ebook img

L'heritiere mysterieuse-Anne Gracie PDF

357 Pages·2011·1.93 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview L'heritiere mysterieuse-Anne Gracie

Prologue Près de Batavia, île de Java, Indes orientales néerlandaises, 1815 — Promettez-le-moi ! Entendez-vous ? Je veux votre parole, damnée petite mule ! Le moribond saisit le bras de lajeune fille, qu’il enserra d’une étreinte d’acier, et Kit, surprise de la vigueur du geste, réprima à grand-peine une grimace de douleur. La gorge serrée, elle considéra un instant la longue main aristocratique de son père, une main blanche aux contours déliés, faite pour manier les cartes, illust rer un poème ou faire virevolter une cavalière au bal. Une main qui n’avait jamais accompli de véritable labeur en ce monde… — Promettez-moi ! répéta le mourant. Kit se mordit la lèvre tout en luttant pour libérer son bras. Papa n’avait jamais été conscient de sa propre force, c’était là le problème. Même à la dernière extrémité, il avait encore une poigne de fer ! 9 De sa main libre, elle prit un mouchoir propre et essuya l’écume sanglante qui sourdait aux commissures des lèvres du blessé. — Le diable vous emporte, je veux votre promesse, répéta celui-ci avec une évidente irritation. Je ne vous demande rien d’extraordinaire, que je sache ! Rien que vous n’ayez déjà fait cent fois dans votre vie, faut -il vous le rappeler ? Ainsi mise au pied du mur, Kit émit un long soupir et secoua doucement la tête. — Je suis désolée, papa, mais ce que vous réclamez est tout bonnement impossible. Désappointé, le moribond lui lâcha le bras d’un geste brusque. — La peste… vous emporte ! s’écria-t-il d’une voix entrecoupée. Je suis à l’article de la mort et vous osez me contrarier… Il s’interrompit, le souffle court, avant de reprendre avec difficulté : — Je me demande bien pourquoi je prends la peine de vous demander quoi que ce soit… Depuis l’âge d e treize ans vous refusez obstinément de m’aider. Oh ! Dieu, et dire qu’il me faut quitter la vie, sans même laisser un héritier derrière moi !… Seulement une fille, parfaitement inutile de surcroît ! Votre naissance aura été décidément la plus grande déception de mon existence. Kit se tut, parée contre ce genre de remarques, qu’elle entendait pour la centième fois au moins. — Cessez de parler, papa, intima-t-elle seulement, vous vous faites du mal… A cet instant, Maggie Bone, qui cumulait les charges de femme de chambre et de dame de compagnie, pénétra 10 dans la chambre, les bras chargés d’un plateau où voisi - naient du linge propre et un bol d’eau fraîche. D’une main experte, elle ôta le linge souillé de sang qui recouvrait la poitrine du blessé, et Kit pressa une compresse humide sur la blessure. — Cette fois, j’ai mon compte, n’est-ce pas ? dit l’ago- nisant avec un rire amer. Et de la main d’un moins que rien, encore, moi dont les veines charrient le plus noble sang d’Angleterre ! Afin d’endiguer le flot de sang, Kit pressa le tampon plus fort, ce qui arracha un gémissement au blessé. — Doucement ! intima-t-il, la bouche distordue par la souffrance. Sa fille relâcha la pression, tandis que le pansement rougissait inexorablement so us ses mains. — Damné bâtard de Hollandais, m’accuser de tricher, moi, l’honorable Jeremy Sm… Les derniers mots se perdirent dans une quinte de toux et Kit, effrayée, intima aussitôt : — Chut, papa ! Parler ne fait qu’empirer votre état. Du reste, ici, vous n’êtes pas Jeremy Smythe-Parker, mais sir Humphrey Weatherby, vous vous souvenez ? Jeremy, c’était en Nouvelle-Galles du Sud. Non que le lapsus eût désormais la moindre impor - tance, songea-t-elle à part elle. Le médecin hollandais ayant quitté le chevet d u malade et les serviteurs javanais ne comprenant pas l’anglais, il n’y avait personne ici à tromper, car Maggie Bone était la loyauté personnifiée. Mais Kit avait tellement pris l’habitude de ces précautions que le réflexe avait été plus fort qu’elle ! Pendant quelques instants, son père demeura immobile sur ses oreillers, la respiration sifflante. 