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Les médecins dans le monde grec: sources épigraphiques sur la naissance d'un corps médical PDF

310 Pages·2003·11.23 MB·French
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LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC SOURCES ÉPIGRAPHIQUES SUR LA NAISSANCE D'UN CORPS MÉDICAL ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES Sciencesh istoriquese t philologiques III HAUTES ÉTUDES DU MONDE GRÉCO-ROMAIN 31 ÉVELYNE SAMAMA LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC SOURCES ÉPIGRAPHIQUES SUR LA NAISSANCE D'UN CORPS MÉDICAL www.droz.org LIBRAIRIE DROZ S.A. 11, rue Massot GENÈVE V2003 À la librairie Champion,7 quai Malaquais- Paris Sur l'avis de M. Philippe Gauthier, directeur d'études, de M. Laurent Dubois et de MmeD anielleG ourevitch,c ommissaires responsables, le présent mémoire a valu à MmeÉ velyneS amama le titre d'élève diplômé de la Section des sciences histo AVANT-PROPOS riquese t philologiquesd e !'École pratique des Hautes Études. Paris, le 18juin 1995 Le Directeur d'études Une première version de ce corpus a été présentée comme t\lèse de doctorat nouveau régime, co-dirigée par les Professeurs Jacques Jouanna et Philippe P. GAUTHIER Gauthier dont l'amical soutien n'a pas faibli. J'ai tâché de tenir compte des observations des membres du jury, les Professeurs Simone Follet, Laurent Les Commissaires responsables Le Président de la Section Dubois et Mirko D. Grmek qui m'ont aidée de précieuses remarques, comme L. DUBOIS F. MONNIER par la suite le ProfesseurD anielle Gourevitch. D. GOUREVITCH Nombreux furent ceux et celles qui, depuis le début de ce travail et au fil des années, m'ont accompagnée à toutes les étapes de sa conception, par un avis, une référence, un conseil, une critique, un commentaire ou une relecture, et en particulier C. Dobias, S. Dubel, L. Dubois, D. Feissel, N. Moine, V. Nutton et H. von Staden. L. Garrigues s'est montré un appui efficace, aimable et patient lors de la mise en forme du «tapuscrit». Qu'ils soient tous et toutes grandementr emerciés ! Cet ouvrage n'aurait jamais vu le jour sans les séjours outre-Atlantique bi annuels qui m'ont permis des recherches bibliographiques que les biblio thèques françaises n'offrent pas - ou plus ... Je tiens donc à remercier tout particulièrement le Professeur Chr. Habicht qui, pendant plus de dix ans, m'a permis d'accéder au fonds exceptionnel de la bibliothèque de l'lnstitute for Advanced Study de Princeton. J'ai aussi profité abondamment des ressources de la Firestone Library qui accepte les chercheurs étrangers dans de bonnes conditions. ISBN: 2-600-00847-0 ISSN: 1016-7005 Copyright2 003 by Librairie Droz S.A., 11, rue Massot, Genève Ali righ_tsre s~rved.N o ~art of this book may be reproduced or translated in any form, by print, photopnnt,I IllcrofilmI, Illcroficheo r any other means without written permission. INTRODUCTION L'intérêt pour l'histoire de la médecine et en particulier de la médecine grecque croît : éditions des textes et découvertes archéologiques augmentent année après année et complètent peu à peu nos connaissances. Pourtant la science médicale antique conserve bien des points obscurs, non seulement dans le domaine des traditions médicales ou des traitements, mais aussi dans celui de l'organisation des soins et des professions de santé. À l'ombre de la gloire d'Hippocrate, nombreux furent les hommes et les femmes qui soignèrent - et parfois guérirent - leur prochain. Que peut-on connaître de ces personnes ? Si les textes littéraires et historiques fournissent quelques anecdotes sur des médecins des princes, l'épigraphie permet de préciser le tableau de la profession. La contribution de l'épigraphie à l'histoire de la médecine n'est en effet pas négligeable : elle permet, par des textes de nature variée, de rencontrer des hommes et des femmes qui, entre le v1• siècle avant J.-C. et le v• siècle de notre ère, dipensèrent des soins médicaux. D'où venaient ces médecins? Où et comment avaient-ils été formés? Dans quelles conditions matérielles et financières exerçaient-ils leur art? Quel était leur statut social ? Grâce au nombre et à la diversité des inscriptions se dessinent peu à peu les contours de cette activité. Brosser le tableau du personnel médical d'après l'épigraphie grecque s'avère néanmoins délicat car la conservation des documents épigraphiques est aléatoire : la découverte d'une pierre n'est souvent que le résultat du hasard et si telle plaque ou telle stèle sont arrivées jusqu'à I}Ous,c 'est que leur forme ou l'endroit dans lequel elles se trouvaient leur ont permis, par miracle, d'échapper aux pillages ou aux destructions. Quelquefois, c'est au contraire la réutilisation d'une pierre hellénistique dans la construction d'une église qui la sauve de l'oubli. Certaines pierres disparaissent, d'autres reparaissent alors qu'on les croyait définitivement perdues1• II arrive néanmoins que des sites répondent à l'attente des chercheurs. Les fouilles menées au début du siècle par R. Herzog dans l'île de Cos ont mis au jour un bon nombre d'inscriptions dont le contenu n'était pas indigne de la grande école médicale (121 à 150). De même à Éphèse, dont le Mouseion attirait les médecins de contrées lointaines, on a retrouvé des textes importants et d'un genre unique : les inscriptions agonistiques, rappelant les noms de 1. C'est le cas d'un fragmentd e marbre, mentionnantu ne famille de médecins, repéré dans un champ par des archéologues durant l'été 1934 et qui s'était volatilisé l'année suivante; laissons la parole à l'acteur de la scène : « En entrant au café [du village voisin d'Elbeyli], je poussai un cri : le fragment d'inscription que je cherchais se trouvait là. Placé au milieu de la salle, il servait de table aux clients qui, assis tout autour sur des tabourets bas, sirotaient leur breuvage favori.» E. Dallegio d'Alessio, BCH 88 (1964), p. 196, ici 305. Les nombres en caractères italiques et gras correspondenta ux textes du corpus. Les points suivant ce numéro signalent que le texte est douteux ou très fragmentaire. 