PUBLICATIONS DE L'INSTITUT D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS III LES STATUES PTOLÉMAIQUES DU SARAPIEION DE MEMPHIS par J. Ph. LAUER et Ch. PICARD PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE LES STATUES PTOLÉMAÏQUES DU SARAPIEION DE MEMPHIS PUBLICATIONS DE L' INSTITUT D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS ÙÈ TOME II - LES STATUES. PTOLÉMAIQUES DU SARAPIEION DE MEMPHIS PAR J.-Ph. LAUER et Ch. PICARD Secrétaire général adjoint de l'Institut d'Égypte Membre de l'Institut Architecte D. P. L. G. Directeur de l'Institut d'art et d'archéologie du Service des Antiquités d'Égvpte. de l'Unirersité de Paris, * PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, BourLEvARD SAINT-GERMAIN — PARIS VIe 1955 DÉPOT LÉGAL 1τὸ édition .. ... .. 3€ trimestre 19535 TOUS DROITS | detrade drepurodcuctiton iet od'andapt,ati on | réservéa pour tous pays COPYRIGHT bv Presses Universitaires de France, 1955 ὙΦ. τὰ; ΦΧ , ille mI4 e n- —-— niae. onmid ágnitnom HIR pres & E ἃ βασι TIE To-bode T0: tits. Fn; |, L'Exédre et le Drums du Sarapicion, à S£qqarah. LE « DROMOS » DU SARAPIEION DE MEMPHIS, À SAQQARAI CHAPITRE PREMIER LES FOLILLES ET LA TOPOGRAPHIE En 155], la mort surprit Mariette alors qu'il n'avait pu encore mener à bien la publication de l'ouvrage d'ensemble concernant ses fouilles du Sara- pieion, exéculées de 1850 à 1853. Son manuscrit revu, corrigé, et annoté par G. Maspero, fut publié par celui-ci (1) dès 1882, avec un atlas annexe, consacré aux dessins que Mariette avait fait exécuter d'après les curieuses œuvres de sculpture découvertes dans le Dromos (21. (1) G. Masrrno, Le Sérapéum de Memphis, par Auguste Marielle-Pacha, avec livraison d'un Atlas de cinq planches, La transformation latine du nom gréco-égvptien du Sarapieion - nom que nous avons adopté ici — ébail usuelle au xrx* siècle, (2) A, ManirrrE écrit (LE, p. 25): « Nous avons appelé Dromos, avec Strabon, le chemin dalle qui s'étend en face du temple de Nec Lanebo et va rejoindre perpendiculairement Ia grande enceinte de l'Ouest», - - Les œuvres sceulplurales trouvées par Marietle aux enlours du Promos ont été. ébudiées par Εἰς Wirckrs, CEA LE SARAPIEION DE MEMPIIIS Cependant, certains plans dressés par Mariette n'avaient pu être retrouvés ; Maspero dut se contenter, pour les monuments extérieurs, d'un plan d'ensemble à partir du bord de la vallée) réduit à petite échelle (1), et de quelques croquis schématiques dans le texte, marquant la progession de la fouille au cours de la recherche de l'entrée des souterrains. Peu avant la guerre de 1939, mon pére, Philippe Lauer, alors conservateur du Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, me communiqua une chemise contenant quelques feuilles manuscrites de Mariette, non inven- toriées, et qu'il avait retrouvées parmi des papiers de rebut. Je remarquai aussitôt parmi ces feuilles un grand plan replié et soigneusement dressé des accès du Sarapieion, donnant la partie déblayée du temple de Nectanébo(2 ) avec l'Hémi- evele des poétes et philosophes grecs, et surtout le Dromos jusqu'aux pylônes d'entrée de l'enceinte à claire-voie. Ce plan de détail n'ayant jamais été publié par Mariette, j'en pris un calque, et examinai le reste du dossier avec M. P, Lacau. Nous constatämes qu'il ne contenait, outre ce plan, que des notes disparales, avant servi à la préparation de divers ouvrages ou articles parus. Le plan du Dromos présentait un intérêt certain, accru du fait que le Service des Antiquités venait précisément en 1938 d'effectuer là un déblaiement ; on avait ainsi remis au Jour l'Hémicyle et les vestiges du Dromes, avec la plupart des curieuses piéces de sculpture signalées par Marielte. Je résolus donc de mettre au net ce plan, comptant le publier dans un article en collaboration avec H. Macramallah, qui avait été chargé du déblaiement au Sarapieion. La guerre interrompit ce projet, et le Service des Antiquités fit rapidement réensabler les monuments du Dromos ; ceux-ci, en fort mauvais état, risquaient en elfet de disparaitre complètement, si on les laissait exposés aux intempéries et aux atteintes des soldats, des enfants des écoles,e l d'autres visiteurs qui ne cessaient d'aflluer à la maison de Mariette située tout à côté, Durant la guerre, tandis que j'étais mobilisé en France, H. Macramallah avait été appelé hors de Saqqarah à d'autres fonctions, et peu après la cessation des hostilités, 1leut de graves soucis de santé, I] s'est, hélas! éteint au début de 1500, sans avoir pu préparer aucun Iravail sur le sujet. Arc. Jahrh. last, SI, P1947 iHerlinj, p. 14-203; To, F'rinnden der Plolemaerzeil, 1, p. 7-8, Wh; Du. Aes. und Vorderasiat. Mlerlhiumer, p. 132. Manicerie Iui-amneéme n'avait publie de ees statues «ue deux planches, représentant deux troupes eonsfibues chacun par un. enfant ehevauchant l'un. un Cerbere. et FVautre un Felin, dans un petit albuni intibule her de meotrtirienuls de dessins decitierls en eaecilex. pensa le deblaiement du Serapénm se. Memphis Paris, Rs n trouve Ἰὼ ecilement une vue dui Jrgnos en cours de deéeblaiement, et deux beunix dessins des ialeries souterrainedses Apis; Sur Fulilisation eultuelle possible du Dromos, ef. la note de M. (hi Prcsnp, ter; arch; 188, I, p. dunt .1|Ὶ Arthur BiexE dans 1 Εἰ ἃ peliles journées Paris, [8771 ouvraze à constller pour ee qui concernele s fouilles du Sarapieiun, présentait ip. 715) à tres petite echelle be mene plam d'ensemble, avec quelques modifications qui Iui avaient. été indiquées par. Marielle; Nous repriduisins ee plan sur notre planche 75; A. Bhlioné donne,en Γ΄ | p. 224), une autre vue dir Frons reconstitué, phus complete que celle de l'album de Marielle z nous les repriduisone bobos dens sur nolre plo 17 en o et d (2) Ce Temple a ele aussi dénomme ΟἹ ρέῃ par Marielle dans certaines dé ses notes, en partieulier dons seno inventaire rquunuserib des ebjeets adecouveris dans Jes fouilles du arapieion, consereec il Louvre, LES FOUILLES ET LA TOPOGRAPHIE 3 Comme il apparaissait d'un intérét évident de juxtaposer — à ce plan détaillé. qui avait malencontreusement fait défaut à Maspero — d'une part, les passages du manuscrit de Mariette concernant spécialement la fouille du Dromos, et d'autre part les photographies récemment prises au cours de la fouille du Service des Antiquités, Mgr. É. Drioton, alors Directeur général, m'autorisa à reproduire ces documents. Le nouveau plan de Mariette (cf. notre pl. 26) porte, en effet, outre le tracé détaillé des monuments mémes, l'indication précise des points oü furent trouvées par lui les principales pièces de sculpture. Il nous est ainsi possible d'y situer, aussi bien les dilTérentes œuvres transférées au Louvre par Mariette que celles, laissées alors sur place et remises au jour en 1938, dont nous publions les photographies Cl-après. Cependant, ces photographies ne faisant pas toujours apparaitre tous les détails nécessaires à l'étude dont M. Ch. Picard a bien voulu se charger et qu'on lira ci-après, nous avons entrepris de désensabler pour la troisième fois les statues. Bien des vérifications et photographies complémentaires ont pu être ainsi faites au cours des hivers 1950-51 et 1951-52 ; les résultats cherchés d'un commun accord ont été communiqués au fur et à mesure, par mes soins à M. Ch. Picard. Ces dernières recherches nous ont permis en particulier de retrouver la base de la statue n° 3 (pl. 27), ornée de deux gros oiseaux (pl. 10), la jambe de la statue de Protagoras (pl. 11, a), qui manquait (pl. 12), ainsi que les troncs drapés de deux statues de dimensions plus petites que celles de l'Hémicycle (fig. 62 et suiv.) ; l'une d'elles avait été remployée dans le blocage de consolidation entre les statues n°% 7 et 8 (voir pl. 11, a et b). Un peu plus tard fut recueillie la tête, hélas! si mutilée (pl. 9) que M. Ch. Picard a pu attribuer à la statue n? 2. en laquelle on a reconnu ici Démétrios de Phalère ; et en tout dernier lieu la téte d'Homére, aussi en bien triste état. Enfin, un relevé de l'Hémicycle méme. plus précis et complet que celui de Mariette a pu être effectué (voir pl. 27). A) L'HÉMICYCLE DES POÈTES ET PHILOSOPHES GRECS, Le plan retrouvé à la Bibliothéque Nationale ( pl. 26) nous montre l'extrémité occidentale de l'Allée de sphinx signalée par Strabon (1). Cette allée était longue. d'après Mariette (2), de quelque 1.120 mètres (de l'Hémicycle jusqu'à la limite du plateau), et ne comportait pas moins de trois cent soixante-dix à trois cent quatre-vingts sphinx (cf. pl. 1, à droite, l'extrémité de cette allée, ainsi que fig. 9 et 13, les photographies de l'un de ces sphinx). Elle décrit en ce point vers le Sud un arc de cercle de 909 env., pour aboutir parallèlement à la facade du temple de Nectanébo juste en face de l'Hémicycle des poëtes et des philosophes. Cette incur- vation de l'allée de sphinx avait au cours de la fouille considérablement déroute. (1) Cf. G. MasrrRo, Le Serapeum de Memphis par Aug. Marielle, p. 5-6. (2) Ibid., p. 75. 4 LE SAHAPIEION DE MEMPHIS puis intrigué Mariette qui, dans sa progression, cherchait les sphinx toujours sensiblement sur un méme alignement, comme il eût été normal. La rencontre du premier poete grec, Pindare [1]. ful. pour lui un nouveau et bien plus grand sujet d'étonnement : «... Autre mystère plus impénétrable encore », écrivait-il (2). « Ge n'est plus un sphinx que. cette fois, nous trouvons après les six mètres, mais une statue de style grec... αν 0 o4 Le personnage esl assis sur son siège à dossier » recouvert d'une peau de x EP m panthére cf. nos pl. 4 à 7 . GO Son bras gauche soutient : , un instrument quej e crois 4 ww : une lwre. Sur la partie antérieure du socle se croi- sent et se mêlent des gra*- fili grecs sans nombre, au milieu desquels on distin- gue une inscription prin- cipale, dont les quatre premières lettres encore visibles semblent former le nom de Pindare. Le mot AIONTÈI est gravé en grandes lettres sur le dossier du siège (3). Le monument est d'ailleurs de mauvais style (4) el Laillé dans un bloc de cal- caire qui s'effrile. La ma- Fic. 2. Un sphinx de lAllée, Liere est égvplienne el indubitablement provient du Mokaltam |»). La statue de Pindare n'a donc pas été apportée de Grèce pour concourir à la décoration du temple de Sérapis... » Marielte écrivait encore (LL, p. 16) :« La statue de Pindare n'était pas seule. Nous avons trouvé successivement dix autres statues grecques comme elle, montées sur un socle commun qui affecte la forme d'un hémicycle (6). Toutes I) Cette découverte eut lieu Ie 26 décembre Es, 2) L. L, p. 13. (3) IL ne reste plus que CI bien visibles à droite de Ia cassure (srgma lunaire ; ef. ci-après), (4) Celle appréciation de Marielle est fort injustiliee : ef. ei-ipres, (0) IL s'agit en réalité du calcaire des carrieres de Tourahli, situées dans la Chaine Arabique en face de Saqqarah, à 15 kilometres au Sud du Mokattam, falaise qui, elle, domine Le Caire, bh! (Ges déconmverles eurent lieu du ?6 au 40 décembre 158»,