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Luttes philosophiques en URSS, 1922-1931 PDF

362 Pages·2001·1.64 MB·French
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Dès la fin de la guerre civile en 1921, l’intelligentsia soviétique est invitée par le Parti à se mobiliser sur le « troisième front » de la lutte des classes : il faut unifier la théorie marxiste, chasser l’idéalisme de ses derniers réduits, consolider l’acquis et former les nouvelles générations dans l’esprit du matérialisme militant. En philosophie, ce programme se heurte dès le départ à de profondes dissensions parmi ceux-là mêmes qui se réclament du marxisme : tout au long des années 20, « liquidationnistes », « mécanistes », « dialecticiens » et « bolchevisateurs » s’affrontent sur le statut et le contenu de la dialectique, ainsi que sur les rapports entre le marxisme et le développement de l’URSS. Peu à peu se dégagent les lignes de force qui aboutiront en 1931 à l’apparition d’une idéologie d’Etat sous le couvert de l’ « étape léniniste du marxisme ». Le lecteur trouvera dans ce livre composé par René Zapata les textes majeurs qui ont scandé ces discussions. C’est la première fois qu’ils sont traduits en français. Grâce au grand appareil de notes historiques et bibliographiques, de notices sur les hommes et les institutions rédigées par le traducteur, c’est tout un pan de l’histoire de l’Union soviétique et du marxisme qui s’ouvre à l’analyse historique. « Est-il nécessaire, ainsi que le fait remarquer Dominique Lecourt dans l’Avant- Propos, de souligner que cette histoire importe à notre présent le plus brûlant ? » Luttes philosophiques en U.R.S.S. 1922-1931 RENÉ ZAPATA Presses Universitaires de France Sommaire Couverture Présentation Page de titre PRATIQUES THÉORIQUES Avant-Propos - AVANT LE DÉLUGE Présentation - LA FORMATION DE LA PHILOSOPHIE SOVIÉTIQUE 1922-1931 I II III V Première Partie - Naissance de « Sous la bannière du marxisme » 1 - Note de la Rédaction 2 - Lettre de L.D. Trotski à la Rédaction de Sous la bannière du marxisme 3 - V.I. Lénine « La portée du matérialisme militant » Deuxième Partie - Les tendances liquidationnistes et l’orthodoxie 1 - S. Minine, « La philosophie par-dessus bord ! » Trois façons de comprendre le monde La philosophie — support de la bourgeoisie La science — rêve du prolétariat « La philosophie du marxisme » Ecoutez l’ennemi Marx et Engels contre la philosophie La science à la barre — la philosophie par-dessus bord 2 - V. Rumii, « La philosophie par-dessus bord ? » 3 - A.M. Déborine, « Lénine, le matérialiste militant » I II III IV V VI VII VIII IX X Troisième Partie - Le débat entre mécanistes et dialecticiens 1 - I.I. Stepanov, « La conception dialectique de la nature c’est la conception mécaniste » I II III IV V VI 2 - I. Stepanov, « Les principaux résultats de la discussion » (Ire partie) I 3 - A.K. Timiriazev, « La science contemporaine de la nature fait-elle renaître le matérialisme mécaniste du XVIIIe siècle ? » (Ire et IIe parties) I II La victoire des déboriniens : 1929 4 - A.M. Déborine, « Les problèmes actuels de la philosophie marxiste » I II III IV V VI VII 5 - Résolutions de la IIe Conférence panunioniste des Institutions marxistes-léninistes de Recherche scientifique (8-13 avril 1929) Quatrième Partie - Les bolchevisateurs contre les dialecticiens Le dernier combat des déboriniens : 1930 1 - « Sur les résultats et les nouvelles tâches sur le front philosophique » 2 - M.B. Mitine, V.N. Raltsevich, P.F. Iudin, « Sur les nouvelles tâches de la philosophie marxiste-léniniste » 3 - A.M. Déborine, « La construction du socialisme et nos tâches sur le front théorique » 4 - A. Déborine, I. Luppol, la. Sten, N. Karev, I. Podvolotski, B. Gessen, M. Levin, I. Agol, S. Levit, F. Telezhnikov, « La lutte sur les deux fronts en philosophie » 5 - Décret du Comité central du PCUS concernant le périodique Sous la bannière du marxisme, du 25 janvier 1931 Annexes Notes sur les institutions Notices biographiques Remarques bibliographiques À propos de l’auteur Notes Copyright d’origine Achevé de numériser PRATIQUES THÉORIQUES COLLECTION DIRIGÉE PAR ÉTIENNE BALIBAR ET DOMINIQUE LECOURT Avant-Propos AVANT LE DÉLUGE Dominique Lecourt Voici, pour parler le langage volontiers hyperbolique des textes qu’on va lire, un document historique d’une valeur exceptionnelle. On y trouvera, pour la première fois traduits en français, présentés et annotés, tirés de l’oubli officiel et presque universel où ils ont été prudemment relégués, quelques-uns des articles majeurs sur lesquels ont roulé et rebondi les âpres discussions dont est sortie, triomphante, armée de ses immuables catégories et consignée dans ses innombrables manuels, la philosophie de l’Etat soviétique en personne, telle que nous la connaissons. Disons-le tout de suite, l’intérêt de ces textes n’est pas seulement documentaire, et leur publication