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Mémoire M2 Migrations environnementales - Alice Baillat PDF

215 Pages·2012·4.8 MB·French
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Master recherche Relations Internationales LES MIGRATIONS ENVIRONNEMENTALES : Logiques d’investissement des acteurs et obstacles relatifs à la construction d’un nouveau problème public Mémoire présenté par Alice BAILLAT Sous la direction de Johanna Siméant Année universitaire 2009-2010 Remerciements La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je souhaite témoigner toute ma reconnaissance. Je voudrais d’abord adresser toute ma gratitude à ma directrice de mémoire, Johanna Siméant, pour sa patience, sa disponibilité et ses nombreux conseils, qui ont contribué à alimenter ma réflexion. Je désire ensuite remercier toutes les personnes qui ont accepté de me recevoir et de répondre à mes questions avec gentillesse, et ce malgré leur emploi du temps chargé. Mes remerciements vont ici particulièrement à Catherine Wihtol de Wenden qui a témoigné un intérêt particulier pour ce travail. J’exprime aussi ma gratitude à tous les habitants des Halligen qui m’ont ouvert leur porte et fait partager leur quotidien, ainsi qu’à Guy-Pierre Chomette pour m’avoir aidé à préparer ce terrain. Je tiens également à exprimer ma reconnaissance à mon père et à Aurélie Buhagiar pour leurs relectures et leurs corrections, ainsi qu’à Thibault Buhagiar pour son aide à la mise en forme de ce mémoire. Enfin, je n’oublie pas ma famille et mes amis qui m’ont apporté leur support moral et intellectuel tout au long de ce travail. Je remercie finalement Manuel Devers qui le premier me parla des « réfugiés climatiques » et sans qui ce travail n’aurait jamais vu le jour. 2 Tables des matières Remerciements…………………………………………………………………………….p.2 Introduction générale……………………………………………………………………..p.9 CHAPITRE 1/ LES MIGRATIONS ENVIRONNEMENTALES : UN PROCESSUS DEFINITIONNEL EN MARCHE…………………………………………………...…p.17 Introduction A. L’émergence d’un forum scientifique consacré aux migrations environnementales ................................................................................................p.18 1) Le rôle du contexte dans l’émergence d’un problème public……………..p.18 1.1 Les migrations environnementales : un thème présent des mythes fondateurs à la littérature moderne………………………………………………..………….p.19 1.2 L’inscription de l’environnement à l’agenda public : une « fenêtre d’opportunité » pour les migrations environnementales ?...............................p.22 1.3 Deux secteurs d’action publique concernés mais inégalement intéressés……………………………………………………….…………….p.23 1.3.1 Une réflexion qui émerge avant tout dans les milieux environnementalistes ………………………………………..……...p.23 1.3.2 Un engouement moindre chez les spécialistes de l’asile……..…..…p.25 1.4 Le tournant des années 2000………………………..………………..............p.26 2) Deux visions d’un même problème : « Alarmistes » versus « Sceptiques »...................................................................................................p.30 2.1 La scission du forum en deux coalitions de cause…………………………....p.30 2.2 La coalition « alarmiste » dominée par les environnementalistes……...........p.33 2.2.1 Norman Myers, figure de proue de la coalition alarmiste……….....p.33 2.2.2 Le lien entre environnement et sécurité…………..……....................p.35 2.2.3 Le référentiel alarmiste……………………………………………..p.35 2.2.4 Rhétorique et terminologie employées par les alarmistes..................p.36 2.3 La coalition « sceptique » composée des spécialistes de l’asile……………..p.38 2.3.1 Richard Black, chef de file de la coalition sceptique…………….…p.38 2.3.2 L’environnement, un facteur de migration parmi d’autres………....p.39 3 2.3.3 Le référentiel sceptique……………………………………………..p.41 2.3.4 Rhétorique et terminologie employées par les sceptiques…………..p.42 2.3.5 Des positions sceptiques invalidées par les évènements climatiques p.44 3) Au-delà des divergences, la naissance des premiers travaux pluridisciplinaires …………………………………………………………...p.45 3.1 L’organisation de programmes de recherche transversaux……….................p.45 3.2 Des publications communes………………………………………………….p.48 3.3 La multiplication des conférences……………………………………………p.48 3.4 Une définition non arrêtée…………………………………………………....p.49 3.5 Des