11 — Blessé par un lourdaud de commerçant, dans ce sale village du bout du monde…, grommela -t-il enfin. Si cette damnée Pitance était arrivée à temps… La Pitance… C’était ainsi qu’il désignait l’argent de source mystérieuse qui lui tombait du ciel à intervalles irréguliers, sans qu’il en eût jamais précisé la provenance à qui que ce fût, à sa fille moins qu’à tout autre. Abattue, Kit jeta un regard par la fenêtre et cligna des paupières, éblouie par le bleu lumineux de la mer, qui étincelait sous les rayons du soleil couchant. S’il n’y avait eu les marécages avec leurs moustiques porteurs de malaria, cet endroit aurait vraiment pu pas ser pour para- disiaque. Mais, pour son père, tous les lieux, fussent -ils les plus exotiques et les plus beaux de la terre, n’étaient rien d’autre que des trous perdus, comparés à sa chère Angleterre. Toute sa vie, il n’avait été qu’un exilé rongé d’amertume. Constatant que le blessé devenait de plus en plus livide, Kit jeta la compresse imbibée de sang et en prit une fraîche, qu’elle pressa fermement sur la poitrine de son père. Etait-ce une illusion, ou le flux de sang s’était -il légèrement ralenti ? — Au diable ! marmonna Jeremy. Pourquoi Mary ne m’a- t-elle pas donné un fils viable… Un garçon, au moins, comprendrait tout ce que signifie pour un homme le mot « honneur ». — J’ai beau n’être qu’une fille, papa, cette notion ne me laisse pas indifférente, assura Kit. Il y avait une note railleuse dans sa voix, mais elle ravala par respect le sarcasme qui lui était monté aux lèvres. Tout de même, n’y avait -il pas quelque ironie à s’entendre infliger une leçon de morale par ce chevalier 12 d’industrie qui n’hésitait pas à tricher aux cartes pour subvenir à ses besoins ? — Ne prenez pas ce ton avec moi, ma fille, s’écria le blessé, après avoir émis une petite toux douloureuse. Si vous aviez le moindre sens de l’honneur, vous me feriez sans hésiter la promesse que je vous demande. Il retomba sur ses oreillers, exsangue, avant d’ajouter avec dédain : — Les femmes ne comprennent rien à tout cela. Elles sont trop obnubilées par leurs sentiments. Si seulement mon fils bien-aimé avait vécu… Kit réprima un soupir à cette nouvelle allusion, qui avait ponctué toute son enfance. Elle n’avait que six ans lorsque sa mère était morte en donnant le jour à un enfant mort-né, mais son père parlait toujours du bébé comme s’il avait eu le temps de le connaître et de le chérir. — Mon fils, lui, me vengerait du terrible tort qui m’a été infligé autrefois. Il ne me laisserait pas mourir en me refusant cette promesse ! Il y eut un long silence, pendant lequel on n’entendit plus que la respiration haletante du moribond, les bruits lointains du village et les cris des singes qui s’ébattaient dans la jungle derrière la maison. Pour la dixième fois au moins, Kit se demanda quel était ce tort dont elle avait les oreilles rebattues depuis tant d’années. Que s’était-il passé dans cette lointaine Angleterre avant sa naissance qui eût éveillé chez son père un si constant désir de vengeance ? Curieusement, cet homme d’un naturel plutôt bavard était toujours demeuré silencieux sur les détails de l’affaire. Il avait été gravement lésé, affirmait-il, mais refusait toujours de préciser par