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L'ethnicité en Guinée-Conakry: au prisme de l'organisation sociopolitique PDF

236 Pages·2017·1.334 MB·French
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L’ethnicité en Guinée-Conakry Y Oumar DIAKHABY B A H K A au prisme de l’organisation sociopolitique DI ar m u O Partant du constat que les conflits sociaux, la désunion entre les acteurs et le manque de solidarité nationale naissent moins de la mauvaise distribution L’ethnicité en Guinée-Conakry des ressources ou de l’inégalité sociale que de l’ignorance des questions normatives, ce livre tente d’apporter une explication au mal dont souffrent les Guinéens : l’ethnicité. au prisme de l’organisation sociopolitique En effet, cette forme d’organisation sociale, fondée sur la différenciation des acteurs en fonction de leur origine supposée, est de nos jours une référence inquiétante pour la cohésion et la concorde sociales. Cette situation s’explique par le fait que la Guinée ait été constituée par une adjonction de territoires sur lesquels vivaient des groupes ethniques n’ayant aucun projet politique de se constituer en État-nation. Le modèle politique et social bâti par les pères fondateurs européens, puis par les Guinéens, y re depuis l’indépendance survenue le 2 octobre 1958, n’a pas été remis en ku question par les générations actuelles pour une organisation plus inclusive naolitiq op et intégrationniste. Co « À force de s’approcher du feu, on finit par se brûler. » Depuis 2010, e-soci lors des premières élections démocratiques, la Guinée a replongé dans néon le démon de la division, de la stigmatisation, de la violence verbale et uiati s physique, de l’incompréhension, créant ainsi un climat de méfiance, de Gani ng peur, d’incertitude pour les jeunes et les générations à venir. eor é e l’ td cie Oumar DIAKHABY, né le 26 mars 1986 à Labé, est doctorant en nism hri sciences politiques de l’université de Bourgogne-Franche-Comté, etu p laboratoire CREDESPO. Arrivé à Conakry en 2009 pour L’a l’enseignement supérieur, il suivit les cours de première année de droit à l’université Kofi-Annan. La même année, il obtint son visa étudiant pour faire ses études en France, en Bourgogne, où il acquit ses deux diplômes de master en sociologie, en communication et médiations ainsi qu’un diplôme universitaire d’action humanitaire. Engagé pour la solidarité Préface de Bruno Laffort internationale, il est le président de l’association franco-guinéenne Bourgogne en aide à la scolarisation des enfants de Guinée (BASE de Guinée). Dessin de couverture d'Océane Dupré. ISBN : 978-2-343-10339-6 € 25 L’ethnicité en Guinée-Conakry au prisme de l’organisation sociopolitique Oumar DIAKHABY L’ethnicité en Guinée-Conakry au prisme de l’organisation sociopolitique Préface de Bruno Laffort © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-10339-6 EAN : 9782343103396 Considérant qu’il n’y a pas un sens figé de l’histoire, mais des histoires auxquelles les Guinéens doivent donner du sens, j’en appelle à la lucidité et à l’esprit critique, car parler de développement implique nécessairement le dépassement du discours sur la paix et sur l’unité nationale ; comprendre, vouloir, désirer et non haïr ou trahir. REMERCIEMENTS Ce livre est un long travail de recherche de plusieurs mois, réalisé avec le concours de certaines personnes sans lesquelles je n’aurai pu atteindre mes objectifs. Mes remerciements vont à Monsieur Bruno Laffort, mon directeur de mémoire, pour ses précieux conseils, l’intérêt qu’il a accordé à cette thématique de l’ethnicité en Guinée qui, pourtant au début n’était pas évidente, sa disponibilité, son investissement personnel dans nos différentes rencontres. Je remercie également Monsieur Matthieu Gateau pour son encouragement et ses conseils. J’exprime ma gratitude à mon frère Ibrahima M’Bemba Diakhaby qui en lisant ce mémoire m’a apporté de précieux conseils. Je suis reconnaissant à tous les enquêtés qui m’ont été d’une aide indispensable pour la réalisation de ce travail. PRÉFACE La recherche d’Oumar Diakhaby s’avère stimulante à plus d’un titre. Ce chercheur en sociologie pose une question essentielle, une question qui remonte à la nuit des temps et à laquelle d’autres intellectuels et hommes politiques ont tenté de répondre avant lui : comment vivre ensemble malgré nos différences ? En d’autres termes, comment « faire société » dans un monde globalisé, dans un monde de plus en plus complexe où les identités sont de plus en plus distendues, de plus en plus liquides, pour reprendre le terme employé par Zygmunt Bauman dans son ouvrage éponyme ? Dès l’introduction, l’auteur nous présente cette mosaïque qui constitue la Guinée-Conakry d’aujourd’hui ; elle ne contient pas moins de quatre grandes régions géographiques différentes, trois groupes ethniques principaux (Les Malinkés, les Peulhs et les Soussous) et une dizaine d’autres ethnies dites « minoritaires », trois langues principales (le malinké, le soussou et le poular), mais aussi d’autres à côté du français (qui constitue la langue officielle), une religion principale- l’islam - mais aussi quelques chrétiens qui se retrouvent notamment au sein du groupe des Forestiers et dans la Basse-Côte. Il existe, bien sûr, des recoupements entre les territoires occupés, la langue, l’ethnie dont on se revendique et la religion pratiquée, mais avec de nombreuses exceptions qui témoignent de l’extraordinaire diversité - on pourrait dire richesse - dont peuvent