L ' i n t e l l i g e n c e e t l e c a l c u l de Gôdel aux ordinateurs quantiques Jean-Paul Delahaye BELIN • POUR LA SCIENCE 8, rue Férou 75278 Paris Cedex 06 Dans la même collection L'ordre du chaos Ces hormones qui nous gouvernent Les fossiles, témoins de l'Évolution Les instruments de l'orchestre "Haha" ou l'éclair de la compréhension mathématique La magie des paradoxes Les mathématiciens Le calcul intensif La mathématique des jeux Les origines de l'Homme Visions géométriques Le comportement des animaux Les mécanismes de la vision Logique, informatique et paradoxes Le fascinant nombre 1t Ce que disent les pierres Merveilleux nombres premiers Yo-yo, billard, boomerang ... La physique des objets tournants couverture : Mike Aglio/Cosmos Le code de la propriété intellectuelle autorise " les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective , (article L. 122-5) ; il autorise également les DANGER courtes citations effectuées dans un but d'exemple et d'illustration. En revanche, " toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, sans le consentement de l'auteur LE PHOTOCOPILLAGE ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite , (article L. 122-4). TUE LE LIVRE Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l'éditeur ou du Centre français de l'exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Pour la Science 2002 ISSN 0224-5159 ISBN 2-84245-040-X Table des matières Introduction 4 La complexité et le calcul 1. Les lois de tout ou rien 6 2. La compression des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 3. La ressemblance mathématisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 4. Mathématiques et philosophie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 5. Le complexe surgit-il du simple? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 L'ordinateur du futur sera-t-il quantique? 6. Les ordinateurs quantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 7. Les lois nouvelles de l'information quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 8. Logique de la téléportation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 9. Un kit universel de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 10. La loi de Moore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 L'ordinateur intelligent? 11. Les ordinateurs mathématiciens- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 12. Le monde des machines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 13. L'intelligence humaine à nouveau dominée? ..................... 102 14. Aléas du hasard informatique ................................ 110 Raisonnements mathématiques 15. Certitudes sans démonstrations? ............................. 118 16. Raccourcis dans les démonstrations ........................... 126 17. Champernowne, et quelques autres ........................... 135 18. Négligeable, mais troublant .................................. 143 Indécidabilité et contradictions 19. Les propositions indécidables ................................ 151 20. Promenade au pays des indécidables .......................... 160 21. Ignorance ou indécidabilité? ................................. 168 22. Les vérités mathématiques .................................. 175 23. Statut mathématique des contradictions ....................... 183 Bibliographie .............................................. 