UNIVERSITÉ A. MIRA DE BEJAIA FACULTÉ DES LETTRES ET DES LANGUES DÉPARTEMENT DE LANGUE ET CULTURE AMAZIGHES Mémoire de Magistère Option : Linguistique Intitulé : ETUDE DESCRIPTIVE DE LA DÉFINITION TERMINOGRAPHIQUE EN TAMAZIGHT Présenté par : Sous la direction de : M. Yacine MEZIANI M. Kamal BOUAMARA (Professeur, université de Béjaia) Jury composé de MM : Mohand Akli HADDADOU (Professeur, UMMTO), Président Kamal BOUAMARA (Professeur, Univ. Béjaïa), Directeur Mohand Akli SALHI (MCA, UMMTO), Examinateur Abdenour AREZKI (MCA, Univ. Béjaïa), Examinateur Année universitaire : 2011-2012 Agzul Tazrawt-a, Etude descriptive de la définition terminographique en tamazight, tekki ɣer unnar n tseknawalt tuzzigt, iwumi ssawalen daɣen tasekniremt. Deg-s, nra ad neskazel ammud n 106 n tbadutin tiseknirmanin yuran s tmaziɣt-taqbaylit i d- ssumren kra n yimura deg yidlisen i d-gan. Idlisen-a, rzan taɣult n tussniwin n umeslay. Nefren Tajerrumt n tmaziɣt (taqbaylit) n Mammeri (1980/1990), acku d tamezwarut ideg ara naf tabadut n wawal n tussna s tmaziɣt (taqbaylit), nerna Agraw amecṭuḥ n wawalen n tsekla n Salhi (2006) akked Amawal n tunuɣin tesnukyest n Bouamara (2007). I waya, nsenned ɣer kra n tmusniwin tiẓrayanin ; nemmeslay-d deg tazwara ɣef tbadut s umata. Syin nemmeslay-d ɣef tbadut taseknirmant : imenzayen-is d yilugan-is. Deg taggara, mi dayen nessuɣel ammud- nneɣ ɣer tefransist, nga-yas tasleḍt. Tasleḍt-a tesken-d dakken amur ameqqran n tbadutin-a ur ḍfirent ara i:ugan n tbadut taseknirmant akken i ten-id-ssassnen yimusnawen n taɣult-a. S useqdec n wayen d-uran yimazzagen n tesniremt/tasekniremt, nessaweḍ ad d-nesbin uguren yellan deg wammud i nezrew. Awalen igejdanen : tasniremt, tasekniremt, tabadut, aferdis awsiw, iferdisen ulmisen. Résumé La présente étude s’inscrit dans le domaine de la lexicographie spécialisée, appelée également terminographie. L’objet de cette recherche consiste à évaluer un corpus de 106 définitions terminographiques amazighes-kabyles relevant des sciences du langage, lesquelles ont été formulées par certains auteurs berbérisants, à l’image de Mammeri (1980 ; 1990), de Salhi (2006) et enfin de Bouamara (2007). En nous aidant de certaines notions théoriques, telles que la notion de la définition, en général et celle de la définition terminographique, dont les principes et les règles sont particuliers, nous avons soumis notre corpus (amazighe-kabyle) à l’analyse, après l’avoir traduit en français. Cette analyse a montré que certaines définitions de notre corpus n’ont pas respecté les critères de la définition terminographique, telle qu’elle est arrêtée par les spécialistes du domaine en question. En nous basant sur ces critères théoriques, nous sommes parvenus à mesurer le degré de conformité de chaque définition que contient le corpus à l’étude. Mots-clefs : terminologie, terminographie, définition, élément générique, éléments spécifiques. 2 Abstract This study falls within the domain of specialized lexicography, also called terminography. The purpose of this research is to evaluate a corpus of 106 terminographical-Kabyle Amazigh language definitions within the domain of science, that have already been formulated by some berberist authors, like Mammeri (1980 ; 1990), Salhi (2006) and then Bouamara (2007). Finding help with some theoretical concepts, such as the concept of the definition in general, and the terminographical one for which the principles and rules are specific ; we submitted our corpus (Berber-Kabyle) to analysis after translating it into French. This analysis showed that some definitions of our corpus did not respect criteria of the terminographical definition, as adopted by specialists in the field in question. Basing ourselves on these theorical criteria, we have been able to measure the degree of conformity of each definition contained in the corpus under consideration. Key-Words: terminology, terminography, definition, generic, specifics. 3 Dédicaces À – Mes parents, – Mes frères et soeurs, – Mon beau-père Dda Fatah et toute sa famille, – La mémoire de ma belle-mère Nna Fatiha, – Tumert, – Tous les enseignats de tamazight, – Mes amis, Je dédie ce modeste travail. 