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Matthias Goerne | Christoph Eschenb ach | V endredi 16 mars PDF

28 Pages·2007·0.27 MB·French
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Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 1 VENDREDI 16 MARS – 20H Robert Schumann Abends am Strand (Le soir au bord de la mer), op. 45 n° 3 Es leuchtet meine Liebe (Mon amour brille), op. 127 n° 3 s r a Mein Wagen rollet langsam (Mon coche roule avec lenteur), op. 142 n° 4 m 6 Liederkreis, op. 24 1 i d e r d entracte n e V Johannes Brahms | h c a Lieder und Gesänge op. 32 b n e Vier ernste Gesänge op. 121 h c s E h p o Matthias Goerne,baryton t s Christoph Eschenbach, piano i r h C | e n r e o G s Fin du concert vers 21h40. a i h t t a M Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 2 Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 3 VENDREDI 16 MARS Robert Schumann (1810-1856): Lieder sur des poèmes de Heine Abends am Strand (Le soir au bord de la mer), op. 45 n° 3 Es leuchtet meine Liebe (Mon amour brille), op. 127 n° 3 Mein Wagen rollet langsam (Mon coche roule avec lenteur), op. 142 n° 4 Liederkreis, op. 24 Morgens steh’ ich auf und frage (Le matin, en me levant) Es treibt mich hin (Je vais errant) Ich wandelte unter den Bäumen (Je cheminais sous les arbres) Lieb’ Liebchen (Ma mie) Schöne Wiege meiner Leiden (Joli berceau de mes souffrances) Warte, warte, wilder Schiffsmann (Attends, attends, nautonier cruel) Berg’ und Burgen schaun herunter (Monts et castels se mirent) Anfangs wollt’ ich fast verzagen (D’abord, j’ai failli désespérer) Mit Myrten und Rosen (Avec des roses, des cyprès) Entre Heine et Schumann : une connivence… Bien connue du public mélomanepar le cycle des Dichterliebe (Les amours du poète), la correspondance fertile entre les univers créateurs du poète Heinrich Heine et du musicien Robert Schumann est l’un des axes majeurs du lied romantique allemand. Peut-être d’abord parce que ce qui s’exprime le plus subtilement dans les poèmes de Heine– l’ironie et l’amertume accompagnant souterrainement l’expression sentimentale la plus intense – est en parfaite adéquation avec la « psychologie » musicale de Schumann. Le musicien est en effet un maître de l’ambiguïté, de l’énigme, mais aussi de la mobilité des affects. Le passage de la mélancolie à l’exaltation qui marque la majeure partie de ses œuvres, qu’elles soient dotées d’un texte ou non, et qui ne peut qu’être mis en relation avec la psychose maniaco-dépressive qui finira par l’anéantir, est aussi la marque qu’il s’imprima lui-même – en se donnant deux visages et en les nommant : Eusebius et Florestan. Chez Heine, il ne s’agit pas exactement d’un double visage, mais nombre de ses poèmes ont pour ressort premier l’ambiguïté et surtout la révélation d’un monde de souffrance, de terreur ou de cruauté derrière l’apparence idyllique, pastorale ou suave de tel scénario amoureux. L’archétype parfait (qui a donné lieu à un poème célèbre de Heine) est la vision émerveillée de l’aimée paisiblement endormie, et qui va se révéler finalement à l’amoureux éperdu comme un horrible cadavre… Bien évidemment, le genre du lied est spécialement favorable à l’expression de l’ambiguïté : d’abord parce que le piano et le chant disposent de l’arsenal relationnel le plus complet : ce que dit le chant, le piano peut le démentir ; ce que « dit » le piano, le chant peut le 3 Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 4 développer ou le nuancer. Les chemins de l’un et de l’autre, les formes qu’ils dessinent, ensemble ou séparément (strophes régulières ou discours libre, concordance des reprises musicales avec le retour des mots,ou pas, etc.) : tout cela forme un art poétique d’une densité extraordinaire. Si Schumann reconnaît de toute évidence en Heine son double, ou du moins son poète privilégié, c’est