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Les prix Nobel d’économie PDF

130 Pages·2009·2.194 MB·French
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Jean-Édouard Colliard Emmeline Travers Les prix Nobel d'économie Collection R E P È R E S ECONOMIE SOCIOLOGIE SCIENCES POLITIQUES • DROIT HISTOIRE GESTION La Découverte CULTURE • COMMUNICATION jean-Édouard Colliard Emmeline Travers les prix Nobel d'économie t,a Découverte 9 bis, rue Abel-Hovelacque 75013 Paris Si vous désirez être tenu régulièrement informé des parutions de la collection << Repères ,, il vous suffit de vous abonner gratuitement à notre lettre d'information mensuelle par courriel, à partir de notre site http:/ /-.collectlonreperes.com, où vous retrouverez l'ensemble de notre catalogue. ISBN : 978-2-7071-5670-9 Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que repré sente pour l'avenir du livre, tout particulièrement dans le domaine des sciences humaines et sociales, le développement massif du photocopillage. Nous rappelons donc qu'en applica tion des articles L. 122-10 à L. 122-12 du code de la propriété intellectuelle, toute photocopie à usage collectif, intégrale ou partielle, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d'exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également interdite sans autorisation de l'éditeur. © Éditions La Découverte, Paris, 2009. Introduction le « prix de sciences économiques de la Banque de Suède en mémoire d'Alfred Nobel >> (Sveriges Riksbanks Pris i Ekonomisk Vetenskap till Alfred Nobels minne) est souvent connu pour ne pas être un « vrai >> prix Nobel, parfois pour les prises de position politiques de certains lauréats, trop rarement pour les réussites scientifiques qu'il sanctionne. Ces travaux, résumés avec plus ou moins de bonheur dans la presse au moment de la remise des prix, passent largement au second plan, quand ils ne sont pas vus comme les égarements mathématiques des membres d'une discipline à la scientificité douteuse. État de fait d'autant plus regrettable que les travaux des Nobel d'économie sont accessibles : le prix récompense souvent une idée simple et générale, mais fondatrice, qu'il est aisé d'exposer sans du tout recourir à une formalisation complexe, laquelle est en revanche nécessaire pour que les économistes en tirent toutes les conséquences. Le but de cet ouvrage n'est ni de retracer la vie des lauréats sur un mode hagiographique, ni de célébrer leurs contributions, mais de tenter de rendre compréhensibles par le lecteur intéressé les principales idées des soixante-deux prix Nobel d'économie qui se sont succédé de 1969 à 2008, et ce de la manière la plus simple et la plus complète possible qui soit compatible avec un exposé bref et rigoureux. Nous avons fait le choix de privilégier les travaux récom pensés par le prix (le comité Nobel précise explicitement pour quoi il a choisi de récompenser chaque lauréat) tout en mentionnant les principales autres contributions des lauréats à la discipline, de sorte que le lecteur pourra découvrir certains aspects moins connus de l'œuvre des auteurs les plus classiques ainsi que des auteurs ou contributions quelque peu oubliés. Il 4 LES PRIX NOBEL D'ÉCONOMIE trouvera également une bibliographie non exhaustive couvrant l'ensemble de l'œuvre concernée. Nous utiliserons ici l'expres sion prix Nobel d'économie, sans guillemets, par commodité. Après une brève présentation du prix (chapitre 1), les lauréats sont présentés par ordre chronologique afin de mieux souligner ce que l'histoire du Nobel reflète de celle, plus globale, d'une communauté scientifique : après la période des économistes experts (chapitre n) vient l'ère du doute et de la quête de légiti mité (chapitre III), puis celle du renouveau triomphant (chapitre IV). La dernière décennie marque un tournant avec le couronnement de nouveaux paradigmes (chapitre v). 1 1 le prix de la Banque de Suède en l'honneur d'Alfred Nobel <<Un nouveau prix Nobel d'économie politique a été créé en 1969, comme pour célébrer l'accession de l'économique à la majorité scientifique. ,, Paul A. Samuelson, Economies Création du prix le prix de sciences économiques de la Banque de Suède en mémoire d'Alfred Nobel a été créé en 1968 à l'initiative de la Banque de Suède, à l'occasion de son 300e anniversaire. Elle a versé les fonds nécessaires à la création d'un nouveau prix (le lauréat de 2008 a reçu 10 millions de couronnes suédoises, soit près d'un million d'euros), mais les lauréats sont choisis par un comité appartenant à 1' Académie royale des sciences de Suède, qui décerne également les prix de chimie et de physique. Les économistes choisis par la Banque de Suède pour réfléchir à l'élaboration d'un prix (dont Gunnar Myrdal et Assar Und beek) ayant convaincu la fondation Nobel comme l'Académie de l'opportunité de créer un prix en économie, les règles de sélec tion et d'attribution sont les mêmes que pour les autres prix Nobel. L'origine du prix n'est pas sans