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Litterature et le Mal PDF

218 Pages·1990·11.964 MB·French
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COLLECTION FOLIO/ESSAIS • 1 r ;~ © Édi#ons Gallimard, 1957. Georges Bataille (1897-1962) demeure une des figures mar quantes de la littérature de ce siècle tant il chercha, par la mise en question de ('écriture- qui ne saurait être que promé théenne -, à vivre dans la transgression violente l'expérience limite de ce qu'un homme « sait du fait d'être ». De son œuvre aux curiosités diverses, au ton très souvent mystique mais à l'interrogation unique, on retiendra les romans - Histoire de l'œil, L'anus solaire, Le bleu du ciel, Madame Edwarda -, ses ana lyses sur les sociétés occidentales et sur le statut des interdits que sont la mort et la sexualité - La part maudite, Lascaux ou la nais sance de l'art -, un essai sur la littérature - La littérature et le mal - et la trilogie «La somme athéologique» - L'expérience intén'eure, Le coupable, Sur Nz'etzsche, AVANT-PROPOS La généra#on li laquelle j'appartiens est tumultueuse. Elle naquit li la vie littéraire dans les tumultes l du surréalisme. Il y eut, dans les années qui suivirent la première guerre, un sentiment qui débordait. La littérature étouffait dans ses limites. Elle portait, semblait-il, en elle une révolution. Ces études dont la cohérence s'impose li moi, un homme d'âge mar les composa. Mais leur sens profond se rapporte au tumulte de sa jeunesse, dont elles sont l'écho assourdi. Il est significatif li mes yeux qu'elles aient (du moins leur première version) paru en partie dans Critique, cette revue dont le caractère sérieux fit la fortune. Je dois noter pourtant que si parfois p ai dû les réécrire, c'est que, dans les tumultes persistants de mon esprit l, je n'ai pu donner tout d'abord à mes idées qu'une expression obscure. Le tumulte estfonda mental, c'est le sens de ce livre. Mais il est 3 temps de parvenir li la clarté de la consdence Il est temps ... Parfois même il semblerait que le temps" manque. Du moins le temps \1 presse. Ces études réPondent li l'effort que j'ai poursuivi pour dégager le sens de la littérature... La littérature est l'essentiel, ou n'est rien. Mal - une forme aiguë du Mal - dont elle est l'expression, a pour nous, je le crois, la valeur souveraine. Mais cette conception ne com mande pas l'absence de morale, elle exige une « hYPeTmorale ». La littérature est communication. La communication commanae la loyauté .. la morale rigoureuse est donnée dans cette vue à partir de La littérature et le mal comjJlicités dans la connaissance du Mal, qui fondent la communica tion inteme. La littérature n'est pas innocente, et, coupable, elle devait à la fin s'avouer telle. L'action seule a les droits. La littérature,je l'ai, Lente ment, voulu montrer, c'est l'enfance enfin retrouvée. Mais l'enfance qui gouvernerait aurait-elle une vérité? Devant la nécessité de l'action, 1 s'impose l'honnêteté de Kqfka, qui ne s'accordait aucun droit. Quel que soit l'enseignement qui découle des livres de Genet, le Plaidoyer de Sartre pour lui rlest pas recevable. A lafin la littérature se devait * de Plaider coupable !. Il manque la cet ensemble une étude sur Les Clumes de MaldorfJ'l. Mais elle allait si bien de soi qu'à la riguel..U" elle est sUl?<:rflue. A peine est-il utile de dire des Poésies qu'elles répondent à ma po!!ltion. Les Poésies de Lautréamont, n'est-ce pas la littérature « plaidant coupable »? Elles surprenn~entl mais li elles IIOnt intelligibles, n'est-ce pas de mon point Emi[y Brontë 1 Entre toutes les femmes, Emily Bronte semble avoir été l'objet d'une malédiction privilégiée. Sa courte vie ne fut malheureuse que modérément. Mais, sa pureté morale intacte, elle eut de l'abîme du Mal 2 une expérience profonde. Encore que peu d'êtres aient été plus rigoureux, plus coura geux, plus droits, elle alla jusqu'au bout de la connaissance du Mal. Ce fut la tâche de la littérature, de l'imagination, du rêve. Sa vie, terminée à trente ans, la tint à l'écart de tout le possi ble. EUe naquit en 1818 et ne sortit guère du presbytère du Yorkshire, à la campagne, dans les landes, où la rudesse du paysage s'accordait à celle du pasteur irlandais qui ne sut lui donner qu'une éducation austère, à laquelle l'apaisement maternel manquait. Sa mère est morte de bonne heure, et ses deux sœurs étaient elle-mêmes rigoureuses. Seul un frère dévoyé sombra dans le romantisme du malheur. On sait que les trois sœurs Brontë, en même temps que dans l'austérité d'un presbytère, ont vécu dans le tumulte surchauffant de la création littéraire. Une intimité de chaque jour les unit, sans toutefois qu'Emily cessât de préserver la li solitude morale où se développaient les fantômes de son imagination. Renfer m elle semble au-dehors avoir été la douceur active, dévouée. Elle vécut en une sorte de silence, que seule, extérieurement, la littérature rompit. Le matin de sa mort, à la suite d'une brève maladie pulmonaire, elle se leva comme d'habitude, descendit au milieu des siens, ne dit et sans s'être remise au lit, rendit le dernier souffle avant Elle n'avait pas voulu voir de médecin.

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