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Licence de mathématiques: Cours d’Algèbre linéaire et bilinéaire 2012--2013 PDF

62 Pages·2012·0.405 MB·French
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Licence de math´ematiques Cours d’Alg`ebre lin´eaire et bilin´eaire 2012–2013 Luis Paris 1 Alg`ebre lin´eaire 1.1 Espaces vectoriels Dans ce cours K d´esignera l’un des trois corps suivants : Q, le corps des nombres ra- tionnels, R, le corps des nombres r´eels, ou C, le corps des nombres complexes. D´efinition. Un groupe ab´elien est un ensemble E muni d’une loi de composition interne E ×E → E (u,v) (cid:55)→ u†v v´erifiant : (a) (u†v)†w = u†(v †w) pour tous u,v,w ∈ E ; (b) u†v = v †u pour tous u,v ∈ E ; (c) il existe 0 ∈ E tel que u†0 = u pour tout u ∈ E ; E E (d) pour tout u ∈ E il existe u(cid:48) ∈ E (habituellement not´e −u) tel que u†u(cid:48) = 0 . E Exemple 1. {0} muni de la seul loi possible, 0†0 = 0, est un groupe ab´elien. Exemple 2. (Z,+)estungroupeab´elien. Demˆeme, Z×Zmunidelasommecomposante par composante est un groupe ab´elien. Exemple 3. (Q,+), (R,+) et (C,+) sont des groupes ab´eliens. Exemple 4. Z/3Z = {¯0,¯1,¯2} est un groupe ab´elien. De fa¸con plus g´en´erale, si m est un entier ≥ 2, Z/mZ est un groupe ab´elien. Cet exemple sera trait´e avec plus de d´etails dans le cours d’alg`ebre. D´efinition. Un espace vectoriel sur K est un ensemble E muni d’une loi de composition interne E ×E → E (u,v) (cid:55)→ u†v 1 et d’une loi de composition externe K×E → E (λ,u) (cid:55)→ λ∗u v´erifiant : (a) (E,†) est un groupe ab´elien ; (b) λ∗(u†v) = (λ∗u)†(λ∗v) pour tous λ ∈ K et u,v ∈ E ; (c) (λ+µ)∗u = (λ∗u)†(µ∗u) pour tous λ,µ ∈ K et u ∈ E ; (d) λ∗(µ∗u) = (λ.µ)∗u pour tous λ,µ ∈ K et u ∈ E ; (e) 1 ∗u = u pour tout u ∈ E. K Notations usuelles. † est remplac´e par + et ∗ par .. Souvent on oublie le . dans λ.u (avec λ ∈ K et u ∈ E) ou dans λ.µ (avec λ,µ ∈ K) et on note λu et λµ. Exemple 1. L’ensemble {0} muni des seuls op´erations possibles 0+0 = 0 λ.0 = 0 pour tout λ ∈ K est un espace vectoriel sur K. Exemple 2. Le corps K muni de ses deux op´erations, + et ., est un espace vectoriel sur lui-mˆeme. Exemple 3. Posons E = K×···×K = Kn, ou` n ≥ 1. On consid`ere la loi de composition interne E ×E → E, (u,v) (cid:55)→ u+v, d´efinie par (λ ,...,λ )+(µ ,...,µ ) = (λ +µ ,...,λ +µ ), 1 n 1 n 1 1 n n et on consid`ere la loi de composition externe K×E → E, (λ,u) (cid:55)→ λ.u, d´efinie par λ.(µ ,...,µ ) = (λ.µ ,...,λ.µ ). 1 n 1 n Alors (E,+,.) est un espace vectoriel sur K. Exemple 4. Soit X un ensemble. On note KX l’ensemble des applications de X dans K. On d´efinit une loi de composition interne KX ×KX → KX, (f,g) (cid:55)→ f +g, par (f +g)(x) = f(x)+g(x). De mˆeme, on d´efinit une loi de composition externe K×KX → KX, (λ,f) (cid:55)→ λ.f, par (λ.f)(x) = λ.