2 LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC INTRODUCTION 3 vainqueurs aux différentes épreuves des concours médicaux (210 à 215). Les inscriptions, en majorité latines6• En 1956, Louis Cohn-Haft livre une synthèse fouilles ont été facilitées par le fait que la ville moderne (Selçuk) n'est pas qui fait autorité, The Public Physician of Ancient Greece, et donne, en annexe, directement installée sur le site antique. En revanche le fameux foyer médical les références de 66 textes. Les mentions épigraphiques et papyrologiques des de Cnide n'a, jusqu'à présent, livré que deux inscriptions concernant des archiatroi en grec et en latin ont été recueillies par Vivian Nutton dans un médecins (272 et 273). important article7• La liste des occurrences épigraphiques et littéraires, À Thèbes en Haute-Égypte (411 à 443), on note inversement un nombre grecques et latines, concernant le personnel médical de la ville de Rome a été important d'inscriptions (33) en l'absence de toute école ou activité médi constituée par Jukka Korpela8• cales : ce ne sont là que des graffitis laissés par des touristes de passage qui Le travail présenté ici s'inscrit ainsi dans une tradition déjà illustrée par ces venaient, comme encore aujourd'hui, admirer les tombes des pharaons. Aussi ouvrages. Son originalité réside dans la volonté de présenter un corpus des faudra-t-il considérer avec prudence les bilans « statistiques » tirés de données textes épigraphiques grecs qui mentionnent des médecins dans le monde si aléatoires. méditerranéen9• La présentation adoptée suit l'ordre géographique conforme Le présent ouvrage a pour but de mieux faire connaître les sources épigra aux habitudes des épigraphistes, prenant ensuite en compte la chronologie des phiques de l'histoire médicale et propose un catalogue raisonné2 des inscrip textes 1°. tions grecques mentionnant un homme - ou une femme - ayant reçu le titre de médecin. L'abondance de la matière et en particulier la diversité des docu 2. Variété des sources épigraphiques ments ainsi que l'extension chronologique des sources imposent l'exposé La variété est grande dans la nature des documents mentionnant les préalable de quelques définitions et de la méthode suivie. médecins: les épitaphes sont les plus nombreuses, qu'elles concernent le médecin ou l'un de ses proches. Ces inscriptions funéraires sont fréquemment 1. Rappel bibliographique métriques, de même que les dédicaces, et montrent ainsi l'attachement des Dès le début du xxc siècle, des travaux ont été consacrés à l'épigraphie familles de médecins à la tradition de la paideia. Les textes les plus longs sont médicale3• La dissertation de Rudolf Pohl, De Graecorum Medicis Publicis4 les décrets qui rendent publique la décision de la cité d'honorer un médecin et collecte et commente 81 inscriptions concernant des médecins publics et des de lui accorder quelques privilèges11• S'ajoutent à ces inscriptions diverses des archiatroi. Quelques années plus tard, Johann Oehler dresse des listes géogra phiques et thématiques de 176 inscriptions 5• Le corpus épigraphique de l'Empire romain se trouve présenté (cette fois avec les textes) par Herman 6. Son corpus, Der Àrztestand im romischen Reiche nach den /nschriften, 1932, ne Gummerus qui réunit, dans sa dissertation soutenue à Helsinki, 403 comprend que 46 inscriptions grecques. 7. « Archiatri and the medical profession in Antiquity », PBSR 45 (1977), p. 191-226. s· J. Korpela, Das Medizinpersonal im antiken Rom, Helsinki, 1987. On se reportera pour le reste aux indications bibliographiques plus complètes infra. Il faut citer encore, pour 2. Pour entrer dans le cadre d'une publication dans la collection des travaux de !'École terminer cette très brève liste, la synthèse de Fridolf Kudlien, Der griechische Arzt im pratique des Hautes Études, la présentation de ce corpus, doté d'une numérotation Zeita/ter des Hel/enismus, Mainz, 1979. continue pour les 525 textes, a été allégée au maximum : on trouvera donc pour chaque 9. Pour compléter le tableau des professions médicales dans I' Antiquité, le lecteur inscription, une bibliographie abrégée (on se reportera à la table des abréviations) et un consultera les ouvrages consacrés aux inscriptions latines, parfois contemporaines ou lemme simplifié. Le texte grec est suivi d'une traduction. Les notes de bas de page encore aux papyri (par exemple la liste réunie par M.H. Marganne, Inventaire analytique s'efforcent d'éclairer les principales difficultés du texte mais aussi d'en souligner des papyrus grecs de