Maintien à court terme de l’information chez l’enfant de 2 à 6 ans: oubli temporel et aide au maintien du but Raphaëlle Bertrand To cite this version: Raphaëlle Bertrand. Maintien à court terme de l’information chez l’enfant de 2 à 6 ans: oubli temporel et aide au maintien du but. Psychologie. Université de Bourgogne, 2014. Français. NNT: 2014DIJOL023. tel-01191698 HAL Id: tel-01191698 https://theses.hal.science/tel-01191698 Submitted on 2 Sep 2015 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UNIVERSITE DE BOURGOGNE URF Sciences Humaines, Département de Psychologie THÈSE Pour obtenir le grade de Docteur de l’Université de Bourgogne Discipline : Psychologie Par Raphaëlle BERTRAND Mercredi 15 octobre 2014 Maintien à court terme de l’information chez l’enfant de 2 à 6 ans : oubli temporel et aide au maintien du but Directrices de thèse Pr. Valérie Camos et Pr. Annie VINTER Jury : Agnès BLAYE, Professeur à l’Université d’Aix-Marseille Rapporteur Michel FAYOL, Professeur à l’Université de Clermont-Ferrand Rapporteur Valérie CAMOS, Professeur à l’Université de Fribourg Directrice Annie VINTER, Professeur à l’Université de Bourgogne Directrice “Stop thinking, just do it.” Dr Yang Jwing-Ming “Il n’est rien d’impossible pour qui trouve la paix intérieure ». Maître Shifu Remerciements « Une thèse, c’est un marathon couru en sprint ». Telles ont été les paroles de Valérie Camos, le jour où elle m’a proposé de réaliser ce travail de thèse avec elle. Ce jour-là, je n’ai bien sûr pas mesuré l’ampleur de ses propos… Aujourd’hui, après avoir cumulé quatre ans de travail de recherche avec un travail à plein temps, l’écriture d’articles et la tenue de cours à l’Université, c’est chose faite. Je tiens à la remercier très chaleureusement de m’avoir donné cette opportunité sans m’en cacher la difficulté (même si je n’ai pas trop écouté…) et de me l’avoir donnée alors qu’elle savait par avance que les conditions n’étaient pas des plus favorables pour elle étant donné son et mon emploi du temps, mais aussi notre éloignement. Merci donc pour sa grande disponibilité, son écoute et son empathie, sa capacité à s’adapter à l’autre et à ses particularités, pour le partage qu’elle fait spontanément et en toute simplicité et humilité de ses connaissances et de ses expériences, ses encouragements et ses conseils toujours judicieux. Je tiens également à remercier tout particulièrement, Annie Vinter, ma directrice de thèse également. Sans elle, cette thèse n’aurait pas pu voir le jour, ne serait-ce que parce qu’elle m’a guidée, bien avant ce projet, sur la voie qui est la mienne aujourd’hui. Ainsi, après m’avoir passionnée en première année de master lors de ses cours sur le développement du bébé, elle m’a habilement conseillée pour la réalisation de ma deuxième année de Master professionnel et a accepté de présider la soutenance de mon mémoire. En acceptant de diriger cette thèse avec Valérie Camos, elle m’a en outre ouvert les portes de l’Université de Bourgogne pour réaliser ce travail. Un grand merci pour ses encouragements, sa disponibilité et sa cordialité chaque fois que nous nous sommes rencontrées, et ce en dépit des nombreuses responsabilités qui sont les siennes au quotidien. Bien sûr, je tiens à remercier vivement Madame Agnès Blaye et Monsieur Michel Fayol d’avoir accepté d’être les rapporteurs de ma thèse. Au-delà du temps passé à lire ce manuscrit et à le corriger, c’est un grand honneur pour moi qu’ils aient accepté de porter de l’attention à mon travail, et ce, malgré leurs emplois du temps chargés et leur éloignement géographique. Je tiens aussi à remercier Messieurs Pierre Barrouillet et Chris Jarrold pour avoir accepté de faire partie de mon comité de suivi de thèse et de m’avoir accompagnée tout au long de ces quatre années. Leurs commentaires suite aux rapports rédigés chaque année m’ont été précieux et m’ont permis d’affiner ma compréhension des problématiques et l’analyse de mes données. Au sein du Laboratoire d’Etude de l’Apprentissage et du Développement, je voudrais remercier l’ensemble des professeurs, des étudiants et du personnel administratif qui, malgré le fait que je sois une doctorante « fantôme », m’ont toujours très cordialement accueillie. Ils ont su, à chacun de mes passages éclairs, me mettre à l’aise en me considérant comme l’une des leurs. Merci à Gérôme, Lucie, Arnaux, Luc, Lolita et Yannick, avec un petit clin d’œil particulier à Aurélie et Mélanie, mes compagnes de mésaventures de Travaux dirigés de cette dernière année universitaire. Merci aussi à Anne-Laure, Benoît et Vanessa du laboratoire de