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LES STRUCTURALISMES ET LEURS CONFLITS par ALEXANDRE VEXLIARD Professeur à la PDF

26 Pages·2009·0.26 MB·French
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LES STRUCTURALISMES ET LEURS CONFLITS par ALEXANDRE VEXLIARD Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université d'Ankara Le structuralisme se présente avant tout comme un cadre théorique et méthodologique général, au moyen duquel on cherche à interpréter (expliquer, comprendre), à un certain niveau d'abstraction, les faits ou les événements que nous observons. Presque tous les mots en "isme" constitutuent des cad res de cette sorte. La notion de structure est de nos jours amplement utilisée dans toutes les sciences, parfois avec des dénominations différentes (systè me, holon...); il ne s'agit pas seulement des sciences humaines: on retrouve ce concept en mathématiques, en physique aussi bien qu'en biologie. Dans l'ensemble, la structuralisme représente une vaste offensive menée contre une conception atomiste, mécaniste de la science, héritée du XIX e siècle. Selon cette dernière on pensait pouvoir expliques le monde en le décompo sant en une série d'entités élémentaire, leur ensemble étant conçu comme une mécanique, répondant automatiquement aux influences du milieu ou à des impulsions internes également mécanique. Le structuralisme lui, met l'accent sur l'organisation des ensembles structurés, qui ne peuvent être comp ris par la connaissance de leurs éléments; il insiste aussi sur les relations et l'interdépendance des parties, la capacité d'autorégulation des ensembles et, dans les domaines de la biologie et des sciences humains sur la capacité de croissance, de développement, de spontanéité. Ainsi, le structuralisme tend à mettre en échec la conception mécaniste et atomiste de la science, qui joue encore un rôle dominant dans la plupart des sciences humaines. La situation est cependant compliquiée du fait qu'il existe un grand nom bre de structuralismes qui parfois se complètent, souvent s'ignorent et dans 128 ALEXANDRE VEXLIARD certains cas, entrent en conflit. Cette variété est en partie légitime. En effet, il est normal que, dans les diverses sciences, on insiste particulièrement sur certaines propriétés des structures et on en néglige d'autres. Par exemple, dans la psychologie de la perception on met en avant le rôle des ensembles dans la perception des détails mais on néglige des propriétés des structures, importantes dans d'autres domaines: auto-régulation, contrôles, hiérarche, spontanéité. Ce qui est plus grave, c'est qu'à l'intérieur d'une même dis cipline, ou dans l'étude d'un même objet, il peut y avoir des conflits dans conception que l'on se fait des structures. La plupart du temps de tels conflits ne sont graves qu'en apparence: il s'agit d'investigations que l'on poursuit à différents niveaux du réel. Ainsi, nous pouvons étudier la structure d'une table pour en reconnaître le style. Le botaniste envisagera ses cellules pour déterminer la nature de son bois; le chimiste se placera au niveau des molécules; le physicien se préoccupera de la structure intra-atomique. Dans cet exemple la stratification des niveaux du réel est explicite. Mais dans les sciences humaines, par exemple en psy chologie, on ne voit pas le fait que le psychanalyste et le behavioriste, n'opèrent pas au même niveau du réel. Ce qui, par contre constitue un véritable danger, c'est qu'il existe de faux structuralismes; entendons par là que certains auteurs donnent le nom de struc ture à ce qui n'en possède pas vraiment les caractéristiques fondamentales. Or, dans bien de cas, il s'agit d'auteurs qui se réclament avec le plus de vigueur (et de bruit) du structuralisme. Le présent exposé s'articulera comme suit: I. Situation du structuralis me par rapport à d'autres principes d'interprétation. II. Confusions verbales à propos du structuralisme. III. Exemples d'interprétations structuralistes dans quelques disciplines. IV. Critique et évaluation. I. SITUATION DU STRUCTURALISME Il existe plusieurs dizaines ou même des centaines de doctrines en "isme". Nous n'évoqueorons ici, que celles auxquelles diverses formes du structuralisme se trouvent en opposition. 