MESURE DE MAHLER D’HYPERSURFACES K3 5 0 MARIEJOSE´ BERTIN 0 2 n R´esum´eNousexprimons,`al’aidedes´eriesd’Eisenstein-Kronecker,lamesurede a Mahlerde deux familles de polynˆomesd´efinissantdes hypersurfacesK3de nombre J de Picard g´en´erique 19. Pour certaines de ces surfaces K3 singuli`eres (i.e. de 1 1 nombre de Picard 20), nous donnons cette mesure en termes de s´erie L de Hecke de poids 3 pour certains Gro¨ssencharacter. ] T N 1. Introduction h. La mesure de Mahler logarithmique m(P) d’un polynˆome de Laurent P ∈ at C[X1±,...,X1±]est d´efinie par m 1 dx dx 1 n [ m(P)= (2πi)n log|P(x±1,...,x±n)| x ... x ZTn 1 n 1 ou` Tn d´esigne le tore (x ,...,x ) Cn/x = ... = x = 1 . Sa mesure de v 1 n 1 n { ∈ | | | | } 3 Mahler M(P) vaut alors M(P) = exp(m(P)). Si P est un polynˆome unitaire de 5 Z[X], on obtient grˆace `a la formule de Jensen 1 1 M(P)= max(α,1), 0 | | P(α)=0 5 Y 0 quantit´eli´ee au probl`emede Lehmer (1933)sur l’existence d’un polynˆome unitaire / h de Z[X], non cyclotomique, de mesure de Mahler inf´erieure `a 1,1762... t Cependant, grˆace `a un r´esultat de Boyd [3][4], la connaissance de nombreuses a m valeurs M(P) pour P Z[X1,...,Xn] pourrait´eclairer le probl`eme pr´ec´edent. ∈ Depuis quelques ann´ees, on s’int´eresse en outre `a l’obtention de formules ex- : v plicites pour m(P) [6][9][10]. Ces formules sont li´ees `a la nature g´eom´etrique de i la vari´et´e alg´ebrique d´efinie par P. Par exemple, si P repr´esente un mod`ele affine X d’une courbe elliptique E dont les polynˆomes attach´es aux faces du polygone de r a Newton n’ont pour racines que des racines de l’unit´e et si P(x,y) = 0 pour tout 6 (x,y) T2, alors π2m(P) est conjectur´e ˆetre un multiple rationnel de la s´erie ∈ L(E,2) associ´ee `a la courbe elliptique E. Cette conjecture, d´ecoulant des conjec- tures de Beilinson [1], a´et´eprouv´eepar Rodriguez-Villegasdans certains cas ou` E poss`ededelamultiplicationcomplexe[9][10]. Ellea´et´ev´erifi´eenum´eriquementpar Boyd [5] pour de nombreuses familles de courbes elliptiques. En outre Rodriguez- Villegas a exprim´e, pour certaines familles modulaires de courbes elliptiques, la mesure de Mahler logarithmique des polynˆomes associ´es comme la partie r´eelle de certaines s´eries d’Eisenstein-Kronecker[9][10]. Date:February1,2008. Keywords andphrases. MesuredeMahlermodulaire,S´eriesd’Eisenstein-Kronecker,Surfaces K3. 