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L’Histoire-Bataille: L’écriture de l’histoire dans l’œuvre de Georges Bataille PDF

119 Pages·2006·2.237 MB·French
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L’Histoire-Bataille L’écriture de l’histoire dans l’œuvre de Georges Bataille Laurent Ferri et Christophe Gauthier (dir.) DOI : 10.4000/books.enc.1322 Éditeur : Publications de l’École nationale des chartes Année d'édition : 2006 Date de mise en ligne : 26 septembre 2018 Collection : Études et rencontres ISBN électronique : 9782357231207 http://books.openedition.org Édition imprimée ISBN : 9782900791783 Nombre de pages : 150 Référence électronique FERRI, Laurent (dir.) ; GAUTHIER, Christophe (dir.). L’Histoire-Bataille : L’écriture de l’histoire dans l’œuvre de Georges Bataille. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Publications de l’École nationale des chartes, 2006 (généré le 03 mai 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/enc/1322>. ISBN : 9782357231207. DOI : 10.4000/books.enc.1322. Ce document a été généré automatiquement le 3 mai 2019. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères. © Publications de l’École nationale des chartes, 2006 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540 1 Polygraphe sulfureux, animateur de revues et de groupes d’écrivains, intellectuel engagé atypique, Georges Bataille a, tout au long de son œuvre, parcouru les genres et les disciplines, touchant tant à la poésie qu’au roman ou à l’essai, abordant la pornographie et la folie comme la philosophie, l’économie et l’art. Que l’École des chartes lui consacrât une journée d’études n’allait pas de soi, tant son ancien élève peut en sembler éloigné par son œuvre foisonnante et expérimentale. La part que tiennent les sciences sociales et l’érudition dans son parcours littéraire a souvent été éludée au profit de l’érotisme et de la mystique par une certaine critique. Et ses liens avec l’histoire académique ont toujours été ambigus. L’objet de ce recueil n’est pas de redonner une légitimité à Georges Bataille par une ré- appropriation chartiste, mais de s’interroger sur l’« Histoire-Bataille », c’est-à-dire cette écriture relevant de l’expérimentation intellectuelle dont l’histoire constitue une dimension essentielle. Il ne s’agit pas d’une tentative pour faire apparaître l’« érudit » derrière le « penseur » et le « poète ». Plutôt d’observer, dans sa vie et son écriture, comment Bataille a fait œuvre d’historien, et comment la dimension historique de son œuvre s’articule avec son engagement esthétique et spirituel. 2 SOMMAIRE Avant-propos Laurent Ferri et Christophe Gauthier Bataille parmi les historiens Histoire-Bataille ? Laurent Ferri Bataille et l’histoire des mentalités Yves-Marie Bercé Projets d’histoire universelle Laurent Dubreuil Groupes et revues Documents : de l’usage érudit à l’image muette Christophe Gauthier RÉSEAUX INTELLECTUELS ET REVUES D’ART À LA FIN DES ANNÉES 1920 UNE CONTRE-HISTOIRE DE L’ART LA « MACHINE DE GUERRE » BATAILLIENNE : USAGES DE L’ÉRUDITION Qui la tête, qui le corps : l’affrontement Bataille-Breton Christophe Halsberghe 1. — DE LA LITTÉRATURE À L’ENGAGEMENT 2. — DU JANUS BICÉPHALE AU MONSTRE SANS TÊTE 3. — CONTRE-ATTAQUE : ÉCHEC D’UNE OFFENSIVE ANTI-FASCISTE 4. — DU MATÉRIALISME CONSIDÉRÉ COMME UNE RÉALITÉ LANGAGIÈRE 5. — UN ADIEU À MARX, OU L’ÉCHEC D’UNE SORTIE 6. — MINOTAURE, UN MONSTRE AVEC OU SANS TÊTE ? 7. — RIPOSTES DE BATAILLE 8. — ACÉPHALE, UN MATÉRIALISME DÉCAPITÉ 9. — CONCLUSION : D’UN IDÉALISME L’AUTRE Histoire, histoires, récit Le Procès dans l’histoire, l’histoire dans le Procès Pierre Savy ÉTAPES DE LA TRADITION HISTORIOGRAPHIQUE LE PROCÈS DANS LE CHAMP HISTORIQUE RÉCEPTION ET HÉRITAGE Entre histoire et document : les annales de la vie criminelle de Gilles de Rais Olivier Guyotjeannin 3 L’art avant l’histoire, ou comment Bataille célèbre Lascaux Jean-Claude Monod L’ILLUSION DU COMMENCEMENT UNE « HISTOIRE TOTALE » DE L’ART ANTHROPOGENÈSE ET HOMINISATION : UNE RÉÉCRITURE DE LA PHÉNOMÉNOLOGIE DE L’ESPRIT LES FIGURES HYBRIDES LA VRILLE DE LA TRANSGRESSION Le discontinu du récit Dominique Rabaté 1. — « LE LOUABLE SOUCI DE COMPOSER UN LIVRE » ? 