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L'Université n'entend ni approuver, ni désapprouver les opinions particulières émises dans cette ... PDF

333 Pages·2004·2.66 MB·French
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UNIVERSITE DES SCIENCES SOCIALES DE TOULOUSE I THESE de Doctorat en Sciences Économiques DU « DÉVELOPPEMENT ET DE LA « TECHNOLOGIE » IMPASSES DES REPRESENTATIONS EXOGENES ET EMERGENCE DE PROGRAMMES ALTERNATIFS Présentée et soutenue le 19 janvier 2004 par Virginie ESCUDIE Directeur de Recherche Monsieur le Professeur François MORIN Membres du jury Monsieur Gabriel COLLETIS Professeur de Science Économique à l’Université des Sciences Sociales de Toulouse I Monsieur Nicolas GORJESTANI Responsable en chef de la section Connaissance et Apprentissage de la région Afrique à la Banque Mondiale Monsieur Serge LATOUCHE Professeur émérite de Science Économique de la Faculté Jean Monnet (Paris XI) Monsieur François MORIN Professeur de Science Économique à l’Université des Sciences Sociales de Toulouse I Monsieur Jacques PERRIN Professeur de Science Économique à l’INSA Lyon, Directeur de recherche au CNRS L’Université n’entend ni approuver, ni désapprouver les opinions particulières émises dans cette thèse. Ces opinions sont considérées comme propres à leur auteur. REMERCIEMENTS Je tiens, en premier lieu, à exprimer mes remerciements et ma sincère reconnaissance à Monsieur le Professeur François Morin, directeur de cette recherche, qui a toujours su se montrer disponible et de bon conseil, dans le plus grand respect de mon autonomie. Ses encouragements et sa confiance ont été des alliés précieux tout au long de cette recherche. Mes remerciements vont ensuite à Messieurs les membres du jury, Gabriel Colletis, Nicolas Gorjestani, Serge Latouche et Jacques Perrin d’avoir accepté de participer à l’évaluation de ce travail. Je tiens tout particulièrement à exprimer ma gratitude à : Monsieur le Professeur Gabriel Colletis pour l’intérêt qu’il a porté à mon travail. Nos entretiens nombreux et ses conseils avisés ont largement contribué à la réalisation de cette recherche. Monsieur Nicolas Gorjestani, Responsable en chef de la section Connaissance et Apprentissage de la région Afrique à la Banque Mondiale, pour l’entrevue riche d’informations et d’encouragements qu’il a bien voulu m’accorder. À Monsieur Reinhard Woytek, Administrateur du Programme Connaissances Autochtones de la Banque Mondiale, j’adresse tous mes remerciements pour les informations qu’il a bien voulu me transmettre, et pour la générosité et la disponibilité dont il a fait preuve durant nos échanges. Je remercie également Monsieur Henri Carsalade, Sous-Directeur général du Département de la coopération technique à la FAO, pour l’entretien qu’il m’a accordé. Pour les conditions de travail dont j’ai bénéficié durant ces années, mes remerciements s’adressent aussi à toute l’équipe du LEREPS, je tiens notamment à remercier vivement : Stéphanie Truquin et Wilfried Pennetier pour leurs lectures sans complaisance et leur soutien amical. Zouhour Karray, Mihaela Negoita, Eric Brun et Sophie Cancel pour l’aide amicale qu’ils m’ont tous apportée aux différents stades de ce travail. Cathy Delayre pour sa disponibilité et sa bienveillance. Je remercie Virginie Guichard pour ses traductions rigoureuses. Merci à tous mes proches, famille et amis, et merci à Nicolas pour son aide patiente, sa confiance et son enthousiasme. SOMMAIRE 1 INTRODUCTION GENERALE 2 Malgré la diversité des politiques et des stratégies de développement mises en œuvre depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aujourd’hui, on constate qu’elles ne sont pas parvenues à relever les défis qu’elles s’étaient fixées. Les nombreux efforts consentis pour « accéder au développement » n’ont toujours pas permis à de nombreux pays de rejoindre le cercle des « pays développés ». Au contraire, les inégalités n’ont cessé de s’aggraver et, si l’on tient compte de la parité des pouvoirs d’achat, le revenu des 1 % les plus riches au monde est équivalent à celui des 57 % les plus pauvres1 : 1,2 million d’individus vivant avec moins d’un dollar par jour2. Malgré quelques améliorations globales et très inégales selon les régions, le bilan est affligeant, tout particulièrement pour l’Afrique sub-saharienne dont le « développement humain » est en recul depuis plusieurs années. En 1999, on compte dans les « pays en développement » 777 millions de personnes