d’abord parce que cette poésie est ancrée avec la même force dans le passionnel et dans l’énigmatique, et que le musicien peut y trouver la plus riche matière pour développer ses propres méandres sentimentaux et les masquer cependant avec le même mélange de bizarrerie et de virulence… Énigmes L’un des caractères les plus puissants de la poésie de Heine, et qui la rapprochent de la musique de Schumann, est l’art de susciter l’interrogation, par la mise en place d’une sorte de «double regard ». Dans le lied Abends am Strand, par exemple, la paix apparente du début du poème (et de la musique) va peu à peu glisser vers une anxiété non résolue : la musique pourtant reprend le thème mélodique initial à la fin du lied comme si de rien n’était, mais les accidents du parcours ont dévoyé sa signification… Dans le lied Mein Wagen rollet langsam, c’est le silence qui suscite l’étrangeté, la rupture de ton, évoquant avec un humour très subtil la survenue des fantômes. L’ironie de Heine trouve son écho dans la dissolution du chant. Plus étrangement encore, dans le lied Es leuchtet meine Liebe, le narrateur semble pris dans les rets du conte qu’il évoque, par le jeu d’une musique qui ne tient pas compte des deux niveaux du texte… Dans la musique de Schumann se révèle un ton spécifique, souvent fondateur, et qui s’exprime à la fois dans l’écriture harmonique et dans le dessin de la forme : l’interrogation et la suspension sur une fin équivoque. Ainsi dans le lied Ich wandelte unter den Baümen (op. 24 n° 3), la conclusion du piano ouvre tout un champ de questions,laissées bien entendu sans réponses. De façon un peu différente, le lied n° 7 du même cycle (Berg’ und Burgen schauen herunter) ne « dit » en musique que la paix et l’idylle, tandis que Heine révèle peu à peu la trahison et la perfidie : le maintien par le musicien de ce tissu plein de douceur alors même que le poète prend d’autres cheminsexprime, en soi, l’abîme… Une note à nu, à la fin, le confirme. 4 Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 5 VENDREDI 16 MARS Johannes Brahms(1832-1897) Lieder und Gesänge op. 32 Wie rafft’ ich mich auf in der Nacht (M’étant levé dans la nuit) Nicht mehr zu dir zu gehen (Ne plus te voir) Ich schleich’ umher (J’erre triste et muet) Der Strom, der neben mir verrauschte(Le torrent qui mugissait près de moi) Wehe, so willst du mich wieder (Malheur ! Tu veux de nouveau m’enchaîner) Du sprichst, daß ich mich täuschte(Tu dis que je me trompe) Bitteres zu sagen denkst du(Tu penses me faire du mal par tes paroles) So stehn wir, ich und meine Weide (Voilà hélas où nous en sommes) Wie bist du, meine Königin(Quels délices tu répands, ô ma reine) Vier ernste Gesänge op. 121 Denn es gehet dem Menschen wie dem Vieh (Car la destinée des hommes et celle des animaux) Ich wandte mich und sahe an (Je me suis mis alors à considérer) O Tod, wie bitter bist du (Ô mort, que ton souvenir est amer) Wenn ich mit Menschen- und mit(Quand je parlerais les langues des hommes) Brahms, l’incantation et la mélancolie Brahms, de toute évidence, laboure d’autres champs que Schumann. L’équivocité ne l’intéresse pas, ses ressorts fondateurs semblent plutôt du côté de la gravité et de l’exploration de tous les visages de la mélancolie. Pour ce récital en tout cas, Matthias Goerne et Christoph Eschenbach ont choisi des lieder parmi les plus sombres du musicien. Cinq des lieder de l’Opus 32(1864), ceux composés sur des poèmes d’August von Platen, travaillent le ressassement et la fièvre amoureuse – sur son versant chagrin… L’héroïsme de la partie de piano, l’animation harmonique, le registre grave du piano souvent privilégié : tout cela est au profit d’une expression tourmentée, mais dont la finalité poétique n’est jamais laissée à l’interprétation de l’auditeur. Tout sonne dans ces cinq lieder comme si le monde de Brahms et celui de Platen confirmaient incessamment leur mutuel accord dans le désespoir, sans même les spirales fantasmagoriques d’un Schumann. On est ici dans la paix de la mélancolie immuable, quasi réconfortante par son caractère univoque… Les lieder de l’Opus 32sur des poèmes de Daumer (du moins les trois derniers) sonnent assez différemment : une chaleureuse plénitude de la musique, même lorsque le poème évoque le tourment. 