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Lettres De France Et D'Italie (1847-1852) PDF

326 Pages·1871·11.061 MB·French
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LETTRES DE FRANCE ET D'ITALIE ALEXANDRE HERZEN LETTRES DE FRANCE D'ITALIE ET (1847-1832) Til.A.DUIT DU RUBBB par Mm• N. H. ÉDITION DEB ENB'ANTB DE L'AUTEUR, GENÈVE 1871. To•• droits rûen,é•. Genève. -Impr. Czerniecki, PrC--l'Evêqne, 40, PRÉFACE Peut-être est-ce mal à propos que je publie mes lettres sur la France et l'Italie; jè le fais pourtant parce que j'ai beaucoup de loisir. Un russe n'a rien à. dire, ne peut rien dire ici à. présent. La. guerre enivre, le sa.ng des innocents monte comme un brouillard pourpre et ne permet pas de voir simplement. A contre cœur j'apporte en sacrifice à la guerre la parole libre que j'ai acquise au prix de l'exil et de pertes. Je me tais, parce que je ne veux pas confondre le gouvernement de Pétersbourg avec le peuple l'usse. Je n'ai jamais caché ma. haine pour le pre mier, et je ne cacherai jamais mon amour pour le second. ·· Mes brochures, mes articles dans le journal de Proudhon, mes lettres à Mazzini et à Michelet furent accueillis avec un vif intérêt par la preesc /' radicale de l'Europe et del' Amérique du Nord. J'ai fait l'essai de continuer le même langage au - VI - commencement de cette année (•) et j'ai soulevé un cri d'indignation, la boue des accusations igno bles et de viles allusions. Ils n'ont que faire de la vérité, à présent; pour le moment, il faut se taire ou parler d'autre chose. Ces lettres n'ont pas de rapports directs avec les évènements actuels. Elles sont restées telles qu'elles ont été écrites de 1847 à 1852. J'ai omis seulement quelques détails ennuyeux à présent, mais je n'ai touché ni au fond ni à la forme. En écrivant ces lettres, sous le bruit et le fracas des évènements,je fus souvent entraîné, mais j'ai toujours été sincère,j'en réponds, et voili) pourquoi je pense que ces lettres ne seront pas dépourvues pour le lecteur de l'intérêt qu'elles ont excité en Allemagne ( •• ). Twickenham, 9 novembre 1854. (0) Letters to W. Linton Esq. Dans son journal the English Republic dans les premières livraisons de 1854. (00) Les quatre premières lettres ont été insérées dans la revue Le Contemporain de 1847 sous le titre: Lettru de rAvenueMarigny, il va sans dire que le spectre rouge de la censure était constammeut sous mes yeux, quand je les écrivis. Les sept lettres suivantes furl'nt publiées au commencement de 1850 à Hambourg par Hofmann et Kampe : (Briife aus Italien und FrankreicA v. einem Rusaen). Le reste n'a pas encore été imprimé. On m'a proposé de les insérer dans le journal des réfugiés français en Angleterre, j'ai même écrit à ce sujet une lettre au rédacteur (voir l'Homme, 22 fev. 1854) mais j'abandonnai ce projet, ne désirant par rien provoquer une nouvelle polémique. • • • Ces lettres sont des impreBBions arrêtées à l'improviste et fixées à la bite, du temps non encore bien éloigné, mais à la tradition duquel on croit déjà avec peine. Peut-être est-ce pour cela qu'elles ont à mes yeux un prix tout particulier. C'est ma première rencontre avec l'Europe, rencontre joyeuse d'abord; comment ne pas être joyeux de s'être échappé de la Russie de Nicolas, après deux exils et une surveillance de police? Le ton gai des lettres s'assombrit, le doute de mauvais augure et l'analyse pathologique le rem placent. Les décors bigarrés de la France consti tutionnelle ne pouvaient cacher long-temps la maladie intérieure qui la. minait profondément. Plus j'examinais, plus je voyais qu'une complète révolution économique, le 93 du socialisme, peut seule ressusciter la France. Mais oà sontles forces, oà sont les hommes?... et avant tout, oà est le cerveau?- Avec un doute amer et des questions non résolues je quittais la France et je tombais directement en Italie aux premiers jours de son réveil. J'allais d'une victoire à l'autre,je ne voyais - VIII - que des figures exaltées, des regards triomphants; tout à coup le tonnerre du 24 février retentit et à. sa suite, les trônes s'écroulent, les têtes couron nées fuient, en retroussant leurs manteaux de pourpre et en se coudoyant les unes les autres sur la grande route. L'esprit ironique de la révolution a de nouveau mené tout au sommet l'homme de l'Occident, lui a montré la république en France, les barricades à Vienne, l'Italie en Lombardie et de nouveau l'a poussé dans la prison où, pour le punir de ce rêve insolent, on lui a ajouté un cercle de fer en plus. Je l'ai vu river et de nouveau mes lettres qui avaient reflété l'entraînement de 1848devien nent sombres, et ces ténèbres grandissent, gran dissent toujours jusqu'à ce que le 2 décembre 185 l le cri s'échappe : Vive la mort! Quand la dernière espérance s'évanouit, quand il ne restait plus qu'à baisser la tête et à recevoir en silence les coups qui achèvent, comme les conséquences des terribles évènements, au lieu de désespoir, la foi jeune de 1830 rentra dans mon cœur, et je me retournai avec espoir et amour. Ces lettres avec le livre que j'ai publié en Suisse .