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Les troubles du sommeil PDF

502 Pages·2011·40.713 MB·French
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Les troubles du sommeil Les troubles du sommeil Michel Billiard Professeur honoraire des universités Yves Dauvilliers Professeur des universités, Praticien hospitalier 2e édition entièrement revue et actualisée Tirage corrigé DANGER Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photocopillage ». Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans les établissements d’enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée. Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes d’autorisation de photocopier doivent être adressées à LE l’éditeur ou au Centre français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins, PHOTOCOPILLAGE 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70. TUE LE LIVRE Éditeur : Jean-Baptiste Roux Chef de projet : Nathalie Morellato Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). © 2012, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ISBN : 978-2-294-71025-4 Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex www.elsevier-masson.fr Liste des auteurs Isabelle Arnulf, unité des pathologies du sommeil, de psychiatrie, Université McGill, 6875 centre national de référence pour la narcolepsie boulevard Lasalle, Montréal, Québec, H4H 1R3 et l’hypersomnie, hôpital Pitié-Salpêtrière et uni- Canada. versité Pierre et Marie-Curie et Inserm UMRS 975, Patrice Bourgin, unité de pathologies du sommeil, 47 boulevard de l’hôpital, 75 013 Paris, France. département de neurologie, centre hospitalier et Claudio Bassetti, department of neurology, university universitaire de Strasbourg, 1 place de l’hôpital, hospital (Inselspital), Bern CH 3010 Suisse. 67 091 Strasbourg cedex ; CNRS-UPR 3212, institut Virginie Bayon, université Paris Descartes, Hôtel- des neurosciences cellulaires et intégrations, 5 rue Dieu de Paris, APHP, centre du sommeil Blaise Pascal, 67 000, Strasbourg, France. et de la vigilance, consultation de pathologie Bernard Bouteille, laboratoire de parasitologie professionnelle sommeil, vigilance et travail. EA 3174, université de Limoges, 2 rue du Docteur- Centre de référence national hypersomnies rares. Marcland, 87 025, Limoges cedex, France. Centre satellite européen Stanford de recherche en Alain Buguet, centre de recherche en neurosciences épidémiologie des troubles du sommeil et de la de Lyon, Inserm U-268, université Claude-Bernard vigilance, 1 place du parvis Notre-Dame, 75 181 Lyon 1, 8 avenue Rockefeller, 69 373 Lyon cedex 08, Paris cedex 04, France. France, polyclinique Marie-Louise Poto-Djembo, Lynda Bélanger, université Laval, école de route de Diosso, BP 51, Pointe-Noire, Congo. psychologie, 2325, rue des bibliothèques, Québec, Bertrand Carlander, département de neurologie, Québec, QC G1V 0A6, Canada. Hôpital Gui-de-Chauliac, 80 avenue Augustin- Alain Besset, Inserm-U1061, université de Fliche, 34 295 Montpellier cedex 5, France. Montpellier, hôpital de la Colombière, 39 avenue Maria Clotilde Carra, facultés de médecine Charles Flahaut, BP 34493, 34 093 Montpellier, dentaire et de médecine, université de Montréal, cedex 5, France. département de chirurgie, traumatologie et Michel Billiard, département de neurologie, centre d’études sur le sommeil et les rythmes hôpital Gui-de-Chauliac, université de biologiques, hôpital du Sacré-Cœur, 5400 Montpellier, 80 avenue Augustin-Fliche, 34 295 boulevard Gouin ouest, Montréal, Québec, QC Montpellier, cedex 5, France. H4J 1C5, Canada. Diane B. Boivin, institut universitaire en santé Carlo W. Cereda, capoclinica, neurocentro (EOC) mentale Douglas, centre d’étude et de traitement della svizzera italiana. Servizio di neurologia, des