ebook img

L'homme, le plus politique des animaux : Essai sur les Politiques d'Aristote, livre I, chapitre 2 PDF

354 Pages·2013·1.85 MB·French
by  
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview L'homme, le plus politique des animaux : Essai sur les Politiques d'Aristote, livre I, chapitre 2

UNIVERSITE PARIS 1 – PANTHEON-SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE DE PHILOSOPHIE N° d’attribution par la bibliothèque _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ THESE Pour obtenir le grade de Docteur Discipline : Philosophie. présentée et soutenue publiquement le 18 décembre 2013 par Refik GÜREMEN L'homme, le plus politique des animaux : Essai sur les Politiques d'Aristote, livre I, chapitre 2 Sous la direction de Monsieur le Professeur Michel NARCY Membre du jury : Madame le Professeur Annick Jaulin (Université Paris I) Monsieur le Professeur Jean-Louis Labarrière (CNRS, UMR 8061 UniversitéParis IV) Monsieur le Professeur Pierre-Marie Morel (Université Paris I) Monsieur le Professeur Michel Narcy (CNRS UPR 76 Ville juif) Monsieur le Professeur Pierre Pellegrin (CNRS) Monsieur le Professeur Christopher Rowe (Durham University) Année Universitaire 2013 À mon frère ainé, Tevfik Güremen, qui est aujourd’hui moins âgé que moi. ii Remerciements Cette thèse doit beaucoup aux nombreuses personnes qui m’ont encouragé, soutenu et conforté au long de toutes ces années. Qu’elles trouvent dans ce travail l’expression de mes plus sincères remerciements. En premier lieu, je tiens à remercier mon directeur de thèse, Monsieur Michel Narcy, pour la confiance qu'il m'a accordée en acceptant d'encadrer ce travail doctoral, pour ses multiples conseils et pour toutes les heures qu'il a consacrées à diriger cette recherche. J’ai apprécié sincèrement et avec gratitude sa grande disponibilité et l’attention qu’il a accordée aux relectures des documents que je lui ai adressés. La justesse de ses critiques a été très constructive et utile. Enfin, j’ai été extrêmement sensible à ses qualités humaines d'écoute et de compréhension tout au long de ce travail doctoral. Je lui exprime ma très profonde gratitude. Ma reconnaissance va à tous ceux qui à Paris 1, à l’École Doctorale et au Centre « Tradition de la pensée classique » ont inspiré et soutenu ce travail. Je tiens remercier particulièrement Madame Chantal Jaquet, la directrice de l’Ecole Doctorale de Philosophie, et Madame Annick Jaulin, qui était la directrice du centre "Tradition de la pensée Classique" pendant mes années doctorales. Grâce à elles, j’ai pu m’assurer les meilleures conditions pour tous mes déplacements et mes visites de recherche (surtout aux Royaume-Unis) pour valoriser mes travaux en me mettant en relation avec les spécialistes de mon domaine de recherche. Je remercie aussi à Madame Jaulin pour son accueil chaleureux à chaque fois que j'ai sollicité son aide, ainsi que pour ses multiples encouragements. Ce travail doit beaucoup à celles et ceux qui m’ont permis de soumettre à la critique différentes étapes de cette thèse dans leurs séminaires. Je remercie très vivement tous mes amis au séminaire des doctorants, dirigé par Francis Wolff, André Laks et Jonathan Barnes, et auquel j’ai participé pendant trois ans. Je ne saurais remercier suffisamment à celles et à ceux qui ont accepté de participer au colloque international organisé à Istanbul, le 29-30 avril 2013, sous le thème « Perspectives biologiques sur l’animal politique chez Aristote » : Ömer Orhan Aygün, Pinar Canevi, Johannes Fritsche, Annick Jaulin, Manuel Knoll, Jean-Louis Labarrière, David Lefebvre, Pierre-Marie Morel, Michel Narcy, Pierre Pellegrin. iii Mes gratitudes vont également à ceux qui ont bien voulu relire les chapitres de cette thèse, en premier lieu à Olivier Renaut, dont la minutie et l’acuité des relectures sont un gage supplémentaire de notre amitié très précieuse. Je remercie vivement Stéphane Aymard, Kelly O’Neill et Umut Öksüzan pour leurs corrections et suggestions. Cette thèse n’aurait pu aboutir sans le soutien de mes parents et de mes sœurs, et sans la patience et les encouragements de mon épouse Nalan Kural Güremen; ils savent combien je leur sais gré. iv Résumé Cette étude est entièrement consacrée à un examen du deuxième chapitre du premier livre des Politiques d’Aristote. Elle vise à analyser l’affirmation aristotélicienne selon laquelle l’homme est un animal plus politique que les autres animaux politiques (Pol., I, 1, 1253a7-9). Tous les commentateurs d’Aristote expliquent cette affirmation par référence à la rationalité, ou à la moralité ou encore à la capacité langagière de l’homme. Selon l’idée soutenue dans cette étude, bien que ces traits exclusivement humains ne soient pas impertinents à la forme spécifique que prend la vie politique de l’homme, le plus haut degré de son caractère politique ne peut pas s’expliquer en fonction d’eux. Après un examen détaillés des plusieurs difficultés que l’on rencontre dans les commentaires contemporains des Politiques, I, 2, nous avons développé la thèse que selon Aristote l’homme est le plus politique des animaux politiques parce qu’il est un animal grégaire à multiple communautés. D’après Aristote, l’homme développe cette multiplicité de communautés en vue de l’autosuffisance. Pour pouvoir montrer que cette interprétation est en conformité avec une autre affirmation d’Aristote selon laquelle la polis existe en vue du bien-vivre, nous avons aussi démontré qu’il existe chez le Stagirite des éléments d’une notion de bien-vivre qui relève moins de la moralité que des conditions animales de l’homme et que c’est dans ce dernier sens que l’existence