5 Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 6 Chants sérieux Postérieurs de plus de trente ans, les Vier ernste Gesänge (Quatre Chants sérieux) datent de 1896 ; ils ont été composés à la mort du père d’un ami de Brahms, Max Klinger, à qui ils sont dédiés.Le lien avec UnRequiem allemandest évident : hors même la thématique de la mort de ces textes choisis par le compositeur dans les Saintes Écritures, le discours symphonique du piano, l’ampleur de chacun des lieder, une certaine emphase aussi, en font des pièces assimilables au répertoire d’église. On notera aussi l’influence de l’écriture d’orgue dans certains passages de la partie de piano (lied n° 2). Comme toujours dans ses pièces religieuses, Brahms accomplit le passage constant du point de vue de l’homme solitaire à la foi collective – proposant ainsi une magistrale et double esthétique, entre le lied et le monde choral, entre la mélancolie et la plénitude d’un message plein de foi. Hélène Pierrakos 6 Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 7 VENDREDI 16 MARS 7 Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 8 Robert Schumann Lieder d’après des poèmes de Heinrich Heine Abends am Strand Le soir au bord de la mer Wir saßen am Fischerhause, Assis près de la cabane du pêcheur, Und schauten nach der See; Nous regardions vers la mer. Die Abendnebel kamen, Les brouillards du soir, lentement, Und stiegen in die Höh’. S’élevaient vers le ciel. Im Leuchtturm wurden die Lichter Les lumières du phare Allmählich angesteckt, S’allumèrent une à une Und in der weiten Ferne Sur la mer lointaine Ward noch ein Schiff entdeckt. On voyait un dernier navire. Wir sprachen von Sturm und Schiffbruch Nous parlions de tempêtes, de naufrages. Vom Seemann, und wie er lebt Et de la vie du marin, Und zwischen Himmel und Wasser, Ballotté entre le ciel et l’eau, Und Angst und Freude schwebt. Entre l’angoisse et la joie. Wir sprachen von fernen Küsten, Nous parlions de rivages lointains, Vom Süden und vom Nord. Dans le Sud et dans le Nord, Und von den seltsamen Menschen Et des peuples étranges qui vivent là-bas, Und seltsamen Sitten dort. Et de leurs coutumes étranges. Am Ganges duftet’s und leuchtet’s, Sur le Gange, où tout est lumière et parfum, Und Riesenbäume blühn, Fleurissent des arbres géants, Und schöne, stille Menschen Et de beaux hommes silencieux Vor Lotosblumen knien. Se prosternent devant des fleurs de lotus. In Lappland sind schmutzige Leute, En Laponie, les gens sont crasseux, petits, Plattköpfig, breitmäulig, klein; Avec des têtes écrasées et des bouches énormes. Sie kauern ums Feuer und backen Accroupis autour du feu, ils piaillent, Sich Fische, und quäken und schrein. Ils crient et font frire leur poisson. Die Mädchen horchten ernsthaft, Les jeunes filles écoutaient gravement ; Und endlich sprach niemand mehr; À la fin, personne ne disait plus mot : Das Schiff war nicht mehr sichtbar, On ne voyait plus le navire, Es dunkelte gar zu sehr. Trop noire était la nuit. 8 Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 9 VENDREDI 16 MARS Es leuchtet meine Liebe Mon amour brille Es leuchtet meine Liebe, Mon amour brille In ihrer dunkeln Pracht, Dans sa sombre splendeur, Wie’n Märchen traurig und trübe, Triste et morne comme un conte Erzählt in der Sommernacht. Évoqué par une nuit d’été. „Im Zaubergarten wallen « Deux amants, seuls et silencieux, Zwei Buhlen, stumm und allein; Cheminent dans