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Les Modaux et la négation en anglais contemporain PDF

330 Pages·2017·2.52 MB·English
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Les Modaux et la négation en anglais contemporain Lionel Dufaye To cite this version: Lionel Dufaye. Les Modaux et la négation en anglais contemporain. Ophrys, 2001, Numéro spécial des Cahiers de Recherche, 9782708009967. ￿hal-01444423￿ HAL Id: hal-01444423 https://hal.science/hal-01444423 Submitted on 30 Jan 2017 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. AVANT PROPOS Ce livre est une version remaniée de ma thèse de doctorat, effectuée sous la direction d’Alain Deschamps, Université Paris 7. L’objet de ce travail était à la fois : 1/ de proposer une analyse systématique des différentes valeurs traditionnellement attribuées à chaque modal, et, 2/ de mettre en avant un système de formalisation qui puisse rendre compte de l’ensemble des auxiliaires de modalité dans leurs différents emplois avec un nombre minimal de concepts. Ce deuxième objectif, dont les principes sont exposés essentiellement dans le premier chapitre, présentera avant tout un intérêt pour les lecteurs qui envisagent d’aborder la question de la modalité dans le cadre d’un travail de recherche. Cet aspect théorique est en revanche relégué au second plan dans les études de marqueurs eux-mêmes, de sorte que l’on peut consulter directement les chapitres II à VIII si l’on s’intéresse principalement aux analyses d’exemples. Je souligne par ailleurs que toutes les analyses proposées se sont appuyées sur un nombre important d’exemples contemporains, presque tous issus de recherches sur Internet. Toutefois, pour des soucis de concision, je n’ai conservé dans la présente version qu’entre un et trois exemples (généralement les moins longs et/ou les plus pertinents) pour illustrer chaque emploi. Je ne pense pas que ce choix ait de quelque façon trahi les exigences que requiert ce type d’analyse, ni qu’il ne gêne la compréhension des développements. INTRODUCTION Dans ce travail de recherche, les auxiliaires de modalité sont analysés en fonction de leur interaction avec le marqueur de négation NOT. Le choix de cette approche a été motivé par l’observation d’une dissymétrie entre les formes positives et les formes négatives au sein de ce système. En effet, le système des auxiliaires de modalité n’est pas tel qu’à une forme positive correspondrait une forme négative. On verra par exemple que les emplois « sporadiques » de CAN ou les emplois dispositionnels de WILL nécessitent des conditions d’énonciation particulières pour pouvoir apparaître en co-occurrence avec la forme négative. De même, on sait que MUST n’a pas, en anglais britannique, d’emploi épistémique avec la forme négative. À l’inverse, il est problématique d’employer CAN avec une valeur épistémique autrement que dans des contextes non-assertifs. Dans le même ordre d’idée, WILL n’exprime pas une volition pure en dehors de certains contextes négatifs et/ou hypothétiques. Mentionnons également NEED et DARE, qui ne sont pas employés en tant qu’auxiliaires dans des contextes assertifs positifs. Je chercherai à montrer que les formes négatives peuvent être envisagées comme un système en soi, et que leur étude ne nécessite pas qu’on appréhende ces formes comme la négation d’une modalité positive. On pourra bien sûr examiner l’interaction de la négation avec les opérations modales. Mais il s’agira avant tout de mettre en évidence que les formes négatives sont la trace d’opérations à part entière qui s’organisent en un système cohérent, et non-isomorphe par rapport aux emplois positifs. La configuration de ce système sera exposée en détail à la fin du premier chapitre, consacré à la méthodologie et aux concepts formels (cf. sous-chapitre I.3). Le cadre théorique adopté sera celui de la Théorie des Opérations Enonciatives élaborée par Antoine Culioli. De manière plus spécifique, ce travail