conséquences pour son histoire. Demander à 1' Académie suédoise des sciences de décerner le prix permettait de placer l'économie sur le même plan que les sciences '' dures , récompensées d'un Nobel, comme la chimie ou la physique, prix plus prestigieux que ceux de la paix ou de littérature. On comprend donc sans peine le problème qui se posait au premier comité de sélection, à savoir 6 LES PRIX NOBEL D'ÉCONOMIE justifier cette création en établissant l'économie comme une discipline scientifique, mais aussi utile à l'humanité, conformé ment aux souhaits d'Alfred Nobel. Il fallait enfin que les écono mistes eux-mêmes reconnaissent la légitimité du nouveau prix et que les lauréats choisis soient relativement consensuels. Ces contraintes expliquent partiellement les premiers choix du comité, comme les suivants dans une moindre mesure, le prix Nobel d'économie ayant longtemps été l'objet de multiples contestations. Frisch et Tinbergen, les premiers lauréats, sont un symbole de la mathématisation de l'économie, propre à prouver aux physiciens sa scientificité nouvelle (Tinbergen était d'ailleurs physicien de formation), tandis que, par leur participation aux Plans norvégien et hollandais et leurs nombreuses études empi riques, ils prouvent également que l'économie peut être« utile». Ce prix est bien accepté chez les économistes, surtout chez les économistes mathématiques, dont beaucoup sont alors issus de la physique. Samuelson, Nobel l'année suivante, prolonge cette tendance puisque, via ses classiques Fondations [194 7] 1, qui s'appuient beaucoup sur la thermodynamique, il est vu comme l'un des pères de l'économie mathématique théorique. La sélection des lauréats La sélection des lauréats du prix Nobel d'économie suit un processus formalisé sur plus d'un an. La première étape est la sélection au sein de l'Académie royale des sciences de Suède d'un comité pour le prix Nobel, constitué de cinq membres de l'Académie élus pour trois ans. Depuis quelques années sont élus un ou deux membres non économistes. En septembre, ce comité écrit à des chercheurs du monde entier pour qu'ils proposent des noms d'économistes à récom penser ; seuls les économistes nommés pourront obtenir le Nobel. Les quelque trois mille personnes appelées à nommer des candidats comprennent de droit les membres de l'Académie, ceux du comité, les anciens lauréats et les titulaires de chaires 1. Les références entre crochets renvoient à la bibliographie. Celle-ci ne peut être inté gralement reproduite dans le présent ouvrage. Les références indiquées en gras sont regroupées en fin de volume, celles qui apparaissent en maigre sont présentes dans la bibliographie exhaustive en ligne disponible sur le blog des auteurs : www.mafeco.fr/ ?q=nobels, et sur la fiche article de l'ouvrage sur le site Internet «Repères» : http:/ /www.collectionreperes.com. LE PRIX DE LA BANQUE DE SUÈDE EN L'HONNEUR D'ALFRED NOBEL 7 liées à l'économie dans les universités scandinaves. S'y ajoutent tous les ans les professeurs de six universités d'autres pays, et des chercheurs particuliers. En février, le comité dépouille les propositions (autour de trois cents noms), puis consulte des experts dans les domaines de recherche des premiers candidats retenus pour qu'ils exami nent leurs travaux. Pendant l'été, le comité résume les travaux de différents candidats et suggère une liste de noms dans un rapport discuté par les économistes de l'Académie. Enfin, l'Académie se réunit en octobre et élit le ou les Nobel d'économie de l'année. Les lauréats de l'année sont récompensés le 10 décembre, au cours d'une cérémonie officielle en présence du roi de Suède, et par la suite invités à prononcer une conférence sur les recherches pour lesquelles ils ont été récompensés. Le fait que toute l'Académie vote, et non seulement les écono mistes, peut expliquer la surreprésentation des économistes mathématiques dans les premières années du prix - qui aujourd'hui est plutôt représentative de leur place dans l'économie en général-, mais aussi l'élection de chercheurs dont les travaux dépassent le champ de l'économie, mathématiciens (Koopmans et Kantorovitch, Nash), psychologue (Kahneman) ou chercheurs pluridisciplinaires (Simon et Schelling). Le mécanisme de la nomination déséquilibre peut-être le processus en favorisant les économistes issus des mêmes univer sités que les Nobel déjà récompensés, ou appartenant à la même école de pensée. Quoi de plus normal que les économistes consultés proposent des noms parmi leurs collègues les plus proches, dont ils partagent les intérêts? On ignore cependant dans quelle mesure le comité suit la tendance émanant des nominations, ou d'ailleurs dans quelle mesure l'Académie suit les recommandations du comité. Tous les résultats intermé diaires relatifs à un prix Nobel n'étant publiés que cinquante ans après celui-ci, les premières informations ne seront disponibles qu'en 2019. Distinguer les travaux récents, souvent récompensés dans une perspective quasi