E É S S Y X D U O A L ’ M N I A S E D 6 01 Budapest, 2 Arts m of Fine Museu m / Múzeu űmvészeti Szép © Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat Sommaire > Présentation de l’exposition p. 3 > Focus sur neuf peintres flamands du XVIIe siècle p. 5 • Roelandt Savery p. 5 • Jan Brueghel dit l’Ancien p. 6 • Jan van Kessel p. 8 • Frans Snyders p. 10 • Jan Fyt p. 12 • Paul de Vos p. 14 • Adrien van Utrecht p. 16 • Peter Boel p. 17 • Pierre-Paul Rubens p. 19 > Liste des œuvres exposées p. 21 > Partenaires p. 28 > Autour de l’exposition p. 29 p. 31 > Le musée départemental de Flandre > La politique culturelle du Département du Nord p. 33 > Informations pratiques p. 34 > Visuels disponibles pour la presse p. 35 Commissariat de l’exposition Sandrine Vézilier-Dussart, conservatrice du musée départemental de Flandre Catalogue de l’exposition (articles et notices) Sous la direction de Sandrine Vézilier-Dussart, conservatrice du musée départemental de Flandre, avec la contribution scientifique de Susan Koslow, Cécile Laffon, Abigail Newman, Mathias de Poorter, Geert Vanpaemel. Snoeck Editions Français Prix : 32 € 2 L’ Odyssée des animaux Les peintres animaliers flamands du XVIIe siècle L’exposition est une première : malgré l’attractivité de la thématique et leur importance capitale dans l’émergence de l’art animalier, les peintres animaliers flamands au XVIIe siècle, n’ont jamais fait l’objet d’une étude globale et approfondie. L’Odyssée des Animaux comportera deux volets faisant chacun l’objet d’une exposition : l’un consacré à l’art animalier flamand du XVIIe siècle et l’autre à la création artistique contemporaine en Belgique (4 mars - 9 juillet 2017). Au XVIIe siècle s’affirme dans la peinture flamande un genre bien singulier, l’art animalier. Ce genre nouveau donne ses lettres de noblesse à l’animal qui est désormais représenté pour lui- même et traité comme un véritable sujet digne d’intérêt alors qu’il n’avait auparavant qu’une valeur de symbole ou d’emblème. Les peintres flamands, si sensibles au rendu des matières, excellent alors dans la représentation plus ou moins fidèle de l’animal, selon qu’ils s’inspirent d’un modèle vivant ou de sources livresques. La primeur est donnée au réalisme au détriment du fantastique. Le processus de spécialisation est enclenché. Roelandt Savery, Frans Snyders, Jan Fyt ou encore Paul de Vos comptent parmi les plus grands peintres animaliers. Si les scènes de chasse et les étals de marché traduisent opulence et raffinement, d’autres sujets se démarquent par leur orientation plus existentielle. Les paradis terrestres évoquent une période révolue où prédateurs et proies cohabitaient en une douce harmonie. L’homme devient alors quasi inexistant voire totalement absent. C’est le règne animal par excellence ! Ainsi la violence inhérente au caractère bestial de l’animal n’est pas occultée ; bien au contraire, elle est mise en scène dans des compositions magistrales où le face à face exalte puissance et compassion. De là ressort le combat incessant pour la survie, une odyssée toutefois enchanteresse qui transcende la beauté animale. Frans Snyders, Nature morte avec une biche, un homard, une chienne et ses petits, Huile sur toile, Bruxelles, Collection Belfius 3 Parcours dans l’exposition Pour la première exposition consacrée à la peinture animalière flamande du XVIIe siècle, le musée de Flandre a choisi de sélectionner les principaux peintres qui se sont spécialisés dans ce domaine - comme Roelandt Savery, Jan van Kessel, Frans Snyders, Jan Fyt, Paul de Vos et Peeter Boel – ou qui ont joué un rôle déterminant dans l’évolution des représentations comme Jan Brueghel l’Ancien ou Pierre-Paul Rubens. Grâce à un parcours plus ou moins chronologique, organisé à partir de cabinets spécifiques à chaque peintre, l’exposition a l’ambition de montrer à la fois les caractéristiques de chacun mais aussi les influences des uns sur les autres. Ils gravitent quasiment tous, à un moment donné de leur carrière, dans le même centre artistique qu’est la cité d’Anvers. Cela favorise les échanges d’autant plus que les peintres flamands sont habitués depuis le xvie