houellebec- quienne, la réception et la philosophie sous-jacente passent-elles dû- 6 Murielle Lucie Clément et Sabine van Wesemael ment la revue dans des études approfondies après avoir été négligées jusque-là. D’autre part, bien que l’amour, l’exotisme et l’abject aient été précédemment discutés, ces thèmes se teintent aujourd’hui d’un jour nouveau par l’angle original sous lequel ils sont abordés et la perspicacité des réflexions qui leur sont accordées. Enfin, plusieurs articles interpellent le dernier roman : La Possibilité d’une île (Fayard, 2005) ce qui confère à ce recueil un atout supplémentaire sur tous les ouvrages précédents. Il se peut qu’aux yeux de Michel Houellebecq, la célébrité cultu- relle ne soit aujourd’hui qu’un médiocre ersatz de la gloire médiatique comme l’illustre le destin du scénariste Daniel1 dans le dernier roman de l’auteur. Cela n’empêche aucunement son oeuvre d’être bel et bien imprégnée des idées de ses prédécesseurs. Dans tout texte subsistent toujours les traces de textes antérieurs, ce que démontrent plusieurs articles. Jacob Carlson, à travers une analyse d’Extension du domaine de la lutte (1994), propose de rapprocher l’écriture houellebecquienne à la tradition de la satire ménippée dont toutes les particularités, dis- tinguées par Bakhtine, se retrouvent, selon lui, dans les romans de Houellebecq : tonalité comico-sérieuse, ridicule des savants. Par exemple, la démonstration scientifique et burlesque de Michel des Particules élémentaires (1998), le chien philosophique, dystopie, ce procédé utopique utilisé uniquement pour persifler avec humour et malice notre société actuelle, et cetera. D’autres partent de l’idée que Houellebecq est au fond un dix- neuvièmiste. C’est le cas de Bruno Viard qui explore les côtés balza- ciens de l’auteur. Selon lui, Houellebecq écrit des romans sociologi- sants qui réactualisent les conventions du roman réaliste (mimésis, déterminisme, caractérisation conventionnelle, couleur locale et cete- ra) mais parodient en même temps le ton académique des romanciers- sociologues du XIXe siècle. La critique du libéralisme rapproche aussi Houellebecq de Balzac. Tous deux enregistrent sa faillite. Les Paysans (1844) de Balzac et Extension du domaine de la lutte reposent sur la même idée : libéralisme équivaut violence, inégalité et la réduction de l’être humain aux lois de l’offre et de la demande. Rien d’étonnant alors à ce qu’un leitmotiv de Balzac comme de Houellebecq soit le parallèle entre le monde animal et la société humaine. Mais c’est aussi au niveau de la biographie qu’on peut établir une parenté entre Balzac et Houellebecq : la séparation avec la mère. Honoré fut mis en pen- sion, Michel élevé par ses grands-parents. En résulte un terrible res- Introduction 7 sentiment envers la mère et envers toute sa génération. Chez les deux auteurs la famille constitue l’idéal perdu. Quant à elle, Sandrine Rabosseau se demande ce que recouvre le terme de ‘néo-naturalisme’ dans l’oeuvre romanesque de Houellebecq. À l’instar de Zola, considéré comme l’inventeur du roman expérimen- tal, Houellebecq adopte un discours sociobiologique. L’observation du milieu dans les manifestations intellectuelles, le poids de l’hérédité et la mise à jour des bas instincts sous couvert de discours scientifique peuvent être considérés comme autant de clins d’oeil au maître du na- turalisme. De plus, la provocation anthropologique du romancier s’amusant à réduire la vie des hommes à des échanges sexuels, n’est pas sans rappeler la démarche de Zola. L’écriture de Houellebecq se- rait ainsi un prolongement du roman naturaliste, et certains passages faisant référence à la science ou à la bestialité pourraient être lus comme des pastiches des romans zoliens. Parmi les poètes du XIXe siècle qui ont influencé Houellebecq, Ju- lia Pröll signale avant tout Baudelaire et dans son étude de la « poésie urbaine » de Houellebecq, elle établit une filiation avec celui-là. Ces deux écrivains oscillent entre « spleen » et « idéal » : pour chacun d’eux l’articulation poétique de la douleur pourrait conduire à une « renaissance » du sujet (lyrique) dans une absurdité devenue créa- trice. Houellebecq, exprimant à plusieurs reprises sa haine de la na- ture, se fait comme Baudelaire le poète des grandes villes, bien que se profilent, bien sûr, aussi de nettes différences : les métropoles post- modernes ne garantissent plus les rencontres bouleversantes avec des « passantes » mystérieuses, mais dévoilent la logique impitoyable du système capitaliste et « du mouvement non-arrêté ». Chez Houelle- becq, le paysage urbain désoriente le sujet et lui ôte tous les repères par un excédent d’informations. Simon St-Onge développe le rapport entre Lautréamont et Houel- lebecq. Leurs textes ont en commun un caractère hybride qui relève de différents types de discours : ils utilisent tous les deux le langage lyri- que et scientifique dans leurs textes littéraires. Houellebecq, en s’appropriant le langage scientifique et en intégrant la démarche poé- tique de Lautréamont, consent à métamorphoser la textualité en une multiplication discursive où chaque ligne de rupture constitue autant de réorientations de sens et d’expériences littéraires. Selon St-Onge, il nous est donné de comprendre les oeuvres de Houellebecq comme des 8 Murielle Lucie Clément et Sabine van Wesemael lieux de rencontre de divers espaces littéraires qui, dans leurs colli- sions, déploient des possibilités d’expériences