de la polis en vue du bien-vivre doit être comprise. Mots-clefs : Aristote, animal politique, polis, communauté politique, autosuffisance, bien- vivre, éthique, zoologie aristotélicien. v Title: Human Being, the Most Political of the Animals: A Study of Aristotle’s Politics, I, chapter 2. Abstract This dissertation is dedicated to an exclusive study of Aristotle’s Politics, I, 2. It aims at analyzing Aristotle’s affirmation that human beings are more political than the other political animals (Pol., I, 1, 1253a7-9). According to the most widely shared views about Aristotle’s argument here, human beings would be more political either because they are rational, or because they have a natural capacity for speech or because they are perceptive about questions of morality. According to the idea defended in this study, although these exclusively human features are not impertinent to the specific form that human beings’ political life takes, human beings’ higher degree of politicalness cannot be explained on the basis of them. After a detailed examination of certain difficulties and shortcomings in contemporary commentaries on Politics, I, 2, we develop the thesis that according to Aristotle, the human being is more political because it is a gregarious animal of multiple communities. For Aristotle, human beings develop this multiplicity of communities for the sake of self-sufficiency. In order to show that this thesis is in conformity with Aristotle’s other main idea that the polis exists for the sake of living-well, we demonstrate that elements of a different conception of living-well, based more on human being’s animality than its morality, are present in Aristotle’s work. Aristotle’s affirmation that the polis exists for the sake of living-well must be understood in this rather zoological sense of living-well. Keywords : Aristotle, political animal, polis, political community, self-sufficiency, living- well, ethics, Aristotelian zoology. *************************************************************************** « Tradition de la Pensée Classique », E.A. 2482, Université Paris I - Panthéon-Sorbonne U.F.R. 10 de Philosophie 17, rue de la Sorbonne75231 Paris Cedex 05. vi Table des matières Remerciements .................................................................................................................... iii Résumé ..................................................................................................................................v INTRODUCTION GENERALE..........................................................................................1 CHAPITRE I L’homme : l’origine de la naturalité de la polis ........................................ 11 I. Introduction ............................................................................................................................... 11 II. Eduard Meyer et Maurice Defourny sur les Politiques, I, 2 ....................................................... 14 III. Defourny contre Meyer et leur point commun .......................................................................... 18 IV. Meyer, critique d’Aristote ...................................................................................................... 20 V. Meyer, lecteur d’Aristote .......................................................................................................... 24 VI. Le zôon politikon apolitique par nature : David Keyt sur les Politiques, I, 2 ............................. 27 Naturally Political ............................................................................................................. 28 The Linguistic Argument .................................................................................................... 30 VII. Les failles de Keyt ................................................................................................................. 32 VIII. Le mythe de Protagoras et les Politiques, I, 2 ........................................................................ 34 IX. L’État et le plus haut degré da la politicité humaine ................................................................. 38 Appendice au chapitre I................................................................................................................. 42 CHAPITRE II L’animal politique et ses vertus ............................................................... 45 I. La priorité de la polis et le zôon politikon phusei ........................................................................ 46 II. La priorité de la polis et la polis comme un bien ....................................................................... 49 III. Ambiguïté de l’action du premier fondateur ............................................................................. 53 IV. L’homme apolis ...................................................................................................................... 54 V. Un surplus du développement de l'argument du chapitre: la tempérance .................................... 56 VI. Le surplus de l'animalité de l'homme: une espace pour la temperance ...................................... 59 VII. Deux figures « sans polis » et le rôle de la temperance ........................................................... 62 VIII. Les hopla du politikon humain .............................................................................................. 63 IX. Les hopla à la disposition de la temperance ............................................................................. 66 X. Le fourbe intempérant et le mal délibéré ................................................................................... 