médecine, Genève, 1981 et E. Boswinkel, Eos 48 (1956), p. 79- l'importance ou l'originalité afin de donner au lecteur non-helléniste la possibilité de 177). On trouvera en revanche ici le catalogue des inscriptions avec leur traduction. mieux connaître les médecins grecs. Chaque inscription est localisée le plus précisément 10. Aucun classement n'est parfaitement satisfaisant: il aurait été intéressant de présenter possible. Les distances sont indiquées à vol d'oiseau. Le nom actuel des lieux de les inscriptions dans une perspective complètement chronologique, pour mettre en valeur trouvailles est indiqué lors de la première mention et n'est pas répété dans les lemmes les évolutions; pourtant cet angle laissait dans l'ombre les différences géographiques suivants, de même que le nom de la région, qui n'est indiqué qu'à la première mention. importantes entre les médecins d'Asie Mineure et ceux des régions occidentales. Le 3. Ils avaient été précédés dans cette voie par les travaux de R. Briau, / 'Archiatrie romaine classement par type d'inscriptions aurait permis de mettre en lumière des séries ou la médecine officielle dans l'Empire romain, Paris, 1877 et A. Vercoutre, « La d'informations précieuses. Le seul avantage - mais il m'a semblé déterminant - de la médecine publique dans l'antiquité grecque», Revue Archéologique 39 (1880), p. 99_ présentation géographique adoptée ici est la mise en valeur de l'histoire locale et des 110, 231-246 (numérotées par erreur 331-346), 309-32 J et 348-362. traditions régionales concernant les professions médicales. Afin d'en rendre la 4. Berlin, 1905. consultation plus aisée, une numérotation unique est proposée, de sorte que les renvois 5. « Epigraphische Beitr!ige zur Geschichte des Ârztestandes », Janus 14 (1909) p 4-20 et se font plus commodément avec l'exposé thématique. 111-123, ' . 11. 65 décrets honorifiques ont été votés pour des médecins par les différentes cités. 4 LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC INTRODUCTION 5 listes et catalogues qui attestent que les médecins étaient, par exemple, à la postérité. Elle est en tous cas, de tous les métiers, l'activité la plus membres de collèges ou d'associations cultuelles ou gymniques ou encore fréquemment mentionnée sur les inscriptions17• appartenaient à des équipages de marins ou de soldats volontaires ; on lit leur nom dans des listes éphébiques ou des catalogues de donateurs. Ces 4. L'espace géographique inscriptions sont autant de preuves de l'insertion du personnel médical dans À cette extension temporelle répond un espace géographique : les l'activité civique. Elles permettent aussi de voir quelle était leur position attestations épigraphiques grecques du personnel médical sont dispersées. La sociale et parfois de deviner l'état de leur fortune. La grande variété Grèce et les îles, l'Asie Mineure, la Grande Grèce et l'Italie dans son ensem d'informations que fournit la diversité de ces textes est renforcée par ble, de même que le pourtour méditerranéen, ont conservé des traces de leur l'extension chronologique. présence, mais aussi des contrées plus lointaines, comme le pays galate, la Chersonèse taurique, la Pannonie ou même la (Grande-) Bretagne. 3. Le cadre chronologique Les plus anciennes mentions épigraphiques de médecins sont d'une part, 5. L'utilisation de la langue grecque celle portée sur la cuisse d'un kouros de marbre découvert à Megara Hyblaea On peut s'étonner d'un tel rayonnement, qui montre l'influence de la en Sicile (511) que l'on date du milieu du vr° siècle a.C., et, d'autre part, celle médecine grecque dans des terres parfois peu hellénisées, et s'interroger sur le gravée sur un disque12 de marbre de Paros (001) où est représenté de profil un maintien, à date fort tardive, dans des régions de langue latine, de l'utilisation homme à la barbe en pointe, assis sur une chaise (e nviron 500 a. C.) . Ces deux du grec18• Certes, de très nombreux médecins étaient d'origine grecque et objets sont exceptionnels, à la fois par leur nature et par leur fonction. Ils conservaient l'usage de leur langue, spécialement dans des circonstances ex rendaient hommage à des hommes hors du commun, comme le montre la taille ceptionnelles ou officielles comme celles qui peuvent présider à la gravure imposante13 du kouros, indice d'une position sociale élevée ou de très grands d'une dédicace ou de l'épitaphe d'un proche. La famille, souhaitant rendre un mérites. Pour sa part, le disque, de dimensions modestes, est percé de deux demier hommage au médecin disparu, recourt à cette langue. Il en est ainsi, par trous qui servaient sans doute à le fixer sur un support afin de le présenter aux exemple, des inscriptions romaines ou de celles qui ont été trouvées en Afrique yeux de tous14• Ces deux pièces portent des inscriptions qui prouvent (453 à 524). Quelques-unes d'entre elles, pourtant, font mention d'hommes et l'ancienneté des honneurs rendus au médecin15• de femmes possédant, parfois de longue date, la citoyenneté romaine et portant Quelque neuf siècles plus tard, toujours en Sicile, Felix, sur l'attestation les tria nomina (par exemple 491, 494, 509). L'utilisation de la langue grecque d'achat de son emplacement funéraire, en présence de trois témoins, fait est donc symbolique : elle marque la volonté de se rattacher à la grande