esthétiques. Elisabetta Sibilio, pour sa part, démontre le rapport entretenu par H.P. Lovecraft (1991) avec un texte modèle : l’étude de Baudelaire sur Edgar Allan Poe. Elle révèle une correspondance intime entre Houellebecq et Baudelaire : l’enfance et le guignon. De façon géné- rale, Sibilio vise à identifier les raisons du choix d’un biographe pour son sujet, d’expliquer la fascination d’un écrivain pour l’autre. Relevées dans les textes houellebecquiens, les citations sont parfois explicites, mais souvent aussi moins évidentes et il est possible de dé- couvrir des filiations assez lointaines. Murielle Lucie Clément s’y ap- plique et fait, entre autres, le lien entre un fragment des Particules élémentaires et Roméo et Juliette (1595) de William Shakespeare en transitant par Brave new world (1932) d’Aldous Huxley. Selon Clé- ment, qui expose aussi plusieurs relations avec certains auteurs contemporains, les citations de Houellebecq sont des hommages, conscients ou inconscients, rendus aux écrivains et poètes dont la trace se retrouve dans les fictions houellebecquiennes. Toutefois, Houelle- becq n’est jamais aussi convaincant que lorsqu’il cite ses propres écrits. À plusieurs reprises, Houellebecq a évoqué Schopenhauer comme l’un de ses maîtres spirituels. Walter Wagner n’en est guère surpris car leurs œuvres se rejoignent sur certains points. Les deux auteurs parta- gent, selon lui, une aversion profonde du monde et pour eux le désir sexuel représente l’expression la plus immédiate du vouloir-vivre. Le Monde comme volonté et comme représentation, de même que l’oeuvre de Houellebecq, repose sur une métaphysique pessimiste se- lon laquelle toute existence est souffrance. Selon Schopenhauer, celle- ci, causée par une volonté à l’origine de laquelle se trouve un manque que l’être humain cherche en vain à satisfaire, produit la douleur inhé- rente à la vie. La libération totale du joug de la volonté ne peut résul- ter que de l’abolition du vouloir-vivre qui tyrannise les hommes. Or, les personnages houellebecquiens se révoltent contre la prédominance écrasante du vouloir-vivre : ils sombrent dans la dépression et refusent la procréation à titre personnel. Le « vide sidéral » dans lequel Michel des Particules élémentaires, ce positiviste mâtiné de Schopenhauer, a vécu sa vie est l’expression d’un quiétisme proche du « nirvâna » des religieux indiens. Le Meilleur des mondes, rêve de Michel, se compo- sera d’une race dépourvue de notre individualité génétique, source de Introduction 9 la plus grande partie de nos malheurs. Il est légitime de se demander si Schopenhauer aurait envisagé de résoudre le problème du vouloir- vivre de la sorte. Floriane Place-Verghnes est également d’avis que Houellebecq ré- actualise les thèses de l’oeuvre-phare du philosophe allemand. Contrairement à Walter Wagner, elle fait surtout référence au dernier roman de l’auteur, La Possibilité d’une île, mais elle se concentre plus ou moins sur le même sous-thème, à savoir la question de la volonté. Selon elle, chez Houellebecq de même que chez Schopenhauer, la question du vouloir-vivre – et celle, consubstantielle, de la misère de l’homme – revêt trois aspects fondamentaux : la vie est une somme de souffrances qui ne se conclut que dans la mort, les deux auteurs re- connaissent pourtant en même temps que la souffrance peut être posi- tive : la souffrance naît du désir ; le désir est avant tout corporel, le corps étant le siège premier de la volonté. Bien sûr, l’œuvre houellebecquienne est aussi tributaire des auteurs du vingtième siècle. Jean-Louis Cornille, dans sa contribution, insiste également sur le caractère emprunté de l’oeuvre de Houellebecq. Comme sources, il cite Kafka, Ionesco : Le Solitaire (1973) et, sur- tout, Camus : sans L’étranger (1942) il n’y aurait simplement pas d’Extension du domaine de la lutte selon lui. Le signe le plus évident de cette réécriture, est la scène cruciale où le narrateur incite Tisserand à tuer le nègre qui répond à la scène-clé du roman de Camus : l’assassinat de l’Arabe. Dans un cas comme dans l’autre une femme est la cause de l’accélération des événements et le décor est plus ou moins le même : les abords de la mer. Toutefois, chez Camus l’acte n’est pas prémédité, il est gratuit, tandis que Tisserand ne se sent pas la force de commettre le crime et se défend contre l’absurde. En fin de compte, Extension du domaine de la lutte, c’est l’anti-Étranger. Frédéric Sayer, quant à lui, estime que Houellebecq semble vouloir égaler le succès obtenu à la sortie d’American Psycho (1991) par Bret Easton Ellis, un auteur qu’il apprécie particulièrement. Les Particules élémentaires, Plateforme et le roman d’Ellis se distinguent par les scandales provoqués et les succès commerciaux d’envergure consécu- tifs à ces scandales : si American Psycho fut accusé d’inciter au meur- tre, Les Particules élémentaires représentèrent pour certains un pam- phlet pour une société autoritaire et eugéniste. Selon Sayer, ces textes très contemporains ont un puissant impact social : une telle réaction de la part des médias et du public constitue l’indice d’une culpabilité su-

Description:
Michel Houellebecq sous la loupe approfondit le profil de l'uvre de l'auteur le plus controversé du paysage littéraire français actuel et s'attache à dépasser les études sur cet enfant terrible des Lettres françaises parues à ce jour. En effet, force est de reconnaître que l'intérêt susci
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