logiques d’investissement communes……………………………………p.52 B. Le rôle des acteurs non académiques dans le processus définitionnel : la naissance d’un « forum hybride »…………………………………………….. p.55 1) La participation active des institutions à la publicisation du problème….......................................................................................................p.55 1.1 Le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement…………………...p.57 1.2 Le Programme des Nations-Unies pour le Développement…………………..p.57 1.3 Le Haut Commissariat aux Réfugiés et l’Organisation Internationale pour les Migrations : deux stratégies d’investissement opposées……………………...p.58 1.3.1 Le HCR……………………………………………………………...p.59 1.3.2 L’OIM…………………………………………………………….....p.61 1.4 Des agences potentiellement concernées mais encore peu investies………….p.63 1.5 L’engagement particulier de Walter Kälin……………………………………p.64 1.6 Malgré les clivages, la recherche d’un consensus institutionnel……………..p.65 2) Des acteurs régionaux et nationaux faiblement investies…………………p.68 2.1 L’Union européenne………………………………………………………….p.68 2.1.2 Le Conseil de l’Europe……………………………………………..p.68 2.1.2 L’action d’Hélène Flautre au Parlement européen………………..p.69 2.2 Des évocations ponctuelles de la part des acteurs politiques nationaux…….p.70 2.2.1 Le cas français……………………………………………………...p.70 2.2.2 Des initiatives qui se multiplient ailleurs…………………………...p.72 2.2.3 Des avancées à relativiser………………………………………….p.73 2.3 Science et politique : une relation plus ou moins forte en fonction du secteur d’action publique……………………………………………………………p.74 4 3) La participation de nouveaux acteurs : les ONG et les médias…………...p.75 3.1 La contribution des ONG………………………………………………......…p.76 3.1.1 Le développement d’une « expertise associative »………………. p.76 3.1.2 Le cas d’Alofa Tuvalu………………………………………......…p.77 3.1.3 Le cas du Collectif Argos……………………………………….....p.81 3.1.4 Un discours associatif plus séduisant…………………...………...p.86 3.1.5 Un recours aux dispositifs de sensibilisation modernes…...……...p.88 3.1.6 Un investissement associatif à relativiser…………………...…….p.89 3.2 Un succès médiatique croissant……………………………………………….p.91 3.2.1 La médiatisation des petits Etats insulaires……………………….p.91 3.2.2 Les « réfugiés climatiques » : une occurrence croissante dans les médias..............................................................................................p.92 3.2.3 Les « réfugiés climatiques » : un terme controversé mais pourtant vulgarisé grâce aux médias……………………………………….p.92 3.2.4 Le rôle des médias dans la mise sur agenda d’un nouveau problème public……………………………………………………………...p.94 Conclusion……………………………………………………………………………….p.96 CHAPITRE 2/ LES DIFFICULTES DE LA « MISE EN POLITIQUE » DU PROBLEME DES MIGRATIONS ENVIRONNEMENTALES……………………p.97 Introduction……………………………………………………………………………...p.97 A. Des blocages politiques et institutionnels qui freinent la reconnaissance des migrations environnementales………………………………………………….p.99 1) Le poids des structures institutionnelles dans la décision politique……...p.99 1.1 Les difficultés de la plurisectorialité……………………………………….…p.99 1.1.1 A chaque secteur son approche du problème…………………….p.99 1.1.2 La solution de Chloé Vlassopoulou……………………………...p.100 1.2 Des luttes intra-sectorielles………………………………………………….p.102 1.2.1 Le HCR, partagé entre sa vocation humanitaire et son mandat politique………………………………………………………….p.103 1.2.2 Les migrations environnementales : une opportunité pour l’OIM…………………………………………………………….p.104 1.3 L’approche de responsabilité sectorielle ou « cluster approach »…………p.106 1.3.1 Présentation de cette approche………………………………….p.106 1.3.2 Une solution efficace pour améliorer l’intervention des institutions en cas de catastrophes naturelles ?...................................................p.107 5 1.4 La nécessité de trouver un « marginal sécant »pour favoriser l’entente institutionnelle…………………………………………………….