tradi inscrire l'indication de son métier (515), tandis qu'en Palestine, encore plus tion médicale grecque, la plus noble aux yeux de tous. Dans une telle interpré tard, les héritiers du médecin Abraham, enterré à Bersabée (Beersheva), ne tation, on comprend mieux la présence de formes ioniennes qui apparaissent mentionnent dans l'épitaphe que la date du décès et la profession du défunt dans un contexte dialectal artificiel et mélangé : la référence à Hippocrate et (388). Ainsi, du vr° siècle avant au v1• siècle p. C., dans des contextes aux écrits hippocratiques est évidente. Si les copies des traités médicaux sont totalement différents, des médecins ou leurs proches ont tenu à faire figurer rares et réservées à une élite, leur contenu est pourtant diffusé et alors transmis cette activité professionnelle sur la pierre16• Celle-ci était donc considérée, dans sa langue originale. Parallèlement, on sait que la langue grecque se main dans les deux cas, comme suffisamment noble ou significative pour être livrée tient dans les écrits médicaux des latins. Pline cite Sextus Niger et Julius Bassus qui publient en grec19; il en est de même, naturellement, pour Soranos d'Éphèse et Galien de Pergame. Par-delà l'origine géographique, la connais sance, même sommaire, du grec est considérée, chez les auteurs médicaux et 12. On n'a pas encore réussi à déterminer Je support de ce disque, faute de découvertes les médecins, comme un gage de sérieux et de compétence20, au point qu'une parallèles.P eut-êtreé tait-il fixé à une urne funéraire ou à un autel. La présence des trous le diffé~~nciee n tout cas des autres disques de marbre de cette époque, cf. A. Hillert, Antike Arztedarstellungen, 1990,p . 65-69. 17. En dehors des métiers des armes. 13. Sans tête et jusqu'aux genoux, Je torse mesure 1,19 m. 18. L'usage du grec constitue le seul critère de sélection des textes ci-après. 14· li comporte un dessin que l'on retrouve sur des vases contemporains (cf. A. Hillert, op. 19. Sextius Niger, qui graece de medicina scripsit (HN I, 12), et Julius Bassus, qui de cil., p. 58, note 5) et sur un bas-relief conservé à l'Antikenmuseum de Bâle (E. Berger, medicina graece scripsit (HN 1, 33). Das Basler Arztrelief, 1970). 20. Pour Pline (HN 29, 17), cette habitude est aussi destinée à masquer leur sottise ou leur 15. Ces textes pourraient être des dédicaces à ces personnages illustres, mais, compte tenu ignorance auprès des patients : Il n '.Ya d'autorité dans cette profession que pour ceux de la date, il est beaucoupp lus vraisemblableq ue ce sont des monumentsf unéraires. qui emploient le grec, même auprès des ignorants et de ceux qui ne connaissent pas cette 16. On trouvera dans ce corpus un certain nombre d'inscriptions chrétiennes qui m'ont paru langue. Le public, en effet, accorde moins de créance à ce qui concerne sa santé les plus significatives. lorsqu'il comprend. 6 LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC partie non négligeable des inscriptions grecques trouvées en Occident concerne des membres des professions médicales21• La langue grecque est bien entendu aussi utilisée par d'autres catégories professionnelles comme les artistes (ac CHAPITRE I teurs, musiciens), les rhéteurs et les pédagogues et certains d'entre eux, comme quelques médecins, adoptent des noms grecs pour augmenter leur crédit et attirer la clientèle22. LE PERSONNEL MÉDICAL Origine personnelle, position sociale ou formation médicale en grec sont donc les trois facteurs qui expliquent le maintien de l'utilisation de cette lan gue durant la période romaine dans des inscriptions qui concernent le person nel médical. L'étude de ces inscriptions en langue grecque amène donc à I. Le vocabulaire étendre à la fois les limites chronologiques et le cadre géographique. Cepen Le personnel médical est divers, dans ses attributions comme dans ses ap dant la société antique n'est pas restée figée et parallèlement aux modifications pellations. Avant d'aborder les médecins, voyons deux catégories d'auxiliaires. socio-économiques, le métier de médecin a, lui aussi, connu des évolutions. Celles-ci sont perceptibles dans les appellations données aux professionnels. Il L'une, les sages-femmes, correspond parfois plus à une fonction qu'à un faudra donc examiner de plus près les différents termes qui les désignent. métier proprement dit1, puisque le terme même qui est utilisé possède plu sieurs sens. La seconde catégorie est celle des masseurs-médecins, surtout connus par la littérature et dont l'épigraphie ne donne que de rares attestations. A. Les sages-femmes De l'époque classique à la période romaine, elles sont couramment ap pelées µa'Ca, terme qui sert aussi à désigner la vieille femme, la grand-mère ou plus fréquemment la nourrice et qui demeure en grec moderne pour la sage femme2. La polysémie du mot ne permet pas toujours de déterminer avec certi tude si l'inscription concerne une nourrice ou une sage-femme. Ne se trouvent donc retenus ici que quelques textes qui ne laissent pas de doute quant à l'activité para-médicale3• En dehors de l'intéressante - et unique - formule 1. Cf. les pages de N. Demand,B irth, Death and Motherhoodi n C/assical Greece, 1994. 2. Sur les sages-femmes dans le Corpus hippocratique,c f. H. King, Hippocrates' Women. Reading the Female Body in Ancien! Greece, 1998, chap. 9. Sur les« maladies des fem mes», L. Dean-Jones,W omen' s Bodies in C/assical Greek Science, 1994,p . 