1 2 MARIEJOSE´ BERTIN Nous nous proposons ici de g´en´eraliser ce r´esultat au cas de certaines familles de surfaces K3 ayant un nombre de Picard g´en´erique ´egal `a 19 . Nous ´etudierons essentiellement deux familles, la premi`ere associ´ee aux polynˆomes 1 1 1 P =X+ +Y + +Z+ k k X Y Z − et la seconde li´ee aux polynˆomes Q =X + 1 +Y + 1 +Z+ 1 k X Y Z 1 1 1 +XY + +ZY + +XYZ + k. XY ZY XYZ − Nous montrerons les r´esultats suivants. Th´eor`eme 1.1. 1) Posons k =t+ 1 et d´efinissons t η(τ)η(6τ) t=( )6 =q1/2 6q3/2+15q5/2 20q7/2+... η(2τ)η(3τ) − − ou` η d´esigne la fonction de Dedekind η(τ)=eπ1i2τ (1 e2πinτ). − n 1 Y≥ Alors 4qn 16q2n 36q3n 144q6n m(P )= πiτ + ( d3)( + ) . k ℜ{− n − 2n 3n − 6n } nX≥1 Xd|n 2) Posons k = (t+ 1) 2 et d´efinissons − t − η(3τ)4η(12τ)8η(2τ)12 t= . η(τ)4η(4τ)8η(6τ)12 Alors 2qn 32q2n 18q3n 288q6n m(Q )= 2πiτ + ( d3)(− + + ) . k ℜ{− n 2n 3n − 6n } nX≥1 Xd|n Th´eor`eme 1.2. Avec les notations du th´eor`eme 1.1, on a l’expression suivante de la mesure 1) τ ′ 1 1 m(P )=ℑ ( 4(2 + ) k 8π3{ − ℜ(mτ +κ)3(mτ¯+κ) (mτ +κ)2(mτ¯+κ)2 m,κ X 1 1 +16(2 + ) ℜ(2mτ +κ)3(2mτ¯+κ) (2mτ +κ)2(2mτ¯+κ)2 1 1 36(2 + ) − ℜ(3mτ +κ)3(3mτ¯+κ) (3mτ +κ)2(3mτ¯+κ)2 1 1 +144(2 + )) ℜ(6mτ +κ)3(6mτ¯+κ) (6mτ +κ)2(6mτ¯+κ)2 } 2) MESURE DE MAHLER D’HYPERSURFACES K3 3 τ ′ 1 1 m(Q )=ℑ (2(2 + ) k 8π3{ ℜ(mτ +κ)3(mτ¯+κ) (mτ +κ)2(mτ¯+κ)2 m,κ X 1 1 32(2 + ) − ℜ(2mτ +κ)3(2mτ¯+κ) (2mτ +κ)2(2mτ¯+κ)2 1 1 18(2 + ) − ℜ(3mτ +κ)3(3mτ¯+κ) (3mτ +κ)2(3mτ¯+κ)2 1 1 +288(2 + )) ℜ(6mτ +κ)3(6mτ¯+κ) (6mτ +κ)2(6mτ¯+κ)2 } Nous terminerons par quelques applications arithm´etiques. En particulier, pour certains polynˆomes de ces familles d´efinissant des surfaces K3 singuli`eres (i.e. de nombre de Picard 20), nous exprimerons leur mesure de Mahler comme des s´eries L de Hecke pour un Gro¨ssencharacter de poids 3. 2. Quelques rappels sur les surfaces K3 Nous allons donner quelques r´esultats permettant de comprendre les m´ethodes utilis´ees. Le lecteur int´eress´epar plus de d´etails pourra par exemple consulter [14] [15]. Une surface K3 d´efinie sur C est une surface X P3 v´erifiant ⊂ H1(X, )=0 X O et K =0 X (i. e. dont le faisceau canonique est trivial). Une surface K3 est dite alg´ebrique si elle admet un fibr´e en droites ample, d´efinissant un plongement projectif de X dans un espace projectif. Le caract`ere alg´ebriqueest caract´eris´epar le fait que le degr´e de transcendance de son corps de fonctions C(X) vaut 2. Par exemple, un revˆetement double ramifi´e le long d’une sextique plane est une surface K3. C’est ainsi le cas de la