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Les meilleurs amis de la psychanalyse : Ce que l'on en fait PDF

142 Pages·2003·2.51 MB·French
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Du même auteur www.pradodeoliveira.org Les pires ennemis de la psychanalyse Montréal, Liber, 2009. Freud et Schreber, les sources écrites du délire, entre psychose et culture Toulouse, Érès, 1997. Organisateur Towards a postanalytical vieux of the Schreber case New York, SUNY, 1988. Schreber et la paranoïa : le meurtre d’âme Paris, L’Harmattan, 1996. Transmission et secret Le Coq-Héron, Toulouse, Érès, 2002. Traducteur Le cas Schreber, contributions psychanalytiques de langue anglaise Paris, Presses universitaires de France, 1979. Les Controverses entre Anna Freud et Melanie Klein Paris, Presses universitaires de France, 1996. Participations « Le contre–transfert, un exemple : le débat sur la psychanalyse et la pédagogie entre Anna Freud et Melanie Klein » L’Enfant et sa famille : entre pédagogie et psychanalyse Toulouse, Érès, 1997. « Sublimation et symbolisation : retrouvailles et fêtes » La fête de famille In Press Éditions, 1998. « Le contre-transfert et les origines de la technique analytique » Les femmes dans l'histoire de la psychanalyse Le Bouscat, L'Esprit du Temps, 1999. « On autism, schizophrenia and paranoia in children : the case of little Jeremy » A language for psychosis : the psychoanalysis of psychotic states Londres, Whurr Books, 2001. Liminaire Ce livre prend source dans la traduction des Controverses entre Anna Freud et Melanie Klein, publiée aux Presses universitaires de France, en 1996. À l’époque, leur traducteur, auteur du présent ouvrage, signalait que ce titre inadéquat recouvrait des conflits d’une autre ampleur, issus des contradictions de Freud et des premiers psychanalystes sur la formation et l’institution psychanalytiques. En effet, il est impossible de concilier « attention flottante », « précision chirurgicale », transmission et institution dans le domaine. À partir de cette traduction des Controverses, vint au jour, Les pires ennemis de la psychanalyse : contribution à l’histoire de la critique interne, dont le titre aurait gagné à être précisément L’horreur de la psychanalyse, comme l’a suggéré notre ami, Jacques Sédat. Car la formation et l’institution psychanalytiques constituent les domaines où échoue cette libre association. Dans ce livre, l’auteur étudie de manière minutieuse les critiques faites à la transmission de la psychanalyse et à son institution dans leur histoire. Deux longs articles, dont un inédit, résument et apportent une contribution fraîche à la compréhension des Controverses. Contribution à l’histoire de la critique interne est un sous-titre qui fait référence aux luttes politiques qui ont succédé à la prise du pouvoir par le parti bolchevik en Russie. En quelque sorte, ce titre de « pires ennemis » est un hommage posthume à Pierre Fédida. Questionné au sujet de l’existence des ennemis de la psychanalyse, notre ami de toujours a eu le courage de répondre : « Les pires ennemis de la psychanalyse se trouvent dans la maison des psychanalystes, parmi nous. » Les pires ennemis de la psychanalyse : contribution à l’histoire de la critique interne, a connu un destin curieux, lié aux avatars des confusions entre institutions psychanalytiques et maisons d’édition. Il a été accepté dans une collection dirigée par un collègue d’une association psychanalytique de France pour une publication en 2009. À la lecture de son dernier chapitre, ce collègue a changé d’avis, communiquant son refus de poursuivre son travail éditorial à l’auteur. En même temps qu’il le faisait, il transmettait le manuscrit pour fabrication à notre maison d’édition, L’Harmattan, ce qui n’a été découvert qu’à l’occasion du livre actuel, Les meilleurs amis de la psychanalyse. Il s’agît sans doute des suites de cette même ambivalence si présente dans certaines institutions. En effet, en 1986, lorsque j’ai présenté ma candidature en tant que membre de l’association en question, celle-ci a été retenue par six votes favorables contre trois votes défavorables. Une trentaine de personnes se sont abstenues. En démocratie, ce résultat correspond à une élection. Parfois, l’association psychanalytique a partagé un point commun avec certaines universités : celui de considérer un vote blanc ou une abstention comme vote négatif. C’est une pratique curieuse, dont le caractère démocratique est contestable. C’est une pratique sans fondement, qui