qui et dans quelles circonstances. « Sans 13 cette histoire, je serais aujourd’hui un homme riche et respecté, et j’habiterais une belle maison en Angleterre, aimait-il à répéter. J’ai été injustement spolié du bonheur qui m’attendait. » En fait, Kit n’avait jamais prêté une -réelle attention à ces paroles, qu’elle interprétait comme l’une dès innom - brables fadaises qui encombraient l’esprit de !son père. Mais devant l’insistance du moribond, elle se prenait tout à coup à douter. Et si c’était cette histoire qui avait fait de son géniteur l’homme à la dérive qu’il était devenu, un éternel vagabond obligé de gagner sa vie en jouant aux cartes sous des noms d’emprunt ? Avec un serrement de cœur, Kit se remémora leur départ honteux de Sydney quelques semaines plus tôt et leur arrivée à Batavia, dans cette communauté hollan - daise qui les avait vite considérés avec la même hautaine méfiance que les habitants de la Nouvelle -Galles du Sud. Son père aurait-il eu une vie différente s’il n’avait autrefois subi ce mystérieux outrage dont il ressassait depuis tant d’années l’injustice ? C’était là une question dont elle n’obtiendrait jamais la réponse. Mais l’homme allongé devant elle était son père après tout, et elle devait au moins lui accorder le bénéfice du doute. Pour tout dire, elle n’avait pas d’autre proche que lui dans le monde. Qui était -elle pour le contrarier et le troubler ainsi jusque sur son lit de mort ? A la lumière de la fin pr ochaine, son obstination lui parut tout à coup bien mesquine et égoïste. Confuse, elle jeta un regard au visage tiré du moribond, à ses yeux clos ombrés de mauve. Lui toujours si plein de projets mirifiques avait maintenant l’expression d’un homme à qui on a enlevé son dernier espoir. 14 Avec un soupir, elle se pencha vers lui et lui pressa affectueusement la main. — Très bien, papa, je vengerai votre honneur, puisque c’est ce que vous souhaitez. Dites -moi exactement ce que je dois faire. Le mourant souleva lentement les paupières et son regard d’abord vague eut du mal à se fixer sur sa fille. Puis une expression de triomphe éclaira ses prunelles déjà embrumées par l’approche inéluctable de la fin. D’un geste convulsif, il agrippa le bras de Kit et l’attira plus près de lui. Puis il lui chuchota ses instructions à l’oreille d’une voix basse et rauque, en s’arrêtant de temps à autre pour reprendre son souffle. Lorsqu’il eut achevé, il retomba en arrière, épuisé, et un silence s’installa dans la pièce, où la brise chaude de cette fin d’après-midi gonflait paresseusement les rideaux. — Le mieux serait que vous envoyiez une lettre à Rose depuis Sydney, reprit enfin le blessé dans un murmure. Dites-lui que… Mais il ne put achever, secoué par une nouvelle et terrible quinte de toux qui lui ôta ses dernières forces. Effrayée par sa pâleur, Kit imbiba un linge d’eau fraîche et lui en bassina le visage. — Tranquillisez-vous, papa. Je suivrai vos indications à la lettre. Restez calme maintenant et essayez de reprendre des forces. Un étrange sourire naquit sur les lèvres exsangues du moribond. — Mon fils…, murmura-t-il d’une voix à peine audible. Mon fils bien-aimé… 15 Ce furent là ses dernières paroles et il rendit l’âme dans un dernier hoquet, sous le regard effrayé de sa fille. Il s’éteignit dans ce cottage javanais dépourvu de confort, loin du pays qu’il avait tant aimé. Tué pour avoir triché aux cartes, songea Kit avec amertume, ultime épreuve d’une existence qui en avait compté tant d’autres, comme il aimait à le répéter… Et le pire, c’était qu’il edt trépassé sans même lui adresser un mot de tendresse ou d’adieu, elle qui avait été sa