34-35 et 213. 3. L'inscription de Paros (11'- 1°' a.C.) IG XII 5, 325 : E'ÙqipoO'UV~' I'µ] aî'.a I Mû .i.. oCJ'l1'] L ~pùlL<JCJE'l'u]Lph rosynè, sage-femme (?), à Mélissè défunte est discutable, en effet, rien dans le texte ne permet de trancher entre le sens de «nourrice» et celui de sage-femme. La représentation d'un serpent, à la fois symbole de la fécondité et attribut d'Asclépios, peut toutefois suggérer qu' Euphrosynèp ossédait des compétencesm édicales. Un autre texte de Paros [Athènes,E M 952] est daté des 1"-11°s . p.C., IG XII 5, 412 et JG II/IIJ212419(W. Peek,ADAW 3 (1956), p.41 n°156, BE 1958, 206): IlapLàç µataj XPllO'tllx atpe où IlapLàç désignep eut-êtrel 'origine de cette femme, mais est plus proba blement un anthroponymec ar le nom est nécessaire sur l'épitaphe et l'ethnique féminin I correspondants erait Ilapi.a. W. Peek lit [Ia}pamàç µa'l'.a XPl'JO'tlxl a'l'.pe. Une curieuse mention de µai'.oL( au mascul'inp luriel) sur une' dédicace aux Eileithyiai, 21. « C'est un h h . . . déesses qui président aux accouchementst, rouvée à Paros (/G XII 5, 199), a été mal inter d e rec erc e littéraire et professionnelle rappelant la vieille tradition ionienne prétée par J. Oehler qui l'inclut dans son corpus au titre de « Geburtshelfer» (accou e~ étud~s ~édicales » commente L. Robert (BE 1962, 374) à propos de l'utilisation de 1 cheurs); il s'agit en fait de parents nourriciers.À Milet CIG 2891, LBW215 (D. Mc Cabe & a onne ioniennei &htroiàd ans l'inscription de Narbonne (521) . 22. Ce. décalagee ntr e 1a 1a ngue de s médec.m s et celle de leurs pati.e nts est semblable à celui M19.9A8., P nlu. 5n0k2et t(,pM hiolteot Itnasbc.r1i0p,t i6o0n)s ( TJAoSµ), v 1r9iµ8E4i,n '.°o4 v9 11 ) ',A Pp.i H.oe.arrçm aµnani.,la nçs c<h3r-i1f t<e3n- vnoin ç MIiDle.to, '2\J, qui, dans la Franced u xvu• siècle, encourt les railleries de Molière. 'toyÉj vo'\J< 3-Zwcriµri ! xprio.11x aï:pE.L a mention de Zosimè est postérieure à l'épitaphe 8 LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC LE PERSONNEL MÉDICAL 9 µaï:a KaLi .mpoç gravée sur une inscription du IV0 a.C. (002), la plus ancienne Une autre épitaphew, parfaitement explicite, conserve la mémoi1r1e d'une concernee n fait une jeune femme morte en couches4 . sage-femme romaine, Iulia Primigeneia, qui vécut au Ier ou n° s. p. C. Une stèle de marbre blanc5 du {' s. p. C. (?) représente un couple sous le 0(wï:ç) Q Ll(aiµom) I , IouÀ.t.Ial pELµLyÉYaE µLa ï:a JtOÀÀ.àOçù )1 o aoa yuvaÏ:KUÇ quel est inscrit : [-- 0 ]rn!;Évourm opvEt.Àay uvll aù-coü oÙKÉ Ilc puyovM ot.paç· l;,~oaI o a KaÀ.waçv ÉÀ.uIo a ELÇo' LKovo,n ou 1 µOLi: 6noçE ÙOEt151L'] rÇu tÉKmo.11 µaï'.a. [ ... } de Théoxènos, Satornila, son épouse, sage-femme. 6 TL.'l ovÀLÇ'I Épa!;< lYIY ~pT IÎ yaµE'l:'l7 On lit aussi, sur une liste d'adorateurs du dieu Mandros7 datée du I0' s. µv1iµoauv11çI àya8-iîçi :aü~, ÈI n ÉypatjJ(Ef )LÀWV. p.C. et trouvée à Kymè, en Éolide, la mention d'une µaï:a nommée Elpis8, à Aux dieux, aux âmes des morts. la fin d'une série de cinquante-et-un noms9 Moi, Julia Primigeneia, sage-femme qui avais sauvé de nombreuses fem • mes n'ai pas échappé aux Moires ; après une noble vie je suis partie vers la demeure dans laquelle un endroit a été réservé à ma piété. d'Arista, comme le montre nettement la gravure. Le lien entre les deux femmes n'est pas Tiberius luli(u)s Hiérax, son époux, a fait graver avec amour ces lignes précisé, de sorte que 1'o n peut supposer qu 'Arista fut la nourrice de Ploutogénès plutôt pour son e,p ouse, en h ommage a, sa me,m oz.r e 12. qu'une sage-femme. CJG 3654 d (à Parion) concerne aussi, me semble-t-il, une nourrice, de même que C. Blin kenberg, Lindos: Fouilles de I 'Acropole II, 1941, n° 358. Deux textes in C. Blinkenberg, op. Les siècles se suivent et certaines sages-femmes se maintiennent dans les cit., n°4 55 et n° 384 frag. E, ainsi que CIG 2432 (à Mélos), emploient ce terme dans le ca classes aisées de la population, compte-tenu de la nature de leurs monuments 4. Fdrrea gdme erenlta dti'uonnes fpamlaqiluiael edse, pmroabrbabrele mbleanntc a du' osreingsi ndee i«ngcrearntadi-nmeè (rIeo»n ieo,u Edr' y«t harïeéuesle »?). (Musée commémoratifs1 3• Les inscriptions chrétiennes ne font pas exception en ce domaine et quel d'Izmirn°737],datédes11'-1"s. a.C. (G. Kaibel, Rh. Mus. 34 (1879), p.184 n°298 a; W. Peek, MDAJA 56 ( 1931) , p. 123 n° 6 et G VI 1269 ; H. Engelmann & R. Merkelbach, 1. Ery ques-unes14m entionnent des dames avec le titre de µaï:a ou µfo. thrai u. Klazomenai II (JKA 2), 1973, n° 308. Dans son épitaphe métrique, la mention de la L'évolution de l'activité des sages-femmes est perceptible dans le vocabu sage-femme (ou faut-il lire Mata comme les éditeurs de JK qui en font une divinité de laire. Peu à peu le terme simple ne suffit plus à qualifier la sage-femme, l'accouchement?) ne vient qu'en parallèle avec celle de la Moire, joignant dans le même hexamètre les images de la vie et de la mort. L'allitération souligne l'expressivité de la for mule. [É'tranger, tu vois ici la tombe de ...] âgée de 16 ans et la stèle [en témoignage de sa la sage-femme (avec la graphie µaËa pour µaîa). Ces personnes, en dehors de l'aulète qui mort] et de sa naissance ; [elle reçut la vie ?J le cinquième jour du mois et le cinq aussi, elle fut exempté, ont versé leur contribution pour la transaction et seront chargées de l'admi fut emportée dans un tombeau; le même jour et la sage-femme et la Moire [s'emparèrent nistration. La sage-femme est ainsi reconnue dans la cité comme une professionnelle et non de} la jeune femme, elles lui offrirent un heureux enfantement el la mort. comme une aide occasionnelle lors d'accouchement dans le voisinage. T~ç ÉKKatÔEKÉ'l:O'rU[ Ç J I Kal ITT~À.avY EVE~ǵ ci[pwpa K(lL eava,:ov] · 1 1O . Plaque de marbre trouvée dans le lieu dit Fornetto sur la via Portuense, actuellement dans les I l nɵma µèvyàp µrjvoç·eÀ.