s’inscrit dans la continuité des travaux d’Alain Deschamps (1998 et 1999). Dans son analyse, les auxiliaires de modalité sont présentés sous la forme d’un couple d’opérations qualitatives et quantitatives. Ces couples d’opérations sont compatibles avec des jeux de pondération qui permettent de rendre compte de la compatibilité d’un même marqueur avec différentes valeurs. Dans la tentative de formalisation qui sera proposée, je montrerai que les formes négatives supposent dans certains cas l’intervention de plus de deux opérations pour une même forme. Parallèlement à ce cadre théorique, je ferai également référence à certains principes de logique. Il sera ainsi rappelé dans le premier chapitre que la négation et la modalité ont toujours entretenu des rapports assez étroits, de sorte qu’il semble parfois impossible d’étudier la première sans faire intervenir la seconde (notamment pour les 2 Les Modaux et la négation questions de portée). Un des aspects de ce travail consistera à montrer que la conception binaire de la portée peut et doit être dépassée pour poser le problème correctement. L’organisation de chaque chapitre sera plus ou moins similaire. Dans un premier temps, je traiterai d’abord les valeurs dites « radicales », puis les valeurs dites « épistémiques ». Ce choix répond à une volonté de décrire les opérations à prépondérance qualitative avant d’examiner le rôle de la composante quantitative. Lorsque les marqueurs seront la trace de plus de deux opérations, cette organisation ne pourra pas être respectée. Ce sera le cas de WILL+NOT, auquel sont associées deux composantes qualitatives et une composante quantitative et de CAN+NOT, auquel sont associées deux composantes qualitatives et deux composantes quantitatives. Toutes ces analyses seront accompagnées d’une représentation formelle commentée. La disposition des différents chapitres répond également à une certaine logique. Le premier marqueur abordé sera WILL+NOT, notamment pour illustrer le concept d’implication, qui sera central central dans un grand nombre d’analyses. Pour des raisons qui paraissent évidentes, j’ai choisi de traiter SHALL+NOT (chapitre III) à la suite de WILL+NOT. MUST+NOT (chapitre IV) sera abordé à la suite de ces deux marqueurs. Deux raisons justifient ce choix : 1/ on verra que MUST+NOT partage une « composante » avec SHALL+NOT et 2/ il sera intéressant de comparer les emplois épistémiques de MUST+NOT aux emplois épistémiques de WILL+NOT. Le chapitre V est consacré à NEED+NOT qui, comme on le sait, peut s’analyser comme la trace d’une opération dont MUST est la trace, tant dans ses emplois radicaux qu’épistémiques. Il m’a semblé que DARE+NOT (chapitre VII) devait être traité à la suite de NEED+NOT. Comme je l’ai rappelé plus haut, ces deux marqueurs ont en effet en commun de ne pouvoir s’employer auxiliairement que dans des contextes « non-assertifs ». La problématique de ces deux chapitres (V et VI) consistera à expliquer cette compatibilité avec la négation. Le rôle de la négation avec les deux marqueurs du « possible » CAN (chapitre VII) et MAY (chapitre VIII) constituera l’objet des deux derniers chapitres. Il semblait ici aussi important de ne pas séparer deux marqueurs qui partagent de toute évidence certaines caractéristiques distributionnelles. Notons enfin qu’on trouvera une annexe à la fin de ce travail, dans laquelle sont exposés un certain nombre d’outils conceptuels qu’il semblait difficile d’intégrer au corps du texte sans effectuer une digression importante. Enfin, une seconde annexe présentera, sous forme d’un tableau, un récapitulatif des analyses de marqueurs. Le marqueur OUGHT TO a été laissé de côté dans cette analyse. Il ne me semblait pas possible de proposer une étude pertinente de ce marqueur sans examiner également le cas de SHOULD. Or, j’ai choisi dès le départ de limiter le champ d’étude aux formes modales non fléchies, afin de ne pas cumuler deux problèmes différents : négation