67 XI. Bestialité et la méchanceté du fourbe intempérant................................................................... 72 XII. L'injustice totale.................................................................................................................... 75 XIII. L'homme est politique bien avant l'État ou la naturalité de l’hormê politique chez l’homme . 79 vii XIV. Conclusion ........................................................................................................................... 82 CHAPITRE III Diviser l’animal politique ....................................................................... 84 I. Introduction ............................................................................................................................... 84 II. Le sens litteral versus le sens zoologique .................................................................................. 85 II.A. Mulgan et le sens métaphorique de l’expression « πολιτικὸν ζῷον » .................................. 85 II.B. Bodéüs et la critique aristotélicienne du projet politique de Platon ..................................... 89 III. La « decouverte » du sens zoologique de « πολιτικὸν ζῷον » ................................................... 91 III.A. Kullmann et la « déduction biologique » des Politiques, I, 2. ............................................ 93 III.B. Ebauche des problèmes .................................................................................................... 98 III.C. Lire les Politiques, I, 2 comme une pièce de zoologie ..................................................... 104 III.D. « Politikon » : accident per se de l’homme ? .................................................................. 115 IV. Diviser le « politikon ». Partie I. ............................................................................................ 121 V. Labarrière : comparer les animaux politiques selon le plus et le moins .................................... 126 VI. Reconnaître l’animal politique............................................................................................... 136 VII. La rigueur de la division aristotélicienne .............................................................................. 142 VIII. Peut-on vraiment diviser l’animal politique ? ...................................................................... 155 IX. Diviser le « politikon ». Partie II. .......................................................................................... 158 X. L’ergon de l’animal politique ................................................................................................. 162 XI. L’éternel retour de la métaphore ............................................................................................ 171 Appendice au Chapitre III ........................................................................................................... 178 CHAPITRE IV Moraliser l’animal politique ................................................................. 183 I. Introduction ............................................................................................................................. 183 II. Critique du privilège politique du langage ............................................................................... 185 III. L’éloge du langage : Cicéron et Isocrate ................................................................................ 187 IV. Moraliser l’animal politique .................................................................................................. 189 V. Moraliser la nature : Julia Annas............................................................................................. 194 VI. Moraliser la polis : l’homme doit être plus politique .............................................................. 196 VII. Vers une interprétation non-normative du politikon humain.................................................. 199 VIII. La nature du rapport entre le bonheur, la vertu et l’action vertueuse .................................... 201 IX. Le « contenu » du bonheur .................................................................................................... 204 X. Les « ingrédients » du bonheur ............................................................................................... 207 XI. « La polis existe en vue des belles actions » (Pol., III, 9, 1281a2-3) ....................................... 211 XII. Conclusion........................................................................................................................... 212 CHAPITRE V La biologie du bien-vivre chez Aristote ................................................. 216 I. Introduction ............................................................................................................................. 216 viii II. Robert Bolton : la définition de l’âme et le noûs séparable du corps ........................................ 222 III. Différents sens de « vivre » et les différences d’animaux ....................................................... 224 IV. L’âme et l’action totale de l’animal ....................................................................................... 230 V. La structure de l’action totale chez l’animal ............................................................................ 233 VI. « Vivre seulement » et la complexité de l’action totale .......................................................... 237 VII. De Caelo : l’analogie de complexité entre les actions des planètes et celles de l’homme ....... 