siècle à des pratiques collaboratives. Ainsi les motifs voire même parfois des compositions entières passent d’un atelier à un autre, ceci rendant les attributions extrêmement délicates. Ainsi, dans l’exposition, Snyders occupe une place centrale afin de bien cerner son influence sur Van Utrecht, Jan Fyt et Paul de Vos. Peeter Boel est placé après Jan Fyt, ce dernier ayant très nettement influencé sa production. Dans la section consacrée à Paul de Vos, nous avons délibérément accroché La Chasse aux renards autrefois attribuée à cet artiste mais replacée aujourd’hui dans l’escarcelle de Jan Fyt grâce au travail scientifique mené pour l’exposition. La comparaison entre les œuvres devrait permettre aux visiteurs de mieux cerner les apports stylistiques des uns et des autres. Roelandt Savery, Deux Chevaux et des Palefreniers, 1628, huile sur bois, Courtrai, musées municipaux 4 Roelandt SAVERY (Courtrai, 1576 - Utrecht, 1639) Le premier peintre animalier flamand Dans la continuité de son frère Jacob, Roelandt Savery compose des paradis terrestres qui exaltent la beauté animale à une ère révolue, avant la faute originelle de l’homme. L’harmonie était alors pleine et entière. Au travers du thème d’Orphée charmant les animaux (visuel ci-dessous) qu’il a largement développé (au moins vingt-trois tableaux consacrés à ce thème de 1603 à 1628), l’intention de ne pas réduire le sujet à la Genèse est bien perceptible. Le sujet central n’est ni religieux ni mythologique, mais c’est le monde animal qui se suffit à lui-même. Il nous plonge alors dans un univers certes féérique, mais qui prend sens par la matérialité des animaux et par une approche universelle englobant espèces locales et exotiques. Naît ainsi le paradis des oiseaux (visuel ci-dessous), véritable volière à ciel ouvert où le fameux dodo, espèce disparue depuis le XVIIe siècle, côtoie autruches, canards et perroquets dans un paysage délesté de toute présence humaine. Avec Conrad Gessner et Ulisse Aldrovandi, la zoologie moderne connaît ses premiers balbutiements. Véritables encyclopédies qui visent à l’exhaustivité, leurs ouvrages se révèlent être, encore au XVIIe siècle, une source d’informations incontournables pour les artistes. Cependant, l’imprécision et le manque de détails des illustrations gravées compromettent une représentation fidèle, notamment pour ce qui concerne la faune exotique. L’observation d’après nature est donc un préalable indispensable pour saisir au mieux les attitudes, les expressions et les proportions des animaux. C’est dans la fameuse ménagerie de l’empereur germanique Rodolphe II que Savery se familiarisera avec les espèces venues de contrées lointaines. Ses esquisses donnent une approche plus individualisée de l’animal. Et même si le traitement maniéré entraîne une perception fantaisiste, il opère une véritable révolution dans la représentation de l’animal qui vise à émerveiller par le foisonnement et le souci constant du détail. Tout au long de sa carrière, il alterne entre des paradis fourmillant d’animaux exotiques et des paysages sylvestres habités de biches et de taureaux, incarnations de la magnificence de la nature. Les contrastes puissants d’ombre et de lumière qui rythment les compositions aiguillent le regard dans cet espace pictural où les teintes des animaux se fondent dans leur environnement. Roelandt Savery est aussi le premier peintre flamand à avoir réalisé des portraits animaliers. Les chevaux, seuls ou en groupe, aux courbes soulignées, au pelage tacheté et à la crinière finement ondulée, se démarquent par un trait précis et par un traitement maniéré qui correspondent à l’époque à une certaine idée du raffinement. La plupart des chevaux sont racés et donc prisés par les puissants à l’instar de Rodolphe II qui leur vouait une véritable passion. Plus inattendus encore sont les portraits de poule et de coq du musée de Rotterdam, œuvres signées, qui influenceront les peintres hollandais comme Gillisz de Hondecoeter. maux, 1611 Beaux-Arts Roelandt Savery, Orphée charmant les aniHuile sur bois, Berlin, Staatliche Museen, Gemäldegalerie Roelandt Savery, Oiseau, 1618Huile sur bois, Anvers, musée