et – ED. Comme avec la négation, l’analyse de ce type de co-occurrence (modal + -ED) permettrait sans doute de mettre en évidence l’existence d’un système à part entière, et devrait en conséquence être l’objet d’une étude à venir. Chapitre I (cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190)(cid:190) METHODOLOGIE ET CONCEPTS FORMELS First, when English is learned natively the meanings of those eight modals are learned so extremely early [. . .] that as an adult one has left them buried deep in the subconscious where they are inaccessible to anyone but a ruthless professional analyst of languages; and when they are seen laid out and dissected as they will be here, we are bound to feel that we are witnessing the anatomy of our own flesh and blood. Martin Joos 1 LA MODALITE ET LES AUXILIAIRES DE MODALITE Les auxiliaires de modalités constituent une classe fermée de marqueurs, définie en fonction de critères morphosyntaxiques. Le syntagme « auxiliaire de modalité » souligne cependant que l’on a affaire à des formes linguistiques qui font intervenir deux notions différentes : la notion syntaxique d’auxiliaire (dont relèvent les critères morphosyntaxiques) et la notion sémantique de modalité. Les « modaux » n’épuisent l’extension d’aucune de ces deux catégories : tous les auxiliaires n’ont pas les caractéristiques sémantiques des modaux ; tous les opérateurs de modalité ne se comportent pas comme des auxiliaires. Les « modaux » constituent ainsi cette classe de marqueurs qui correspond à la zone de recouvrement de ces deux notions, de sorte que leur définition exige la prise en compte de deux types de caractéristiques. Pour reprendre la formulation d’Otto Jespersen, on pourrait dire que les modaux : "Janus-like face both ways, towards form, and towards notion." (O. Jespersen, 1929, p. 56) Je commencerai par rappeler les propriétés syntaxiques définitoires de cette classe de verbes en anglais contemporain, avant de m’intéresser aux critères sémantiques qui distinguent les « modaux » des autres auxiliaires. 4 Les Modaux et la négation 1.1 LA MORPHOSYNTAXE DES AUXILIAIRES DE MODALITE Huddleston (1976) a proposé de définir la catégorie grammaticale des auxiliaires en fonction de quatre comportements syntaxiques, dites NICE properties : Negation, Inversion, Code, Emphatic affirmation. Negation : il existe une classe fermée de 11 verbes qui sont compatibles avec une négation enclitique1 : DO, HAVE, BE, WILL, SHALL, MUST, NEED, DARE, CAN, MAY, OUGHT (TO) (sachant que *amn’t est la seule forme clitique impossible). Dans certains cas, cette compatibilité avec la forme contractée est plus potentielle qu’effective : shan’t, et plus encore mayn’t, ne se rencontrent presque plus. Inversion : ces mêmes verbes permettent de construire les interrogatives (entres autres) par inversion de l’ordre sujet / verbe. Code : cette classe de verbe permet également de construire des reprises elliptiques : I love apple-pies and so does she ; I can speak German and so can she ; etc. Emphatic affirmation : bien que toutes les catégories syntaxiques soient compatibles avec une emphase accentuelle, seuls les auxiliaires ont pour fonction de pouvoir construire une « affirmation » emphatique. Cependant, comme le remarque A. R. Warner (1993) cette fonction est surtout propre aux auxiliaires DO, HAVE, et BE. Bien que cette fonction puisse également être assumée par un auxiliaire modal, c’est moins la validation que la validabilité (ou les conditions de validabilité) de la relation prédicative qui sont mises en valeur : (1) As such I think it can be a great healer of depression and powerlessness, which when you realize something really CAN be done, often turns into healthy anger and the desire to fight for what's important. http://csf.colorado.edu/perma/lists/nov97/msg00880.html À côté de ces critères, qui s’appliquent à l’ensemble de la catégorie des auxiliaires, les huit auxiliaires de modalité présentent des particularités