4 Remerciements J’exprime ma profonde gratitude à Monsieur le Professeur Kamal BOUAMARA qui a bien voulu accepter de prendre la Direction de ce mémoire. Sans sa pleine disponibilité, sans les précieuses orientations méthodologiques, les nombreuses corrections et les diverses remarques qu’il m’a faites, ce travail n’aurait pas abouti. Je tiens également à remercier du fond du cœur Messieurs Haddadou, Salhi et Arezki, membres de jury de ce mémoire, qui ont bien voulu accepter de lire ce travail et de l’évaluer. Je remercie ma famille qui m’a beaucoup aidé et soutenu tout au long de mon parcours d’étudiant. Je remercie enfin tous mes amis qui m’ont encouragés et aidés à mener cette recherche et à rédiger le présent mémoire. 5 Sommaire INTRODUCTION GÉNÉRALE-----------------------------------------------------8-14 CHAPITRE I : éléments de méthodologie ----------------------------------------16-19 CHAPITRE II : la notion de la définition------------------------------------------23-58 CHAPITRE III : la définition terminographique ---------------------------------60-94 CHAPITRE IV : étude du corpus--------------------------------------------------95-154 CONCLUSION GÉNÉRALE-----------------------------------------------------158-164 BIBLIOGRAPHIE -----------------------------------------------------------------166-170 ANNEXES---------------------------------------------------------------------------172-233 LISTE DES TABLEAUX----------------------------------------------------------235-241 TABLE DES MATIERES----------------------------------------------------------243-245 6 INTRODUCTION GÉNÉRALE Introduction générale Le présent travail s’inscrit dans le domaine de la linguistique amazighe- kabyle, et plus précisément dans celui de la terminographie qui, selon de Bessé, (1996 : 4)1 « consiste à étudier, de façon systématique, une réalité terminologique existante, constituant un ensemble structuré, à effectuer un inventaire des termes propres à un domaine, à les décrire, à les classer, à mettre en évidence leur place dans un système conceptuel organisé et structuré, à les accompagner d’un certain nombre d’informations, à les mettre en rapport avec leur équivalent dans d’autres langues, à les stocker le cas échéant sur une banque de données et à diffuser le produit ainsi obtenu. ». Il s’ensuit que la terminographie est une lexicographie spécialisée, dont les méthodes et les finalités sont différentes de celles de la lexicographie générale et sont également différentes de celles de la terminologie, volet théorique de la terminographie. Selon L’homme (2004 : 15), la terminographie « regroupe les diverses activités d’acquisition, de compilation et de gestion des termes. », par contre la terminologie, elle, « se penche sur les questions fondamentales que soulève l’étude des termes et propose un cadre conceptuel pour les appréhender. » Rappelons que les objets sur lesquels travaillent les lexicographes sont les dictionnaires et que ceux-ci, qu’ils soient de langue générale ou de langue de spécialité, sont faits de deux ossatures : la macrostructure et la microstructure. La première concerne la nomenclature ou l’ensemble de mots figurant en vedette dans un ouvrage ; la seconde, elle, concerne un ensemble d’éléments qui servent à faire connaître, à un public visé d’avance, les unités lexicales qui figurent en macrostructure. Parmi ces éléments, on trouve la définition, qui a fait l’objet de nombreux débats et questionnements. Le présent travail portera sur l’étude de la définition et, plus précisément, sur la définition terminographique, laquelle est, selon Seppälä (avril, 2005) : « […] une proposition formulée en langue, à propos d’un concept désigné par un terme dans un domaine donné, qui peut avoir diverses fonctions : décrire, expliquer, expliciter et/ou délimiter un concept ; distinguer des concepts les uns des autres ; reconnaître le défini ; attester l’existence d’un concept ; fixer un concept ; faire le lien entre unité linguistique, concept et référant ; structurer ou refléter un système conceptuel ; établir l’équivalence et la synonymie entre unités linguistiques ; remplir une fonction didactique et/ou normalisatrice. » 1 cité par Seppälä (2004 : 75). 