N°5 Premier semestre 1997 Canada riande, Nigeria central, ; affrontements de cultures Congrégation du Saint-Esprit, 30, rue Lhomond, 75005 PARIS- Mémoire Spiritaine Histoire, Mission, Spiritualité Revue semestrielle LaCongrégationduSaint-Espritseprépareàcommémorer,en2003,sontroisièmecentenaire. DifférentesEgliseslocalesàlanaissancedesquelleselleatravaillécélèbrent, cestemps-ci, leur centenaire. Dans ces perspectives, la revueMémoireSpiritaineoffre un instrument depubli- cationquiencouragelesétudes historiques surlaCongrégationet qui enpermetladiffusion. Directeur Paul Coulon Administrateur René Charrier : : Comité de rédaction Christian Berton, Bernard Ducol, Michel Legrain, Ghislain de Ban- : ville, Jean Ernouh, Srs Anita Disier et Paul Girolet Conseil de rédaction : Annie Bart ( Bordeaux ) - Joseph-Roger de Benoist, pb ( Sénégal ) - François Bontinck, cicm ( Zaïre ) - Paule Brasseur ( Paris ) - Joseph Carrard, cssp ( Suisse ) - Gérard Cholvy ( Montpellier ) - Jean Comby ( Lyon ) - Jean Criaud, cssp ( Cameroun ) - Bernard David ( Martinique ) - Nazaire Diatta, cssp ( Cameroun ) - Casimir Eke, cssp ( Nige- ria ) - Scan P. Farragher, cssp ( Irlande ) - Jacques Gadille ( Lyon ) - David E. Gardinier ( U.S.A. ) - Jean Guennou, mep ( Paris ) - Johann Henschel, cssp ( Allemagne ) - Bruno Hubsch ( Lyon ) - Henri J. Koren, cssp ( U.S.A. ) - Philippe Laburthe-Tolra ( Paris ) - Jean Le Gall, cssp { Allex ) - t Joseph Michel, cssp ( Paris ) - Gallus Marandu, cssp ( Tanzanie ) - Christian de Mare, cssp ( Irlande ) - Henry F. Moloney, cssp ( Irlande ) - Gérard Morel, cssp ( Gabon ) - Adelio Torres Neiva, cssp ( Portugal ) - Vincent O'Toole, cssp ( Rome ) - Jean- Claude Pariât, cssp ( Rome ) - Jean Pirotte ( Belgique ) - Bernard Plongeron ( Paris ) - Jac- ques Prévotat ( Paris ) - Claude Prudhomme ( Lyon ) - Gaétan Renaud, cssp ( Canada ) - t François Renault, pb ( Rome ) - Claude Sœtens ( Belgique ) - Jean-Louis Vellut ( Belgique ) - Gérard Vieira, cssp ( Sénégal ) - Pierre Wauters, cssp ( Congo ) Mémoire Spiritaine Siège social : 30, rue Lhomond, 75005 Paris Rédaction et administration : 12, rue du P. Mazurié, 94669 Chevilly-Larue Cedex Téléphone et fax : 0L41.80.92.44 Abonnements : France 200 F - Autres pays 230 F : : C.C.P. : Mémoire Spiritaine, La Source 38.854 54 K (Nous consentons le demi-tarifpour les abonnements à destination despays de la zone CFA) A paraître en 1997 : n° 5 et 6 Les quatre premiers numéros de la revue sont disponibles, au prix de 100 F. le numéro (port compris, pour la France) Imprimerie« NuovaOflito », Mappano(Turin)- Impriméen Italie(CEE) ISSN: 1254-2520 François Libermann (1802-1852) (TableaudeTheodorvonderBeek, 1866) Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Lyrasis IVIembers and Sloan Foundation http://www.archive.org/details/memoirespiritprem1997cong Mémoire Spiritaine, n° 5, (1" semestre 1997 ) Editorial 3 Affrontements de cultures Autour des fondateurs 7 Henry J. Koren Essai sur le charisme spiritain au fil de l'histoire, de 1703 à 1839 24 Yves Poutet Nicolas Rolland ( 1642-1678 ), Claude-François Poullart des Places ( 1679-1709 ) et la dévotion à la Sainte-Famille 33 Joseph Carrard Histoire d'un portrait peu connu de Libermann La mission spiritaine dans l'tiistoire 37 Seàn Farragher lu par Christian de Mare Le Père Jules Léman et la fondation du collège de Blackrock, en Irlande 63 Vincent O'Toole Premiers contacts des spiritains avec les peuples de la région centrale du Nigeria 93 Sœur Paul Girolet Tout ou rien : Sœur Isabelle Joantéguy ( 1895-1942 ) 107 Gaétan Renaud Canada Naissance de la province spiritaine : Chroniques et commentaires 136 Philippe Delisle 1848 Un