surface dont un mod`ele affine est donn´e par le polynˆome P , pour k = 2, 6, car il s’´ecrit k 6 ± ± 1 1 1 1 (2Z+X + +Y + k)2 =(X + +Y + k)2 4. X Y − X Y − − Si X est une surface K3, il existe une unique 2-forme holomorphe ω sur X, unique `a un facteur scalaire pr`es. Par exemple si F(X ,X ,X ,X ) est un polynˆome homog`ene de degr´e 4 dans 0 1 2 3 P3,sansracinesmultiplesetsiX d´esignelelieud’annulationdeF,alorsX estune surface K3 et la 2-forme holomorphe est le r´esidu de dx dx dx 1 2 3 ∧ ∧ F(x ,x ,x ) 1 2 3 ou` x := Xi. i X0 LegroupeH (X,Z)estlibrederang22etl’accouplementd’intersectionoucup- 2 produit munit H (X,Z) d’une forme bilin´eaire sym´etrique unimodulaire, paire, de 2 rang 22, de signature (3,19) telle que H (X,Z) U3 ( E )2 := 2 ≃ 2⊥ − 8 L 4 MARIEJOSE´ BERTIN ou` U est le r´eseau hyperbolique de rang 2 et E le r´eseau unimodulaire d´efini 2 8 positif de rang 8. Le r´eseau est appel´e le r´eseauK3. L Le groupe de Picard de X, not´e PicX, form´e des diviseurs de X modulo l’´equivalence lin´eaire,v´erifie PicX H2(X,Z) Hom(H (X,Z),Z) 2 ⊂ ≃ et PicX est param´etr´e par les cycles alg´ebriques. C’est un groupe ab´elien libre de type fini, sans torsion, d’ou` PicX Zρ(X). ≃ L’entier ρ(X), appel´e nombre de Picard de X, v´erifie 1 ρ(X) 20. ≤ ≤ Le groupe T(X):=(PicX) des cycles transcendantsa une structure de r´eseau ⊥ de dimension 22 ρ(X). Il est appel´e le r´eseautranscendant. − Si X d´esigne une surface K3, son r´eseau K3 et α l’isomorphisme L α:H (X,Z) , 2 →L le couple (X,α) est appel´e surface K3 ”marqu´ee”. Si γ ,...,γ d´esigne une Z-base de H (X,Z) et ω une 2-forme holomorphe 1 22 2 { } sur X, l’int´egrale ω est appel´ee une p´eriode de X et v´erifie ω = 0 pour tout γi γ γ PicX. ∈ R R Si est un sous-r´eseau primitif de ( i. e. / libre) de rang 1+t, de M L L M signature (1,t), le couple (X ,φ ) ou` X est une surface K3 alg´ebriqueet φ = α α α−1 : PicX est uMne isom´etrieMde r´eseaux, est appel´e surface K3, -p|MolarisM´ee. → M M On peut montrer l’existence de l’espace des modules des surfaces K3, - M polaris´ees et pseudo-amples (i. e. dont le plongement φ contient une classe de α diviseurs pseudo-amples). Cet espace de modules est ind´ependant du marquage;il est not´e M . K3, M Supposons d´esormais avec de rang 19. M⊂L M Si U ( E )2 2 >, par un th´eor`eme de Dolgachev, 2 8 M≃ ⊥ − ⊥h− i on a l’isomorphisme MK3, /Γ0(N)∗ M ≃H ou` d´esigne le demi-plan de Poincar´e, H a b Γ (N)= Sl (Z)/c 0(N) 0 { c d ∈ 2 ≡ } (cid:18) (cid:19) et Γ0(N)∗ =Γ0(N)+wN ou` w d´esigne l’involution de Fricke N 0 1 w = −√N N √N 0 ! Le groupe Γ (N) est en outre de genre 0. 