190 Introduction Progressivement depuis plusieurs siècles les de nos sens nous faisant découvrir des mondes machines se sont installées parmi nous. insoupçonnés (télescopes, microscopes, accéléra Machines pour l1industrie (métiers à tisser, teurs de particules, automates pour le séquen moulins à eaux et à vent, puis moteurs à explo çage du génome, etc.). sion pour toutes sortes de travaux, etc.), Les machines sont de plus en plus nom machines destinées à nous transporter (trains, breuses et de plus en plus proches. Nous sommes voitures, bateaux, avions, fusées), machines pour cernés! nous aider dans les taches quotidiennes (fours de De mécaniques et destinées à accroître notre toutes sortes, réfrigérateurs, machines à laver le force physique, elles sont depuis peu devenues linge ou la vaisselle, moulins à moudre le café, logiques et informationnelles et servent à etc.), machines pour l1écriture et le dessin (impri accroître nos capacités mentales de calcul, de rai meries, machines à taper, ordinateurs de traite sonnement, de mémorisation et de traitement de ment de texte, tables traçantes), machines pour l'information. Leur invasion change le monde, compter (montres et horloges, calculatrices méca mais aussi notre conception du monde et nos niques puis ordinateurs pour la comptabilité, les théories sur le monde. Les mathématiques ont statistiques ou le calcul scientifique), machines par exemple été bouleversées par les concepts pour soulager notre mémoire et nous aider à ran nouveaux tirés de la théorie du calcul née dans les ger nos données (tabulatrices à cartes perforées, cerveaux de Kurt Géidel, Alonzo Church et Alan systèmes informatiques de bases et de banques Turing dans la décennie 1930-1940, et, à cette de données), machines pour nous divertir (jeux occasion, les mathématiques ont découvert cette d1échec électroniques, stations de jeux gra terrible indécidabilité que personne aujourd1hui phiques, simulateurs, appareils de réalité vir n1est certain de comprendre pleinement. tuelle), machines pour gérer nos emplois du Ce monde de machines conduit à aborder des temps et nos affaires quotidiennes qu1on range objets et des situations extraordinairement com dans notre cartable (ordinateur portable, agenda plexes et de ce changement quantitatif naît un électronique), machines pour faire de la musique, changement qualitatif: le monde de la complexité lire, dessiner, produire des images ou des anima est un continent où nous découvrons chaque jour tions (électrophone, magnétophone, livre électro des nouveautés que remettent en question nos nique, ordinateurs manipulant les sons digitaux, plus anciennes certitudes. Aujourd1hui les ordi imprimantes couleurs, appareils photos, caméras nateurs sont devenus des objets équivalents en de cinéma et de vidéo, projecteur de cinéma, télé capacité de traitement de l'information aux cer visions), machines pour communiquer (télé veaux des êtres vivants, ceux des humains étant graphes, téléphones, télécopieurs, ordinateurs sur le point d1être rejoints. Plus que jamais nous reliés à internet). Et il y a aussi bien sûr toutes les sommes conduit à nous poser la question de notre machines de la science qui multiplient le pouvoir nature : Sommes-nous des machines? Les machines nous égaleront-elles en intelligence? quantiques? Y a-t-il un argument fondamental Finiront-elles par nous dépasser? qui nous autorise dès aujourd'hui à dire que la De troublantes situations apparaissent déjà, téléportation est impossible? Peut-on mathéma et par exemple à propos des jeux de hasard l'ordi tiser la notion de simple et de complexe et si oui nateur semble rattraper l'homme et le battre. quelles en sont les conséquences? Le monde n'est Est-ce la fin de l'homme biologique et le début il au fond qu'un grand calcul? De nouvelles pra d'un nouvel homme à base de silicium, ou d'une tiques des mathématiques sont-elles rendues humanité hybride associant des composants de possibles par les ordinateurs? Qu'est-ce que la l'homme ancestral avec d'autres provenant des certitude mathématique? L'ignorance et l'indéci machines intelligentes à venir? dabilité sont-elles une même chose? Qui est Les perspectives de développement de l'ordi concerné par l'indécidabilité logique? nateur semblent s'étendre indéfiniment et de C'est de tout cela que ce livre veut vous entre nouvelles