les normes biochimiques sanguines chez le mouton, le porc, le chien, les volailles et les animaux

12 Pages·2017·0.9 MB·French

LES NORMES BIOCHIMIQUES SANGUINES CHEZ
LE MOUTON, LE PORC, LE CHIEN, LES
VOLAILLES ET LES ANIMAUX DE LABORATOIRE;
PHYSIOLOGIE ET PATHOLOGIE
H. Le Bars, J. Tournut
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H. Le Bars, J. Tournut. LES NORMES BIOCHIMIQUES SANGUINES CHEZ LE MOUTON, LE
PORC, LE CHIEN, LES VOLAILLES ET LES ANIMAUX DE LABORATOIRE; PHYSIOLOGIE
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LES NORMES BIOCHIMIQUES SANGUINES CHEZ LE MOUTON,
LE PORC, LE CHIEN, LES VOLAILLES
ET LES ANIMAUX DE LABORATOIRE;
PHYSIOLOGIE ET PATHOLOGIE
H. LE BARS J. TOURNUT
llcolcs nationales vétérinaires
d’Alfort et de l’oulouse (France)
Les tests biochimiques sanguins représentent un élément important de dia-
gnostic et de pronostic pour le pathologiste en complément de l’examen clinique.
Nous disons bien en complément de l’examen clinique car il nous paraît indispensable
de rappeler qu’une perturbation biochimique n’indique pas obligatoirement l’organe
atteint, elle ne fait en général que préciser l’intensité ou la modalité de l’atteinte d’un
organe déjà suspecté par l’examen clinique. La généralisation des dosages biochi-
miques, l’utilisation d’appareils de plus en plus perfectionnés, de plus en plus auto-
matiques, ne doit être en aucun cas une solution de facilité pour le clinicien. Cette
notion banale, relevant du simple bon sens, ne doit pas être perdue de vue d’autant
plus que l’utilisation des normes biochimiques apparaît maintenant en zootechnie.
En effet les grandes collectivités animales, avec le caractère de rentabilité qui les
domine, font appel de moins en moins à l’éleveur traditionnel, à l’éleveur observa-
teur, et de plus en plus au gestionnaire. Pour cette raison on tente de suppléer la
carence de l’éleveur par différents moyens. L’un d’entre eux est l’étude des profils
biochimiques dont on peut espérer a priori qu’ils permettent de surveiller l’évolution
des productions, de prévoir les incidents alors que les résultats sont encore apparem-
ment normaux, de vérifier l’intégrité des différents organes et par là même de justi-
fier une intervention précoce. Dans ces conditions l’intérêt des profils biochimiques
va être différent suivant que l’on se place du point de vue du « manager », directeur
d’élevage ou de celui du pathologiste.
Le directeur d’élevage souhaite recevoir des informations précises et précoces
sur l’état de santé de ses animaux par l’étude d’un nombre restreint de paramètres
nécessitant un nombre réduit de prélèvements qui ne doivent pas perturber l’élevage
et occasionner une baisse de production. Par opposition, le pathologiste (au sens
large du terme), c’est-à-dire plutôt le zootechnicien surveillant ces grandes collecti-
vités animales, ayant séparé les recherches nécessaires au diagnostic d’une affection,
souhaite en plus étudier dans les profils, même si cela doit alourdir le protocole, tant
sur le plan de la réalisation que sur celui de l’économie, une série de paramètres
qui permettront d’apprécier avec le plus de précisions possibles un ou plusieurs
métabolismes que la technique d’élevage (alimentation, environnement) risque de
perturber. Ajoutons que le pathologiste recherche également des tests simples lui
permettant d’établir le pronostic économique du troupeau. Ainsi l’un de nous a montré
que l’estimation de l’uricémie chez les Volailles est une méthode précieuse pour déter-
miner l’avenir d’un élevage. FE RRANDO écrivait en i7i g: « l’examen par sondage du
profil biochimique d’un élevage apparaîtra dans les prochaines années aussi indispen-
sable que la pesée des animaux ou la mesure de leur consommation d’aliment o.
Mais il ne faudrait pas que, sacrifiant à une certaine mode, ces dosages deviennent
un festival de portes ouvertes enfoncées.
Pour ne citer qu’un exemple on peut apprécier la rétention azotée et la croissance
d’un animal par des tests plus simples et moins coûteux que le dosage de l’albumine
sérique.