8 Introduction générale Tout comme la terminographie est différente de la lexicographie, la définition terminographique est également différente de la définition lexicographique. À ce propos, Vézina (2009 : 5) note que « la pratique de la définition en terminologie se distingue [...] de celle qui est généralement adoptée par les lexicographes, notamment au regard de sa finalité, en ce qui concerne l’ « objet » à définir et quant aux procédés employés. ». Cela est dû au fait que la lexicographie s’intéresse au lexique de la langue générale et que son objet est la langue commune, en revanche la terminographie s’intéresse aux concepts et aux termes qui les désignent, c'est-à-dire aux mots des langues de spécialité. État des lieux de la terminographie amazighe L’objet de la terminographie est à la fois la confection et l’étude des dictionnaires dits thématiques. En ce qui concerne les dictionnaires thématiques amazighs, on notera qu’il y en a au moins deux types. Le premier concerne la collecte des termes relevant des domaines considérés comme traditionnels dans la culture amazighe, tels que l’agriculture, le tissage, la botanique, etc. ; le deuxième concerne les domaines modernes ou scientifiques, à l’image des mathématiques, de l’informatique, de l’éducation, etc. Dans notre mémoire de licence1, nous avons pu inventorier les dictionnaires thématiques amazighs parus jusqu’à 2006 ; de son côté Benramdane (2010 :13-38) en a dressé un autre inventaire plus actualisé. Au-delà des domaines, d’après Haddadou (1985 : 19-20), on distingue deux types d’approche concernant les études sémantique traditionnelles : d’un côté, les analyses sémiologiques qui étudient les significations en partant des mots qui les nomment ; de l’autre, les analyses onomasiologiques qui font l’inventaire des dénominations attribuées à un concept. Dans les faits, les études de type onomasiologiques sont les plus nombreuses, du fait que, ajoute Haddadou (1985 : 20), « les inventaires à partir d’un concept sont assez aisés dans la mesure où le travail du chercheur se limite à un recensement des notions ». Concernant les domaines dits scientifiques, c’est la néologie qui à combler toutes les lacunes. Si les premiers néologismes dataient des années 40, signe d’une prise de conscience identitaire dans un contexte particulier (le mouvement nationaliste), le besoin de doter tamazight de mots nouveaux pour répondre aux 1 Cf. Meziani & Slimani, 2006-2007. 9 Introduction générale besoins actuels s’est fait sentir avec acuité à partir des années 70. Le premier travail en la matière qui reste, sans aucun doute, à la fois la source et la référence des travaux ultérieurs est l’Amawal1. Cet ouvrage a enclenché un processus de création de néologismes et une suite de travaux et de publications d’ouvrages de terminologie amazighe. Outre l’Amawal, qui est certes un lexique de néologismes, mais non spécialisé2 dans un domaine déterminé, on citera d’autres lexiques spécialisés, tels que le lexique des mathématiques (Hand Sadi, 1990)3, lexique de l’informatique (Saad-Bouzefrane, 1996), le lexique de l’éducation (Boudris, 1994). Pour ce qui est des travaux universitaires relatifs à la terminologie spécialisée, on citera le mémoire de magistère de Berkai 4 (2001) qu’il a consacré à la linguistique et le magistère de Mahrazi (2004) puis sa thèse de doctorat (2007) qui ont porté sur l’électronique5. L’examen attentif de tous ces lexiques nous a inspiré quelques remarques, dont les suivantes6 : (i) ils se limitent à deux listes de mots donnés dans deux langues différentes où : – Le français est la langue d’accès, – Le tamazight est une langue cible ; (ii) hormis les travaux faits par les universitaires, les autres auteurs n’indiquent ni l’origine des unités proposées, ni les procédés de formation dont ils ont fait usage ; (iii) les unités lexicales polysémiques de la langue source sont le plus souvent rendues par une seule entrée en tamazight ; en conséquence, le lecteur non averti opère automatiquement la transposition de toute cette polysémie du mot français au mot amazigh. 1Amawal n tmaziγt tatrart, lexique élaboré sous la direction de Mouloud Mammeri (cf. bibliographie). 2 Il concerne plusieurs domaines : éducation, linguistique, littérature, civilisation, etc. ce sont les domaines que tamazight n’a pas aborder auparavant. 3 Lexique des mathématique, élaboré par un groupe d’enseignats et publié dans la revue Tafsut. 4 Ce travail de magistère qui était bilingue (français-tamazight), à l’origine, a donné lieu par la suite à une publication de type trilingue (français-anglais-tamazight), cf. Berkai (2009) 5 Pour une présentation actualisé des lexiques thématique amazighs, voir Benramdane (2010 : 13-38). 6 Noius devons certaines de ces remarques à Bouamara (2007). 10