Richard Kerner Méthodes classiques de physique théorique Cours et problèmes résolus Méthodes classiques de physique théorique Cours et problèmes résolus Richard Kerner Collection Références sciences dirigée par Paul de Laboulaye [email protected] Retrouvez tous les livres de la colleotion et des extraits sur wvm.editions-^lllpsesJr ISBN 978-2-3400-0006-3 ©Ellipses Édition Marketing S.A., 2014 32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15 Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5.2° et 3°a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.editions-ellipses.fr Je dédie ce livre à mes collaborateurs et complices : Claire Bousquet, Christian Carimalo et Philippe Sindzingre Préface Les mathématiques jouent un rôle important dans de nombreuses disci plines. Dans la plupart des sciences de la nature, leur rôle est essentielle ment instrumental et se réduit souvent à n’être qu’un simple outil au ser vice d’une modélisation des phénomènes. En physique elles ont un rôle fort différent. Le statut privilégié de la physique provient de ce que les lois et les concepts peuvent être formulés dans un langage mathématique précis. Les mathématiques servent de principe organisateur et de cadre aux théories phy siques et en retour ces dernières sont souvent une source d’inspiration pour les mathématiciens. De ce fait la physique et les mathématiques entretiennent des liens très étroits. L’enseignement universitaire ne met que très rarement en relief les liens qui existent entre ces deux disciplines. Ceci est d’autant plus regrettable que ces liens n’ont cessé de s’approfondir au cours des dernières décennies, révélant ainsi l’unité profonde du processus de création scientifique. De ce point de vue l’ouvrage de Richard Kerner Méthodes classiques de physique théorique ar rive fort à propos. Ce n’est pas un nouvel ouvrage de mathématiques pour la physique - il en existe d’excellents - mais un ouvrage d’initiation à la physique théorique dont l’ambition est de faire découvrir aux élèves de li cence certains aspects de sa démarche et de ses méthodes. Nourri par une longue expérience de recherche et d’enseignement, l’ouvrage met l’accent sur les méthodes géométriques en physique. C’est là un choix tout à fait judi cieux car les approches géométriques imprègnent toutes les grandes théories physiques actuelles. L’auteur part de la mécanique classique en exposant de façon claire et pro gressive ses différentes formulations : formulation newtonienne, lagrangienne et hamiltonienne. Le chapitre consacré aux principes variationnels fait ressortir la puissance de cette approche et son caractère universel. Il montre comment le calcul variationnel trouve aussi des applications remarquables en optique et dans l’étude des mouvements géodésiques. L’auteur quitte ensuite la mécanique classique pour aborder son terrain de prédilection qui est la géométrie différentielle et la théorie des groupes. Le 11 PREFACE lecteur pourra se familiariser avec la notion de tenseur qui est omniprésente en théorie classique des champs et aussi découvrir quelques éléments de géométrie différentielle en partant de la géométrie des surfaces plongées. La notion de dérivée de Lie exposée d’une façon particulièrement claire et concise est illustrée sur plusieurs exemples. Tous ces outils ne seront pas assimilés en vain : ils préparent le lecteur curieux à se plonger dans la relativité générale, théorie géométrique par excellence. De la géométrie différentielle des surfaces plongées à la relativité générale il n’y a qu’un pas qu’un étudiant motivé pourra franchir aisément. Un autre thème central de la physique théorique moderne est la théorie des groupes. Après avoir donné un aperçu de quelques groupes finis qui in terviennent en cristallographie, l’auteur introduit la notion de groupe de Lie. Ces objets, dotés d’une structure de groupe et de variété différentiable, per mettent de décrire de façon précise comment agissent les symétries. L’étude des invariants d’un groupe de transformation combinée avec l’idée du principe d’inertie débouche sur la classification des différentes cinématiques, relativistes et galiléennes. Bien que l’auteur n’aborde pas la physique quantique, le lec teur pourra trouver ici et là des indications sur le rôle joué par la théorie des représentations. Dans un texte écrit dans un style clair, direct et expurgé de tout forma lisme inutile, l’auteur fait partager au lecteur son intérêt pour les approches géométriques. Chaque chapitre est accompagné d’une série d’exercices corrigés permettant de vérifier que les concepts ont bien été assimilés. Ce livre original qui n’a pas d’équivalent en langue française est à recommander chaleureuse ment aux élèves de L3 et de Ml intéressés par la physique fondamentale. Alain Comtet Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie Avant-propos Dans le cursus obligatoire de L2 et L3 de physique, les mathématiques occupent la place qui leur est due ; néanmoins le contenu standard laisse des chapitres entiers totalement inexplorés. Depuis l’introduction de l’enseigne ment de l’informatique et de nombreux cours de programmation sur ordina teur, l’enseignement obligatoire en mathématique