1) L'atomisme analytique tend à expliquer les phénomènes en les dé composant en leurs éléments (comme on le fait en chimie). Il s'agit de la va riante la plus répandue des diverses formes du reductionnisme: expliquer le complexe par ce qui est simple, le supérieur par l'inférieur. Ainsi, on tente LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 129 d'expliquer les conduites humaines complexes par le jeu des réflexes; les ins titutions sociales telles que le droit, la religion ne seraient rien d'autre que des moyens tendant à satisfaire les besoins biologiques élémentaires etc.. 2. L'historicisme: l'explication de ce que nous observons aujourd'hui est fournie par événements passés. Certains formes du structuralisme, notamment en anthropologie (Lévi-Strauss), sont opposées à ce genre d'explication. C'est l'analyse structurale de ce qu'on observe "ici et maintenant", qui rend entiè rement compte des faits. En psychologie et en biologie, l'explication tempo relle prend le nom de génétisme; mais le génétisme est est plus particulièrement préoccupé par la découverte des principales étapes du développement (bio logique ou psychologique). 3. L'environnementalisme, souvent associé à l'atomisme, tend à expliquer les événements par l'action du milieu (de l'environnement). La notion d'envi ronnement est comprise de façons très diverses, selon les disciplines et selon les auteurs. 4. le fonctionnalisme est l'objet des attaques les plus véhémentes de la part des structuralistes actuels; mais n'en a pas toujours été ainsi. Le fonc tionnalisme (surtout en sociologie, en anthropologie, fleurissant aux Etats- Unis), est lié au darwinisme; en psychologie il a été absorbé par le behavioris- me. Ici, pour expliquer un phénomène (psychologique ou social), on se deman de: quelle fonction il remplit, quel rôle il joue, à quoi il sert? En principe on rattache les fonctions aux besoins biologiques, ce qui nécessite parfois une grande virtuosité. Ainsi, l'on considère que les différents fonctions psychiques (intelligence, émotion etc..) seraient en quelque sorte des «organes» destinés à protéger la vie de l'individu ou de l'espèce. Il en est de même des institutions sociales qui remplissent "en dernière instance" des fonctions biologiques. 5. La méthode comparative a joué et joue encore un rôle important dans un grand nombre de sciences: on explique un phénomène en analysant les ressemblances, différences ou analogies qu'il peut présenter avec des phéno mènes de même nature ou de nature différente. Cette méthode est parfois intégrée dans divers structuralismes (comparaison des formes, des structures etc.) 6. Dans la perspective structuraliste, on cherche à expliquer un phénomè ne en analysant sa structure, c'est à dire, la forme et la nature de liens qui unissent les éléments d'un ensemble et plus spécialement en essayant de dé- 130 ALEXANDRE VEXLIARD couvrir le principe central (ou significatif), qui préside à la constitution et éventuellement à la transformation (évolution) de cet ensemble. Il est entendu que tout ensemble structuré peut être envisagé comme élément dans un en semble d'un niveau plus compexe ou plus élevé. Ainsi, une cellule vivante possède sa structure propre, mais elle est un élément, - disons,- dans la struc ture du foie, qui lui-même, est structuré, mais est un élément de l'organisme. Pour plus de clarté, nous donnerons ci-dessous les cactéristiques de la structure, telles que nous les concevons. Ce résumé permettra, de mieux comprendre d'autres conception de la structure, proposées dans diverses disciplines et par les différentes écoles. Nous parlons ici de la structure telle qu'on peut l'analyser dans les sciences humaines et en biologie. 7. Caractéristiques de la structure. - Toute structure possède en premier lieu, trois cractéristiques fondamentales: I. Une différenciation des éléments et (ou) des fonctions, plus ou moins interdépendantes; dans certains cas, en psychologie par exemple, il y a différenciation des fonctions, sans qu'on puisse parler d'éléments. On voit par là qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre st- ructralisme et fonctionnalisme; mais c'est la structure qui impose sa loi aux tions. C'est ce que disaient déjà avec force, Durkheim (1901, p 138 et passium) et à sa suite Radcliffe Brown (1969, p. 76, 278, 388 et passium). Mais de nos jours, bon nombre de sociologues et anthropologus, veulent séparer structure fonction, ou tout au moins subordonner la structure à la fonction. 