RIPOLIN magazine / design / simplification € 0 0 0, al g u p - port0,00 ¥ cfne espagne 0,00 - italie 0,00 - polynésie 0,00 €€$ca – suisse 0,00 chf – maroc 0,00 mad - chi Baptiste fastrez / 2010 / dir. cloé fontaine - € 00 an- allemagne 0,00 - Belgique 0,00 €gB 0,00 £ - Usa 0,00 $ - canada 0, mémoire de fin d’études ensci / Je AlvAr AAlto AmericAn AppArel Apple TAnTe BénédicTe BMW BrAun le corBusier FAlTAzi KonstAntin Grcic HellA Jongerius Adolf loos mArgielA HerMAn Miller morpHosis Muji eTTore soTsAss BernArd stieGler 1 cette publicité n’existe pas, elle a été constituée à l’aide d’un visuel trouvé sur internet. cependant toutes les autres réclames contenues dans ce magazine sont bien réelles et sont tirées de la presse de 2009. (exception faite de la publicité twingo p.41 qui est de 2001). ces documents dans leurs propos illustrent les arguments développés au fil des pages pour respecter le format «magazine» ils ne sont pas légendés. 4 RIPOLIN “ la loi du Ripolin, le lait de chaux. nous ferions un acte moral : aimer la pureté ! nous accroîtrions notre état : avoir un jugement ! Un acte qui conduit à la joie de vivre la poursuite de la perfection. concevez les effets de la loi du Ripolin. chaque citoyen est tenu de remplacer ses tentures, ses damas, ses papiers peints, ses pochoirs par une couche pure de Ripolin blanc. on fait propre chez soi : il n’y a plus nulle part de coin sale, ni de coin sombre : tout se montre comme ça est. puis on fait propre en soi, car on entre dans la voie de refuser à admettre quoi que ce soit licite, autorisé, voulu, désiré, conçu. on n’agit que lorsqu’on a conçu. Quand l’ombre et les coins noirs vous entourent, vous n’êtes chez vous que jusqu’à la limite trouble de ces zones obscures que votre regard ne perce pas; vous n’êtes pas maître chez vous. Vous serez à la suite du ripolinage de vos murs maître de chez vous. Vous rangerez chez vous, quand votre travail sera dérangé. après votre travail, vous rangerez, vous verrez ce qu’il a produit, vous déblaierez l’inutilisable, vous ferez le bilan et le report à nouveau. ” Le Corbusier, l’art décoratif d’aujourd’hui, Paris, Flammarion, 1996, p.191 Page de gauche, illustration : j.b. Fastrez 2009 5 édito “ aujourd’hui, tout est libéré, les jeux sont faits, et nous nous retrouvons collectivement devant la question cruciale : que faire après l’orgie ? ”1 « L’orgie » dont parle Jean Baudrillard, c’est la désirable au-delà de sa fonction première, il peut surconsommation. Notre société en a fait son être assimilé comme un corollaire du marketing. point d’orgue jusqu’à en arriver à une situa- Alors, comme le dit Jean Baudrillard : « Que faire tion d’écœurement. Un objet produit doit être après l’orgie ? ». consommé. Pour écouler sa surproduction, l’in- dustrie a organisé un culte de l’innovation. Depuis La situation est urgente. Si l’on veut que notre les premiers magasins « de nouveauté » (décrits société perdure dans de bonnes conditions, il faut par Emile Zola dans Au bonheur des Dames), la changer notre façon d’envisager la production et société marketing nous baigne dans une propo- la consommation, la multiplication des caractéris- sition pléthorique de produits qui misent sur la tiques formelles et fonctionnelles étant le moteur différentiation pour sortir de la masse. Fonctions de la rotation accrue des cycles de consomma- gadgets et formes « design » sont les arguments tion. commerciaux des produits comparés en rayon- Bon nombre de designers, d’utilisateurs et même nage. L’orgie de consommation s’appuie sur une de marketeurs prônent aujourd’hui « un retour à orgie de formes et de fonctions. la simplicité ». Forme simple, fonction simple, matériaux simples, la sacro-sainte « simplicité » Cependant, si pour se valoriser l’objet s’est op- semble être aujourd’hui l’élixir miracle de notre tionnalisé et complexifié, celui-ci semble au final monde industriel en crise. Le « désencombrement avoir perdu de sa valeur. Le besoin de renouvel- du monde »2 se trouverait-il alors dans cette idée lement nécessaire à la compétitivité des marques de simplification ? les pousse à créer une marchandise obsolète dès son introduction sur le marché. Les utilisateurs La simplicité en architecture et en design est très sont déroutés par le nombre d’options inutili- souvent associée au fonctionnalisme. Ce mou- sables classées dans des modes d’emploi épais vement, issu des théories rationalistes de la fin comme des dictionnaires. Ils sont de moins en du XIXe siècle, se résume par la célèbre phrase moins dupes à propos des techniques marketing déclarée en 1892 par l’architecte américain Louis de l’industrie et de plus en plus sensibles aux ef- Sullivan : « La forme suit la fonction ». Sullivan fets néfastes de la surproduction sur leur envi- affirme que la forme extérieure d’un bâtiment doit ronnement. Les consommateurs auraient même découler de la fonction de ses différents organes perdu l’envie de consommer. Par