[ ] ~pei<pOTnJÉ µma ô'içni<pa[v ] 5 Êv ô'riµap Kal µatci KOPTKJ [a rLM oî'.[pa u -.ld] , 1 ri 1tapÉxov /3~01:àve -Üi:OKOrVi [ O civa,:ovJ . (rséasuerfv perse dmui èMreu lsiégen nea :t i0o,n0a2l5 r omm).a in. Dim.: H. 0,50 m, L. 0,30 m, Ép. 0,08 m. H. let. 0,016 m 5. Son origine est discutée: elle aurait été trouvée à Rhénée (A. Boeckh 'et Ph. Le Bas) ou à 11. Publ.: D. Vaglicri, Not. Scavi 1908, p. 269 n°4; GVJ 1940; /GUR 1240, photo p. 96. Le Egine (M. Frlinkel), ce que M.-Th. Couilloudj uge possible (Athènes EM 1325]. Dim.: H. 0,88 m, L. 0,58 m : CJG 2143 o ; LB W II, 1964 ; JG IV, 168 ; M.-Th. Couilloud, Les Monu texte, bien que ne concernant pas une Chrétienne, est repris dans G.H.R. Horsley, New Do menls funéraires de Rhénée, 1974, p. 356 n° 18, pl. 96. cuments illustrating early Christianity, 1987, vol. 4, p. 23. 6. Cette sage-femmep orte un nom latin. L'emploi du nominatif fait de Satornila la rédactrice 12. L'épitaphe est composée de deux paiiies distinctes. Dans les huit premières lignes (qui probable de l'épitaphe de son époux décédé, mais le bas-relief indique que la stèle était le constituent trois hexamètres avec une irrégularité au premier vers où' lo'UALae st de trop) la monumentc ommémoratifd u couple. défunte prend elle-même la parole ; les cinq suivantes proposent en un vers et un pentamè 7. J. Keil, JÔAJ 14 (1911), p. 133-140,fac-simile; H. Engelmann, J. Kymè (JKA 5), 1976, p. 86 tre l'hommage de son époux auteur de ces lignes. Là encore on doit omettre 'louÀ.LÇd ans la n"37 (photo). Cf. L. Robert in N. Firatli, Les stèles funéraires de Byzance, 1964, p. 176. Ce scansion mais rétablir TL(ÔÉpwç).L igne 2 : ELp ourï:. Lignes 12/13, un génitif de cause. texte présente de nombreux aspects intéressants (voir les commentaires de J. Keil et de H. 13. Une stèle à fronton (/G XII 9, 1129) rappelle que vécut au m' s. p.C. à Chalcis, en Eubée, Engelmann).I l s'agit d'un contrat de vente d'un terrain et de bâtiments par un particulier à une µa[ta] répondant au noble nom d'Aristokleia, cf. A. Manganaro, Chiron 22 (1992), un collège d'adeptes du dieu Mandros, dieu du feu et des troupeaux (cf. 511). Le collège est dirigé par un archigallos, prêtre dont le nom apparaît dans les cultes de Cybèle. p. 397. 8. Sur le nom Elpis, O. Masson, Onomaslica Graeca Selecta, 1990, p. 225-242. 14. Un exemple des IV'-v' s. p.C. (?), copié par A. Wilhelm en 1925 sur un sarcophage à Cory 9. La liste de noms complètement ou partiellement conservés et répartis sur quatre colonnes. cos, en Cilicie (MAMA III, 605, fac-simile p. 185): EÙljJllXLM vpivT] ~ ftËa, 1 tç tp~VT]V suit le texte du contrat. Certains noms sont romains. La première colonne présente des noms oov 1iK aÀ.~I \J!'UXK~ aLi :à µÉÀ.À.ovtoa m. Repose en paix, Myrinè, sage-femme; vers la d'_hommesl,e s deuxième, troisième et quatrième, les noms des femmes, qui étaient majori paix (vont) la belle âme et ton destin. On constate la notation phonétique µËa pour µata et taires dans cette associationr eligieuse. Seules deux professions sont indiquées : un aulète et des graphies dues au iotacisme. L'expression KaÀ~ ljJUX~c orrespond au latin bona anima. 10 LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC LE PERSONNEL MÉDICAL 11 compte-tenu de la confusion possible avec les autres sens. Dans l'environ tions au profit de certaines catégories professionnelles : les médecins, les mas nement sémantique de la petite enfance, les locuteurs aspirent peu à peu à dif seurs, les entraîneurs sportifs (npoyuµvama'i,) et les jeunes éphèbes venus des férencier la femme de la famille, l'aïeule ou une parente considérée comme cités voisines. Tous prennent part au bon fonctionnement et au rayonnement «âgée», qui s'occupe du petit enfant de celle, souvent une esclave ou une af du gymnase. II est probable que, dans le cadre de gymnases plus modestes, ou franchie, dont la tâche est d'abord de le nourrir, puis éventuellement de l'éle en cas d'absence du médecin, l'à.11.ELITiTnlt'eJrÇv enait à sa place pour prodiguer 20 ver. La personne qui sait mettre au monde est alors perçue comme détachée de les soins d'urgence . C'est ainsi que certains à11.Eî'.1t-accmqu irent progressive ce domaine familial et, de son côté, elle aspire à une reconnaissance profes ment des connaissances anatomiques leur permettant de procéder à des inter 15 sionnelle propre. À partir du m• s. est formé le composé im:poµata que ~ ventions légères en traumatologie (luxations, entorses) puis de proposer, 16 comme le désirait Platon, des règles d'hygiène de vie. Hérodicos de Sélym prendront les inscriptions romaines , sans que l'on puisse déterminer si les bria21,n atif de Mégare, qui aurait