rythmes circadiens, programme intégré de ospedale civico, via Tesserete 46, Lugano CH 6903 neuroscience, université McGill, 6875 boulevard Suisse. Lasalle, Montréal, Québec, H4H 1R3, Canada. Raymond Cespuglio, centre de recherches en Isabelle Bonafé, UFR odontologie, université neurosciences de Lyon, Inserm U-268, université Montpellier 1 & centre de soins, d’enseignement Claude-Bernard Lyon 1, 8 avenue Rockefeller, et de recherche dentaire, 545 avenue du Pr Jean- 69 373 Lyon cedex 08, France. Louis Viala 34 093 Montpellier, cedex 5, France. Marie-Joséphe Challamel, unité de sommeil de Philippe Boudreau, institut universitaire en l’enfant, hôpital femme, mère, enfant et Inserm santé mentale Douglas, centre d’étude et de U-628, université Claude-Bernard, 59 boulevard traitement des rythmes circadiens, département Pinel, 69 500, Lyon, France. V Liste des auteurs Raymond Cluydts, biological psychiatry research Luc Laberge, département des sciences de la unit, university of Brussels, Pleinlaan 2, 1050 santé, université du Québec à Chicoutimi, 555 Brussels, Belgium. boulevard de l’université, Chicoutimi, Québec, Valérie Cochen De Cock, département de G7H 2B1, Canada, ECOBES recherche et transfert, neurologie ; centre national de référence des 3791 rue de la Fabrique, Cégep de Jonquière, maladies orphelines (narcolepsie, hypersomnie Jonquière, Québec, G7X 3W1, Canada. idio pathique, syndrome de Kleine-Levin), hôpital Hans-Peter Landolt, institut de pharmac ologie Gui-de-Chauliac, 80 avenue Augustin-Fliche, et de toxicologie, université de Zurich. 34295 Montpellier, cedex 5, Inserm U-1061, Winterthurerstrasse 190, Zurich, 8057, Suisse, université de Montpellier, hôpital de la Colombière, centre de physiologie intégrative de Zurich (ZHIP), 39 avenue Charles Flahaut, BP 34 493, 34 093 université de Zurich, Winterthurerstrasse 190, Montpellier, cedex 5, France. Zurich, 8057, Suisse. Georges Copinschi, laboratoire de physiologie, Gilles Lavigne, facultés de médecine dentaire et université libre de Bruxelles CP 604, 808 route de de médecine, université de Montréal ; département Lennik, B-1070, Bruxelles, Belgique. de chirurgie, traumatologie, et centre d’études sur le sommeil et les rythmes biologiques. Hôpital du Louis Crampette, service ORL et chirurgie Sacré-Cœur, 5400 boulevard Gouin ouest. cervico-faciale, hôpital Gui-de-Chauliac, 80 avenue Montréal, Québec, H4J 1C5, Canada. Augustin-Fliche, 34 295, Montpellier, cedex 5, France. Michel Lecendreux, centre pédiatrique des pathologies du sommeil et centre de référence Yves Dauvilliers, département de neurologie, pour la narcolepsie et les hypersomnies rares, centre national de référence des maladies centre hospitalier universitaire Robert Debré, orphelines (narcolepsie, hypersomnie idiopathique, 48 boulevard Sérurier, 75 019, France. syndrome de Kleine-Levin), hôpital Gui-de- Chauliac, 80 avenue Augustin-Fliche, 34295 Damien Léger, université Paris Descartes, Hôtel- Montpellier, cedex 5, Inserm U-1061, université de Dieu de Paris, APHP, centre du sommeil et de la Montpellier, hôpital de la colombière, 39 avenue vigilance, consultation de pathologie professionnelle Charles-Flahaut, BP 34 493, 34 093 Montpellier, sommeil, vigilance et travail, centre de référence cedex 5, France. national hypersomnies rares, centre satellite européen Stanford de recherche en épidémiologie Gaétane Deliens, UR2NF, unité de recherche en des troubles du sommeil et de la vigilance, 1 place neuropsychologie et en neuroimagerie fonc- du parvis Notre-Dame, 75 181 Paris cedex 04, tionnelle, université libre de Bruxelles, CP191, France. avenue Franklin D. Roosevelt, 50, B-1050, Rachel Leproult, unité de recherches en Bruxelles, Belgique. neurophysiologie et neuro-imagerie fonctionnelle