Ce livre constitue à la fois une histoire des institutions fascistes et une étude de l’État césariste. Le fascisme se proclama totalitaire et corporatiste, mais fut-il véritablement l’un et l’autre ? Il prétendit construire un État nouveau, mais réutilisa en abondance des éléments de l’État libéral. Autoritaire et dictatorial, il concentra les pouvoirs publics, mais accepta aussi leur relative pluralisation. Il intégra les organisations de défense des intérêts économiques et sociaux, supprima les élections libres, créa un ersatz de représentation politique, utilisa des organisations satellites, mais eut recours à des administrations parallèles pour gérer la crise économique. Sabino Cassese bouscule des idées-reçues, sur l’existence même d’un État spécifiquement fasciste, sur les liens entre cet État et l’État libéral, sur ses héritages dans l’État démocratique, sur les réalités et les conséquences du corporatisme mussolinien, souvent escamotées. Les faits qu’il met au jour prendront à contre-pied bien des certitudes et des représentations idéologiques touchant au fascisme, au totalitarisme et à la nature même de l’État, pouvant susciter en France comme en Italie le débat, au-delà des polémiques.
Traduction et préface d’Éric Vial