Si ces différentes démarches ont apporté des résultats intéressants aussi bien
sur le plan de la pathologie individuelle que sur celui de la pathologie de groupe et,
d’une façon plus générale sur la conduite d’un élevage, il faut reconnaître que le
dessin des profils biochimiques chez les animaux domestiques est loin d’être parfaite-
ment connu. Il est même souvent difficile à interpréter en raison des nombreux para-
mètres qui interfèrent au niveau des résultats et des interrelations qui existent entre
les différents métabolismes.
Les progrès de la biochimie mettent à notre disposition des méthodes de dosage
de plus en plus précises et les informations que l’on peut obtenir portent schémati-
quement sur deux catégories de substances : les nutriments, les enzymes.
D’une façon générale, le taux des différents nutriments se trouvant dans le plasma
dépend de quatre groupes de facteurs :
i) Les apports alimentaires ;
2) Les apports métaboliques (intensité de leurs synthèses) ;
3) L’utilisation cellulaire ;
4) L’élimination.
Synthèse, utilisation et élimination peuvent être l’objet d’une régulation méta-
bolique, les apports alimentaires eux-mêmes étant l’objet d’une régulation plus glo-
bale, celle d’un comportement. Mais il faut noter que toutes les régulations n’ont pas
la même signification. Certaines ont pour but principal de maintenir un nutriment
à un niveau constant, ou plutôt à l’intérieur d’une marge de variations, d’une « four-
chette », relativement étroite. D’autres, au contraire, ont pour objet d’assurer un
apport tissulaire suffisant en fonction des besoins quel que soit le taux sanguin. C’est
le cas par exemple des acides gras non estérifiés (AGNE) du plasma qui sont libérés
par le tissu adipeux en fonction des besoins énergétiques de l’organisme (travail
musculaire, lutte contre le froid par exemple ou même plus simplement dans les inter-
valles des repas). Le but de la régulation est avant tout une régulation énergétique
et le taux plasmatique des AGNE est très variable dans les conditions physio-
logiques.
Deux catégories d’enzymes se trouvent dans le sérum :
I) Les enzymes dont le lieu normal d’action est le sang comme par exemple
celles qui interviennent dans la coagulation sanguine.
2) Les enzymes d’origine cellulaire qui, dans les conditions physiologiques, sont
peu abondantes dans le sérum. En effet ces enzymes sont en position intracellulaire.
Cependant, du fait d’une certaine perméabilité de la membrane cellulaire et du renou-
vellement constant de la plupart des cellules de l’organisme, avec de grandes varia-
tions selon les tissus, une partie des enzymes passe dans le sang. Ceci explique l’origine
de la faible quantité d’enzymes cellulaires présentes dans le sérum dans les conditions
normales. Dans quelles circonstances peut-on observer uue augmentation de ces
tattx ?
En fait l’activité d’une enzyme dans le sérum dépend de deux groupes de facteurs :
i) Les facteurs de sa libération au niveau tissulaire ;
2) Les facteurs de son élimination du sérum. Les premiers eux-mêmes varient
suivant l’intensité de l’élaboration (influence de l’alimentation et des régulations
hormonales) et de l’état cellulaire (augmentation de la perméabilité de la membrane,
lyse cellulaire). Nous ne possédons que peu d’informations sur l’élimination des en-
zymes de la circulation (Voir les travaux de MA,SSARAT 165 9 sur les transaminases
chez le Porc et la revue de Fx!!Dt,Arrn et KR,AMER ig7o).
QUETES SONT I,BS INFORMATIONS
QUE PEUVENT APPORTER LES DOSAGES
ENZYMATIQUES SANGUINS ?