241 VIII. La complexité de l’action totale (Suite) ............................................................................... 245 IX. La nature agit en vue du bien de l’animal .............................................................................. 249 X. La différenciation des praxeis en vue du bien de l’animal ....................................................... 258 XI. Conclusion ............................................................................................................................ 265 CHAPITRE VI L’homme : l’animal grégaire à multiple communautés....................... 267 I. Introduction ............................................................................................................................. 267 II. Le développement de l’argument dans les Politiques, I, 2........................................................ 270 III. La position du fait que l’homme construit une multiplicité de communautés .......................... 272 IV. L’ ὁρμή politique de l’homme : une explication par la causalité matérielle ............................ 280 V. Le besoin de l’autosuffisance : la raison pour construire multiple communautés ...................... 284 VI. Le besoin de l’autosuffisance outre les nécessités de survivre ................................................ 289 VII. Autosuffisance et le rôle de la vertu dans la vie politique de l’homme .................................. 293 VIII. Les limites du rôle explicatif de la vertu .............................................................................. 297 IX. L’autosuffisance de l’homme makarios et la contingence du lien entre autosuffisance et la polis ................................................................................................................................................... 299 X. La polis n’est pas le terminus de la recherche du bonheur ....................................................... 302 XI. L’autosuffisance et l’amitié des hommes vertueux ................................................................. 304 XII. Le rôle politique du langage ................................................................................................. 310 XIII. La nature ne fait rien en vain : expliquer l’usage politique du langage ................................. 314 XIV. Le rôle politique de l’intelligence ....................................................................................... 323 CONCLUSION GENERALE .......................................................................................... 332 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................... 342 ix INTRODUCTION GENERALE L’une des idées les plus connues d’Aristote est que l’homme est un animal politique par nature. Avant lui, Platon, dans le Phédon 82b5-7, qualifie les abeilles, les guêpes et les fourmis de politikon kai hemeron et il les considère comme les corps les plus appropriés pour la réincarnation de ces membres de l’espèce humaine qui ont cultivé, à leur vivant, « la vertu publique et sociale, celle qu’on appelle la modération et aussi bien justice » (82a10-b2). Lorsqu’Aristote qualifiait, dans l’Histoire des animaux, I, 1, 488a7-10, de « politique » certains des animaux grégaires, comme l’abeille, la fourmi, la guêpe, la grue et l’homme, peut-être il héritait cette idée de son maître, ou peut-être il se référait tout simplement à un nom courant par lequel les gens désignaient, et rassemblaient dans une famille unique, les animaux qui exhibent une certaine ressemblance observable entre eux1 : parmi les animaux grégaires, sont politiques, dit Aristote, ceux qui ont tous ensemble une œuvre une et commune. Quoiqu’il soit, au sujet de l’homme en tant qu’animal politique, chez Aristote, on trouve une idée plus élaborée que celle de Platon. Aristote emploie cette appellation « animal politique » plusieurs fois dans le corpus2, et il attribue une place centrale à cette idée dans son argument sur la naturalité de la communauté politique pour l’homme : c’est le texte que l’on lit aujourd’hui comme le deuxième chapitre du premier livre des Politiques. La conception aristotélicienne de l’homme comme un animal politique diffère cependant sensiblement de celle de Platon sur deux points. Premièrement, selon Platon, la (ré)intégration de l’homme à une espèce d’animal politique dépend des vertus « publiques et sociales » qui ne naissent que « de l’habitude et de l’exercice » (Phéd., 82b2) ; alors que pour Aristote c’est par nature que l’homme est politique. Deuxièmement, Platon n’envisage la politicité humaine qu’au niveau des individus et il la considère comme un privilège des gens vertueux : ce sont uniquement les gens de bien qui, soit se réintroduiront dans une espèce d’animal politique, soit réincarneront une nouvelle naissance pour une nouvelle espèce humaine (82b7-8). Quant à Aristote, dans l’HA et dans les Politiques, I, 2, c’est explicitement au niveau de l’espèce qu’il parle du caractère politique de l’homme. 1 Typiquement, Aristote reconnaît une certaine sagesse à l’opinion populaire sur la classification des animaux : cf. PA, I, 4, 644a12-19 et 644b1-3. 2 Outre les occurrences de ce terme dans les Politiques, I, 2, les passages relatifs sont les suivants : Pol., III, 6, 1278b17-21 ; EN, I, 7, 1097b8-11 ; EN, IX, 9, 1169b17-19 ; EN, VIII, 14, 1162a16-25 ; EE, VII, 10, 1242a19- 28 ; HA, I, 1, 487b32-488a10 ; HA, VIII, 1, 588b24-589a1. 1

Description:
développé la thèse que selon Aristote l'homme est le plus politique des Le commentaire que Saunders fait pour les Politiques, I, 2, 1253a7-18,
See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.