Fribourg, pour leur simplicité et leur accueil. En ce qui concerne l’aspect plus expérimental et pratique de cette thèse, je tiens à remercier toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont permis de rassembler les données contenues dans cette thèse. Ainsi, je remercie Mme Annie Simonet, qui a été mon inspectrice durant les trois premières années de thèse ainsi qu’Eric Loriot son successeur. Je les remercie de m’avoir fait confiance et m’avoir permis d’aménager mon emploi du temps afin de réaliser les passations. Merci également à Mme Top, inspectrice de Beaune qui a accepté mon intervention dans une des écoles de son secteur. Rien n’aurait été possible bien sûr sans le concours de mes nombreux collègues professeurs et instituteurs des écoles maternelles d’Arnay-le-Duc, Beaune (Blanches Fleurs), Bligny sur Ouche, Jouey, Lacanche, Pouilly en Auxois, Précy-sous-Thil, Semur en Auxois (Les Remparts), Viévy. Merci à eux de m’avoir fait confiance, de m’avoir ouvert si gentiment les portes de leurs classes et de s’être adapté(es) à ma présence lors de mes passages. Une mention spéciale à Sandrine et Isabelle pour leur enthousiasme tout particulier à participer à l’étude. Un grand merci également aux étudiantes qui m’ont aidé à réaliser les passations : Lydia Jeannin, Mildred Durieux-Viana et Coralie Séraffin. Une mention spéciale, là encore, à Izabela Stan-Zahno qui a courageusement récolté une par une les autorisations parentales des élèves de crèche et halte-garderie et qui a ensuite réalisé les passations. Merci aux crèches de Fribourg qui lui ont permis de faire les passations : Gribouille, Carré de sable, Mille Pattes, Barbotine, Les coquelicots. Un grand merci aux parents qui ont accepté que leur(s) enfant(s) participe(nt) à l’étude et aux enfants qui ont si bien joué le jeu, puisque c’en était un. Mes derniers remerciements vont à mes amis et à ma famille. Merci à Nathou et Yannick, Manu et Seb, Chantal et Pierre, Hélène et Cyril mais aussi Joël Vernet pour leur soutien indéflectible et leur écoute. Merci à mes parents, Léon et Christiane, et mes sœurs, Frédérique et Fabienne. Ils m’ont encouragée et soutenue par bien des aspects, et ce, depuis toujours. Merci pour leur amour et pour avoir toujours tout fait pour m’aider à progresser et prendre confiance en moi. Une mention spéciale à mon papa qui a largement participé à l’élaboration du matériel expérimental (boîte à ouverture électronique, pistes de ski etc). Merci aussi à mon pitre d’oncle Gérard qui, lui aussi, a toujours eu confiance en moi et m’a encouragée à maintes reprises tout au long de ces quatre années. Il a su par son humour me remonter le moral, et ce bien des fois ! Enfin, et pour clore sur le meilleur, je remercie avec tout l’amour et la chaleur possible ma petite famille. Tout d’abord mon partenaire de vie, Laurent, sans qui rien de tout cela n’aurait été possible. Merci à toi pour ton soutien, ton amour, toute la confiance que tu as placée en moi et pour m’avoir permis de réaliser ce projet. Merci d’avoir toujours su trouver les mots soit pour me remonter le moral, soit pour dédramatiser les choses en me rappelant ce qui était le plus important. Cette thèse est aussi la tienne et celle de notre petite Agathe. Merci à ma magnifique petite fille qui dès le début, en étant mon petit porte-bonheur intégré lors de mes examens de master 1, m’a accompagnée et donné la force d’avancer. Merci à toi mon petit cœur. Résumé La mémoire de travail est un composant essentiel de la pensée qui est fortement impliquée dans les apprentissages et la réussite scolaires. Pourtant, elle est rarement étudiée chez l’enfant d’âge préscolaire, du fait notamment d’un manque de paradigmes adaptés. Cette thèse visait donc à étudier le fonctionnement de la mémoire de travail chez cette population, soit entre 2 et 6 ans. Pour cela, deux paradigmes originaux ont été utilisés. Ils ont été conçus pour être proches de situations de jeux, propices à aider le jeune enfant à focaliser son attention sur la tâche. Ainsi, il a tout d’abord été montré que les performances de rappel diminuaient au fil du temps, et ce, même en l’absence de tâche interférente. Les enfants de cette tranche d’âge opèrent donc un maintien passif de l’information, i.e. sans mise en œuvre spontanée de stratégie de maintien de l’information. De plus, le déclin de l’information était similaire au travers de l’âge. Pour la première fois, il a donc été mis en évidence que la vitesse d’oubli de l’information ne variait pas entre 2 et 6 ans. Finalement, aucun de ces deux facteurs, i.e. mise en œuvre de stratégie