militante, de ceux plus anciens et souvent consensuellement reconnus permet de mieux appréhender les différents rôles qu'a pu jouer le prix. De façon générale, le graphique 1 souligne l'existence de <<cycles,, dans la distinction de travaux. Dans un premier temps sont plutôt récompensés des travaux anciens, soit à portée épistémologique et structurante pour la discipline, soit qui ont fait leur preuve non seulement académiquement, mais encore dans le champ public. Le trouble 8 LES PRIX NOBEL D'ËCONOMIE Travaux récents ou redécouvertes ? Le souhait originel d'Alfred Nobel était que les prix soient distribués à ceux qui, «au cours de l'année précédente, ont le plus bénéficié à l'humanité». Il n'en est évidemment rien, en économie comme dans les autres disciplines (à l'exception peut-être de la paix). Graphique 1. Âge moyen des lauréats et distance entre l'année de réception du prix et l'écriture des travaux principaux 38,00 .------,,-----...-------.------"T 75,00 <<Dentistes» En quête Nouvelles 36,00 de légitimité approches 73,00 34,00 71,00 32,00 30,00 1 • 69,00 28,00 l 67,00 26,00 65,00 24,00 ~ ..... / 2220,' 0000 +-r.....---r-r-r-1-.-,...-.-.-.......+ -r..t,r.Éi.o.cm.o,.np.oh..ma;.ni-et- er- r-,-,--I.iLh-~r-1 • 'r.1-' 1~/ ..-r"l.i ...-r-r+ 6631,,0000 1969 1976 1986 1997 Année -- Distance, moyenne mobile ----· Âge, moyenne mobile Construction : nous calculons les moyennes mobiles sur cinq ans. Chaque année est affectée d'un coefficient 1. Nous déterminons la << distance» en faisant la différence entre année de nobélisation et année de publication de l'article ou l'ouvrage (éventuel lement jusqu'à trois) distingué. qui s'empare de la discipline (et de toute la société) va au contraire conduire à la récompense de travaux plus récents, rele vant d'une « contre-révolution » méthodologique. La troisième période, celle du «triomphe», consacre plutôt des vieux sages déjà pourvus d'héritiers ; enfin, la dernière semble indiquer, parmi les nombreuses approches relativement nouvelles qui fleurissent, celles que le comité Nobel choisit d'encourager. Ce que nobéliser veut dire Le prix d'économie est pris très au sérieux par les économistes eux-mêmes, qui suivent les remises de prix et spéculent chaque année sur les lauréats probables. Il s'agit de la distinction la plus LE PRIX DE LA BANQUE DE SUÈDE EN L'HONNEUR D'ALFRED NOBEL 9 prestigieuse pour un économiste, et l'honneur fait au lauréat rejaillit sur ses collaborateurs, son université et son champ de recherche. Comme dans d'autres disciplines, il a donc un véri table rôle de structuration. C'est pourquoi il est vain de se demander si le prix d'économie est ou non un <<vrai>> prix Nobel; l'essentiel est que les économistes eux-mêmes et dans une large partie l'opinion publique le considèrent comme tel, conformément au théorème de Thomas : << Si les hommes défi nissent des situations comme réelles, alors elles sont réelles dans leurs conséquences. ,, Ce succès même du prix auprès des économistes rend la sélec tion des lauréats délicate, puisqu'il faut respecter un certain équi libre entre traditions rivales, entre champs de recherche (ne serait-ce qu'entre micro- et macroéconomie), entre universités, entre pays, etc. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que le Nobel récompense des économistes plus ou moins consen suels à un moment donné, même s'il arrive peu fréquemment que le comité assume la part de provocation d'une récompense particulière. Bien qu'il lui soit souvent reproché de ne pas récom penser davantage des approches originales, il est permis de se demander si beaucoup d'institutions similaires se montrent capables de braver un champ académique entier pour promou voir des approches controversées. Il faut d'ailleurs prendre garde au fait que des auteurs qui semblent extrêmement classiques ou << orthodoxes ,, rétrospecti vement ne l'étaient pas nécessairement au moment de la récep tion de leur prix, en quel cas le Nobel a pu légitimer des programmes de recherche qui commençaient seulement à s'imposer. On peut penser à l'approche microéconomique de Becker, aux travaux d'un Friedman très contesté en 1976, ou à l'économie comportementale. Inversement, il faut parfois attendre qu'une approche nouvelle soit devenue incontournable pour la voir récompensée, comme la théorie des jeux -de façon générale, le rôle du Nobel semble être passé de caution morale de nouvelles approches ou théories à celui de sanction de travaux déjà unanimement reconnus. Après le choix des noms, le comité Nobel établit en un court paragraphe ce pour quoi les lauréats sont récompensés et fournit un dossier plus ou moins long récapitulant leurs travaux. De façon générale, les lauréats sont plutôt récompensés pour leurs travaux les moins << contestataires ''· Simon, le père de la rationalité limitée, est récompensé pour << son analyse des orga nisations ,, et ne se prive pas de rappeler lors de la conférence qui

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