0 ∗ Le groupe Γ (N) (ou ses sous-groupes d’indice fini) peut s’identifier au groupe 0 ∗ demonodromiedel’´equationdiff´erentielledePicard-Fuchsd’unpinceaudesurfaces K3, -polaris´ees ( pour la d´efinition de l’´equation diff´erentielle de Picard-Fuchs, M voir ci-dessous). MESURE DE MAHLER D’HYPERSURFACES K3 5 Rappelons que /Γ (N) est l’espace des modules des couples (E,C ) des 0 ∗ N H courbes elliptiques isog`enes, `a groupe d’isog´enie cyclique C , modulo l’involution N de Fricke w ((E,C )) = (E/C ,EN).Or le th´eor`eme de Dolgachev prouve que N N N /Γ (N) est´egalementl’espace des modules des surfaces K3, -polaris´ees. On 0 ∗ H M comprenddoncqu’ilpuisseexisterunerelationentrelessurfacesK3, -polaris´ees M de nombre de Picard 19 et les courbes elliptiques. C’est pr´ecis´ement ce que met en´evidence un th´eor`emede Morrisonqui montre qu’une surface K3, -polaris´ee, M de nombre de Picard 19 poss`ede une structure de Shioda-Inose, i. e. il existe une surface ab´elienne A:= E E/C , une surface de Kummer Y = Kum(A/ 1) et N × ± une involution canonique ι sur X telle que X/ ι soit birationnellement isomorphe h i `a Y. Consid´eronsmaintenantunefamille`a1param`etreX desurfacesK3param´etr´ee z parB :=P1 z/X singuli`ere etsoitω l’unique2-formediff´erentielleholomorphe z z \{ } sur X (unique `a un scalaire pr`es). Soit z B et π(B,z ) le groupe fondamental. z 0 0 ∈ L’image de la repr´esentationde monodromie π(B,z ) Aut(P(H (X ,Z)) 0 2 z → est le groupe de monodromie G de la famille X . On d´efinit ´egalement z z B { } ∈ l’application de p´eriode B P21/G → z ω :...: ω z z 7→ (cid:20)Zγ1z Zγ22z (cid:21) OnmontrealorsquesiX estunefamille`aunparam`etredesurfacesK3,denombre z de Picard g´en´eriquer, alors les p´eriodes de X satisfont une ´equationdiff´erentielle z de Picard-Fuchs d’ordre k=22 r. − Dans nos exemples, nous aurons k=3. 3. Preuve des th´eor`emes 3.1. Preuve du th´eor`eme 1.1. 1) Rappelons d’abord les r´esultats de Peters et Stienstra [8] sur la famille X de surfaces K3 dont une ´equation affine est k 1 1 1 x+ +y+ +z+ k =0. x y z − Une telle famille X , k P1 , 2, 6 a un nombre de Picardg´en´erique19, k k { } ∈ \{∞ ± ± } est -polaris´ee avec k M U ( E )2 12 . k 2 8 M ≃ ⊥ − ⊥h− i Sonr´eseautranscendantv´erifieT U 12 etl’´equationdiff´erentielledePicard- k 2 ≃ ⊥h i Fuchs associ´ee `a