2. En second lieu, dans toute structure, il y a hiérarchie des éléments et des fonctions. 3. En troisième lieu, dans toute structure, on peut découvrir un noyau central, un nucleus, ou une base, qui confère une signification à l'ensemble.- Tels sont les trois éléments fondamentaux d'une structure; il en résulte que, par exemple, on ne peut parler de la structure d'une tas de sable ou d'une foule. Les autres caractéristiques de la structure peuvent être considérées comme des corollaires de celles que nous venons de citer. 4. Une strucructure ne vient pas du néant. Elle a un passé, une histoire, une genèse. Elle possède en elle-même, le principe général de ses transformations LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 131 possibles, de sou évolution. Structuralisme et historicisme, (ou génétusme) sont nécessairement complémentaires.(I) 5. Les structures sont donc mouvantes, changeantes, et révolution (plus ou moins lente ou rapide) est inhérente à leur être. Des restructurations sont nécessaires pour répondre à des exigences externes ou internes. Certaines fonc tions deviennent avec le temps plus importantes ou moins importantes; des fonctions peuvent dépérir ou disparaître et de nouvelles fonctions peuvent surgir, sans qu'on puisse dire que la structure elle-même ait changé de nature. Ce n'est qu'à long terme que l'on peut s'apercevoir de ce que des modifications fondamentales ont eu lieu et, qu'en dernière instance, sous certains aspects, la nature même de la structure est modifiée. Par ex. : passage de l'enfance à l'âge adulte, de la société féodale à la société capitaliste. Des modifications peuvent se produire sous l'influence des circonstances ou des facteurs externes: une mobilisation, modifie la hiérarchie de la structure sociale, comme elle forme les fonctions des différents éléments sociaux. L'état de stabilité ou d'équilibre des structures psychologiques et sociales est toujours précaire; on peut même affirmer que l'état d'équilibre, de stabilité, d'homéostasie est est pratiquement inexistant, tant pour l'indicidu que pour la société (comme pour l'organisme vivant). Aussi est-il difficile d'admettre la position des fonc- tionalistes en sociologie (Parsons, 1957, Merton, 1956 etc.) ou celle des beha- vioristes en psychologie, selon laquelle le but de toute action, de tout compor tement individuel ou collectif consiste à poursuivre ou à rétablir, à maintenir, l'équilibre, l'adaptation, Phoméostasie, ce qui les amène à défendre diverses formes du conservatisme, du conformisme (Bertalanffy, 1968, p. 196, 210 Horovitz, 1965, p. 14,19). - En sociologie, le caractère nécessairement mouvant et changeant des structures sociales est souligné avec une force particilière par G. Gurvitch dans ses divers ouvrages (1954, p. 100-102, 1957, p. 400-442, 1958, p. 205-216) 1 Cette conception de l'union entre le structuralisme (dénommé parfois constructivisme) et génétisme, constitue l'un des fondements les plus solides de l'oeuvre de J. Piaget. Elle est très bien résumée par la formule suivante de L. Apostel (1963, p. 66) : "... toute genèse a une structure et toute structure a une genèse. Nier qu'une structure ait une genèse signifie ou bien la poser comme permanente, ou bien la faire apparaître brusquement, sans que rien ne la prépare ni l'explique." Nier qu'une genèse ait une structure, cela signifierait qu'un ensemble organisé (un embryon, par exeple), serait livré dans son évolution au pur hasard. La structure oriente la genèse (ou l'histoire), elle crée une sorte de déterminisme structural (cf. aussi G. Gurvitch, 1954). 132 ALEXANDRE VEXLIARD 6. - Un ensemble peut être plus ou moins "structuré", intégré; une faible intégration, entraîne un fonctionnement médiocre de l'ensemble, et peut con­ duire à sa décomposition; une intégration excessive occasionne une rigidité, qui aboutir à un résultat analogue par défaut d'adaptabilité. Ainsi, le degré d'intégration (relative), est une caractéristique des plus importante d'une st­ ructure. 7.