Patricia Franco, unité de sommeil de l’enfant, (UR2NF), faculté des sciences psychologiques et hôpital femme, mère, enfant et Inserm U.628, de l’éducation, Université libre de Bruxelles, CP université Claude-Bernard, 59 boulevard Pinel, 191, avenue Franklin D. Roosevelt 50, B-1050 69 500, Lyon, France. Bruxelles, Belgique. Olivier Gallet de Santerre, service ORL et Patrick Lévy, laboratoire du sommeil et EFCR, chirurgie cervico-faciale, clinique Beausoleil, 119 centre hospitalier et universitaire de Grenoble, avenue de Lodève, 34070 Montpellier, France BP 217, 38043 Grenoble cedex 09. Laboratoire Claude Gronfier, département de chronobiologie, HP2, Inserm-U-1042, faculté de médecine de Inserm U846, institut cellule souche et cerveau, 18 Grenoble, domaine de la merci, avenue des maquis avenue du doyen Lépine, F-69500 Bron, université de Grésivaudan, 38 706, La Tronche, Grenoble, Claude Bernard-Lyon 1, université de Lyon, 69 003 France. Lyon, France. Pierre-Hervé Luppi, CNRS-UMR 5167, physio- Luc Hittinger, fédération de cardiologie, hôpital pathologie des réseaux neuronaux du cycle veille- H. Mondor – A. Chenevier, 51 avenue du Maréchal sommeil, faculté de médecine Laennec, 7 rue de Lattre de Tassigny, 94010 Créteil, France. Guillaume Paradin, Lyon cedex 69 372, France. VI Liste des auteurs Christiane Manzini, facultés de médecine avenue des maquis de Grésivaudan, 38 706, La dentaire et de médecine, université de Montréal, Tronche, Grenoble, France. département de chirurgie, traumatologie, et Boris Pételle, service ORL, chirurgie de la face et centre d’études sur le sommeil et les rythmes du cou, hôpital Saint Antoine, 184 rue du faubourg biologiques, Hôpital du Sacré-Cœur, 5400 Saint-Antoine 75 012 Paris, France boulevard Gouin ouest, Montréal, Québec, H4J Dominique Petit, département de psychiatrie, 1C5, Canada. université de Montréal, centre d’études avancées Jean-Claude Meurice, service de pneumologie, en médecine du sommeil, hôpital du Sacré-Cœur, centre hospitalier universitaire la Milètrie, 2 rue 5400 boulevard Gouin ouest, Montréal, Québec, de la Milètrie, 86021, Poitiers cedex, France. H4J 1C5, Canada. Jacques Montplaisir, département de psychiatrie, Pierre Philip, université Bordeaux 2, CNRS université de Montréal et centre d’études avancées GENPPHASS, clinique du sommeil, centre en médecine du sommeil, hôpital du Sacré-Cœur, hospitalier universitaire Pellegrin, place Émilie 5400 boulevard Gouin ouest, Montréal, Québec, Raba-Léon, 33 076, Bordeaux cedex, France. H4J 1C5, Canada. Paola Proserpio, centro per la chirurgia Charles Morin, université Laval, école de dell’epilepsia e del Parkinson « Claudio Munari », psychologie, 2325 rue des bibliothèques, local centro per la diagnosi e cura del disturbi del 1030, Québec, Québec, QC G1V 0A6, Canada. sonno, ospedale Niguarda Ca’ Granda, piazza Alain Muzet, 21, rue de Reims, 67 118, Ospedale Maggiore 3, 20162, Milano, Italia. Geispolsheim, France Markus Schmidt, Ohio sleep medicine and Lino Nobili, centro per la chirurgia dell’epilepsia neuroscience institute, 4975 Bradenton Avenue, e del Parkinson « Claudio Munari », centro per la Dublin, OH 43017, USA. diagnosi e cura del disturbi del sonno, ospedale Carmen M. Schröder, service de psychiatrie Niguarda Ca’ Granda, Piazza Ospedale Maggiore infantile, pôle psychiatrie et santé mentale, et 3, 20162, Milano, Italia. unité de pathologies du sommeil, département de Maurice Ohayon, Stanford sleep epidemiology neurologie, centre hospitalier et universitaire de research centre, school of medicine, Stanford Strasbourg, 1 place de l’hôpital, 67 091 Strasbourg University, 3430 West Bayshore road, Suite 102, cedex et CNRS-UPR 3212, département de Palo-Alto, CA 94303, USA. neurobiologie des rythmes, institut