Toutes les cellules des divers organes n’ont pas le même équipement enzyma-
tique. Théoriquement il est donc possible de penser que le dosage de la quantité totale
des enzymes dans le sang et de leurs proportions relatives permettra de préciser le
tissu lésé et d’évaluer dans une certaine mesure le degré de gravité de l’atteinte cellu-
laire. Mais de nombreuses enzymes se trouvent dans plusieurs tissus ce qui fait que
lorsque l’on constate l’élévation du taux sérique d’une enzyme déterminée on peut
supposer que c’est tel organe qui est !robablement en cause, mais il faut également
penser que l’organe en question n’est pas obligatoirement atteint ou encore qu’il
n’est pas le seul atteint. De plus le problème se complique du fait que les activités
enzymatiques tissulaires sont variables d’une espèce animale à l’autre (voir notam-
ment les travaux de COIU RNSEL et coll. en 1 959 sur les activités transaminasiques
des tissus du Cheval, du Baeuf, du Porc et du Chien et les travaux de BO YD en 1629
sur les activités enzymatiques de quelques tissus, du sang total et sérum chez la Vache,
le Mouton, le Rat). En conséquence les rapports observés dans une espèce entre la
pathologie et certains taux enzymatiques sériques ne peuvent pas être extrapolée
à une autre espèce.
Les enzymes dont le taux sérique représente un reflet assez fidèle de l’état, phy-
siologique ou pathologique, des cellules d’origine sont des enzymes hépatiques inter-
venant dans l’uréogenèse chez les Mammifères (Ornithine Carbamyl Transférase,
Arginase) ou dans la néoglycogenèse (Sorbitol Déshydrogénase) avec, ici encore, des
variations suivant les espèces : par exemple, le Chien ne possède pratiquement pas
de Sorbitol Déshydrogénase. Cependant on utilise en clinique les variations des taux
des transaminases sériques. Or si la transaminase glutamique pyruvique (SGPT)
est assez spécifique du foie car elle se trouve à forte concentration dans le tissu hépa-
tique, ce fait n’est valable que chez les Primates, le Chien, le Chat, le Rat. Par contre
la transaminase glutamique-oxaloacétique (SGOT) se trouve également à forte concen-
tration dans d’autres tissus. L’un de nous, avec BArrNrTG (Ig!!), étudiant l’évolution
des paramètres sanguins chez le Mouton et le Lapin à la suite d’une infestation expé-
rimentale par Fasciola hepatica, a pu vérifier, à la suite de Ross (167)9, SWELEL
(7)i,g6 THEORP (ig6g), la non spécificité hépatique de la SGOT et par contre l’intérêt
de l’OCT.
Pour les dosages enzymatiques, nous ne pensons pas qu’il soit inutile de répéter,
à la suite de Rico et coll. (1)9,73 les recommandations pratiques concernant les pré-
lèvements et l’interprétation des résultats. Pour les prélèvements les précautions
suivantes sont à prendre :
i) Il doit s’agir d’un sérum et non d’un plasma, car certains anticoagulants
sont susceptibles d’agir comme des inhibiteurs de l’activité enzymatique.
2) Le sérum doit être frais, les enzymes étant des molécules fragiles (la perte
d’activité en 2 4 heures peut dépasser 5 0 p. ioo.)
3) Le sérum doit être recueilli aseptiquement pour éviter l’influence d’éven-
tuelles enzymes d’origine microbienne.
4) Le sérum doit être exempt de toute trace d’hémolyse pour écarter une
contamination par des enzymes érythrocytaires. Enfin, en ce qui concerne l’inter-
prétation des résultats, bien qu’ils soient le plus souvent exprimés en unités inter-
nationales, la comparaison des valeurs fournies par différents laboratoires reste
délicate et parfois même impossible du fait de la multiplicité des techniques utilisées
(voir notamment BovD, zg62). Il est donc indispensable pour le clinicien de toujours
faire préciser aux laboratoires d’analyses quelle est la méthode de dosage utilisée
et quelles sont les valeurs considérées comme normales obtenues par cette méthode.
D’une façon plus générale, toute détermination biochimique sanguine pose le
problème au moment du prélèvement. Il est admis que la prise de sang doit être
effectuée 8 à 1 0 heures après le dernier repas pour éviter les modifications provoquées
par l’ingestion d’aliments. Toutefois, en élevage industriel, ces conditions sont irréa-
lisables en raison de l’agression qu’elles créent et des conséquences préjudiciables
sur les productions.
Étudiant ce problème chez les Oiseaux domestiques, TO URNUT et coll. ont pu
observer que la suppression des aliments pendant 2 heures est suffisante sur g5 à
g8 p. 1 00 des sujets testés, à la condition que ceux-ci reçoivent un aliment complet
en farine, distribué en mangeoires remplies le matin ou en trémies libre-service.
En outre, en recherchant les pics les plus importants de l’uricémie au cours de la jour-
née, ces auteurs ont remarqué une stabilisation des variations entre 1 4 et 16 heures.