- En outre, dans chaque structure, on peut déceler plusieurs niveaux, qui peuvent être examinés en eux-mêmes, sans toutefois perdre devue leur interdépendance. Ces quelques indications, nous permettront de mieux apprécier les con­ fusions créés autour du terme structure. II. US ET ABUS DU TERME STRUCTURE Nous avons déjà indiqué que les termes structure et structuralisme, sont en usage dans presque toutes les sciences. Nous n'insisterons pas ce point et donnerons seulement en note des indications plus précises (I). Ce qui crée des confusions, c'est que l'on admet souvent comme équivalents du terme st- 1 a) Cf. J. PIAGET, Le structuralisme, P. U. F. "Que sais-je". 1968. c'est probablement le livre le plus complet sur la question, et le plus explicite. Les domaines suivants sont explorés... le structuralisme en: mathématiques, logique, physique, biologie, psychologie, philosophie, so­ ciologie, anthropologie. b) Les discussions relatives au terme structure, on donné ıieu à de nombreuses réunions interdisciplinaires, nous en citons deux, parmi les plus importantes: Notion de structure et structure de la connaisance. Albin Michel. 1957. (XX e semaine de synt­ hèse). R. Poirier: Logique; G. Bouligand: Mathématiques; A. Koyré: systèmes philosophiques; A. Vandel: Biologie; P. Chauchard: structures cérébrales et conscience; G. Gurvitch: Structures sociales et systèmes de connaissance; R. Mucchielli (et G. Berger): psychologie. Avec la partici­ pation de nombreses personnalités, telles que: J. Rueff, M. Caullery, R. Martin, D. Lacombe, O. Costa de Beauregard (Physique); V. Goldschmidt, Ch. Perleman, A. Lalande etc. c) L'ouvrage publié sous la direction de R. Bastide (1962), concerne également un colloque le terme structure, avec la participation de: E. Wolf (biologie), E. Benveniste (linuistique), Cl. Lévi-Strauss (Ethnologie-anthropologie), P. Francastel (histoire de l'art), M. Goldman (histoire de la culture), P. Vilar, (histoire générale), Ch. Morazé: structure temporelles, H. Lefèbvre: con­ cept de structure chez Marx et in concept de structure en sociologie, R. Aron: Science politique. D. Lagache: Structure en psychologie, en psychopathologie, en psychanalyse; R. Pages: psy­ chologie sociale. F. Perroux, A. Marchai, J. Weiller trois exposée: économie politique. J. Car- bonnier: droit privé. A. Mathiot: droit publc. Et la participation de nombreuses autres person­ nalités, parmi lesquelles: G. Gurvitch, Merleau-Ponty, Braudel, Moulin, Girod, Guilbaud, La- zarsfeld etc. LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 133 ructure, d'autres concepts; ces substitutions sont parfois justifiées, dans d'autres cas elles le sont moins. Voici les principaux de ces équivalents: système, réseau, constitution, construction, champ, organisme, organisation, forme, "gestalt", figure, confi guration, morphologie, ensemble, totalité, globalité (Ganzheit), institution (en sociologie), essence, "mode composition des éléments", intégration (d'un ensemble)... et il est probable que cette énumération n'est pas complète. Soulignons que, celui qui est considéré comme le "père" du structuralisme moderne (F. de Saussure) en linguistique, n'a jamais utilisé le terme structure, mais celui de système. Il s'agit d'un réseau de relations entre les divers éléments d'une langue résultant de lois d'équilibre, qui retentissent sur ces éléments, dé terminant des distinctions et des significations. Or, un système comporte bien un ensemble de relations réciproques et solidaires, mais il lui manque d'autres caractéristiques d'une structure. Autre confusion à propos du mot forme, qui est satisfaisant dans la théorie de la pereption gestaltiste, mais ne peut être considéré comme un équivalent de structure: un modèle d'avion en possède la forme, mais non la structure; inversement, on peut imaginer une machine qui aurait la structure de l'avion, mais non la forme. Il est possible de pour suivre une critique analogue de presque tous les autres termes, considérés pas certains auteurs comme l'équivalents du mot structure. Cette équivalence est parfois légitime dans un contexte limité; elle n'est plus justifiée hors de ce contexte. Par exemple, G. Gurvitch,-qui trouve que le terme institution est mal défini, - préfère lui substituer celui de "structure sociale partielle"; on peut à la rigueur admettre cette convention, mais elle ne saurait être étendue à d'autres domaines. Ce qu'on appelle aujourd'hui structuralisme, est amplement inspiré par la linguistique issue de F. Saussure et singulièrement des études phonétiques, ou pholonogiques : "La pholonogie, écrit Lévi-Strauss n'a pas seulement re nouvelé les perspectives de la linguistique mais