rend impossible toute innovation ou transformation importante. En l’occurrence, des membres titulaires ayant participé à ce vote ont témoigné du déchaînement de violence : renversement d’une décision majoritaire à l’ombre de l’instauration d’une dynamique inamicale dans la vie institutionnelle, liée à l’ancienne ambivalence envers les analystes en formation. L’ambivalence a été signalée par un Reik ou un Balint. Les votes valent ce qu’ils expriment et rien d’autre. La correction est toujours un geste amical. Les meilleurs amis de la psychanalyse sont certainement ceux qui la fréquentent, patients, psychanalystes, mais aussi éditeurs, libraires, bibliothécaires, centres de santé et ainsi de suite. Il est évident que, dans son existence, la psychanalyse a compté bien plus d’amis que d’ennemis. Ceux-ci, sauf exceptions nationales temporaires, n’ont jamais été bien méchants. Ceux qui crient « au loup » veulent fuir le débat d’idées ou, comme dans la fable, cherchent à attirer l’attention. L’ami de la psychanalyse est un titre lié à Bleuler, déjà critique de l’habitude de Freud de se plaindre de persécutions imaginaires. Les meilleurs amis de la psychanalyse présente un moment important de l’histoire de cette discipline, quand des psychanalystes essaient de dépasser les traumatismes inauguraux de la psychanalyse au moyen d’échanges francs. Il gagne à être lu en parallèle aux livres déjà mentionnés, car les maux qui nous affligent, s’aggravent, en se tissant dans un langage ésotérique ou sectaire, éloigné du parler quotidien et littéraire, commun aux premiers psychanalystes. Ésotérisme et sectarisme tuent la psychanalyse au lieu de la revigorer. Les pires ennemis ont montré les critiques dont souffre la psychanalyse. Les meilleurs amis montre comment travailler pour les surmonter nos difficultés : en décrivant nos croyances et nos manières de faire. Nous connaissons tous la prière d’Oscar Wilde : « Seigneur, protégez-moi de mes amis, car de mes ennemis je m’en occupe ! » 6 Traductions, philosophies, psychanalyses Quelques uns des principaux analystes du siècle dernier témoignent ici de leur philosophie sur l’exercice de leur art et sur la formation qu’ils dispensent. Le faire, est une preuve d’amitié envers cette discipline et ce n’est pas un hasard si cela se passe en Grande-Bretagne. Ce sont : Edward Glover, analysé par Karl Abraham, aurait dû être le successeur d’Ernest Jones et a conduit la psychanalyse anglaise pendant quelques décennies ; James Strachey, analysé par Freud, a été l’organisateur et le traducteur principal de la Standard Edition ; Marjorie Brierley, analysée par Glover, se démarque de lui avec finesse ; Anna Freud, analysée par son père, héritière de son œuvre, et deuxième analyste de Winnicott ; Melanie Klein, analysée par Sandor Ferenczi et par Karl Abraham, avant de devenir la première analyste de Winnicott, elle inspire la première révolution psychanalytique ; Ella Freeman Sharpe, analysée par Sachs, première psychanalyste à s’intéresser à la question de la métaphore et à la théoriser ; et, enfin, Sylvia May Payne, analysée par Sachs et ensuite par James Glover, elle fédère et inspire les psychanalystes de la Société britannique. Chacun prend la parole et la plume : l’écrit fonde le dit, de manière à écarter la possibilité de dire une chose et son contraire ; les citations doivent être clairement référencées. Leurs témoignages forment ce noyau des controverses qui ont assailli le monde psychanalytique de langue anglaise et, en conséquence, ceux qui en dépendaient1. Quand les réunions administratives révèlent leurs limites, quand les explications théoriques tournent en rond, les explications personnelles et intimes s’imposent. Chacun se propose de dire ce qu’il entend par ce qu’il dit et par ce qu’il fait. Difficile exercice, qui exige du courage. C’est le mérite et la gloire du mouvement psychanalytique anglais dans sa rencontre avec son héritage d’Europe centrale et du nord, dont descend le groupe kleinien, qui articule la pensée des premiers psychanalystes entre eux : Freud, Abraham et Ferenczi, mais aussi Ophuijsen, Radó et Tausk, sans oublier ni la tradition empirique 1 Les controverses entre Anna Freud et Melanie Klein, Paris, PUF, 1996, édité par P. King et R. Steiner, préface d’A. Green, traduction revue et corrigée de l’édition originale par Prado de Oliveira et Marie-Christine Vila. Le présent volume correspond à la troisième partie de cet ouvrage. Son édition actuelle, séparée de son ensemble d’origine, est