( Vom Andern Ufer) forment tout un cercle de mon voyage, de mon odyssée de pellerin. J'ai com mencé par un cri dejoie en traversant ]a frontière, et j'ai fini par mon retour moral vers ma patrie. La foi dans la Russie m'a sauvé au bord de ma perte morale, - IX - Croire à la Russie n'est pas étonnant, main tenant que Nicolas est enfoui dans la forteresse de Pétropavlovsk et que son successeur affranchit les paysans. Alors ce n'était pas ainsi. Mais à l'heure la plus sombre d'une nuit froide et maus sade, au milieu d'un monde démoralisé qui s'écrou lait, et prêtant l'oreille aux horreurs qui se com mettaient chez nous, une voix intérieure me disait de plus en plus haut que tout n'est pas encore perdu pour nous, et je répétai de nouveau les vers de Gœthe que nous récitions si souvent dans l'adolescence : Nein, ea aind keine leere Traeum~ ! Pour cette foi en elle, pour cette guérison par elle, je remercie ma patrie. La verrai-je ou non? mais l'amour pour elle m'accompagnera jusqu'au tombeau. L'accueil de ces lettres en partie publiées dans le Contemporain (Lettres de l'A venue Marigny) en partie dans l'édition allemande. ( Brieje aua Franltreiclt und Italien, Hoffmann et Kampe) et puis en russe dans notre imprimerie, fut très différent; de front avec un vif intérêt elles 1·en contrèrentde grands détracteurs. On peut résumer en trois points principaux les objections et les reproches russes. Comment parler de l'Europe en plaisantant, pourquoi détruire la foi qu'on a en elle, pourquoi précher le socialisme qui effraie et avec lequel, pour le moment, la Russie n'a rien à faire. X - ,J'ai répondu plus d'une fois aux deux p1·e mières observations; quant à la troisième j'en dirai quelques mots. Cette objection me frappa le plus par son caractère anti-russe; autrefois nous ne connaissions pas cette économie de mé nage, cette hygiène morale qui l"raint la vérité, parce que son tour n'est pas encore venu, pa.rce «I11'il n'est pas avantageux d'en parler. Si l'ori se taisait chez nous sur beaucoup de quest.ions, c'est simplement parce qu'il était défendu de parler. Ni cette abstinence de vieillard; ni cette diplomatie rusée ne nous sied. Nous sommes plus naturels, plus robustes, le choix de mets comme à l'hopital ne nous va pas; nous ne sommes ni des avocats, ni des b.ourgeois; pourquoi donc de gaieté de cœur tendre le cou au martingale et se vouer à la diète prescrite aux vieillards cac~chymes? Peut-être se formera-t-il à présent chez nous une opposition légèrement libérale, tiède; elle sera même de quelque utilité pour nettoyer la boue seigneuriale et la paille de cavalerie importée des écuries dans les rapports vitaux. Nous devons passer aussi dans notre école d'histoire, par cette classe,maisde front avec les autres. Notre variété de conception est une grande chose, c'est la com pensation, le dédommagement d'un passé amer et pauvre; ne nous mutilons pas nous-mêmes, comme dit Origènes, pour ne pas commettre de péchéti. D'nillcuri:; la c1uc11tion sociale n'est pas du tout - lll - aussi éloignée de ooui! qu'on lei,ense,noussommes à tton milieu. L'affranchissèmeut Jes paysans a,·cc la terre est le commencement d'une grande révo lution sociale dans laquelle la Russie entre. Economique ou sociale P Décidez le vous même; en nttendantje vous raconterai l'aneedote quej'lli entendue de Polevoï, à l'époque où il riuit dans son Tele9rapl&e(•) et ne pleurait pas dutout avec Pauline la Sibérienne. Un commis, amateur de journaux et grand patriote, lui demanda un jour, assure-t-il : 1< Permette~ moi de vous le demander, le brave général CoulnefF a-t-il péri sur le champ de bataille ou sur le champ d'honneur?» Je ne me rappelle plus ce que Polevoï lui a répondu, mais moi je lui aurais ait très-poliment: Lequel des deux préférez-vous? - et je l'aurais consolé en affirmant son opinion. L'occident se trouve dans de tout autres con ditions que nous, concernant la révolution fon damentale, économique. Nos craintes sont de l'imitation, un sentiment d'emprunt et par là un sentiment non motivé et non vrai. La position actuelle de l'Etat en Europe est un port qu'elle a atteint par une navigation ·pénible, par des voies compliquées au fur et à mesure, tantôt en urnnçaut trop, tantôt en retardant. Il ne présente pas l'aspect d'un état harmonieuse ment achevé, mail! celui d'nn état péniblement constitué d'après les poi,;11ibilités; en se coosoli- (0) Nom de la revue ùe Polt:voï.

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