la famille est (k2 4)(k2 36)y +6k(k2 20)y +(7k2 48)y +ky =0. ′′′ ′′ ′ − − − − Si l’on pose η(τ)η(6τ) 6 ∞ t(τ)= =eπiτ (1 e2πiτn)6 η(2τ)η(3τ) − (cid:18) (cid:19) n=1Y(n,6)=1 ou` τ , on peut montrer que ∈H aτ +b a b t( )=t(τ) Γ (6,2) Γ (12) +12 cτ +d ∀ c d ∈ 1 ∗ ⊂ 0 ∗ (cid:18) (cid:19) 6 MARIEJOSE´ BERTIN ou` a b Γ (6)= Sl (Z) / a d 1 (6) c 0 (6) 1 { c d ∈ 2 ≡ ≡ ≡ } (cid:18) (cid:19) a b Γ (6,2)= Γ (6) c 6b (12) 1 { c d ∈ 1 ≡ } (cid:18) (cid:19) et Γ (6,2) est le groupe engendr´e par Γ (6,2) et l’involution de Fricke w . 1 ∗ 1 6 En outre, t est un Hauptmodul pour Γ (6,2) , i. e. induit un isomorphisme 1 ∗ entre = Q i /Γ (6,2) et P . ∗ 1 ∗ 1 H H∪ ∪{ ∞} On peut montrer que pour τ = i , on a t = 0, pour τ = 1/2, on a t = , ∞ ± ∞ pour τ =i/√6, on a t=3 2√2 et pour τ = 2/5+i/5√6, on a t=3+2√2. − ± Deplus,sik =t+1,l’´equationdePicard-Fuchsenlavariabletposs`edeunebase t de solutions de la forme G(τ),τG(τ),τ2G(τ) avec G(τ)=η(τ)η(2τ)η(3τ)η(6τ). On a´egalement G(t)= v t2n+1 t <3 2√2 n | | − n 0 X≥ avec n 2 2 n n+k v = . n k k k=0(cid:18) (cid:19) (cid:18) (cid:19) X Nous allons maintenant prouver la premi`ere assertion du th´eor`eme 1. Par d´efinition, 1 1 1 1 dxdydz m(P )= log k (x+ +y+ +z+ ) . k (2πi)3 ZT3 | − x y z | x y z Et pour k >6, dm(P ) 1 1 1 dxdydz k = dk (2πi)3k ZT3 1− k1(x+ x1 +y+ y1 +z+ z1) x y z 1 = a mk2m+1 m 0 X≥ avec (2m)! a = . m (p!q!r!)2 p+q+r=m X Or dm(Pk) est une p´eriode et donc v´erifie l’´equation diff´erentielle de Picard-Fuchs. dk En faisant alors le changement de variable k =t+ 1, on obtient t dm(P ) k = v t2n+1 =G(τ) n dk n 0 X≥ soit dt1 t2 dm(P )= G(τ) − . k − t t Comme G(τ)qdt1 t2 est une forme modulaire de poids 4 pour Γ (6,2) , − t −t 1 ∗ dt1 t2 1 G(τ)q − = +4q+20q2+148q3+148q4+504q5 − t t −2 +740q6+1376q7+1172q8+0(q8), MESURE DE MAHLER D’HYPERSURFACES K3 7 on va chercher `a l’´ecrire sous la forme αE (τ)+βE (2τ)+γE (3τ)+δE (6τ) 4 4 4 4 ou` E (τ)=1+240 ( d3)qn 4 nX≥1 Xd|n =1+240(q+9q2+28q3+73q4+126q5+252q6+344q7 +585q8+757q9+1134q10+...) En calculant alors suffisamment de termes dans leur q-d´eveloppement, on voit que ces deux formes co¨ıncident pour 4 16 36 144 α= β = γ = δ = . 