ne répond pas au seul souci académique, d’ailleurs en soi très légitime, de combler une déplorable et irritante lacune bibliographique. Leur lecture permet en effet de faire justice d’un certain nombre de mythes paresseux mais solidement accrédités qui continuent de faire obstacle à une juste intelligence de l’histoire de l’Union soviétique. Est-il nécessaire de souligner que cette histoire importe à notre présent le plus brûlant ? que de sa connaissance analytique et critique dépend, pour une bonne part, que nous puissions ou non demain prévenir le retour des ombres qui nous hantent ? De plus, les questions théoriques ardues que pose l’interprétation de tels textes peuvent jeter une lumière inattendue sur la genèse et la structure de ce corps de doctrine (le « matérialisme dialectique ») auquel il est convenu d’identifier, depuis maintenant un demi-siècle, qu’on en soit thuriféraire ou détracteur, la soi- disant « philosophie marxiste ». Que l’enjeu des actuels débats sur la « crise » du marxisme, naguère solennellement déclarée ouverte en Europe occidentale par certains même des plus éminents intellectuels des partis communistes1, puisse s’en trouver singulièrement éclairé, c’est ce dont le lecteur jugera sur pièces. Il ne nous semble pas qu’il puisse, si d’aventure telle était sa tentation, y trouver le moindre aliment d’une quelconque nostalgie ; mais plutôt, s’il en était besoin, un vigoureux encouragement à approfondir cette crise, à l’aggraver, pour en finir une bonne fois avec les formes et les pratiques qui ont si longtemps servi à en masquer la gravité, à en différer le déclenchement et à en bloquer le processus. Nous parlions de mythes. Le plus entêté de ces mythes, dont quelques intellectuels français en mal de renommée ont, il y a peu, ranimé avec éclat les pouvoirs de mystification au bénéfice d’une opération idéologico-politique de grand style mais de faible teneur théorique2, est celui d’une prétendue filiation directe « déductive » qui rattacherait les pratiques oppressives du régime soviétique aux formes théoriques, identifiées et dénoncées comme totalitaires, de la philosophie de Marx. Selon ce mythe, l’histoire effective de l’Union soviétique, de Lénine à nos jours, se réduirait à n’être que le déploiement progressif mais implacable d’une idée préalablement donnée. Un système philosophique unifié, puisant en secret sa maîtresse inspiration dans les philosophies de l’histoire de son siècle (le XIXe), aurait su s’emparer de la manière de « table rase » qu’est supposée avoir été par miracle la société dont le Parti bolchevique s’est trouvé en 1917 contrôler les positions clés. Ce système aurait ainsi trouvé moyen, réalisant un vieux rêve platonicien, de donner corps socio-historique à l’édifice rigoureusement ajusté de ses concepts. Un peuple tout entier aurait été, par ruse et contrainte, enrôlé à une tâche d’édification qui n’a abouti en réalité qu’à son propre écrasement. La force, quasiment démoniaque, de la philosophie marxiste se serait alors dévoilée : dans le don sournois qu’est le sien d’inciter les esclaves eux-mêmes à souhaiter leur asservissement et à y coopérer. Chacun connaît le slogan où se concentre cette vue de l’histoire qui relève de la version la plus frustre de l’idéalisme absolu : « C’est la pensée de Marx qui a produit le Goulag ! » Quoi qu’il en soit ici des visées politiques que peuvent conforter les sommaires vertus de dissuasion d’un tel slogan, les documents que nous livrons au public mettent à nu l’imposture intellectuelle qui en est le nerf. Que la société soviétique, en effet, ne fût en ses structures économiques, juridico-politiques et idéologiques que la manifestation d’une pure « essence » marxiste et correspondît point par point, en toutes ses instances, au plan dont Marx, Engels puis Lénine auraient pour jamais arrêté les grandes lignes, telle était bien, on le constatera, la conviction fermement affichée par tous les protagonistes des débats dont nous reproduisons ci-après les protocoles. Nos modernes théoriciens du totalitarisme se contentent donc de prendre au mot, de recevoir pour argent comptant, les thèmes qui furent dès le début les invariants de l’idéologie soviétique officielle : leur prouesse philosophique se résume à prétendre instaurer ces thèmes en principe d’explication du processus même qu’ils eurent pour fonction d’occulter à la conscience de ceux qui en furent, consentants ou non, les agents (bourreaux et victimes). Ne leur en déplaise, leur conception de

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Dès la fin de la guerre civile en 1921, l'intelligentsia soviétique est invitée par le Parti à se mobiliser sur le troisième front de la lutte des classes : il faut unifier la théorie marxiste, chasser l'idéalisme de ses derniers réduits, consolider l'acquis et former les nouvelles générat
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