royal des 5 Jan I BRUEGHEL dit l’Ancien (1568-1625) Les animaux, reflet de la grandeur de Dieu Art Fine m of Museu Budapest, Noé, ca. 1613-1615, huile sur bois, maux dans l’arche de Entrée des ani L ’ Ancien, Brueghel l’ Jan Peintre de paysages, de natures mortes et de fleurs, mais aussi de sujets religieux, allégoriques et mythologiques, Jan I Brueghel est un artiste prolixe qui ne s’est pas cantonné à un genre, bien au contraire. Il joue un rôle décisif dans la peinture animalière. Ses paradis terrestres, dont le premier date de 1594, peuvent paraître de prime abord dans la lignée de ceux de Savery ; pour autant, ils s’en démarquent par une prédominance du message religieux qui se traduit par une présence plus prégnante des personnages bibliques prenant place parmi les animaux. Les compositions plus aérées donnent davantage de respiration aux motifs ou aux scènes qui accèdent ainsi à un certain degré d’autonomie. Sa composition de L’Arche de Noé, dont le prototype est conservé au J. Paul Getty Museum de Los Angeles (daté 1613), fera sensation comme en témoignent les versions réalisées par le maître et son atelier et les nombreuses copies de peintres bien souvent non identifiés. Le succès de cette représentation s’explique au-delà de l’aspect visuel très séduisant par une approche naturaliste. Les esquisses sur bois du Kunsthistorisches Museum de Vienne montrent des animaux croqués sur le vif dans différentes postures, Jan Brueghel cherchant à capter au mieux leurs mouvements et gestuelles. Ces études d’après nature, comme en témoigne sa correspondance avec le cardinal Borromeo, ont été réalisées dans le parc du palais de l’archiduc Albert et de l’infante Isabelle à Bruxelles. 6 Jan Brueghel porte aussi un intérêt aux scènes de chasse qui sont toujours associées à des épisodes religieux et mythologiques. C’est La Conversion de saint Hubert avec le cerf positionné au centre de la trouée, telle une apparition, c’est bien sûr Diane chasseresse, sujet qu’il reprendra plusieurs fois et dont les deux compositions du musée de la Chasse à Paris sont certainement les plus abouties. Traqué ou pièce centrale d’un trophée, le cerf est récurrent dans les scènes de chasse. L’étude Têtes de brocards du musée de Narbonne (visuel ci-dessous) qui, par son caractère et la variation des angles de vue, se rapproche stylistiquement des panneaux de Vienne est à mettre en relation avec le cerf du tableau de La Conversion de saint Hubert du musée du Prado. Loin de ces représentations religieuses, mythologiques ou allégoriques, ressort une composition quasi unique dans l’oeuvre de Jan Brueghel l’Ancien, Une souris et deux roses de la Pinacoteca Ambrosiana à Milan (visuel ci-dessous), dont il existe une version en collection privée. Datée vers 1605, elle annonce la démarche miniaturiste et encyclopédique de Van Kessel qui en fera sa marque de fabrique. Autre sujet commun aux deux peintres : l’arbre aux oiseaux, évocation des amours et de l’harmonie, que Frans Snyders étoffera d’une signification plus complexe. Jan Brueghel l’Ancien, Têtes de brocards Jan Brueghel l’Ancien, Une souris et deux roses Huile sur bois, Narbonne, musée d’Art et d’Histoire ca. 1605, Huile sur bois, Milan, Pinacoteca Ambrosiana 7 Jan VAN KESSEL (1626 - 1679) Un engouement pour les curiosités m, Museu m willia Fitz The mbridge, Ca Papillons et autres insectes, 1661, huile sur cuivre, Kessel, Jan van Petit-fils de Jan Brueghel l’Ancien, Van Kessel devient maître de la guilde d’Anvers en 1645. Son corpus compte plusieurs centaines d’œuvres. Les peintures sur toile de grandes dimensions sont rares, car il s’est surtout consacré à l’exécution des tableautins sur bois ou sur cuivre, qui ornaient les cabinets de curiosités, dont la production fait partie des spécialités du centre artistique d’Anvers. Ses sujets de prédilection sont les animaux dans leur ensemble, les oiseaux et insectes en particulier. Les Papillons et autres insectes, petits cuivres appartenant au Fitzwilliam Museum à Cambridge sont à ce titre révélateurs de son talent : sur fond clair, blanc-gris ou crème, à la manière des feuilles d’études, Van Kessel