sous- alimentées, 11 millions d’enfants qui meurent chaque année de maladies pour lesquelles il existe pourtant des moyens de prévention et de guérison, plus d’un demi million de femmes qui succombent chaque année de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, 300 millions de personnes qui souffrent de paludisme (dont 90 % en Afrique sub-saharienne), 2 millions d’individus par an tués par la tuberculose et 2,2 millions par la diarrhée. À cela s’ajoute 1 L’essentiel des données utilisées ici sont issues du « Rapport sur le Développement Humain dans le Monde 2002 » publié par le PNUD. Nous avons également trouvé quelques informations complémentaires à propos du virus du SIDA sur le site de la Banque Mondiale : www.worldbank.org/worldaidsday/africa-fr.htm 2 En Afrique sub-saharienne, cette situation concerne 47 % de la population. 3 le fléau du SIDA3 aux conséquences désastreuses sur le développement social et économique4. Les « pays en développement » c’est aussi plus d’un million de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et 250 millions qui sont directement touchées par la désertification. Cette liste, non exhaustive et non représentative de l’hétérogénéité des situations, traduit néanmoins l’échec des politiques passées à engager les processus escomptés. La réflexion sur le développement est désormais à reconsidérer dans cette perspective. Durant les années 90, des critiques se sont élevées, de plus en plus violentes, à l’encontre de la communauté du développement en général et des Institutions Financières en particulier. Par ailleurs, les concepts de développement « durable » et « humain » ont fait leur apparition pour réhabiliter les dimensions oubliées d’un développement centré sur les seules dynamiques économiques. Ces deux concepts doivent néanmoins être analysés dans le cadre du modèle dominant de la « bonne gouvernance », prolongement teinté de démocratie des « Plans d’Ajustement Structurel ». C’est dans ce contexte, fait de continuités et de ruptures, qu’émergent certaines initiatives visant à renouveler l’approche du développement en valorisant des aspects jusqu’alors négligés. De manière générale, ces nouvelles approches affichent une volonté de valorisation des « oubliés » du développement : les femmes, d’une part, à travers la question du genre (parité hommes- femmes5), puisqu’elle occupe désormais une place grandissante dans la réflexion et dans les programmes initiés par les organisations internationales6 ; les acteurs locaux, d’autre part, par des projets comme « l’initiative connaissances autochtones » qui retiendra notre attention. Mise en place par la Banque Mondiale en 1998, elle se présente comme une approche originale destinée à valoriser le rôle des acteurs locaux à travers la reconnaissance de leurs savoirs traditionnels. 3 En 2000, on estime à 40 millions le nombre de personnes atteintes du SIDA dans le monde : 90 % dans les « pays en développement » et 75 % en Afrique sub-saharienne où plus de 25 millions de personnes sont infectées et 17 millions ont déjà été tuées par le virus. 4 La plupart des personnes touchées sont des adultes en plein cœur de leur vie professionnelle et parentale. On estime à 12 millions le nombre d’orphelins dû à l’épidémie en Afrique et l’espérance de vie a chuté de dizaines d’années dans de nombreux pays. Au Bostwana, pays le plus touché, elle a chuté de 34 ans et un enfant, né aujourd’hui, a une espérance de vie de 36 ans. 5 Depuis peu, les institutions internationales substituent dans leur discours, la notion de parité à celle de genre. 6 La Banque Mondiale, l’Organisation Internationale du Travail, le Programme des Nations Unies pour le Développement et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture ont travaillé conjointement à la valorisation du programme ASEG (Analyse Socio-Économique selon le Genre) initié en 1993. 