des Marie-Pia d’Ortho, centre du sommeil- neurosciences cellulaires et intégratives, 5 rue neurophysiologie, service de physiologie, Blaise Pascal, 67 000 Strasbourg, France. explorations fonctionnelles, AP-HP, centre Jacques Taillard, CNRS, Sommeil attention et hospitalier et universitaire Bichat, université neuropsychiatrie, USR 3413, université de Denis Diderot Paris 7, 46 rue Henri-Huchard, Bordeaux, centre hospitalier et universitaire de 75 018, Paris, France. Bordeaux, Place Amélie Raba-Léon, 33 076, Philippe Peigneux, UR2NF, unité de recherche Bordeaux cedex, France. en neuropsychologie et en neuroimagerie Irene Tobler, institut de pharmacologie et fonctionnelle, université libre de Bruxelles, de toxicologie, université de Zurich, CP 191, avenue Franklin D. Roosevelt, 50, B-1050, Winterthurerstrasse 190, Zurich, 8057, Suisse. Bruxelles, Belgique. Antonio Zadra, département de psychologie, Jean-Louis Pépin, laboratoire du sommeil et université de Montréal, Cp 6128, Succ Centre- EFCR, centre hospitalier et universitaire de ville, Montréal, Québec, QC H3C 3J7, Canada, Grenoble, BP 217, 38043 Grenoble cedex 09. centre d’études avancées en médecine du sommeil, Laboratoire HP2, Inserm U-1042, faculté de hôpital du Sacré-Cœur, 5400 boulevard Gouin médecine de Grenoble, domaine de la merci, ouest, Montréal, Québec, H4J 1C5, Canada. VII Préface L’ère moderne des recherches sur le sommeil a débuté véritablement au cours des années 1950 par la découverte des stades du sommeil tels que nous les connaissons maintenant. Par la suite, l’étude des bases biologiques du sommeil a tiré profit du développement des nouvelles méthodes d’investigation et de l’évolution de nos connaissances en neurosciences, qui ont permis d’identifier les régions du cerveau et les neurotransmetteurs impliqués dans la régulation des états de veille et de sommeil, notamment au niveau des noyaux antérieurs et postérieurs de l’hypothalamus. La fin des années 1950 marque aussi le début des recherches en laboratoire sur les troubles du sommeil en commençant par l’étude de la narcolepsie. Bien sûr, la maladie était déjà connue en France où elle avait été bien décrite à la fin du xixe siècle par Gélineau, mais c’est la découverte du sommeil paradoxal qui a permis d’en comprendre la physiopathologie et de conce- voir des outils diagnostiques et thérapeutiques. Les chercheurs de Mont- pellier ont grandement contribué à ces découvertes et ils ont organisé à la Grande Motte en 1976 le premier congrès mondial dédié à la narcolepsie. Ces premiers travaux ont eu une importance capitale car ils ont ouvert la voie à un nouveau domaine de la médecine : l’exploration fonctionnelle du sujet endormi. Dans les années 1960 à 1980, se sont succédées une série d’observations clini- ques et polygraphiques qui ont permis d’établir une véritable sémiologie des troubles du sommeil. C’est à cette époque qu’on a observé que le somnambu- lisme et les terreurs nocturnes survenaient spécifiquement lors d’éveils brus- ques et incomplets en sommeil lent profond du début de la nuit et qu’on a décrit plus précisément les manifestations nocturnes de l’épilepsie. En 1966, des chercheurs de Marseille ont fait une observation étonnante. ils ont noté la présence d’arrêts respiratoires au cours du sommeil chez des sujets obèses atteints du syndrome de Pickwick. Cette découverte mènera à l’identification du syndrome d’apnées obstructives au cours du sommeil (SAOS) qui demeure encore aujourd’hui le trouble du sommeil le plus étudié. C’est à cette époque que les pneumologues et un peu plus tard les cardiologues ont découvert la médecine du sommeil. Au cours de la même période, plusieurs laboratoires dont celui de Bologne se sont intéressés au syndrome des jambes sans repos (SJSR) et