morphosyntaxiques supplémentaires qui en font une classe syntaxique à part : - Ils n’acceptent pas de morphème –S à la troisième personne du singulier. - Ils sont suivis d’un infinitif sans TO, à l’exception de OUGHT (même pour ce dernier, on rencontre cependant des emplois sans TO notamment pour les emplois négatifs). - Ils n’ont pas d’emplois « impératif » (même chose pour HAVE et BE). - Ils sont incompatibles avec les morphèmes en –EN et -ING. 1 Je laisse de côté le cas de USED. Une recherche du syntagme "usedn’t" à partir de alltheweb n’a fourni qu’une vingtaine de pages Internet, dont la plupart étaient des quiz ou des cours de grammaire anglaise. En revanche, la séquence "didn’t used to" renvoyait à plus de 4000 pages web. L’emploi de ce marqueur avec la morphosyntaxe propre aux auxiliaires est de toute évidence en net recul en anglais contemporain. Chapitre I : Méthodologie 5 Tous les modaux n’ont cependant pas un comportement homogène. Le cas de OUGHT TO vient d’être mentionné. Mais on sait également que MUST, NEED et DARE n’ont pas de forme prétérit. D’autre part, NEED et DARE ont une distribution un peu particulière puisqu’ils ne sont employés auxiliairement que dans les contextes dits « non assertifs ». Ils se distinguent par ailleurs des autres modaux par le fait qu’ils ont également un emploi « lexical » (voir chapitre V et VI). 1.2 LA SEMANTIQUE DES AUXILIAIRES DE MODALITE Le cadre théorique dans lequel s’inscrit cette recherche est celui de la théorie des opérations énonciatives ou TOE, élaborée par Antoine Culioli. Les concepts auxquels fera appel l’ensemble des analyses de marqueurs qui seront présentées ici relèvent de cette théorie. Toutefois, avant de rappeler les notions fondamentales qui caractérisent ce cadre théorique je reviendrai sur quelques notions héritées de la logique modale classique. Le but de ces remarques préliminaires sera de souligner à la fois l’inadéquation de ce cadre théorique par rapport aux données linguistiques et l’importance du rôle des rapports paraphrastiques. 1.2.1 REMARQUES SUR LA LOGIQUE MODALE S’il n’est pas rare de trouver dans les grammaires et les ouvrages de linguistique des sous-chapitres consacrés aux relations qu’entretiennent les modaux et la négation, il est en revanche plus rare de s’interroger sur les raisons de cette insistance à mettre en rapport ces deux types d’opérateur. On sait en fait que l’étude conjointe de la modalité et de la négation s’inscrit dans un cadre plus large, mais également plus ancien, où ce sont moins les auxiliaires de modalité, marqueurs spécifiques pour une langue donnée, que la modalité de manière générale qui a d’abord été mise en rapport avec la négation. Il semble même que pendant très longtemps il n’était pas concevable d’appréhender les « formes modales » (on ne peut pas encore parler de « marqueurs ») sans faire intervenir la négation dans le cadre de l’analyse. 1.2.1.1 LE CONCEPT D’EQUIPOLLENCE Aristote explore, dans l’Organon (1997, pp. 120-137), les rapports entre la négation et les modalités du possible et du nécessaire. Dans l’Hermeneia, Aristote met en évidence un jeu d’équivalences formelles entre des propositions modales : c’est-à-dire des propositions où l’on reconnaît un dictum (le contenu propositionnel) et un modus (une modalité). Aristote remarque que certaines propositions sont consécutives (au sens où elles entretiennent une relation d’équivalence sémantique). Il aboutit ainsi à un tableau où, pour chaque proposition modale, on obtient trois autres propositions consécutives, appelées « consécutions », obtenues par le procédé de l’obversion. Pour donner un exemple, si on prend la proposition Il est possible que cela soit, on obtient l’ensemble de propositions consécutives suivantes : 6 Les Modaux et la négation <1> Il est possible que cela soit <2> Il est possible que cela soit pas <3> Il n’est pas nécessaire que cela soit <4> Il n’est pas nécessaire que cela ne soit pas Il est