a du être allégé. Presque tous les cours annuels sont devenus semestriels. Suite à ces bouleversements, les étudiants souhaitant continuer les études de physique, surtout en physique théorique et fondamentale, ont été dépourvus d’outils mathématiques indis pensables à une bonne assimilation de la relativité, la mécanique quantique ou la théorie des champs, classiques et quantiques. On peut dire sans exagération que la physique en particulier et la science moderne en général prend ses sources dans la mécanique. Ce sont les problèmes de statique et d’équilibre qui ont incité les compagnons maçons, puis archi tectes, à étudier les rapports entre la géométrie et les forces agissant sur les objets matériels ; les rapports entre les forces et mouvements des objets sont restés plus obscurs jusqu’à l’avènement de la science moderne dont les méthodes ont été forgées par Galileo Galilei. Parallèlement, le développement de l’astronomie et l’introduction du système héliocentrique de Copernic ont conduit Kepler à l’énoncé de ses trois lois de mouvement des planètes. Et ce fut au tour d’Isaac Newton de comprendre la loi de la gravitation universelle et de transformer la mécanique et la physique en véritables sciences modernes. Mais la mécanique n’a pu se développer sans outils mathématiques permet tant une description détaillée et adéquate des positions, mouvements et tra jectoires de corps matériels. La mécanique céleste a énormément influencé le développement de la géométrie en deux et trois dimensions. Les calculs de plus en plus précis ont demandé l’introduction de méthodes mathématiques permet tant de traiter de situations de plus en plus compliquées. Les problèmes liés aux mouvements contraints sur les surfaces de forme arbitraire, ainsi que l’élasticité et déformation des corps étendus ont créé le besoin d’outils géométriques plus sophistiqués connus depuis sous le nom de la géométrie différentielle. IV AVANT-PROPOS Les prémices de cette nouvelle branche des mathématiques ont été intro duits par la cartographie et la géodésie; les premiers travaux généralisant de manière exacte la géométrie des surfaces arbitraires ont été le mérite du grand mathématicien allemand C.F. Gauss. En même temps, les mathématiciens et les physiciens trouvaient une nou velle expression de plusieurs lois de la nature, qui avaient pour trait commun la propriété de rendre un des paramètres essentiels du problème minimal ou maximal. On a découvert que les positions d’équilibre d’un système mécanique correspondaient à un minimum du potentiel. Grâce au principe de d’Alem bert généralisé aux mouvements arbitraires, y compris les mouvements avec contraintes, on a pu étendre ce principe de minimum aux systèmes dyna miques en mouvement. Ces travaux ont conduit à l’apparition d’une nouvelle technique, appelée calcul variationnel. Parallèlement, une nouvelle branche des mathématiques s’est développée : le calcul tensoriel. L’utilisation des coordonnées curvilignes et des repères lo caux non-cartésiens a créé le besoin de pouvoir décrire les phénomènes phy siques de manière commune indépendante de coordonnées choisies. Heureuse ment, la nouvelle formulation de la mécanique introduite par J.L. Lagrange a pu servir d’exemple : les équations d’Euler et de Lagrange gardent leur forme quelque soit le choix des coordonnées. Cela s’appelle la covariance, et le cal cul tensoriel en est l’expression, car il permet de formuler les équations et de les transformer d’un système des coordonnées à un autre tout en gardant leur forme. Cette approche a permis une meilleure compréhension du rôle des transformations de Galilée, puis de Lorentz, et finalement, l’avénement de la Relativité Générale d’Einstein. Dans cette dernière théorie, confirmée par de nouvelles observations et expériences de plus en plus fines, les forces de gravitation sont traitées de la même manière que les forces d’inertie, et tout mouvement sous l’effet de ces forces suit une ligne géodésique dans une géométrie non-Euclidienne. La déformation de l’espace (et du temps) est alors due à la présence des corps massifs. L’approche lagrangienne n’a pas eue le dernier mot en mécanique analy tique. En remplaçant les vitésses généralisées par les impulsions généralisées, le mathématicien Irlandais W.R. Hamilton a reformulé le principe variation nel de Lagrange en introduisant l’espace des phases (coordonnées généralisées -f- impulsions généralisées), et par conséquent, remplacer N équations de La grange de second ordre par 2N équations de premier ordre, plus facilement intégrables. Ces équations portent le nom de Hamilton ; on les appelle quel quefois les équations canoniques de Hamilton. Elles restent invariantes sous l’effet des transformations canoniques, mélangeant les coordonnées et impul sions généralisées. Les équations de Lagrange et de Hamilton pouvant être formulées dans AVANT-PROPOS n’importe quel système de coordonnées curvilignes, ont stimulé l’intérêt pour la géométrie différentielle. Cette branche des mathématiques a été développée tout d’abord en Allemagne par K.F. Gauss, puis par son élève B. Riemann, et parallèlement par N. Lobatchevski en Russie. Gauss a élaboré les méthodes permettant