encore elle ne peut manquer de jouer vis-à vis des sciences sociales, le même rôle rénovateur que la physique nucléaire, par exemple, a joué pour l'ensemble des sciences exactes" (1958, p. p. 39). Il s'agit ici de la phonologie de l'école de Prague (Troubetzkoy, 1949, Jacobson, 1935, 1963 etc.). Or, comme nous aurons l'occasion de le montrer, la linguistique contemporaine est tombée de nos jours dans un état de con fusion qu'il est difficile de décrire. Cette science, qui, en principe devrait apporter des clartés sur les significations profondes du langage, s'est égarée dans le dédale des sons (phonèmes), et ne parvient plus à en sortir. Voici ce 134 ALEXANDRE VEXLIARD qu'en dit Michael Polanyi. l'un des grands physiciens de notre temps (dé couvertes dans le domaine de la structure des métaux, de la cynétique réac- tionelle etc.), en même temps que médecin, sociologue et philosophe. "L'école linguistique structuraliste, dit-il, a considérablement amélioré notre compré hension sur la manière dont nous utilisons nos voix en prononçant des mots dans différentes langues. En outre elle a amélioré notre compréhension de la composition des phrases dans un sens strictement mathématico-grammatical. Mais elle ne peut rien dire au sujet du sens.(Ital. A. V.). Comment peut-on par ler du langage sans parler du sens?" (Polanyi, 1968). Le structuralisme en lin guistique, a bien d'autres aspects surprenants. Notons que dans diverses disciplines, le structuralisme actuel se trouve en opposition à une variété d'attitudes générales (en "isme"); la confusion fondamentale, provient en grande partie de la diversité des adversaires que l'on combat. Voici quelques unes de ces oppositions; -En linguistique, opp. à l'explication historique et comparative (Saussure) —En anthropologie, ethnologie, sociologie, opp. à l'historicisme, au fonc- tionalisme (Lévi-Strauss). - En psychologie, contre: l'atomisme, l'élémentarisme, la psychologie moléculaire, le fonctionalisme, le behaviorisme, le génétisme (sauf pour Piaget et ses collaborateurs et disciples, qui sont nombreaux). -En psychanalyse (Lacan) opp. à l'énergétisme de Freud. -En philosophie: Opp. à l'existentialisme, à l'irrationalisme, au fonctionna lisme, et pour certains, à la dialectique marxiste (pour d'autres les deux ten dances peuvent se concilier). Ce schéma quelque peu simplifié sera probablement contesté par certains structuralistes; mais il ne saurait en être autrement, car, non seulement il existe un grand nombre de structuralismes (surtout en linguistique), mais en core, leurs tenants et défenseurs, s'expriment dans un langage obscur, ésoté- rique, qui est dénoncé même par les spécialistes; or le rôle d'un structu ralisme fidèle à son programme, serait justement de décrypter nos connais sances, dans la mesure ou elles ne paraissent pas claires et de les exprimer dans un lagage intelligible. On peut se demander, si ceux qui voilent leur pensée sous des formules et une terminologie obscures, n'ont pas de fortes raisons pour procéder ainsi? Ces réflexions désabusées n'entament en rien la valeur du structuralisme tel qu'il se définit dans ses principes essentiels, surtout dans l'oeuvre de Jean LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 135 Piaget. Malheureusement, la plupart de ceux qui se proclement structuralistes ou qui sont déclarés tels, n'en adoptent que quelques aspects, souvent, né gatifs, et s'enferment dans une sorte de dogmatisme sans issue. Voyons les variations du structuralisme sur quelques grands exemples, en particilier, en psychologie et en linguistique. III. EXEMPLES D'INTERPRETATIONS STRUCTURALISTES Les structuralismes en psychologie. — I. Le structuralisme atomiste de Titch- ener. - Le terme structuralisme, apparaît pour la première fois dans les sciences humaines, dans la doctrine psychologique de Titchener (élève améri cain de Wundt), au cours des années 1880. Paradoxalement , il s'agit d'une doctrine qui se situe à l'opposé de ce qu'on nommera structuralisme par la suite. Ici, l'on considère que, pour comprendre la vie psychique, nous devons la décomposer en ses constitutuants élémentaires, qui en forment la structure: images simples, sensations, sentiments considérés comme fondamentaux, et sont pour ainsi dire les briques de cette structure. Durant plusieurs décades, cette doctrine s'est opposée au fonctionnalisme