…………p.108 1.5 La résistance au changement institutionnel…………………………………p.112 1.6 La théorie de la « path dependence »……………………………………... p.112 2) L’horizon à court terme des élus : un frein pour une reconnaissance à long terme………………………………………………………………………..p.114 2.1 Une réalité incertaine qui ne suscite pas de sentiment d’urgence………….p.114 2.2 Science et politique : des temporalités difficilement compatibles…………..p.116 2.3 L’influence de l’opinion publique sur la décision politique………………..p.117 2.3.1 La nécessité de changer les mentalités et les habitudes………...p.118 2.3.2 L’opinion publique des pays d’accueil : de la pitié au rejet……p.119 2.3.3 Une familiarisation à la « souffrance à distance »……………. p.120 2.4 Un problème essentiellement porté par des partis d’opposition……………p.123 2.4.1 Des partis d’opposition moins soumis à la contrainte électorale………………………………………………………..p.123 2.4.2 Une stratégie de campagne électorale ?..................................... p.124 2.4.3 L’investissement des partis écologistes européens……………...p.125 B. Le rôle du contexte dans la nature de la réception du problème…………....p.127 1) Un enjeu non prioritaire………………………………………………..….p.127 1.1 Un contexte économique défavorable……………………………………….p.127 1.2 Les migrations environnementales : un non enjeu du développement ?....... p.130 1.2.1 Un débat qui se déplace du secteur environnemental au secteur du développement……………………………………………….….p.130 1.2.2 Les migrations environnementales : échec ou stratégie d’adaptation ?................................................................................p.132 1.3 L’invasion migratoire : une peur occidentale………………………………p.134 1.3.1 Des politiques d’asile de plus en plus restrictives………………p.134 1.3.2 Les « réfugiés environnementaux » : un terme détourné par les opposants à l’immigration………………………………………p.137 1.4 Quelques avancées néanmoins encourageantes…………………………….p.139 2) La responsabilité du problème : un point d’achoppement dans les relations Nord-Sud…………………………………………………………………...p.141 2.1 La « dette écologique » des pays industrialisés……………………………..p.141 2.2 Réparation d’un tort ou devoir moral d’assistance ?......................................p.143 2.3 Le risque de « conflits distributionnels »…………………………………...p.146 6 3) Les « réfugiés climatiques » : une étiquette fidèle à la réalité ?.................p.147 3.1 Les « réfugiés climatiques » : une étiquette imposée de l’extérieur………....p.147 3.2 L’instrumentalisation de la notion par les populations concernées…...…….p.148 3.2.1 Le cas de Tuvalu……………………………………………..…..p.149 3.2.2 Le cas de Katrina……………………………………………..….p.150 3.3 Etude de cas : les Halligen.……………………………………………….....p.152 3.3.1 Histoire des Halligen………………………………………….....p.152 3.3.2 Description du terrain d’enquête et hypothèse de départ..…..… p.154 3.3.3 Optimisme face à l’avenir ou déni de réalité ?..............................p.154 3.3.4 Une sensibilité forte à l’environnement…………………….…....p.157 3.3.5 L’absence d’emploi, une préoccupation qui supplante la menace climatique…………………………………………………….......p.158 3.3.6 Bilan de l’étude de cas………………………………………...…p.159 Conclusion générale…………………………………………………………………….p.160 Bibliographie………………………………………………………………………..…..p.163 Index des abréviations …………………………………………………………..……..p.177 Annexe…………………………………………………………………………………..p.178 7 « Le progrès humain n’est ni automatique ni inévitable. Nous n’échapperons pas désormais au fait que demain est déjà là. Nous sommes confrontés à l’urgence aigüe du « maintenant ». Dans cette énigme qui se déroule devant nous en mêlant la vie et l’histoire, nous ne pouvons pas nous permettre de retard…Nous pouvons supplier le temps de suspendre son vol, mais il n’écoute aucun grief et continue sans ralentir. Au dessus des os blanchis et des ruines de nombreuses civilisations, on peut lire ces mots pathétiques : trop tard ». Martin Luther King Jr. « Where do we go from here : chaos or community », 1967 (Citation extraite du Rapport mondial sur le développement humain 2007-2008) 8 Introduction L’idée de ce mémoire a germé suite à une discussion avec un ami juriste qui, le premier, m’a parlé des « réfugiés climatiques ». Il avait eu vent de la démarche de quelques juristes français qui, au cours d’un colloque international sur les « réfugiés écologiques » organisé le 23 juin 2005, avaient lancé « L’Appel de Limoges sur les réfugiés écologiques ». Au cours de notre conversation, il me fit part du vide juridique entourant cette nouvelle catégorie de réfugiés, vide que les juristes de Limoges, et d’autres par la suite, ont tenté de combler en réfléchissant à l’instauration d’instruments juridiques nouveaux ou déjà existants. N’ayant jamais entendu parler auparavant de ce nouveau type de réfugiés, la curiosité