clergé démocrate dans les vieilles colonies françaises : 147 Jacques Gadille L'« œuvre » de JosephMichelaurangdestravauxpionniers enmissiolo- gie historique 152 Joseph Rubin Questions autour d'une pièce de monnaie Recensions 155 MAYEUL DE DREUILLE, LaBouenza, 1892-1992. Lessources del'Egliseau Congo, Beau- cPahreissn,e,édP.arFirsa,nç1o9i9s4,de14G1uibp.er(t,Je1a9n96E,r1n9o5ulpt. () M;iHcuhgeuleLtetgeraPiÉnR)OL;,BeLrensarsdanSsA-pLaVpAieIrNsGd,eLl'eEsglmiisse-, sionnaires à la rencontre de l'Afrique au XIX^ siècle ( Côte des Esclaves et pays yoruba, 1840-1891 ), Paris, L'Harmattan, 1994, 344 p., ill. ( PauleBrasseur ). Revenir sur ses pas peut être une très bonne chose, et sagesse, et courage. A condition qu'on ne soit pas revenu de tout pour se borner à n'aller nulle part, qu'on ne revienne pas de loin pour retrouver son lit, retourner à la mangeoire ou à son vomissement. (...) Les retours sans nouvel aller, le revenir stérile sans jamais repartir, c'est survivre sans vivre. Claude Roy EDITORIAL Mémoire Spiritaine, n° 5, premier semestre 1997, p. 3 à 6. Affrontements de cultures Cette première livraison de 1997 s'ouvre exceptionnellement par les cou- leurs d'unportraitpeuconnude Libermann. Nous sommes heureuxdel'offrir à nos lecteurs' accompagné de son histoire - car il a une histoire, et origi- nale - brièvement mais précisément racontée par Joseph Carrard. ! Cette fois-ci, pourtant, dans la première partie consacrée aux fondateurs, Poullart des Places et le premier Saint-Esprit occupent plus de pages que Libermann. Alors que notre précédent numéro était consacré àcegrand his- torien des origines spiritaines que fut Joseph Michel décédé enjuin dernier, nous sommestrès heureux de pouvoir aujourd'hui donner laparole à un autre historien dont l'œuvre immense, toujours en expansion, a beaucoup contri- bué à faire connaître l'histoire de lacongrégation du Saint-Esprit dans toute son ampleur, des origines à nos jours : le P. Henry J. Koren. Depuis les Etats-Unis, en 1958, avant même le P. Joseph Michel, Henry J. Koren s'était intéressé à Poullart des Places pour préparer l'édition ( français-anglais ) de ses écrits. Citons ici, comme une contribution à l'his- toire, l'anecdote qu'il m'a récemment racontée dans une lettre : « Lorsque j'ai demandé àla maison mère de Paris de m'envoyerune copie microfilmée de ses écrits [ceux de Poullart des Places], personne ne semblait savoir ce quec'était qu'unmicrofilm, et l'archiviste ( ou son assistant ) de dire : "Que peut-on bien faire d'une copie de ces écrits ? Personne ne s'intéresse à Poul- lart des Places !" Par chance, ily avaitjustement unhistorien belge depassage 1. Nous en avons fait faireuntirage à part. On peut donc se procurer ce portrait pour lui-même en s'adressant au service librairie de la rue Lhomond où il est en vente au prix unitaire de 5 F. pièce. à nos archives, le chanoine Jadin, et le P. Lambert Vogel, conseiller géné- ral, lui a demandé de faire pour moi une copie microfilmée avec son propre appareil photographique. C'est ainsi que je pus sortir la première édition des écrits de notre fondateur. » Depuis l'Université spiritaine Duquesne de Pittsburgh ( USA ), le P. Koren s'est penché ensuite sur le développement de l'œuvre de PouUart au XVIIP siècle, sur sa décadence à partir de la Révolution et sur sa renaissance avec Libermann. Dans le texte que nous avons traduit et adapté pour ce numéro, leP. Koren donne quelquesvuestrès profondes surce qui estle cœur detoute l'histoirespiritaine. Lesélémentsmisenlumièreparluienlèventtoutepossibili- té - pour ceux qui en seraient encore là ! - de mettre en opposition nos deux fondateurs : ily aune réelle unité