Les quatre volumes constituent un cycle plutôt qu’une saga, et chacun d’entre eux a son unité propre.
Néanmoins, l’ordre de lecture normal est le suivant : Olduvaï, la Leçon d’anatomie, Intersection, les Maîtres du Temps.
La Leçon d’anatomie, ce sont les derniers jours de l’Algérie française, avec le baroud et le pétrole, les tortures et les trahisons, la guerre secrète et les règlements de compte, avec surtout, au premier plan, le drame des harkis.
Mais c’est aussi autre chose : l’histoire d’un écrivain qui essaye de transmuter une expérience en œuvre d’art. Frank Blok, le metteur en scène à’Olduvaï, habite maintenant une île espagnole qui ressemble à Ibiza, et il veut tirer un récit ? une nouvelle ? un poème ? d’un incident qu’il a vécu à l’époque où il s’appelait François Beau jeux et commandait un secteur en Algérie.
Le lecteur l’accompagne à la fois dans sa recherche d’une forme satisfaisante et dans la prospection de ses souvenirs. Jadis Beaujeux était responsable de la sécurité d’une ville ; il l’est maintenant de la création d’une œuvre. Il dissèque les deux opérations.
Le grand problème moral de César est posé. A supposer qu’on ne puisse gouverner les hommes par le bien seulement, jusqu’où peut-on aller dans le mal ? Nouvelle plongée dans la mémoire de Beaujeux : cette ville, il y était déjà venu pendant la Deuxième Guerre mondiale, à une époque où les problèmes étaient plus simples, mais où il avait déjà choisi de servir le bien par des moyens détournés.
Le sous-lieutenant Miloslavski, dit l’Ange bleu, apparaît comme le juge de Beaujeux et reconnaît en lui « le diable ». Mais si c’est le diable qui sauve ?...