2. — LE RÉCIT ET L’IMPOSSIBILITÉ DU RÉCIT 3. — LE DISCONTINU Annexe Présentation Laurent Ferri Éléments pour l’écriture d’une « Histoire universelle » Georges Bataille Présentation des auteurs 4 Avant-propos Laurent Ferri et Christophe Gauthier 1 Ce volume est constitué des actes d’une journée d’étude intitulée « L’Histoire-Bataille » qui s’est déroulée à l’École nationale des chartes, le 7 décembre 2002, à l’occasion du quarantième anniversaire de la mort de Georges Bataille. 2 Les organisateurs tiennent à remercier M. Yves-Marie Bercé et Mme Anita Guerreau- Jalabert, directeurs successifs de l’École, ainsi que M. Jérôme Belmon, secrétaire général, Mme Sylvie Fayet, responsable des publications, Mme Arlette Claverie, attachée principale d’administration, Mme Marie-Noëlle de Bonneville, secrétaire de la directrice et M. Biaise Royer : à des titres divers, ils ont permis le bon déroulement du colloque, puis l’édition des actes. 3 Merci également à Mme Françoise Vielliard, professeur de philologie à l’École des chartes, qui a bien voulu tenir le rôle de modératrice tout au long de la journée. 4 A la Bibliothèque nationale de France, Mmes Annie Angrémy, conservateur général, et Marie-Odile Germain, conservateur en chef, nous ont permis d’accéder aux manuscrits relatifs à l’histoire universelle au sein du fonds Georges Bataille, généreusement ouvert à la recherche par sa fille, Mme Julie Bataille. 5 Que grâces soient enfin rendues à deux orateurs absents de cette publication, mais qui nous avaient honorés d’une contribution orale : M. Jacques Chiffoleau, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et grand connaisseur du « cas » Gilles de Rais, et M. Jacques Derrida, dont l’oeuvre éminente a dialogué à distance respectueuse avec celle de Georges Bataille depuis L’Ecriture et la différence (1967). Nous lui dédions ce livre. 5 AUTEURS LAURENT FERRI Conservateur du patrimoine aux Archives nationales. CHRISTOPHE GAUTHIER Conservateur à la Cinémathèque de Toulouse. 6 Bataille parmi les historiens 7 Histoire-Bataille ? Laurent Ferri 1 Organiser une telle journée d’études, qui plus est à l’École nationale des chartes, n'allait pas de soi. C’était aller au-devant de préjugés tenaces, à commencer par les préjugés concernant Bataille. 2 D’un côté, la réputation de cet auteur « sulfureux » entre pornographie névrotique et surfascisme fait fuir ou du moins ricaner : nous l’avons assez expérimenté lors de nos études, quand un certain nombre de nos condisciples, futurs historiens patentés, ne voulaient pas se souvenir que Bataille avait été un élève, puis un penseur et même un conservateur plus brillant qu’eux1. Pourtant, la vénérable Bibliothèque de l’École des chartes, tout en déplorant son « goût trop prononcé pour les outrances verbales », avait salué en lui, dès 1964, « un grand serviteur des Lettres »2 3 A rebours de cette attitude frileuse, une certaine critique a insisté sur le caractère « coextensif » de l’écriture et de l’érotisme. Elle se concentre alors sur des expériences extrêmes et tributaires d’un contexte de mystique religieuse assez daté3, ce qui l’amène à négliger certains pans de la réflexion et de l’écriture de Bataille relevant de l’ expérimentation intellectuelle ou du « gai savoir »4. « L’érudit » est fréquemment opposé au « penseur »5. Les écrits anthropologiques et sociologiques ainsi que les essais sur l’art se voient ainsi congédiés sans autre forme de procès, dans un livre récent6. 4 Or Bataille ne se réduit pas au pathos transgressif des récits. Ces aspects, nous ne l’ignorons pas, ont leur sens, leur force et leur beauté convulsive. Ils ont malheureusement engendré nombre de poncifs7. Au pire, le bataillien se réduit à l’orgie sexuelle et à l’obsession scatologique8. Comme le faisait remarquer avec ironie et tristesse André Masson, « l’érotisme pour Georges Bataille n’était pas une “spécialité”. On a voulu, cependant, l’y enfermer »9. Il n’est pas non plus réductible à certains énoncés radicaux, qui le situerait forcément dans la solitude irréductible d’un « ailleurs ». 5 C’est pourquoi, loin de toute volonté corporatiste de ré-appropriation, de toute velléité, dérisoire au demeurant, de nier les différents et les incompréhensions l’ayant opposé aux milieux scientifiques10 pour mieux réhabiliter un Georges Bataille enfin « présentable » auquel nous ferions passer « la redingote historique »11, il paraît pour le moins légitime de s’interroger sur « l’Histoire-Bataille ». 