240 −240 240 −240 On a donc 4 16 36 144 dq dm(P )=( E (q) E (q2)+ E (q3) E (q6)) k 4 4 4 4 240 − 240 240 − 240 q 1 =( +4q+20q2+...)dq −2q En int´egrantentre k et l’infini, on trouve alors qn q2n q3n q6n m(P )= ( πiτ + ( d3)(4 8 +12 24 )). k ℜ − n − n n − n nX≥1 Xd|n 2) Rappelons maintenant les r´esultats de Verrill [13] sur la famille Y de surfaces k dont une ´equation affine est (1+x+xy+xyz)(1+z+zy+zyx) (k+4)xyz =0. − Une telle famille Y , k P1 , 4,12,0 a un nombre de Picard g´en´erique k k { } ∈ \{∞ − } 19, est -polaris´ee avec k M U ( E )2 < 6>. k 2 8 M ≃ ⊥ − ⊥ − Son r´eseau transcendant v´erifie T U < 6 > et l’´equation diff´erentielle de k 2 ≃ ⊥ Picard-Fuchs associ´ee `a la famille est [14] 7k2 12k 96 k k(k+4)(k 12)y′′′+6(k2 7k 12)y′′+ − − y′+ y =0. − − − k+4 k+4 Si l’on pose η(3τ)4η(12τ)8η(2τ)12 t(τ)= η(τ)4η(4τ)8η(6τ)12 ou` τ , on peut montrer que ∈H aτ +b a b t( )=t(τ) Γ (12)+12 cτ +d ∀ c d ∈ 0 (cid:18) (cid:19) ou` Γ (12)+12 est le groupe engendr´e par Γ (12) et l’involution de Fricke w . 0 0 12 En outre, t est un Hauptmodul pour ce groupe. On peut montrer que pour τ =i , on a t=0 et pour τ =i0, on a t= 1. ∞ − De plus, si k = (t+ 1 +2), l’´equationde Picard-Fuchs en la variablet poss`ede − t une base de solutions de la forme G(τ),τG(τ),τ2G(τ) avec G(τ)= η(2τ)4η(6τ)4. η(τ)2η(3τ)2 8 MARIEJOSE´ BERTIN On a´egalement G(t)= v tn n n 1 X≥ avec n 1 2 − n+m m! v = ( 1)m . n − 2m+1 p!q!r!s! m=0p+q+r+s=m (cid:18) (cid:19)(cid:18) (cid:19) X X Nous allons maintenant prouver la deuxi`eme assertion du th´eor`eme 1.1. Comme pr´ec´edemmenton trouve dt1 t2 dm(k)= G(τ) − − t t et dt1 t2 2 32 18 288 G(τ)q − = E (τ)+ E (2τ)+ E (3τ) E (6τ) 4 4 4 4 − t t −240 240 240 − 240 car G(τ)dt1 t2 est une forme modulaire de poids 4 pour Γ (12)+12. − t −t 0 En int´egrantentre k et l’infini, on trouve alors le r´esultat annonc´e. 3.2. Preuve du th´eor`eme 1.2. Les´etapesde lad´emonstrationsontsemblables`a celles d´evelopp´eesdans [2]. 1) Partant de la relation 4qn 8q2n 12q3n 24q6n m(P )= πiτ + ( d3)( + ) , k ℜ{− n − n n − n } nX≥1 Xd|n on pose n=dn, puis grˆace `a la relation ′ d D2(Li (qjd))=j2d2Li (qjd) j =1,2,3,6 D =q , 3 1 dq on obtient 1 1 1 m(k)= πiτ +4D2( Li (qd) Li (q2d)+ Li (q3d) Li (q6d) . 3 3 3 3 ℜ{− − 2 3 − 6 } d 1 X≥ Notons alors L (x)= Li (qjdx) j 3 d 1 X≥ et 1 H (x)=L (x)+L ( ). j j j x Onpeutmontrerqu’ilexistedesconstantescomplexesnonnullesA, B,C,D telles que 1 1 1 K(x)=H (x) H (x)+ H (x) H (x)+Alog(x)4+Blog(x)3 1 2 3 6 − 2 3 − 6 +Clog(x)2+Dlog(x) soit invariant par la transformation x q6x. 7→ En effet 1 1 1 H(x)=H (x) H (x)+ H (x) H (x) 1 2 3 6 − 2 3 − 6 MESURE DE MAHLER D’HYPERSURFACES K3 9 se transforme en 1 1 1 H(x) (Li (qx) Li ( )) (Li (q2x) Li ( )) − 3 − 3 qx − 2 3 − 3 q2x 4 1 1 1 (Li (q3x) Li ( )) (Li (q4x) Li ( )) − 3 3 − 