important de remarquer que toutes ces propositions sont consécutives entre elles. En d’autres termes, la proposition 3 est une consécution de 1 comme de 4, elle-même est consécutive de 2, de 3 ou de 1, etc. On va dire que l’on a affaire à une série de propositions « équipollentes » (c’est-à-dire que l’on peut passer de l’une à l’autre de manière immédiate, à la différence des syllogismes qui opèrent de manière médiate). Ces consécutions varient ainsi en fonction de deux critères : la nature de la modalité et la place de la négation. Ces « formes propositionnelles », que les scolastiques ont, pour des raisons pédagogiques, symbolisées par des voyelles, peuvent être synthétisées de la manière suivante : - Dictum positif et modus positif (A) - Dictum positif et modus négatif (E) - Dictum négatif et modus positif (I) - Dictum négatif et modus négatif (U) La proposition modale que j’ai prise pour exemple plus haut (Il est possible que cela soit), et les consécutions qui l’accompagnent, ne représentent cependant qu’un type de modalité parmi les quatre que distingue Aristote (où l’on reconnaît les quatre formes A, E, I, U que je viens de rappeler) : Ier ORDRE : Il est possible que cela soit (et ses consécutions). IIe ORDRE : Il est possible que cela ne soit pas (et ses consécutions). IIIe ORDRE : Il n’est pas possible que cela soit (et ses consécutions). IVe ORDRE : Il n’est pas possible que cela ne soit pas (et ses consécutions). Chacune de ces modalités entretient avec les trois autres des rapports variables : contradictoires, contraires, subalternes, subcontraires, qui peuvent être résumés sous formes de « carrés logiques », dont voici une représentation (Par analogie, ce modèle a été appliqué à d’autres types de modalité : existentielle, déontique, temporelle, mentionnées dans ce même schéma) : N ECESSAIREMENT NECESSAIREMENT PAS TOUS contraire AUCUN OB LIGATOIRE IN TERDIT TOUJOURS su su JAMAIS balte contradictoires balte rn rn e e subcontraire PAS NECESSAIREMENT PAS PAS NECESSAIREMENT PAS TOUS QUELQUES PERMIS FACULTATIF PA RFOIS (OUI) PARFOIS (NON) Chapitre I : Méthodologie 7 Le logicien G. H. von Wright a également présenté un parallèle entre les différentes modalités sous forme d’un tableau, qui traduit les variations quantitatives à l’intérieur de chaque catégorie: ALETHIC EPISTEMIC DEONTIC EXISTENTIAL n ecessary verified obligatory universal possible undecided permitted existing contingent indifferent impossible falsified forbidden empty (G. H. von Wright, 1951, p. 2) Avant de tenter de corréler ce qui vient d’être dit avec des données linguistiques, je prendrai un exemple pour illustrer les problèmes qui peuvent émerger de ce cadre formel. Je partirai de la question du contradictoire, dont on vient de voir qu’il se construisait en négativant la modalité. Or, il existe une dissymétrie entre d’une part l’impossible et d’autre part le nécessaire, qui est son contraire. Pour chacune de ces deux modalités, que l’on qualifierait en termes kantiens d’apodictiques, le contradictoire est aisément interprétable. - L’impossible a pour contradictoire le non-impossible. - Le nécessaire a pour contradictoire le non-nécessaire. La question devient plus complexe lorsqu’on cherche à interpréter les contradictoires du non-impossible et du non-nécessaire. La « logique » voudrait qu’en appliquant une négation à ces modalités, en vertu de la loi de double négation, on en revienne au point initial : c’est-à-dire que le contradictoire du non-impossible serait l’impossible et parallèlement, le contradictoire du non-nécessaire serait nécessaire. Mais, dès lors que l’on cherche à proposer une interprétation pour ces contradictoires, on s’aperçoit que la réponse ne va pas de soi. Doit-on parler pour le non-impossible de possible et pour le non-nécessaire de contingent ? Le problème du possible et du contingent pose autant une question de terminologie qu’une question de définition, et on peut se demander si le système