Le prélèvement au cours de cette période évite donc l’agression due au retrait des
aliments.
Enfin, comme il s’agit d’une collectivité animale, les prélèvements doivent se
faire dans le plus grand calme pour réduire au maximum les perturbations dues à la
présence de personnes étrangères. Cette précaution est d’ailleurs valable pour les
autres espèces. Nous avons pu constater (LE BARS et BA)NTING sur les moutons parti-
culièrement indociles, chez lesquels les prélèvements sanguins présentaient quelques
difficultés, que la répétition des prises de sang suffisait pour entraîner une augmenta-
tion de l’activité GOT du sérum. Dans le même ordre d’idée, KRAFT (ig!4) a montré
chez le Rat qu’une simple injection intra-musculaire, quelle que soit la substance
administrée, même une simple solution saline, entraînait des lésions locales détermi-
nant une augmentation de 2 à 3 fois des taux sanguins de Créatine Phosphokinase
et de Lactico-Déshydrogénase en 1 2 heures.
L’intérêt de la détermination du taux sanguin d’un élément dépend :
i) de la place que cet élément occupe dans le pool métabolique, de son impor-
tance en tant que témoin d’une activité métabolique et de sa régulation ;
2) de la spécificité de ses variations en tant que témoin de l’atteinte d’un
organe ;
3) de l’importance quantitative et de la rapidité de sa variation ;
4) du temps de latence qui sépare cette variation de l’apparition de la baisse
de performance ou de la maladie elle-même. Il est bien évident que l’interprétation
des résultats exige une connaissance des normes physiologiques. Or ces valeurs sont
conditionnées par l’âge, le sexe, l’activité génitale, les conditions d’entretien (loge-
ment, alimentation, abreuvement), éventuellement le comportement alimentaire
de certains animaux.
A titre d’exemple de l’importance de ces paramètres, citons quelques observa-
tions faites par TO URNUT et coll. étudiant les variations de l’uricémie chez les Oi-
seaux :
- L’existence d’un rein avec néphrons embryonnaires explique dans une cer-
taine mesure l’élévation de l’uricémie pendant les 4 premières semaines de la vie.
- Cette uricémie élevée va persister au-delà de la 4e semaine chez le Perdreau
en raison de son comportement alimentaire particulier : cet animal, dans les condi-
tions sauvages ne buvant que la rosée du matin ou l’eau des jeunes pousses, va, en
claustration boire de très petites quantités d’eau, ce qui est un facteur de l’élévation
de l’uricémie. Par contre, chez l’Oison en claustration, les normes biochimiques accu-
sent une telle dispersion qu’il est difficile d’interpréter leur variation sous l’action
du facteur alimentaire, par exemple.
- Chez les Poules la courbe de ponte et la courbe de l’uricémie présentent une
corrélation négative significative pendant plusieurs semaines.
- En dehors de ces facteurs intrinsèques importants, les facteurs extrinsèques
peuvent modifier les résultats. Ainsi les conditions de logement, même si les locaux
sont apparemment identiques, représentent un facteur dont l’influence est statisti-
quement démontrée.
Les conditions d’alimentation peuvent provoquer des variations liées :
- à la composition de l’aliment : rapport énergie/protéine, valeur biologique
des protéines, qualité des matières grasses. Interviennent également les agents thé-
rapeutiques utilisés soit à titre prophylactique (anticoccidien), soit à titre thérapeu-
tique (l’oxytétracycline et le chloramphénicol ont, à forte dose, une action sur les
entérocytes) ;
- au mode de présentation de l’aliment (farine ou granulé) ;
- au mode de distribution de l’aliment (rationnement ou alimentation ad
li bitum) .
En conclusion les progrès de la biochimie mettent à notre disposition des
méthodes de plus en plus précises permettant non seulement de préciser un diagnostic
dans des cas pathologiques mais encore de contrôler le comportement physiologique
des animaux et de prévoir dans une certaine mesure les effets possibles de leur ration
ou les troubles susceptibles de venir à brève échéance compromettre leur rendement.
Mais l’interprétation précise des résultats exige la détermination préalable, sur un
nombre suffisant d’animaux, de la dispersion des différents paramètres dans les condi-
tions naturelles, compte tenu de l’incidence du climat, du type de l’élevage, de l’ali-
mentation.
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