« Un des questionnements forts de cet ouvrage est l’analyse de la JL LʼIVOIRITÉ MOUVEMENTÉE dimension politique de l’ivoirité. Ce livre vient alors à son heure, je EUʼ dirais même qu’il était plus que temps d’interroger le concept et la NESIV réalité de l’ivoirité. L’auteur, dans un mouvement diachronique et , J , C ʼI MO EUNES MÉDIAS ET POLITIQUE EN ÔTE D VOIRE synchronique, avec une clarté remarquable et dans un style vivant, É DI fait le bilan de ce concept ; il en explore avec pédagogie les heurts et IAR S malheurs et éclaire la manière complexe dont il a bouleversé la vision EI Aghi Bahi T ivoirienne de l’autre, et surtout continue de marquer plusieurs jeunes. » T P OÉ GADOU DAKOURI, SOCIO-ANTHROPOLOGUE, INSTITUT DʼETHNO-SOCIOLOGIE, L IT UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY, CÔTE DʼIVOIRE IQM U E EO Affi rmation identitaire développée au fi l des décennies coloniales et postcoloniales, l’ivoirité, qui N a fait l’objet d’âpres débats, serait à l’origine de la crise ivoirienne. Mais l’ivoirité n’est-elle qu’une CU Ô manœuvre politicienne ou serait-elle plutôt l’expression d’un nationalisme prodigue ? Ce livre TV E revient sur le concept, remonte ses origines, décortique les conditions et le contexte de la création DE ʼ d’un nationalisme culturel qui, progressivement, prend la direction d’un nationalisme ethnique. Le IVM phénomène ivoiritaire s’inscrit dans une historicité déjà ancienne qui se nourrit de revendications O I R et d’affi rmations culturelles. Il apparaît comme une continuité logique de la politique d’ivoirisation EE des emplois et du capital des années 1970. Un véritable consensus sur la question de l’ivoirité apparaît N chez tous les tenants du pouvoir de 1960 à 2010. Leurs diff érentes gestions de la citoyenneté et plus T largement de la question identitaire, les diff érents «mouvements» de l’ivoirité en témoignent. La É rhétorique ivoiritaire est une réponse donnée par les dirigeants en mal d’imagination politique E face aux problèmes posés par la crise multiforme à laquelle le pays est confronté. Quels peuvent alors être les eff ets – l’effi cience et l’effi cacité – symboliques de l’ivoirité sur les jeunes, les médias au sens le plus large voire même la politique ivoirienne postcoloniale en Côte d’Ivoire ? Ce livre eff ectue aussi une approche «par le bas» insistant notamment sur le travail des jeunes dans des institutions médiatiques, des chansons populaires, des espaces de discussions de rues créés par les jeunes («agoras, parlements et grins»). Le rapport des jeunes à l’ivoirité est recherché à travers de A g tels «analyseurs sociaux». Ce faisant, il aborde des aspects de la crise ivoirienne et, inévitablement, h les élections présidentielles de 2010 et les enjeux de la crise qui s’en est suivie. i B a AGHI BAHI est Maître de Conférences au Département des Sciences de la communication et h Chercheur au sein du Centre d’Etudes et de Recherche en Communication de l’UFR Informa- i tion Communication & Arts à l’Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire). Ses travaux se déploient sur trois axes actuellement réinterrogés dans le cadre de son Groupe de Re- cherche en Anthropologie de la Communication : «communication pour la santé», «usages des technologies de l’information et de la communication», «médias politiques et espaces publics» en Côte d’Ivoire. Langaa Research & Publishing Common Initiative Group P.O. Box 902 Mankon Bamenda North West Region Cameroon L’Ivoirité Mouvementée Jeunes, Médias et Politique en Côte d’Ivoire Aghi Bahi Langaa Research & Publishing CIG Mankon, Bamenda Publisher: Langaa RPCIG Langaa Research & Publishing Common Initiative Group P.O. Box 902 Mankon Bamenda North West Region Cameroon [email protected] www.langaa-rpcig.net Distributedin andoutside N. America by African Books Collective [email protected] www.africanbookcollective.com ISBN: 9956-728-88-8 ©Aghi Bahi 2013 DISCLAIMER All views expressed in this publication are those of the author and do not necessarily reflect the views of Langaa RPCIG. A la mémoire de mon père MAURICE BAHI-ZAHIRI (1935-1995) Table des Matières Remerciements…………………………………………………………..vii Avant propos……………………………………………………………ix Introduction……………………………………………………………..xiii Première partie: l’ivoirité: nationalisme prodigue ou manœuvre politique?................................................................................................. 1 Chapitre 1: Archéologie de l’ivoirité ou du «sentiment nationaliste» en Côte-d’Ivoire…………………………………………………………...3 A. Les groupements ethniques ou associations des originaires….. 3 B. Laquête de l’authenticité africaine ou de l’africanité Authentique……………………………………………………………15 Quête d’authenticité à travers les Arts, les Lettres et la culture populaire………. 16 Quête d’africanité à travers les instituts et centres nationaux de recherche……….. 20 Quête d’africanité authentique dans la religion: le bossonisme……………….. 28 C. L’ivoirisation des cadres et des capitaux………………………… 32 D. La production du «nordisme»……………………………………38 L’institution de la carte de séjour………………………………………….. 40 La charte du Nord: une quête de reconnaissance……………………………. 