4 Ce constat établi soulève une série de questions. Tout d’abord, comment expliquer que, malgré la diversité des théories et des politiques de développement qui se sont multipliées durant les cinquante dernières années, la situation de nombreux pays ne se soit pas améliorée ? Cette question pragmatique ouvre sur une interrogation plus fondamentale qui concerne le bien fondé du projet de « développement » lui-même. Qu’il s’agisse de renoncer au « développement » ou de le reconsidérer, la dialectique ainsi exprimée entre une « alternative au développement » et un « développement alternatif »7 mérite d’être pensée dans le cadre particulier de l’actuelle résurgence de la réflexion sur le développement. En effet, après la décennie 80 et l’avènement du « consensus de Washington »8 qui semblait indiquer la fin de « l’économie du développement »9, la problématique du développement est à nouveau sur le devant de la scène. L’alternative évoque le changement, mais s’agit-il d’une rupture ? Et si tel est le cas, quel est le référent de la rupture ? Dès lors, ne convient-il pas de pouvoir interpréter les théories et les initiatives qui s’élaborent aujourd’hui à l’aune de l’histoire du développement ? Se poser la question de l’alternative n’est pas anodin car cela suppose de se poser aussi celle de la continuité. Or, peut-on considérer que la diversité des théories et les politiques mises en place depuis les années 50 révèlent une forme de continuité ? Notre projet, qui s’inscrit dans le cadre de ces interrogations, est le suivant : repérer les logiques à l’œuvre dans les politiques de développement pour mieux comprendre les échecs passés et interpréter les initiatives nouvelles. 7 Voir notamment : Latouche S., Nohra F. et Zaoual H. (1999), Critique de la raison économique. Introduction à la théorie des sites symboliques, Paris, L’Harmattan. Cet ouvrage collectif est le lieu d’un débat sur ce sujet entre S. Latouche et H. Zaoual 8 Le « consensus de Washington » désigne l’approche néo-classique du développement qui fut élaborée durant les années 80, sous les pressions des États-Unis, de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Il concerne en premier lieu les pays d’Amérique latine aux prises avec une violente crise de la dette, et qui ont été le véritable laboratoire de cette logique ultra-libérale. Par la suite, il s’est imposé à l’ensemble des « pays en développement ». On peut résumer le « consensus » en quelques lignes directrices : libéralisation financière et des échanges, privatisation, discipline budgétaire, et protection des droits de propriété privée. 9 La discipline fut longtemps dominée par les modèles « volontaristes », mais avec la crise de la dette dans les pays d’Amérique latine et la faillite du modèle soviétique centralisé, les années 80 entérinent l’approche néo-classique et la discipline éclate entre les diverses branches de la science économique. 5 Pour mener à bien notre réflexion, nous avons choisi de mobiliser la notion de « représentation ». Ce sera la clé grâce à laquelle nous pourrons analyser l’évolution des politiques mises en œuvre depuis les années 50. En nous appuyant sur les travaux des sciences cognitives10 et sur la sociologie de Durkheim11 et de Moscovici12, nous pouvons mettre en avant le rôle des représentations dans l’acquisition de connaissances, en tant qu’intermédiaires entre le sujet et son objet de connaissance. En tant que vecteur entre la structure interne de l’individu et sa « réalité » extérieure, les représentations constituent un instrument de décodage de la « réalité » empreint de significations sociales. Par ailleurs, la théorie constructiviste de la connaissance13, qui défend l’idée de vérités situées et construites contre celle de vérité ontologique, nous fournit les outils pour repérer les représentations véhiculées par les politiques de développement élaborées depuis les années cinquante. On constate ainsi qu’au-delà des divergences idéologiques majeures qui ont profondément marquées l’histoire de la pensée du développement, on identifie des approches similaires du « développement » et de la « technologie » qui s’appuient sur des représentations exogènes. Il existe une forme de « cohérence représentationnelle » entre ces notions qui s’est traduite par la mise en place des politiques de « rattrapage » fondées sur le « transfert de technologie ». Nous montrerons que le « développement » est au cœur de l’évolutionnisme déterministe unilinéaire qui symbolise la croyance moderne et la représentation « occidentale » du monde14. Il est le principe au nom duquel a été établie une hiérarchie entre les pays du monde entier et qui justifie toutes les pratiques allant dans le sens de la « modernité », c’est-à-dire destinées à accélérer la croissance par l’industrialisation. 10 Voir notamment : Piaget J. (1937), La construction du réel chez l’enfant, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé ; (1970), L’épistémologie génétique, Paris, PUF ; Varela F.J. (1981), « Le cercle créatif », in Watzlawick P. (dir.), L’invention de la réalité, trad. fr. Paris, Éditions du Seuil (1988), (pp. 329-345) ; Engel P. (1988), « La psychologie cognitive peut-elle se réclamer de la psychologie ordinaire ? », Hermès, n°3, CNRS, (pp. 10-22). 