(f(x)). Alors (KX,+,.) est un espace vectoriel sur K. Lemme 1.1. Soit E un espace vectoriel sur K. 2 (1) On a 0 .u = 0 pour tout u ∈ E. K E (2) On a λ.0 = 0 pour tout λ ∈ K. E E (3) On a (−λ).u = λ.(−u) = −(λ.u) pour tous λ ∈ K et u ∈ E. (4) Soient λ ∈ K et u ∈ E. On a λ.u = 0 si et seulement si λ = 0 ou u = 0 . E K E D´emonstration. Soit u ∈ E. Alors 0 .u = (0 +0 ).u = (0 .u)+(0 .u). K K K K K En soustrayant 0 .u a` cette ´egalit´e on en d´eduit que 0 .u = 0 . K K E Soit λ ∈ K. Alors λ.0 = λ.(0 +0 ) = (λ.0 )+(λ.0 ). E E E E E En soustrayant λ.0 a` cette ´egalit´e on en d´eduit que λ.0 = 0 . E E E Soient λ ∈ K et u ∈ E. (λ.u)+((−λ).u) = (λ+(−λ)).u = 0 .u = 0 , K E donc (−λ).u = −(λ.u). Par ailleurs, (λ.u)+(λ.(−u)) = λ.(u+(−u)) = λ.0 = 0 , E E donc λ.(−u) = −(λ.u). Soient λ ∈ K et u ∈ E tels que λ.u = 0 . Si λ (cid:54)= 0 , alors E K (cid:18) (cid:19) 1 1 1 0 = .0 = .(λ.u) = .λ .u = 1 .u = u. E E K λ λ λ D´efinition. Soit E un espace vectoriel sur K. On dit qu’une partie F ⊂ E est un sous-espace vectoriel de E si (a) 0 ∈ F, E (b) u+v ∈ F pour tous u,v ∈ F, (c) λ.u ∈ F pour tous λ ∈ K et u ∈ F. 3 Exemple 1. Soit E un espace vectoriel sur K. Alors {0 } est un sous-espace vectoriel E de E. Exemple 2. K2 ×{0} = {(a,b,0) | a,b ∈ K} est un sous-espace vectoriel de K3. Exemple 3. Soit X un ensemble. On dit que f ∈ KX est a support fini si l’ensemble {x ∈ X | f(x) (cid:54)= 0 } est fini. Alors l’ensemble F des applications X → K a` support fini K est un sous-espace vectoriel de KX. Exemple 4. L’ensemble C0(R) des applications continues R → R est un sous-espace vectoriel de RR. Lemme 1.2. Soit E un espace vectoriel sur K. Une intersection non vide de sous-espaces vectoriels de E est un sous-espace vectoriel de E. D´emonstration. Soit {F | i ∈ I} une collection non vide de sous-espaces vectoriels i de E. On a 0 ∈ F pour tout i ∈ I, donc 0 ∈ ∩ F . Soient u,v ∈ ∩ F . On a E i E i∈I i i∈I i u+v ∈ F pour tout i (car F est un sous-espace vectoriel), donc u+v ∈ ∩ F . Soient i i i∈I i λ ∈ K et u ∈ ∩ F . On a λ.u ∈ F pour tout i (car F est un sous-espace vectoriel), i∈I i i i donc λ.u ∈ ∩ F . Ceci montre que ∩ F est un sous-espace vectoriel de E. i∈I i i∈I i D´efinition. Soient E un espace vectoriel sur K et S une partie de E. Le sous-espace vectoriel engendr´e par S, not´e Vec(S), est l’intersection des sous-espaces vectoriels de E contenant S. Remarquez que E est un sous-espace vectoriel de E contenant S, donc cette intersection est non vide. D´efinition. Soient E un espace vectoriel sur K est S une partie non vide de E. On dit qu’un vecteur u ∈ E est combinaison lin´eaire d’´el´ements de S s’il existe n ∈ N, e ,...,e ∈ S et λ ,...,λ ∈ K tels que 1 n 1 n u = λ .e +···+λ .e . 