inspirée par Rosine J. Perelberg, de la Société britannique de psychanalyse, à qui je dois aussi d’avoir traduit les Controverses. Le séminaire animé par Dominique Caïtuccioli sur la psychanalyse britannique, à Espace Analytique, a permis de mûrir le désir de voir paraître ce texte. Sa publication a été amicalement permise par les Presses universitaires de France. anglaise ni Fairbairn2. La révolution kleinienne se situe à la convergence des travaux de ses auteurs. L’histoire ancienne éclaire l’histoire contemporaine. Et ouvre des chemins. De te fabula narratur. Le mot « excommunication » apparaît pour la première fois dans la littérature psychanalytique le 8 mars 1944, dans le Rapport définitif du Comité de formation de la Société britannique de psychanalyse. Il marque durablement et profondément l’histoire de la psychanalyse en France et est un symptôme des troubles du mouvement psychanalytique : la passion de l’excommunication. D’une manière générale, les sources britanniques de la « crise lacanienne » sont peu connues et moins étudiées encore. La pratique des « enquêtes » et comités afférents auprès des membres de la société date aussi de cette période. Par une perversion de l’institution, l’excommunication qui aurait dû frapper Melanie Klein est exportée et vient frapper Lacan, qui, contrairement à Klein, mais comme Glover, démissionne sans prendre de précautions. Ruptures d’amitié qui n’entament en rien la fidélité à une cause commune. Les rapports ici en question mettent fin à une grave crise du mouvement psychanalytique. L’inimitié de Glover se transforme en solide amitié des autres membres de l’institution. C’est dire l’importance de ces rapports et celle des débats qui y eurent lieu pour la psychanalyse en général et pour la représentation que la psychanalyse française s’en est faite. Vers la moitié des années 1940, la Société britannique était au bord de la fragmentation. Toute sorte de conflits s’y amoncelait : personnels, théoriques, institutionnels, sur fond de violentes relations transférentielles. Conflits violents entre Melanie Klein et sa fille, Melitta Schmideberg, d’une part, entre Melanie Klein et Edward Glover, d’autre part, aussi mélodramatiques ; conflits radicaux entre Glover, Rickman et Bowlby, axés aussi autour de la valeur de la participation de chacun à une guerre qui avait failli anéantir l’Angleterre et qui menace de les anéantir dans leur pensée ; conflits de principes entre Glover et Strachey. Lors de cette crise, le mouvement psychanalytique anglais a été soumis à une tension particulière : celle de la confrontation des langues et de leurs traductions. Seul le mouvement psychanalytique américain a connu une tension similaire. Ces psychanalystes parlent différentes langues et traduisent. 2 Voir Prado de Oliveira, “L’enfant d’éléphant”, Cahiers Confrontation, Paris, Aubier-Montaigne, Printemps 1981 n° 5, pp. 157–170. Plus récemment aussi, S. Parmentier, Comprendre Melanie Klein, Paris, Armand Collin, 2009. 8 Freud caricature la philosophie La traduction va de pair avec une philosophie, quand elle ne l’a pas comme fondement. L’une des dernières lignes écrites par Freud est un commentaire philosophique au sujet de Kant, contre qui il prétend avoir raison, alors que l’un et l’autre semblent affirmer la même chose. Importance intime de la philosophie dans la création de la psychanalyse. Et énorme. En fait, le rapport de Freud à la philosophie est bien ambivalent. Il ne semble pas en être un studieux, ni s’y être intéressé vraiment, quoiqu’il semble aimer s’en parer, fût-ce pour la dénigrer ou comme argument d’autorité. En tout cas, les arguments qu’il déploie dans le texte mentionné par Strachey présenté ici sont surprenants. Freud propose une caricature de la philosophie qui tient des lieux communs. Ensuite, il revendique facilement un avantage à la psychanalyse. En effet, la philosophie est loin de partir « de quelques concepts de base rigoureusement définis, avec lesquels (elle) tente de saisir l’univers puis, une fois achevé, n’a plus de place pour de nouvelles découvertes et de meilleurs éléments de compréhension. » Comme nous ne savons pas à qui Freud se réfère, nous restons dans l’incompréhension. Et ce qu’il avance est douteux pour la plupart des philosophes. Ni même Kant ou Hegel, qui ont tellement marqué la pensée de Freud, ne présentent les traits qu’il décrit. La philosophie a été tout au long de son histoire bien plus proche de la pratique que Freud ne le prétend. La psychanalyse ne s’attache pas