et continuité de latradition spiritaine. Le texte du Fr. Yves Poutet, historien des Frères des écoles chrétiennes, se veut un hommage à un collègue et à un ami disparu. C'est, en effet, à partir des recherches d'Yves Poutet que Joseph Michel apu étabUr l'influence déterminante sur Poullart des Places desjésuites et de la spiritualité de leurs associations de piété ( Aa ). Yves Poutet montre ici que ce fut déjà le cas du Bienheureux Nicolas Roland, directeur spirituel de saint Jean-Baptiste de La Salle, lui-même en lien avec Poullart... Il est important, pour nous spiritains, d'approcher et de comprendre notre fondateur dans la constella- tion sociale et spirituelle de son époque, et non comme une comète isolée. Pour ce numéro, nous avons dû renoncer à la partie consacrée à la publi- cation commentée d'un document lié à l'histoire ( spiritaine ou non ) de la mission. L'important ensemble consacré au P. Joseph Michel dans le précé- dent numéro, nous avait obligé àun report d'articles et dechroniques initia- lement prévus. Nous rattrapons notre retard dans ce numéro. Trois contributions, sur des sujets apparemment très différents dans leur lieu et leur moment propres ( Irlande, Nigeria central, Canada ), donnent matièreàréflexion identique sur la façon dont lacongrégationdu Saint-Esprit s'est développée, depuis un siècle et demi, à partir de la France : en Afrique certes, maisaussi dans d'autrespaysoccidentaux. Decestroisarticles, ilressort que les débuts de l'implantation spiritaine en ces Ueux furent difficiles. Y apparaissent clairement des conflits Ués à la rencontre de cultures différen- tes. Fin XIX% début XX^ siècle, la culture dominante de l'entreprise spiri- taine était la culture française, la façon française d'appréhender le monde et la foi chrétienne elle-même. Entoute innocence ( ? ), et pas seulement sous legénéralat du T. R. P. Ignace Schwindenhammer, le spiritain français expor- tait son modèle culturel, aussi bien en Europe ou en Amérique qu'en Afri- que. L'ethnocentrismegallican ( ougaulois ? ) se conjuguait, en plus, histo- riquement, avec le développement, dans la société civile ( jacobinisme ) et dans la société ecclésiale elle-même ( ultramontanisme ) d'un processus irré- sistible de centralisation dans l'administration des choses et des hommes. En ce sens, le spiritain africain d'aujourd'hui pourra constater que, d'une certaine façon, on ne se comportait pas mieux avec les cultures irlandaise et canadienne qu'avec les cultures africaines. J'ai vive conscience qu'il peut y avoir quelque anachronisme - péché mortel en histoire - dans cette façon de poser les problèmes, mais c'est stimulant pour la réflexion. On verra également que le bon P. Le Vavasseur plus proche de Liber- ( mann, nous semble-t-il, que le T. R. P. Schwindenhammer ) n'a pas fait preuve, comme assistantgénéral envoyé en Irlande, d'uneapproche plus com- préhensive de la spécificité irlandaise. Nous voyons aussi Mgr Le Roy pour- suivre ses idées au Canada, de même qu'il a toujours eu tendance à diriger lacongrégation des Sœurs spiritaines. Decepoint devue, l'articlede Sr Paul Girolet nous fait, certes, découvrir la figure forte et attachante de Sr Isa- belle Joantéguy mais laisse aussi deviner quelques zones d'ombre historiques dans les relations entre le Supérieur général spiritain et les spiritaines qu'il faudra bien avoir le courage d'explorer : là aussi, la vérité libère et rétabht la justice. Le passionnant article de Vincent O'Toole sur le Nigeria central permet, d'ailleurs, de seposer àpeu près les mêmes questions. Les premiers mission- naires du Nigeria furent des Français nul doute qu'ils n'aient pas eu exac- : tement