un jardin enchanté ; Es singen die Nachtigallen, Les rossignols lancent leurs chants, Es flimmert der Mondenschein.” La lune verse sa douce clarté.» „Die Jungfrau steht still wie ein Bildnis, « L’amante, immobile telle une statue, Der Ritter vor ihr kniet. Voit le chevalier à ses genoux. Da kommt der Riese der Wildnis, Survient le géant de la forêt, Die bange Jungfrau flieht.” L’amante dans sa frayeur s’enfuit.» „Der Ritter sinkt blutend zur Erde, « Le chevalier s’écroule dans son sang, Es stolpert der Riese nach Haus —” Le géant chancelant, s’éloigne – » Wenn ich begraben werde, Quand en terre on me portera, Dann ist das Märchen aus. Cette histoire prendra fin. Und wenn in die große Flamme fließt Quand sur cette grande flamme Der Strom von unsern Tränen, Coulera le torrent de nos larmes, Und wenn dich mein Arm gewaltig umschließt — Quand mes bras t’étreindront avec force, Sterb’ ich vor Liebessehnen! Alors je mourrai de langueur d’amour. Mein Wagen rollet langsam Mon coche roule avec lenteur Mein Wagen rollet langsam Mon coche roule avec lenteur Durch lustiges Waldesgrün, À travers la forêt joyeuse, Durch blumige Taler, die zaubrisch À travers les vallons fleuris qui resplendissent Im Sonnenglanze blühn. Sous la magique lumière du soleil. Ich sitze und sinne und träume, Assis, je songe et je rêve, Und denk’ an die Liebste mein; Je pense à ma bien-aimée ; Da grüßen drei Schattengestalten Quand trois fantômes paraissent à la portière, Kopfnickend zum Wagen herein. Inclinant la tête en guise de salut. Sie hüpfen und schneiden Gesichter, Ils gambadent et me font des grimaces ; So spüttisch und doch so scheu, L’air narquois et pourtant timide, Und quirlen wie Nebel zusammen, Ils tournoient comme des ombres, Und kichern und huschen vorbei. Ricanent et soudain s’effacent. Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document avec précaution et d’attendre la fin du lied avant de tourner la page. Goerne 16 mars Pleyel:Goerne 16 mars 9/03/07 17:14 Page 10 Liederkreis, op. 24 Morgens steh’ ich auf und frage Le matin, en me levant Morgens steh’ ich auf und frage: Le matin, en me levant, je m’interroge : Kommt feins Liebchen heut? Ma gente mie, la verrai-je en ce jour ? Abends sink‘ich hin und klage: Le soir, en me couchant, je me lamente : Ausblieb sie auch heut. Aujourd‘hui encore, elle n’est point venue. In der Nacht mit meinem Kummer La nuit, avec mes noirs tourments, Lieg’ ich schlaflos, lieg’ ich wach; Je veille et ne trouve sommeil. Trâumend, wie im halben Schlummer, Le jour, à demi endormi, Wandle ich bei Tag. Je marche comme dans un songe. Es treibt mich hin Je vais errant Es treibt mich hin, es treibt mich her! Je vais errant, de-ci de-là ; Noch wenige Stunden, dann soll ich sie schauen, Quelques heures encore et je la verrai, Sie selber, die schönste der schönen Jungfrauen; — Elle, la plus belle des jeunes filles. Du armes Herz, was pochet du schwer! Ô mon coeur fidèle, pourquoi battre si fort ? Die Stunden sind aber ein faules Volk! Que les heures sont donc paresseuses ! Schleppen sich behaglich träge, Avec une nonchalante lenteur elles se traînent Schleichen gähnend ihre Wege; — Et poursuivent en bâillant leur chemin ; Tummle dich, du faules Volk! – Hâtez-vous donc, les paresseuses ! Tobende Eile mich treibend erfaßt! Une hâte fiévreuse me saisit et m’agite. Aber wohl niemals liebten die Horen; — Sans doute les heures ignorent-elles l’amour ; – Heimlich im grausamen Bunde verschworen, Liguées par un pacte tacite et cruel, Spotten sie tückisch der Liebenden Hast. Elles raillent, les méchantes, l’impatience des amants. 10

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la plus intense – est en parfaite adéquation avec la « psychologie » musicale de Schumann. Le musicien est en . Sie kauern ums Feuer und backen.
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