11 Durkheim E. (1898), Représentations individuelles et collectives, in Revue de Métaphysique et de Morale, tome IV, édité dans Sociologie et Philosophie, 1967, Paris, PUF, (pp-1-48). 12 Moscovici S. (1961), La psychanalyse, son image et son public, Paris, PUF. 13 Voir notamment l’ouvrage collectif dirigé par Watzlawick P., L’invention de la réalité, op.cit. 14 Rist G. (2001), Le développement. Histoire d’une croyance occidentale, Presses de sciences Po, Paris ; Chartier A. M. (1996), Essai critique sur le concept de développement, Presses Universitaires de Grenoble ; Perrot M.D., Rist G. et Sabelli F. (1992), La mythologie programmée. L’économie des croyances dans la société moderne, Paris, PUF. 6 Quant à la technique15, malgré certains travaux pionniers sur le « progrès technique », comme notamment ceux de Ricardo16, Marx17, ou Schumpeter18, elle reste conçue comme un outil neutre, une capacité productive facteur de croissance. En conséquence, quels que soient les courants de pensée, d’inspiration libérale ou marxiste, les pratiques adoptées reposent sur le transfert de techniques « modernes » destinées à accélérer le processus de rattrapage. Les années quatre-vingt marquent un tournant dans l’histoire du « développement ». La crise de nombreux pays, les échecs des politiques volontaristes et les limites des stratégies de transfert de technologie sont au cœur du débat. C’est à cette époque qu’apparaissent les « Plans d’Ajustement Structurel ». D’un point de vue théorique, « l’économie du développement » est en crise. Les théories de la croissance endogène19 et la théorie évolutionniste20 contribuent alors à un certain renouveau de la réflexion. Elles permettent notamment d’introduire des éléments d’endogénéisation dans l’analyse du développement et de la technologie, tant du point de vue macro que micro-économique. Ces théories présentent l’avantage, même s’il est partiel, de mettre 15 Nous verrons que certaines différences peuvent être établies entre « technique » et « technologie », néanmoins, et conformément à l’usage, excepté lors des développements qui seront consacrés à l’origine de ces notions, nous emploierons ces deux termes indifféremment. 16 Ricardo D. (1821), Des principes de l’Économie politique et de l’impôt, chapitre XXI, Paris, 1971, Flammarion. 17 Marx K. (1857), Principes d’une critique de l’économie politique, Œuvres de la Pléiade II, 1968, Gallimard ; (1867), Le capital, La Pléiade I, 1965, Gallimard. 18 Schumpeter J. (1939), Business Cycles, A theorical, historical and statistical analysis of the capitalists process, 2 vol. New York, Mc Graw Hill. 19 Romer P. (1986), « Increasing Returns and Long Run Growth », in Journal of Political Economy, 94 (5), (pp.1002-1037) ; Amable B. et Guellec D. (1992), « Les théories de la croissance endogène », in Revue d’Economie Politique, 102 (3), (pp.313-377) ; D’Autume A. (1998), « Théories anciennes et théories nouvelles de la croissance », in Connaissances Économiques, Lassudrie–Duchêne B., Paris, Economica ; Aghion P. et Howitt P. (2000), Théorie de la croissance endogène, Dunod, Paris ; Guellec D. et Ralle P. (2001), Les nouvelles théories de la croissance, Paris, Éditions La Découverte. 20 Nelson R. et Winter S.G. (1982), An Evolutionnary Theory of Economic Change, The Belknap Press of Harvard University Press ; Dosi G. (1982), « Technological Paradigms and Technological Trajectories. A suggested interpretation of the determinants and direction of technical change », in Research Policy 11 , (pp.147-162) ; (1988), « The nature of the innovative process », in Dosi G. et al. (ed), Technical Change and Economic Theory, Pinter Publishers (pp.221-238) ; Dosi G., Teece D.J., Winter S.G. (1990), « Les frontières des entreprises : vers une théorie de la cohérence de la grande entreprise », in Revue d'économie industrielle, n°51, 4° trimestre, (pp.238-254). 7

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THESE de Doctorat en Sciences Économiques. DU « DÉVELOPPEMENT ET DE LA « TECHNOLOGIE ». IMPASSES DES REPRESENTATIONS EXOGENES ET EMERGENCE DE .. Pour illustrer notre thèse, nous nous appuyons sur « l'initiative connaissances autochtones » mise en place en 1998
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