1 1 n n Exemple. Dans Q2, on pose e = (1,0), e = (0,1), e = (1,1) et S = {e ,e ,e }. Soit 1 2 3 1 2 3 u = (2,−3). On a u = 2.e −3.e , 1 2 donc u est combinaison lin´eaire d’´el´ements de S. Soit v = (4,0). On a v = 4.e 1 donc v est combinaison lin´eaire d’´el´ements de S. Remarque. Si S est fini, alors u ∈ E est combinaison lin´eaire d’´el´ements de S si et seulement s’il s’´ecrit sous la forme (cid:88) u = λ .e, e e∈S 4 avec λ ∈ K pour tout e ∈ S. Ceci est faux si S est infini, car la notion mˆeme de “somme e infinie” n’a pas de sens. Lemme 1.3. Soient E un espace vectoriel sur K et S une partie non vide de E. Le sous- espace vectoriel de E engendr´e par S est l’ensemble des combinaisons lin´eaires d’´el´ements de S. D´emonstration. On note F l’ensemble des combinaisons lin´eaires d’´el´ements de S. On doit montrer que : • F est un sous-espace vectoriel de E contenant S ; • Si F(cid:48) est un sous-espace vectoriel de E contenant S, alors F(cid:48) contient F. Onchoisitun´el´emente ∈ S (rappelonsqueS (cid:54)= ∅). Alors0 = 0 .e ∈ F. Soientu,v ∈ F. E K Il existe n ∈ N, e ,...,e ∈ S et λ ,...,λ ∈ K tels que u = λ .e + ··· + λ .e . De 1 n 1 n 1 1 n n mˆeme, il existe m ∈ N, f ,...,f ∈ S et µ ,...,µ ∈ K tels que v = µ .f +···+µ .f . 1 m 1 m 1 1 m m Alors u+v = λ .e +···+λ .e +µ .f +···+µ .f ∈ F . 1 1 n n 1 1 m m Soient λ ∈ K et u ∈ F. Il existe n ∈ N, e ,...,e ∈ S et λ ,...,λ ∈ K tels que 1 n 1 n u = λ .e +···+λ .e . Alors 1 1 n n λ.u = (λλ ).e +···+(λλ ).e ∈ F . 1 1 n n Ceci montre que F est un sous-espace vectoriel de E. Soit e ∈ S. Alors e = 1 .e ∈ F. Ceci montre que F contient S. K SoitF(cid:48) unsous-espacevectorieldeE contenantS. Soitu ∈ F. Ilexisten ∈ N,e ,...,e ∈ 1 n S et λ ,...,λ ∈ K tels que u = λ .e +···+λ .e . On a e ∈ F(cid:48) pour tout i ∈ {1,...,n}, 1 n 1 1 n n i donc u ∈ F(cid:48). Ceci montre que F ⊂ F(cid:48). Exemple 1. Soit E un espace vectoriel sur K. Alors le sous-espace vectoriel de E engendr´e par ∅ est {0 }. Remarquez que la notion de combinaison lin´eaire d’´el´ements de E ∅ n’a pas de sens. On admettra n´eanmoins que la seule combinaison lin´eaire d’´el´ements de ∅ est 0 . E Exemple 2. Posons E = R3, e = (1,0,0), e = (0,1,0) et S = {e ,e }. Alors 1 2 1 2 F = R2 ×{0} est le sous-espace vectoriel de E engendr´e par S. Exemple 3. Soient X un ensemble (infini) et E = KX l’espace des fonctions de X dans K. Pour x ∈ X on d´efinit δ ∈ E par x (cid:26) 1 si x = y K δ (y) = x 0 si x (cid:54)= y K 5 Posons S = {δ | x ∈ X}. Alors le sous-espace vectoriel de E engendr´e par S est l’espace x des fonctions X → K a` support fini. D´efinition. Soit {F | i ∈ I} une