43 Chapitre 2 - Sociogenèse de l’ivoirité: de Konan Bédié à Laurent Gbagbo…………………………………………………………………51 A. 1995: le discours programme d’Henri Konan et l’essor de l’ivoirité…………………………………………………………………51 Un concept culturel………………………………………………………..52 iii Un concept anthropologique………………………………………………. 54 Une tactique politique?62 B.Heurts et malheurs de l’ivoirité……………………………………71 Les partis politiques de l’opposition……………………………………….. 71 La recherche africaniste……………………………………………………77 C. Du coup d’état de 1999 à la gouvernance de Gbagbo: la permanence de l’ivoirité……………………………………………… 89 Le Général Robert Guéï et l’ivoirité……………………………………….. 89 Le graal national de Laurent Gbagbo……………………………………… 92 Chapitre 3: La récupération politique de l’ivoirité…………………. 105 A.De l’ivoirité culturelle et anthropologique à l’ivoirité politique….105 B. Mémoire blessée ou la formulation d’un nationalisme…………. 115 Une reconstitution de la mémoire blessée…………………………………… 115 La formulation d’un nationalisme………………………………………… 122 C. Remarques conclusives…………………………………………… 139 Deuxième partie: Efficience et efficacité symboliques de l’ivoirité…………………………………………………………………145 Chapitre 4. Les Médias ivoiriens et l’ivoirité…................................... 147 A. Les institutions médiatiques etl’ivoirité…………………………. 147 Un survol historique………………………………………………………148 Le champ journalistique ivoirien……………………………………………152 La place de l’ivoirité dans ces institutions…………………………………… 161 B. L’ivoirité dans le contenu des médias……………………………. 167 Note méthodologique………………………………………………………168 Expressions courantes de l’ivoirité» chez les leaders politiques……………….. 168 iv Montée progressive de l’ivoirité…………………………………………….. 172 C. Propos conclusifs……………………………………………… 191 Chapitre 5. Au-delà des médias: Les «agoras, parlements» et «grins» et l’ivoirité………………………………………………………………195 A. Retour sur la situation des jeunes citadins………………………. 195 L’imaginaire de la modernité chez les jeunes abidjanais……………………… 199 La participation des jeunes à la vie de la cité……………………………….. 203 Le phénomène des «titrologues»……………………………………………206 B. «Agoras, parlements» et «grins»……………………………….. 210 Les «agoras et parlements»………………………………………………. 211 Les «grins»……………………………………………………………. 230 C. Notes conclusives………………………………………………….242 Chapitre 6. Une double saga: «Woody» contre «Ado»……………251 A. Deux figures charismatiques………………………………………251 L’«intellectuel» et le politicien……………………………………………. 252 Le «technocrate» et le politicien……………………………………………260 B. De l’affrontement symbolique au conflit létal…………………… 268 Tout avait si bien commencé………………………………………………. 268 Après l’Armageddon, quid de l’ivoirité?....................................................... 282 Conclusion……………………………………………………………..287 Citoyenneté et démocratisation………………………………………………. 288 Les Eléphants n’ont (toujours) pas réconcilié les Ivoiriens……………………… 293 Bibliographie…………………………………………………………..301 Sigles et acronymes……………………………………………………332 v vi Remerciements Je voudrais tout d’abord remercier Francis B. Nyamnjoh, Professeur à l’Université de Cape Town (Afrique du Sud) qui m’a suggéré ce travail sur l’ivoirité mouvementée et qui a constamment stimulé ma réflexion et m’a inlassablement encouragé. Mes remerciements s’adressent également à Yves Winkin, Professeur des Universités à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (France). Son invitation à l’Insitut français de l’éducation (IFE) m’a permis véritablement de démarrer ce travail. Ses encouragements et remarques critiques devaient attirer mon attention sur le concept batesonien de schismogenèse qui filète cet ouvrage… Mes rencontres avec Elikia Mbokolo, Directeur d’études à l’EHESS-Paris devaient ouvrir ma perspective sur la dimension historiographique de cette étude. Je voudrais aussi le remercier très sincèrement pour sa disponibilité, pour ses conseils et pour ses encouragements. Christopher W. Thompson, Professeur Emérite de l’Université de Warwick (Grande Bretagne) m’a subtilement stimulé mes réflexions notammaent sur les questions de l’africanité renforçant ainsi l’axe déjà esquissé par Francis Nyamnjoh… Je lui exprime ici toute ma reconnaissance. Il me faut aussi remercier très sincèrement Francis Akindès, Professeur titulaire à l’Université de Bouaké, pour tous ses encouragements pour tous les conseils qu’il m’a prodigués tout au long de ma carrière. Je voudrais exprimer toute ma gratitude à mon compagnon de route, Gadou Dakouri, Enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), pour ses remarques perspicaces et ses propositions constructives. Mes remerciements s’adressent autant à mes collègues, Acacio Sidinei Almeida Santos, professeur à la Pontifice université catholique de São Paulo (Brésil), Denise Dias Barros, professeure à l’université de São Paulo (Brésil) et Lori-Anne Théroux Bénoni docteure en anthropologie de l’Université de Toronto (Canada), qui m’ont autorisé à exploiter les résultats de nos élucubrations et travaux communs. Je ne saurais oublier Leslie Ouzina et Pascale Moudiki qui ont donné de leur temps pour rendre ce manuscrit lisible. Qu’elles trouvent ici l’expression de ma profonde reconnaissance. Je remercie Daoda Coulibaly pour la photographie d’une rencontre de la Sorbonne qui a servi comme couverture du livre. Enfin, je voudrais remercier Madame Jocelyne Rouch, Présidente de la Fondation Jean Rouch (Paris), pour son affection et son hospitalité. vii