par voie de conséquence aux mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil. Les années 1980–2000 furent marquées par des percées significatives dans le traitement des apnées et des troubles moteurs au cours du sommeil. En 1981 des chercheurs australiens ont mis au point la ventilation en pression positive continue, encore utilisée aujourd’hui pour traiter le SAOS. Un peu plus tard, notre laboratoire a participé aux premières études sur le traitement du SJSR par la lévodopa et les agonistes de la dopamine. La découverte de ces traite- IX Préface ments a eu une influence considérable sur le développement de la médecine du sommeil car les spécialistes du sommeil disposaient désormais de traitements spécifiques et efficaces pour contrer les deux maladies les plus fréquentes du sommeil si on exclut l’insomnie de diverses origines. En raison de l’intérêt cli- nique mais aussi économique de ces découvertes, se sont alors multipliées en Amérique du Nord, en Europe et au Japon des cliniques spécialisées dans l’in- vestigation et le traitement des troubles du sommeil. Cette période a été aussi marquée par la reconnaissance au milieu des années 1980 du trouble compor- temental en sommeil paradoxal (TCSP), qui a été décrit au départ comme une simple parasomnie due à une perte de l’atonie musculaire du sommeil para- doxal. Dix ans plus tard, l’étude longitudinale de ces patients TCSP a révélé que plus de la moitié d’entre eux avaient développé par la suite une maladie dégénérative et en particulier la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. Cette découverte a attiré l’attention des spécialistes des troubles du mouvement qui, à la suite des pneumologues et des cardiologues se sont inté- ressés aux troubles du sommeil. Les années 2000 ont été marquées par la réalisation de grandes études épi- démiologiques démontrant la prévalence de nombreux troubles du sommeil dans la population générale et leur association avec une baisse des perfor- mances cognitives, de la productivité et de la qualité de vie, sans compter les accidents dus à une baisse de la vigilance. Pendant la dernière décennie, la sémiologie des troubles du sommeil s’est affinée et des critères standardisés de diagnostic ont été établis, ce qui a grandement favorisé le développement de la recherche clinique. Ainsi se sont aussi multipliées les études multicen- triques d’évaluation des traitements pharmacologiques ou non pharmaco- logiques des troubles du sommeil. Lors des dix dernières années, de grands progrès ont été réalisés portant notamment sur le rôle des facteurs génétiques et immunologiques dans l’apparition des troubles du sommeil. On a ainsi identifié le gène de la narcolepsie animale et cette découverte a permis de définir le rôle de l’hypocrétine (orexine) dans la régulation de l’éveil et l’étio- logie de la narcolepsie chez l’humain. D’autres études plus récentes ont mis en évidence des anomalies génétiques dans le SJSR, le somnambulisme et le SAOS. Les recherches sur l’insomnie ont aussi connu des développements impor- tants. Dans les années 1960–1980, la recherche sur l’insomnie se limitait à l’évaluation clinique des traitements pharmacologiques. À partir de 1980, la sémiologie de l’insomnie s’est affinée, le rôle des facteurs psychologiques, anxiété et troubles de l’humeur, a été précisé et le concept d’une insomnie dite psychophysiologique, due à un conditionnement négatif du sommeil et expliquant la persistance de l’insomnie après résolution de la cause initiale du trouble du sommeil, s’est progressivement dégagé. On s’est aussi beaucoup intéressé aux conséquences de l’insomnie et des troubles du sommeil sur le fonctionnement diurne : troubles de la vigilance et risque d’accidents, mais aussi troubles