idées comme celle du calcul quantique tenir, l'objectif étant de fournir à chacun des élé suggèrent que nous n'atteindrons pas prochaine ments pour penser à ce futur si mystérieux et ment de limites physiques qui nous empêche inquiétant que nous ne saurons comprendre raient d'améliorer nos systèmes artificiels de qu'avec les nouveaux outils et concepts que les calcul. mathématiques et l'informatique ont récemment Sans vouloir décrire le futur (chose qu'il faut forgés pour nous. laisser aux auteurs de science-fiction) mille ques Cet ouvrage est composé d'articles parus dans tions se présentent à l'esprit et méritent qu'on y la revue Pour la Science, aucune connaissance réfléchisse attentivement : Quel est le rapport spécialisée n'est requise pour le lire. Les textes entre hasard et calcul? L'ordinateur peut-il sont indépendants et peuvent être abordés dans démontrer des théorèmes mathématiques inté l'ordre que vous souhaitez. ressants? Est-il possible d'envisager que nous ne Un index et des informations complémen soyons nous-mêmes que des machines à calculer taires sur le livre sont à la disposition des lecteurs et si oui qu'en résulte-t-il logiquement? Que per sur le site internet de Pour la Science à l'adresse: mettrait la mise au point des ordinateurs www. pourlascience.com. 1 Les lois de tout ou rien À l'infini, le monde se simplifie : certaines propriétés y sont toujours vraies ou toujours fausses ... L es noms de famille se raréfient : les enfants Prenons un exemple : la propriété qu'un prennent le nom du père, et cette coutume graphe «possède un triangle». C'est une pro fait que les noms des couples qui n'ont que priété du premier ordre, car si x, y, z, ... dénotent des filles disparaissent. Ainsi, de 1350 à nos jours, des nœuds, elle indique «qu'il existe au moins les trois quarts des noms de famille anglais ont été trois nœuds x, y, z tels que le nœud x est lié au effacés de l'état civil. À la limite, c'est-à-dire après nœud y et que le nœud y est lié au nœud z et que un temps infini, il ne restera plus qu'un seul nom. le nœud z est lié au nœud X». D'après le résultat Ce phénomène illustre un type de lois mathéma de Glebskii, à l'infini, elle est soit vraie à 100 tiques, les lois zéro-un (ou lois de tout ou rien). pour cent, soit fausse à 100 pour cent : quand Plus un théorème est simple et inattendu vous construisez des graphes à partir den nœuds plus on l'aime, et plus il suscite de travaux; c'est donnés, et que vous déterminez au hasard avec le cas de cette loi zéro-un démontrée en 1969 par une pièce de monnaie (donc avec une probabilité Y. Glebskii et ses élèves de l'Université de Gorki 1/2) si deux points du graphe sont reliés ou non (maintenant Nijni Novgorod). Redécouverte en (voir la figure 1), la proportion de graphes qui 1972 par Ronald Fagin, de l'Université de Berke possèdent un triangle tend vers 1lorsque n aug ley, la loi zéro-un porte sur les propriétés des mente : 100 pour cent des graphes aléatoires graphes, une arborescence de segments issus de possèdent un triangle. nœuds ; quand le nombre de nœuds augmente La propriété «avoir un chemin de longueur 3 indéfiniment, la loi stipule que la probabilité que reliant toute paire de nœuds» (on dit aussi plus ces propriétés soient vérifiées s'approche, soit de simplement «être de diamètre inférieur à trois») 100 pour cent, soit de 0 pour cent. En d'autres s'exprime aussi par une formule du premier termes, à l'infini, ces propriétés des graphes sont ordre : «pour toute paire de nœuds x et y, il existe soit certainement vraies, soit certainement deux nœuds u et v, tels que le nœud x est lié au fausses (il n'est pas possible qu'à l'infini une pro nœud u et que le nœud u est lié au nœud v et que priété soit vraie dans 50 pour cent des cas). le nœud v est lié au nœud y». Notons que l'on peut mettre les nouveaux nœuds D'après