collection de sous-espaces vectoriels de E. On appelle i somme des F et on note + F le sous-espace vectoriel de E engendr´e par ∪ F . i i∈I i i∈I i Lemme 1.4. Soit {F | i ∈ I} une collection finie de sous-espaces vectoriels de E. Alors i (cid:80) + F est l’ensemble des vecteurs u de E qui s’´ecrivent sous la forme u = u , avec i∈I i i∈I i u ∈ F pour i ∈ I. i i (cid:80) D´emonstration. Soit u un vecteur s’´ecrivant sous la forme u = u avec u ∈ F . i∈I i i i (cid:80) Alors u = 1.u est combinaison lin´eaire d’´el´ements de ∪ F , donc u ∈ (+ F ). i∈I i i∈I i i∈I i Soit u ∈ (+ F ). Il existe n ∈ N, v ,...,v ∈ ∪ F et µ ,...,µ ∈ K tels que i∈I i 1 n i∈I i 1 n u = µ .v +···+µ .v . 1 1 n n Pour j ∈ {1,...,n} on choisit i(j) ∈ I tel que v ∈ F (attention : v peut ˆetre inclus j i(j) j dans plusieurs F ). Pour i ∈ I on pose i (cid:88) u = µ .v . i j j i(j)=i (cid:80) Alors u ∈ F pour tout i ∈ I et u = u . i i i∈I i Lemme 1.5. Soit {F | i ∈ I} une collection de sous-espaces vectoriels de E. Alors i (cid:80) + F est l’ensemble des vecteurs u de E qui s’´ecrivent sous la forme u = u , ou` J i∈I i i∈J i est une partie finie de I et u ∈ F pour tout i ∈ J. i i (cid:80) D´emonstration. Soit u un vecteur s’´ecrivant sous la forme u = u , ou` J est une i∈J i (cid:80) partie finie de I et u ∈ F pour tout i ∈ J. Alors u = 1.u est combinaison i i i∈J i lin´eaire d’´el´ements de ∪ F , donc u ∈ (+ F ). Soit u ∈ (+ F ). Il existe n ∈ N, i∈I i i∈I i i∈I i v ,...,v ∈ ∪ F et µ ,...,µ ∈ K tels que 1 n i∈I i 1 n u = µ .v +···+µ .v . 1 1 n n Pour j ∈ {1,...,n} on choisit i(j) ∈ I tel que v ∈ F . Pour i ∈ I on pose j i(j) (cid:88) u = µ .v . i j j i(j)=i On note J l’ensemble des i ∈ I tels que u (cid:54)= 0 . Alors J est fini, u ∈ F pour tout i ∈ J i E i i (cid:80) et u = u . i∈J i D´efinition. Soit {F | i ∈ I} une collection de sous-espaces vectoriels de E. On dit que i la somme + F est directe si : pour toute partie finie J ⊂ I et pour toute collection de i∈I i vecteurs u ∈ F , j ∈ J, l’´egalit´e j j (cid:88) u = 0 j E j∈J 6 implique que u = 0 pour tout j ∈ J. On note + F = ⊕ F . j E i∈I i i∈I i Remarque. Si I est fini, alors la somme + F est directe si : pour toute collection de i∈I i vecteurs u ∈ F , i ∈ I, l’´egalit´e i i (cid:88) u = 0 i E i∈I implique que u = 0 pour tout i ∈ I (pas besoin de passer par des parties finies de I). i E Exemple. SoitE = Qn (ou` n ∈ N). Pouri ∈ {1,...,n}onposeF = {0}i−1×Q×{0}n−i. i Alors E = ⊕n F . i=1 i Lemme 1.6. Soient E un espace vectoriel sur K et F ,F deux sous-espaces vectoriels 1 2 de E. On a E = F ⊕F si et seulement si F +F = E et F ∩F = {0 }. 