de maintien de l’information et modification de la vitesse d’oubli de l’information, ne peut être avancé pour expliquer l’augmentation des capacités mémorielles entre 2 et 6 ans. Ensuite, il a été montré que les caractéristiques intrinsèques de la tâche pouvaient conduire à une amélioration des performances de rappel, peut-être par la mise en œuvre d’une stratégie de maintien. Notamment, la réalisation d’une activité motrice, i.e. marche durant le délai de rétention, a permis à ces jeunes enfants de contrecarrer dans une certaine mesure l’oubli temporel de l’information. La mise en œuvre d’une activité motrice, en dirigeant l’attention du jeune enfant vers un indice visuel du but à atteindre, aiderait celui-ci à maintenir le but de la tâche en mémoire. Les ressources attentionnelles ainsi dégagées pourraient être mises au service d’une amélioration des performances de rappel, peut-être par la mise en œuvre d’une stratégie de maintien. Mots clés : mémoire de travail, enfants d’âge préscolaire, vitesse d’oubli de l’information, maintien passif, aide au maintien du but, mise en œuvre motrice, indice visuel. Abstract Working memory is an essential component of thought that is highly involved in learning and academic achievement. However, it is rarely studied in preschoolers, mainly because of a lack of suitable paradigms. Therefore, this thesis investigated the functioning of working memory in children between 2 and 6 years. For this purpose, two original paradigms were used. They were designed to be close to game situations which should help young children to focus their attention on the task. Firstly it was shown that the recall performance decreased over time, even in the absence of an interfering task. Children of this age therefore use a passive maintenance, i.e. without spontaneously implementing any strategy of maintenance. Furthermore, the decline of the information was similar through age. For the first time, it has been demonstrated that the rate of information forgetting did not vary between 2 and 6. Finally, none of these two factors, i.e. implementation of a strategy of maintenance and change in the speed of forgetting can explain the increase in memory capacity between 2 and 6 years of age. Secondly, it has been shown that the intrinsic characteristics of the task could lead to improved recall performance, perhaps by inducing a strategy of maintenance. Particularly, the implementation of a motor activity, i.e. walking during the retention period, has enabled these young children to counteract to some extent the temporal decay of information. Then, the implementation of a motor activity, by directing the attention of young children to a visual cue related to the goal of the task, help them to maintain in memory the purpose of the task. Attentional resources could be harnessed to improve performance of recall, perhaps by implementing a retention strategy. Keywords: working memory, preschoolers, rate of forgetting, passive maintenance, helping goal maintenance, implementation of motor activity, visual clue. Table des matières INTRODUCTION ....................................................................................... 1 PARTIE THÉORIQUE ................................................................................. 3 1. LA MEMOIRE DE TRAVAIL CHEZ L’ENFANT ................................................................ 4 1.1. Construction historique de la notion de mémoire de travail ............................................ 5 1.2. Différences entre mémoire à court terme et mémoire de travail..................................... 7 1.3. Mémoire de travail et habiletés scolaires ..................................................................... 10 1.4. Paradigmes d’étude de la mémoire de travail chez le jeune enfant .............................. 13 1.4.1. Etudes chez le bébé ..........................................................................................................................14 1.4.2. Etudes chez les enfants d’âge scolaire. ...........................................................................................18 1.4.3. Un paradigme valable pour les 2-6 ans. ..........................................................................................21 2. LE FONCTIONNEMENT DE LA MEMOIRE DE TRAVAIL .................................................. 23 2.1. Des modèles de mémoire de travail .............................................................................. 