psychiatriques, maladies cardiovasculaires, obésité et troubles métaboliques. X Préface Le sommeil est un besoin physiologique universel qui joue un rôle détermi- nant dans la prévention des problèmes de santé et dans leur guérison. À une époque où nous sommes inondés d’informations et souvent laissés à nous- mêmes pour séparer le vrai du faux, du possible ou du probable, il est rassu- rant d’avoir cet ouvrage pour nous guider dans l’univers fascinant du sommeil et de ses désordres. il a été rédigé par des scientifiques et des cliniciens qui ont grandement contribué à l’avancée de nos connaissances sur le sommeil et à l’émergence de cette discipline à part entière qu’il est maintenant convenu d’appeler la médecine du sommeil. Jacques Montplaisir Professeur titulaire, département de psychiatrie, Université de Montréal XI Abréviations AE activité épileptique DIS difficulté d'initiation du sommeil AANAT arylalkylamine N-acétyltransférase DLMO dim light melatonin onset AASM American Academy of Sleep Medicine DM1 dystrophie myotonique de type 1 Ach acétylcholine DMD dystrophie musculaire de Duchenne ACTH adreno cortico trophic hormone DMS difficulté de maintien du sommeil ADA adénosine déaminase DOPAC acide 3,4-dihydroxyphényl acétique ADN acide désoxyribonucléique DORA dual orexin receptor antagonists ADP adénosine diphosphate DPGi dorsal paragigantocellular (nucleus) AIT accident ischémique transitoire DRN dorsal raphe nucleus AMM autorisation de mise sur le marché DSM-IV Diagnostic and Statistical Manual AMP adénosine monophosphate of Mental Disorders (4st edition) AOS apnées obstructives du sommeil Dsp1 delta-sleep-power-1 ARN acide ribonucléique EEG électroencéphalogramme ASLO anticorps antistreptococciques ELS érections liées au sommeil ATM articulation temporo-mandibulaire EMEA European Medicines Evaluation Agency ATP adénosine triphosphate EMDR eye movement desensitization and ATU autorisation temporaire d’utilisation reprocessing AUC area under the curve EMG électromyogramme AVC accident vasculaire cérébral ENU N-nitroso-N-éthylurée BF basal forebrain ENT equilibrative nucleoside transportér BMAL1 brain and muscle aryl hydrocarbon EOG électrooculogramme receptor nuclear translocator-like protein 1 EVA échelle visuelle analogique BNP brain natriuretic factor FA fibrillation auriculaire BPCO bronchopathie chronique obstructive FASPS familial advanced sleep-phase syndrome BZD benzodiazépine FEVG fraction d’éjection ventriculaire gauche CAP cyclic alternating pattern FFT fast Fourier transform CATT card agglutination Trypanosomiasis test FOP foramen ovale perméable CDT constante de temps FR formation réticulée CIM-10 Classification internationale des FRM formation réticulée mésencéphalique maladies (10e édition) FTT finger-tapping task CK complexe K GABA acide gamma-aminobutyrique CLOCK circadian locomotor output cycles kaput GH growth hormone CNT concentrative nucleoside transporter GHB gamma hydroxybutyrate CO monoxyde de carbone GHRH growth hormone releasing hormone COMT catéchol-O-méthyltransférase GiV gigantoventral (reticular nucleus) CPAP continuous positive airway pressure Hcrt hypocrétine CRH corticotropin releasing hormone HI hypoxie intermittente CSB Cheyne-Stokes breathing 5-HIAA 5-hydroxyindolacetic acid CYP cytochrome P450 HIS histamine DA dopamine HR hazard ratio DAT dopamine transporter 5-HT sérotonine DC dérivation en courant continu HTA hypertension artérielle dDpMe dorsal deep mesencephalic reticular nucleus HTAP hypertension artérielle pulmonaire (noyau profond du mésencéphale dorsal) HVA homovanillic acid DEP débit expiratoire de pointe HVACC hypoventilation alvéolaire centrale DFSH dystrophie facio-scapulo-humérale congénitale XIII

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