1 2 1 2 1 2 E D´emonstration. Supposons que E = F ⊕F . Par d´efinition, on a E = F +F . Soit 1 2 1 2 u ∈ F ∩F . On a u ∈ F , −u ∈ F et u+(−u) = 0 . Comme E = F ⊕F , cette derni`ere 1 2 1 2 E 1 2 ´egalit´e implique que u = −u = 0 . Ceci montre que F ∩F = {0 }. E 1 2 E Supposons que E = F + F et F ∩ F = {0 }. Soient u ∈ F et u ∈ F tels que 1 2 1 2 E 1 1 2 2 u +u = 0 . Alors u = −u ∈ F ∩F , donc u = −u = 0 (ce qui implique aussi que 1 2 E 1 2 1 2 1 2 E u = 0 ). Ceci montre que E = F +F = F ⊕F . 2 E 1 2 1 2 Remarque. Soient E un espace vectoriel sur K et {F | i ∈ I} une collection de sous- i espaces vectoriels de E. Alors la condition F ∩ F = {0 } pour tous i,j ∈ I, i (cid:54)= j, i j K n’implique pas que + F = ⊕ F . i∈I i i∈I i Exemple. Soient E = R2, F = {(a,0) | a ∈ R}, F = {(0,a) | a ∈ R} et F = {(a,a) | 1 2 3 a ∈ R}. On a F ∩F = F ∩F = F ∩F = {(0,0)}, mais on n’a pas F ⊕F ⊕F = 1 2 1 3 2 3 1 2 3 F +F +F . En effet, si u = (1,0) ∈ F , u = (0,1) ∈ F , u = (−1,−1) ∈ F , alors 1 2 3 1 1 2 2 3 3 u +u +u = (0,0). 1 2 3 D´efinition. On dit que deux sous-espaces vectoriels F,G de E sont suppl´ementaires si E = F ⊕G. Lemme 1.7. Soient E un espace vectoriel sur K et {F | i ∈ I} une collection finie de i sous-espaces vectoriels de E. On a (+ F ) = (⊕ F ) si et seulement si tout vecteur i∈I i i∈I i (cid:80) u ∈ (+ F ) s’´ecrit de fa¸con unique sous la forme u = u avec u ∈ F pour tout i∈I i i∈I i i i i ∈ I. D´emonstration. Supposons que (+ F ) = (⊕ F ). Soit u ∈ (+ F ). Supposons i∈I i i∈I i i∈I i que u s’´ecrit sous la forme u = (cid:80) u = (cid:80) u(cid:48) avec u ,u(cid:48) ∈ F pour tout i ∈ I. On a i∈I i i∈I i i i i (cid:88) (u −u(cid:48)) = 0 . i i E i∈I 7 Comme (+ F ) = (⊕ F ), cette ´egalit´e implique que u −u(cid:48) = 0 , c’est-`a-dire u = u(cid:48) i∈I i i∈I i i i E i i pour tout i ∈ I. (cid:80) Supposons que tout vecteur u ∈ (+ F ) s’´ecrit de fa¸con unique sous la forme u = u i∈I i i∈I i avec u ∈ F pour tout i ∈ I. Soit v ∈ F , i ∈ I, une collection de vecteurs telle i i i i (cid:80) (cid:80) que v = 0 . Remarquez que 0 s’´ecrit aussi 0 = 0 . Comme une telle i∈I i E E E i∈I E ´ecriture est unique, on doit forc´ement avoir v = 0 pour tout i ∈ I. Ceci montre que i E (+ F ) = (⊕ F ). i∈I i i∈I i Lemme 1.8. Soient E un espace vectoriel sur K est F un sous-espace vectoriel de E. Soit ≡ la relation sur E d´efinie par u ≡ v si u−v ∈ F . (1) ≡ est une relation d’´equivalence. (2) Soient u ,u ,v ,v ∈ E. Si u ≡ v et u ≡ v , alors (u +u ) ≡ (v +v ). 1 2 1 2 1 1 2 2 1 2 1 2 (3) Soient u,v ∈ E et λ ∈ K. Si u ≡ v, alors (λ.u) ≡ (λ.v). D´emonstration. Soit u ∈ E. On a u−u = 0 ∈ F, donc u ≡ u. Ceci montre que ≡ est E r´eflexive. Soient u,v ∈ E tels que u ≡ v. On a (u−v) ∈ F, donc (v −u) = −(u−v) ∈ F, donc v ≡ u. Ceci montre que ≡ est sym´etrique. Soient u,v,w ∈ E tels que u ≡ v et v ≡ w. On a (u − v) ∈ F et (v − w) ∈ F, donc (u−w) = (u−v)+(v −w) ∈ F, donc u ≡ w. Ceci montre que ≡ est transitive, et finit de d´emontrer (1). Soient u ,u ,v ,v ∈ E tels que u ≡ v et u ≡ v . On a (u −v ) ∈ F et (u −v ) ∈ F, 1 2 1 2 1 1 2 2 1 1 2 2 donc (u +u )−(v +v ) = (u −v )+(u −v ) ∈ F, donc (u +u ) ≡ (v +v ). 