ses abus, le internes. L’architecte ou le designer fonctionna- marketing est aujourd’hui considéré comme im- liste débarrassera l’objet de sa création de tout moral. Le rôle du designer étant de rendre l’objet superflu. L’objet ne sera beau que dans la qualité 6 RIPOLIN de son usage. Il supprimera tout décor, préférant Après des années de dérive, faut-il se soumettre la ligne droite, le plus court chemin pour relier à un processus de simplification pour que nos ob- deux points. Cette théorie fait écho aux écrits jets échappent aux lois de la consommation et à d’Adolf Loos. En publiant en 1908 Ornement et ses abus ? crime, il engage un combat dénonçant l’immora- Pour gagner en moralité, le designer doit-il ouvrir lité de l’ornement. . son manuel de design à la page « moderne » et De nombreux architectes du XXe siècle se ré- suivre les préceptes fonctionnalistes de Le Cor- clameront du fonctionnalisme. Walter Gropius busier ? défend une architecture adaptée à la société in- dustrielle avec des lignes pures et des nouveaux En un mot, faut-il « ripoliner » nos objets ? matériaux. Ludwig Mies Van der Rohe verra dans cette approche une forme de rigueur et d’effi- Nous confronterons cette idée de simplification à cacité. Le Corbusier développera le concept de celle de désir, d’éthique, d’usage et de progrès. « machine à habiter ». Il soutiendra que la maison Quatre thèmes pour prendre la problématique moderne doit être aussi fonctionnelle, aussi pré- du design sous différents angles d’attaque. Ces cise, aussi bien faite qu’une machine moderne. questionnements donneront lieu à plusieurs dos- siers contenant des interviews et des articles qui D’un certain point de vue, la pensée fonction- se compléteront et se répondront. naliste s’oppose à celle du marketing. Sa quête d’« essentiel » ne paraît pas être compatible 1 Jean Baudrillard 1990 avec celle de l’innovation créatrice de besoin et 2 Terme emprunté à Pierre Damien Huyghe interrogé par de l’obsolescence programmée. C’est pour cela Emmanuel Tibloux, in Azimut #30, 2008, p31 qu’elle séduit tout ceux qui dénoncent les abus de 3 Olivier Assouly, « le design comme esthétique de la notre société de consommation. L’objet d’inspi- réception », in Le design dir. Brigitte Flamand, p. 271 ration fonctionnaliste, jugé plus simple, est aussi considéré comme plus moral. La fonction repré- 4 En 1888, un Hollandais, Carl Julius Ferdinand Riep crée une peinture à l’huile qui sèche rapidement. Il la nomme sentant la caution morale du designer3 « la forme Riepolin. Le procédé est racheté en 1897 par un fabriquant suit la fonction » est restée avec le temps, le slo- français qui adapte son nom en Ripolin. gan majeur du design bien pensant. En 1925, Le Corbusier publie dans L’art décoratif d’aujourd’hui la « Loi du Ripolin »4. Dans ce texte, il incite chacun à repeindre de fond en comble sa maison avec une couche de blanc. Cette loi n’est pas une publicité pour la marque de peinture. Elle représente à ses yeux une opération à la fois de nettoyage concret et moral. Pour l’architecte chef de file du mouvement fonctionnaliste, la maison est une « machine à habiter », il souhaite suppri- mer tous les artefacts de décor de l’habitat tra- ditionnel. faut-il " ripoliner " nos objets ? 7 Sommaire note de la rédaction p24 l’enjeu du design histoire p26 note de la rédaction p10 fonctionnalisme & morale l’objet du désir des amis de longue date... consommation p12 visite p32 le syndrome faltazi du magnétoscope l’écologie fonctionnelle philosophie p16 enquête p34 Bernard stiegler Braun & apple l’autopsie du désir Vrais jumeaux ou faux frères ? désir éthique consommation p36 stratégie p20 la vague « low-cost » muji « Ça fera l’affaire » témoignage p38 patrick lequement marketing p22 logan, des voitures à vendre céline fay l’avocate du diable mode p42 maison martin margiella le « no logo » ostentatoire mode p44 american apparel l’utopie factice RIPOLIN magazine design simplication 8 RIPOLIN p64 note de la rédaction le sens du progrès p66 reportage p48 note de la rédaction milan 2009 le défi ergonomique la crise des idées ? p50 sucess story p70 brainstorming apple et l’usage low design & low dessein de la complexité usage progrès 4 6 8 8 p p n f o i s s st e e d b p54 test p74 nouvelles perspectives 1 le le pas si simple que cela... l’écologie d’usage ipod shuffle et BmW idrive p76 nouvelles perspectives 2 la grenouille qui veut se faire p56 analyse aussi grosse que la table duel chaise de bureau embody et Worknest p80 nouvelles perspectives 3 p60 rencontre de l’intérêt de l’inutilité l’arobase de tante Bénédicte p82 nouvelles perspectives 4 Bernard stiegler suite et fin : le macaque et le joueur d’échec. 9 10 désir " Nous accroîtrions notre état : Avoir un jugement ! Un acte qui conduit à la joie de vivre la poursuite de la perfection " Extrait de « La loi du Ripolin », Le Corbusier, 1925 10 RIPOLIN
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