compagne d’errance depuis dix -neuf ans qu’elle était au monde. Comme si elle avait lu dans ses pensées, Maggie Bone lui adressa un sourire réconfortant. — Ne vous chagrinez pas, mademoiselle Kit. Il vous aimait à sa façon, vous savez. Mais certains hommes sont incapables d’exprimer leurs sentiments. Kit accepta le pieux mensonge d’un hochemen t de tête. — Je sais, Maggie, murmura-t-elle. — Malgré cela, il aurait été préférable que vous ne lui fassiez aucune promesse. — C’est vrai, mais ce qui est fait est fait, et il est inutile de revenir dessus. Maggie émit un long soupir. — Alors, nous allons mettre le cap sur Londres, je suppose ? — Exactement. Pour y rejoindre une femme dont je ne sais absolument rien, sinon qu’elle se prénomme Rose. 16 1 Londres, 1816 Ereinté par sa longue chevauchée, Hugo Devenish tapota le cou de sa monture d’un geste affectueux et poursuivit sa route au pas, à la lueur artificielle qui émanait des becs de gaz installés depuis peu dans les rues de la capitale. Intéressé par ce spectacle, qui avait attiré à Londres nombre de curieux ces derniers temps, il s’en gageait dans l’une des rues les plus paisibles de ce quartier résidentiel, lorsqu’une vision insolite attira tout à coup son attention. Rêvait-il, ou avait-il vraiment vu une silhouette se faufiler dehors par l’une des fenêtres de l’hôtel Pennington avant de se glisser sur le balcon du dernier étage ? Etonné, Hugo tira sur les rênes de Sultan et demeura immobile dans la pénombre, à scruter la façade de l’aristocratique demeure dont il connaissait vaguement les propriétaires. Lord Pennington, un sexagénaire à la mine austère, faisait partie du gouvernement, et son épouse, lady Pennington, était un membre en vue de la 17 haute société londonienne. Quant à leur fils, il était un proche ami de Thomas, le propre neveu de Devenish. A trois heures du matin, l’apparition d’une silhouette sur le balcon d’un éminent ministre avait quelque chose d’insolite, et pouvait même tout bonnement relever de la menace contre la sécurité nationale. La guerre avait beau être terminée, cela ne signifiait pas que le gouvernement n’eût encore bien des secrets à protéger, et la demeure de lord Pennington pouvait fort bien recéler des documents que certaines puissances étrangères auraient été prêtes à payer au prix fort. Pénétré de cette pensée, Hugo scruta attent ivement le balcon du troisième étage, non sans maudire le bec de gaz dont la lueur l’éblouissait et l’empêchait de distinguer nettement ce qui se passait derrière le réverbère. Tout ce qu’il pouvait discerner était une forme mince et sombre, qui, au moment où il regardait, grimpa prestement sur la balustrade sculptée, prit son élan, et, au grand effroi de Devenish, se jeta littéralement dans le vide. Le cavalier réprima une exclamation à cette vue et ses poings se crispèrent sur les rênes de Sultan. « Bon s ang, mais il va se tuer ! » songea -t-il en un éclair. Il n’en fut rien cependant, et, dans la lumière glauque émanant du gaz, il vit la silhouette s’accrocher adroitement à la balustrade du balcon inférieur, rétablir son équilibre, puis sauter sur un toit en contrebas et disparaître dans l’ombre d’une tourelle. Eveiller la maisonnée en tambourinant à la porte ? L’idée traversa l’esprit de Devenish, mais il la rejeta aussitôt. Le temps qu’on vînt ouvrir, le lascar se serait évanoui dans les airs, et il aurait tiré pour rien les habitants de 18 leur sommeil. Mieux valait qu’il opérât lui -même, et sur-le- champ ! D’un mouvement preste, il se laissa glisser à bas de son cheval, qu’il attacha au premier réverbère, et se précipita dans l’étroite allée qui séparait