1 2 1 2 1 1 2 2 1 2 1 2 Soient u,v ∈ E tels que u ≡ v et λ ∈ K. On a (u − v) ∈ F, donc (λ.u) − (λ.v) = λ.(u−v) ∈ F, donc (λ.u) ≡ (λ.v). D´efinition. L’ensemble des classes d’´equivalence de ≡ s’appelle le quotient de E par F et se note E/F. Pour u ∈ E, on notera [u] la classe d’´equivalence de u. On d´efinit une loi de composition interne, not´ee +, sur E/F comme suit. Soient α,β ∈ E/F. On choisit u,v ∈ E tels que α = [u] et β = [v] et on pose α+β = [u]+[v] = [u+v]. Le lemme 1.8.(2) garantit que la d´efinition de α +β ne d´epend pas du choix de u et v. On d´efinit une loi de composition externe, not´ee ., de K×E/F dans E/F comme suit. Soient α ∈ E/F et λ ∈ K. On choisit u ∈ E tel que α = [u] et on pose λ.α = λ.[u] = [λ.u]. 8 Le lemme 1.8.(3) garantit que la d´efinition de λ.α ne d´epend pas du choix de u. Proposition 1.9 (sans d´emonstration). (E/F,+,.) est un espace vectoriel sur K. 1.2 Partie g´en´eratrice, partie libre et base Dans ce sous-chapitre E d´esignera toujours un espace vectoriel sur K. D´efinition. On dit qu’une partie S de E est une partie g´en´eratrice de E si E = Vec(S). On dit aussi que S engendre E. D´efinition. Soit S = {e ,...,e } une partie finie de E. On dit que S est libre si, pour 1 n tous λ ,...,λ ∈ K, l’´egalit´e λ .e +···+λ .e = 0 implique λ = ··· = λ = 0 . 1 n 1 1 n n E 1 n K D´efinition. Soit S une partie quelconque de E. On dit que S est libre si, pour tout n ∈ N, tous e ,...,e ∈ S et tous λ ,...,λ ∈ K, l’´egalit´e λ .e + ··· + λ .e = 0 1 n 1 n 1 1 n n E implique λ = ··· = λ = 0 . 1 n K Exemple 1. ∅ est libre. Exemple 2. Soit u ∈ E, u (cid:54)= 0 . Alors {u} est libre. E Exemple 3. Supposons que E = R3. Posons e = (1,0,0), e = (0,1,0) et S = {e ,e }. 1 2 1 2 Alors S est libre. Exemple 4. Soit X un ensemble (infini). Rappelons que, pour x ∈ X, δ d´esigne x l’´el´ement de KX d´efini par (cid:26) 1 si x = y K δ (y) = x 0 si x (cid:54)= y K Posons S = {δ | x ∈ X}. Alors S est libre. x D´efinition. Une partie B de E est une base de E si elle est libre et g´en´eratrice. Lemme 1.10. Soit B = {e ,...,e } une partie finie de E. Alors B est une base de E si et 1 n seulement si tout vecteur u ∈ E s’´ecrit de fa¸con unique sous la forme u = λ .e +···+λ .e 1 1 n n avec λ ,...,λ ∈ K. 1 n D´emonstration. Supposons que B est une base. Soit u ∈ E. Comme B est g´en´eratrice, il existe λ ,...,λ ∈ K tels que u = λ .e +···+λ .e . Supposons qu’il existe d’autres 1 n 1 1 n n coefficients, µ ,...,µ ∈ K, tels que u = µ .e +···+µ .e . On a 1 n 1 1 n n (λ −µ ).e +···+(λ −µ ).e = 0 . 