la loi zéro-un, à l'infini cette pro n'importe où : la loi est de nature topologique. priété «avoir un chemin de longueur 3 reliant La loi s'applique aux propriétés du premier toute paire de nœuds» est donc vraie dans 100 ordre d'un graphe ; une telle propriété est défi pour cent des cas ou fausse dans 100 pour cent nie par une formule aussi longue que l'on veut, des cas. Un peu d'attention (ou l'utilisation d'un mais ne fait intervenir que l'égalité, la notion de algorithme tiré d'une démonstration due à lien, et les éléments de base du langage de la A. Blass et F. Harary, de l'Université du Michi logique :pour tout, il existe, et, ou, implique, non, gan) montre encore que c'est une propriété vraie équivalent. dans 100 pour cent des cas. Il est clair que tout LES LOIS DE TOUT OU RIEN 7 graphe qui possède cette propriété est d'un seul on réussit indirectement à résoudre le problème. tenant (on dit aussi connexe), donc, à l'infini, un Grâce à ce genre d'astuces, on démontre, à graphe est toujours d'un seul tenant. partir du résultat de Glebskii, qu'à l'infini un graphe n'est jamais planaire (un graphe est pla naire s'il peut être dessiné sur une feuille de Les formules ne sont pas toutes papier sans que jamais deux liens ne se croisent); du premier ordre qu'un graphe n'est jamais 3-coloriable (un graphe Malheureusement toutes les propriétés inté est 3-coloriable si l'on peut colorier ses nœuds en ressantes des graphes ne s'expriment pas avec utilisant trois couleurs de façon que deux nœuds des formules du premier ordre. Ainsi la propriété liés ne soient jamais de la même couleur) ; ou «être d'un seul tenant» n'est pas une propriété du même n'est jamais 4-coloriable, 5-coloriable, etc. premier ordre. Pour la formuler, il faudrait écrire En revanche, le résultat de Glebskii-toujours quelque chose du genre : « pour tous nœuds x et y, à cause de la limitation aux formules du premier il existe des nœuds z 1, z2, ... ,zn tels que le nœud x ordre- ne permet pas de retrouver le résultat est lié au nœud z et le nœud z est lié au nœud z démontré en 1976 parE. Wright qu'à l'infini tout 1 1 2 et ... le nœud zn est lié au nœud y.» graphe est hamiltonien (c'est-à-dire possède un Les points de suspension qui nous paraissent chemin qui passe une fois et une seule par chaque clairs ne font pas partie du langage autorisé nœud du graphe). Mieux (ou pire), un résultat de quand on écrit des formules du premier ordre, et A. Blass et F. Harary montre qu'aucune formule il n'y a aucun moyen de s'en passer: il n'existe pas du premier ordre n'entraîne la propriété d'être de formule du premier ordre qui exprime la pro hamiltonien, et donc on ne pourra jamais déduire priété de connexité. Le théorème de Glebskii ne (comme nous avions pu le faire dans le cas de la permet donc pas de traiter directement laques connexité) la propriété de Wright du résultat de tion de la connexité. Nous avons vu que cela Glebskii: aussi générale que soit la loi zéro-un de n'était pas grave, car, en utilisant la propriété Glebskii, elle reste trop limitée, et c'est sans doute intermédiaire du premier ordre «avoir un dia pourquoi on a cherché, et l'on cherche encore, à mètre inférieur à 3» qui entraîne «être connexe», l'étendre et à la préciser.La connexité des graphes a b A 0 1 ffi () ~ ~ /~ (i / ------------- {fj D E 1. Probabilité qu'un graphe aléatoire contienne un tri peut ne contenir aucun triangle (b) ou en contenir (c). angle. On construit des graphes au hasard ayant n nœuds Une des conséquences de la loi zéro-un de Glebskii pour en procédant comme sur cet exemple où n est égal à 5 (a). les graphes aléatoires est que, lorsque n augmente, la pro On place les 5 nœuds A, B, C, D, E. Pour chaque couple de portion des graphes qui contiennent un triangle tend nœuds, on lance une pièce de monnaie. Si on tombe sur vers 0 ou 1 (ici, c'est 