reproduit avec une dextérité digne d’un miniaturiste les moindres pattes, les plus petites antennes des insectes, en utilisant une palette chatoyante. Rose, bleu, vert, jaune viennent animer ces compositions dans lesquelles l’artiste place délicatement, au centre, une branche de cerisier, la fleur d’un pommier ou d’extraordinaires coquillages, traités comme de véritables merveilles de la nature. La précision dont il fait preuve démontre d’un sens de l’observation poussé, d’une approche presque scientifique, que l’on ne retrouve pourtant pas de manière constante dans son œuvre. Les naturalia, insectes, plantes ou coquillages semblent l’avoir particulièrement passionné, puisque c’est dans ces représentations que son travail est le plus abouti. Le peintre s’est très vraisemblablement inspiré d’un certain nombre d’encyclopédies répertoriant les spécimens d’histoire naturelle (visuel ci-dessous), comme l’immense œuvre de Conrad Gessner (1516-1565), Historia animalium. 8 Van Kessel s’est illustré dans la représentation des Quatre parties du monde, impressionnantes séries de tableaux sur cuivre, composées de quatre panneaux centraux, sur lesquels une allégorie symbolise un continent. Pour les accompagner, le peintre réalise en outre des tableautins chargés de dresser un répertoire d’espèces animales ou végétales, réelles ou imaginaires, caractéristiques du territoire concerné. L’Alte Pinacothek de Munich conserve aujourd’hui la seule version complète. Le musée de Dijon possède quant à lui deux cuivres (visuel ci-dessous) qui sont directement inspirés des saynètes de l’Europe et de l’Afrique. Ces ensembles témoignent du goût affirmé de Jan van Kessel pour les compositions en pendants, puisqu’il s’est également distingué dans des sujets comme les Quatre Éléments. Ces scènes décoraient la façade des nombreux tiroirs des cabinets de curiosités, eux-mêmes chargés de conserver des objets de collection. À ce titre, elles sont en adéquation avec leur destination. Artiste prolixe, il fut père de nombreux enfants, dont deux furent peintres, Jan II et Ferdinand. La confusion qui règne entre leurs productions est aujourd’hui toujours d’actualité, les fils ayant repris les compositions de leur père. Joris Hoefnagels, Insectes Jan van Kessel, La Terre 1630, gravure, Amsterdam, Rijksmuseum Huile sur cuivre, Dijon, musée des Beaux-Arts 9 Frans SNYDERS (1579-1657) « Le » peintre animalier du 17e siècle Arts Beaux- Musée des Bordeaux, mort, huile sur toile, Le lion Snyders, Frans Peintre d’animaux, de scènes de chasse et de natures mortes, Frans Snyders joue un rôle déterminant dans l’évolution de la peinture animalière au XVIIe siècle. Artiste prolixe, il aborde tous les angles possibles qu’offre le genre ; à partir de motifs récurrents, il varie les compositions. Il collabore avec les plus grands peintres de son temps. De 1608 à 1609, il est à Rome et est hébergé par Jan Brueghel l’Ancien qui le présente à son mécène Federico Borromeo. Durant toute sa vie, il entretient des liens artistiques avec Rubens, unissant leur talent pour atteindre une intensité inégalée. Dans les scènes de chasse, si Snyders se réfère aux modèles rubéniens, il s’en éloigne par une simplification des compositions. Le sujet le plus représenté dans son œuvre est sans conteste les scènes de marché qu’il innove avec d’opulents étals de fruits, de légumes, de viandes et de poissons. La variété des espèces animales et végétales glorifie la puissance et la richesse de la cité scaldienne. Les gibiers, sangliers, cerfs, chevreuils, produits de la chasse à courre rehaussent le caractère prestigieux de ces natures mortes. Si la biche évidée, posée négligemment sur la table ou suspendue verticalement, les têtes de sanglier et les poissons visqueux s’avèrent repoussants, Snyders utilise la palette pour estomper les aspérités et tensions. La touche est ample, nerveuse, rapide. Il sait aussi bien suggérer la fragilité d’une feuille, le velouté d’un raisin ou encore le pelage dense et ras du sanglier. Il est probablement le premier peintre animalier qui développe ce sens de la matière. 10
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