fait de la gymnastique une branche de la compétences de cette sage-femme «obstétricienne» sont vraiment plus éten 22 dues que celles des simples maiai17 En résumé, on constate donc qu'aux épo médecine dès lev• s. a.C., passe pour le fondateur de cette discipline . • Dans un premier temps, ces techniques de massages furent probablement ques hellénistique et romaine le terme de µata se maintient alors que le com rejetées par la médecine traditionnelle puis, se donnant des bases plus scienti posé, repris par le latin apparaît plus tardivement. fiques, elles furent progressivement intégrées aux soins médicaux. Ce n'est pourtant qu'au 1•' s. p.C. qu'apparaissent les premières attesta B. Les masseurs-médecins tions du composé i.m:pa11.EÎ.1t'atlp'JpÇor, tant la preuve de la reconnaissanceo ffi Dans une évolution similaire, la langue grecque a forgé le terme de 23 cielle de ces techniques de soins spécifiques . Il est à noter que, comme i.a-cpa11.â1rtl'q)uç,i permet de rendre compte de certaines compétences médica précédemment pour la iatromea, les Romains empruntèrent directement le mot les d'un petit nombre de masseurs, les à11.Etn-cmC. es derniers intervenaient 24 grec qui rappelait peut-être l'origine d'un grand nombre de masseurs principalement dans les gymnases où ils étaient chargés de frotter d'huile les 18 médecins. Toutefois, certains d'entre eux, comme Harpocras, qui avait sauvé athlètes et de procéder aux massages . Dans le cas où le gymnase disposait Pline le Jeune d'une grave maladie25,o u Diogas, qui utilisait un remède com des services d'un médecin attitré19, il est certain que les à11.Etn-cmtra vaillaient posé par Antonius Musa26m édecin d' Auguste, venaient d'Égypte où cette dis en accord avec lui et sous ses ordres. C'est ainsi qu'ils sont nommés aux côtés cipline connut un grand développementa ux premiers siècles de notre ère. des médecins, au début du 1°' s. a. C, dans un long décret honorifique de 27 Le mépris dans lequel les tenait Pline s'explique probablement par le fait Priène (226) qui remercie un citoyen aisé, Cratès, d'avoir effectué des distribu- que ce métier était essentiellement exercé par des esclaves ou des affranchis et se distinguait ainsi de l'ancienne tradition grecque des médecins libres. Les 15. Ce terme est utilisé dans une épitaphe sur une plaque de sarcophage des 1v•o u v' s. p.C. empereurs romains eux-mêmes ont néanmoins recouru à leurs services. trouvée à Corycos, en Cilicie, avec une graphie attestant la réduction de la diphtongue m (MAMA III, 292,fac-simile p. 145 ; S. liage! & K. Tomaschitz, Repertorium der westkilikis chen lnschrifien, 1998, Kry 543): t l:wµa-co811K1r'JE wpyio<U> vi.oiî I l:·mpavou µaywmoç Kai. L'tE<paviôoçi a-cpoµÉ.aç. Sarcophage de Georgios fils de Stéphanos, fer 20. Deux CÎÂ.nm:ais. ont mentionnés dans des inscriptions d'Éphèse : Caius Cosinius, qui tra 1 mier, et de Stéphanis, sage-femme. C'est ici, semble+il, la seule attestation en grec de ce vaille dans un gymnase (/.Ephesos n° 1611 ; D. Mc Cabe n° 1746), et Cnaius Cornélius Épa terme. MayKL'ljµJa, yK1.1toeçs t la transcription (avec ici géminée fautive) de manceps, -ipis phrodeitos de Corinthe (l.Ephesos n°2243; D. Mc Cabe n°2425). «fermier» (cf. 359). 21. Platon le mentionne à plusieurs reprises ; en République 406 a, il précise' HpoÔLKOôÇÈ nm 16. Cf. CIL VI 9477: Valeriae Berecundiae iatromeae ou CIL VI 9478: Va/iae Calliste iatro ôo-rpi61']çC ÎJv[. ..] , µEi!;aç yuµvacrtLK~v ta-cp~KlÏ[ . ..] ; d'autres citations en Phèdre 227 d meae. et Protagoras 316 e. Aristote en parle aussi (Rhét;rique A 5, 1361 b 4) . 17. D. Nickel, Klio 61 (1969), p. 515-518, considère même que les femmes-médecins n'avaient 22. Pline, HN 29, 11. Selon Cicéron, la médecine a pour objet la véritable santé tandis que que des tâches de sages-femmes. l'aleiptique (ou l'iatraleiptique) ne s'occupe que de l'apparence du visage et du corps (ad 18. Un de ces masseurs, au service de l'empereur (sans doute Caligula), est le fils d'un vain Fam. l, 9). queur aux concours Olympiques en 11-12 p. C. (A. Rehm in T. Wiegang, Didyma li, Berlin, 23. Un des représentants de cette« médicalisation» est Théon d'Alexandrie (ville où ces mas- 1958, n° 108 avec L. Robert, Gnomon, I 953, p. 662 ad /oc.), que l'on peut rapprocher de /G seurs-kinésithérapeutes étaient fort prisés), contemporain de Galien. II/III2, 7155 et /G XII 5, 559. Sur les dM:1.ITTaLcf,. L. Robert, Études anatoliennes, 1937, 24. Par exemple Pétrone, Satiricon 28, 3 et CIL VI 6476 et VI 8981. p. 139 et note I et C. Foss, GRBS 16 (1975), p. 226 et note 36 ou H. Taeuber, ZPE 99 25. Pline le Jeune demanda et obtint pour Harpocras la citoyenneté romaine (Lettres 5 à JO).= (1993), p. 203-206. 26. Galien, De camp. med. sec. /oc. viii (Kühn XIII, 104) : 'AM.1'] :.\vtwviov Mouoa 19. Pour les interventionsd es médecins dans les gymnases dont l'épigraphie a conservé la trace, vcx.KEWÈ' xp11oa-co6 .wyaç tmpaÀELITTlJÇ. cf. 037, 038 et 229 et les listes éphébiques 024 et 025. 27. HN29, 4. 