autant que Freud le propose « aux faits de son domaine d’activité ». Elle a été tentaculaire, s’étendant à une multiplicité de domaines et elle a défini des « principes immuables », que Freud prétend être le fait de la philosophie. En 1923, Freud affirme ces principes : « LES PILIERS DE LA THEORIE PSYCHANALYTIQUE : l’hypothèse de processus animiques inconscients, la reconnaissance de la doctrine de la résistance et du refoulement, le prix accordé à la sexualité et au complexe d’Œdipe sont les contenus principaux de la psychanalyse et les fondements de sa théorie, et qui n’est pas en mesure de souscrire à tous ne devrait pas se compter parmi les psychanalystes3. » Non seulement la psychanalyse possède des principes immuables, mais ils excluent. L’excommunication est présente à ses fondements. Freud en tant que grand excommunicateur : de Stekel, d’Adler, de Jung, de Tausk, de Rank, menaçant d’excommunier Ferenczi, même après sa mort. Plus tard, l’Association psychanalytique internationale reprend cette vocation excommunicatrice : Fromm, Horney, Lacan, les plus connus. Aujourd’hui elle semble se raviser quant à l’intérêt d’une telle pratique, mais il n’en reste pas moins que tout rêve de « pureté » élimine et exclue : il lui faut, par définition, de la « souillure ». Certains « excommuniés » ont formé leur propre institution. D’autres, non. La « philosophie » apparaît comme l’un 3 S. Freud (1923), «“Psychanalyse” et “Théorie de la libido”», Œuvres Complètes, XVI, Paris, PUF, 1991, traduction de J. Prolégomènes et collaborateurs, pp. 197 et 183. 9 des principaux domaines par rapport auxquels Freud entend démarquer la psychanalyse. Il entend exclure la philosophie. Pourtant, aucune raison n’existe de les attaquer, philosophie ou philosophes. « Philosophie » veut dire simplement « amitié du savoir ou de la sagesse ». La psychanalyse est une philosophie pratique bien proche des stoïciens, ou encore de Hume, à qui Freud doit beaucoup, et ainsi de suite. Les questions relatives au désir, au rêve, au savoir et à la vérité sont autant psychanalytiques que philosophiques. Dans les pages qui suivent, Strachey anticipe et critique la plupart des arguments contre la psychanalyse avancés par certains philosophes du XXème siècle. De même, Marjorie Brierley, formule ce qu’il convient d’entendre par « science » avec une précision qui devance tous les arguments de l’épistémologie. Ella Sharpe la reprend. Confusions de langues Chacun des participants à ces débats a un rapport particulier à sa propre langue et à la langue étrangère, dans un foisonnement dont l’axe principal était constitué par un tissage entre l’anglais, l’allemand et le hongrois. Strachey et sa femme font leur analyse avec Freud, en se partageant son divan, en même temps qu’ils commencent à le traduire. Edward Glover, son frère James et Melanie Klein en font autant avec Karl Abraham, quasiment en même temps. Anna Freud fait la sienne avec son père, qui voulait en garder le secret, de manière peu plausible. Sharpe et Payne font la leur avec Hans Sachs. Chacun passe de l’anglais à l’allemand, aller-retour. Ces confusions de langues s’expriment souvent4. Confusion entre l’anglais du XXème siècle et celui du XIXème, que revendique Strachey en théorie, sans la mettre tout à fait en pratique. Confusion de langues entre Strachey et sa femme, ayant un même analyste. Confusion de langues de Glover, qui utilise, pour comprendre l’institution psychanalytique, des modèles de raisonnement politiques. Confusion de langues entre un père- analyste et sa fille-patiente. Le symptôme le plus éclatant de ces confusions semble être l’anglais de Melanie Klein, dont Alix Strachey est la traductrice et, à ce titre, l’une des premières à commenter le caractère rocailleux de son langage, à la limite du supportable, certainement envahissant. La 4 Ferenczi a été le premier psychanalyste à évoquer, dans un autre domaine, la “confusion de langues”. Sa description correspond aux rapports de Freud, père, à sa fille Anna. Voir son article “Confusion de langue entre adultes et l’enfant”, Œuvres complètes, IV: 1927-1933, Paris, Payot, 1982, pp. 125-138, traduit par l’équipe de traduction du Coq-Héron. Au sujet de la psychanalyse et des langues, et particulièrement sur ce titre de Ferenczi, simplement “Catastrophe” dans l’original en hongrois, voir B. Cassin, “...et les langues”, dans Ferenczi après Lacan, sous la direction de J.-J. Gorog, Paris, Hermann Éditeurs, 2009. 10

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