m’a poussé à rechercher si ce sujet avait, en parallèle des premières réflexions menées par les juristes, suscité un intérêt dans les sciences sociales. Alors que l’élaboration d’un cadre légal de protection et d’assistance à destination d’une nouvelle catégorie de réfugiés suppose la maîtrise d’un important savoir juridique, on pouvait se demander quel pouvait être l’apport scientifique d’une recherche menée sur le sujet en science politique. C’est à partir de cette interrogation que j’ai été amenée à tester la pertinence du choix de faire des « réfugiés climatiques » l’objet de ce travail. Qu’entend-on par « réfugiés climatiques » ou « réfugiés environnementaux » ? Ce fut l’objet de mes premières recherches. En l’absence d’une véritable définition reconnue et intégrée par tous les acteurs engagés, qu’ils soient issus du monde académique, politique, institutionnel, médiatique ou associatif, la plus communément admise est celle proposée en 1985 dans un rapport du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement par son rédacteur principal, Essam El-Hinnawi. Elle se décline ainsi : « Environmental refugees are those people who have been forced to leave their traditional habitat, temporarily or permanently, because of a marked environmental disruption (natural and/or triggered by people) that jeopardised their existence and/or seriously affected the quality of their life1 1 EL-HINNAWI, E., Environmental refugees, Nairobi, PNUE, 1985, p41 9 Si les « réfugiés environnementaux » englobent la totalité des cas de migrations ayant pour origine une dégradation environnementale, les « réfugiés climatiques » concernent exclusivement les individus déplacés par les effets du réchauffement climatique. Afin de délimiter plus précisément mon objet d’étude et de ne pas empiéter sur des travaux déjà réalisés, j’ai réalisé dans un premier temps un examen rapide de la littérature scientifique existante sur le sujet en science politique. Si les premiers travaux anglo-saxons remontent aux années 1980, il faut attendre les années 2000 pour voir apparaître les premières recherches françaises. Bien que les « réfugiés climatiques » fassent aujourd’hui l’objet d’un nombre croissant de thèses, de mémoires et d’articles, ils constituent néanmoins un terrain de recherche encore relativement vierge, ce qui me laissait une véritable liberté scientifique quant à la manière de l’aborder. Une fois le choix de l’objet réalisé, il m’a fallu le construire scientifiquement, passer de « l’objet réel » à « l’objet construit ». Pour ce faire, j’ai du me départir de mes préjugés pour éviter tout jugement de valeur sur mon objet de recherche. Ayant lu beaucoup d’articles de presse et de déclarations d’ONG, je développais en effet une représentation de mon objet fondée sur l’idée que les « réfugiés climatiques » étaient des victimes impuissantes face à leur situation et à l’incurie des Etats. Il m’a fallu écarter cette idée de ma démarche car elle me faisait passer à côté de toute une dimension de mon objet, à savoir la capacité d’anticipation et de réaction des populations touchées par des dégradations environnementales. Ne pas juger l’attitude des Etats et des institutions internationales – ce qui n’est d’ailleurs pas le rôle d’un chercheur – me permettait également de rechercher les stratégies et obstacles qui déterminent le positionnement de chacun de ces acteurs. C’est en lisant l’ouvrage de J. Gusfield, La culture des problèmes publics. L’alcool au volant : la production d’un ordre symbolique2, que le cadre théorique de mon objet d’étude a commencé à se dessiner. Dans la lignée des travaux constructivistes de J. Kitsuse et M. Spector, le sociologue issu de l’Ecole de Chicago pose la question suivante : « Pourquoi la conduite d’une automobile sous l’influence de l’alcool est-elle après tout un 2 GUSFIELD J., La culture des problèmes publics. L’alcool au volant : la production d’un ordre symbolique, Paris, Etudes sociologiques, 2009. 10

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1.1 Les migrations environnementales : un thème présent des mythes fondateurs à la littérature moderne………………………………………………..………….p.19. 1.2 L'inscription de l'environnement à l'agenda public : une « fenêtre d'opportunité » pour les migrations enviro
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