d’évaluer les aires des surfaces ayant une forme arbitraire, et de calculer les flux de divers champs vectoriels à travers les surfaces ou vertes ou fermées. Riemann et Lobatchevski ont introduit les géométries non- euclidiennes, reproduisant les relations géométriques caractéristiques pour une sphère ou un hyperboloide. Mais l’essor principal de la géométrie différentielle est dû à l’introduction du calcul tensoriel par l’école italienne représentée par les mathématiciens Ricci et Levi-Cività, et des formes extérieures dues à Grass- mann en Allemagne et Elle Cartan en France. L’étude des transformations de coordonnées a conduit le mathématicien norvégien S. Lie à une analyse approfondie des groupes de transformation. En introduisant la notion d’un groupe continu (appelé désormais groupe de Lie, il a créé un outil remarquable permettant de décrire le rôle des symétries en physique. Cette théorie est fondamentale pour la description des interac tions entre champs et particules élémentaires. On peut dire sans exagération que les symétries des interactions fondamentales impriment leur marque sur les propriétés de covariance des équations régissant le comportement de corps macroscopiques et qu’en fin de compte, ce sont ces symétries que l’on retrouve ensuite sous la forme du groupe de Lorentz permettant de lier les valeurs du champ électromagnétique mesurées par des observateurs galiléens distincts. Les représentations des groupes à l’aide de matrices ont permis de comprendre la nature de certains champs qui se transforment de manière très particulière : les spineurs. Ces derniers sont nécessaires pour décrire les propriétés physiques des particules élémentaires telles que l’électron, le proton ou le neutron, ap pelées aussi les fermions. Les équations différentielles étudiées en physique sont souvent non-linéaires. Il n’existe pas de méthode universelle pour traiter les systèmes d’équations non-linéaires ; ce que nous pouvons faire, c’est de trouver des méthodes d’ap proximation, à commencer par l’approximation linéaire, et de les affiner par la suite. Une autre possibilité d’aborder les problèmes non-linéaires consiste en l’analyse qualitative des solutions. Les méthodes géométriques remplacent alors les méthodes analytiques. Les isoclines, courbes sur lesquelles la dérivée a la même valeur, permettent d’établir le portrait de phase d’un système différentiel, dans le plan de la variable x et de sa dérivée y = x. Les courbes fermées dans l’espace des phases (x,y) représentent alors les mouvements périodiques du système. Cette approche a été développée par H. Poincaré, B. Van der Pol et N.N. Bogolyubov. Une classe importante d’équations non- linéaires décrivant la dynamique des populations, mais utilisées aussi en phy VI AVANT-PROPOS sique et en chimie, a été introduite par V. Volterra. Les problèmes non-linéaires et les méthodes d’approximation ainsi que l’analyse qualitative sont l’objet du dernier chapitre de ce livre. Quelques mots à propos de notations utilisées dans ce livre : les vecteurs euclidiens en trois dimensions sont représentés par des caractères gras. Les exemples les plus importants sont précédés d’un signe spécial, un trèfle ou un pique. Des problèmes sont proposés en fln de chaque chapitre, les solutions se trouvent groupées en fln du livre. Certaines questions, ainsi que quelques problèmes, sont marqués par une étoile; leur solution est laissée au lecteur. Avant de les consulter les solutions, essayez de résoudre les problèmes proposés sans aide, et vériflez ensuite les résultats obtenus. Dans notre exposition, nous avons essayé de ne laisser aucune afliirmation, aucun théorème sans exemple concret illustrant le procédé. Car selon l’adage latin, “Verba docent, exempla trahunt”, ce qui veut dire en français, “Les mots enseignent, les exemples entraînent” Remerciements Ce livre est basé sur les polycopiés des cours dispensés à l’Université Pierre et Marie Curie pendant les années 2002-2012, pour les étudiants de la deuxième et troisième année de Licence de Physique. Le cours de L2 était consacré à la mécanique analytique, y compris les méthodes lagrangiennes et hamilto niennes ; le cours de L3 s’adressait aux étudiants souhaitant continuer leurs études dans les domaines plutôt théoriques, nécessitant une connaissance ap profondie des méthodes mathématiques. Les deux cours ont été accompagnés de travaux dirigés, dispensés par mon collaborateur et complice Christian Carimalo, Maître de Conférences à l’Uni versité Pierre et Marie Curie. Le présent livre lui doit beaucoup, car il a conçu plusieurs problèmes originaux qui apparaissent en fln de chaque chapitre. Il a également produit plusieurs flgures et dessins. Son aide constante et ses conseils m’ont permis d’en améliorer tant la présentation que le contenu. C’est donc en premier lieu que je lui adresse ma gratitude et les remerciements les plus sincères. Je remercie mon collègue et ami Alain Comtet d’avoir attentivement lu le manuscrit et y apporter pluseurs corrections et suggestions qui ont permis d’en améliorer la qualité d’exposition. Je remercie aussi Oscar Laurent pour son aide précieuse dans la relecture et la compilation du manuscrit.