l’hôtel Pennington de la maison voisine. Puis il leva les yeux et tâcha de distinguer le voleur, qui devait se trouver droit au -dessus de sa tête. A la lueur du bec de gaz, il vit se détacher sur le ciel sombre la silhouette d’un homm e de petite taille, qui se déplaçait vers l’arrière de la maison avec une souplesse quasi féline, en faisant sonner légèrement les ardoises sous ses pieds sans doute chaussés de feutre. A la vue de cette forme étrange, qui évoquait en lui quelque chose de vaguement familier, Hugo fronça les sourcils, tandis que tintait en lui la cloche lointaine du souvenir. Vêtu de pantalons informes et d’une veste ample, le cambrioleur portait sur la tête une sorte de bonnet, et une masse indistincte se balançait dans son dos. L’ensemble constituait un spectacle plutôt insolite, mais Devenish, trop occupé à suivre des yeux les mouve - ments du mystérieux promeneur nocturne, ne tenta pas d’approfondir cette impression. A cet instant, l’homme se laissa tomber du haut du toit et se retrouva à quatre pattes sur le faîte du mur qui entourait l’hôtel Pennington. Puis il se redressa avec souplesse et balança les bras, prêt à sauter dans le vide. Comprenant son intention en un éclair, Hugo se précipita pour l’intercepter à l’arrivée , et il se jeta dans les jambes du voleur au moment même où ce dernier atterrissait dans la ruelle. 19 — Ahi, yaa ! cria l’inconnu d’une étrange voix perçante, tout en se débattant comme un beau diable. Enlacés, les deux hommes roulèrent sur le pavé, et, au moment où il agrippait les vêtements flottants de son adversaire, Devenish sentit monter à ses -narines une odeur bien connue dont il fut pourtant incapable d’identifier sur-le-champ l’origine. Quant au visage de l’homme, il était tout bonnement invisible. Le malandrin portait un bonnet noir enfoncé très bas sur le front, et une écharpe était enroulée autour de son cou, cachant sa bouche et son menton. Tout ce que Devenish pouvait distinguer, c’étaient ses yeux, dont les prunell es étincelaient farouchement à la lumière du bec de gaz. D’une poigne ferme, Hugo saisit le bras mince du voleur et l’immobilisa d’une étreinte d’acier. — Ahi, yaa ! cria de nouveau l’homme. Et sa main, aussi précise qu’un tranchant de hache, s’abattit sur le poignet de Devenish, qui lâcha prise avec une exclamation de douleur. Profitant de son avantage, le voleur se libéra d’une secousse et s’enfuit dans l’allée, dévoilant aux yeux de son adversaire la longue natte noire qui lui pendait dans le dos. Sans perdre une seconde, Hugo se releva d’un bond et se lança à la poursuite du fugitif. Mais à peine eut -il tourné le coin de la ruelle sur les traces de l’inconnu qu’il entendit un martèlement de sabots de cheval et n’eut que le temps de se jeter contre un mur . Avec un hennissement sauvage, un pur -sang bai passa en trombe devant lui, monté par le voleur, dont le corps souple et mince se trouva un instant éclairé par la lumière crue du bec de gaz. 20 Hugo poussa une exclamation de surprise à cette vision, tandis que cavalier et monture dévalaient au galop la rue pavée avant de disparaître au premier carrefour. Mais, bien sûr, comment ne s’en était -il pas aperçu plus tôt ? Le voleur était chinois, comme l’attestait le cri très particulier qu’il avait poussé à deux reprises. Pendant ses longs séjours à l’étranger, Devenish avait assez souvent utilisé les services de coolies orientaux pour en reconnaître un à première vue, et il ne pouvait s’y tromper un seul instant. Outre la voix de l’homme, ses vêtements flottants et sa natte noire étaient tout à fait

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.