12 LES MÉDECINS DANS LE MONDE GREC LE PERSONNEL MÉDICAL 13 Nous ne disposons que de deux attestations épigraphiques les mention ostéopathe ou un chiropracteur,d e replacer par exemple des membres luxés, et nant: la première est le texte de l'édit de Vespasien (189) accordant des pri, donc de procéder à des actes de médecine opératoire. vilèges aux médecins, aux professeurs et précisément aux masseurs, Ainsi évolue,v ers le temps de Dioclétien,l e professeurd e gymnastique ( ... ). médecins28• II faut croire que l'empereur avait à l'égard de l'un d'entre eux une Le céromatite,n om plus récentd e l'à.Xeirn:11dçu, masseur,e st devenu,a u v0 et dette particulièrec ar ce texte est le seul, parmi les édits, senatus-consultes ou VI O s., et sans doute avant, un spécialisteq ue 1'o n appelle pour les fracturese t lois accordant des privilèges ou exemptions à certaines catégories profession, autres accidentsd es membres; il remplit la fonction d'Î.a'tpaÀ.ELITTetl ldÇ'u n nelles, à mentionner les masseurs-médecins. Les tm:paÀ.dm:m voient ainsi xupoupy6ç spécialisé dans l'ostéopathie. Il n'y a plus alors d'éducation physique et de vie au gymnase.L e gymnasea été remplacép ar les thermes légitimé leur statut professionnel d'auxiliaires médicaux. pour les commodités du corps et pour les loisirs, et par rien pour La seconde mention épigraphique est l'épitaphe29, trouvée à Éphèse, de M. I' édu cation34. Aurélius Septimius Marinus, tai:pai,eirn:riç et affranchi de l'empereur dont il Cette évolution qui fait de simples masseurs des auxiliaires médicaux aux porte les noms. quels on reconnaît une compétence spécifique est exactement parallèle à celle M. Aùp. LErn:tµLOvM apeï'.vov <plÀ.OOÉBaatOtVai :paÀElrrtllVi :rov Il LE I 1 I Bacnwv 'tOVn :p{rmvLVM . AÙp.[ [- -]] <plÀ.OCTÉ6aaàtno:ço ôou Ktivapiwvô des i.ai:pai..Ein:i:m. 1 I 1 I ip'J.o.ç. À Marcus Aurélius Septimius Marinus, ami de /'empereur30, masseur C. Les médecins médecin des empereurs et prytane, en hommage de son ami descendant de du· Il est temps d'en venir au sujet même de cette étude : l'examen des occur cenaires31 Marcus Aurélius [ .. .}amide l'empereur. rences du mot tai:poç dans les inscriptions grecques. On constate en effet que, depuis la période archaïquej usqu'à l'époque byzantine, c'est un même terme, Ayant obtenu les mêmes privilèges que les médecins, comme l'atteste ta.p6ç, qui désigne le médecin. Il connaît pourtant plusieurs formes dialecta l'édit de Vespasien de 74 p. C., les masseurs-médecins n'apparaissent pourtant les, de sorte que le choix effectué par le rédacteur du texte possède une valeur dans aucun autre texte officiel concernant les professions médicales et rares stylistique. sont les inscriptions qui les mentionnent. Une épitaphe chrétienne du rv' ou Le tableau suivant rend compte de la fréquenced 'apparition des différentes v• s. p. C. découverte à Aphrodisias, en Carie, vient compléter les attestations formes. précédente3s2; elle concerne un Kripoµa.ii:riç. Au sens propre, ce nom désigne Formes thématiques : celui qui procède à des applications de baume (Kripwµai:a de K~pwµa: tai:p6ç Etai:p6ç trii:p6ç etrii:p6ç oi.ai:p6ç «cérat», onguent composé de cire et d'huile33). Ses attributions se sont pro· 276 10 27 5 1 gressivement élargies et masseur, possédant ou non des responsabilités de Formes athématiques : maître de gymnastique, le Ktipoµai:ii:riça acquis peu à peu une compétence pa ta~p eta~p t11~P ELll't~p t~i:wp ramédicale lui permettant, comme de nos jours à un kinésithérapeute· I 1 23 8 2 La plus fréquente, et de loin, est bien évidemment la forme de prose atti que tai:p6ç, reprise par la koinè. On la rencontre dans des inscriptions de tou 28. Cf. ad /oc. et sur les tmpaï..e'Crn:cmf. ,R . Herzog, SPrAW, 1935, p. 990-992. tes origines (e n Asie Mineure, à Chypre, en Italie ou en Gaule) et à toutes les 29. Base de statue trouvée à Éphèse du côté ouest de l'entrée méridionale des thermes de époques. Dix fois moins fréquente est la forme ionienne thématique i.11i:p6ç, Scholastica. Dim. : H. 0,80 m, L.0,52 m, Ép. 0,52 m ; l-1. let. 0,045-0,035 m. Pub!. : J. Keil & suivie de près par l'athématique t11i:~pT. outes deux se répartissent de manière G. Maresch, JÔAJ 45 (1960), Bbl. p. 95 n° 23 ; l-1.E ngelmann, D. Knibbe, R. Merkelbach, !. égale dans le temps et dans l'espace (mais n'apparaissent pas dans les îles de Ephesos Ill (!KA 13), I 980, n° 629 (D. Mc Cabe, Ephesos Inscriptions (JAS), 199 I, n° I 149). !'Égée). Elles sont utilisées en majorité dans des textes versifiés (15 sur 27 30. Affranchi de l'empereur (Marc-Aurèle ou Commode, Caracalla ou Élagabal), il exerça pour 1,111:peotç 1 7 sur 23 pour Lll•~p).L a distinction d'emploi entre les formes aussi les fonctions de prytane, ce qui étonne. Il devait donc disposer de suffisamment ioniennes, qui s'inscrivent dans un registre plus noble, et la fonne de la koinè d'influence pour compter des amis parmi les notables et les fonctionnaires romains de est nettement perceptible dans l'épitaphe de M. Modius Asiaticos de Smyrne l'ordre équestre, comme le ducenarius procura/or dont le nom a été martelé. 31. Sur ce procurateur, intendant aux appointements de 200 000 sesterces, cf. ad 219 et 332. (195) : dans l'épigramme, gravée sur le buste du médecin, est employé t,1.~p, 32. MA,MA VIII, 605 et L. Robert, Hellenica XIII, 1965, p. 167-170 : t èv0a Kai:a I KL'te alors que la petite inscription sur le socle reprend tai:p6ç. 0Eoôov(s ic) t I poçK T]poµa1,T :r1)Ç. ZWT]i:oàü 1 1Ô EÀ<pCoiç-g. ît Théodoros, kinésithéra peute, frère de Zoètès. 33. DELG s.v . Krjpoç. 34. L. Robert, op. cil., p. 170.

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