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L’orthodoxie : l’église des sept Conciles PDF

455 Pages·2002·19.964 MB·French
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.' KALLISTOS WARE évêque de Diokleia L'Orthodoxie / L'Eglise des sept Conciles 3e édition revue et corrigée Traduction par Françoise Lhoest LES ÉDITIONS DU CERF LE SEL DE LA TERRE www.editionsducer(fr www.top.ca/users/thabor/ seldelaterre / seldelaterre.htm PARIS PULLY 2002 DANS LA MÊME COLLECTION De vie et d,esprit, Archimandrite Sophrony, 1992. Le Royaume intérieur, Kallistos Ware, 1993. Béatitudes, Jean de Valaam, 1994. Le Sacrement du frère, Mère Marie Skobtsov, 1995 et 2001. Le christianisme ne fait que commencer, Alexandre Men, 1996. Et si je disais les chemins de l'enfance, Georges Khodr, 1997. Au cœur de la fournaise, Un moine de l'Église d'Orient, 1998. La Prière, expérience de l'éternité, Archimandrite Sophrony, 1998. Témoins de la Lumière. Six prêtres de l'époque soviétique, Irène Semenoff- Tian-Chansky, 1999. La Compassion du Père, Boris Bobrinskoy, 2000. Jean de Cronstadt. Médiateur entre Dieu et les hommes, Alla Selawry, 2001. L'Appel de !'Esprit. Église et société, Georges Khodr, 2001. Voyages à travers la souffrance. Autobiographie d,un archevêque-chiru1lJien pendant la grande persécution soviétique, Mgr Luc de Simféropol, 2001. Père Arsène, passeur de la foi, consolateur des âmes, 2002. DANGER Tous droits réservés. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ® ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur If P8lllCIPIIUII et de l'éditeur, est illicite et constitue une contrefàçon sanc TIJELELNRE tionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Timothy Ware, 1963 Publié pour la première fois au Royaume-Uni par Penguin Books Ltd en 1963, sous le titre : The Orthodox Church Les droits moraux de l'auteur ont été respectés © pour la traduction française Les Éditions du Cerfe t le sel de la terre, 2002 (29, boulevard La Tour-Maubourg-75340 Paris Cedex 07) ISBN (C erf) 2-204-07102-1 ISBN (le sel de la terre) 2-940042-26-8 Table des matières Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Première partie : L'histoire.......................................... 17 1. Les débuts ........................................................ 19 · 2. Byzance, I. L'Église de sept Conciles ............. 27 3. Byzance, II. Le grand schisme ........................ 59 4. La conversion des Slaves ................................ 97 5. L'Église sous l'islam ....................................... 115 6. Moscou et Saint-Pétersbourg ......................... 133 7. Le x:xe siècle I : Grecs et Arabes ................... 163 8. Le x:xe siècle II : L'Orthodoxie et l'athéisme militant.. .................................... 187 9. Le x:xe siècle III: Diaspora et mission .......... 223 Deuxième partie : Foi et rituel ................................. 249 10. La tradition: source de la foi orthodoxe ... 251 11. Dieu et l'homme .......................................... 269 12. L'Église de Dieu ........................................... 309 13. Rituel orthodoxe I: Un paradis terrestre ... 341 14. Rituel orthodoxe II : Les sacrements .......... 355 15. Rituel orthodoxe III: Fêtes, jeûnes et prières .. .. .. . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . .. 385 16. L'Église orthodoxe et la réunion des chrétiens .. .. . .. .. . .. .. .. .. .. .. .. . 397 Lecture conseillée .. . .. .. . .. . .. .. .. .. .. . .. .. .. .. . .. .. . .. .. .. . .. . 425 Index ................................................................... 451 Errata .................................................................. 467 .' Introduction Gens obscurs, nous pourtant st connus. 2 Corinthiens 6, 9 En 1846, le théologien russe Alexis Khomiakov écrivait à un de ses amis anglais : Tous les protes « tants sont des crypto-papistes ... Pour employer le langage concis de l'algèbre, l'Occident ne connaît que le donné A: qu'il soit précédé du signe "plus", comme chez les catholiques romains, ou du signe "moins", comme chez les protestants, le A reste le même. Actuellement, tout passage à l'orthodoxie semble un acte d'apostasie vis-à-vis du passé, de sa science, de ses croyances et de sa vie; passer à l'or thodoxie, c'est se précipiter dans un monde nouveau et inconnu 1 •. Lorsque Khomiakov parle du donné A, il pense à tout ce que les chrétiens occidentaux, qu'ils soient protestants, anglicans ou catholiques romains, ont en commun. Tous (bien qu'ils ne désirent pas toujours le reconnaître) ont été profondément influencés par les mêmes événements: la centralisation de la papauté et la scolastique du Moyen Age, la Renaissance, la Réforme et la Contre-Réforme. Le passé des membres de l'Église orthodoxe, qu'ils soient Grecs, Russes ou 1. Extrait d'une lettre, citée dans: W.