de Dewey, Angell, H. Mead, E. Claparède, parmi d'autres. (Cf. E. Claparède, 1946, t. II. p. 202-213). Ce fonctionnalisme, apparenté au pragmatisme, à l'instrumentalisme, à l'expéri- mentalisme (James, Dewey) voyait, comme nous l'avons déjà indiqué, dans les divers processus de la vie mentale, - perception, émotion, volition, pensée, - une sorte de prolongation de la vie biologique (darwinisme). Mais les deux ten dances "ennemies" étaient au fond apparentées, en ce sens qu'elles étaient toutes deux réductionnistes; à partir de 1912, elle furent absorbées progres sivement par le behaviorisme. Le fonctionnalisme est par contre très vivace de nos jours, aux Etats-Unis, en sociologie en et anthropologie (Nadel, 1951, Parsons etc.) (I). 2. -La "Ganzheitspsychologie'''' de Dilthey.- Vers 1894, Dilthey introduit la notion de globalité (Ganzheit), en philosophie, dans les sciences humaines en général, et en psychologie. Nous ne pouvons rien comprendre à la vie mentale, dit-il, si nous la décomposons en ses éléments car ce qui es; vraiment primitif dans les données (perçues, vécues), ce sont les ensembles, les totalités, articulées, qui revêtent une caractère finaliste, têlêologique intentionnel. Le 1 T. Parsons est parfois rangé parmi les structuralistes, parce qu'il cherche à concilier st ructure et fonction. Mais, pour l'essentiel, il donne la prééminence à la notion de fonction. 136 ALEXANDRE VEXLIARD mouvement créé par Dilthey a été résorbé par la psychologie de la Forme (Ges- taltpsychologie) et la phénoménologie à partir de 1912. Mais certains psy chologues allemands demeurent fidèles à Dilthey (W. Metzger, H. Thomae etc.). 3. La Gestaltthêorie.-A partir de 1912, la psychologie de la forme, née en Allemagne, a eu un développement considérable. L'essentiel de ses thèses est très proche de celles de Dilthey. La structure d'un ensemble est une "synt hèse créatrice", qui ne peut être expliquée par une analyse des constituants. D'une part, le monde extérieur nous apparaît comme un ensemble de structures, dont la perception est antérieure à celle des éléments; d'autre part, notre ap pareil psychique fonctionne comme un champ global d'autodéterminations. (Cf. P. Guillaume, 1936, D. Lagache, 1962, p. 81-88 et 146-147, R. Pages, 1962, p. 89-99). Le gestaltisme, transposé aux Etats-Unis s'est engagé dans une sé rie de compromis avec le behaviorisme et les explications par des equilibrations mécaniques. Mais la psychologie de la Forme a ouvert la voie à l'étape sui vante, celle d'un structuralisme dynamique. 4. Le structuralisme dynamique. — Pour les gestaltistes, la structure se présentait comme un principe d'organisation, d'intégration, qui supposait une sorte de connaisance tacite, par intuition. A l'étape suivante, la structure apparaît comme structurante; dans le cas de la personnalité, elle est "une unité dynamique, organisante, déterminante" ... elle définit "la manière qu'a chacun de nous de percevoir une situation et d'y répondre" (R. Mucchielli, 1957, p. 345). Ou encore, les différents mécanismes décrits par Freud, doivent être interprétés, non pas en termes de "forces" ou "causes" fixées au cours du dé veloppement, mais en termes de structurations progressives (K. Goldstein, 1951, p. 213) Merleau-Ponty, 1953, p. 192, 237, N. Mouloud, 1965, p. 46-51, R. Mucchielli, 1966, p. 11). N. Mouloud, montre en particulier, comment on peut interpréter les expériences des behavioristes dans le cadre d'une psy chologie des "structures régulatrices" ou dynamiques. 5. Structures des significations. — Plus récente est la notion de structure des significations, qui parvient à la psychologie par le canal de la linguistique, de l'anthropologie et de la psychanalyse de Lacan. La structure des signifi cations, c'est "ce par quoi un élément du monde prend un sens pour un sujet" (R. Mucchielli, 1966, p. 12 et suiv.). Il s'agit bien d'un facteur dynamisant, mais qui n'est pas objectif, ni même conscient pour le sujet. C'est ainsi que, -pour prendre un exemple très simple,-un individu qui serait particulièrement méfiant, et à cause de cela, saurait camoufler sa méfiance, agirait toujours d'une

Description:
La grammatologie de J. Derrida (1967): une grammaire structurale de xiste, "qui est un structuralisme génétique généralisé" (L. Goldmann 1966,.
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