3 q3x − 2 3 − 3 q4x 1 2 2 1 (Li (q5x) Li ( )) Li (q6x)+ Li ( ) − 3 − 3 q5x − 3 3 3 3 x et l’on a la formule 1 (2iπ)3 logz Li (z) Li ( )= B ( ) 3 3 3 − z − 6 2iπ ou` B d´esigne le polynˆome de Bernouilli 3 3 1 B (X)=X3 X2+ X. 3 − 2 2 Par suite H(x) se transforme en H(x)+A log(x)3+B log(x)2+C log(x)+D ′ ′ ′ ′ et K(x) en K(x)+(4λA+A)log(x)3+(6λ2A+3λB+B )log(x)2 ′ ′ +(4Aλ3+3Bλ2+2Cλ+C )log(x)+Aλ4+Bλ3+Cλ2+Dλ+D , ′ ′ avec λ=6logq. Il suffit alors de d´eterminer A, B, C, D en fonction de A, B , C , D . ′ ′ ′ ′ Comme m(k)= ( πiτ +2D2(K(1))) ℜ − et comme K(e2πiξτ) est invariant par le changement ξ ξ + 6 d’apr`es ce qui 7→ pr´ec`ede,onvad´evelopperK(e2πiξτ)ens´eriedeFourier. Led´eveloppementens´erie de K(1) sera obtenu pour ξ =0. Expliquons le calcul du d´eveloppement sur L (x). On va ´ecrire 1 e2πiτm(d+ξ) L (e2πiξτ)= 1 m3 d 1m 1 X≥ X≥ 1 = ( e2πiτm(d+ξ)+...+ e2πiτm(d+ξ)) m3 mX≥1 d≡X1(6) d≡X6(6) Ensuite on calcule In,h = 1 6−he2πimτ(6k+h+ξ)e−2πinξ6dξ 6 Xk≥0 Z−h Posantalors ξ =6k+h+ξ, il vient ′ In,h = 1e2πi6nh +∞e2πiξ′(mτ−n6)dξ′. 6 Z0 soit 1 2πinh 1 In,h = −6 e 6 2πi(mτ n). − 6 10 MARIEJOSE´ BERTIN On en d´eduit alors 16 p´eriodeL1(e2πiτξ)e−2πin6ξdξ =−21πi m13(mτ1 κ) si n=6κ Z n 1 − X≥ et 0 sinon. D’ou` 1 1 1 1 K(1)= ( ( + ) −2πi m3 mτ κ mτ +κ κ m 1 − X X≥ 1 1 1 1 ( + ) − 2 m3 2mτ κ 2mτ +κ m 1 − X≥ 1 1 1 1 ( + ) 3 m3 3mτ κ 3mτ +κ m 1 − X≥ 1 1 1 1 ( + )) − 6 m3 6mτ κ 6mτ +κ m 1 − X≥ Finalement 4i 1 1 1 1 m(k)= ( πiτ ( 2 +3 ℜ − − 8π3 m (mτ +κ)3 − (2mτ +κ)3 (3mτ +κ)3 κ,m=0 X6 1 6 )) − (6mτ +κ)3 D’ou` le r´esultat annonc´e, puisque 1 1 1 = m τ(2 ( )+ ) ℑ(mτ +κ)3 − ℑ ℜ (mτ +κ)3(mτ¯+κ) (mτ +κ)2(mτ¯+κ)2 et τ 1 ℑ 6 120 =π τ. 8π3 × k4 ℑ k 1 X≥ 4. Quelques applications 4.1. Valeur approch´ee de la mesure. La formule de Jensen permet d’exprimer la mesure de Mahler d’un polynˆome de trois variables `a l’aide d’une int´egrale dou- ble. Cependant les m´ethodes d’int´egrationnum´erique demanderaient beaucoup de temps pour obtenir une pr´ecision de 10 18 par exemple. Les formules pr´ec´edentes − expriment la mesure de Mahler `a l’aide de s´eries rapidement convergentes. Boyd et Mossinghoff ont ainsi trouv´e la valeur approch´ee de P 1 1 1 1 M(x+y+z+1+ + + )=1,4483035845491699038... x y z J’ai de mˆeme calcul´e une valeur approch´ee de la mesure du polynˆome Q 1 M(Q )=1,435170000343077634... 1 Cesdeuxmesuressontparmilespluspetitesmesuresconnuespourlespolynˆomes de 3 variables dont la mesure ne se r´eduit pas `a celle d’un polynˆome de deux