se réclamer les habitants de ce pays. 11 L’intérêt de sa réflexion est de croiser les théories de l’ethnicité - remises à l’honneur en France avec les travaux de Fredrik Barth, de Marco Martiniello, de Jean-Loup Amselle et d’Elikia M’Bokolo - avec un terrain d’étude concret : celui de la Guinée-Conakry dont il est originaire. Cet aller-retour entre théorie et pratique constitue sans aucun doute la partie la plus originale de cet ouvrage. Mais tout d’abord, qu’est-ce que l’ethnicité ? Conservons la définition du père fondateur de la sociologie compréhensive, Max Weber ; dans son ouvrage Économie et société, il définit l’ethnicité comme un élément qui renvoie à un sentiment d’appartenance à une entité commune. Il y a donc là deux mots-clefs sur lesquels nous devons nous arrêter : le sentiment, qui est une donnée subjective par essence, et donc sujette à réinterprétation constante (voire à modification) ; l’appartenance, qui définit - avec d’autres items - l’identité constitutive de l’individu, mais aussi du groupe. Cette dimension subjective est fondamentale : elle inscrit l’ethnicité dans une construction sociale qui dès lors, peut être instrumentalisée par les pouvoirs en place (nous y reviendrons). À bon escient, et de manière très fine, l’auteur montre que l’ethnicité constitue certes un élément de l’identité guinéenne, mais avec de nombreux autres que sont la religion, les classes sociales (même si ces dernières n’obéissent pas à la définition occidentale (marxiste) dans ce pays, notamment à cause de la faiblesse de l’industrialisation), les lieux géographiques d’établissement des hommes et des femmes, les métiers exercés (agriculteurs, éleveurs, commerçants ...), etc. L’ethnie est donc une valeur importante de l’identité guinéenne, mais ne 12 saurait à elle seule définir une sorte d’identité qui serait fixée dans le marbre, de manière une et indivisible. Dans la deuxième partie de son ouvrage, Oumar Diakhaby se demande quel pourrait être le « modèle idéal » de gouvernance pour son pays. Cela le conduit à analyser les similitudes et les divergences de l’ethnicité avec le nationalisme, pour montrer, selon lui, « que contrairement au nationalisme, l’ethnicité n’entraîne pas, ou très rarement, cette quête de la souveraineté politique pour les groupes sociaux qui se définissent par une même identité ethnique ». À l’en croire, l’ethnie serait donc un concept à « bas bruit » qui ne conduirait pas forcément les individus à l’affrontement. Néanmoins, la mise en avant excessive des ethnies au sein d’une organisation sociopolitique conduit souvent à exacerber les discriminations, cela engendrant des affrontements presque inévitables ; le Rwanda en constitue à ce titre un triste exemple. Cette partie, comme les suivantes, est émaillée d’extraits d’entretiens de Guinéens - principalement des universitaires - ayant réfléchi sur la « question ethnique » en Guinée, mais qui ont aussi mené un travail de décentrement, nécessaire pour aborder ces questions de manière dépassionnée. La richesse de leurs propos, habilement mis en valeur par l’auteur, donne de la consistance à cette recherche qui devient très vivante, au- delà d’un simple exercice de style. Dans cette recherche du lien social et d’une démocratie moderne adaptée aux valeurs guinéennes que l’auteur prône de ses vœux, il ne semble pas que l’ethnie constitue la meilleure base de départ, comme le rappelle une des personnes rencontrées : « La pauvreté de la Guinée commence par la pauvreté de l’analyse de notre propre situation. Aborder le développement avec des approches 13 ethniques, c’est la façon la plus primitive de cerner nos difficultés de développement. » Oumar Diakhaby revient ensuite sur d’autres modèles de « faire société » qui se sont constitués dans le monde ; il évoque notamment le multiculturalisme qui s’est constitué Outre-Manche et aux États-Unis. Ces pages auraient gagné à être plus charpentées, tant les débats autour de ce concept - dans la vieille Europe comme aux États-Unis - sont riches et que les désaccords sur les vertus de ce « modèle » persistent… Pour ne donner qu’un seul exemple, le multiculturalisme qui a longtemps prévalu aux Pays-Bas a été remis en question après l’assassinat de Théo Van Gogh. La troisième partie de l’ouvrage constitue le travail le plus personnel et le plus « engagé » de l’auteur. Celui-ci retrace l’histoire de la Guinée, essentiellement depuis son accès à l’indépendance, pour constater que les principaux chefs d’État successifs ont toujours instrumentalisé à leur profit telle ou telle ethnie. Cette partie sociohistorique se termine sur un constat de l’auteur dans une sorte d’épilogue : selon lui, les évènements sociopolitiques de ces six dernières années marqueraient une accentuation de cette « instrumentalisation ethnique ». La voie actuelle ne serait plus celle du « vivre ensemble », mais au contraire celle d’une radicalisation dans les discours qui conduit à une exacerbation des conflits. En filigrane, l’auteur semble finalement en appeler à une constitution progressive d’un « État-nation » en Guinée, pays avec lequel on sent qu’Oumar Diakhaby entretient un fort attachement et aspire à une profonde mutation, allant dans le sens du développement, de la justice et de la cohésion sociale. C’est peut-être là qu’il faudra reprendre l’analyse menée par Oumar Diakhaby en se demandant si l’État- nation - qui est aussi une invention de l’Occident et qui, 14

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