1 1 1 n n n E Comme B est libre, cette ´egalit´e implique que λ − µ = 0 , c’est-a`-dire λ = µ , pour i i K i i tout i ∈ {1,...,n}. Ceci montre l’unicit´e de l’´ecriture. 9 Supposons que tout vecteur u ∈ E s’´ecrit de fa¸con unique sous la forme u = λ .e + 1 1 ··· + λ .e avec λ ,...,λ ∈ K. L’existence de tels ´ecritures signifie en particulier que n n 1 n B est g´en´eratrice. Soient µ ,...,µ ∈ K tels que µ .e + ··· + µ .e = 0 . On a aussi 1 n 1 1 n n E 0 = 0.e + ··· + 0.e . Par l’unicit´e de l’´ecriture, on en d´eduit que µ = 0 pour tout E 1 n i i ∈ {1,...,n}. Ceci montre que B est libre. On va maintenant ´enoncer et d´emontrer un th´eor`eme important de ce cours : Th´eor`eme 1.11 (Th´eor`eme de la base incompl`ete). Soient L une partie libre et G une partie g´en´eratrice de E. Il existe une partie G(cid:48) ⊂ G telle que L∩G(cid:48) = ∅ et L∪G(cid:48) est une base de E. Ce qui suit va nous servir a` d´emontrer le th´eor`eme 1.11. D´efinition. Une relation (cid:22) sur un ensemble X est une relation d’ordre si elle v´erifie les propri´et´es suivantes. (a) On a x (cid:22) x pour tout x ∈ X (on dit que (cid:22) est r´eflexive). (b) Six (cid:22) y ety (cid:22) x, alorsx = y, pourtousx,y ∈ X (onditque(cid:22)estanti-sym´etrique). (c) Si x (cid:22) y et y (cid:22) z, alors x (cid:22) z, pour tous x,y,z ∈ X (on dit que (cid:22) est transitive). On dit que (cid:22) est un ordre total si, de plus : (d) x (cid:22) y ou y (cid:22) x pour tous x,y ∈ X. Exemple 1. SoientX unensembleetP(X)l’ensembledespartiesdeX. Alorsl’inclusion, ⊂, est une relation d’ordre sur P(X). Exemple 2. L’ordre standard ≤ sur N est un ordre total. D´efinition. Soient X un ensemble et (cid:22) une relation d’ordre sur X. Une partie Y ⊂ X est une chaˆıne de X si la restriction de (cid:22) a` Y est un ordre total. Un majorant d’une partie non vide Y de X est un ´el´ement z ∈ X v´erifiant y (cid:22) z pour tout y ∈ Y. Un ´el´ement x ∈ X est dit maximal s’il n’existe pas de x ∈ X tel que x (cid:22) x et x (cid:54)= x. 0 0 0 Exemple. On pose X = {a ,a ,a ,a } et on consid`ere l’ensemble P(X) des parties de 1 2 3 4 X muni de l’inclusion. Soit Y = {∅,{a },{a ,a }}. Alors Y est une chaˆıne non vide de 1 1 2 P(X). {a ,a ,a } est un majorant de Y. X = {a ,a ,a ,a } est un ´el´ement maximal 1 2 3 1 2 3 4 (en fait c’est l’unique ´el´ement maximal). Axiome 1.12 (Lemme de Zorn). Soient X un ensemble non vide et (cid:22) une relation d’ordre sur X. Si toute chaˆıne non vide de X admet un majorant, alors X admet un ´el´ement maximal. 10

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