1): à l'infini, toute propriété du pre pile, on relie les deux nœuds, sinon on ne les relie pas. Le mier ordre d'un graphe aléatoire est vraie dans 100 pour graphe ainsi obtenu est un graphe aléatoire den nœuds. Il cent des cas ou fausse dans 100 pour cent des cas. 8 • I:INTELLIGENCE ET LE CALCUL étant particulièrement importante (elle s'applique Venons-en maintenant à un résultat empi à des problèmes concrets comme la propagation rique récent qui agite beaucoup les chercheurs : des incendies de forêt et l'extension des épidé l'existence d'un phénomène de seuil échappant à mies), elle avait été étudiée dès 1960 par Paul toutes les généralisations connues de la loi zéro Erdos et Alfred Renyi, qui avaient alors démontré un dans le problème crucial de la satisfiabilité. le remarquable résultat suivant : si, lorsque n tend vers l'infini, on choisit chaque lien d'un Satisfiabilité d'un ensemble de clauses graphe à n nœuds avec une probabilité p(n) (à la place du 1/2 de tout à l'heure) et si le quotient Je vous dis: p(n)/[log(n) 1 n] tend vers 0 (c'est-à-dire si p(n) 1. Luc est grand ou il porte un bermuda ou devient négligeable devant [log(n) 1 n]) quand n c'est un enfant. tend vers l'infini, alors, à l'infini, la connexité est 2. Luc est petit ou il fume. fausse à 100 pour. cent. 3. Luc est un enfant ou il ne porte pas de ber Lorsque p(n)/[log(n) 1 n] devient infiniment muda ou il ne fume pas. grand, en revanche, la connexité est vraie à 100 4. Luc est petit ou est adulte. pour cent à l'infini. La fonction log(n) 1 n indique 5. Luc est petit ou il porte un bermuda. donc le seuil de densité de la connexité: au-dessus 6. Luc est grand ou il fume. de ce seuil, les graphes aléatoires sont d'un seul Est-ce possible? Si oui, que pouvez-vous dire tenant ; en dessous, ils ne le sont pas. Très concrè de Luc? (le ou utilisé est le ou inclusif: A ou B est tement, cela signifie que, si vous dessinez un vrai lorsque seul A est vrai, ou lorsque seul B est graphe de 1 000 nœuds en choisissant au hasard vrai, ou lorsque A et B sont tous deux vrais). de placer chaque lien possible avec la probabilité p Il s'agit d'un problème de satisfiabilité (on dit plus grande que 0,7 pour cent (z log1 000/1 000), aussi satisfaisabilité, mais c'est aussi laid et plus alors votre graphe sera d'un seul tenant. En long), et chaque phrase est appelée une clause. revanche, si p est inférieur à 0, 7 pour cent, alors Ces ensembles de clauses sont importants en votre graphe a toutes les chances d'être en informatique : ils sont caractéristiques des diffi plusieurs morceaux. cultés qu'on rencontre avec les temps de calcul a b c d A-- ~~ ---- '~W ~ 1 1 1 1 1 "'--- __:;:; ~ GRAPHE HAM ILT ONI EN GRAPHE PLANAIRE GRAPHE NON PLANAIRE e f GRAPHE 4-COLORIABLE GRAPHE NON 4-COLORIABLE GRAPHE CONNEXE GRAPHE NON CONNEXE 2. Un graphe est planaire (a) s'il peut être dessiné sur le nœud du graphe. Un graphe est 4-co/oriab/e (e) si l'on plan sans jamais faire se croiser deux arcs. Un graphe peut colorier les nœuds qui le composent en n'utilisant est non planaire {b) dans le cas contraire, comme dans le que quatre couleurs et sans que deux nœuds liés par un fameux problème où il s'agit de relier trois maisons aux arc soient coloriés identiquement. Un graphe est connexe alimentations en gaz, eau et électricité sans que deux (g) si deux nœuds quelconques peuvent toujours être tuyaux se coupent. Un graphe est hamiltonien (c) s'il reliés l'un à l'autre par un chemin du graphe. A l'infini existe un chemin (une suite d'arcs) partant d'un point et tout graphe est non-planaire, non 4-coloriable, y revenant, qui passe une fois exactement par chaque hamiltonien et connexe. LES LOIS DE TOUT OU RIEN 9 des algorithmes, et de nombreuses questions se A) ENSEMBLES DE CARACTÉRISTIQUES ramènent à des ensembles de clauses (comme de G : ÊTRE GRAND ; F : FUMER ; B : PORTER UN BERMUDA ; nombreux problèmes numériques se ramènent à E : ÊTRE UN ENFANT. B) ENSEMBLES DE CLAUSES des systèmes d'équations linéaires). 