la même vision des choses et de l'Afrique que le colonisateur britan- nique. Derrière le reproche que le Gouverneur général Wallace fait aux missionnaires cathohques de vouloir enseigner l'anglais aux enfants scolari- sés ( et non pas simplement les langues locales ), se devinent déjàdeux systè- mes de colonisation différents, issus de deux visions du monde cultures ( ) différentes, colorant inévitablement l'approche missionnaire et la théologie même des missionnaires . Ce même article de V. O'Toole soulève aussi quelques questions intéres- santes à propos de la grande figure missionnaire que fut Joseph Shanahan^ Irlandais formé en France, il a écrit en français d'innombrables lettres à la maison mère et à ses confrères. Comment a-t-on pu écrire déjà deux biogra- phies de Shanahan en anglais^ sans avoir exploité l'immense gisement de ses lettres ( du jeune missionnaire Shanahan notamment ) qui sont conservées 2. Voirdanslen° 3deMémoirespiritaine( 1996/1 )l'articledeLukeMBEFO, "MgrJosephShana- han ( 1871-1943 ). Un missionnaire qui aimait les Africains", p. 74-93. 3. J.P. JORDAN, BishopShanahan ofSouthernNigeria(Dublin, Ebo Press, 1971, p. IX). et Des- mond FORRISTAL, The SecondBurialofBishop Shanahan, Dublin, Veritas, 1990. aux archives générales de Chevilly-Larue, ce que le P. O'Toole a précisé- ment commencé à faire ? Tous les articles de ce numéro 5 donnent à penser. Dans les Chroniques, nous retrouvons Philippe Delisle et la période de la monarchie de Juillet"^. L'articled'aujourd'hui sur leclergédémocratedanslesvieilles colonies fran- çaises, en 1848, montre bien la prégnance d'une culture traditionnelle dans l'Eghse, qui rejette les nouveautés utopiques de quelques-uns. Dugoujon, CastelU et quelques autres nous semblent aujourd'hui avoir eu l'Evangile et l'avenir pour eux. Mais, s'ils se heurtent à la culture générale ambiante des colonies rien moins que démocratiques dans leurs fondements, il faut reconnaître, d'autre part, qu'ils ont des comportements personnels contes- tables, voire font preuve d'ambitions carriéristes qui gâchent les meilleures idées, mêmepuisées dans les Evangiles. Lestroispages de Joseph Rubinnous parlent aussi de la monarchie de Juillet : c'est fou le nombre de questions ( spiritaines ) que l'on peut se poser à partir d'une pièce de monnaie percée d'untrou !... Le monde entier dansunecoquillenoix ! Demêmequelemonde entier ( ou presque ) est représenté par les auteurs de ce numéro et par les sujets traités Etats-Unis, Hollande, France, Suisse, Allemagne, Irlande, : Angleterre, Itahe, Nigeria, Cameroun, Canada, Martinique, Guadeloupe, Gabon, Congo, Togo, Bénin... ! Terminons par une très bonne nouvelle la thèse de Joseph Michel, dont : notreprécédent numéro atellement parlé, vientde paraître auxPressesUni- versitaires de Rennes sous le titre : Missionnaires bretons d'outre-mer, XIX^-XX^siècles ( 300 p., 145 F. ). Pour vous la recommander, rien de tel que de Ure le texte de Jacques Gadille que nous reproduisons ici et qui n'est autre que la Préface rédigée pour cette publication, cependant que Michel Lagrée a écrit, pour sapart, unePostface. Jacques Gadille et Michel Lagrée représentent les Universités de Lyonetde Rennes qui ont subventionné cette édition. Par ce travail dont il terminait juste la mise à jour au moment de son décès, Joseph Michel a très exactement ouvert la voie dans laquelle Mémoirespiritaineessaie d'avancer aujourd'hui. Amis lecteurs deMémoire spiritaine, soyons donc logiques avec nous-mêmes achetons et diffusons : cet ouvrage ! Paul Coulon 4. Cf.Mémoirespiritainen°2( 1995/2),Ph.DELISLE,"LaMonarchiedeJuillet,l'EglisedeFrance et l'esclavage", p. 59-80.