L’ETRANGER TWENTIETH CENTURY FRENCH TEXTS Founder Editor: W.J.STRACHAN, M.A. (1959–78) General Editor: J.E.FLOWER ADAMOV/ARRABAL: Le Professeur Taranne/Pique-nique en campagne ed. Peter Norrish ANOUILH: L’Alouette ed. Merlin Thomas and Simon Lee BAZIN: Vipère au poing ed. W.J.Strachan CAMUS: La Chute ed. B.G.Garnham CAMUS: L’Etranger ed. Ray Davison CAMUS: La Peste ed. W.J.Strachan DE BEAUVOIR: Un Mort très douce ed. Ray Davison DUHAMEL: Souvenirs de la Grande Guerre ed. A.C.V.Evans DURAS: Moderato cantabile ed. W.J.Strachan ERNAUX: La Place ed. P.M.Wetherill ETCHERELLI: Élise ou la vraie vie ed. John Roach GENET: Le Balcon ed. David Walker GIDE: Les Faux-Monnayeurs ed. John Davies JOFFO: Un Sac de billes ed. P.A.Brooke LAINÉ: La Dentellière ed. M.J.Tilby OUSMANE: ô Pays, mon beau peuple! ed. P.Corcoran ROBBE-GRILLET: La Jalousie ed. B.G.Garnham ROBBE-GRILLET: Le Rendez-vous ed. David Walker SARTRE: Huis clos ed. Keith Gore SARTRE: Les Jeux sont faits ed. B.P.Donohoe SARTRE: Les Main sales ed. W.D.Redfern SARTRE: Les Mots ed. David Nott VAILLAND: 325 000 francs ed. David Nott VAILLAND: Un Jeune Homme seul ed. J.E.Flower and C.H.R.Niven CLARK (ed.): Anthologie Mitterrand HARGREAVES (ed.): Immigration in Post-War France: A documentary anthology LAUBIER (ed.): The Condition of Women in France 1945 to the present MORTELIER (ed.): Anthologie Prévert NETTELBECK (ed.): War and Identity: The French and the Second World War SCOTT (ed.): Anthologie Éluard Albert Camus L’ETRANGER Edited by Ray Davison Lecturer in French, University of Exeter LONDON AND NEW YORK First published 1988 by Routledge 11 New Fetter Lane, London EC4P 4EE Transferred to Digital Printing 2003 Routledge is an imprint of the Taylor & Francis Group This edition published in the Taylor & Francis e-Library, 2005. To purchase your own copy of this or any of Taylor & Francis or Routledge’s collection of thousands of eBooks please go to www.eBookstore.tandf.co.uk. Text © 1942 Librairie Gallimard Introduction and notes © 1988 Ray Davison All rights reserved. No part of this book may be reprinted or reproduced or utilised in any form or by any electronic, mechanical, or other means, now known or hereafter invented, including photocopying and recording, or in any information storage or retrieval system, without permission in writing from the publishers. British Library Cataloguing in Publication Data A catalogue record for this book is available from the British Library ISBN 0-203-97869-2 Master e-book ISBN ISBN 0-415-02586-9 (Print Edition) CONTENTS AVANT-PROPOS vii INTRODUCTION 1 NOTES TO THE INTRODUCTION 25 BIOGRAPHICAL APPENDIX 31 SELECT BIBLIOGRAPHY 37 40 L’ETRANGER NOTES TO THE TEXT 99 AVANT-PROPOS J’ai résumé L’Etranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale: ‘Dans notre société tout homme qui ne pleuré pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort’. Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c’est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. On aura cependant une idée plus exacte du personnage, plus conforme en tout cas aux intentions de son auteur, si l’on se demande en quoi Meursault ne joue pas le jeu. La réponse esi simple: il refuse de mentir. Mentir ce n’est pas seulement dire ce qui n’est pas. C’est aussi, c’est surtout, dire plus que ce qui est et, en ce qui concerne le cœur humain, dire plus qu’on ne sent. C’est ce que nous faisons tous, tous les jours, pour simplifier la vie. Meursault, contrairement aux apparences, ne veut pas simplifier la vie. Il dit ce qu’il est, il refuse de majorer ses sentiments, et aussitôt la société se sent menacée. On lui demande par exemple de dire qu’il regrette son crime, selon la formule consacrée. Il répond qu’il éprouve à cet égard plus d’ennui que de regret véritable. Et cette nuance le condamne. Meursault pour moi n’est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tacite, l’anime, la passion de l’absolu et de la vérité. Il s’agit d’une vérité encore negative, la vérité d’être et de sentir, mais sans laquelle nulle conquête sur soi et sur le monde ne sera jamais possible. On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L’Etranger l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Il m’est arrivé de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j’avais essayé de figurer dans mon personnage le seul Christ que nous méritions. On comprendra, après mes explications, que je l’aie dit sans aucune intention de blasphème et seulement avec l’affection un peu ironique qu’un artiste a le droit d’éprouver à l’égard des personnages de sa création. Albert Camus Paris, le 8 janvier 1955
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