8 6 Ce titre peut faire canular. Laissons de côté la question de savoir si la rigueur (qui caractérisait Bataille12) n’est pas indispensable au canular, et si ce dernier est incompatible avec le sérieux des intentions. Au vrai, le canular, s’il est loin d’épuiser la signification métaphysique du rire, fait partie de l’univers de Bataille, n’en déplaise aux partisans de l’esprit de sérieux13. Certes, il ne fut pas un chercheur conventionnel. En dépit de sa formation, sa démarche n’a pas grand-chose à voir avec l’histoire-bataille, entendons l’histoire dite positiviste ou (curieusement) « historisante » des grands événements politiques, diplomatiques et militaires. Cette histoire, dit-on, se réduit à la chronologie et au rappel d’un contexte documenté par les seuls écrits volontaires et déchiffrables. Bataille la connaissait, et je ne crois pas que l’on puisse dire qu’il l’ait méprisée à l’instar de tout discours de maîtrise. D’une certaine manière même il l’acceptait, comme la conséquence d’un fonctionnement « objectif » de nos sociétés occidentales modernes. Par exemple, dans L’histoire de l’érotisme commencée en 1953, il explique que ce dernier est « en marge de l’histoire proprement dite militaire ou politique » ; mais c’est pour ajouter que « si l’histoire à la fin s’achevait, même touchait à son achèvement [je traduis : si le travail d’une part, les luttes politiques ou territoriales d’autre part cessaient d’absorber l’essentiel des énergies humaines], alors l’érotisme ne serait plus en marge de l’histoire ». Cependant, Georges Bataille a devancé la réalisation de la prophétie hégélienne (version Kojève) d’une fin de l’Histoire, renforcée par la perspective d’un « désastre éventuel » après Hiroshima14 : dans différentes notes relatives à son parfois nébuleux, passionnant et impossible15 projet d’écriture d’une histoire universelle, pour laquelle il avait imaginé différents plans épars, reproduits en annexe de ces actes, il ne parle pas pour rien « d’histoire révélée », de révélation — c’est-à-dire d’apocalypse. 7 Bataille lève le voile sur le monde, donc sur lui-même. Il ne fait pas de doute, en effet que l’histoire est chez lui une dimension essentielle, non pas extérieure, non pas développée à distance raisonnable ou « scientifique », de la vie et de l’écriture, même si cette dernière a pu lui sembler transcender le « contexte » (qui n’est pas la même chose que « le sens de l’histoire »16)... Sinon, il n’aurait pas écrit dans le dernier numéro d'Acéphale (en 1939) : « Je suis moi-même la guerre/Je suis la proie et la mâchoire », en écho à l'heautontimoroumenos baudelairien. De manière générale, il pensait ne pouvoir écrire qu’à partir d’un vécu d’une manière ou d’une autre17, en quoi il rompait évidemment avec la mise à distance scientifique et érudite recommandée aux écoliers. Pas de contresens, donc, dans le choix du titre du colloque. Restait, à partir d’intuitions, à formuler quelques questions : en quoi Bataille peut-il(ou non) être considéré comme un historien ? Ses récits ou essais excluent-ils l’érudition et le souci de vérité, impliquent-ils en outre un engagement dans l’Histoire en train de se (dé)faire ? 8 Il est permis d’énoncer : rien de ce qui est humain et même de ce qui est inhumain ne lui fut étranger. Le sommaire de ses œuvres complètes chez Gallimard, en douze volumes, est de ce point de vue impressionnant d’éclectisme. S’il est vrai que, pour Bataille, c’est le mouvement ou la perspective historiques qui donnent sens à l’ensemble des phénomènes extérieurs et des débats intérieurs18, rien ne dit que c’est l’historien qui connaisse et restitue le mieux ce mouvement et cette perspective. A vrai dire, l’œuvre transgresse et transforme systématiquement les champs traditionnels du savoir19, et refuse la spécialisation — ce qui entre nous explique aussi les refus et les rejets d’une certaine critique elle-même excessivement spécialisée20. Ainsi, La Part maudite tient à la fois de l'histoire culturelle, de la sociologie, de l’anthropologie et de la géopolitique.

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