Description:Il est curieux de voir que, chez Guy Debord, une conscience lucide de l’insuffisance de la vie privée s’accompagne de la conviction plus ou moins consciente qu’il y a, dans sa propre existence et dans celle de ses amis, quelque chose d’unique et d’exemplaire, qui exige d’être rappelé et communiqué. Déjà, dans Critique de la séparation, il évoque ainsi à un certain moment comme intransmissible « cette clandestinité de la vie privée sur laquelle on ne possède jamais que des documents dérisoires » (Debord, p. 49) ; cependant, dans ses premiers films et encore dans Panégyrique, ne cessent de défiler l’un après l’autre les visages de ses amis, d’Asger Jorn, de Maurice Wyckaert, d’Ivan Chtcheglov, et son propre visage, à côté de celui des femmes qu’il a aimées. Ce n’est pas tout, car dans Panégyrique apparaissent aussi les maisons où il a vécu, le 28 de la via delle Caldaie à Florence, la maison de campagne de Champot, le square des Missions étrangères à Paris (en réalité le 109 de la rue du Bac, sa dernière adresse parisienne, dans le salon duquel une photographie de 1984 le montre assis sur le divan de cuir anglais qui semblait lui plaire).