-J. Birkbeck, Russta and the Engltsb Cburcb, p. 67. 8 L'Orthodoxie, l'Église des sept Conciles autres, est tout à fait différent. Ils n'ont pas connu de Moyen Age (au sens occidental du terme) et n'ont subi ni Réforme ni Contre-Réforme; ce n'est qu'indi rectement qu'ils ont été affectés par les soulèvements religieux et culturels qui au XVIe et au XVIIe siècle ont transformé l'Europe occidentale. Les Chrétiens d'Occident, qu'ils soient catholiques ou réformés, commencent en général par poser les mêmes ques tions ; le désaccord vient avec les réponses. Pour les orthodoxes, non seulement les réponses sont diffé rentes, mais les questions ne sont pas celles que pose l'Occident. L'Orthodoxie a une autre perspective de l'histoire et son attitude est notamment très caractéristique en ce qui concerne les controverses religieuses de l'Occident. Du point de vue occidental, un catholique romain et un protestant sont deux extrêmes ; du point de vue oriental, ils sont semblables aux deux faces d'une même pièce de monnaie. Khomiakov appelle le pape le premier protestant •, le père du rationalisme « « allemand», et il eût peut-être pris un adepte de la science chrétienne • pour un catholique romain légè « rement excentrique2. Comment pourrions-nous « arrêter les effets pernicieux du protestantisme dans notre Église?•, lui demandait un anglican attiré vers la catholicisme, lors d'une visite à Oxford en 1847: Débarrassez-vous de votre catholicisme romain •, « avait-il répondu. Pour le théologien russe en effet, les deux dénominations allaient de pair. Le protestan tisme existe en fonction de Rome. Khomiakov a raison de parler de l'orthodoxie comme d'• un monde nouveau et inconnu •, car l'or thodoxie n'est pas une sorte de catholicisme romain simplement dépourvu de pape, mais elle est très diffé rente des systèmes religieux occidentaux. Cependant, 2. Cf : P. Hammond, Tbe Waters ofM arab, p. 10. .' Introduction 9 ceux qui voudront pénétrer plus avant dans ce • monde inconnu • y trouveront beaucoup de choses étrangement familières quoique différentes. • Mais c'est ce que j'ai toujours cru •, disent fréquemment ceux qui découvrent l'orthodoxie. Cette réaction est amplement justifiée, car malgré neuf cents ans et plus de développement séparé, chacun suivant sa voie, les racines sont communes et remontent aux premiers temps du Christianisme. Athanase et Basile, tout en ayant vécu en Orient, appartiennent aussi à l'Occident, et les orthodoxes qui habitent en France, en Angleterre, en Irlande peuvent considérer les saints nationaux de ces pays, Alban et Patrice, Cuthbert et Bède, Geneviève de Paris et Augustin de Cantorbéry, Martin de Tours et Hilaire de Poitiers, non comme des étrangers, mais bien comme des membres de leur propre Église. Il fut un temps où toute l'Europe faisait partie de l'Église orthodoxe, tout autant que de nos jours la Grèce et la Russie. En 1846, lorsque Khomiakov écrivait à ses amis anglais, les contacts personnels entre orthodoxes et anglicans étaient encore très rares. Robert Curzon déjà, vers 1830, lors d'un séjour au Moyen-Orient où il cherchait à acheter à bon marché des manuscrits, fut bien surpris le jour où il s'aperçut que le patriarche de Constantinople n'avait jamais entendu parler de l'ar chevêque de Cantorbéry ! Depuis lors, les choses ont changé, les facilités de voyage ont supprimé les distances. Il n'est même plus nécessaire de voyager pour connaître !'Orthodoxie de visu : des Grecs, poussés par des raisons économiques ou par un choix personnel, et des Slaves, sous la pression des persécu tions, ont apporté avec eux en Occident la présence de leur Église, créant des diocèses, des paroisses, des séminaires et des monastères en Europe, en Amérique et en Australie. D'autre part, la pression œcuménique de notre époque, en vue de réaliser l'unité réelle des 10 L 'Orthodoxie, l'Église des sept Conciles chrétiens, a attiré l'attention en particulier sur l'Église orthodoxe. La diaspora grecque et russe s'est répandue dans le monde au moment même où les chrétiens occidentaux, dans une volonté d'union, devenaient conscients de l'importance de l'orthodoxie et désiraient la connaître plus en profondeur. Dans bien des discussions œcuméniques, l'apport de l'Église orthodoxe a été une surprise et une illumina tion. Précisément à cause de leurs différences cultu relles, les orthodoxes ont souvent apporté des vues nouvelles, et suggéré des solutions longtemps oubliées à de vieilles difficultés. L'Occident n'a jamais manqué de personnalités pour qui le christianisme n'était pas limité à Cantorbéry, Genève ou Rome ; cependant si ces voix dans le passé étaient semblables à des voix criant dans le désert, les choses ont changé ; les effets d'un estrangement qui a duré plus de neuf siècles