1) G OU BOUE; 2) NON G OUF; 3) E OU NON BOU NON F; On sait résoudre un problème de satisfiabi 4) NON G OU NON E ; 5) NON G OU B ; 6) G OU F lité en essayant tous les cas possibles et en rete C) ARBRE DE TOUS LES CAS POSSIBLES nant ceux qui rendent vraies toutes les clauses (on dit «qui satisfont toutes les clauses»), quand ~· ~ on en trouve. Comme les cas sont nombreux, par ces méthodes énumératives, on ne peut traiter / G 1N ONG que des problèmes dont le nombre de variables logiques (être adulte, porter un bermuda, etc.) B NONB NONB est limité. On ne sait aujourd'hui résoudre effica 1\ 1\ /\ 1\ cement et avec certitude que les problèmes de satisfiabilité dont le nombre de variables ne F NON F F NON F F NON F F NON F dépasse pas 500. A/\AAAAAA Voici la solution de notre exemple, qu'on obtient ici par un raisonnement direct. Si Luc est grand, alors il fume (d'après 2) et c'est un adulte E NON E E NON E E NON E E NON E E NON E E NON E E NON E E NON E (d'après 4), donc il ne porte pas de bermuda (d'après 3), mais alors la clause 5 n'est pas satis D) SOLUTIONS : NON G, B, F, E ; NON G, NON B, F, E. faite. Donc Luc est petit. Mais alors il fume (d'après 6). Si Luc est un adulte, on obtient (avec 3. Pour traiter un problème de satisfiabilité d'un ensemble de clauses, on construit l'arbre de toutes les possibilités 1) qu'il porte un bermuda et (avec 3) qu'il n'en (chaque branche correspond à une éventualité), puis on porte pas, ce qui est contradictoire, et donc Luc explore chaque branche en étudiant si elle rend vraies les clauses. Ici deux branches conviennent. L'idée des est un enfant. On a obtenu que Luc est un enfant, algorithmes les plus efficaces n'est que l'amélioration de petit, qui fume (mais que font ses parents!). On cette méthode: on choisit l'ordre des variables pour éviter d'explorer entièrement chaque branche. vérifie que cela suffit pour rendre vraies les six clauses de l'énoncé; nous ne pouvons donc pas Autrement dit : avant le seuil 1, un ensemble savoir si Luc porte un bermuda. On dit alors que aléatoire de 2-clauses est très probablement l'ensemble de six clauses est satisfiable et qu'il satisfiable ; au-delà, il est très probablement possède deux modèles : dans l'un, Luc est un insat isfiable. enfant, petit, qui fume et porte un bermuda ; dans l'autre, Luc est un enfant, petit, qui fume, mais Le seuil mystérieux à 4,25 qui ne porte pas de bermuda. Notre exemple est composé de deux clauses à Plus remarquable est le cas des ensembles de trois morceaux (dénommés 3-clauses) et de 3-clauses. Lorsque l'on considère des ensembles quatre clauses à deux morceaux (appelées aléatoires de 3-clauses, on constate un phéno 2-clauses). Un remarquable résultat de seuil a mène de seuil du même genre pour la valeur 4,25. été démontré en 1992 pour les ensembles de Hélas, dans ce cas, on ne sait rien démontrer. 2-clauses (dû indépendamment à V. Chvatal et On a observé que, si le rapport [nombre de B. Reeb, W. Fenandez de la Vega, et A. Goerdt) : 3-clauses]/[nombre de variables] est supérieur à lorsque le nombre de variables augmente, si le 4,25, alors l'ensemble de 3-clauses est le plus sou quotient du nombre de clauses sur le nombre de vent insatisfiable, alors que, si ce même rapport variables est supérieur à un nombres supérieur à est inférieur à 4,25, l'ensemble de 3-clauses est le 1, alors la proportion de problèmes satisfiables plus souvent satisfiable. tend vers zéro. Si ce quotient reste inférieur à un Il n'est pas étonnant que plus il y a de nombre s'lui-même inférieur à 1, alors la propor clauses, plus le nombre de problèmes aléatoires tion de problèmes satisfiables tend vers un. insatisfiables est grand ; ce qui est étonnant,
Description: