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Les sources francaises du socialisme scientifique : nouv.ed.remaniee. PDF

281 Pages·1949·19.603 MB·French
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DU MÊME AUTEUR le communisme et la renaissance de la culture française (Editions sociales) Le communisme et la morale (Editions sociales) Àntée (Hier et Aujourd'hui) Le huitième jour de la création (Hier et Aujourd'hui) Une littérature de fossoyeurs (Editions sociales) Le marxisme et la personne humaine sociales) L’Église, le communisme et les chrétiens sociales) ROGER GARAUDY Agrégé de l’Université LES SOURCES FRANÇAISES DU SOCIALISME SCIENTIFIQUE Nouvelle édition remaniée 1949 HIER ET AUJOURD'HUI & a bourgeoisie s’installe au pouvoir à éodale ; ce qui frappe les contempo- se sociale, ce sont les conséquences de onsacré par la loi Le Chapelier, indi­ la bourgeoisie par rapport à ia féoda- itégré, et subordonné au pouvoir. ï mise en place, toutes les fractions >u de quelle fraction de classe est-il période que nous étudions se décom- ictes : ; l’œuvre de ce théoricien révèle-t-elle es rapports de classes ? •orts des classes dominants à l’époque cotation de cette doctrine ? ue en histoire nous conduit à poser, à lerche, et en présence de chaque doc- amentales : lepuis Marx, que toute doctrine et ruit de rapports sociaux pour ne pas la filiation des systèmes dans la « lo­ s françaises du socialisme scientifique contraire, de juger les doctrines et les s du socialisme et du communisme >rd extérieur de leurs tendances avec modernes, mais d’après les intérêts t. INTRODUCTION L’histoire du socialisme a été souvent faite par ses ennemis ; !mes intéressés à justifier leur position nces plus ou moins arbitraires à des ■ 8 LES SOURCES FRANÇAISES Au cours de l’enfantement de ce nouvel antagonisme c è classes, divers systèmes vont naître pour répondre à ce blême nouveau. Il s’agit, pour ces porte-parole des dive fractions de la bourgeoisie de pallier aux inconvénients les pjàs accusés du régime capitaliste, mais sans en dénoncer le prin fondamental : la production de la plus-value et l’exploitation de l’homme par l’homme. Il s’agira d’organiser le capitalisme et non de le détriii de mettre fin à son anarchie et non à son exploitation. I — Après 1830, c’est-à-dire après l’installation au pou/oir des principales fractions de la bourgeoisie, un autre mouvement se dessine. Une nouvelle classe prend conscience d’elle-même : la ouvrière. Sa pensée sera radicale et révolutionnaire. Radiçde, parce qu’elle prendra le problème à sa racine, dans les rap rs de classes qui opposent de plus en plus clairement le prol riat à la bourgeoisie ; révolutionnaire parce qu’elle se donner objectif de transférer le pouvoir politique d’une classe à 1 tre en vue de transformer complètement ces rapports de En 1848, la totalité de la bourgeoisie s’installe pou- voir. La classe ouvrière fait, à la lumière des trahisons février et des défaites de juin, l’expérience cruciale. Les uerelles d’écoles et de sectes sont tranchées par l’histoire. Seu la lutte de classes victorieuse du prolétariat fera accomplir; l’huma- nité un bond décisif dans le sens de sa libération, place est nette pour l’avènement du socialisme scientifique. Le matérialisme des doctrinaires de la nouvel révolution, de la révolution prolétarienne, n’a jamais été, a t Marx, un matérialisme conséquent : nos précurseurs fran/is, quels que soient leurs mérites, croient possible d’empru leurs armes aux penseurs de la bourgeoisie au temps où bourgeoisie était radicale et révolutionnaire. Ce matéri de placage s’arrête à mi-chemin : il n’étend jamais sa à l’histoire ni, par conséquent, à la pratique politique, n’est pas une fai- blesse accidentelle : ce matérialisme ne pas sa source dans la lutte concrète de la classe ouvrière ilieu du xixe siè- cle, mais dans les spéculations de la ie progressive du xviir siècle. Et les adversaires et les diviseurs tte classe ouvrière retrouvent avec la bourgeoisie elle-mêm a métaphysique et la religion, alliées naturelles des classes d entes, celles qui ont besoin de mentir pour régner. DU SOCIALISME SCIENTIFIQUE 9 Depuis le xvme siècle français, porteur des plus hautes ambitions de la Renaissance du xvie siècle, l’homme ne compte plus sur Dieu pour régler les problèmes de la terre. L’homme a 1 pris le relais de Dieu. Ce sont les classes sociales dans leurs combats et non la Providence divine, qui assument la responsa­ i bilité du destin des peuples et qui sont les moteurs de l’histoire. *1 La bourgeoisie, candidate cent ans à cette haute mission, a fait faillite eh 1848 : elle s’est révélée incapable, en brisant se» propres chaînes, d’émanciper l’humanité tout entière. La classe ouvrière a relevé ce défi. Le communisme vient de naître. Place à l’homme en ce printemps de l’humanité ! I 13 CHAPITRE PREMIER Le matérialisme français du XVIIIe siècle Le matérialisme philosophique, condition de toute action révolutionnaire, s’affirme pour la première fois dans le monde moderne, avec toutes ses conséquences, chez les écrivains fran­ çais de la deuxième moitié du xviii' siècle. Il est le point d’aboutissement de trois siècles de lutte contre le « droit divin ». Cette lutte philosophique est une lutte de classes. Le monde féodal tendait à la théocratie. Les longues querelles du sacerdoce et de l’empire ne mettaient pas en question le principe que toute autorité est de droit divin. Il s’agissait seulement de savoir qui, du Pape ou de l’Empereur, était, sur la terre, le pre­ mier investi du pouvoir de Dieu. Après l’éveil des nations qui disloqua la chrétienté médiévale, gallicans et ultramontains ne s’affrontèrent en France que sur un semblable problème d’in­ vestiture. Mais, déléguée par le Pape ou reçue directement de Dieu par le roi, l’autorité n’en est pas moins divine en son essence. Dans le monde féodal strictement hiérarchique, toute parcelle d’autorité n’est qu’une irradiation plus ou moins loin­ taine de la volonté de Dieu. Au xvne siècle dans le cadre de la monarchie française, le rapport des forces entre la bourgeoisie et la noblesse est tel qu’aucune des deux classes ne peut prétendre disposer seule du pouvoir. Dans cette période d’équilibre, l’Etat prend une appa­ rence d’indépendance et de supériorité par rapport aux classes. Louis XIV, dont l’autorité est d’essence féodale, se trouve en même temps à la tête de l’administration d’un Etat moderne dont la structure s’est formée sous la pression de la bourgeoisie. Cette « monarchie absolue » est aussi tout spécialement armée pour soumettre le peuple à la double exploitation nobiliaire et féodale d’une part, financière et capitaliste d’autre part. Cette monarchie apparaîtra de plus en plus, avec les exigences gran­ dissantes des privilégiés de la cour et de la finance, comme l’in­ carnation de l’exploitation elle-même. is LES SOURCES FRANÇAISES La théorie de l’absolutisme, destinée à perpétuer le régime s’appuyait sur une longue tradition féodale. Bossuet en a donné l’expression la plus parfaite dans sa Politique tirée de l’Ecri­ ture sainte : Les princes, écrit-il. agissent comme ministres de Dieu et ses lieutenants sur la terre... c’est Dour cela que le trône royal n’est pas le trône d’un homme, mais le trône de Dieu même (L. III, 2,1). Le service de Dieu et le respect pour les rois sont choses unies... Dieu a mis dans les princes quelque chose de divin. J’ai dit : Vous êtes des dieux et vous êtes tous enfants du Très Haut (Ps. 81, 6). c’est donc, poursuit Bossuet, l’esprit du christianisme de faire respecter les rois avec une espèce de religion que Tertullien appelle très bien « la religion de la seconde majesté ». Cette seconde majesté n’est qu’un écoulement de la première, c’est-à-dire de la divine, qui,, pour le bien des choses humaines, a voulu faire rejaillir quelque partie de son éclat sur les rois. (L. III, 2, IL) Cette origine du pouvoir a pour conséquence son caractère absolu : Ils (les rois) sont dieux, et participent en quelque façon à l’indépendance divine. Il n’y a que Dieu qui puisse juger de leurs jugements et de leurs personnes. (L. IV, i, II.) Le prince est ministre de Dieu. Ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, quiconque fait mal le doit craindre comme le ven­ geur de son crime. Il est le protecteur du repos public, qui est appuyé sur la rëligion et il doit soutenir son trône, dont elle est le fondement. Ceux qui ne veulent pas souffrir que le prince use de rigueur en matière de religion parce que la reli­ gion doit être libre, sont dans une erreur impie. (L. VII, 3, X.) Cette liaison millénaire des dogmes de l’Eglise et des axio­ mes de la politique a longtemps donné aux luttes sociales la forme d’hérésies religieuses. Pour toucher aux institutions, il fallait leur ôter leur caractère sacré. L’Eglise catholique étant à la fois le modèle et la sanction divine de la domination féo­ dale, la bourgeoisie naissante n’a pu marquer son opposition à la féodalité qu’en se heurtant à l’Eglise. Avec la Réforme, elle opposera révélation à révélation, théologie à théologie. Elle fera appel, devant le tribunal de Dieu, des interprétations cathodiques : elle invoquera la parole de Dieu et le mythe de sa « pureté originelle ». Puis, elle dressera contre la révélation et la théologie une conception métaphysique de la « nature humaine ». Cette « na­ ture humaine », dont les revendications seront formulées dans la première « Déclaration des droits de l’homme », est une transposition métaphysique des aspirations historiques de la DU SOCIALISME SCIENTIFIQUE »3 classe bourgeoise au milieu du xviii' siècle. Elle est alors pré­ sentée au nom de la « raison » éternelle. Seuls, quelques-uns des penseurs de la bourgeoisie poussè­ rent jusqu’à son terme la critique du « droit divin » ; ils lui opposèrent la réalité nue de la nature, les principes de l’utilité sociale et de l’intérêt « général », c’est-à-dire, en fait, l’intérêt de classe de la classe la plus progressive et la plus capable, en réalisant ses propres objectifs, de libérer la nation entière de la tyrannie féodale. Ces penseurs seront les matérialistes : Diderot dans ses heures de plus grande hardiesse, d’Holbach, et surtout Helvétius. En 1754, le marquis d’Argenson, dans ses Mémoires (VIII, agi), soulignait la liaison du problème politique et du problème religieux : Avec la réforme dans la religion viendra bientôt celle dans le gouvernement. La tyrannie profane s’est mariée avec la tyrannie ecclésiastique... L’on cesse de se tromper et de sur­ faire sur ces deux gouvernements.. L’on voit les choses comme elles sont et comme elles doivent être. Toute leur phisolosophie a ses racines dans l’œuvre de Des­ cartes. « Descartes, le vrai restaurateur du raisonnement, et le premier qui a amené une nouvelle méthode de raisonner », écrit Diderot dans son Encyclopédie (article « .Logique »). Cette méthode, c’est celle des sciences, à la fois expérimentale et ma­ thématique. Lorsque Descartes en énonce les règles fondamen­ tales, il résume sa propre pratique scientifique. Dépassant tous les efforts de la pensée libre depuis la Renaissance, Descartes a inventé la géométrie analytique en liant l’algèbre à la géomé­ trie, renouvelé la physique en appliquant les mathématiques à l’optique et à la mécanique, orienté l’anatomie et la physiologie vers des voies nouvelles en cherchant des interprétations physi­ ques, fait de la morale une technique de la maîtrise de soi en la fondant sur la médecine et la pensée méthodique. Les certitudes de Descartes ne dépendent en aucune façon ni d’une théologie, ni d’une métaphysique. Ce fondateur de la philosophie moderne est parti avec une tranquille assurance de ce principe : la raison peut rendre compte de tout ce qui existe. Il a construit un sysème complet des sciences de la nature et de l’homme, avec le ferme dessein de « nous rendre maîtres et possesseurs de la nature », d’apprendre à l’homme à maîtriser son destin en faisant pleine confiance à sa raison réglée par la méthode.

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