ne peuvent s'effacer rapidement, mais du moins des ponts ont-ils été jetés. Qu'entend-on par« Église orthodoxe»? -Les divi sions qui ont amené la fragmentation actuelle de la chrétienté ont eu lieu en trois grandes phases, chacune à peu près à 500 ans d'intervalle. La première étape vers la séparation se passe au ve et au vie siècles, quand ce que l'on connaît aujourd'hui sous le nom d'Églises orientales orthodoxes furent séparés du corps principal de la Chrétienté. Ces Églises se divi sent en deux groupes: l'Église d'Orient (essentielle ment dans les frontières de l'Iran et de l'Iraq actuels, et qu'on appelle parfois nestoriens, assyriens, chal déens ou Syriens orientaux), et les cinq Églises non cbalcédoniennes (fréquemment appelées monophy sites) : l'Église syrienne d'Antioche (appelée Église jacobite), l'Église syrienne de l'Inde, l'Église copte en Égypte, l'Église arménienne et l'Église éthiopienne. L'Église d'Orient aujourd'hui ne compte pas plus de .' Introduction 11 550 000 membres, bien qu'elle ait été jadis nettement plus grande ; les non-chalcédoniens sont environ 27 millions. Ces deux groupes sont souvent qualifiés de • Petites • Églises orientales, ou Églises orientales • séparées •, mais il serait préférable d'éviter de pareilles dénominations qui impliquent un jugement de valeur. Le présent ouvrage, qui ne prétend pas couvrir l'Orient chrétien dans toute sa complexité, ne traite pas directement de ces orthodoxes orientaux •, « même si nous nous y référerons de temps à autre. Notre propos sera ces chrétiens que l'on qualifie non pas d'orthodoxes orientaux mais simplement d' ortho doxes, c'est-à-dire ceux qui sont en communion avec le Patriarcat Œcuménique de Constantinople (et ainsi, lorsque nous nous référons à l'Église orthodoxe, il ne faut pas entendre orthodoxe orientale). Fort heureusement, actuellement on espère assister à une réconciliation pleine et entière entre ces deux familles de Chrétiens, les orthodoxes et les ortho doxes orientaux. Du fait de cette première division, les orthodoxes ont été réduits en Orient principalement au monde hellénophone. Puis vint la deuxième séparation, que l'on date conventionnellement de 1054. Le corps central de la Chrétienté se divisa alors en deux communions : en Europe occidentale le monde catho lique romain sous le pape (de Rome) ; l'Église ortho doxe dans l'empire byzantin. L'Église orthodoxe fut alors limitée également du côté de l'Occident. La troisième séparation entre Rome et les réforma teurs, au seizième siècle, ne nous concerne pas ici directement. On note avec intérêt combien les divisions cultu relles et ecclésiales tendent à coïncider. Le Chris tianisme, bien qu'universel dans sa mission, tend à être associé en pratique avec trois cultures : sémitique, 12 L'Orlhodoxie, l'Église des sept Conciles grecque et latine. Du fait de la première séparation, les Chrétiens sémites de Syrie, avec leur florissante école de théologiens et d'écrivains, furent coupés du reste de la chrétienté. Puis advint la deuxième sépara tion qui creusa un fossé entre les traditions grecque et latine du christianisme. C'est ainsi que dans l'Eglise orthodoxe, l'influence de la Grèce est prédominante. Mais il ne faudrait pas penser que l'Église orthodoxe est uniquement une Église grecque et rien d'autre, car les Pères syriaques et latins ont aussi une place dans la plénitude de la tradition orthodoxe. Tandis que l'Église orthodoxe était limitée d'abord à l'est et ensuite à l'ouest, elle s'étendit vers le nord. En 863, les saints Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves, firent un voyage vers le Nord pour entreprendre un travail missionnaire au-delà des frontières de l'Empire byzantin, et leurs efforts finirent par aboutir à la conversion des Bulgares, des Serbes et des Russes. Avec l'affaiblissement du pouvoir byzantin, ces nouvelles Églises du nord s'accrurent en importance, et lorsque Constantinople tomba aux mains des Turcs en 1453, la Principauté de Moscou était prête à prendre la place de Byzance en tant que protecteur du monde orthodoxe. Depuis deux siècles, on a assisté à un revirement partiel dans cette situation. Bien que Constantinople, elle-même aux mains des Turcs, ne soit qu'un pâle reflet de sa splendeur passée, les chrétiens orthodoxes en Grèce ont commencé à yecouvrer leur indépendance en 1821; d'autre part l'Eglise russe a, ce siècle présent, souffert soixante-dix ans sous la domination d'un régime agressivement anti-chrétien. Telles sont les étapes principales qui ont déterminé le développement extérieur de l'Église orthodoxe. Géographiquement, sa principale ère d'extension est en Europe de l'Est, en Russie, et le long des côtes de la Méditerranée. Elle est composée actuellement des

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