23 2.1.1. Le modèle à Composantes Multiples ..............................................................................................23 2.1.2. Le modèle des Processus Emboîtés .................................................................................................25 2.1.3. Le modèle du Partage Temporel des Ressources ...........................................................................26 2.2. Les limites en mémoire de travail ................................................................................. 28 3. LES FACTEURS LIES AU DEVELOPPEMENT DE LA MEMOIRE DE TRAVAIL............................ 32 3.1. Développement neuronal et spécialisations neuronales ............................................... 32 3.2. Amélioration des traitements de base .......................................................................... 34 3.3. Amélioration des stratégies : macro-niveau vs micro-niveau ........................................ 38 3.4. Amélioration du contrôle attentionnel.......................................................................... 43 4. FONCTIONS EXECUTIVES ET CONTROLE ATTENTIONNEL CHEZ LE JEUNE ENFANT. ................ 46 4.1. Définition des fonctions exécutives et lien avec la mémoire de travail .......................... 46 4.2. La gestion du but par le jeune enfant ........................................................................... 49 4.3. Un modèle de production d’un comportement orienté vers un but ............................... 51 4.4. L’apport particulier de l’activité motrice sur le contrôle attentionnel ............................ 53 5. PRESENTATION DE LA RECHERCHE........................................................................ 57 5.1. Création d’un paradigme pour l’étude des jeunes enfants ............................................ 58 5.2. Le déclin temporel de l’information chez les jeunes enfants .......................................... 60 5.3. Impact de la motricité sur le maintien du but ............................................................... 61 i Raphaëlle BERTRAND PARTIE EXPERIMENTALE ........................................................................ 64 6. CREATION D’UN PARADIGME POUR L’ETUDE DES JEUNES ENFANTS ............................... 65 6.1. Introduction d’un délai : notion de contrainte temporelle en MDT ................................ 69 6.2. Introduction d’une tâche concurrente : notion de contrainte spatiale en MDT .............. 70 6.3. Charge attentionnelle de la tâche concurrente : notion de limite énergétique en MDT . 73 7. VITESSE D’OUBLI DE L’INFORMATION CHEZ LE JEUNE ENFANT ..................................... 102 7.1. Deux courants de recherche : objectifs spécifiques aux âges étudiés .......................... 103 7.2. Les trois facteurs limitant la MDT selon le TBRS.......................................................... 104 7.3. Etudier la vitesse de déclin de l’information chez le jeune enfant................................ 108 8. IMPACT DE LA MOTRICITE SUR LES PERFORMANCES DE RAPPEL ................................... 157 8.1. Impact de la motricité sur le fonctionnement cognitif ................................................. 158 8.2. Maintien du but en mémoire chez le jeune enfant ...................................................... 163 8.3. Etudier l’impact de la motricité et de la vision d’un indice relié au but de la tâche ...... 166 DISCUSSION GENERALE ....................................................................... 199 9. DISCUSSION GENERALE ................................................................................... 200 9.1. Facteurs en jeux dans l’amélioration développementale de l’empan entre 2 et 6 ans. 204 9.1.1. Vitesse de l’oubli de l’information.................................................................................................205 9.1.2. Mise en œuvre de stratégie de maintien de l’information ..........................................................208 9.1.3. Augmentation des ressources attentionnelles / amélioration du contrôle attentionnel. ..........211 9.2. Aide au maintien du but de la tâche en mémoire chez le jeune enfant ........................ 214 9.2.1. Impact de l’introduction d’une tâche secondaire motrice ...........................................................215 9.3. Impact de la vision d’un indice lié sémantiquement au but de la tâche ....................... 218 10. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES. ........................................................................ 221 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................... 223 ii Raphaëlle BERTRAND
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