aristotélicien permet vraiment de les distinguer. C’est ce que souligne R. Blanché : « Ainsi ce que l’on appelle couramment « les quatre modalités aristotéliciennes », dont s’inspireront la plupart des théories ultérieures des modalités, se réduisent réellement à trois, dont l’une porte seulement un double nom. » (R. Blanché, 1970, p. 71) C’est véritablement un problème de métalangue qui est ici posé. Ainsi, dire d’une chose qu’elle est non-impossible, c’est, semble-t-il, dire qu’elle est susceptible d’être le cas. En ce sens, le possible, contradictoire du non-impossible, a un sens similaire à celui de la contingence, c’est-à-dire ce qui peut être comme ne pas être. La même interprétation se présente pour le cas du non-nécessaire, autrement dit le contingent. On a vu que, « logiquement », le non-contingent devrait ramener au 8 Les Modaux et la négation nécessaire. Or, cette idée est loin d’aller de soi. On peut dire que quelque chose n’est pas contingent soit parce que ce quelque chose est nécessairement le cas (ce n’est donc pas contingent), soit parce qu’il est impossible que cette chose soit le cas. De sorte que le contradictoire du non-nécessaire peut exprimer deux idées contraires. C’est à ce même problème que fait référence J.-B. Grize dans un article consacré aux carrés logiques : « On se heurte toutefois à une autre difficulté qui est celle de l’interprétation du sommet ~ (cid:1) [i.e. le non nécessaire]. Greimas le lit "contingence", mais l’on voit mal alors comment l’impossibilité d’un fait impliquerait sa contingence. » (J.-B. Grize, 1988, p. 143) De même, on a vu plus haut que von Wright laissait vides certaines lignes de son tableau. En envisageant, les choses sous l’angle de la quantification, il est évident que l’on ne reconnaît véritablement que trois cas de figure : tous /aucun / quelques. On comprend que si la négation de « aucun » et la négation de « tous » ramènent l’un comme l’autre à « quelques », on peut s’attendre à ce que la négation de « quelques » puisse ramener autant à « aucun » qu’à « tous », d’où le problème concernant le contradictoire du facultatif ou le contradictoire du contingent. Il devient alors intéressant de se tourner vers les données linguistiques pour voir comment ce problème est géré. En anglais, on sait par exemple que MAY est susceptible d’exprimer une idée de « contingence ». Je prendrai deux exemples simples, le premier avec une valeur dite épistémique, le second avec une valeur déontique : (2.1)2 You may not see them until tomorrow. (3.1) You may not leave the table until I tell you. Dans le premier cas, la négation ne porte pas sur la modalité mais sur la « proposition ». La paraphrase serait en effet : (2.1a) It is possible that you will not see him until tomorrow. Et non : (2.1b) It is not possible you that will see him until tomorrow. Cette portée de la négation sur la relation prédicative est systématique lorsque MAY à cette valeur dite épistémique. On remarquera d’autre part que les paraphrases font appel au terme possible et non au terme contingent. De manière intéressante, on peut également remarquer que, de ce point de vue, l’anglais résout le problème de l’ambiguïté de la non-contignence en éliminant l’expression de cette modalité du système. Cette remarque vaut également pour le français. Le deuxième exemple est également intéressant, car même si l’on pose le problème de MAY en termes de « bilatéralité » (en ce sens que le MAY déontique laisserait au co-énonciateur la latitude de valider comme de ne pas valider la relation prédicative), on voit que l’interprétation de MAY NOT ne présente ici encore aucune ambiguïté. Et pourtant, les paraphrases semble montrer que la négation porte alors sur la modalité : 2 Les numéros d’exemples fabriqués sont suivis d’un point et d’un chiffre (eg. 2.1). Les numéros suivis d’une lettre correspondent à des paraphrases (eg. 2a ; 2.1a ; etc.).

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